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Coupe arabe FIFA 2025 : Primes revalorisées et calendrier confirmé

La commission locale d’organisation de la Coupe arabe « FIFA Qatar 2025 » a annoncé une augmentation substantielle du montant total des primes, désormais fixé à plus de 36,5 millions de dollars. Cette décision vise à renforcer le statut du tournoi sur les scènes arabe et internationale, alors que la compétition se tiendra du 1er au 18 décembre prochain au Qatar.

Primes revalorisées pour les participants

Dans un communiqué officiel, la commission a détaillé le nouveau barème financier. Chaque équipe engagée percevra 715.000 dollars. Une qualification en quarts de finale portera cette somme à 1.073.000 dollars. L’équipe classée quatrième recevra 2.146.000 dollars, tandis que la troisième repartira avec 2.862.000 dollars. Le vice-champion obtiendra 4.293.000 dollars, et le vainqueur empochera 7.155.000 dollars.

Selon la commission, cette hausse significative a été décidée « pour encourager les équipes à se battre intensément à chaque étape de la compétition ».

Un calendrier réparti sur trois journées de poules

La première journée se déroulera du 1er au 4 décembre, avec huit matchs programmés. La deuxième est prévue entre le 6 et le 9 décembre, avant une troisième phase de poules répartie sur les 12 et 13 décembre.

En cas d’égalité de points entre deux équipes ou davantage, le règlement précise que la différence de buts départagera les équipes.

Phase finale : quarts, demis et finale à Lusail

Les quarts de finale auront lieu les 12 et 13 décembre. Les demi-finales se joueront le 15 décembre. Le match pour la troisième place se tiendra le 17 décembre, tandis que la finale se disputera le 18 décembre au stade Lusail.

Les « Verts » dans le groupe D

Tenant du titre, l’équipe des « Verts » évoluera dans le groupe D. Elle y retrouvera l’Irak ainsi que les vainqueurs des barrages Bahreïn–Djibouti et Liban–Soudan, prévus ce mercredi à Doha.

Comme lors de la dernière édition, les deux premiers de chaque groupe se qualifieront pour les quarts de finale.

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CIFF 2025 – Namir Abdel Messeeh, l’intime en partage : « La vie après Siham »

Un voyage à travers les festivals

Présenté pour la première fois à Cannes, dans la sélection de l’ACID, La Vie après Siham de Namir Abdel Messeeh a depuis entamé un long parcours international. Arrivé en Égypte, à El Gouna, le film a remporté deux distinctions – le Prix du meilleur documentaire et celui du meilleur documentaire arabe – avant d’être présenté hors compétition au Festival international du film du Caire, lors de sa 46ᵉ édition (12 au 21 novembre 2025), dans la section « Projections spéciales ».

D’une enfance entre Paris et l’Égypte à une œuvre profondément intime

Ce film profondément personnel, à la fois journal de deuil, geste de fidélité et exploration de la mémoire, prolonge la démarche d’un auteur qui, depuis ses débuts, n’a cessé de sonder la frontière entre la vie et le cinéma. Né à Paris en 1974 dans une famille copte égyptienne, formé à la FEMIS, Namir Abdel Messeeh a toujours fait dialoguer ses deux mondes : la France où il a grandi et l’Égypte dont il porte la mémoire.

Toi, Waguih et La Vierge, les Coptes et moi : les premières pierres d’un triptyque

Après le court métrage Toi, Waguih (2005), consacré à son père, il s’était fait connaître avec La Vierge, les Coptes et moi (2011), sélectionné à Cannes à l’ACID et récompensé du Tanit d’argent documentaire aux Journées Cinématographiques de Carthage en 2012. Ce film, à la frontière du documentaire et de la fiction, posait déjà les questions qui traversent toute son œuvre : comment filmer ses proches, comment faire du cinéma avec eux, sans les trahir ni les enfermer.

Filmer les siens pour interroger la foi, le cinéma et l’héritage

Dans La Vierge, les Coptes et moi, Namir Abdel Messeeh filmait déjà sa propre famille. Parti dans le village de ses parents, il interrogeait les récits d’apparitions de la Vierge Marie tout en filmant sa mère, ses oncles, ses tantes et les habitants du village. En cherchant à comprendre ces phénomènes, il signait un film à la fois spirituel, drôle et lucide, où la quête de vérité religieuse se mêlait à une réflexion sur le cinéma lui-même. En mêlant documentaire et reconstitution, sérieux et humour, il s’y mettait déjà en scène, interrogeant sa place de cinéaste, de fils et d’héritier. Ce geste intime, où l’autodérision côtoie la tendresse, annonçait déjà La Vie après Siham.

La Vie après Siham, un récit de deuil et de transmission

Ce nouveau film s’inscrit dans cette même continuité. Huit ans après la mort de sa mère, Siham, puis celle de son père, Waguih, le cinéaste se retrouve face à un double deuil et à une promesse : raconter leur histoire. De ce serment naît un film de mémoire et de transmission, où le réalisateur convoque des images d’archives, des séquences filmées en Égypte et en France, et des extraits de films de Youssef Chahine pour tisser un récit à la fois intime et universel.

Au Caire, l’émotion d’un retour symbolique

Lors de la projection au Caire, l’émotion était palpable. Pour Namir Abdel Messeeh, montrer ce film dans le pays de ses parents avait une résonance particulière : « C’était la première fois que je voyais la version arabe de La Vie après Siham avec le public égyptien, et c’était angoissant pour moi », confie-t-il. « Chaque projection a été différente : en Égypte, en Espagne, en Allemagne, en France… À chaque fois, les réactions changeaient. »

Il se souvient : « Au Caire, le public a applaudi à plusieurs reprises, en plein milieu du film. C’est quelque chose que je n’avais jamais vécu ailleurs. En Allemagne, les gens m’ont dit qu’ils avaient aimé, mais leurs émotions restaient plus silencieuses. Et c’est ça, la force du cinéma : chaque projection a sa propre vie, influencée par le lieu, la taille de la salle, le nombre de spectateurs. »

Cette projection au Caire, entre compatriotes, amis et proches, avait valeur de retour symbolique. « Je suis né en France, mais je suis égyptien. Mon père et ma mère sont restés égyptiens même après avoir émigré en France. Ils n’ont jamais renié leur égyptianité, même s’ils ont été enterrés là-bas. Et moi aussi, je suis égyptien. C’est pour cela que j’ai voulu raconter cette histoire, cette hadouta masreya (clin d’œil à Youssef Chahine ?!). »

Une rencontre avec les étudiants : pourquoi et comment filmer ?

Après la projection, le réalisateur a animé une rencontre intitulée La vie après Siham : construire la mémoire à travers le documentaire (étude de cas), essentiellement destinée aux étudiants en cinéma, où il a livré un témoignage dense, empreint d’humour et d’émotion, sur sa relation au cinéma, à ses parents et à lui-même.

CIFF 2025
Namir Abdel Messeh

Des tournages insatisfaisants à la découverte de son véritable sujet

« J’ai étudié le cinéma en France et pendant mes études, j’ai tourné des films, mais je n’en étais jamais satisfait. J’ai compris qu’un film doit dire quelque chose de toi. Les miens ne disaient rien de moi. » Cette réflexion, à la fois simple et décisive, marque pour lui un tournant.

Il raconte ses débuts : « Même après l’école, j’ai fait un court métrage, mais je n’étais toujours pas content. J’ai senti qu’en filmant, j’avais face à moi quarante personnes que je ne connaissais pas. J’avais pris du temps pour écrire un scénario, et je me trouvais face à des étrangers, comme s’ils me volaient quelque chose. J’ai compris qu’il fallait que je filme des gens que j’aimais, des gens que je connaissais. »

Cette prise de conscience change son regard : « J’ai arrêté de me demander : qu’est-ce que je veux raconter ? et j’ai commencé à me demander : qui est-ce que je veux filmer ? La réponse m’est venue instinctivement : je voulais filmer mon père. »

Filmer le père : un refus, dix mois de supplications et un film de relation

Son premier film sur son père est né presque par hasard. « J’avais déposé un projet à un concours et je l’avais oublié. Un jour, j’ai appris que j’avais gagné un prix de 10 000 euros, à condition de livrer le film en un an. J’ai voulu faire un court documentaire, d’une trentaine de minutes. Mon père a refusé. Il ne comprenait pas pourquoi je voulais le filmer. »

Dix mois de discussions et de supplications s’ensuivent. « J’ai dû le supplier. Et puis, j’ai compris que je devais trouver un moyen de filmer quelqu’un qui refusait d’être filmé. La seule solution, c’était que le film soit sur nous deux. Notre relation devant la caméra. Je devais être là pour le rassurer. »

Cette décision donne naissance à un film d’une nature nouvelle : non plus un portrait, mais une conversation. Le cinéma devient une manière de recréer un lien. « C’est à ce moment-là que j’ai compris que le cinéma pouvait être un moyen d’aimer, de comprendre. »

Sa mère, apprenant le projet, ne cache pas sa jalousie. « Elle m’a dit : pourquoi lui et pas moi ? » racontera-t-il en souriant. Cette remarque, à la fois drôle et sincère, deviendra le point de départ d’un autre film, et d’une réflexion sur la manière de filmer ceux qu’on aime.

Un père cultivé, des désaccords de cinéma et une larme fondatrice

« Ma relation avec les films est plus importante qu’avec les êtres humains. Un film parle, un film communique, un film est émotions… un film est vivant. »
C’est à ce moment précis qu’il découvre ce qu’est un réalisateur : « Et c’est ainsi que j’ai compris qu’il existe quelqu’un qui s’appelle le réalisateur. C’est lui qui raconte cette histoire. Pourquoi et comment ? Un film est le portrait d’un réalisateur. C’est ce qui m’a fait aimer les films. »

Namir Abdel Messeeh évoque souvent son père avec admiration. « Mon père était très instruit : il lisait beaucoup, allait au théâtre, au cinéma. Mais nous n’aimions pas les mêmes films. »

Cette différence de goût nourrit leurs échanges, parfois leurs désaccords. « Il n’a pas aimé La Vierge, les Coptes et moi. Il ne comprenait pas qu’on puisse faire un film pour raconter une personne, ou une famille, ni comment ce film avait pu obtenir des prix. »

Et pourtant, c’est une scène muette de ce père cultivé et pudique qui devient le cœur de son inspiration. « Le jour de sa retraite, il devait faire un discours. Il n’avait pas pu. Une collègue a pris la parole à sa place. J’ai commencé à filmer notre famille et tous nos événements très tôt. Donc ce jour-là, j’étais là, je filmais la fête. Et j’ai filmé une larme qui a glissé sur sa joue. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je voulais faire un film pour qu’il puisse dire ce qu’il n’avait jamais dit. »

CIFF 2025
Namir Abdel Messeh
CIFF 2025 – Namir Abdel Messeh lors de la rencontre avec les étudiants

La peur du ridicule et la décision d’assumer sa famille à l’écran

Le réalisateur, en préparant La Vierge, les Coptes et moi, et alors qu’il devait aller filmer sa famille dans leur village, décide d’appeler sa mère via Skype. « J’ai demandé à mon équipe de filmer la conversation sans qu’elle le sache. Elle posait plein de questions. Quand elle a su que j’allais filmer ma famille, elle s’est mise en colère. Elle m’a dit qu’elle allait leur dire de refuser de tourner, qu’elle porterait plainte contre moi s’il le faut. »

« Je ne savais plus quoi faire et je regarde le caméraman, il riait. »

Ce moment, aussi drôle que violent, révèle une peur enfouie. « Ma mère avait peur que les gens se moquent de sa famille, de leur pauvreté, de leur ignorance. » En revoyant les rushs, il comprend que cette peur est elle-même un sujet, et décide de garder cette scène pour son film. « J’ai pris cette responsabilité et j’accepte la réaction des spectateurs. Peut-être que certains se sont moqués d’eux. Peut-être que certains les ont détestés. Mais d’autres les ont aimés, parce qu’ils ont senti que moi, je les aimais. »

Pour lui, filmer quelqu’un, c’est avant tout une question d’amour. « J’ai demandé à Yousry Nasrallah s’il aimait ses acteurs. Il m’a répondu : oui, comme un père. Cet amour est essentiel. Moi, je ne peux filmer une personne que si je l’aime. »

« Je reviens à la question : pourquoi tu fais des films ? Si c’est pour que les gens t’aiment, c’est ton droit. Moi, je veux aimer mes films et les spectateurs sont libres d’aimer ou pas ! »

Cannes : une projection éprouvante, entre fatigue et panique

Quand il évoque La Vie après Siham, la voix du réalisateur se charge d’émotion. « Pendant la projection à Cannes, j’ai pleuré. C’était dans la section ACID, il y avait quatre cents exploitants de salles. C’était le troisième jour, tout le monde était fatigué. »

Il se souvient d’une scène censée être comique : personne n’a ri. Aucune réaction. Aucune réaction jusqu’à la fin. « J’étais assis, et je commençais à paniquer. J’avais ouvert les portes de chez moi et j’y ai invité des inconnus, et je me disais que je ne voulais plus les voir chez moi. Je pleurais aussi parce que pendant dix ans, j’avais travaillé mon film, il était mon bébé et en même temps je sentais ma mère avec moi. Mais c’était fini, je perdais le contrôle de mon film. Je devais accepter que c’était fini : ma mère est morte et le film ne m’appartient plus. Je devais dire adieu à un process, comme si j’avais un enfant qui venait d’atteindre dix-huit ans et qu’il fallait le laisser vivre sa vie, et accepter qu’il allait prendre ses propres décisions. »

Les films de Youssef Chahine comme mémoire collective et refuge

Il en tire une leçon : « Si ton film réussit, tant mieux. Sinon, il faut comprendre les raisons de son échec et apprendre pour mieux faire ensuite. Mon premier court, que j’ai détesté, m’a appris beaucoup de choses. »

Il raconte ensuite comment est née l’idée d’utiliser des extraits des films de Youssef Chahine. « Je ne me rappelle plus exactement comment j’ai eu cette idée, mais j’ai compris que les films de Chahine font partie de notre mémoire collective. En les utilisant, je créais une connexion entre ma mère et les spectateurs. »

Pendant le montage, il réalise que montrer trop de photos de sa mère ne produirait pas l’effet espéré. « Les spectateurs ne la connaissent pas. Ces images ne les toucheraient pas. Mais tout le monde connaît les films de Chahine. Ils font partie de notre inconscient collectif et ces scènes créent un lien et expriment des émotions. »

Il se souvient d’une scène bouleversante : « Ma mère était très malade. Sa bouche était enflée, elle avait du mal à articuler. Elle m’a dit : Namir, tu avais dit que tu irais à Cannes un jour. Tu n’as encore fait aucun film qui y soit allé. Si un jour tu y vas, sache que je serai avec toi et que je te ferai un signe de la main. »

Cette scène, son monteur et lui l’ont revue plusieurs fois, mais elle était insoutenable. « Son visage était trop enflé. Je ne pouvais pas la montrer ainsi. J’ai remplacé cette séquence par des images de Chahine. Elles disaient la même chose, sans la montrer diminuée. »

Dépression, doute et nécessité d’une équipe qui croit au film

Mais La Vie après Siham n’a pas été un film facile à faire. « Après avoir commencé le tournage, j’ai fait une dépression pendant trois ans. J’ai cru que le film ne se ferait jamais. »

C’est son monteur qui l’a poussé à continuer. « Il m’a dit : il te faut un producteur et un scénariste qui croient en toi. » Namir rencontre alors une productrice passionnée, prête à défendre le projet. « Il faut quelqu’un qui ait du recul, qui comprenne ton film et qui te soutienne. »

Faire un film personnel, dit-il, demande de la force et de la patience. « Ce genre de cinéma est difficile, pas seulement pour des raisons artistiques, mais parce qu’il t’oblige à te confronter à toi-même. Il faut accepter d’être fragile. »

Un homme, sa caméra et une famille qui le prend pour un idiot

Le sujet du film, c’est celui d’un type qui, depuis toujours, filme sa famille, toujours, et sa famille le traite d’idiot. C’est comme si la caméra, depuis toujours, était sa mémoire. Ce film a été difficile à trouver. Il a fallu trouver le personnage principal et, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, ce n’est pas Siham, c’est Namir. C’est son histoire avec la caméra depuis de très longues années, avant même l’idée de ces films.

