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Les mystérieux vols sans retour des Palestiniens de Gaza

La semaine dernière, un avion atterrit en Afrique du Sud au bord duquel il n’y avait que des Palestiniens avec des passeports non tamponnés à la sortie et un billet aller sans retour. Stupéfaction des autorités sud-africaines qui retardent leur entrée sur leur territoire. Ils craignent que ce soit une opération de transfert de Palestiniens en dehors de leur pays. L’affaire est médiatisée et les craintes de l’Afrique du Sud s’avèrent justes. C’est une entité floue répondant au nom d’Al Majd-Europe propriété d’un Israélo-Estonien qui s’avère être à l’origine de ce vol et d’autres vers d’autres destinations. Cet homme pourrait être une couverture derrière laquelle se cachent les services secrets israéliens. 

Imed Bahri

Dans une enquête de Heba Saleh, Malaika Kanaaneh et James Shotter sur des intermédiaires qui proposent de faire sortir clandestinement des Palestiniens de Gaza contre des importantes sommes d’argent, le Financial Times indique que l’homme d’affaires palestinien Wissam Bashir et sa famille n’ont appris leur destination, l’Afrique du Sud, qu’après l’atterrissage de leur avion lors du transit au Kenya et la remise de leurs cartes d’embarquement pour la suite de leur voyage.

Bashir, sa femme et leurs deux jeunes enfants figuraient parmi les quelque 180 personnes évacuées de Gaza par bus fin octobre par un groupe appelé Al-Majd Europe, qui organise depuis des mois le départ de Palestiniens de ce territoire dévasté via l’aéroport Ramon d’Israël.

Bien que les passagers ignoraient initialement leur destination, Bashir a décrit l’atmosphère à bord comme joyeuse. «Nous étions heureux car l’inconnu vaut mieux que Gaza», a déclaré Bashir, qui a payé 12 000 dollars en cryptomonnaie à Al-Majd pour acheter les billets avant d’ajouter : «Ma responsabilité est de protéger mes enfants. Je devais trouver un moyen de les sortir de cette situation catastrophique».

Le journal souligne que le groupe organisateur du voyage entretient manifestement des liens suffisamment étroits avec Israël pour faciliter le passage de ses clients à travers la ligne de front, leur entrée en territoire israélien et enfin leur voyage.

Départ sans espoir de retour

Si cela a suscité un examen minutieux des origines et des intentions du groupe, cela a également révélé une douloureuse réalité pour les Gazaouis. Malgré le cessez-le-feu soutenu par les États-Unis, beaucoup n’entrevoient guère d’espoir de rester, même si cela signifie partir sans connaître leur destination ni savoir s’ils reviendront un jour.

Le FT cite Mohammed Abu Seif, qui avait quitté Gaza avec sa famille sur le même vol que Bashir : «À Gaza, nous étions tous comme des morts-vivants. Comme tous les Gazaouis, je cherchais un moyen d’échapper à cet enfer»

Bien que le cessez-le-feu de six semaines ait mis fin au pire du conflit, la plupart des 2,1 millions d’habitants de Gaza se retrouvent sans abri suite aux bombardements israéliens continus, qui ont réduit le territoire en ruines. La reconstruction, qui devrait prendre des années et coûter des dizaines de milliards de dollars, ne devrait pas commencer tant qu’une force de sécurité internationale ne sera pas déployée, que le Hamas n’acceptera pas d’être désarmé et que les forces israéliennes ne se seront pas retirées. Un processus qui reste flou. Sans revenus ni économies, beaucoup ignorent comment ils pourront reconstruire leur vie, même si le cessez-le-feu est respecté.

Ali (un pseudonyme), graphiste, marié et père de deux enfants, explique s’être inscrit auprès d’Al-Majd il y a cinq mois et attendre toujours la confirmation de son autorisation de départ. Il a déclaré : «Si vous disiez à n’importe qui à Gaza en ce moment ‘‘Venez, je vous emmènerai sans vous dire où’’, je suis sûr qu’il accepterait. Sur mille personnes interrogées, une seule refuserait peut-être».

De nombreux Palestiniens affirment avoir tenté par tous les moyens de quitter Gaza, en vain. Il existe certes des voies officielles, comme les évacuations sanitaires organisées par l’Organisation mondiale de la Santé et les voyages organisés par les ambassades pour quelques privilégiés. Face à cette situation, la plupart se tournent vers des passeurs qui proposent de les aider à quitter Gaza moyennant des sommes importantes, en faisant la promotion de divers stratagèmes en ligne.

Des escroqueries en ligne

Des habitants de Gaza ont déclaré que le site web d’Al-Majd circulait sur les réseaux sociaux depuis des mois et que le groupe avait même mis en garde contre la création de fausses pages usurpant son identité. «De nombreux liens étaient promus à Gaza, et nous nous sommes tous inscrits», a déclaré Abou Seif, ajoutant qu’un groupe lui avait demandé 3 000 dollars par personne avant qu’il ne réalise qu’il s’agissait d’une arnaque. Abou Seif a finalement opté pour Al-Majd après avoir conclu que les autres étaient des escroqueries en ligne.

Le groupe affirme sur son site web avoir été fondé en Allemagne en 2010 pour venir en aide aux communautés musulmanes. L’affaire a attiré l’attention internationale ce mois-ci lorsque 153 Gazaouis ont passé 12 heures dans un avion à Johannesburg, les autorités sud-africaines leur ayant refusé le débarquement au motif que leurs passeports ne comportaient pas de tampon de sortie. Le site web d’Al-Majd ne précise pas le nombre de Gazaouis transportés.

Une enquête du journal israélien Haaretz a conclu qu’Al-Majd est lié à Talent Globes, une société estonienne fondée par Tomer Gunnar Lind, un Israélo-Estonien possédant la double nationalité. Ce dernier a refusé tout commentaire. L’opération d’Al-Majd aurait été menée en coordination avec un département du ministère israélien de la Défense, créé plus tôt cette année pour faciliter «la migration volontaire» des Palestiniens.

Cette opération a été lancée suite à la proposition à la proposition de Donald Trump, désormais abandonnée, de reloger tous les habitants de Gaza. Les organisations de défense des droits humains ont condamné cette idée, accueillie avec enthousiasme par l’extrême droite du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, la qualifiant d’acte de nettoyage ethnique.

Trafic d’êtres humains

Le ministre sud-africain des Affaires étrangères, fervent défenseur de la cause palestinienne, a décrit les vols récents comme s’inscrivant dans un «projet plus vaste de déplacement des Palestiniens de Palestine». L’Autorité palestinienne a exhorté les habitants de Gaza à ne pas tomber dans le piège «des trafiquants d’êtres humains et des agents des déplacements forcés». Al-Majd n’a pas répondu à la demande de commentaires du FT

Cependant, dans une récente déclaration sur son site web, le groupe a affirmé avoir été diffamé par les médias internationaux. Al-Majd prétend avoir été fondé «par des réfugiés ayant fui des régimes dictatoriaux, notamment des réfugiés du Hamas à Gaza», sans toutefois nommer ses fondateurs ni ses dirigeants. Le groupe a nié tout lien avec le gouvernement israélien ou les services de renseignement, déclarant que les critiques voulaient «priver les Gazaouis de leur liberté de choix, de leur droit de choisir où vivre et les contraindre à vivre sous la menace constante et dans la souffrance quotidienne»

En Afrique du Sud, où des visas de 90 jours ont été accordés aux Palestiniens, Bashir a indiqué que des organisations caritatives leur fournissaient actuellement gratuitement nourriture et hébergement. Il a ajouté que certains Gazaouis avaient déjà rejoint d’autres destinations. «J’ai maintenant le choix entre rester ici ou aller en Égypte. Mais nous resterons en Afrique du Sud pendant les trois prochains mois pour dormir, manger et recevoir des soins psychologiques et physiques».

Abu Ahmed, qui vit sous une tente dans le centre de Gaza avec sa femme et ses enfants, attend toujours son tour pour partir. Abu Ahmed, également un pseudonyme, s’est enregistré auprès d’Al-Majd il y a six mois, expliquant avoir perdu tous ses moyens de subsistance après la destruction de sa maison et de deux commerces. Il a déclaré : «Si le cessez-le-feu est respecté et que la reconstruction commence, j’envisagerai de rester. J’ai seulement inscrit les enfants pour qu’ils puissent aller à l’école. Mais les plus âgés insistent pour partir, ils iront n’importe où dès que les points de passage rouvriront. Je veux que ma famille reste unie».

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Nacer Boudiaf | Disparition d’une voix obstinée pour la vérité

Nacer Boudiaf, fils de l’ancien président algérien Mohamed Boudiaf, assassiné en 1992, est décédé dans la nuit du 25 au 26 novembre 2025 à Bruxelles, des suites d’un cancer foudroyant. Il avait 62 ans. L’information a été confirmée par son frère, Tayeb Boudiaf, et relayée par plusieurs médias algériens. Avec lui s’éteint une voix rare et persistante dans la quête de vérité autour de l’un des épisodes les plus sensibles de l’histoire politique récente de l’Algérie.

Depuis plus de trois décennies, Nacer Boudiaf a cherché à faire éclater la vérité sur l’assassinat de son père le 29 juin 1992, lors d’une conférence à Annaba. Contestant la version officielle qui attribuait le meurtre à un acte isolé du lieutenant M’Barek Boumaarafi du GIS, il estimait que le complot réel n’avait jamais été identifié et dénonçait une loi du silence qui étouffait la justice. En 2017, il confiait à TSA avoir compris que «le plus important n’était pas de découvrir la vérité mais, avec l’aide du peuple, de mettre le système qui l’a assassiné hors d’État de nuire». Son engagement n’était pas motivé par la vengeance mais par la recherche de justice et de transparence.

La constance de Nacer Boudiaf a marqué ses contemporains. Son combat, parfois isolé et critiqué, symbolisait une exigence morale : celle de ne pas laisser tomber la mémoire d’un père assassiné ni l’histoire de son pays dans l’oubli. Au-delà de sa démarche judiciaire, il représentait l’indignation face à l’injustice et la volonté de défendre la vérité historique, même quand elle dérange.

