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Forex et Tunisie : entre glissement du dollar, prudence européenne et respiration du dinar

Les marchés des devises s’ouvrent cette semaine dans un climat marqué par la retenue, une prudence élevée et une forte sensibilité aux signaux de politique monétaire. Le mouvement récent de la paire EUR/USD, revenue à proximité du seuil symbolique de 1,1500 après deux séances de recul, illustre un marché en transition, hésitant entre la fermeté prudente de la Banque centrale européenne et la possibilité d’un assouplissement plus rapide de la Réserve fédérale américaine.

Durant les échanges asiatiques, l’EUR/USD s’est stabilisé autour de 1,1510, prolongeant une dynamique négative mais dépourvue de panique. L’euro glisse légèrement, mais ne décroche pas : c’est la posture mesurée de la BCE qui en constitue le principal amortisseur. Les membres du Conseil des gouverneurs maintiennent un discours prudent, évoquant un statu quo prolongé des taux directeurs probablement jusqu’à fin 2026, à mesure que l’inflation converge progressivement vers l’objectif de 2 %. Les données d’activité de novembre, en léger retrait mais conformes aux attentes, confortent cette stratégie de stabilité monétaire.

Christine Lagarde a rappelé, dans ses dernières interventions, que la BCE ne relâchera pas sa vigilance : toute dérive, même marginale, de l’inflation pourrait entraîner une adaptation des taux. Gabriel Makhlouf, gouverneur irlandais et membre influent du Conseil, insiste pour sa part sur la pertinence du taux actuel, écartant tout ajustement tant qu’aucune rupture macroéconomique n’apparaît. Cette stratégie permet à l’euro d’éviter un décrochage plus marqué, dans un environnement international encore incertain.

 

Gabriel Makhlouf, gouverneur irlandais et membre influent du Conseil, insiste pour sa part sur la pertinence du taux actuel, écartant tout ajustement tant qu’aucune rupture macroéconomique n’apparaît.

 

Face à cette prudence européenne, le dollar américain poursuit un mouvement opposé. Le billet vert s’affaiblit, plombé par une révision soudaine des anticipations sur la politique de la Fed. Les marchés intègrent désormais une probabilité de 69 % d’une baisse des taux dès la réunion de décembre, contre 44 % il y a seulement une semaine, selon les données du CME FedWatch. Ce retournement d’humeur traduit la montée d’un optimisme prudent quant à la capacité de la Fed à accompagner le ralentissement de l’inflation américaine. L’effet immédiat est une perte d’altitude du dollar, offrant à l’euro une fenêtre d’appréciation malgré sa phase de consolidation.

La parité EUR/USD navigue ainsi dans une zone charnière où s’articulent stratégies monétaires, signaux économiques et seuils techniques. Le niveau de 1,1500 agit comme un pivot psychologique majeur. Les investisseurs évoluent dans une période où les politiques monétaires se redéfinissent, et où chaque donnée d’inflation, chaque mot prononcé par Lagarde ou Powell, peut redessiner la courbe du forex.

 

Le niveau de 1,1500 agit comme un pivot psychologique majeur. Les investisseurs évoluent dans une période où les politiques monétaires se redéfinissent, et où chaque donnée d’inflation, chaque mot prononcé par Lagarde ou Powell, peut redessiner la courbe du forex.

 

Tunisie : un dollar en reflux, une respiration pour un dinar sous tension permanente

La dérive tendancielle du dollar n’est pas un phénomène lointain pour la Tunisie. Bien au contraire : elle produit des effets directs et immédiats sur la trajectoire du dinar, sur les équilibres macroéconomiques et sur les coûts supportés par l’État comme par les entreprises.

Une part considérable des transactions extérieures tunisiennes – hydrocarbures, matières premières industrielles, produits alimentaires stratégiques, fret international, technologies – est libellée en dollar. Lorsque le billet vert s’affaiblit, l’effet est quasi mécanique : la facture énergétique diminue, le coût des importations essentielles se contracte et la pression sur l’inflation importée s’allège. Dans une économie où plus de la moitié de l’inflation découle du renchérissement des importations, cette dépréciation du dollar constitue une véritable bouffée d’oxygène.

 

Une part considérable des transactions extérieures tunisiennes – hydrocarbures, matières premières industrielles, produits alimentaires stratégiques, fret international, technologies – est libellée en dollar. Lorsque le billet vert s’affaiblit, l’effet est quasi mécanique : la facture énergétique diminue, le coût des importations essentielles se contracte et la pression sur l’inflation importée s’allège.