Au Caire, devant les étudiants, il parle de cette fragilité avec une franchise rare. « La Vie après Siham est un film douloureux, mais il est aussi plein de vie. Ce genre de sentiments, on passe souvent notre existence à essayer de les éviter. Le film m’a obligé à les affronter. »
Et il conclut simplement : « Filmer, c’est aimer. C’est comprendre. C’est dire adieu sans oublier. »

S’enraciner entre l’Égypte et la France, et transmettre cet héritage

À travers ses trois films, Namir Abdel Messeeh n’a cessé de creuser un même sillon : celui de la mémoire et de l’appartenance. En filmant son père, sa mère, sa famille égyptienne, son village, puis leur souvenir, il a voulu retenir ce qui risquait de s’effacer : les gestes, les voix, les visages, la langue d’un pays quitté mais jamais perdu. Son cinéma s’enracine dans cette Égypte intérieure, transmise par ses parents. Il la porte en lui, au plus profond de son être. Et il cherche à la préserver du temps, comme s’il craignait que ses racines se diluent.

Ce travail de mémoire est aussi une manière de se construire. Français par la naissance et par la vie, égyptien par le sang et par le cœur, il relie ces deux parts de lui-même pour en faire un lieu de passage : un pont entre deux histoires, deux imaginaires, deux façons d’exister. Il documente pour se souvenir, mais aussi pour ne pas rompre la chaîne – pour que le lien continue à vivre à travers les images.

Et lorsque La Vie après Siham referme ce long chapitre de deuil et de transmission, une autre question demeure, suspendue : cet héritage qu’il a sauvé, le transmettra-t-il à son tour ? Ses enfants poursuivront-ils cette œuvre de mémoire, ce dialogue ininterrompu entre les racines et le présent, entre l’Égypte et la France, entre la vie et ce qu’elle laisse ?

Neïla Driss

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Prix Abou El Kacem Chebbi 2025 : Kamilia Abdelfattah lauréate du prix d’excellence

Prix littéraire Abou El Kacem Chebbi - Banque de TunisieLa 31ᵉ édition du Prix Abou El Kacem Chebbi pour la littérature arabe a renforcé la place de la Tunisie dans le paysage littéraire régional. Organisé par la Banque de Tunisie, le prix illustre le rôle croissant des institutions financières en tant qu’acteurs de la renaissance culturelle. La diversité des œuvres en compétition confirme la vitalité de la création arabe et consolide la légitimité de l’initiative de la Banque de Tunisie en tant que mécène.

Quarante-trois romans venus de Tunisie, d’Égypte, d’Algérie, d’Irak, d’Oman, de Palestine, de Syrie et d’autres pays ont été soumis cette année. La sélection finale a retenu quatre titres, dont La Névrose de Staline d’Abdelouahab Aïssaoui et La Trace de l’ours de Honar Karim. Le prix d’excellence, doté de 25 000 dinars, a été attribué à la romancière égyptienne Kamilia Abdelfattah pour « An Yataarajah Bika » (“أن يتأرجح بك”), distingué pour sa profondeur psychologique et sa finesse narrative.

Un prix d’excellence littéraire et un engagement régional

Le prix d’honneur, d’un montant de 10 000 dinars, est revenu au sociologue tunisien Tahar Labib. La présence de l’intellectuel qatari Khaled Al Jabeur comme invité d’honneur et le rôle du jury, présidé par Moncef Louhaibi, ont renforcé la dimension régionale du prix.

La cérémonie a rassemblé des personnalités diplomatiques et culturelles, dont l’ambassadeur de Palestine à Tunis, Rami Al Qidoumi, et celui du Qatar, Zayed Bin Saad Al Khayarin. Écrivains, critiques et acteurs du monde littéraire ont également pris part à l’événement, soulignant l’ampleur du rayonnement de cette édition.

Jeunesse, héritage et transmission

La soirée a également rendu hommage aux jumelles tunisiennes Bissan et Bilsan Kouka, lauréates du Défi de la lecture arabe 2025 à Dubaï. Elles ont récité des poèmes d’Abou El Kacem Chebbi et ont reçu des certificats de reconnaissance ainsi que des carnets d’épargne, geste symbolique d’encouragement à la jeunesse tunisienne et à sa relation à la lecture.

La diversité des candidatures et l’engagement des participants ont confirmé la portée de ce prix littéraire, qui reste un espace d’expression, de rencontre et de transmission. Par son ancrage et sa régularité, le Prix Abou El Kacem Chebbi demeure un acteur incontournable du dialogue culturel arabe.

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Niveau d’anglais | La Tunisie, championne du monde arabe

Selon le dernier classement international EF-EPI, publié le 19 novembre dernier, la Tunisie se classe une nouvelle fois en tête des pays arabes en matière de maîtrise de la langue anglaise par la population active nationale, devançant ainsi toutes les anciennes colonies britanniques du monde arabe, mais aussi largement la Chine et le Japon. Un résultat qui démontre bien que le caractère francophone du pays ne l’empêche nullement de maîtriser la langue anglaise, contrairement aux affirmations de certains commentateurs.

Ilyes Zouari *

Selon les résultats de la dernière et vaste enquête annuelle publiée par l’organisme Education First, communément appelée «Classement EF-EPI» (Education First, English proficiency index) et constituant la référence mondiale en la matière, la Tunisie se classe à la 66e place pour ce qui est de la maîtrise de la langue anglaise par la population active. Elle devance ainsi tous les pays du monde arabe, et notamment les anciennes colonies britanniques, comme les Émirats arabes unis, classés en troisième position (et au 72e rang mondial), le Qatar (81e mondial), l’Égypte (89e), le Koweït (93e), la Jordanie (105e), ou encore le Soudan (106e), l’Irak (113e), le Yémen et la Somalie (respectivement 116e et 119e, et partiellement anciennes colonies britanniques). La Tunisie devance également très largement l’Arabie saoudite, classée 115e (qui n’était pas une colonie britannique, mais qui est sous très forte influence anglo-saxonne depuis plus d’un siècle).

Par ailleurs, la Tunisie arrive loin devant la Chine et le Japon, qui occupent respectivement les 86e et 96e places mondiales. Ces deux pays se situent ainsi, comme chaque année, autour de la 90e place.

La domination maghrébine du monde arabe

Ce classement démontre également une nouvelle fois la domination du Maghreb arabo-berbéro-francophone au niveau du monde arabe. En effet, le Maroc figure en deuxième position, après la Tunisie (et au 68e rang mondial), tandis que l’Algérie, qui a pourtant été le dernier des pays du Maghreb à généraliser l’enseignement de l’anglais, se classe déjà en sixième position au sein du monde arabe, et au 82e rang mondial (une promotion de l’enseignement de l’anglais accompagnée, parfois, de certaines mesures irrationnelles et contre-productives, essentiellement motivées par des considérations politiques, notamment depuis la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental, pourtant pleinement justifiée historiquement). L’Algérie devance donc, elle aussi et parfois très largement, des pays arabes comme l’Égypte, le Koweït, la Jordanie ou l’Arabie saoudite, ainsi que la Chine et le Japon.

Contrairement aux contrevérités maintes fois répétées par certaines parties, le caractère francophone des pays du Maghreb ne les empêche donc nullement de maîtriser la langue anglaise, et même de dépasser les pays arabes anciennement colonisés par les Britanniques, et où l’anglais est souvent une quasi deuxième langue officielle. Par contre, toutes les études démontrent que l’apprentissage de la langue anglaise en tant que première langue étrangère, empêche de maîtriser une seconde langue étrangère. Ce qui, dans le cas de la Tunisie, constituerait un handicap majeur et un danger pour les intérêts supérieurs du pays.

En effet, cela couperait progressivement la Tunisie de son vaste espace francophone voisin et des immenses opportunités qu’il présente (et notamment de la vaste Afrique francophone, qui vient de dépasser les 500 millions d’habitants, cette année, et qui est globalement la partie économiquement la plus dynamique du continent), la rapprocherait culturellement, lentement mais sûrement, des pays du Moyen-Orient (entraînant, à terme, une explosion de l’intégrisme religieux, et notamment du port du niqab), et réduirait les débouchés migratoires pour les Tunisiens (compte tenu de l’hostilité des pays non francophones à l’égard de l’immigration arabe, et notamment des pays anglo-saxons qui accordent systématiquement la priorité à l’immigration asiatique, comme le Royaume-Uni où l’immigration arabe, marginalisée, ne représente que 10% de la population musulmane du pays). Enfin, cela ne devrait même pas permettre à la Tunisie d’améliorer son niveau d’anglais… qui devrait même baisser, probablement, à terme. En effet, rien ne permet de penser que le pays ne finirait pas par s’aligner sur le niveau, plus faible en anglais, des pays arabes anglophones.

L’anglais en 1er n’est pas synonyme de développement accéléré

Si la connaissance de toute langue étrangère est toujours bénéfique, et notamment de la langue anglaise, il convient toutefois de ne pas se laisser piéger par la très forte propagande dont bénéficie cette dernière, comme par exemple de la part de ce même organisme Education First, qui agit en véritable agent de propagande, multipliant les affirmations erronées en vue de pousser à une anglicisation généralisée de tous les pays et peuples du monde. En effet, toutes les études économiques comparatives et sérieuses démontrent clairement que l’apprentissage de l’anglais en tant que première langue étrangère n’apporte aucun gain en matière de développement économique et social, par rapport à des pays voisins n’ayant pas fait le même choix.

Ainsi, et au niveau arabe par exemple, les études démontrent bien la supériorité des pays arabes francophones en matière économique et sociale par rapport aux autres pays du monde arabe, hors pays pétroliers bien sûr (car on ne peut comparer ce qui n’est pas comparable). Ainsi le Maghreb est globalement plus développé que les pays du Moyen-Orient, et la Mauritanie et Djibouti le sont davantage que le Soudan, la Somalie ou le Yémen. À titre d’exemple, le Maroc arrive chaque année en tête des pays arabes dans le classement du magazine Jeune Afrique relatif aux 500 plus grandes entreprises africaines, devant l’Égypte qui est pourtant trois fois plus peuplée (avec, par exemple, 56 entreprises dans le classement 2023, contre 46, tandis que la Tunisie était représentée par 21 entreprises, alors que sa population est neuf fois inférieure à celle de l’Égypte !). Par ailleurs, le Maroc produit plus de 500 000 véhicules par an, contre environ 60 000 seulement pour l’Égypte, malgré la taille considérable de son marché intérieur, à lui seul. Le Maroc est également l’unique pays arabe et africain à disposer d’un train à grande vitesse (en l’occurrence, le TGV français, et hors Arabie saoudite pétrolière), et se classe régulièrement, avec la Tunisie, en tête des pays arabes en matière d’innovation (hors pays pétroliers, également, qui ne manquent pas de moyens et qui ont généralement recours à des chercheurs et experts étrangers).

Enfin, il convient de rappeler les cas forts intéressants du Liban et de la Syrie, deux pays anciennement francophones. Leur passage à l’anglais, entamé dans les années 1950 pour la Syrie et au début des années 1990 pour le Liban (administration, vie économique, puis enseignement), ne leur apporta absolument aucun bénéfice économique. La Syrie ne s’est jamais développée, et le Liban s’est même totalement effondré en 2019 et 2020, ce qui provoqua un exode massif de population, et notamment vers l’Afrique francophone subsaharienne, ou des milliers de Libanais se sont installés pour nourrir leur famille.

Quant au niveau africain, les différentes études comparatives démontrent également la supériorité de la partie francophone du continent. À titre d’exemple, l’Afrique francophone subsaharienne a été en 2024 la championne de la croissance africaine pour la onzième année consécutive, tout en réalisant encore une fois les meilleures performances en matière de maîtrise de l’inflation et de l’endettement. Sur la décennie 2014-2023 (les données globales pour 2024 étant encore incomplètes), cet ensemble de 22 pays francophones a réalisé une croissance annuelle globale de 3,9 % en moyenne, contre seulement 2,0 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne. De même, il a affiché un taux d’inflation annuel de seulement 4,1 % en moyenne, contre 17,2 % pour la partie non francophone. Par ailleurs, sept des dix pays africains ayant réalisé les plus forts taux de croissance économique sur cette même décennie étaient des pays francophones, et les pays les plus pauvres et moins développés du continent demeurent le Soudan du Sud et la Somalie, deux pays anglophones.