La mémoire d’un père assassiné

La disparition de Nacer a suscité de nombreuses réactions et hommages qui rappellent l’impact humain de Nacer, au-delà de son engagement politique, et témoignent de l’estime et de l’affection qu’il suscitait.

Pour comprendre l’ampleur symbolique de sa vie, il faut revenir sur l’histoire de son père. Mohamed Boudiaf, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance, avait été président du Haut Comité d’État en 1992 après un long exil au Maroc. En quelques mois, il s’était imposé comme un dirigeant courageux, luttant contre la corruption et les réseaux mafieux. Son assassinat, criblé de balles lors d’un discours diffusé en direct, a plongé le pays dans une profonde incompréhension et laissé des questions sans réponse.

Avec le décès de Nacer, le combat pour la vérité semble en suspens. Il laisse derrière lui un héritage moral et symbolique : la persistance à chercher la justice et à refuser le silence.

La famille n’a pas encore communiqué sur les funérailles. Mais le souvenir de Nacer Boudiaf reste vivant, et son engagement continuera d’inspirer ceux qui refusent de laisser l’histoire et la mémoire s’effacer.

D. G.

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Conférence à Tunis | Impacts de la disruption mondiale sur l’entreprise

Le Laboratoire interdisciplinaire de gestion université-entreprise (Ligue – Iscae – Université de la Manouba) organise la neuvième édition de sa conférence internationale portant sur les enjeux de la disruption mondiale et leurs impacts sur les entreprises, les administrations et les organisations. La conférence se tiendra les 28 et 29 novembre 2025 à l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), à Tunis.

Plus de 250 chercheurs, professionnels et représentants de la société civile sont attendus, mais également des éditeurs de revues internationales et d’ouvrages collectifs scientifiques…

Dans la continuité de sa réflexion sur les paradigmes de transition organisationnelle, le comité scientifique de la 9e édition invite les chercheurs et experts en sciences de gestion à débattre des tensions entre durabilité, gouvernance, exigences géopolitiques et mutation des modèles organisationnels.

Stratégies unilatérales et disruption globale

Depuis le Protocole de Kyoto (1997) jusqu’à l’Agenda 2030, les entreprises font face à une pression croissante pour intégrer la RSE dans leurs stratégies. Mais la durabilité dépasse la seule sphère économique : elle repose sur une responsabilité partagée entre acteurs, institutions et citoyens. Cette dynamique mondiale est toutefois fragilisée par un contexte géopolitique instable, marqué par un retour du protectionnisme et des stratégies unilatérales qualifiées de «doctrine de disruption globale». Ces ruptures remettent en cause les équilibres multilatéraux et accentuent l’incertitude.

Face à ces défis, les organisations doivent faire preuve d’innovation et de résilience pour concilier performance, responsabilité et adaptation. C’est dans cet esprit que la 9ᵉ édition de la conférence annuelle du Ligue (LIC’25) ouvre un espace de dialogue autour des mutations économiques, sociales et environnementales contemporaines.

Outre les interventions d’éminents conférenciers internationaux comme Pr Sabri Boubaker, EM- Normandie Business School (Paris) et Swansea University-Royaume-Uni, Pr Wafa Khlif, Business School-Barcelone, Espagne, Pr Sadok Hammami, IPSI, Université de Manouba, Tunisie, Pr Nathalie Clavijo, Business School, Toulouse, France ou encore Pr Charles H. Cho, Schulich School of Business (Université York)… la conférence du Ligue est un espace pour discuter des recherches qui analysent la manière dont les politiques et pratiques de transformation en faveur de la durabilité, de l’inclusivité et de la circularité sont mises en œuvre au sein des organisations.

Cette 9e édition est co-organisée en collaboration avec la Chaire Unesco sur l’Enseignement supérieur pour le développement durable en Afrique de l’Université de la Manouba (UMA), le Centre de recherche Business to Business de l’Académie de Marketing, l’Université de Bournemouth (Royaume Uni), TBS Education (Barcelone) et l’Association pour la promotion de l’innovation et de la qualité (Apiq).

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L’Allemagne lorgne ses territoires annexés par la Pologne

Face aux tensions internationales croissantes, Berlin amorce un virage stratégique majeur. En 2026, Elle investira plus de 108 milliards d’euros dans sa défense, devenant ainsi la première puissance militaire conventionnelle d’Europe. Cette annonce fait trembler les Polonais qui craignent que les intentions de l’Allemagne seraient de récupérer les territoires perdus après la Seconde guerre mondiale et récupérés par la Pologne. 

Habib Glenza

Aujourd’hui les débats tournent autour des déclarations accordées par le gouverneur de la Banque centrale polonaise, Adam Glapinski, le 17 août 2022 au journal polonais Gazeta Polska au sujet de la possible récupération des territoires allemands perdus au profit de la Pologne. Un scénario qui rappelle l’envahissement de la Pologne en 1939 par l’armée allemande. 

Glapinski a déclaré que «Berlin veut subjuguer l’Europe de l’Est et regagner les terres qu’elle a perdues», ajoutant que son pays «se dresse comme un rempart contre ces ambitions.»

Les parties cédées à la Pologne sont en jaune et en oranger.

Depuis la réunification de l’Allemagne en 1990, l’objectif stratégique de Berlin est de «récupérer sous une forme ou une autre leurs anciennes terres, qui se trouvent désormais à l’intérieur des frontières polonaises, et de subordonner toute la ceinture de pays entre l’Allemagne et la Russie», a déclaré le responsable polonais. La vision de l’Allemagne pour l’avenir de l’Europe est «la coopération de deux empires : russe et allemand, avec des pays du milieu tombant dans les sphères d’influence des deux puissances», a ajouté Glapinski, estimant que le Brexit britannique a ouvert une fenêtre d’opportunité pour cela.

Varsovie a acquis la souveraineté sur certaines terres allemandes à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Surnommés «Territoires récupérés» en Pologne, ils comprennent des provinces de l’est de l’Allemagne qui faisaient autrefois partie de la Pologne à diverses périodes de son histoire et le territoire de la ville libre de Dantzig (Gdansk).

Une alliance russo-allemande ?  

Les échanges de terres étaient en partie considérés comme des réparations de guerre pour la Pologne et en partie comme une compensation pour les territoires polonais que l’Union soviétique a incorporés comme siens après la guerre et qui font maintenant partie de la Biélorussie et de l’Ukraine. Les Allemands de souche ont été expulsés des territoires récupérés tandis que des colons polonais ont été amenés.

Glapinski a suggéré que les intérêts nationaux fondamentaux de l’Allemagne l’obligent à soutenir secrètement la Russie contre l’Ukraine tout en soutenant publiquement Kiev avec une aide militaire. Une Ukraine forte et indépendante alliée aux États-Unis «ne rentre pas» dans le scénario de l’alliance russo-allemande.

La Pologne, avec sa politique intérieure indépendante et son refus de rejoindre la zone euro, est un autre obstacle, a ajouté Glapinski. «Avoir une banque centrale souveraine, notre propre argent – le zloty – et notre croissance économique dynamique sont ce qui leur fait le plus mal», a-t-il souligné, faisant référence au leadership de l’Union européenne (UE). Comme d’autres hauts responsables polonais, le chef de la Banque centrale perçoit l’UE comme un véhicule des intérêts allemands.

Alliances et contre-alliances

Glapinski a accusé l’ancien Premier ministre polonais Donald Tusk d’être l’homme de main de l’Allemagne pour la Pologne. Le politicien de l’opposition, qui a également été président du Conseil européen, a été «chargé» de renverser le gouvernement conservateur polonais et de faire adopter l’euro au pays, a déclaré Glapinski. Et de prévoir que Tusk se verra proposer de «devenir le chef de la Commission européenne».

Projections, conjectures, supputations, prédications ou plans sur la comète ? Ce genre de déclarations, bien qu’elles remontent à trois ans, prouvent, s’il en est besoin, la précarité de la situation géopolitique en Europe de l’Est où même le tracé des frontières hérité de la Seconde guerre mondiale pourrait constituer un objet de litiges voire de conflits. Ce qui ne serait pas pour déplaire à la Russie de Vladimir Poutine, qui se ferait un devoir de les attiser, d’autant qu’il n’a jamais digéré l’éclatement de l’Union soviétique.

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Kaïs Saïed, les ordures, les lobbys et nous

Pour le président Kais Saïed, les ordures jonchant les rues un peu partout dans le pays, qu’il s’agisse des déchets ménagers ou des débris de construction, sont le fait de lobbys qui cherchent exacerber la situation dans le pays. Et il menace de sévir contre les responsables de cette défaillance.

Cette situation «n’est pas normale ni anodine», a souligné le président de la république, lors de son entretien, mardi 25 novembre 2025, au palais de Carthage, avec le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri.

Déplorant le non ramassage des ordures, malgré la mise à disposition des moyens et capacités nécessaires à cette opération, il a laissé entendre l’existence d’actes de sabotage délibéré ou même d’un complot, tout en promettant de mettre fin à cette situation.

Le président de la République ne comprend pas pourquoi les choses ont-elles changé depuis 2019. Au lendemain des élections de 2019, qui l’ont porté à la tête de l’Etat, les Tunisiens ont mené de leur propre gré une campagne de nettoyage, a-t-il rappelé. «Les Tunisiens s’étaient alors réconciliés avec l’espace public», a-t-il souligné, alors qu’aujourd’hui les ordures jonchent partout les rues. Donc, pour lui, il y aurait nécessairement des lobbys qui ont délibérément saboté cette «campagne historique», laquelle, on s’en souvient, n’a duré qu’une journée ou deux.

Saïed, qui ne semble pas admettre le changement survenu dans le pays au cours des six dernières années, les gens étant passés de l’espoir en 2019 à l’abattement six ans après, en raison de la non amélioration de leur situation socio-économique, a appelé à ce que la loi soit vigoureusement appliquée à l’encontre des responsables défaillants.

Il convient de rappeler, à ce propos, que le ramassage des ordures est du ressort des municipalités, que les conseils municipaux élus en 2018 ont tous été dissous en 2022 et que les communes sont gérées par des secrétaires généraux, soit des agents administratifs qui ne sont pas tenus par des contrats de performances ou d’obligations de résultats. A chaque fois que les citoyens les interpellent à propos de la mauvaise tenue de l’espace public, ils justifient leurs manquements par le manque de moyens dont ils disposent.

