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L’État tunisien court derrière le problème au lieu de le prévenir 

Le 18 octobre 2025, au palais de Carthage, une réunion s’est tenue sur la crise environnementale à Gabès, dont la population souffre, depuis au moins deux décennies, des rejets toxiques du Groupe chimique tunisien (GCT). Certes cette intervention est nécessaire et on pourrait presque l’applaudir… si ce n’était pas juste la dernière étape d’un retard chronique. La Tunisie ne manque pas de réactions. Elle manque juste d’actions à un rythme interne stable; un tempo qui permettrait d’agir avant que les dégâts ne deviennent irréversibles. C’est un peu comme quelqu’un qui danse le tango… mais toujours deux secondes après la musique. 

Manel Albouchi *  

Le président a salué la maturité des habitants de Gabès. Leur calme, leur sens de la responsabilité. 

Oui, c’est vrai. Mais soyons honnêtes : ce calme ressemble moins à la sagesse d’un peuple apaisé qu’à l’épuisement d’un peuple qui n’a plus l’énergie de s’énerver. 

Le citoyen tunisien ne reste pas calme par confort. Il reste calme pour éviter l’effondrement. Et ce calme-là ne doit pas devenir un prétexte pour un État qui s’appuie sur la patience des gens comme si c’était une ressource infiniment renouvelable. 

Au contraire, il faut valoriser les initiatives locales, mettre en lumière les citoyens qui créent, innovent, agissent, pour transformer cette fatigue en engagement durable, au lieu de laisser la résignation s’installer comme une habitude nationale. 

Une richesse cachée, les séniors : On parle beaucoup de jeunes, mais la vérité est plus large : la Tunisie possède une génération d’experts, d’ingénieurs, de professeurs, de cadres, de chercheurs, aujourd’hui mis à la retraite ou isolés comme des joueurs d’élite laissés sur le banc alors que l’équipe perd le match. 

Ce pays regorge d’intelligence encore intacte, de savoir-faire accumulé pendant 30, 40 ans, laissé en veille comme si nous pouvions nous offrir le luxe du gaspillage. 

Imaginez un peu : des compétences précieuses… stockées au lieu d’être mobilisées ; des cerveaux pleins d’expérience… qui ne demandent qu’à transmettre ; des professionnels chevronnés… traités comme si leur rôle s’arrêtait le jour où leur contrat administratif se termine. 

Il suffit de créer : des programmes de mentorat croisant jeunes et seniors, des cellules de réflexion intergénérationnelles, un corps de «consultants publics» parmi les retraités expérimentés, et nous aurons une capacité opérationnelle que peu de pays possèdent : l’énergie des jeunes + la stratégie des anciens. 

Une nation qui n’utilise pas ses sages et ses experts se condamne à recommencer les mêmes erreurs en boucle. 

Une énergie sans terrain de jeu : Appeler la jeunesse sans lui offrir un rôle réel, c’est comme donner une belle voiture sans mettre d’essence. Ça fait joli sur la photo, mais ça ne bouge pas. 

Pour avancer, il faut : un conseil consultatif de jeunes avec un vrai pouvoir de décision, des ateliers participatifs, un espace où leur énergie n’est pas «symbolique», mais «opératoire»

La jeunesse tunisienne est brillante mais trop souvent invitée pour applaudir, jamais pour décider.  

Une stratégie qui tourne en rond : Rappeler les erreurs de 2018, dénoncer les équipements abandonnés… pourquoi pas. Mais ça reste de l’externalisation : mettre le problème à distance pour renforcer le présent. Sur le long terme : on tourne, on dénonce, et on revient au même point. 

Aujourd’hui, la Tunisie n’a pas besoin de réparer l’histoire. Elle a besoin de la dépasser. De construire le présent et l’avenir.

Belle promesse, mais parapluie percé : Dire que le peuple a droit à la vérité est noble. Mais aujourd’hui, les Tunisiens veulent cohérence structurelle, pas poésie politique. Les mots ne suffisent plus : on ne reconstruit pas une ville, un écosystème ou une confiance avec des phrases. Il faut des structures fiables, une gouvernance stable, et surtout… une logique qui tient debout. 