Et sur la décennie 2015-2024, la Côte d’Ivoire, qui s’impose comme l’économie la plus dynamique et la plus solide d’Afrique, au vu de son rythme de croissance et en tenant compte du niveau de richesse déjà atteint (avec un PIB/habitant de 2 723 dollars en 2024 selon le FMI, soit, par exemple, plus de deux fois plus que l’Éthiopie), et qui est en train de construire la plus haute tour d’Afrique (qui sera inaugurée en 2026 et culminera à 403 mètres), a réalisé une croissance annuelle de 6,1 % en moyenne. Très loin, donc, et comme d’autres pays francophones (Sénégal, Bénin, Togo, Guinée, RDC, Cameroun, Djibouti…), du taux de 0,7 % réalisé par l’Afrique du Sud, ou du taux de 1,7 % enregistré par le Nigeria, deux pays anglophones régulièrement présentés comme dynamiques, mais qui ne sont, en réalité, même pas des pays émergents (compte tenu de leur faible croissance, de surcroît inférieure à leur niveau de croissance démographique).

Autre exemple, et grâce à leur dynamisme économique nettement supérieur, la majorité des pays francophones d’Afrique de l’Ouest dépasse désormais le Nigéria en matière de PIB par habitant, malgré de bien plus faibles richesses naturelles, même proportionnellement à leur population. Ainsi, le Sénégal a affiché un PIB par habitant de 1 759 dollars en 2024, contre seulement 1 084 pour le Nigeria, alors qu’il n’a produit aucune goutte de pétrole et aucun mètre cube de gaz naturel cette même année. Il en va de même pour le Bénin (1 480 dollars, et un pays les plus dynamiques du continent), ou encore pour le Cameroun (1 868 dollars), qui dépasse également le Nigeria malgré une production pétrolière 20 fois inférieure en 2024. Quant à la Côte d’Ivoire, celle-ci affiche désormais un PIB par habitant 2,5 fois supérieur à celui du Nigeria, malgré une production pétrolière 37 fois inférieure en 2024 (37 000 barils par jour, contre 1,34 million !). La Côte d’Ivoire a également dépassé le Ghana, malgré des niveaux de production pétrolière et aurifère respectivement 4,6 fois et 2,4 fois inférieurs en 2024, tout comme elle devrait dépasser cette année l’Angola, qui produit presque autant de pétrole que le Nigeria et qui est le quatrième producteur mondial de diamants. De même, elle devance désormais largement le Kenya, pays le plus prospère d’Afrique de l’Est continentale (hors Djibouti), mais qui n’a réalisé qu’un modeste taux de croissance annuel de 4,6 % sur la décennie 2014-2023, comparable aux 4,4 % du Ghana.

À tout cela, s’ajoute également le fait que l’Afrique francophone est historiquement et globalement la partie la du continent la moins touchée par les inégalités sociales, la corruption et les violences (conflits interethniques, guerres civiles, ou criminalité). La terrible guerre civile qui ensanglante actuellement le Soudan, qui a fait en seulement deux ans et demi plus de 150 000 morts (soit déjà plus de victimes que dans l’ensemble des conflits observés dans les anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne depuis 1960 !), la brutale répression des manifestants pour la démocratie qui eut lieu en octobre dernier en Tanzanie (faisant environ 1 000 morts en seulement trois jours, alors que celle ayant eu lieu quelques semaines plus tôt à Madagascar fit une vingtaine de morts en trois semaines…), ou encore les plus de 25 000 meurtres annuels enregistrés en Afrique du Sud et les milliers d’assassinats et d’enlèvements enregistrés chaque année au Nigeria, ne font que démontrer, une fois de plus, cette claire spécificité francophone.

Quant au Rwanda, souvent cité en exemple par les promoteurs de la langue anglaise, malhonnêtement ou par méconnaissance de la réalité, il convient de rappeler que ce pays fait toujours partie des pays les plus sous-développés du continent africain (en dehors du centre-ville de sa capitale, qui sert de propagande au régime). En effet, et trente ans après le début du processus d’anglicisation, mené par des dirigeants anglophones venus de l’Ouganda voisin, lui-même anglophone, le pays se classe à la 37e position continentale en matière de PIB par habitant en 2024 (1 028 dollars seulement), et ce, malgré les importantes aides accordées par les États-Unis, et surtout malgré le pillage massif et criminel des richesses de l’est de la RDC, qui représentent désormais près de 50% des exportations rwandaises ! Un cas unique au monde et une terrible injustice, accompagnée de massacres réguliers de populations civiles congolaises (ayant déjà fait quelques millions de morts), s’appuyant sur une féroce et agressive protection diplomatique et financière américaine, et faisant de ce pays prédateur (et, par ailleurs, premier client africain des agences de communication internationales…) un véritable Israël africain… 

Globalement, les pays francophones dépassent donc largement les pays anglophones en matière de dynamisme économique, malgré des richesses naturelles souvent largement inférieures. Pourtant, il est presque certain que si l’inverse était vrai, nombreux seraient les commentateurs qui imputeraient ce retard à la langue française, comme par exemple, si des pays anglophones africains dépassaient en richesse par habitant un pays francophone voisin produisant 37 fois plus de pétrole… Par conséquent, il conviendrait donc de conclure, en suivant le même raisonnement, que la maîtrise en premier de la langue anglaise est un frein au développement économique…

* Président du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF).

Du même auteur dans Kapitalis :

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Mois de la langue arabe 2026 : La Ligue arabe lance un concours littéraire et artistique pour les étudiants

La ligue des états arabes organise, en collaboration avec le Conseil international de la langue arabe, du 21 février au 22 mars 2026, le concours “Mois de la langue arabe” dans cinq catégories : essai, récit, poésie, calligraphie et dessin.

Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a appelé les étudiants tunisiens à participer à ce concours et à envoyer leurs œuvres à la direction générale des affaires estudiantines – direction des activités étudiantes, et ce, avant le 10 décembre 2025, selon un communiqué publié sur le site Web du ministère.

Ce concours, qui englobe les cycles d’enseignement primaire, collège, secondaire et universitaire, vise à développer la créativité littéraire et artistique chez les élèves et les étudiants, à renforcer l’identité nationale et arabe, à enraciner les valeurs d’appartenance et à découvrir les nouveaux talents dans les domaines de l’écriture, de la calligraphie et des arts.

L’on prévoit que 100 candidatures seront présentées pour chaque pays arabe, qui seront sélectionnées dans le cadre de ce concours à l’échelle nationale. La Ligue des états arabes a programmé l’acceptation de 2200 œuvres provenant des différents états membres qui seront par la suite imprimées, publiées et distribuées.

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Hommage | Walid Chmait, la mémoire du cinéma arabe, célébré aux JCC

La 36ᵉ édition des Journées Cinématographiques de Carthage rend hommage à l’un des pionniers de la critique cinématographique au Liban, Walid Chmait, figure majeure du 7ᵉ art arabe.

Cet hommage prendra la forme d’une projection/débat du documentaire « Walid Chmait, une vie au cœur du cinéma », réalisé par son fils Selim Saab Chmait.

À travers l’échange avec le réalisateur, le public découvrira le parcours d’un passionné qui a marqué la critique, la télévision, la culture et la mémoire cinématographique arabes.

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CIFF 2025 – Un voyage à travers le jeu et la mise en scène : Conversation avec Hiam Abbass

L’après-midi tombait doucement sur l’enceinte de l’Opéra du Caire, où se déroule le Festival international du film du Caire (CIFF), lorsqu’Hiam Abbass s’est avancée sur la scène. Élégante, calme, d’une présence à la fois douce et assurée, elle imposait immédiatement cette force tranquille que l’on retrouve dans chacun de ses rôles. Il y avait dans ses gestes la maîtrise d’une comédienne, et dans sa voix cette profondeur qui capte l’attention et fait taire les bruits autour.

La rencontre, intitulée « Un voyage à travers le jeu et la mise en scène – Conversation avec Hiam Abbass », s’est tenue dans le cadre de la 46ᵉ édition du CIFF, organisée du 12 au 21 novembre 2025, et était modérée par Nahed Nasr. Quelques heures plus tard, le même jour, l’actrice palestinienne monterait sur scène pour recevoir la Pyramide d’Or en hommage à l’ensemble de sa carrière.

À cette occasion, le CIFF a également édité un ouvrage écrit par la critique Nahed Saleh, intitulé « Hiam Abbass – Cette femme-là et cette Palestinienne-ci : lecture du parcours d’une star entre art et identité », distribué à tous les festivaliers. Un titre qui résume admirablement le double regard que porte Hiam Abbass sur son parcours : celui de la femme et celui de la Palestinienne, indissociables l’un de l’autre.

Sa devise, qu’elle répète avec simplicité — « vouloir, c’est pouvoir » —, résonne à chaque étape de sa vie : du village de Galilée jusqu’à Hollywood, sans jamais rompre le lien avec le cinéma arabe ni avec la mémoire de la Palestine.

CIFF 2025
Hiam Abbass

Hiam Abbass, une actrice palestinienne au rayonnement international

Hiam Abbass est née en Palestine, dans un village de Galilée. Actrice palestinienne, elle s’est imposée au fil des décennies comme l’un des visages les plus marquants du cinéma arabe et international. Elle a tourné dans de nombreux pays arabes, mais aussi en Europe et aux États-Unis.

On l’a découverte dans des rôles qui ont fait date, notamment dans La fiancée syrienne (The Syrian Bride, Eran Riklis, 2004), Le visiteur (The Visitor, Tom McCarthy, 2007), Satin rouge (Raja Amari, 2002), Bab el Shams (Porte du soleil) (Youssry Nasrallah, 2004), Paradise Now (Hany Abu-Assad, 2005), Dégradé (Tarzan et Arab Nasser, 2015) et Gaza mon amour (Tarzan et Arab Nasser, 2020).

Dans le monde des séries, elle a conquis un nouveau public avec Succession (Jesse Armstrong, 2018–2023), fresque familiale et politique sur le pouvoir, où elle campe Marcia, figure à la fois discrète et déterminée. Elle apparaît également dans Ramy (Ramy Youssef, 2019–2023), plongeant dans l’univers d’une famille musulmane américaine et interrogeant les identités multiples.

Sur le grand écran, elle continue à lier son nom à la Palestine : elle joue dans Palestine 36, le film qui représente la Palestine aux Oscars 2026. Et sa propre histoire familiale se retrouve dans Bye Bye Tibériade (2023), très beau film réalisé par sa fille Lina Soualem, consacré au parcours de plusieurs femmes palestiniennes, entre exil, transmission et mémoire.

Hiam Abbass est aussi réalisatrice : elle a signé Inheritance (2012), long métrage tourné au sein de sa communauté en Galilée, et qui mêle fiction et mémoire familiale.

Cette position — entre cinéma arabe, cinéma européen, séries américaines et films palestiniens — donne à la conversation du Caire une profondeur particulière : c’est toute une vie d’actrice, construite loin des slogans mais au plus près des rôles, qui se dévoile.

Le rêve a commencé : le théâtre, le hakawati et la première « magie »

« Je ne sais pas où commencer », confie Hiam Abbass au début de la rencontre. Puis elle remonte le fil jusqu’à Jérusalem, où se trouvait le théâtre, et le hakawati – le conteur, comme elle le précise pour celles et ceux qui ne connaissent pas le mot arabe. Depuis l’enfance, dit-elle, elle sentait que l’art, l’expression artistique, lui convenaient parfaitement, sans savoir encore par quel biais.

Étudiante, elle découvre le théâtre. On lui confie le rôle d’une mère, alors que le jeune homme qui joue son fils a son âge. La situation prête presque à sourire, mais ce qui l’intéresse, ce n’est pas cette incongruité : c’est ce qui se passe à la fin de la pièce. Quand le rideau tombe, elle découvre que la salle est en larmes : des pères, des mères, des spectateurs bouleversés. Elle ressent alors « comme de la magie ». C’est comme si quelque chose était sorti d’elle pour atteindre le public.

C’est ce moment-là, explique-t-elle, qui lui révèle la puissance de l’interprétation : « Comment traduire cela en devenant adulte ? L’artiste peut faire parvenir plein de messages au public. » Ce qu’elle vient de vivre n’est pas seulement un succès de scène : c’est la découverte d’un langage qui passe par le corps, la voix, le regard, et qui touche directement les autres.

Un village sans théâtre ni cinéma, puis la rencontre avec Michel Khleifi

Elle revient ensuite à son village de Galilée : « J’ai vécu dans un village où il n’y avait ni théâtre, ni cinéma. » Rien ne prédisposait donc cette enfant palestinienne à devenir actrice. C’est à Jérusalem, lorsqu’elle commence à travailler au théâtre, qu’un horizon s’ouvre. Elle y est à moitié artiste, à moitié employée de bureau.

Michel Khleifi arrive dans ce contexte, un peu pessimiste, se souvenant qu’il n’y a pas d’infrastructures, pas de structures professionnelles dignes de ce nom. Il demande de l’aide. Elle accepte. Il l’engage d’abord comme secrétaire de production. Puis, un jour, il lui confie un petit rôle.

Elle découvre alors la caméra, comme elle avait découvert la scène. Et là encore, quelque chose en elle reconnaît ce territoire : elle ressent la même chose que la première fois au théâtre. Le même mouvement intérieur qui va vers le public, même si cette fois-ci il est derrière la caméra. Elle comprend que c’est le chemin qui l’attend.

CIFF 2025
Hiam Abbass

Quitter la Palestine pour respirer

Pourtant, Hiam Abbass insiste : elle n’a jamais rêvé de voyager pour « devenir actrice ». Elle a quitté son pays parce qu’elle avait besoin de respirer. « Il n’était pas facile pour une femme de s’épanouir en ces temps-là en Palestine », dit-elle. Politiquement, socialement, la société imposait des limites.

Elle raconte qu’elle avait imaginé fonder une école de cirque à Londres. L’idée, déjà, disait son désir d’inventer un espace de liberté, de jeu, de création. Mais une fois arrivée, elle comprend qu’elle a besoin d’autres expériences, de plus de liberté encore. Le voyage n’est pas un caprice : c’est la seule façon de continuer un parcours artistique qui, sur place, se heurtait à trop de barrières.

Elle le répétera plus tard, dans une formule très claire : elle n’est pas partie par « amour du monde occidental », mais parce qu’elle voulait poursuivre un chemin artistique qui, pour une femme de son époque en Palestine, était extrêmement difficile. Il lui fallait de l’air, des expériences nouvelles, des rôles impossibles à obtenir dans un pays alors très fermé.