I. B.

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La Tunisie proteste contre l’ambassadeur de l’Union Européenne  

Le président de la République, Kais Saïed, a convoqué, mardi 25 novembre 2025, au palais de Carthage, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Tunisie, Giuseppe Perrone pour lui exprimer «une vive protestation» contre «la violation des règles du travail diplomatique».   

Selon un communiqué de la présidence de la république, il est reproché à M. Perrone d’avoir «agi en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques en sa qualité d’ambassadeur plénipotentiaire de l’UE auprès de l’État tunisien et de ses institutions officielles.»

Le communiqué ne donne pas plus de précision, mais il s’agit là d’une première dans les relations diplomatiques entre Tunis et Bruxelles, voire même dans les annales de la diplomatie tunisienne.

Que le chef de l’Etat ressente la nécessité de convoquer l’ambassadeur de l’UE et de lui transmettre lui-même sa «vive protestation», alors qu’il est d’usage qu’une pareille mission soit confiée au ministre des Affaires étrangères ou à l’un de ses collaborateurs, cela laisse penser que M. Perrone a gravement outrepassé les limites de sa mission ou qu’il s’était ingéré de façon inacceptable dans les affaires intérieures du pays où il est accrédité.

Dans ce cas, il est peu probable que les choses s’arrêtent là, car il devient difficile pour M. Perrone de poursuivre sa mission dans notre pays comme si de rien n’était.

I. B.

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Vient de paraître | Les confessions de Taoufik Jebali

Avec son humour habituel, entre ironie et sarcasme, l’auteur, metteur en scène, comédien et directeur de l’espace El Teatro à Tunis, Taoufik Jebali vient de publier un livre en arabe intitulé ‘‘Je ne suis pas l’homme de théâtre qui convient» ou, si l’on veut aussi, «convenable». L’ouvrage disponible dans les librairies et à l’espace El Teatro est une réflexion rétrospective sur le parcours riche, original, exemplaire et parfois déroutant de l’auteur de la célèbre série ‘‘Klem Ellil’’ qui continue de faire rire et, surtout, d’interpeller l’intelligence de ses contemporains.  

Latif Belhedi

Taoufik Jebali se distingue des autres sommités du théâtre en Tunisie par son scepticisme pessimiste et misanthrope. 

Autodidacte génial qui a su mener sa barque avec bravoure et panache, il a suffisamment de courage intellectuel et de rigueur morale pour jeter un regard critique sur son expérience artistique et celle des figures importantes de la scène tunisienne et arabe a cours des cinquante dernières années.

Livre de mémoire ? Testament ? Non, il s’agit d’une réflexion libre et débridée sur la pratique théâtrale et ses différentes dimensions : artistique, sociale, politique…

«Mon parcours théâtral est le fruit de nombreuses intersections cognitives et esthétiques, qui ne se sont pas formées dans un contexte linéaire ni selon une idée préconçue, mais se sont plutôt cristallisées à travers des accumulations psychologiques précoces, d’intenses expériences de terrain et un contact continu avec les discours littéraires et philosophiques qui ont caractérisé la seconde moitié du XXe siècle. Ces éléments, par leur imbrication, ont contribué à la formulation d’un projet théâtral fondé sur la remise en question du langage, le démantèlement des récits préétablis et la mise en lumière des aspects fragiles de l’existence humaine», déclare Taoufik Jebali.

«Mon parcours artistique a coïncidé avec de profonds bouleversements culturels, marqués par une rébellion contre les structures classiques et la prédominance des approches psychologiques traditionnelles du jeu d’acteur. Dans ce contexte, j’ai cherché à élaborer un langage théâtral singulier, privilégiant la concision. Qui utilise le vide, le silence et des images intenses comme outils cognitifs avant même qu’ils ne deviennent des éléments esthétiques. Cette approche m’a permis de transcender les limites du récit dramatique linéaire et de me rapprocher de la nature synthétique et expérimentale du théâtre contemporain», ajoute-t-il.

Evoquant son expérience avec la comédie, le directeur d’El Teatro, qui a formé toute une générations de dramaturges et de comédiens, explique qu’il «ne la perçoit pas comme un simple divertissement ou une construction légère, mais plutôt comme un masque permettant au discours théâtral d’explorer les aspects les plus sombres de l’existence humaine. Les éléments comiques dans mon travail ne sont pas des fins en soi, mais servent à instaurer une distance critique qui nous permet de déconstruire la violence inhérente à la vie quotidienne, de mettre au jour les contradictions du langage et de révéler la fragilité des relations humaines.»

«Cet usage de la comédie comme un simple instrument est l’essence même de l’‘‘illusion’’ : la scène paraît comique en surface, alors que son but sous-jacent est de détruire les certitudes du spectateur, lui faisant comprendre que le rire n’est qu’un masque temporaire dissimulant une angoisse plus profonde», explique encore l’auteur de ‘‘Femtella’’, dont le théâtre exprime l’inutilité des choses et l’absurdité de l’existence, un théâtre qui tourne autour de la crise de l’expression, de la difficulté de dire et de l’impossibilité de communiquer. 

«Le problème de la forme se pose avec insistance à cet homme de théâtre d’exception: les solutions qu’il apporte le mettent aux antipodes de tout ce qui se présente dans le théâtre arabe, et lui font tendre des passerelles secrètes avec les expériences les plus avant-gardistes sur la scène internationale», note un critique, qui invoque, à son propos, Woody Allen et Arrabal.

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Le pédiatre, les parents et l’annonce de mauvaises nouvelles

Cette tribune, fruit d’une expérience de 35 ans d’exercice en pédiatrie, traite de la relation pédiatres-parents et de l’annonce de mauvaises nouvelles. De nombreux praticiens trouvent cette interaction stressante et, faute de formation adéquate, peuvent adopter des méthodes inappropriées pour annoncer les mauvaises nouvelles et gérer les conséquences émotionnelles.

Dr Salem Sahli *

Dans la communication quotidienne, les mots peuvent être prononcés et entendus différemment. Un même message peut être compris de manière différente selon son contenu, la façon dont il est envoyé par l’émetteur et reçu par le récepteur.

Toutefois, lors de la conversation entre les pédiatres et les parents et enfants qui se confient à eux, la communication doit être sans ambiguïté. Elle doit informer factuellement tout en créant un espace pour la compréhension émotionnelle et les décisions prises conjointement. Et ceci à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’annoncer une mauvaise nouvelle.

Pendant longtemps, l’idée de tenir à l’écart les malades et leurs proches des nouvelles médicales accablantes «afin de les protéger» a été la règle. Elle a, par exemple, été intégrée au code de déontologie de l’American Medical Association en 1847. Ce n’est qu’au milieu du siècle dernier que cette perspective a changé. Actuellement, l’on ne discute plus du fait d’inclure les malades et leurs proches dans la discussion, mais de la manière de le faire.

Les médecins sont très peu ou pas du tout formés à affronter ce type de situation, ils tâtonnent, improvisent et font de leur mieux lorsqu’il s’agit de communiquer une mauvaise information médicale aux parents et à leurs enfants malades. Cette communication est parfois adéquate, mais elle peut être inappropriée et sera donc perçue de façon négative. Le fait qu’il y ait peu d’espoirs de guérison, que la vie du malade soit en jeu ou que les projets d’avenir soient menacés, a une influence majeure sur les personnes qui donnent et celles qui reçoivent l’information. Néanmoins, même ces nouvelles doivent être annoncées, et il semble indispensable de s’entendre sur le cadre. Car, en effet, des cadres existent et méritent d’être connus des médecins et du personnel médical. Ils proposent des méthodes et des comportements dont ils peuvent s’inspirer en les adaptant et en les considérant comme outils d’aides à la décision.  

Le modèle Spykes

Le modèle le plus évalué et le plus approprié pour la communication de mauvaises nouvelles médicales est celui que l’on désigne sous l’acronyme de Spikes. Il a été initialement développé pour le domaine de la cancérologie, mais il est aussi adapté à d’autres situations.

L’encadré ci-dessous illustre les différentes étapes de Spikes et présente des instructions d’action pour l’entretien avec les parents et l’enfant malade.

  1. Setting (cadre) : Le médecin doit brièvement réfléchir à sa tâche, parler aux parents et à l’enfant sur un pied d’égalité et exclure les interruptions.
  2. Perception : Initialement, le médecin doit évaluer la vision des parents et de l’enfant ; une écoute active et un niveau de langage adéquat sont importants.
  3. Invitation : Avant de donner de nouvelles informations, il convient de demander ce que les parents et l’enfant souhaitent savoir immédiatement ou plus tard (droit de ne pas savoir).
  4. Knowledge (connaissance) : Les nouvelles informations doivent être données de manière claire et sans jargon, et la compréhension doit être vérifiée.
  5. Empathy (empathie) : Un comportement empathique, reflétant les sentiments, les intérêts et les besoins, est une condition préalable au succès de l’entretien.
  6. Summary (synthèse) : Une stratégie de traitement commune nécessite la conciliation des idées et des informations ainsi qu’une clarification conjointe.

Le cas de Selim atteint d’une maladie chronique

Après la confirmation du diagnostic de diabète de type 1, l’annonce du diagnostic et la planification du traitement doivent suivre. L’entretien est planifié en présence de l’enfant, avec ses parents. La diabétologue pédiatrique arrive dans le service à l’heure convenue et a prévu suffisamment de temps et de calme (setting).

Le message central comprend le diagnostic d’une maladie chronique, incurable et modifiant le quotidien, mais qui est bien traitable grâce à une insulinothérapie à vie. L’interrogation sur les connaissances préalables sur la maladie est utile pour évaluer le niveau de détail et de technicité requis (perception, invitation).

Pour Selim, le «diabète» est totalement nouveau, et il demande si c’est contagieux. Les parents n’ont également aucune connaissance préalable. Les termes médicaux spécialisés doivent être utilisés avec parcimonie et un espace doit être laissé pour les questions (knowledge).

Selim est également encouragé à participer de plus en plus aux interventions médicales afin de renforcer son sentiment d’auto-efficacité (empathy) ; il se sent ainsi interpellé et peut lui-même faire quelque chose – avec une fierté visible.