 

À cela s’ajoute la dynamique de l’euro. Une légère appréciation de la monnaie européenne face au dollar se traduit par une détente du taux EUR/TND. Pour la Tunisie, reliée commercialement, touristiquement et financièrement à l’Union européenne, cette évolution est favorable : elle améliore la valeur des recettes touristiques et des transferts des Tunisiens à l’étranger, souvent libellés en euro. Elle agit également comme un stabilisateur sur les importations provenant de la zone euro, premier fournisseur du pays.

Un répit conjoncturel, mais aucun changement structurel

Pour autant, il serait illusoire d’y voir une amélioration durable de la situation du dinar. Si l’affaiblissement du dollar procure un soulagement, il ne corrige en rien les déterminants fondamentaux de la fragilité monétaire tunisienne : déficit commercial structurel, dépendance énergétique, faiblesse chronique du taux d’épargne, besoins massifs de financement extérieur, inflation persistante et croissance insuffisante pour régénérer les réserves de change.

La Banque centrale de Tunisie (BCT), contrainte par un environnement interne dégradé, ne peut capitaliser pleinement sur la faiblesse du billet vert. Elle reste enfermée dans une stratégie de défense graduelle du dinar, sans marge de manœuvre pour assouplir la politique monétaire ou relancer le crédit. En conséquence, la détente du dollar constitue un facteur conjoncturel de stabilisation, non un levier de valorisation durable.

 

La Banque centrale de Tunisie (BCT), contrainte par un environnement interne dégradé, ne peut capitaliser pleinement sur la faiblesse du billet vert. Elle reste enfermée dans une stratégie de défense graduelle du dinar, sans marge de manœuvre pour assouplir la politique monétaire ou relancer le crédit.

 

Une fenêtre stratégique pour atténuer les vulnérabilités

L’environnement monétaire international actuel ouvre toutefois une fenêtre d’opportunité : réduire temporairement la pression sur les importations stratégiques, lisser le profil de remboursement de certaines dettes en devises et contenir la transmission inflationniste. À condition que ces marges de respiration soient exploitées pour renforcer la balance extérieure, améliorer la gestion des subventions énergétiques, relancer l’exportation et accélérer les réformes structurelles.

La Tunisie évolue dans un système où les variables externes – Fed, BCE, marchés des matières premières – influencent directement sa trajectoire macroéconomique. La dérive tendancielle du dollar en est un exemple. Reste maintenant à transformer cette respiration passagère en une dynamique plus durable, ce qui suppose une stratégie cohérente de réformes, d’intégration commerciale et de renforcement de la productivité. 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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CHRONIQUE – Revue économique et financière hebdo du 21 novembre 2025 : Sans cadre macro stable, aucune reprise durable possible

L’économie mondiale aborde la fin de l’année dans un climat mêlant incertitudes géopolitiques, ajustements monétaires et tensions persistantes sur les marchés. La combinaison d’un ralentissement de la croissance européenne, d’une résilience américaine légèrement affaiblie et de risques géopolitiques persistants au Moyen-Orient continue de peser sur les flux de capitaux et le comportement des investisseurs.

Dans ce contexte, les marchés internationaux évoluent de manière prudente, avec une volatilité accrue sur les devises et une normalisation lente mais perceptible des taux d’intérêt dans les économies avancées.

Sur le plan financier, les marchés anticipent désormais que la Réserve fédérale américaine maintiendra un biais restrictif plus longtemps; malgré un assouplissement progressif des tensions inflationnistes.

Les écarts de taux entre les États-Unis et la zone euro restent déterminants pour l’évolution de l’EUR/USD. Tandis que la réorientation du commerce mondial, la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement et la baisse des prix de certaines matières premières influencent les flux vers les marchés émergents.

L’environnement reste donc contrasté pour les économies dépendantes des financements extérieurs comme la Tunisie, où les arbitrages des investisseurs demeurent sensibles aux risques souverains et à la dynamique du dinar.