Londres, Paris, la maternité et l’apprentissage d’une nouvelle langue

Après Londres, vient la France. « J’ai connu un homme à Londres, j’en ai été amoureuse, je l’ai épousé et je l’ai suivi à Paris pour vivre une histoire d’amour. Il est le père de mes deux filles. Je ne parlais pas un mot de français. »

À ce moment-là, son plus grand projet n’est pas un rôle, ni un film : « Mon plus grand projet à cette époque était de devenir maman. » Hiam assume pleinement ce choix. Elle veut consacrer du temps à la maternité, à ses filles, mais elle n’abandonne pas pour autant l’idée de continuer à grandir comme artiste.

Elle profite donc de cette période pour travailler sur elle-même, apprendre la langue, observer, écouter. Environ quatre ans après la naissance de Lina, elle commence à tourner en français. Entre-temps, sa deuxième fille, Mona, est née. Elle insiste sur ce point : sa vie familiale est une partie distincte de sa vie d’actrice, mais c’est une partie qui nourrit sa sensibilité, sa capacité à comprendre les personnages.

Apprendre une nouvelle langue, s’ancrer dans un autre pays, équilibrer vie personnelle et travail d’actrice : tout cela se fait sans éclat, sans discours héroïque, mais avec une persévérance continue.

Lina Soualem et Bye Bye Tibériade : faire le chemin inverse

La question se pose alors : comment réagit-on lorsqu’une fille, devenue cinéaste, demande à sa mère de revenir en Palestine pour un film ?

« Lina t’a demandé de faire le chemin inverse, de revenir en Palestine… » Hiam Abbass raconte que la décision n’a pas été facile à prendre. Lina cherchait ce qu’elle voulait dire avec ce film. La mère, elle, craignait que le projet ne se réduise à un documentaire sur sa propre vie.

Les discussions ont été nombreuses. Il fallait que Hiam comprenne que Lina ne voulait pas filmer « sa mère » comme unique sujet, mais raconter une histoire plus vaste, dans laquelle sa mère n’est qu’une pièce du puzzle, aux côtés de plusieurs femmes de la famille. Quatre femmes, quatre expériences personnelles, qui font toutes partie de la mémoire collective palestinienne.

« C’était donc un devoir pour moi de faire ce film, pour travailler la mémoire collective à travers une histoire personnelle », dit-elle. Bye Bye Tibériade, très beau film, devient ainsi non seulement un geste de cinéma, mais un geste de transmission : la fille filme la mère, mais aussi les femmes d’avant, les exils, les ruptures, les retours, les absences.

Une actrice palestinienne qui n’oublie pas le cinéma arabe

« Pourquoi avoir choisi de beaucoup travailler avec les Arabes, alors que tu avais une carrière internationale ? »

La réponse est limpide : « Si je suis palestinienne, donc arabe, comment oublier mon identité ? Il ne s’agissait pas de défendre une cause, mais c’est une partie de moi-même, de mon identité. » Elle a commencé en tant qu’actrice arabe avec le film Satin rouge de Raja Amari.

Elle raconte le travail que ce rôle exige : elle ne connaît pas le dialecte tunisien, il lui faut donc l’apprendre et le travailler jusqu’à rendre le personnage crédible à cent pour cent. « C’est du travail sérieux. Je n’aime pas ce qui est facile, au contraire, j’ai besoin de travailler, de me surpasser, de relever des défis. »

Lorsqu’on lui demande si elle a « voulu » avoir une carrière arabe ou si cela est venu par hasard, elle répond que ce n’est ni un plan de carrière ni un hasard total. Elle choisit en fonction de ce que le projet lui dit : la cause, les questions soulevées, les droits des femmes, la manière dont le personnage porte une responsabilité dans le récit.

Raja Amari, Dorra Bouchoucha et un film qui devait exister

Elle revient sur le trio formé par Raja Amari, Dorra Bouchoucha et elle autour de Satin rouge. « Nous étions trois, nous avons défié toutes les difficultés. C’était mon premier grand film, et mon premier grand rôle. »

Après la sortie du film, elle se souvient du déferlement de critiques, surtout morales, visant le sujet, le personnage, la liberté qu’il revendiquait. Mais elle insiste : ce film devait se faire et exister. C’est lui qui a relevé ses défis pour exister en tant qu’actrice, et c’est lui qui l’a fait connaître dans le monde arabe. Pour elle, c’est la première grande expérience filmique qui l’a installée dans le regard du public.

Cette aventure tunisienne en a ouvert d’autres. Avec la réalisatrice Moufida Tlatli, elle tourne Nadia et Sarra (2004), où elle interprète une mère confrontée à la liberté naissante de sa fille ; un film sensible sur la transmission et le passage de relais entre générations. Quelques années plus tard, elle retrouve Raja Amari et Dorra Bouchoucha pour Corps étranger (2016), une œuvre sur l’exil et la solitude, où elle incarne une femme déracinée vivant entre deux mondes. Deux collaborations portées, là encore, par des femmes de conviction, prolongeant le dialogue artistique et la fidélité à la parole féminine initiée avec Satin rouge.

Bab el Shams (La Porte du soleil) : un devoir envers la Nakba et la famille

À propos de Bab el Shams (La Porte du soleil) de Youssry Nasrallah, la voix de Hiam Abbass se fait plus grave. « J’ai de bonnes relations avec Youssry, et j’aime ce qu’il fait. Lorsqu’il m’a proposé La Porte du soleil, j’ai trouvé que ce film est un devoir pour nous, parce qu’il raconte la Nakba. »

Elle explique qu’en acceptant ce rôle, elle a eu le sentiment de rendre hommage à son grand-père maternel, qui a perdu sa terre, sa maison, sa vie telle qu’il la connaissait. Comme le personnage d’Om Younes, il a tout perdu. Il a perdu la raison après cette dépossession, puis il est mort. Jouer ce rôle, c’était, pour elle, assumer une partie de cette histoire et la faire exister sur l’écran.

Elle souligne que Youssry Nasrallah a su la « remplir » – faire remonter en elle des choses profondément enfouies – et les mettre au service d’un film qui est devenu très important pour la cause palestinienne, y compris à ce jour.

Le réalisateur, présent, témoigne à son tour. Il raconte qu’elle n’a pas travaillé seulement comme actrice, mais aussi comme une sorte d’assistante : elle aidait les acteurs, en particulier la Tunisienne Rim Turki, à adopter l’accent palestinien, elle corrigeait les inflexions, conseillait chacun. Il affirme que travailler avec elle, devant comme derrière la caméra, a été une véritable richesse, à la fois artistique et humaine.

Ne pas choisir un rôle par nationalité, mais par responsabilité

Interrogée sur sa manière de choisir ses rôles, Hiam Abbass décrit un double mouvement. D’abord, on vient la chercher : un réalisateur, une réalisatrice, un scénariste lui propose un projet. Ensuite, elle se pose deux questions : est-ce qu’elle peut incarner l’identité de ce personnage ? Est-ce qu’elle peut parler pour lui ?

Elle précise qu’elle n’a jamais accepté un rôle en fonction de l’étiquette nationale : égyptien, tunisien, français, américain… Ce qui l’intéresse, c’est le personnage et l’histoire, ce qu’ils portent. Elle ne veut pas « jouer pour jouer », mais « jouer pour faire parvenir un message », ou plutôt contribuer à poser des questions – qu’on y réponde ou non.

Elle insiste aussi sur la nature des œuvres qu’elle préfère : elle ne penche ni pour la facilité ni pour les récits trop simplifiés. La vie est complexe, dit-elle, et ce sont les rôles difficiles, les personnages composés, qui lui permettent de plonger dans les détails psychologiques et sociaux. Ce sont ces rôles-là qui construisent un nom, une trajectoire, et qui la poussent à se dépasser.

Pour elle, la fonction essentielle de l’artiste est là : sortir de la zone de confort, éclairer ce dont on ne parle pas, mettre en lumière ce qui est passé sous silence.

Travailler avec des réalisatrices arabes et soutenir les femmes

La modératrice lui rappelle qu’elle a travaillé avec de nombreuses réalisatrices arabes, y compris des débutantes. Elle répond simplement : « Je suis une femme, et si je ressens un lien avec un projet de femme, il est important de travailler avec les femmes. La femme arabe traverse une période difficile pour faire un film, et si je peux aider, je suis partante, mais bien sûr le projet doit me plaire et le personnage me convenir. »

Ce soutien n’est pas un slogan : il passe par la présence, l’écoute, la décision de s’engager dans des projets parfois fragiles en termes de financement, mais forts par leur nécessité artistique.

Les jeunes réalisateurs et le refus de faire passer l’argent en premier

Quand la conversation aborde son « devoir » envers la nouvelle génération, Hiam Abbass évoque les frères Tarzan et Arab Nasser. Elle raconte qu’elle a fait leur connaissance via Skype. Ils sont palestiniens, ont le même âge que sa fille. Elle ressent immédiatement une forme d’instinct maternel, mais aussi la conviction qu’ils ont quelque chose à dire, un angle de vue singulier.

Elle sait qu’ils n’ont pas de financements. « Mais je m’en fous », dit-elle. L’aspect financier n’est pas ce qui guide son choix. Ce qui compte, c’est la nécessité du film, la sincérité du regard, la dignité du projet. Elle se souvient qu’elle aussi, au début, était inconnue. Tous les jeunes, répète-t-elle, ont le droit de rêver et de réussir, et il faut les aider pour qu’à leur tour ils aident ceux qui viendront après eux.

Hiam tournera avec eux deux films, Dégradé et Gaza mon amour, qui a été diffusé en première arabe lors de la 42ᵉ édition du CIFF, où il remportera le Prix du meilleur film arabe et une mention spéciale du jury de la compétition internationale.

Elle évoque de la même manière sa collaboration avec Ramy Youssef qu’elle ne connaissait pas lorsqu’il lui propose de tourner un pilote. Il n’avait pas de budget. Elle accepte pourtant, parce qu’elle aime le projet, parce qu’elle sent qu’il porte quelque chose. Et elle sait, dès ce moment-là, qu’elle continuera avec lui.

Plus tard, en conclusion de la session, elle résume cette attitude en une idée simple : si elle aide les jeunes comédiens et cinéastes, c’est parce qu’elle considère que cette génération doit aller de l’avant et retenir en mémoire que tout le monde, un jour, a été aidé afin que le rêve du cinéma devienne possible.

CIFF 2025
Hiam Abbass

Avant et après le 7 octobre : rester palestinienne, quoi qu’il en coûte

« En tant qu’actrice palestinienne qui travaille à Hollywood, quelle est la différence entre l’avant et l’après 7 octobre ? »

Hiam Abbass remonte la question : « La question est : comment eux se comportent avec moi ? Je n’ai jamais caché d’où je viens, ce que je pense et les rôles que je joue. »

Elle affirme que le 7 octobre n’a rien changé, en apparence, dans sa vie quotidienne d’actrice : « C’est comme 1948, avec un génocide en plus. Ils essayent de détruire notre identité. » Elle rappelle qu’elle est arrivée comme actrice palestinienne et que cela ne plaît pas à tout le monde. Il est évident, dit-elle, que certains refusent de travailler avec elle pour cette raison. Sa conclusion est nette : « En tant que Palestinienne, tant pis pour eux. »

Ce refus de se renier, cette fidélité à son identité, traverse l’ensemble de son parcours, des premiers pas sur les planches de Jérusalem jusqu’aux séries américaines, en passant par les films arabes et les œuvres sur la Palestine.

Face au racisme : le rire comme arme et comme protection

On lui demande enfin : « Comment faites-vous avec les gens qui ont des préjugés racistes ? »

Sa réponse surprend par sa simplicité : « C’est très simple, je le prends avec le rire. Je montre que je ne suis pas touchée par les remarques racistes. Je suis plus forte. »

Elle décrit ensuite ce qui se passe en face : soit la personne persiste dans son racisme, et dans ce cas elle l’ignore, elle passe son chemin, elle ne donne ni temps ni énergie à cette violence. Soit la personne commence à réfléchir, à se remettre en question. Alors, dit-elle, il devient possible de parler, d’échanger, de « avancer ensemble ».

Là encore, on retrouve sa manière de faire : ne pas nier les blessures, mais refuser de se laisser définir par elles, et déplacer la conversation vers un endroit où l’on peut questionner, discuter, partager.

Une figure palestinienne majeure du cinéma, entre force et sensibilité

Dans la lumière de cette journée au Caire, Hiam Abbass ne se présentait pas comme une légende célébrée, mais comme une femme debout. Ce qui frappe chez elle, au-delà du talent et de la longévité, c’est la force tranquille avec laquelle elle tient le cap de sa vie et de ses convictions. Elle parle avec la même fermeté que douceur, avec une lucidité qui ne connaît ni peur ni calcul.

Sa présence impose le respect non par l’autorité, mais par la droiture. Elle n’a jamais cédé à la facilité : ni dans ses rôles, ni dans ses choix, ni dans sa manière d’assumer son identité. Hiam Abbass n’a pas seulement construit une carrière, elle a construit une cohérence : celle d’une femme qui agit avec cœur, avec principes, et qui continue, film après film, à interroger ce que signifie être libre, être juste, être soi.

Car au fond, c’est cela qui la distingue : cette alliance rare entre la rigueur et la tendresse, entre la pudeur et la parole franche. Dans chaque rôle qu’elle incarne, comme dans chaque réponse qu’elle donne, on perçoit une fidélité à elle-même, à ses racines, à une idée de dignité qui ne transige pas.

Hiam Abbass n’est pas seulement une actrice palestinienne qui a conquis le monde : elle est une conscience, une voix, une présence qui rappelle que la liberté n’a de sens que lorsqu’elle s’accompagne de vérité.

Neïla Driss

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Tunisie : Trabelsi justifie ses choix avant la Coupe arabe

L’entraîneur de la sélection tunisienne de football, Sami Trabelsi, a affirmé que le staff technique est le plus à même d’évaluer la disponibilité des joueurs et leur capacité à apporter une plus-value à l’équipe.

Trabelsi a estimé, dans une interview accordée mardi à l’agence TAP, avoir convoqué les meilleurs éléments à chaque poste “malgré l’émergence d’autres noms lors de la dernière journée du championnat, et à l’exception du jeune joueur Fadi Tayashi, qui a brillé lors du dernier Mondial U17, mais dont la blessure a empêché la convocation avec la sélection A.”

Le coach national a expliqué que “la concurrence est très forte entre de nombreux joueurs pour intégrer la sélection. Au poste de gardien de but, nous avons convoqué Aymen Dahmen, Béchir Ben Saïd et Noureddine Farhati. Et malgré les excellentes performances de Sabri Ben Hassan avec l’Étoile du Sahel, qui avait déjà été appelé auparavant, il n’est pas logique d’écarter le trio convoqué, puisqu’il s’agit de gardiens de très haut niveau, et il est impossible d’inscrire plus de trois gardiens sur la liste.”