Les parents ont déjà une vision à long terme : gestion future du quotidien, pronostic, guérison, conséquences à long terme… Pour une discussion plus ciblée, les procédures de traitement sont expliquées, les personnes-ressources sont nommées, les premières informations écrites sont remises, et un entretien de suivi est convenu uniquement avec les parents pour ne pas surcharger Selim (summary).

Conclusions pratiques

– La culture de communication de l’entretien médical est un facteur décisif dans l’évaluation d’une information médicale.

– Des conditions spatiales et situationnelles adéquates garantissent une conversation sans perturbation avec les professionnels de santé principalement responsables du traitement.

– Les informations factuelles se connectent aux connaissances préalables des parents et de l’enfant ; elles doivent également permettre une compréhension émotionnelle.

– Il est plus bénéfique d’impliquer les parents et l’enfant dans les décisions médicales que de leur transmettre ponctuellement des informations toutes faites.

– Il est nécessaire d’intégrer l’enseignement des compétences en communication appropriées dans la formation initiale et continue des professionnels de la santé.

* Pédiatre.

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Niveau d’anglais | La Tunisie, championne du monde arabe

Selon le dernier classement international EF-EPI, publié le 19 novembre dernier, la Tunisie se classe une nouvelle fois en tête des pays arabes en matière de maîtrise de la langue anglaise par la population active nationale, devançant ainsi toutes les anciennes colonies britanniques du monde arabe, mais aussi largement la Chine et le Japon. Un résultat qui démontre bien que le caractère francophone du pays ne l’empêche nullement de maîtriser la langue anglaise, contrairement aux affirmations de certains commentateurs.

Ilyes Zouari *

Selon les résultats de la dernière et vaste enquête annuelle publiée par l’organisme Education First, communément appelée «Classement EF-EPI» (Education First, English proficiency index) et constituant la référence mondiale en la matière, la Tunisie se classe à la 66e place pour ce qui est de la maîtrise de la langue anglaise par la population active. Elle devance ainsi tous les pays du monde arabe, et notamment les anciennes colonies britanniques, comme les Émirats arabes unis, classés en troisième position (et au 72e rang mondial), le Qatar (81e mondial), l’Égypte (89e), le Koweït (93e), la Jordanie (105e), ou encore le Soudan (106e), l’Irak (113e), le Yémen et la Somalie (respectivement 116e et 119e, et partiellement anciennes colonies britanniques). La Tunisie devance également très largement l’Arabie saoudite, classée 115e (qui n’était pas une colonie britannique, mais qui est sous très forte influence anglo-saxonne depuis plus d’un siècle).

Par ailleurs, la Tunisie arrive loin devant la Chine et le Japon, qui occupent respectivement les 86e et 96e places mondiales. Ces deux pays se situent ainsi, comme chaque année, autour de la 90e place.

La domination maghrébine du monde arabe

Ce classement démontre également une nouvelle fois la domination du Maghreb arabo-berbéro-francophone au niveau du monde arabe. En effet, le Maroc figure en deuxième position, après la Tunisie (et au 68e rang mondial), tandis que l’Algérie, qui a pourtant été le dernier des pays du Maghreb à généraliser l’enseignement de l’anglais, se classe déjà en sixième position au sein du monde arabe, et au 82e rang mondial (une promotion de l’enseignement de l’anglais accompagnée, parfois, de certaines mesures irrationnelles et contre-productives, essentiellement motivées par des considérations politiques, notamment depuis la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental, pourtant pleinement justifiée historiquement). L’Algérie devance donc, elle aussi et parfois très largement, des pays arabes comme l’Égypte, le Koweït, la Jordanie ou l’Arabie saoudite, ainsi que la Chine et le Japon.

Contrairement aux contrevérités maintes fois répétées par certaines parties, le caractère francophone des pays du Maghreb ne les empêche donc nullement de maîtriser la langue anglaise, et même de dépasser les pays arabes anciennement colonisés par les Britanniques, et où l’anglais est souvent une quasi deuxième langue officielle. Par contre, toutes les études démontrent que l’apprentissage de la langue anglaise en tant que première langue étrangère, empêche de maîtriser une seconde langue étrangère. Ce qui, dans le cas de la Tunisie, constituerait un handicap majeur et un danger pour les intérêts supérieurs du pays.

En effet, cela couperait progressivement la Tunisie de son vaste espace francophone voisin et des immenses opportunités qu’il présente (et notamment de la vaste Afrique francophone, qui vient de dépasser les 500 millions d’habitants, cette année, et qui est globalement la partie économiquement la plus dynamique du continent), la rapprocherait culturellement, lentement mais sûrement, des pays du Moyen-Orient (entraînant, à terme, une explosion de l’intégrisme religieux, et notamment du port du niqab), et réduirait les débouchés migratoires pour les Tunisiens (compte tenu de l’hostilité des pays non francophones à l’égard de l’immigration arabe, et notamment des pays anglo-saxons qui accordent systématiquement la priorité à l’immigration asiatique, comme le Royaume-Uni où l’immigration arabe, marginalisée, ne représente que 10% de la population musulmane du pays). Enfin, cela ne devrait même pas permettre à la Tunisie d’améliorer son niveau d’anglais… qui devrait même baisser, probablement, à terme. En effet, rien ne permet de penser que le pays ne finirait pas par s’aligner sur le niveau, plus faible en anglais, des pays arabes anglophones.

L’anglais en 1er n’est pas synonyme de développement accéléré

Si la connaissance de toute langue étrangère est toujours bénéfique, et notamment de la langue anglaise, il convient toutefois de ne pas se laisser piéger par la très forte propagande dont bénéficie cette dernière, comme par exemple de la part de ce même organisme Education First, qui agit en véritable agent de propagande, multipliant les affirmations erronées en vue de pousser à une anglicisation généralisée de tous les pays et peuples du monde. En effet, toutes les études économiques comparatives et sérieuses démontrent clairement que l’apprentissage de l’anglais en tant que première langue étrangère n’apporte aucun gain en matière de développement économique et social, par rapport à des pays voisins n’ayant pas fait le même choix.

Ainsi, et au niveau arabe par exemple, les études démontrent bien la supériorité des pays arabes francophones en matière économique et sociale par rapport aux autres pays du monde arabe, hors pays pétroliers bien sûr (car on ne peut comparer ce qui n’est pas comparable). Ainsi le Maghreb est globalement plus développé que les pays du Moyen-Orient, et la Mauritanie et Djibouti le sont davantage que le Soudan, la Somalie ou le Yémen. À titre d’exemple, le Maroc arrive chaque année en tête des pays arabes dans le classement du magazine Jeune Afrique relatif aux 500 plus grandes entreprises africaines, devant l’Égypte qui est pourtant trois fois plus peuplée (avec, par exemple, 56 entreprises dans le classement 2023, contre 46, tandis que la Tunisie était représentée par 21 entreprises, alors que sa population est neuf fois inférieure à celle de l’Égypte !). Par ailleurs, le Maroc produit plus de 500 000 véhicules par an, contre environ 60 000 seulement pour l’Égypte, malgré la taille considérable de son marché intérieur, à lui seul. Le Maroc est également l’unique pays arabe et africain à disposer d’un train à grande vitesse (en l’occurrence, le TGV français, et hors Arabie saoudite pétrolière), et se classe régulièrement, avec la Tunisie, en tête des pays arabes en matière d’innovation (hors pays pétroliers, également, qui ne manquent pas de moyens et qui ont généralement recours à des chercheurs et experts étrangers).

Enfin, il convient de rappeler les cas forts intéressants du Liban et de la Syrie, deux pays anciennement francophones. Leur passage à l’anglais, entamé dans les années 1950 pour la Syrie et au début des années 1990 pour le Liban (administration, vie économique, puis enseignement), ne leur apporta absolument aucun bénéfice économique. La Syrie ne s’est jamais développée, et le Liban s’est même totalement effondré en 2019 et 2020, ce qui provoqua un exode massif de population, et notamment vers l’Afrique francophone subsaharienne, ou des milliers de Libanais se sont installés pour nourrir leur famille.

Quant au niveau africain, les différentes études comparatives démontrent également la supériorité de la partie francophone du continent. À titre d’exemple, l’Afrique francophone subsaharienne a été en 2024 la championne de la croissance africaine pour la onzième année consécutive, tout en réalisant encore une fois les meilleures performances en matière de maîtrise de l’inflation et de l’endettement. Sur la décennie 2014-2023 (les données globales pour 2024 étant encore incomplètes), cet ensemble de 22 pays francophones a réalisé une croissance annuelle globale de 3,9 % en moyenne, contre seulement 2,0 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne. De même, il a affiché un taux d’inflation annuel de seulement 4,1 % en moyenne, contre 17,2 % pour la partie non francophone. Par ailleurs, sept des dix pays africains ayant réalisé les plus forts taux de croissance économique sur cette même décennie étaient des pays francophones, et les pays les plus pauvres et moins développés du continent demeurent le Soudan du Sud et la Somalie, deux pays anglophones.

Et sur la décennie 2015-2024, la Côte d’Ivoire, qui s’impose comme l’économie la plus dynamique et la plus solide d’Afrique, au vu de son rythme de croissance et en tenant compte du niveau de richesse déjà atteint (avec un PIB/habitant de 2 723 dollars en 2024 selon le FMI, soit, par exemple, plus de deux fois plus que l’Éthiopie), et qui est en train de construire la plus haute tour d’Afrique (qui sera inaugurée en 2026 et culminera à 403 mètres), a réalisé une croissance annuelle de 6,1 % en moyenne. Très loin, donc, et comme d’autres pays francophones (Sénégal, Bénin, Togo, Guinée, RDC, Cameroun, Djibouti…), du taux de 0,7 % réalisé par l’Afrique du Sud, ou du taux de 1,7 % enregistré par le Nigeria, deux pays anglophones régulièrement présentés comme dynamiques, mais qui ne sont, en réalité, même pas des pays émergents (compte tenu de leur faible croissance, de surcroît inférieure à leur niveau de croissance démographique).