Entre réaction et maturation : Et puis il y a ce registre guerrier, cette idée que la Tunisie vit une guerre sur tous les fronts. La guerre peut mobiliser, mais à long terme, elle épuise.  

Quand une société vit trop longtemps en état d’alerte, elle perd sa capacité à imaginer autre chose que la survie. Elle se replie, elle se crispe. La vigilance constante finit par rétrécir l’horizon.  

La Tunisie a besoin d’un souffle créatif, pas d’un cœur qui bat seulement pour éviter le pire. 

Au fond, cette réunion nous dit une seule chose : nous sommes dans un système qui agit, mais toujours trop tard ; qui observe, mais rarement en avance ; qui mobilise, mais au risque d’épuiser ; qui parle de vérité, mais peine à créer de la lisibilité ; qui sollicite la jeunesse, mais ne lui déroule pas le terrain ; qui dénonce le passé, mais peine encore à inventer l’avenir. Ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est un développement institutionnel inachevé. 

Gabès est un miroir : Gabès, ce n’est pas un incident isolé. C’est un symptôme collectif. Un rappel que la Tunisie possède tout ce qu’il faut comme ressources humaines, comme intelligence collective, comme créativité… mais qu’elle n’a pas encore construit le système capable de les assembler.  

Il est temps d’intégrer les jeunes, d’inclure les anciens, de reconnaître les erreurs, de clarifier le chemin et d’offrir une vision qui anticipe au lieu d’attendre l’effondrement pour réagir. 

Un pays grandit comme un être humain : non pas selon le nombre de crises qu’il traverse, mais selon la qualité des réponses qu’il choisit d’y apporter. Et, aujourd’hui, plus que jamais, la Tunisie a besoin de remettre tous ses joueurs sur le terrain : ses jeunes, ses experts, ses citoyens… et même cette part d’elle-même qu’elle a trop longtemps laissé au vestiaire.

* Psychothérapeute.  

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Tunisie : une “démocratie” sous perfusion économique ?

Parmi les rares pays à avoir maintenu un cap démocratique après les soulèvements arabes de 2011, la Tunisie avait incarné une promesse fragile.

Liberté d’expression, élections pluralistes, société civile active… autant de conquêtes saluées par les chancelleries occidentales.

Une ère qui précède l’entrée en vigueur de l’article 54, dont l’adoption a marqué un tournant dans le cadre juridique encadrant la liberté d’expression. Depuis, les acteurs médiatiques et les internautes évoluent dans un climat de vigilance croissant, redoutant que certains de leurs propos soient considérés comme diffamatoires ou susceptibles de porter atteinte à l’image du pays.

Et derrière la vitrine politique, une réalité économique s’effondre. Chômage endémique, dette publique galopante, disparités régionales criantes : la transition tunisienne est en panne. Le soutien international, censé accompagner une transition politique et économique qui a trop duré semble à la fois timide, désordonné et parfois contre-productif.

 Une voix éclairante : Sabina Henneberg

Sabina Henneberg, chercheuse principale au Washington Institute for Near East Policy, spécialiste de l’Afrique du Nord vient de publier au “Journal of International Affairs” de Columbia University, un long article récapitulatif des 10 années post 14 janvier 2011 (2011-2021) *. Son regard croisé sur les enjeux politiques et économiques tunisiens éclaire les limites du soutien international et les défis d’une transition durable.

(La traduction ci-dessous de son article ne prétend pas à l’exhaustivité, mais vise à restituer les principaux éléments de son proposé).

Les réformes imposées par les bailleurs internationaux manquent de légitimité locale. Faute d’ancrage national, elles n’ont pas réussi à améliorer la situation économique.

Une décennie de réformes… pour quels résultats ?

Depuis 2011, les gouvernements tunisiens se succèdent, porteurs de promesses de redressement. Mais les réformes structurelles, souvent dictées par les bailleurs internationaux, peinent à produire des effets tangibles, estime Sabina.

Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Union européenne et d’autres partenaires ont proposé des plans d’aide, conditionnés à des ajustements budgétaires stricts : réduction des subventions, gel des salaires publics, privatisations…

Résultat : une population désabusée, une classe moyenne fragilisée, et une jeunesse qui regarde vers l’exil. Les réformes, perçues comme imposées de l’extérieur, manquent de légitimité sociale. Elles ne s’inscrivent pas dans une vision nationale partagée, mais dans une logique technocratique souvent déconnectée des réalités locales.

 Un soutien international aux effets ambigus

Sabina Henneberg rappelle que peu d’études ont analysé le rôle de la communauté internationale dans cette transition économique insoutenable. Riccardo Fabiani (2018) a souligné que les bailleurs internationaux, séduits par les avancées démocratiques apparentes de la Tunisie, ont continué à fournir une « aide financière abondante et bon marché », malgré l’incapacité du pays à mettre en œuvre les réformes économiques requises.

De son côté, Robert Kubinec (2016) a mis en garde contre les risques liés à l’ignorance du népotisme et de l’inefficacité, qui pourraient compromettre les acquis plus larges de la Tunisie. À ce jour, aucune recherche n’a examiné de manière systématique les raisons pour lesquelles le soutien déclaré de la communauté internationale au processus de réforme économique tunisien a échoué aussi profondément d’ici 2021.

Le soutien international, malgré son importance, reste marqué par l’hésitation et l’incohérence. Cette dynamique a parfois amplifié les fragilités économiques.

Une décennie d’assistance… sans transformation

À la suite de la révolution tunisienne de 2011, le pays a reçu diverses formes d’assistance de la part de ses partenaires internationaux. Les premiers bailleurs à intervenir furent la Banque mondiale, qui a rapidement débloqué un prêt d’appui aux politiques de développement de 500 millions de dollars, ainsi que l’Union européenne, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD).

En juin 2013, le Fonds monétaire international (FMI) a signé un accord de confirmation de 24 mois d’un montant de 1,74 milliard de dollars avec la Tunisie, suivi en 2016 d’un accord élargi de 36 mois pour un montant de 2,83 milliards de dollars.

Ces programmes visaient à stabiliser la situation macroéconomique du pays et à offrir un « espace de respiration » pour permettre la mise en œuvre de réformes de gouvernance et économiques à plus long terme.

Mais ce souffle espéré n’a jamais vraiment pris. Les aides, souvent conditionnées à des mesures d’austérité, ont creusé le fossé entre les institutions et les citoyens. Le soutien devient alors un facteur d’instabilité, au lieu d’être un levier de transformation.

Les conditionnalités imposées au nom de la stabilité budgétaire ont accentué la rupture entre les citoyens et leurs institutions, au lieu de favoriser la confiance.

Repenser l’aide : vers un pacte de confiance

Face à ce constat, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à un changement de paradigme. Il ne s’agit pas de renoncer aux réformes, mais de les inscrire dans une démarche inclusive, adaptée aux spécificités tunisiennes. Cela implique :

  • une écoute réelle des acteurs locaux : syndicats, PME, associations, collectivités… Ce sont eux qui portent l’économie réelle ;
  • un soutien aux initiatives communautaires : agriculture durable, économie sociale, innovation locale ;
  • une valorisation du rôle des jeunes et des femmes : non comme bénéficiaires passifs, mais comme moteurs du changement.
  • une relecture des conditionnalités : pour éviter qu’elles ne deviennent des instruments de pression, au détriment de la souveraineté nationale ;

La Tunisie ne demande pas la charité. Elle appelle à un partenariat lucide, respectueux, fondé sur la co-construction. Un pacte de confiance, et non une tutelle déguisée.

La Tunisie dispose d’une jeunesse inventive et d’une société civile active. Ce qui lui fait défaut aujourd’hui, c’est un soutien international cohérent, stable et durable.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le moment est critique. La Tunisie vacille, mais elle n’a pas renoncé. Sa jeunesse est inventive, sa société civile est vivante, ses régions regorgent d’initiatives. Ce qu’il lui manque, ce n’est pas la volonté, mais un cadre de soutien cohérent, patient, et respectueux relève Sabina Henneberg.