Concernant l’absence de Seifeddine Jaziri, buteur du Zamalek égyptien, Trabelsi a souligné que” Jaziri a souvent apporté un plus chaque fois qu’il a été convoqué, mais en ce moment, Hazem Mastouri et Firas Chawat affichent une grande forme, et il est impossible de se passer de l’un d’eux ou de convoquer trois joueurs pour le même poste”.

S’agissant de la gestion des engagements de certains joueurs avec leurs clubs et de leur arrivée tardive en sélection au Qatar, il a précisé que le Onze national disputera un tournoi sous forme de championnat et non un match unique. “C’est pourquoi nous avons choisi les éléments les plus capables de s’illustrer durant toute la Coupe arabe. Les joueurs de l’Espérance Sportive de Tunis, tout comme Oussama Haddadi et Mohamed Ali Ben Romdhane, rejoindront progressivement la sélection. De même, Mohamed Haj Mahmoud avait exprimé un vif désir de rejoindre l’équipe dès le premier match, mais son club a insisté pour ne le libérer qu’après la rencontre inaugurale.”

À propos de l’attaquant du Paris Saint-Germain Khalil Ayari, le sélectionneur national a indiqué qu’il a été convenu de le laisser avec son club, cette période étant déterminante pour son avenir, entre rester au PSG ou être prêté à une autre équipe. “Il a été jugé préférable, dans l’intérêt du joueur, de ne pas le convoquer pour le moment”, a-t-il plaidé.

La Tunisie participera à la Coupe arabe au Qatar (1er-18 décembre 2025) au sein du groupe A, composé du Qatar, du vainqueur du match Libye–Palestine, ainsi que du vainqueur de Syrie–Soudan du Sud.

En Coupe d’Afrique des Nations, qui aura lieu au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, la Tunisie évoluera dans le groupe C aux côtés du Nigéria, de la Tanzanie et de l’Ouganda.

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Tunisie 2025 : Trabelsi conditionne son maintien jusqu’au Mondial 2026

Le sélectionneur national Sami Trabelsi a affirmé que son maintien à la tête des “Aigles de Carthage” lors de la Coupe du monde 2026 reste conditionnée par la réalisation des objectifs contractuels conclus avec la Fédération Tunisienne de Football (FTF) en Coupe arabe, prévue au Qatar du 1er au 18 décembre 2025, et en Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se tiendra au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.

« Prendre les rênes de la Sélection tunisienne n’était pas ma propre initiative. La proposition est venue des responsables de la Fédération, et j’ai accepté la responsabilité sans aucune condition”, a déclaré Trabelsi dans une interview accordée mardi à l’agence TAP.

Et le coach national d’ajouter: ” Rester à la tête de la sélection dépendra du travail, de l’effort et des résultats obtenus, ainsi que du progrès important enregistré par la majorité des joueurs par rapport aux années précédentes. Environ 90 % des joueurs phares de la sélection ne sont pas titulaires dans leurs clubs, à l’exception d’Ali Abdi et Yann Valery. Les autres, comme Hannibal Mejbri, Elias Saad ou Ismaël Gharbi, ne jouent pas régulièrement avec leurs équipes. Malgré cela, nous avons constaté une nette amélioration de leur niveau en sélection par rapport à ce qu’il était il y a un an et demi.”

Trabelsi a, par ailleurs, affirmé qu’il accueille la critique favorablement et y réagit positivement, considérant qu’elle “fait partie des règles du jeu”. Il a cependant souligné que “les attaques contre l’intégrité ou l’atteinte à la vie privée restent totalement inacceptables, sur la forme comme sur le fond.”

Il a, en outre, expliqué que “Tout joueur rêve de disputer le maximum de matches en Coupe du monde. Une fois devenu entraîneur, il aspire à vivre la même expérience depuis le banc. C’est ce pour quoi je travaille, et j’espère réussir, comme l’ont fait plusieurs stars du football mondial qui ont participé au Mondial en tant que joueurs avant d’y revenir comme entraîneurs.”

La Tunisie participera à la Coupe arabe dans le groupe A, aux côtés du Qatar, du vainqueur du match Libye–Palestine, ainsi que du vainqueur de Syrie–Soudan du Sud.

En Coupe d’Afrique des Nations, la sélection évoluera dans le groupe C avec le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda.

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La Banque de Tunisie célèbre au palais de Ksar Saïd le Prix littéraire Abou El Kacem Chebbi

Prix littéraireLa Banque de Tunisie a dévoilé, samedi 22 novembre 2025, les lauréats du Prix Abou El Kacem Chebbi lors d’une cérémonie organisée au palais de Ksar Saïd. L’événement a réuni un public nombreux et varié, composé d’écrivains, de chercheurs et de professionnels du secteur culturel. L’édition 2025 a enregistré une participation élevée, avec des auteurs venus de plusieurs pays arabes.

Les distinctions attribuées

Le prix d’excellence, doté de 25 000 dinars, a été attribué à la romancière égyptienne Kamilia Abdelfattah. Le jury a salué la qualité de son roman Qu’il te balance. Le prix d’honneur, d’un montant de 10 000 dinars, est revenu au sociologue tunisien Tahar Labib, qui a annoncé son intention d’en partager symboliquement la valeur avec des enfants de Gaza.

Un cadre patrimonial et un jury expérimenté

La cérémonie s’est tenue dans le palais de Ksar Saïd, lieu associé au patrimoine tunisien. Elle a réuni universitaires et acteurs culturels, avec la présence de l’intellectuel qatari Khaled Al-Jabeur en tant qu’invité d’honneur. Moncef Louhaibi a présidé un jury chargé de superviser un processus de sélection rigoureux.

Une sélection large et un choix final resserré

L’édition 2025 a recensé 43 romans provenant de Tunisie, d’Égypte, d’Algérie, d’Irak, d’Oman, de Palestine, de Syrie et d’autres pays. Après une première liste élargie, quatre titres ont été retenus en shortlist : La Névrose de Staline d’Abdelouahab Aïssaoui, Qu’il te balance de Kamilia Abdelfattah, La Trace de l’ours de Honar Karim et Invisible de Shereen Fathy.

Culture, héritage et responsabilité institutionnelle

Dans son discours, Hichem Rebai, directeur général de la Banque de Tunisie, a rappelé l’histoire de l’institution et l’ancienneté du prix créé en 1984. Il a mis en avant son rôle pionnier, premier prix littéraire attribué par une institution financière dans le monde arabe. Il a souligné l’importance du soutien à la culture « dans une époque dominée par la performance chiffrée », et évoqué la vision universaliste d’Abou El Kacem Chebbi. Il a insisté sur le rôle du patrimoine littéraire dans la préservation de la mémoire, de l’identité et de la créativité à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle.

BT Prix d'Abou Elkacem Chebbi 2025Le roman primé

Qu’il te balance s’est imposé par une structure narrative maîtrisée et une analyse fine des émotions humaines. Le jury a relevé la profondeur psychologique du personnage principal, Leïla, prise entre deux parents en conflit. Le texte mêle sensorialité, poésie, fragments réflexifs et scènes du quotidien. L’image du petit lapin sculpté, symbole de l’amour manquant, a retenu l’attention.

Un prix d’honneur pour une carrière structurante

Le prix décerné à Tahar Labib distingue l’ensemble de son œuvre en sociologie. Ses travaux, dont Sociologie de la poésie arabe, ont influencé les sciences humaines dans la région. Son action dans plusieurs institutions culturelles et scientifiques a également pesé dans la décision.

Un rendez-vous qui confirme le rôle de la Tunisie

L’édition 2025 renforce la place de la Tunisie dans le paysage littéraire arabe. La diversité des œuvres en compétition et la portée du prix confortent la Banque de Tunisie dans son rôle de mécène culturel.

Nous y reviendrons…

EN BREF

  • Le Prix Abou El Kacem Chebbi 2025 a été remis au palais de Ksar Saïd.
  • Kamilia Abdelfattah remporte le prix d’excellence pour Qu’il te balance.
  • Tahar Labib reçoit le prix d’honneur et partage symboliquement son montant avec des enfants de Gaza.
  • L’édition 2025 compte 43 romans issus de plusieurs pays arabes.
  • La Banque de Tunisie souligne son rôle historique et culturel.
  • Le jury retient quatre œuvres finalistes après une sélection élargie.

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Tunisie – Coupe arabe FIFA 2025 : La liste des joueurs retenus par Sami Trabelsi

Le sélectionneur national Sami Trabelsi a dévoilé, ce vendredi, la liste des joueurs appelés à disputer la Coupe arabe FIFA Qatar-2025, programmée du 1ᵉʳ au 18 décembre. Les Aigles de Carthage évolueront dans le groupe A aux côtés du pays hôte, le Qatar, tandis que deux autres adversaires seront connus après les barrages du 25 novembre. La Tunisie vise un parcours fort après avoir perdu la finale de 2021 face à l’Algérie.

Groupe A : un tirage encore partiel pour les Aigles

La Tunisie connaît déjà l’un de ses adversaires : le Qatar, organisateur du tournoi. Les deux derniers pensionnaires du groupe seront déterminés après les barrages Syrie–Soudan du Sud et Palestine–Libye.

Pour rappel, seize équipes réparties en quatre groupes participent à la 11ᵉ Coupe arabe des nations, la deuxième sous l’égide de la FIFA.

La liste officielle des convoqués

  • Gardiens de but
  • Aymen Dahmen (CS Sfaxien)
  • Béchir Ben Saïd (Espérance ST)
  • Noureddine Farhati (Stade Tunisien)
  • Défenseurs
  • Moataz Naffati (IFK Norrköping, Suède)
  • Mohamed Ben Ali (Espérance ST)
  • Ali Maaloul (CS Sfaxien)
  • Mohamed Amine Ben Hamida (Espérance ST)
  • Yassine Meriah (Espérance ST)
  • Hamza Jelassi (Espérance ST)
  • Marouane Sahraoui (Stade Tunisien)
  • Oussama Haddadi (RS Berkane, Maroc)
  • Milieux de terrain
  • Ferjani Sassi (Al-Gharafa, Qatar)
  • Houceme Tka (Espérance ST)
  • Ismael Gharbi (FC Augsbourg, Allemagne)
  • Mohamed Haj Mahmoud (FC Lugano, Suisse)
  • Chihab Jebali (Espérance ST)
  • Mohamed Ali Ben Romdhane (Al-Ahly, Égypte)
  • Attaquants
  • Amor Layouni (BK Häcken, Suède)
  • Naïm Sliti (Al-Shamal, Qatar)
  • Nacim Dendani (AS Monaco, France)
  • Rayan Anane (Étoile du Sahel)
  • Hazem Mastouri (Dinamo Makhatchkala, Russie)
  • Firas Chaouat (Club Africain)

Programme

Vainqueurs de la première édition en 1963 au Liban, les Aigles de Carthage restent marqués par la finale perdue en 2021 au Qatar face à l’Algérie (0-2 après prolongations). Cette nouvelle édition représente l’occasion de renouer avec les sommets.

La Tunisie débutera sa campagne le 1er décembre :

  • 1er décembre 2025 à 14h00: Tunisie – Vainqueur Syrie – Soudan du sud
  • 4 décembre 2025 à 15h30: Tunisie – Vainqueur Palestine – Libye
  • 7 décembre 2025 à 18h00: Tunisie – Qatar

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Tunisie : la liste des 23 joueurs retenus pour la Coupe arabe FIFA 2025

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Voici la liste des joueurs convoqués par le sélectionneur national Sami Trabelsi pour disputer la Coupe arabe FIFA qui aura lieu du 1er au 18 décembre prochain au Qatar. Le Onze national évoluera dans le groupe A avec le Qatar, pays hôte, et sera fixé sur ses deux autres adversaires après les barrages prévus le […]

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26ᵉ Journées Théâtrales de Carthage : programme et compétitions 2025

Les 26èmes Journées théâtrales de Carthage (JTC) placées sous le slogan « Le théâtre, une conscience et un changement, le théâtre, le cœur battant de la rue» démarrent samedi, et se poursuivront jusqu’au 29 novembre 2025, avec au programme des productions tunisiennes et internationales, des manifestations culturelles et professionnelles ainsi que des hommages et consécrations aux grandes figures du 4ème Art.

Le festival démarre par un spectacle d’ouverture mis en scène par Houssem Sahli avec la participation d’acteurs tunisiens, qui sera présenté au public au Théâtre de l’Opéra de la Cité de la Culture, suivi de la production égyptienne le « Roi Lear », avec le célèbre acteur Yehia El-Fakharani, mise en scène par Shady Sorour, une production du Théâtre national égyptien. Cette adaptation de l’œuvre shakespearienne marque le grand retour aux planches du grand acteur égyptien.

La seconde production théâtrale à l’affiche de cette soirée est l’avant-première de la nouvelle pièce « Rêve (s)…Comédie Noire » signée de la grande figure du théâtre tunisien et arabe Fadhel Jaïbi qui sera présentée à l’Espace Le Rio à Tunis, simultanément avec celle du Roi Lear.

Douze créations théâtrales arabes et africaines sont en lice pour la compétition officielle visant à récompenser les créations théâtrales arabes et africaines les plus marquantes

Les pièces en compétition officielle dont deux tunisiennes sont :

Jacaranda (Tunisie) Mise en scène: Nizar Saaidi, Production: Le théâtre National Tunisien,

Les fugueuses (Tunisie) Mise en scène: Wafa Taboubi, Production: Fabula Production,

La toge des insensés (Côte d’Ivoire) Mise en scène: Vagba Obou Desales, Production: Étoile de Kama,

Back (Sénégal) Mise en scène: Berengere Brooks, Production: BRRR RODUCTION,

Le mur (Irak) Mise en scène: Sinan Mohsen Aazaoui, Production: Troupe Nationale de théâtre,

Paradisco (Liban), Mise en scène: Samer Hanna, Lynn Bawab, Production: Jukebox Productions,

Hom (eux) (Maroc) Mise en scène: Asmaa Houri, Production: Cie Théâtre Anfass,

Carnaval romain (Algérie) Mise en scène: Mouni Bouallam, Production: Théâtre régional Mohamed Tahar el Fergani,

Feathers (Plumes) (Palestine), Mise en scène: Shaden Abu El-Assal, Production: La troupe Shaden de danse contemporaine,

The Shelter (l’abri) (Jordanie), Mise en scène: Sawssan Drouza, Production: Ma3mal 612 Think Factory,

Chute libre (Egypte) Mise en scène: Mohamed Faraj Khachab, Production: Le Syndicat des professions artistiques et théâtrales d’Égypte,

Conduis ton chariot sur les ossements des morts (Emirats Arabes Unis) Mise en scène: Mohannad Karim, Production: Association de Dibba Al-Hisn pour la culture, le patrimoine et le théâtre

Le jury international de cette édition, présidé par Lassaad ben Abdallah (Tunisie), est composé de Saade Aldaass (Koweït), Malek Laakoun (Algérie), Abdon Fortunée (Congo), Thameur Arbid (Syrie) et Imed El May (Tunisie).