Autre exemple, et grâce à leur dynamisme économique nettement supérieur, la majorité des pays francophones d’Afrique de l’Ouest dépasse désormais le Nigéria en matière de PIB par habitant, malgré de bien plus faibles richesses naturelles, même proportionnellement à leur population. Ainsi, le Sénégal a affiché un PIB par habitant de 1 759 dollars en 2024, contre seulement 1 084 pour le Nigeria, alors qu’il n’a produit aucune goutte de pétrole et aucun mètre cube de gaz naturel cette même année. Il en va de même pour le Bénin (1 480 dollars, et un pays les plus dynamiques du continent), ou encore pour le Cameroun (1 868 dollars), qui dépasse également le Nigeria malgré une production pétrolière 20 fois inférieure en 2024. Quant à la Côte d’Ivoire, celle-ci affiche désormais un PIB par habitant 2,5 fois supérieur à celui du Nigeria, malgré une production pétrolière 37 fois inférieure en 2024 (37 000 barils par jour, contre 1,34 million !). La Côte d’Ivoire a également dépassé le Ghana, malgré des niveaux de production pétrolière et aurifère respectivement 4,6 fois et 2,4 fois inférieurs en 2024, tout comme elle devrait dépasser cette année l’Angola, qui produit presque autant de pétrole que le Nigeria et qui est le quatrième producteur mondial de diamants. De même, elle devance désormais largement le Kenya, pays le plus prospère d’Afrique de l’Est continentale (hors Djibouti), mais qui n’a réalisé qu’un modeste taux de croissance annuel de 4,6 % sur la décennie 2014-2023, comparable aux 4,4 % du Ghana.

À tout cela, s’ajoute également le fait que l’Afrique francophone est historiquement et globalement la partie la du continent la moins touchée par les inégalités sociales, la corruption et les violences (conflits interethniques, guerres civiles, ou criminalité). La terrible guerre civile qui ensanglante actuellement le Soudan, qui a fait en seulement deux ans et demi plus de 150 000 morts (soit déjà plus de victimes que dans l’ensemble des conflits observés dans les anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne depuis 1960 !), la brutale répression des manifestants pour la démocratie qui eut lieu en octobre dernier en Tanzanie (faisant environ 1 000 morts en seulement trois jours, alors que celle ayant eu lieu quelques semaines plus tôt à Madagascar fit une vingtaine de morts en trois semaines…), ou encore les plus de 25 000 meurtres annuels enregistrés en Afrique du Sud et les milliers d’assassinats et d’enlèvements enregistrés chaque année au Nigeria, ne font que démontrer, une fois de plus, cette claire spécificité francophone.

Quant au Rwanda, souvent cité en exemple par les promoteurs de la langue anglaise, malhonnêtement ou par méconnaissance de la réalité, il convient de rappeler que ce pays fait toujours partie des pays les plus sous-développés du continent africain (en dehors du centre-ville de sa capitale, qui sert de propagande au régime). En effet, et trente ans après le début du processus d’anglicisation, mené par des dirigeants anglophones venus de l’Ouganda voisin, lui-même anglophone, le pays se classe à la 37e position continentale en matière de PIB par habitant en 2024 (1 028 dollars seulement), et ce, malgré les importantes aides accordées par les États-Unis, et surtout malgré le pillage massif et criminel des richesses de l’est de la RDC, qui représentent désormais près de 50% des exportations rwandaises ! Un cas unique au monde et une terrible injustice, accompagnée de massacres réguliers de populations civiles congolaises (ayant déjà fait quelques millions de morts), s’appuyant sur une féroce et agressive protection diplomatique et financière américaine, et faisant de ce pays prédateur (et, par ailleurs, premier client africain des agences de communication internationales…) un véritable Israël africain… 

Globalement, les pays francophones dépassent donc largement les pays anglophones en matière de dynamisme économique, malgré des richesses naturelles souvent largement inférieures. Pourtant, il est presque certain que si l’inverse était vrai, nombreux seraient les commentateurs qui imputeraient ce retard à la langue française, comme par exemple, si des pays anglophones africains dépassaient en richesse par habitant un pays francophone voisin produisant 37 fois plus de pétrole… Par conséquent, il conviendrait donc de conclure, en suivant le même raisonnement, que la maîtrise en premier de la langue anglaise est un frein au développement économique…

* Président du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF).

Du même auteur dans Kapitalis :

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Débat à l’IACE | La résilience de l’eau en Tunisie

Le Centre des changements climatiques, de l’Institut arabe de chefs d’entreprise (IACE) a organisé, lundi 24 novembre 2025, un premier évènement intitulé «RésEau d’opportunités : résilience & eau, les clés de demain», consacré aux enjeux liés au stress hydrique en Tunisie et à son impact sur le développement économique et social. L’événement s’est articulé autour de deux panels sur «Les nouvelles technologies au service de l’agriculture» et «Ressources et valorisation de l’eau».

Latif Belhedi

Dans le cadre du premier panel, Houssem Aouadi, ingénieur agronome et business Development Manager, a présenté un exposé sur le thème : «Agriculture de précision : optimiser l’eau grâce aux technologies digitales» où il a présenté Seabex, une startup tunisienne spécialisée dans l’agriculture de précision, qui a développé une plateforme d’intelligence artificielle pour aider les agriculteurs à optimiser leur irrigation et leurs pratiques culturales. Active dans plusieurs pays (Tunisie, Algérie, Maroc, France, Espagne et Arabie saoudite), Seabex aide les agriculteurs à augmenter les rendements et à réduire les coûts en fournissant des recommandations basées sur des données, comme l’imagerie satellite, afin de préserver les ressources en eau et de s’adapter au changement climatique. La solution, appelée Seabex Agrisense, propose une gestion intelligente de l’irrigation, compatible avec de nombreuses cultures. 

Le recours aux ressources non conventionnelles

Béchir Hamrouni, professeur émérite à la Faculté des Sciences de Tunis et président de l’Association tunisienne de dessalement, a présenté un exposé intitulé «Le recours aux ressources non conventionnelles. Préserver les ressources conventionnelles : gaspillage/fuites/collecte des eaux pluviales». Il a parlé, notamment, du recours, en Tunisie et dans le monde, aux ressources non conventionnelles pour parer au stress hydrique qui s’aggrave avec le changement climatique, diversifier les ressources en eau et assurer un approvisionnement indépendant du climat. Ces ressources qui apportent des solutions aux différents usages de l’eau (notamment l’irrigation agricole et l’industrie) sont le dessalement des eaux saumâtres et de l’eau de mer; la réutilisation des eaux usées traitées et le commerce de l’eau virtuelle.

Amel Jrad, du Centre des changements climatiques (CCC) a parlé de «L’eau, un capital à valoriser : stratégies et opportunités». «Dans un contexte de rareté croissante due au changement climatique,  considérer l’eau comme une charge est une vision dépassée et risquée, car l’eau remplit parfaitement la fonction de ‘‘capital’’ et est un actif qui génère de la valeur et des flux de bénéfices sur le long terme», a expliqué la conférencière.  

«Dans un monde d’abondance, considérer l’eau comme une charge pouvait (mal) fonctionner. Dans un monde de rareté comme le nôtre aujourd’hui, et particulièrement en Tunisie, c’est une voie directe vers la crise», a expliqué la conférencière. Et d’ajouter : «Tant que l’eau est perçue comme une charge, on cherchera à la réduire. Quand elle sera reconnue comme un capital, on cherchera à la protéger. Et c’est seulement ainsi que la durabilité deviendra possible.»

Pour ce qui concerne la Tunisie, qui fait face à une situation de stress hydrique aggravée par le changement climatique et la hausse de la consommation, la «résilience hydrique repose sur sa capacité à fédérer tous les acteurs autour d’une vision commune, à innover techniquement et institutionnellement, et à mobiliser des financements durables, et ce, dans un contexte climatique à risque de durabilité élevé», aexpliqué Mme Jrad.

S’adapter aux évènements extrêmes

Olfa Mahjoub, maître de conférence à l’INRGREF, a présenté un exposé sur «La réutilisation des eaux usées traitées face au stress hydrique: état actuel et opportunités à saisir». Elle a souligné la nécessité de d’améliorer le bilan hydrique pour s’adapter aux évènements extrêmes liés aux changements climatiques grâce à l’utilisation directe ou indirecte des eaux utilisées traitées (EUT).

Pour cela, il convient d’adapter la qualité des EUT selon le domaine de réutilisation, d’encourager les établissements industriels et touristiques à traiter leurs EU et à les valoriser sur site, d’élaborer un plan de communication et de sensibilisation.

Le but est d’augmenter la réutilisation à un taux de 80% (450 millions de m³ sur un total de 560 millions de m³ à l’horizon 2050), de substituer 230 millions de m³ d’eau potable par les EUT (eaux des barrages et des nappes phréatiques) et d’irriguer 56 000 hectares de périmètres irrigués (avec 50% de PPI) dont 30 000 nouveaux, ainsi que 1 100 ha d’espaces verts urbains et golfs, tout en donnant la priorité à l’utilisation des EUT dans les terres domaniales.

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L’emballage durable au centre des Journées Packaging 2025

Les Journées du Packaging 2025 se tiendront les 27 et 28 novembre 2025 à l’Hôtel Verdi Beach Resort – Gammarth, sous le thème : «Innover pour un emballage circulaire et durable.»

Organisée par le Centre technique de l’emballage et du conditionnement (Packtec) organise, sous l’égide du ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, cette manifestation sera une occasion d’échanges entre les acteurs économiques des secteurs de l’emballage et de l’impression sur les tendances, innovations et technologies liées aux matériaux et systèmes d’emballage. Elle permettra également de mieux appréhender les enjeux réglementaires et environnementaux qui encadrent les différents marchés.

Ce rendez-vous des opérateurs africains, arabes et méditerranéens vise à informer les industriels et les divers opérateurs économiques sur les évolutions en matière d’emballage et d’impression et de présenter les stratégies et les perspectives de développement écologique et responsable.

Les journées s’articuleront autour de trois sessions thématiques et d’un espace networking. Elles aborderont l’intégration des principes de l’économie circulaire dans la chaîne de valeur du couple produit / emballage, les exigences réglementaires internationales, les bonnes pratiques industrielles, ainsi que les pistes d’innovation pour concilier rentabilité, performance et respect de l’environnement.

Les participants auront également l’opportunité de découvrir les dernières avancées technologiques dans le domaine de l’emballage alimentaire et pharmaceutique, ainsi que la réglementation européenne et les systèmes de conditionnement associés.