 

En Tunisie

Dans ce contexte global cadenassé, la conjoncture tunisienne montre des signaux mixtes. La liquidité bancaire demeure sous tension, comme en témoigne la baisse du solde du compte courant du Trésor, qui recule à 1 125,5 MDT contre 1 373,5 MDT la veille. Le solde du compte courant ordinaire des banques s’améliore toutefois nettement, passant à 358,4 MDT. Ce qui traduit une respiration temporaire de la liquidité interbancaire. Les billets et monnaies en circulation continuent de progresser légèrement. Cela confirme la préférence du public pour les moyens de paiement liquides et le maintien d’une économie informelle significative.

Sur le marché monétaire, la Banque centrale poursuit une politique de stabilité, avec un taux directeur maintenu à 7,5 %. Le taux du marché monétaire s’aligne parfaitement sur ce niveau, témoignant d’un pilotage serré de la liquidité. Le volume global de refinancement recule à 10 377,4 MDT, en baisse par rapport à la veille et surtout en retrait notable par rapport à 2024. Cette évolution reflète une moindre pression instantanée sur la liquidité, mais aussi un recours accru aux opérations longues, notamment les opérations de refinancement à six mois qui atteignent un encours de 2 555 MDT, très supérieur au niveau d’il y a un an.

La dynamique des transactions interbancaires reste solide. Les opérations à vue progressent nettement et dépassent 3 256 MDT, apportant une fluidité appréciable entre les banques. Les opérations à terme se stabilisent autour de 982 MDT, confirmant la poursuite de stratégies prudentes de gestion des positions bilancielles.

La situation des Bons du Trésor continue de souligner la transformation de la structure de financement de l’État. Les Bons du Trésor assimilables atteignent désormais 29 137,6 MDT, soit plus de 10 milliards de plus qu’en 2024. Tandis que les bons à court terme sont en chute très marquée. Cette tendance confirme la stratégie du Trésor visant à allonger la maturité de la dette intérieure, tout en maîtrisant les pressions de refinancement dans un contexte où les financements extérieurs restent rares.

Sur le volet extérieur, les recettes touristiques cumulées atteignent 7 141,5 MDT, en hausse solide par rapport à 2024. Traduisant ainsi une saison encore dynamique malgré les aléas géopolitiques régionaux. Les revenus du travail progressent également, soutenus par la reprise des transferts depuis l’étranger. En parallèle, le service de la dette extérieure cumulée se replie légèrement, signe d’une répartition plus étalée des échéances sur 2025.

Les avoirs nets en devises se stabilisent autour de 24 815,4 MDT, équivalant à 106 jours d’importation. Bien qu’en léger retrait par rapport au niveau de 2024, ces réserves restent confortables et permettent d’accompagner un marché de change où le dinar enregistre des performances contrastées. Il se déprécie face au dollar mais s’apprécie légèrement face à l’euro, en phase avec les mouvements internationaux. Cette évolution confirme la sensibilité du dinar à la configuration du dollar sur les marchés mondiaux et à l’écart de croissance entre les deux zones.

L’ensemble de ces indicateurs dessine un paysage économique complexe, où la Tunisie navigue entre fragilités structurelles et améliorations ponctuelles.

À court terme, la combinaison d’une liquidité bancaire volatile, d’un marché monétaire sous contrôle et de réserves de change encore robustes devrait permettre de préserver la stabilité financière. Toutefois, les risques demeurent. Une remontée des tensions géopolitiques, un accès toujours limité au financement extérieur et une croissance intérieure modérée pourraient maintenir la pression sur le dinar et sur la capacité de l’État à gérer l’échéancier de sa dette.

À moyen terme, la trajectoire dépendra largement de la capacité à renforcer la crédibilité budgétaire, à améliorer l’efficacité du financement de l’économie et à consolider les moteurs externes, notamment le tourisme et les transferts des expatriés. La stabilisation du cadre macroéconomique reste incontournable pour favoriser un retour progressif de la confiance et pour relancer les investissements jugés essentiels à une croissance durable.

  

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (21 nov. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (21 nov. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGE –Tunisie – Dinar vs EUR/USD : un mouvement suspendu …

L’évolution récente des marchés des changes offre un paradoxe qui n’est pas sans conséquence pour la Tunisie. Alors que les écarts de taux d’intérêt entre les États-Unis et la zone euro se resserrent nettement — ce qui aurait dû favoriser un redressement de l’euro — la paire EUR/USD demeure étonnamment stable*. Cette inertie, loin d’être anecdotique, traduit l’attentisme d’investisseurs tournés vers deux événements susceptibles de modifier la perception du risque et les anticipations de politique monétaire.