Il attribuera les Prix aux meilleures œuvres couronnées par le Tanit D’or, le Tanit D’argent, le Tanit de bronze, le Meilleur texte, la Meilleure scénographie, la Meilleur interprétation féminine et la Meilleure interprétation masculine.

Le Prix parallèle Néjiba Hamrouni pour la liberté d’expression sera décerné par le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) à la meilleure des 16 œuvres théâtrales tunisiennes, qui seront présentées hors compétition officielle, composées de productions classiques et contemporaines voulant refléter le paysage théâtral tunisien et ses aspirations artistiques et sociales.

Dans la Section arabe et africaine, les JTC prévoient de présenter au public 6 pièces de théâtre d’Irak, de Jordanie, d’Arabie Saoudite, du Sénégal, du Burkina Faso et de Libye.

La Section Théâtre du monde, loin de toute compétition, permettra de découvrir 15 œuvres théâtrales d’Arménie, Pologne, Italie, Russie, Belgique, Iran, Espagne, France Mexique et de Colombie ainsi que deux coproductions de France-Tunisie et de France-Sénégal-Mali-Islande.

Pour la Section Théâtre de la liberté, les organisateurs accueillent des productions théâtrales réalisées au sein des établissements pénitentiaires et des centres de rééducation, en collaboration avec la Direction Générale des Prisons et de la Rééducation pour donner aux détenus et l’opportunité de présenter leurs créations théâtrales devant le public des JTC, leur offrant ainsi un espace pour exprimer leur identité et leurs compétences artistiques, tout en renforçant leur parcours vers l’intégration sociale. Ces 16 représentations théâtrales seront présentées au Complexe culturel et sportif d’El Menzah VI, sachant que trois des seize pièces ont été réalisées par des unités pénitentiaires de femmes et deux par des centres de détention pour mineurs.

Un forum théâtral international sur “l’artiste de théâtre, son temps et son œuvre” aura lieu du 22 au 29 novembre 2025 avec pour thème “l’artiste de théâtre, son temps et son œuvre”, sous la coordination de Basma Ferchichi. Ce rendez-vous réunit des artistes dramaturges, auteurs dramatiques, metteurs en scène et universitaires en sciences humaines et sociales de Tunisie et du reste du monde pour stimuler une rencontre interactive où se croisent les regards de l’artiste de théâtre, du philosophe et du sociologue.

Les JTC offrent aux également étudiants et aux professionnels du théâtre la possibilité de bénéficier de nombreux ateliers et master classes sur « La mise en scène » avec Fadhel Jaïbi, « La critique théâtrale » avec Mohamed Moumen, « Les bases de l’improvisation » avec Jamel Yakout (Egypte), « L’Action comme essence du théâtre à la lumière des trois canaux de mouvement : physique, psychique et verbal » avec Igor yatsco (Russie), « L’acteur et le pouvoir du masque avec Evdokimos Tsolakidi (Grèce), « L’écriture théâtrale » avec Ali Abd Nabi Zidi (Irak) « De Stanislavski à Strasberg… à vous » avec Mihaela M. Mihut (Roumanie). Les deux Master classes prévus portent sur « L’Action comme essence du théâtre à la lumière des trois canaux de mouvement : physique, psychique et verbal » avec Igor Yatsco (Russie) et « Comment participer au festival off Avignon ? » avec Harold David (France).

Cette édition des JCC a également prévu une rencontre avec Patrice Pavis qui est l’un des plus grands théoriciens du théâtre contemporain au monde, et un critique français éminent dans le domaine des études théâtrales et de la performance.

Les JTC également vont rendre hommage à Latefa Ahrrare (Maroc), à Imad Mohson et Ali Chanfari (Sultanat d’Oman), à Abdramane kamaté (Côte d’Ivoire) et aux Tunisiens Leila Rezgui, Fethi Akkari, Ali Khemiri, Lazheri Sebii, Slim Sanhaji et Hedi Boumiiza, pour leur parcours et leur contribution au développement de l’art du théâtre.

Les Consécrations de cette édition couronnent les carrières jalonnées de réalisations marquantes et une vision artistique qui a inspiré des générations de comédiens et de spectateurs seront dédiées à Yehia El-Fakharani (Egypte), à Aziza Boulabiar, Leila Toubel, Mohamed Massoud Driss et Abdelhamid Ben Gayess de Tunisie et à Sylvie dyclo-pomos (Congo).

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CIFF 2025 – « Contenus arabes : traverser les frontières, partager nos récits »


Dans le cadre de la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire (CIFF), qui se tient du 12 au 21 novembre 2025, un panel intitulé Arab-Led Content: Crossing Borders, Sharing Stories — « Contenus arabes : traverser les frontières, partager nos récits » — a réuni quatre personnalités dont les parcours, très différents mais profondément complémentaires, ont permis d’ouvrir une réflexion précise : comment les récits arabes peuvent-ils franchir les frontières, circuler au-delà de leur région d’origine et trouver leur place dans le paysage mondial ?

La discussion a réuni Mohamed Hefzy, scénariste avec plus de quarante scénarios à son actif, mais aussi producteur incontournable du cinéma arabe contemporain. Son regard croise l’écriture, la production, l’analyse de l’industrie et une connaissance intime des réseaux internationaux, renforcée par ses quatre années de présidence du CIFF, qui lui ont donné une vision unique de la circulation des œuvres arabes et du rôle des festivals dans leur visibilité.

À ses côtés se trouvait Shahinaz El Akkad, fondatrice de Lagoonie Film Production en Égypte, société devenue en quelques années un acteur central de la production arabe. Elle a accompagné de nombreux films — indépendants, commerciaux ou d’auteur — et se distingue par un engagement constant en faveur d’un cinéma professionnel, structuré et solidement enraciné dans les réalités du pays.

Le panel accueillait également Ola Salama, figure essentielle du cinéma palestinien et directrice de Lab Palestine, un espace qui soutient les jeunes cinéastes palestiniens, encourage la création, accompagne les auteurs et tente d’offrir un minimum de structure à une production qui évolue dans des conditions extrêmement difficiles.

Enfin, Rasha Al Emam, productrice saoudienne forte de vingt années d’expérience, représentait une industrie en pleine transformation. L’Arabie saoudite, dont le premier film sélectionné à Cannes ne date que de 2024, connaît une croissance rapide soutenue par l’État. Elle incarne cette nouvelle génération de productrices qui structurent un secteur jeune, dynamique et ambitieux.

Modéré par Mohamed Nabil, ce panel a donné lieu à une conversation dense et vivante sur la manière dont les récits arabes peuvent franchir les frontières et rencontrer des publics étrangers.

CIFF 2025
Cinéma arabe

À partir de cette présentation, la discussion a rapidement pris de l’ampleur lorsque Mohamed Hefzy a été interrogé sur la relation entre les films arabes et les festivals internationaux, ainsi que sur l’importance réelle de ces derniers dans la vie d’un film.

Il a répondu que les cinéastes arabes aspirent bien sûr à voir leurs films voyager, mais que toute ambition internationale doit commencer par un ancrage local solide. Un film ne peut toucher le monde que s’il raconte sincèrement une histoire enracinée dans son pays, sa culture, son vécu. S’il cherche à plaire d’abord aux étrangers, s’il dénature son identité, il perd toute authenticité — et un film artificiel ne peut pas voyager.

Il insiste : les festivals jouent un rôle décisif, mais ils ne doivent jamais être le moteur d’un projet. Un film indépendant — dans le sens le plus pur du terme, c’est-à-dire un film réalisé dans une liberté complète, tant sur le sujet que sur la manière de raconter — doit d’abord exister pour son public local, répondre aux conditions de distribution de son pays. Les festivals interviennent ensuite, comme une plateforme, non comme un objectif.

Cette position a été immédiatement confirmée par Shahinaz El Akkad. Elle partage la conviction profonde que les récits arabes ne peuvent toucher un public international que s’ils sont ancrés dans une histoire locale, dans une manière de vivre, dans une culture précisément décrite. Lorsque l’histoire est authentique, elle intéresse le monde entier.

Elle souligne par ailleurs que les films arabes ont déjà franchi les frontières : ils circulent, ils sont vus, ils sont reconnus. L’enjeu aujourd’hui n’est plus d’atteindre l’international, mais de renforcer cette dynamique.

C’est précisément cette idée d’authenticité que j’avais développée il y a quelques années dans un article publié ici même sur Webdo.tn, « Le cinéma arabe à la conquête du public européen ? ». J’y expliquais déjà que l’universalité ne naît jamais d’une volonté d’être “international”, mais d’un ancrage profond dans une réalité locale. Ce que dit un film du Caire, de Beyrouth, de Ramallah, de Tunis ou de Jeddah ne peut toucher un spectateur européen ou américain que s’il commence par toucher son propre public. Les propos de Mohamed Hefzy et de Shahinaz El Akkad s’inscrivent exactement dans cette perspective et confirment, par leur expérience, la pertinence de cette analyse.

La parole est ensuite revenue à Ola Salama, dont l’intervention a ouvert un regard essentiel sur la situation palestinienne. Elle a expliqué que le cinéma palestinien se bat contre des obstacles immenses : absence d’industrie, absence d’infrastructures, absence de financements, absence de stabilité. Et pourtant, malgré ces conditions extrêmes, de très nombreux jeunes auteurs tentent de faire des films. Ils ont des histoires, des idées, des scénarios, une énergie qui ne demande qu’à s’exprimer.

Lab Palestine essaye de les accompagner en offrant du matériel, des espaces de travail et un soutien à la production et à la postproduction. Mais très souvent, dès qu’un financement étranger intervient, les contraintes surgissent. Salama a donné un exemple direct : certains bailleurs exigent de supprimer le mot « martyre », pourtant central dans de nombreux récits palestiniens. Pour elle, cette imposition est inacceptable. Son rôle est de défendre la liberté des jeunes cinéastes, de leur permettre de raconter leurs histoires telles qu’elles sont, sans édulcorer, sans déformer.

Elle a ajouté un fait majeur : depuis le 7 octobre 2023, la demande mondiale pour les films palestiniens a littéralement explosé. Les spectateurs veulent voir le Palestinien, comprendre le Palestinien, entendre des récits palestiniens. Le public découvre la réalité de l’occupation, de la colonisation, du génocide et cherche à entendre une voix authentique, non filtrée.

Dans ce contexte, le festival Palestine Cinema Days, dont la 10ᵉ édition devait se tenir du 24 octobre au 1ᵉʳ novembre 2023, n’a pas pu avoir lieu. L’équipe du festival a alors fait un choix audacieux : transformer l’édition en un festival éclaté, organisé dans des dizaines de pays.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
– plus de cent projections en 2023 ;
– plus de quatre cents en 2024 ;
– plus de mille en 2025.

Le Japon, à lui seul, a demandé cent soixante projections. L’Allemagne, malgré une situation politique tendue, en a accueilli quarante et une. La circulation massive de ces films révèle un intérêt mondial sans précédent.

La parole est ensuite passée à Rasha Al Emam, qui a apporté la perspective d’un pays où l’industrie se structure à grande vitesse. Elle rappelle que l’Arabie saoudite, contrairement à la Palestine, ne manque pas de financements. L’État investit considérablement dans le cinéma, ce qui permet aux producteurs et aux réalisateurs de travailler dans des conditions matérielles favorables.

Mais cela ne signifie pas que les choses sont simples. L’industrie est jeune, encore en construction, et subit de nombreuses influences extérieures : celles des producteurs, des attentes commerciales, des sensibilités sociales. Ces influences peuvent générer des pressions ou des compromis. Pour elle, pourtant, l’essentiel rejoint ce qu’ont dit Hefzy et Akkad : un film ne peut réussir que s’il repose sur une identité claire et une sincérité absolue. Chercher à plaire à l’étranger revient à trahir l’œuvre.

Après ces interventions, le panel a pris une dimension plus analytique lorsque Mohamed Hefzy est revenu sur la distribution internationale.

Selon lui, il s’agit aujourd’hui de l’un des plus grands obstacles à la circulation des films arabes.

Les distributeurs internationaux prennent rarement des risques, sauf lorsqu’un film arabe a déjà remporté un grand succès en festival. Cette année pourtant, une dynamique nouvelle apparaît : trois films consacrés à la cause palestinienne, réalisés par trois femmes — La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania, Palestine 36 d’Annemarie Jacir et Ce qu’il reste de nous de Cherien Dabis — ont été sélectionnés dans de grands festivals internationaux. Pour Hefzy, cette visibilité n’est pas symbolique : elle montre qu’un espace s’ouvre lorsque des films sincères, enracinés, traitent de sujets universels.

Par ailleurs, il n’est pas non plus aisé d’attirer les professionnels étrangers dans nos festivals arabes. Mohamed Hefzy raconte que lors de sa première année en tant que président du CIFF, lorsqu’il avait contacté Variety ou The Hollywood Reporter pour qu’ils couvrent le festival, leur première question fut : « Avez-vous des premières mondiales ? » Cette obsession de l’exclusivité dit beaucoup du fonctionnement des festivals internationaux : ce qui attire la presse n’est pas seulement la qualité d’un film, mais sa nouveauté.

Le public a ensuite été invité à intervenir, et un sujet crucial a émergé : la langue, les sous-titres et l’accessibilité.

Pour qu’un film puisse toucher un public étranger, il faut qu’il soit compréhensible. Les plateformes donnent l’illusion d’un accès mondial, mais dans les faits, très peu de films arabes sont correctement sous-titrés. La plupart des plateformes arabes proposent des sous-titres en arabe ou en anglais pour des œuvres étrangères, mais oublient souvent de sous-titrer en plusieurs langues leurs propres films et séries.

C’est un paradoxe qui empêche les œuvres arabes de voyager. À l’heure où les plateformes façonnent le rapport au cinéma, un film non sous-titré ou mal sous-titré n’existe tout simplement pas pour les spectateurs étrangers.