Des interventions dédiées aux solutions intégrées pour l’emballage et l’impression complèteront le programme, incluant notamment les nouveaux procédés d’impression, la gestion des couleurs et les développements récents dans l’impression d’emballage cosmétique de luxe.

Des experts nationaux et internationaux et des représentants d’entreprises apporteront leurs analyses et témoignages pour enrichir les échanges.

Ce sera pour les participants un espace unique pour repenser les pratiques industrielles, anticiper les mutations du marché et construire ensemble les solutions circulaires de demain. Un espace networking permettra de favoriser les rencontres, le partage d’idées et la co-construction de projets innovants.

L’événement bénéficie du soutien de la GIZ, le PTB, Programme Greenov’i d’Expertise France, et du partenariat média exclusif de Packtech Middle East & Africa Magazine.

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Tunisie | La LTDH appelle à la libération des prisonniers politiques

Au terme de sa réunion Tunis, le Conseil national de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH) a publié le communiqué suivant, dimanche 23 novembre 2025, où il appelle, entre autres revendications, à «mettre un terme aux poursuites et libérer immédiatement toutes les prisonnières et tous les prisonniers d’opinion, ainsi que les détenu·e·s politiques et associatifs, tout en garantissant les conditions d’un procès équitable.»

Nous, membres du Conseil national de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme, réunis à Tunis les 21, 22 et 23 novembre 2025, dans une conjoncture nationale extrêmement sensible marquée par une escalade systématique visant les droits et libertés, un rétrécissement grave de l’espace civique et associatif, l’intensification des procès politiques et des procès d’opinion dépourvus des conditions minimales d’un procès équitable, ainsi qu’une dégradation générale des conditions sociales, économiques, sanitaires et environnementales ; et dans un contexte international lui aussi tendu, caractérisé par la poursuite des agressions de l’entité sioniste et de ses alliés ;

Après avoir examiné ces évolutions nationales et internationales, le Conseil national dénonce :

– l’emprise croissante du pouvoir exécutif, alors que la Présidence de la République accapare la totalité des leviers de décision, subordonne les autres pouvoirs législatif et judiciaire, et procède à une marginalisation délibérée des principales institutions de l’État, au premier rang desquelles la Cour constitutionnelle et le Conseil supérieur de la magistrature;

– l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire, à travers l’obtention par l’exécutif de décisions judiciaires ordonnant la suspension des activités d’un nombre d’associations œuvrant pour les droits des femmes, des enfants, et pour les droits économiques et sociaux. Le Conseil national dénonce également l’intensification récente des procès politiques et des procès d’opinion dénués des garanties essentielles d’un procès équitable, affirmant que ces décisions, poursuites et jugements sont fondamentalement politiques et s’inscrivent dans une démarche globale visant à restreindre l’action civile et politique, harceler les militantes et militants, éliminer les corps intermédiaires et réduire au silence toute voix libre ou dissidente;

– les graves attaques croissantes contre la liberté d’expression, ainsi que la mise au pas du secteur de la presse et des médias à travers des violations systématiques qui portent atteinte au droit à l’expression et à l’indépendance des institutions médiatiques, alors que se poursuivent les poursuites et le harcèlement visant journalistes et professionnel·le·s des médias;

– la détérioration dramatique de la situation environnementale à Gabès, et les conséquences sanitaires graves pour les habitant·e·s malgré la clarté de la revendication principale, à savoir le démantèlement des unités polluantes. La crise écologique touche également d’autres régions menacées, comme Kélibia, Gafsa, Sfax, Mahdia ou Menzel Bourguiba, confirmant l’urgence d’une politique environnementale nationale globale et immédiate;

– la consolidation d’une centralisation excessive, avec le recul des dispositions du Code des collectivités locales et la nomination de secrétaires généraux pour diriger les municipalités en l’absence de conseils municipaux élus, ce qui constitue une atteinte au principe de libre administration et ouvre la voie au clientélisme politique et à la corruption;

– les méthodes employées pour faire face aux mobilisations sociales et aux revendications sectorielles, comme celles des habitant·e·s de Gabès, la grève des salarié·e·s du secteur privé à Sfax, ou encore les mouvements des journalistes, jeunes médecins, docteurs, chômeurs et étudiant·e·s, ainsi que le non-respect des accords conclus et la fermeture du dialogue social, couplés à des tentatives de contournement des conventions signées entre les syndicats et le ministère concerné;

– les déclarations graves et irresponsables de la ministre de la Justice, notamment celles déniant la dignité des grévistes de la faim en remettant en cause leur lutte et leur droit à la protestation pacifique, ainsi que celles affirmant que l’installation du Conseil supérieur de la magistrature serait «inutile», ce qui constitue un déni explicite du principe d’indépendance de la justice et une violation flagrante du texte constitutionnel et des lois régissant le pouvoir judiciaire;

– les crimes racistes commis à l’encontre des migrant·e·s d’Afrique subsaharienne, et l’incarcération de militantes et militants œuvrant dans le domaine des droits des personnes migrantes, justifiées par des discours complotistes et des accusations de «projet de peuplement».

Face à cette situation, le Conseil national appelle à :

– déclarer Gabès zone sinistrée et prendre des mesures urgentes pour garantir le droit à la vie des habitant·e·s;

– mettre fin à l’état d’urgence, devenu une mesure permanente permettant de restreindre droits et libertés;

– mettre un terme aux poursuites et libérer immédiatement toutes les prisonnières et tous les prisonniers d’opinion, ainsi que les détenu·e·s politiques et associatifs, tout en garantissant les conditions d’un procès équitable;

– accélérer l’installation de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature, afin de protéger les droits et libertés et garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire;

– abroger immédiatement le décret 54 et l’ensemble des textes juridiques qui portent atteinte aux droits et aux libertés;

– cesser l’usage de décisions judiciaires motivées politiquement, notamment celles suspendant les activités associatives et visant les médias indépendants ou alternatifs dans le but d’étouffer l’espace civil;

– adopter une loi criminalisant la normalisation avec l’entité sioniste, et ne pas en faire un simple slogan électoral.

Le Conseil national réaffirme :

– la détermination de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme à poursuivre la défense des droits et libertés avec responsabilité, dans un esprit d’attachement à la dignité, à la liberté et à la justice sociale, conformément au principe : «Tous les droits pour toutes et tous, sans exclusion ni discrimination» ;

– son engagement ferme à assumer son rôle historique, quelles que soient les pressions et quel qu’en soit le prix, en défense de l’État de droit et d’une société libre et plurielle;

– la nécessité de renforcer l’action commune avec toutes les forces attachées à la civilité et à la démocratie, pour défendre les valeurs de liberté, de dignité, de justice sociale et d’égalité;

– sa solidarité totale avec le peuple soudanais, confronté à des massacres, à la violence et au déplacement forcé dans le cadre de projets soutenus par des forces colonialistes dans la région;

– son soutien renouvelé aux droits historiques du peuple palestinien, son rejet de la dernière décision du Conseil de sécurité qui constitue une étape supplémentaire dans le processus de liquidation de la cause palestinienne, et son appui à la résistance palestinienne dans sa lutte pour le droit à l’autodétermination et la libération complète de la Palestine.

Pour le Conseil national de la Ligue, le président Bassem Trifi

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Tunisie | Kaïs Saïed menace : «Pas de répit pour les traîtres !»

«Le tribunal de l’Histoire a rendu son verdict définitif. Il n’y aura pas de répit pour les traîtres ni de retour en arrière», a déclaré le président Saïed, droit dans ses bottes, lors de sa rencontre avec la cheffe du gouvernement Sarra Zaâfrani Zenzeri, lundi 24 novembre 2025, au Palais de Carthage.

Le président de la République s’est une nouvelle fois attaqué à ceux qui, au sein de l’administration publique «considèrent leur poste comme une fin en soi et ne cherchent que les privilèges». «Ils n’ont aucune place auprès du peuple tunisien. Le pouvoir est une responsabilité et un lourd fardeau», a-t-il dit.

Kaïs Saïed a également insisté sur le fait que «l’État ne restera pas les bras croisés face à ceux qui maltraitent les citoyens, sous quelque forme que ce soit.» Cet avertissement s’adresse à «ceux qui ont hypothéqué le pays, cherché à le diviser ou à brader ses ressources, [et qui] seront poursuivis», a-t-il menacé.

«Chaque responsable œuvre actuellement dans le cadre de la Constitution du 25 juillet 2022 et il doit toujours garder à l’esprit les attentes légitimes du peuple», a aussi affirmé le locataire du Palais de Carthage, selon  le même communiqué, laissant ainsi entendre que certains hauts responsables œuvrent encore en dehors du système politique qu’il avait mis en place au lendemain de la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021, et des réformes institutionnelles initiées dans la foulée.

I. B. (avec Tap).

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Rencontre à Paris sur le PLF 2026 de la Tunisie

Le Centre pour le respect des libertés et des droits de l’homme enTunisie (CRLDHT) organisé, dans le cadre de Liqaaet Eco, une rencontre d’analyse du Projet de loi de finances 2026 (PLF2026) sous le thème «PLF 2026 : l’exercice solitaire du pouvoir budgétaire», le 26 novembre 2026 à 19h au CICP (21ter Rue Voltaire, 75011 Paris).

La rencontre, animée par Karim Belkhiria, verra les interventions de Ali Kooli, ancien ministre de l’Économie et des Finances (2020–2021), expert des questions macroéconomiques, de la dette et du système bancaire; Mohamed Trabelsi, ancien ministre des Affaires sociales, spécialiste du dialogue social, de la protection sociale et des politiques d’emploi ; et Hédi Kammoun, représentant de l’association Alert, engagé sur les enjeux de gouvernance économique, de concurrence et de lutte contre l’économie de rente.