À l’heure où les crises se multiplient, où les démocraties sont mises à mal, soutenir la Tunisie n’est pas un geste diplomatique. C’est un acte politique. Un choix de civilisation.
Et si, pour une fois, l’aide internationale osait la confiance ?

La Tunisie ne demande pas qu’on parle en son nom. Elle demande qu’on l’écoute, qu’on la soutienne, et qu’on la respecte.

  • Sabina Henneberg est l’autrice de Managing Transition : the First Post-Uprising Phase in Tunisia and Libya (Cambridge University Press, 2020), une analyse approfondie des dynamiques post-révolutionnaires dans les deux pays.

EN BREF

  • La Tunisie fait face à une crise économique persistante malgré une décennie d’aide internationale.
  • Les réformes imposées par les bailleurs souffrent d’un manque de légitimité et produisent peu d’effets tangibles.
  • Les mesures d’austérité ont fragilisé la classe moyenne et accentué la défiance citoyenne.
  • Un changement de méthode est demandé : inclusion des acteurs locaux, soutien aux initiatives communautaires et révision des conditionnalités.
  • La Tunisie appelle à un partenariat fondé sur la confiance plutôt qu’une tutelle.

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Débat budgétaire 2026 du ministère des Affaires sociales

Un certain nombre de députés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont appelé, samedi, au cours d’une plénière consacrée à l’examen du budget du ministère des affaires sociales pour l’année 2026, à la nécessité d’élaborer un plan pour palier les difficultés des caisses sociales, aux plans des ressources humaines ou financières et de pourvoir les postes vacants au niveau des directions.

Les députés ont souligné que le déficit des caisses sociales, qui “dépasse aujourd’hui les 3000 millions de dinars”, n’est plus un simple un problème financier, mais constitue une menace au droit à la santé et à la stabilité financière de la pharmacie centrale et des hôpitaux publics.

Les intervenants ont indiqué qu’un nombre d’établissements relevant du ministère des affaires sociales ne sont pas dirigés par un directeur général ou un président directeur général, mais gérées par des personnes chargées de la gestion, à l’instar du comité général de promotion sociale, la direction générale des services communs, la direction générale de la sécurité sociale, la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), précisant que cette situation a eu des répercussions négative sur la gestion et la prise de décisions stratégiques.

Certains députés ont évoqué la mise à jour de la liste des bénéficiaires des carnets de soins gratuits et des aides sociales, estimant que cette démarche n’a pas pris en compte les aspects humanitaires.

Ils ont affirmé que cette mise à jour a eu pour effet l’exclusion de plusieurs personnes vivant dans la pauvreté et la marginalisation, après avoir été privées de carnets et d’aides sociales, s’interrogeant sur les critères optés pour le processus de mise à jour qu’ils qualifient “d’arbitraire”.

En contrepartie, les députés ont signalé que certaines personnes bénéficient d’aides sociales, de pensions et de carnets de soins gratuits, alors qu’ils ont une bonne situation financière, ajoutant que la plupart de ces personnes travaillent clandestinement dans les circuits commerciaux parallèles.

Certains députés se sont interrogés sur le sort des ouvriers de chantiers qui ont été licenciés, suite à l’entrée en vigueur de la loi organisant les contrats de travail.

Dans ce contexte, les députés ont critiqué le non avancement du dossier des agents et cadres travaillant dans les centres d’éducation spécialisée relevant des associations de protection des personnes handicapées et celui des agents temporaires relevant de l’office des terres domaniales, dénonçant la poursuite de la précarité professionnelle pour les travailleurs.

Ils se sont interrogés sur les raisons de la non- activation du fonds d’assurance de perte d’emploi et le fonds de protection des ouvrières agricoles, appelant le ministère à honorer ses engagements dans des délais impartis.

D’autre part, les députés ont critiqué l’absence des unités des affaires sociales dans certaines régions, ou l’insuffisance de ressources humaines et logistiques dans certaines unités, telles que l’unité de Sbikha dans le gouvernorat de Kairouan, qui ne compte que deux assistants sociaux, alors qu’elle fournit ses prestations à environ 80 000 habitants.

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