La discussion s’est ensuite tournée vers un exemple emblématique de cette difficulté : l’absence quasi totale des films arabes aux Oscars.

Mohamed Hefzy a expliqué que pour espérer une nomination, un film arabe doit remplir trois conditions presque impossibles :
– trouver un distributeur américain ;
– financer une campagne de promotion massive, pouvant atteindre des dizaines de millions de dollars ;
– avoir une première mondiale dans un très grand festival.

Chaque année, plus de quatre-vingt-dix films sont soumis rien que dans la catégorie du Meilleur Film International. Les votants ne peuvent pas tous les visionner. Ils regardent les films dont on parle, ceux qui sont promus — donc presque jamais les films arabes.

C’est injuste, dit-il, mais c’est la réalité.

Les coproductions deviennent alors un outil essentiel : elles apportent du financement, mais aussi un accès à des réseaux internationaux. Elles permettent aux films arabes de devenir visibles.

Puis le débat a abordé un sujet délicat : les contraintes imposées par certains partenaires étrangers et l’autocensure.

Pour certains films, des partenaires demandent des modifications — sur le fond ou sur la forme. Parfois aucune contrainte n’est imposée. Certains réalisateurs acceptent, d’autres refusent. Hefzy précise n’avoir jamais subi de pression directe. Mais il reconnaît que l’autocensure existe : par prudence, par stratégie, par anticipation commerciale, certains cinéastes adaptent eux-mêmes leur récit. Cette autocensure est parfois plus forte que les pressions extérieures.

Interrogée sur son rapport aux films consacrés aux femmes, Shahinaz El Akkad a rectifié immédiatement : elle ne choisit pas un film pour son sujet, mais pour ce qu’il lui plaît, pour ce qui la touche. Elle rappelle que les films qui remportent des prix sont ceux qui reposent sur une sincérité profonde, une authenticité totale.

Elle distingue également de manière très nette cinéma commercial et cinéma indépendant. Dans un film commercial, de nombreux avis interviennent : producteurs, distributeurs, acteurs, équipes marketing. Dans un film indépendant, au contraire, la décision repose sur le désir intime de l’auteur et du producteur. Elle insiste : dans son propre travail, elle choisit uniquement ce qui l’émeut.

Au terme de cette rencontre, une idée semble avoir traversé toutes les interventions, sans jamais être formulée comme un slogan : si les films arabes veulent franchir les frontières, ils doivent continuer à raconter ce qu’ils sont, d’où ils viennent et ce qui les habite. Rien ne voyage mieux qu’un récit sincère. Rien n’est plus universel qu’un ancrage assumé.

Mais cette conclusion, si elle paraît simple, ouvre en réalité un champ de questions beaucoup plus vaste. Car si les cinémas arabes doivent rester fidèles à eux-mêmes pour toucher le monde, comment s’adapteront-ils à un paysage où les plateformes redéfinissent la notion même de territoire ? Comment préserver cette authenticité dans un contexte où la circulation des œuvres dépend encore de financements extérieurs, de stratégies de distribution, de sous-titrages parfois insuffisants ? Et comment faire en sorte que cette demande internationale — notamment pour le cinéma palestinien — ne devienne pas une attente normative, une injonction à raconter certaines histoires au détriment d’autres ?

L’enjeu, désormais, n’est peut-être plus seulement de « traverser les frontières », mais de redessiner la manière dont ces frontières existent dans l’imaginaire mondial. Les films arabes peuvent raconter la complexité, la douceur, la violence, la mémoire, la joie, l’humour, la colère, tout ce qui tisse leurs sociétés de l’intérieur. Ils peuvent ouvrir des portes vers des mondes rarement vus, mais ils peuvent aussi se permettre de sortir des schémas attendus, de surprendre, d’explorer, de décaler le regard.

Peut-être est-ce là la prochaine étape : non plus seulement prouver que le cinéma arabe peut voyager, mais montrer qu’il peut le faire dans toute sa diversité, sans se conformer, sans s’auto-censurer, sans se limiter à ce que les programmateurs étrangers attendent de lui. Une question se pose alors : quelles histoires arabes n’avons-nous pas encore racontées, justement parce que nous pensions qu’elles n’intéresseraient personne hors de nos frontières ?

C’est peut-être à cet endroit — entre fidélité à soi-même et conquête de nouveaux espaces — que se joue aujourd’hui l’avenir des cinémas arabes.

Neïla Driss

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Colloque à Carthage sur les échanges arabo-hispaniques

L’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beït Al-Hikma) organise, les jeudi 20 et vendredi 21 novembre 2025, à son siège à Carthage-Hannibal, un colloque international qui portera sur les «Recherches, débats et réflexions sur les échanges arabo-hispaniques». (Photo : Andalousie, six siècles de présence arabe en Espagne).

Cette rencontre scientifique, organisée en partenariat avec l’ambassade du Royaume d’Espagne et de l’Institut Cervantes à Tunis, réunira des chercheurs et universitaires venus, entre autres pays, de Tunisie, d’Algérie, d’Espagne, de France, qui débattront d’un thème historique majeur du pourtour méditerranéen : les interactions culturelles, intellectuelles et artistiques entre le monde arabe et l’Espagne, du Moyen-Âge à l’époque moderne.

Le programme comporte cinq sessions couvrant un large éventail de sujets tels que les échanges en Méditerranée à travers des figures historiques et religieuses, la richesse de la civilisation andalouse et ses apports au dialogue interculturel, les transferts de savoirs scientifiques et techniques entre le Maghreb et la péninsule ibérique, ainsi que l’influence durable de la pensée et de la culture andalouses sur la littérature et la musique arabes contemporaines.

Ce colloque offrira un espace de réflexion et de discussion pluridisciplinaires, associant spécialistes de littérature, d’histoire, de philosophie, de sciences religieuses et d’arts. Le but étant de raviver la mémoire commune arabo-hispanique et à approfondir la recherche sur les passerelles culturelles qui ont façonné la Méditerranée à travers les siècles.

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Ces films sur la Palestine que les distributeurs américains refusent de voir

Le silence après l’ovation

Il y a parfois des silences qui en disent long. Cet automne, à la Mostra de Venise, La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania a bouleversé le public, recevant une ovation de près de vingt-quatre minutes, un record pour ce festival. Le film retrace l’histoire d’Hind, une fillette palestinienne tuée à Gaza en 2024, après avoir supplié en vain les secours de venir la sauver alors qu’elle était piégée dans une voiture sous les tirs israéliens. Mais à peine les applaudissements retombés, le silence d’Hollywood s’est imposé. Aucun grand distributeur américain n’a voulu acquérir le film, pourtant ayant comme producteurs exécutifs Brad Pitt, Joaquin Phoenix et Rooney Mara, et choisi par la Tunisie pour représenter le pays aux Oscars.

« Personne ne dit qu’il a peur », confie la réalisatrice. « Mais on sent la gêne. C’est comme si parler d’un enfant palestinien tué était devenu un sujet qu’il faut contourner. »

Des films sur la Palestine célébrés, mais sans marché

Son constat illustre une réalité plus large. Quatre films qui racontent la Palestine de 1936 à 2024 — All That’s Left of You de Cherien Dabis, Palestine 36 d’Annemarie Jacir, The Sea de Shai Carmeli-Pollak et La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania — cherchent aujourd’hui à percer dans la course aux Oscars. Tous ont été acclamés dans les festivals internationaux, tous ont ému les spectateurs, tous ont récolté des prix, et aucun n’a réussi à franchir la barrière du marché américain.

Les distributeurs américains, interrogés anonymement, avancent des arguments de façade : plannings surchargés, budgets marketing insuffisants, ou craintes d’un public peu réceptif. Mais ces raisons ne tiennent pas face à l’évidence. Ce qui freine, ce n’est ni la langue ni la qualité des films : c’est leur sujet. Dans un Hollywood fragmenté, où chaque mot sur le Moyen-Orient devient explosif, la peur de se positionner a remplacé le courage artistique.

Des jurys courageux face à l’autocensure des distributeurs

Pourtant, sur la scène internationale, les jurys des grands festivals ont, eux, tranché selon le seul critère du cinéma. La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania a remporté neuf prix à Venise, dont le Lion d’Argent, ainsi que d’autres distinctions à San Sebastian, Chicago, Gand et Hamptons. All That’s Left of You de Cherien Dabis a été récompensé à San Francisco, Shanghai, Sydney et Hamptons, tandis que The Sea de Shai Carmeli-Pollak a reçu deux prix au festival de Jérusalem. Ces films, célébrés partout où ils ont été projetés, rappellent que la reconnaissance critique et artistique n’est pas en cause : ce qui coince, c’est l’accès au marché américain.

Les ovations et récompenses obtenues témoignent que, là où le courage artistique persiste, le public et les jurys savent reconnaître et récompenser le talent.

La question se pose désormais : que feront les électeurs des grandes compétitions comme les Golden Globes ou les Oscars ? Voteront-ils pour ces films et leur décerneront-ils, eux aussi, les prix qu’ils méritent ? Ou céderont-ils, à leur tour, à la frilosité ambiante qui réduit la Palestine au silence ?

Le climat de peur à Hollywood

Depuis deux ans, le conflit à Gaza a provoqué une fissure profonde dans l’industrie. D’un côté, plus de 5 000 professionnels ont signé un appel au boycott des institutions israéliennes ; de l’autre, les grands studios — Paramount, Warner Bros. — ont publiquement condamné cette initiative, préférant afficher leur neutralité. Entre les deux, une majorité silencieuse se tait, craignant de compromettre sa carrière ou son image. Javier Bardem, portant un keffieh aux Emmy Awards, a dénoncé la guerre, pendant qu’Amy Schumer, sur Instagram, plaidait pour les otages israéliens. Chaque geste devient un signal politique.

Dans ce climat hyperpolarisé, les distributeurs se trouvent en première ligne : acheter un film sur la Palestine, c’est risquer une campagne de dénigrement en ligne, voire des menaces de boycott. À Hollywood, tout est image — et tout se calcule. Les films deviennent des dossiers sensibles, des « projets à évaluer plus tard », comme si leur existence même posait problème.

Le public, lui, ne fuit pas

Et pourtant, le public, lui, ne fuit pas. L’an dernier, le documentaire No Other Land de Yuval Abraham, Basel Adra et Hamdan Ballal (Oscar 2025 du meilleur documentaire), qui racontait la vie d’une communauté palestinienne en Cisjordanie occupée, n’avait trouvé aucun distributeur. Ses producteurs ont décidé de le sortir eux-mêmes en salles américaines : il a rapporté 2,5 millions de dollars, devenant l’un des documentaires les plus vus de l’année. Mieux encore, les réalisateurs ont refusé une offre d’une grande plateforme, par souci d’éthique, refusant d’associer leur œuvre à des capitaux liés à l’industrie militaire israélienne.

Les initiatives indépendantes comme dernier refuge

Ces initiatives indépendantes sont devenues le dernier refuge d’un cinéma que les grands circuits jugent « trop risqué ». En 2024, les frères palestino-américains Hamza et Badi Ali ont fondé Watermelon Pictures, une société de distribution installée à Chicago, destinée à offrir une vitrine aux films arabes et palestiniens rejetés par les studios. Avec la mannequin Alana Hadid comme directrice artistique, ils ont déjà pris sous leur aile All That’s Left of You et Palestine 36. Les deux films ont reçu des ovations, des critiques élogieuses, et pourtant, aucune offre venue de Los Angeles.

« Dès qu’on parle de Palestine, la conversation se bloque », explique Hamza Ali. « On nous écoute poliment, puis on nous renvoie vers des supérieurs hiérarchiques. Rien n’avance. »

Le pouvoir du récit

Derrière cette frilosité se cache une vérité dérangeante : dans l’industrie du cinéma comme ailleurs, le pouvoir de raconter dépend de qui détient le micro. Aujourd’hui plus que jamais, le narratif est central. Contrôler le récit, c’est orienter l’empathie, fixer les symboles, dessiner la mémoire collective. Empêcher une histoire palestinienne de circuler, c’est aussi empêcher l’existence d’une perspective plurielle dans l’espace public.

Les cinéastes palestiniens et arabes ne demandent pas la complaisance ; ils réclament la possibilité d’être entendus. Chaque film est une voix, une mémoire, une humanité. Dans un monde saturé d’images, priver quelqu’un du droit de raconter sa propre histoire, c’est lui refuser une part d’existence. Le récit n’est pas un simple instrument politique : il est le moyen par lequel des vies rencontrent d’autres vies.

Quand d’autres voix se lèvent ailleurs

Si Hollywood, par peur du contrecoup, choisit le silence, d’autres acteurs — festivals, distributeurs indépendants, collectifs d’artistes — s’efforcent, ailleurs, de rouvrir les espaces que l’industrie verrouille. Face à la frilosité des studios américains, ces initiatives rappellent que le cinéma n’est pas seulement un produit à vendre, mais un langage universel, capable de traverser les frontières que d’autres voudraient dresser. Lors de la dernière Mostra de Venise, le collectif Venise4Palestine a fait entendre cette voix collective, refusant que la Palestine reste confinée aux marges du récit mondial. Rassemblant cinéastes, techniciens et artistes venus de tous horizons, il a investi l’espace public du festival — projections, marches, interventions symboliques — pour rappeler que le cinéma, avant d’être un marché, est un lieu de mémoire et de résistance.

Ces gestes, souvent modestes, ont pourtant un poids immense. Ils rappellent qu’un film peut encore être un acte de courage, un moyen d’exister dans un monde saturé de récits qui excluent. À l’inverse du silence hollywoodien, ces voix affirment que raconter, c’est déjà agir. Car le cinéma, dans sa forme la plus essentielle, est un outil de transmission et de lien : il construit une mémoire partagée, forge l’empathie, et inscrit dans l’histoire celles et ceux que l’on voudrait effacer. La question n’est donc pas de savoir qui détient la vérité, mais de permettre à chacun.e de faire parvenir sa voix. L’universalité du cinéma tient à cela : sa capacité à rendre visibles des mondes effacés, à offrir un espace commun à des récits longtemps étouffés, et à rappeler que toute image, avant d’être politique, est un droit à l’existence.


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El Gouna 2025 – « Where the Wind Comes From » sacré Meilleur film de fiction arabe

Hier soir, lors de la cérémonie de clôture de la 8ᵉ édition du Festival international du film d’El Gouna, le film tunisien Where the Wind Comes From, réalisé par Amel Guellaty, a remporté l’Étoile d’El Gouna du Meilleur film de fiction arabe.