Cette rencontre est organisée «à un moment où la Tunisie traverse l’une des crises économiques, sociales, politiques et institutionnelles les plus graves de son histoire récente» et «à l’heure où les droits reculent et où la pauvreté s’étend, le débat sur le budget n’est pas un exercice technique : c’est un enjeu de justice, de dignité et de démocratie», écrit le CRLDHT dans sa note de présentation, dont nous reproduisons ci-dessous l’essentiel…

«Le budget 2026 est construit dans un contexte de tensions financières explosives : une dette publique qui atteint 147,4 milliards de dinars, soit 80,5 % du PIB, des besoins de financement colossaux de 27 milliards de dinars, et un déficit de près de 11 milliards que le gouvernement veut combler en puisant directement dans la Banque centrale, en émettant des sukuk et en pressurant encore davantage un système bancaire déjà exsangue. Ce choix n’est pas neutre : il engage l’avenir, il hypothèque les droits, et il place le pays dans une spirale dangereuse de dépendance et de fragilisation institutionnelle.

«Le PLF 2026 se présente comme un budget opaque, déséquilibré et construit hors des règles démocratiques. Il contourne les dispositifs de contrôle prévus par la Loi organique du budget, siphonne les ressources vitales de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, tout en gonflant les budgets sécuritaires.

«Au lieu d’investir dans le soin, le savoir, l’emploi ou l’inclusion, l’État choisit la force, l’opacité et le repli. La disparition du débat public, la marginalisation du Parlement et le recul de la transparence financière ne sont pas des accidents : ils traduisent une volonté assumée de gouverner sans contrôle et sans comptes à rendre.

«En rupture totale avec les engagements internationaux et constitutionnels de la Tunisie, les arbitrages du PLF 2026 représentent une menace directe contre les droits économiques et sociaux. Ce projet budgétaire promet plus d’inégalités, une aggravation de l’effondrement des services publics, et une désindustrialisation qui nourrit un chômage massif, l’exclusion sociale et le désespoir — terreau fertile des dérives autoritaires et des colères collectives.

«Face à cette situation, cette rencontre ambitionne de décortiquer le PLF 2026, d’en dévoiler les implicites politiques et les conséquences humaines, et de construire, avec les participants, des alternatives crédibles. Parce qu’un budget n’est pas seulement une affaire de chiffres : c’est un choix de société. Nous défendons un budget fondé sur la justice sociale, la transparence, et la protection effective des droits fondamentaux — un budget au service du peuple, et non un instrument de consolidation autoritaire.»

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Biyouna s’éteint à 73 ans | Icône du rire et de la scène en Algérie

La célèbre comédienne Biyouna, figure incontournable de la scène artistique algérienne, est décédée ce mardi 25 novembre 2025, à l’âge de 73 ans, après une longue bataille contre la maladie.

Hospitalisée depuis le 4 novembre à Alger, puis transférée au service de pneumologie de Béni Messous, elle souffrait de problèmes respiratoires sévères et d’une faible oxygénation cérébrale, aggravée par les complications d’un cancer dont elle était atteinte depuis 2016.

Avec sa voix, sa présence et son humour, Biyouna a incarné des générations de comédiennes et comédiens algériens. Ses rôles dans ‘‘Délice Paloma’’ et ses séries télévisées cultes, sans oublier ses performances sur scène, lui ont valu une place unique dans le patrimoine culturel national.

La mort de Biyouna est une tragédie pour le cinéma algérien.

Djamal Guettala 

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L’État tunisien court derrière le problème au lieu de le prévenir 

Le 18 octobre 2025, au palais de Carthage, une réunion s’est tenue sur la crise environnementale à Gabès, dont la population souffre, depuis au moins deux décennies, des rejets toxiques du Groupe chimique tunisien (GCT). Certes cette intervention est nécessaire et on pourrait presque l’applaudir… si ce n’était pas juste la dernière étape d’un retard chronique. La Tunisie ne manque pas de réactions. Elle manque juste d’actions à un rythme interne stable; un tempo qui permettrait d’agir avant que les dégâts ne deviennent irréversibles. C’est un peu comme quelqu’un qui danse le tango… mais toujours deux secondes après la musique. 

Manel Albouchi *  

Le président a salué la maturité des habitants de Gabès. Leur calme, leur sens de la responsabilité. 

Oui, c’est vrai. Mais soyons honnêtes : ce calme ressemble moins à la sagesse d’un peuple apaisé qu’à l’épuisement d’un peuple qui n’a plus l’énergie de s’énerver. 

Le citoyen tunisien ne reste pas calme par confort. Il reste calme pour éviter l’effondrement. Et ce calme-là ne doit pas devenir un prétexte pour un État qui s’appuie sur la patience des gens comme si c’était une ressource infiniment renouvelable. 

Au contraire, il faut valoriser les initiatives locales, mettre en lumière les citoyens qui créent, innovent, agissent, pour transformer cette fatigue en engagement durable, au lieu de laisser la résignation s’installer comme une habitude nationale. 

Une richesse cachée, les séniors : On parle beaucoup de jeunes, mais la vérité est plus large : la Tunisie possède une génération d’experts, d’ingénieurs, de professeurs, de cadres, de chercheurs, aujourd’hui mis à la retraite ou isolés comme des joueurs d’élite laissés sur le banc alors que l’équipe perd le match. 

Ce pays regorge d’intelligence encore intacte, de savoir-faire accumulé pendant 30, 40 ans, laissé en veille comme si nous pouvions nous offrir le luxe du gaspillage. 

Imaginez un peu : des compétences précieuses… stockées au lieu d’être mobilisées ; des cerveaux pleins d’expérience… qui ne demandent qu’à transmettre ; des professionnels chevronnés… traités comme si leur rôle s’arrêtait le jour où leur contrat administratif se termine. 

Il suffit de créer : des programmes de mentorat croisant jeunes et seniors, des cellules de réflexion intergénérationnelles, un corps de «consultants publics» parmi les retraités expérimentés, et nous aurons une capacité opérationnelle que peu de pays possèdent : l’énergie des jeunes + la stratégie des anciens. 

Une nation qui n’utilise pas ses sages et ses experts se condamne à recommencer les mêmes erreurs en boucle. 

Une énergie sans terrain de jeu : Appeler la jeunesse sans lui offrir un rôle réel, c’est comme donner une belle voiture sans mettre d’essence. Ça fait joli sur la photo, mais ça ne bouge pas. 

Pour avancer, il faut : un conseil consultatif de jeunes avec un vrai pouvoir de décision, des ateliers participatifs, un espace où leur énergie n’est pas «symbolique», mais «opératoire»

La jeunesse tunisienne est brillante mais trop souvent invitée pour applaudir, jamais pour décider.  

Une stratégie qui tourne en rond : Rappeler les erreurs de 2018, dénoncer les équipements abandonnés… pourquoi pas. Mais ça reste de l’externalisation : mettre le problème à distance pour renforcer le présent. Sur le long terme : on tourne, on dénonce, et on revient au même point. 

Aujourd’hui, la Tunisie n’a pas besoin de réparer l’histoire. Elle a besoin de la dépasser. De construire le présent et l’avenir.

Belle promesse, mais parapluie percé : Dire que le peuple a droit à la vérité est noble. Mais aujourd’hui, les Tunisiens veulent cohérence structurelle, pas poésie politique. Les mots ne suffisent plus : on ne reconstruit pas une ville, un écosystème ou une confiance avec des phrases. Il faut des structures fiables, une gouvernance stable, et surtout… une logique qui tient debout. 

Entre réaction et maturation : Et puis il y a ce registre guerrier, cette idée que la Tunisie vit une guerre sur tous les fronts. La guerre peut mobiliser, mais à long terme, elle épuise.  

Quand une société vit trop longtemps en état d’alerte, elle perd sa capacité à imaginer autre chose que la survie. Elle se replie, elle se crispe. La vigilance constante finit par rétrécir l’horizon.  

La Tunisie a besoin d’un souffle créatif, pas d’un cœur qui bat seulement pour éviter le pire. 

Au fond, cette réunion nous dit une seule chose : nous sommes dans un système qui agit, mais toujours trop tard ; qui observe, mais rarement en avance ; qui mobilise, mais au risque d’épuiser ; qui parle de vérité, mais peine à créer de la lisibilité ; qui sollicite la jeunesse, mais ne lui déroule pas le terrain ; qui dénonce le passé, mais peine encore à inventer l’avenir. Ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est un développement institutionnel inachevé. 

Gabès est un miroir : Gabès, ce n’est pas un incident isolé. C’est un symptôme collectif. Un rappel que la Tunisie possède tout ce qu’il faut comme ressources humaines, comme intelligence collective, comme créativité… mais qu’elle n’a pas encore construit le système capable de les assembler.  

Il est temps d’intégrer les jeunes, d’inclure les anciens, de reconnaître les erreurs, de clarifier le chemin et d’offrir une vision qui anticipe au lieu d’attendre l’effondrement pour réagir. 

Un pays grandit comme un être humain : non pas selon le nombre de crises qu’il traverse, mais selon la qualité des réponses qu’il choisit d’y apporter. Et, aujourd’hui, plus que jamais, la Tunisie a besoin de remettre tous ses joueurs sur le terrain : ses jeunes, ses experts, ses citoyens… et même cette part d’elle-même qu’elle a trop longtemps laissé au vestiaire.

* Psychothérapeute.  

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Le poids des milliardaires écrase la politique américaine

À une époque marquée par de profonds clivages politiques et idéologiques et par une immense concentration des richesses entre les mains d’une infime minorité de fortunés, les milliardaires américains dépensent des sommes astronomiques en politique, témoignant ainsi de leur influence politique sur la marche du pays et du monde.

Imed Bahri

Dans une analyse conjointe de Beth Reinhard, Naftali Bendavid, Clara Ince Morse et Aaron Shaffer, le Washington Post est revenu sur cette tendance de fond qui suscite une véritable crainte de bousculer d’une démocratie vers une oligarchie des plus nantis qui a la haute main sur la politique et la chose publique en général.  

Le journal américain cite l’exemple de John Catsimatidis, magnat de l’immobilier et du pétrole, qui a fait un don de 2,4 millions de dollars en 2024 pour soutenir le président Donald Trump et les Républicains, soit près du double de ses dons de 2016. M. Catsimatidis explique ressentir un besoin croissant d’influer sur le cours de la politique américaine, face au fossé grandissant entre les deux partis.

«Quand on est milliardaire, on veut le rester», ajoute M. Catsimatidis dont la fortune est estimée à 4,5 milliards de dollars. Il précise qu’il ne n’agit pas seulement par souci pour sa richesse personnelle mais aussi par souci de l’Amérique et du sauvegarde de son mode de vie. 