Cette récompense vient distinguer le premier long métrage de la réalisatrice tunisienne, produit par Asma Chiboub pour Yol Film (Tunisie) et Karim Aïtouna pour Haut les Mains Productions (France), en coproduction avec le Doha Film Institute (Qatar). Le film, d’une durée d’environ 100 minutes, est interprété par Eya Bellagha et Slim Baccar dans les rôles principaux.

Présenté pour la première fois en janvier 2025 au Festival de Sundance dans la section World Cinema Dramatic Competition, Where the Wind Comes From a ensuite figuré dans plusieurs festivals internationaux, notamment à Rotterdam et à La Valette, où il avait remporté le Golden Bee Award du meilleur long métrage ainsi que le prix de la meilleure interprétation féminine pour Eya Bellagha. Sa sélection à El Gouna, en compétition pour les films de fiction arabes, a confirmé la reconnaissance croissante du film sur la scène régionale.

Le récit suit deux jeunes Tunisiens, Alyssa, 19 ans, et Mehdi, 23 ans, qui quittent Tunis pour se rendre à Djerba afin de participer à un concours de dessin. Ce voyage devient pour eux une manière d’explorer leur rapport au monde, à la liberté et à leurs propres choix. Le film se déroule principalement sur les routes du sud tunisien et aborde, à travers ce déplacement, les aspirations et les contradictions d’une jeunesse tunisienne contemporaine.

Where the Wind Comes From se distingue par une approche réaliste, ancrée dans la société tunisienne d’aujourd’hui, tout en laissant place à des moments de respiration et de contemplation. Amel Guellaty, également scénariste du film, y prolonge les thématiques qu’elle avait amorcées dans ses courts métrages, autour du passage à l’âge adulte et du rapport entre la jeunesse et son environnement social.

Avec cette Étoile d’El Gouna, le film rejoint la liste des œuvres arabes primées par le festival depuis sa création, confirmant la présence du cinéma tunisien dans les principales manifestations de la région.

Neïla Driss

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RSIFF 2025 – Des courts métrages au cœur des réalités arabes

À l’approche de sa cinquième édition, le Festival international du film de la Mer Rouge (Red Sea International Film Festival, RSIFF) a levé le voile sur la sélection officielle de son programme Arab Shorts 2025, une section dédiée aux courts métrages arabes en compétition. Cette année, onze films venus d’Arabie saoudite, de Palestine, du Liban, d’Égypte, du Maroc, d’Irak et des Émirats arabes unis y concourront, révélant la vitalité et la pluralité des écritures cinématographiques arabes contemporaines. Ces œuvres seront projetées du 4 au 13 décembre 2025 dans le quartier historique d’Al-Balad, cœur battant de Djeddah, où les ruelles anciennes et les écrans éphémères se rencontrent pour célébrer un cinéma ancré dans la mémoire et tourné vers l’avenir.

Une mosaïque d’identités et de regards

Depuis sa création, le RSIFF a fait de la diversité des récits arabes l’un de ses piliers. L’édition 2025 ne déroge pas à cette ambition : le programme Arab Shorts réunit des cinéastes émergents dont les œuvres interrogent avec finesse les notions de mémoire, d’identité et d’appartenance. Ces films courts, souvent intimes mais toujours audacieux, abordent la complexité des sociétés arabes contemporaines en mêlant réalisme, poésie et introspection.

Le festival décrit cette sélection comme « une nouvelle vague de voix distinctives », incarnant à la fois la richesse culturelle du monde arabe et l’universalité des émotions humaines. Chacun des onze films choisis explore un territoire singulier : celui du corps, du deuil, de la foi, de la peur, de la transmission ou encore de la solitude, mais tous partagent une même volonté — celle de donner forme au tumulte intérieur d’une génération qui observe, questionne et se réinvente.

Les films sélectionnés

Coyotes, réalisé par Said Zagha (Palestine)
Dans un décor nocturne de Cisjordanie, un chirurgien palestinien rentre chez lui après une garde éprouvante. Mais ce trajet banal devient une traversée initiatique, où les frontières physiques et psychologiques se confondent. À travers ce huis clos mobile, Zagha filme la fatigue, la peur et la résistance du quotidien sous occupation, dans une tension feutrée où le silence pèse plus lourd que les mots.

Empty Lands, de Karim Eldin El Alfy (Égypte)
Un officier fidèle à l’État et son épouse emménagent dans une maison autrefois occupée par une famille déplacée. Les traces laissées par l’ancienne présence — notamment l’ombre d’une fille disparue — réveillent un malaise diffus. Le film s’impose comme une allégorie subtile sur la culpabilité et la mémoire, interrogeant ce qui reste quand la loyauté se heurte à l’injustice.

Quo vadis, Meryem!, d’Amine Zeriouh (Maroc)
Lorsqu’une femme rend visite à une amie mourante, elle décide de raviver un mariage usé par le silence. Mais cette tentative réveille d’anciennes blessures familiales. Zeriouh livre ici un portrait sensible et nuancé du couple, où les non-dits deviennent des personnages à part entière.

Umbilical Cord, d’Ahmed Hasan Ahmed (Émirats arabes unis)
À travers le parcours fiévreux d’un homme pressé par le temps et hanté par ses appels manqués, le film adopte la forme d’une odyssée poétique sur la peur et l’espoir. Le montage rythmique et la photographie épurée traduisent la tension intérieure d’une âme suspendue entre urgence et rédemption.

With the Wind, d’Inès Lehaire (Maroc)
Un vieux fleuriste décide de fermer boutique et de distribuer ses dernières fleurs, entamant ainsi un voyage mélancolique. Derrière la simplicité du geste se cache une méditation sur la perte, la transmission et la beauté des adieux. Lehaire signe un film délicat, empreint de douceur et de silence, où chaque bouquet devient offrande au temps qui passe.

Beyond the Mind, de Lanya Nooralddin (Irak)
L’histoire de Mekhak, un âne fidèle abandonné par sa famille, devient la métaphore bouleversante de la dévotion et du rejet. À travers cette fable minimaliste, la réalisatrice irakienne aborde la loyauté et la solitude avec une intensité tragique, faisant dialoguer l’humain et l’animal dans un même cri d’incompréhension.

Irtizaz, de Sara Balghonaim (Arabie saoudite)
Dans une société où le regard social demeure implacable, une jeune divorcée assiste à des funérailles où chaque geste devient compétition silencieuse. Par ce huis clos féminin, Balghonaim offre une critique acérée des rapports de genre et de classe, tout en révélant la force des non-dits dans les espaces sociaux saoudiens.

Opening Ceremony, de Hussain Almutlaq (Arabie saoudite)
Un enfant de neuf ans, choisi pour couper le ruban lors de l’inauguration d’un centre culturel, doit en parallèle remettre une enveloppe secrète pour sa mère. Entre innocence et devoir, le film capte ce moment où l’enfance bascule vers la conscience morale.

The Sea Remembers My Name, de Hussein Hossam (Égypte)
Après la noyade de son frère jumeau, un garçon endosse son identité pour regagner l’amour d’un père brisé. Hossam traite le thème du deuil avec une sobriété poignante, où la mer devient mémoire et miroir.

What If They Bomb Here Tonight?, de Samir Syriani (Liban)
Dans la pénombre d’une nuit menaçante, un couple libanais reste éveillé, partagé entre la peur du bombardement et l’impossible décision de fuir. Syriani filme cette tension avec une précision clinique, explorant la psyché d’un pays en attente permanente du pire.

She’s Swimming, de Liliane Rahal (Liban)
À la suite du décès de sa cousine dans un crash aérien, une cinéaste entreprend un voyage intérieur au contact de la nature. Par le prisme du deuil, Rahal évoque la renaissance et la continuité, dans un film contemplatif où la mer, encore, devient élément de guérison.

Un miroir du monde arabe contemporain

En réunissant ces onze récits, le Red Sea International Film Festival confirme son rôle de plateforme essentielle pour la jeune création arabe. Chaque film, par sa forme et son ton, témoigne d’un cinéma en mutation, libre de ses codes, souvent intime mais toujours politique. Qu’ils soient issus de Riyad, Ramallah, Beyrouth ou Casablanca, ces jeunes réalisateurs traduisent une même urgence : celle de raconter le réel, de dire l’indicible, de faire entendre des voix trop longtemps reléguées.

À travers ces courts métrages, le festival célèbre non seulement la diversité géographique et linguistique du monde arabe, mais aussi son souffle créatif, ancré dans les réalités locales tout en dialoguant avec le monde. À Djeddah, entre les pierres d’Al-Balad et les lumières du port, ces histoires courtes promettent de résonner longtemps, comme autant d’échos d’un cinéma en pleine renaissance.

Neïla Driss

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Le film Yunan remporte le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens

Le long métrage Yunan du réalisateur américano-palestinien Ameer Fakher Eldin a remporté le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens lors de la cérémonie organisée le 18 octobre au Festival international du film d’El Gouna. Ce prix, décerné par Promotion du Cinéma Européen (EFP) en partenariat avec le Centre du Cinéma Arabe (ACC), célèbre cette année sa septième édition et met en lumière le dialogue entre le cinéma européen et les regards critiques venus du monde arabe.

Réalisé par Ameer Fakher Eldin, Yunan est une coproduction ambitieuse réunissant l’Allemagne, le Canada, l’Italie, la Palestine, le Qatar, la Jordanie et l’Arabie saoudite. Le réalisateur, qui n’a pas pu assister à la cérémonie, a adressé un message vidéo émouvant dans lequel il a remercié le jury, l’ACC et l’EFP pour cette « belle reconnaissance ». « Voir Yunan aujourd’hui accueilli par les critiques arabes me touche profondément. D’une certaine manière, cela signifie peut-être que le film a enfin trouvé le chemin du retour », a-t-il déclaré.

La productrice, Dorothe Beinemeier (Red Balloon Film), a reçu le prix au nom du réalisateur. Dans son discours, elle a salué la sensibilité singulière d’Ameer Fakher Eldin : « Yunan, comme The Stranger, est un film lent, silencieux et mélancolique. Les histoires d’Ameer ne sont jamais bruyantes : elles se déploient avec subtilité et poésie, et vont droit au cœur. Ses films m’obligent à ralentir, à réfléchir, à digérer ce que je vois. Ils se transforment à chaque visionnage, révélant toujours une nouvelle couche, un autre angle. Ameer est un observateur brillant, un conteur d’une grande sagesse dans un corps de jeune homme. J’ai hâte de produire le troisième film de notre trilogie. »

Yunan remporte le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens
La productrice, Dorothe Beinemeier (Red Balloon Film), a reçu le prix au nom du réalisateur.

Le film suit un homme arabe qui débarque sur une île isolée de la mer du Nord avec l’intention d’y mettre fin à ses jours. Mais sa rencontre avec la nature, la rudesse du climat et une communauté allemande marginalisée vient bouleverser sa décision. Peu à peu, ce voyage intérieur prend la forme d’une confrontation à la solitude, à la mémoire et au déracinement. Dans la beauté austère des paysages nordiques balayés par le vent, Yunan explore les thèmes de l’exil, du traumatisme et de la reconstruction, tout en questionnant le sentiment d’appartenance.

Fakher Eldin a expliqué avoir voulu « sonder le vide laissé lorsque la familiarité se dissout, quand le sentiment d’un foyer s’effondre et qu’il ne reste que le silence ». Cette méditation sur l’identité et la perte a été saluée dès sa présentation à la Berlinale, avant de remporter le Golden Firebird Award du Meilleur acteur (Georges Khabbaz) et celui de la Meilleure actrice (Hanna Schygulla) au Festival international du film de Hong Kong.

Produit par Dorothe Beinemeier (Red Balloon Film / Hambourg) en collaboration avec Microclimat Film (Canada) et Intramovies (Italie), Yunan a également bénéficié du soutien de Fresco Films, Metafora Productions et Tabi360. Les ventes internationales sont assurées par Intramovies, tandis que Mad Solutions gère les ventes pour la région MENA.

Créé en 2019 par la Promotion du Cinéma Européen (EFP) en partenariat avec le Centre du Cinéma Arabe (ACC), le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens vise à renforcer la diversité des œuvres présentées dans la région et à susciter l’intérêt des distributeurs arabes pour les films européens d’exception. Cette initiative met aussi en avant le rôle essentiel des critiques arabes dans la construction d’un dialogue entre les cultures, à travers la mise en lumière de sensibilités et de regards variés sur le cinéma mondial.

Cette année encore, cent des critiques les plus influents du monde arabe ont pris part à la sélection et au vote final, avant l’annonce du lauréat à El Gouna. J’ai eu l’honneur, avec d’autres Tunisiens, de faire partie de ces critiques arabes, représentant la Tunisie au sein de ce prestigieux jury qui contribue à rapprocher les cinémas arabes et européens à travers la réflexion et l’échange.

Avec Yunan, Ameer Fakher Eldin confirme une voix singulière, empreinte de poésie et de profondeur, à la croisée de l’intime et du politique. Et le choix des critiques arabes résonne comme un signe fort : celui d’un cinéma européen capable de parler au cœur du monde arabe, par la fragilité des êtres, la quête d’un lieu intérieur, et la beauté silencieuse du doute.

Parmi les précédents films récompensés figurent God Exists, Her Name Is Petrunya de Teona Strugar Mitevska (2019), Undine de Christian Petzold (2020), 107 Mothers de Peter Kerekes (2021), EO de Jerzy Skolimowski (2022), Fallen Leaves de Aki Kaurismäki (2023) et Les graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof (2024). Le prix est soutenu par Creative Europe – MEDIA, le programme de l’Union européenne dédié à la culture et à l’audiovisuel.

Fondé en 2015 par MAD Solutions, le Centre du Cinéma Arabe (ACC) est une plateforme internationale de promotion du cinéma arabe, enregistrée à Berlin. À travers ses nombreuses activités — stands dans les marchés, sessions de networking, rencontres professionnelles, publications du Arab Cinema Magazine — l’ACC œuvre à la mise en relation des cinéastes arabes avec leurs homologues du monde entier, favorisant les coproductions, la distribution internationale et la visibilité du cinéma arabe dans les grands festivals.

Le Festival du Film d’El Gouna, créé en 2017, s’est quant à lui imposé comme un espace de dialogue et de découverte, dédié à la diversité des voix cinématographiques contemporaines. Ouvert aux cinéastes et aux publics du monde entier, il encourage la coopération et l’échange culturel, tout en accompagnant le développement de l’industrie cinématographique arabe à travers sa plateforme professionnelle CineGouna.

Neïla Driss

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