Le journal affirme que les dons des 100 Américains les plus riches aux élections fédérales ont été multipliés par 140 depuis 2000, atteignant environ 7,5% des dépenses totales de campagne en 2024, contre seulement 0,25% en 2000.

Une minorité aux commandes

Le WP estime que cela reflète l’influence considérable des plus fortunés sur l’élaboration des politiques et le choix des candidats, un fait qui inquiète autant les politologues que le public.

L’analyse révèle aussi que les dernières décennies ont été marquées par des changements politiques, juridiques et économiques qui ont renforcé le pouvoir des plus riches. Parmi ces changements figurent les révolutions technologiques, les réformes fiscales et les décisions de justice qui ont levé les restrictions sur le financement des campagnes, autorisant ainsi des contributions quasi illimitées.

De ce fait, les politiciens américains sont devenus plus dépendants de la générosité des milliardaires, ce qui confère à une minorité d’à peine 0,5% des Américains une influence exceptionnelle sur le succès des politiques et des politiciens, à un moment où les politologues et les observateurs soulignent que les gros financements augmentent les coûts des campagnes et sapent la confiance du public dans la démocratie américaine.

Le journal américain précise que l’influence des plus fortunés ne dépend pas uniquement des dons. Certains se sont même lancés directement en politique. Une enquête du journal a révélé que 44 des 902 milliardaires américains figurant sur la liste Forbes 2025, ou leurs conjoints, ont été élus ou nommés à des postes gouvernementaux au cours de la dernière décennie, allant de postes ministériels de haut rang à des rôles consultatifs moins importants.

Le WP rapporte que la fortune cumulée de ces milliardaires dépasse 6 700 milliards de dollars, contre 2 600 milliards il y a dix ans. La plupart d’entre eux ont soutenu politiquement le Parti républicain de Trump, plus de 80 % des contributions des 100 Américains les plus riches en 2024 ayant été versées à ce parti.

Certaines grandes entreprises technologiques ont apporté leur soutien aux Républicains après des désaccords avec l’administration de l’ancien président Joe Biden, Trump ayant défendu des politiques telles que des réductions d’impôts et la déréglementation qui profitent aux plus riches.

En effet, des magnats de la tech comme Elon Musk et Peter Thiel ont trouvé chez les Républicains des partenaires plus en phase avec leurs intérêts économiques. Musk a dépensé 294 millions de dollars en 2024 pour contribuer à l’élection de Trump et d’autres Républicains, tandis que d’autres ont versé 509 millions de dollars supplémentaires aux Républicains, contre environ 186 millions aux Démocrates.

Thomas Peterffy, fondateur d’une société de courtage en ligne dont la fortune s’élève à 57,3 milliards de dollars, a déclaré : «L’aile gauche du Parti démocrate est un parti socialiste. Les plus riches sont des hommes d’affaires et ils se rallient à Trump car ils comprennent à quel point il est bénéfique pour une économie florissante». Pour sa part, M. Catsimatidis, un ancien Démocrate, a déclaré ne plus faire confiance à la capacité des Démocrates à gérer l’immigration clandestine, la criminalité et l’économie.

Le soutien ne garantit pas la victoire

Malgré sa grande influence, l’argent ne garantit pas toujours le succès aux élections, comme l’ont démontré les défaites de certains candidats financés par des milliardaires. Par exemple, l’entrepreneur milliardaire Peter Thiel a aidé son ami et ancien employé, Black Masters, lors des primaires républicaines de 2022 en Arizona avec 15 millions de dollars, et sa défaite face au démocrate Mark Kelly a montré que le soutien des milliardaires ne garantit pas toujours le succès.

Plusieurs milliardaires, dont Catsimatidis, se sont alliés pour tenter d’empêcher la candidature de Zahran Mamdani à la mairie de New York, prévenant que son élection serait un désastre économique. Mais le candidat a triomphé, considérant son opposition à leur égard comme un honneur. Dans un discours de victoire vibrant, il a déclaré: «Nous pouvons répondre à l’oligarchie et à la tyrannie par la force qu’elles craignent et non par l’apaisement qu’elles recherchent»

L’ancienne membre du Congrès, Cherry Bustos, a affirmé que l’argent, ou la capacité à en collecter, est un facteur déterminant dans le choix d’un candidat. «Lorsqu’on choisit un candidat, on regarde sa capacité à lever des fonds et qui possède des relations permettant d’obtenir d’importants dons», a-t-elle expliqué. 

Cependant, le pouvoir politique des riches n’est pas absolu mais ils peuvent néanmoins faire grimper les coûts des campagnes et accroître la dépendance des politiciens à leur égard, ce qui, selon l’analyse du WP, mine la confiance du public dans la démocratie.

Alors que certains politiciens libéraux tentent de contrer l’influence grandissante des plus riches, invoquant des valeurs religieuses et la justice sociale, ils acceptent simultanément des dons de milliardaires s’ils soutiennent des causes d’intérêt public, ce qui illustre la difficulté de s’opposer à l’influence des milliardaires. 

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Tunisie | 3e appel à propositions du Fonds d’appui Adapt Investissements 

Le programme Adapt a annoncé, dans un communiqué publié le 24 novembre 2025, le lancement du troisième appel à propositions du Fonds d’appui Adapt Investissements, un dispositif de soutien financier visant à promouvoir et à accompagner les investissements privés engagés dans le développement durable des secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture en Tunisie, ainsi que dans l’ensemble des chaînes de valeur qui y sont associées.

Ce programme, financé par l’Union européenne (UE) et mis en œuvre par l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS) en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (Pam), vise aussi à contribuer au renforcement des systèmes agroalimentaires plus résilients, inclusifs et respectueux des ressources naturelles.

Dans un contexte marqué par de profondes transformations économiques, climatiques et sociales, les chaînes de valeur agricoles, halieutiques et aquacoles tunisiennes font face à des défis structurels majeurs : pression accrue sur les ressources en eau, variabilité des rendements, vulnérabilité des ressources marines, fragmentation des exploitations, faibles niveaux de mécanisation, et accès limité aux financements nécessaires pour moderniser l’ensemble du processus productif, de la production à la transformation.

Ces évolutions soulignent l’importance d’investissements capables de renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires tout en soutenant la transition vers des modèles plus performants, compétitifs et respectueux des ressources naturelles.

Aux côtés des autorités tunisiennes, l’UE et l’AICS renforcent leur soutien à l’ensemble des acteurs économiques en accompagnant les opérateurs privés dans la conception et la mise en œuvre de projets durables, adaptés aux besoins spécifiques des territoires.

Ce troisième appel s’inscrit pleinement dans cette dynamique d’appui renforcé. Avec une enveloppe de 8 millions d’euros, il offre aux entrepreneurs des possibilités élargies pour accéder à un financement durable, encourager l’innovation, améliorer la gestion des ressources, moderniser les outils de production et de transformation, et diversifier les activités au sein des chaînes de valeur agricoles, de la pêche et de l’aquaculture. L’objectif est de consolider la compétitivité des filières tout en accélérant la transition écologique du pays grâce à des investissements responsables et résilients, porteurs d’emplois locaux et d’améliorations durables des conditions de vie dans les zones rurales et côtières.

Soumission des candidatures

Les candidats peuvent soumettre leurs projets en ligne jusqu’au 19 novembre 2026. Cette nouvelle édition du dispositif de soutien financier du fonds d’appui Adapt Investissements prévoit une contribution sous forme de dons couvrant jusqu’à 14 % du montant d’un crédit bancaire ou d’un crédit leasing, pour un soutien compris entre 1 650 € et 100 000 € maximum.

Les projets portés par des jeunes, des femmes ou par des organisations professionnelles agricoles et de la pêche (Opap) peuvent bénéficier d’une contribution allant jusqu’à 20 %.

Toutes les informations, ainsi que l’accès au dépôt des candidatures, sont disponibles sur cette plateforme

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CRLDHT | Sans le sou, Samir Taieb reste dans le trou  

Dans un communiqué publié le 24 novembre 2025 et intitulé «La paradoxale situation de Samir Taieb :  sans sous, on reste dans le trou !», le Centre pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) pose le problème de l’ancien ministre de l’Agriculture, incarcéré depuis novembre 2024 et qui est maintenu en prison, alors que le suspect principal dans la même affaire a été libéré provisoirement après avoir payé une lourde caution d’un montant de 50 000 dinars.

«La logique juridique et judiciaire exige que la détention soit l’exception, fondée sur des éléments factuels et moraux proportionnés à l’accusation et à l’infraction imputée à l’intéressé», rappelle le FTCR, qui estime que cette logique n’est pas respectée par la justice tunisienne, qui délivre à la hâte des mandats de dépôt contre des suspects qui restent longtemps incarcérés, alors que l’enquête s’éternise sans justification.

«Un mandat de dépôt a été émis contre M. Taieb en novembre 2024, avant même qu’il ne soit auditionné, et depuis il attend une expertise judiciaire plus lente que le corbeau de Noé», notre l’ONG tunisienne basée à Paris, qui explique: «Sur le fond de l’affaire, on impute à M. Taieb le fait d’avoir entériné une décision du conseil de l’Office des terres domaniales (OTD) concernant l’ajournement du recouvrement de dettes pour des agriculteurs — une procédure administrative de routine, surtout que le ministre est une autorité de tutelle et n’est pas compétent pour prendre la décision que l’Office a régulièrement prise selon les aléas des saisons.»

Le CRLDHT ajoute : «Parmi les prétendus bénéficiaires de la décision de l’OTD, l’homme d’affaires Abdelaziz Makhloufi, détenu lui aussi dans la même affaire et libéré provisoirement d’une façon soudaine et louche (…) Cette libération provisoire a été obtenue contre le paiement d’un montant astrologique à titre de dépôt (…) une somme que M. Taieb n’a ni les moyens de payer, ni la possibilité d’assumer.»

Pour ces considérations, le CRLDHT «s’indigne de la détention arbitraire infligée à M. Samir Taieb et aux autres détenus de cette affaire, incarcérés uniquement parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’acquitter de la rançon exigée (…), condamne une justice à géométrie variable (…) et appelle à la libération immédiate de M. Samir Taieb et des autres détenus dans l’affaire, ainsi qu’au respect de leurs droits à un procès équitable.»

I. B.

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