 

Depuis fin octobre, le différentiel de rendement entre les obligations américaines et allemandes à deux ans a reculé à son plus bas niveau pendant plusieurs semaines. De même, les marchés anticipent un rapprochement des trajectoires de taux terminaux de la Fed et de la BCE. Ordinairement, un tel mouvement réduit l’attrait du dollar et soutient l’euro. Mais la paire reste figée, comme si le marché n’osait pas s’engager avant d’obtenir des signaux plus déterminants.

 

Les investisseurs attendent d’abord les chiffres de l’emploi américain de septembre ainsi que les demandes hebdomadaires d’allocations chômage. Ce sont les véritables baromètres de la vigueur économique des États-Unis et de l’orientation future de la Fed. Ils scrutent également les résultats trimestriels de Nvidia**, dont le poids psychologique dépasse la seule sphère technologique. Une publication décevante pourrait dégrader l’appétit pour le risque au niveau mondial, pesant sur les marchés et influençant indirectement les attentes en matière de taux d’intérêt.

Toutefois, un scénario haussier pour l’euro reste toutefois plausible. Si les statistiques américaines révèlent un ralentissement marqué du marché du travail et si Nvidia publie des résultats en retrait, les rendements américains pourraient s’orienter à la baisse. Le dollar perdrait alors de sa force relative, permettant à l’euro de progresser en direction de 1,1730 avec un potentiel d’extension vers 1,1820*.

Pour la Tunisie, un tel mouvement offrirait un certain répit. Le renforcement de l’euro contribuerait à alléger le coût des importations européennes, atténuant les pressions inflationnistes sur les biens manufacturés, pharmaceutiques et alimentaires. Il améliorerait aussi la capacité de couverture en devises des entreprises tunisiennes, notamment celles dépendant d’intrants européens. Dans ce contexte, la Banque centrale de Tunisie (BCT) bénéficierait d’un environnement légèrement plus favorable, avec des tensions moindres sur les réserves et une moindre volatilité du dinar.

 

Le scénario inverse demeure cependant tout aussi crédible. Si le marché du travail américain surprend par sa résilience et si Nvidia confirme la solidité de la dynamique technologique, les rendements américains conserveront un niveau élevé. Le dollar resterait ainsi attractif. La Tunisie évoluerait alors dans un environnement plus contraignant, marqué par un renchérissement des matières premières libellées en dollar, une facture énergétique plus lourde, des pressions accrues sur les réserves et un resserrement implicite des conditions financières internes.

 

La Tunisie observe donc un marché des devises figé, mais prêt à se déplacer brusquement au gré des annonces américaines. L’inertie actuelle ne doit pas être interprétée comme un signe de stabilité durable. Elle traduit au contraire une phase de tension latente, dont les effets potentiels pourraient influencer les prix importés, les équilibres extérieurs et les marges de manœuvre de la politique monétaire tunisienne. Dans un environnement mondial où un rapport sur l’emploi ou les résultats d’un champion de l’intelligence artificielle peuvent reconfigurer les flux financiers, la vigilance demeure le maître mot pour l’économie tunisienne.

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Références :

(*) : selon les estimations de l’IAEF-Salle des Marchés au 20/11/2025

(**) : Nvidia est une entreprise technologique américaine spécialisée dans la conception de processeurs graphiques (GPU) et de puces électroniques. Fondée en 1993, elle est surtout connue pour ses cartes graphiques destinées au jeu vidéo, mais ses puces sont également devenues essentielles pour l’intelligence artificielle, les centres de données, les véhicules autonomes et d’autres applications de calcul intensif. 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGE – Les positions se radicalisent…

Les opinions divergent en Tunisie autour de la crise économique mondiale, avec d’un côté ceux qui estiment que la situation en Europe se stabilise; et de l’autre, les analystes qui redoutent un retour à la récession. Ces derniers, préoccupés par la stagnation des marchés de l’emploi et de l’immobilier, notamment aux États-Unis et en Espagne, craignent que les problèmes européens continuent d’affecter les économies, y compris celle de notre pays.

Certains se réjouissent de l’aide financière européenne de 750 milliards d’euros, qui a permis des émissions obligataires relativement réussies en Espagne et en Italie. Tandis que d’autres soutiennent que ces mesures ne sont qu’un pansement sur une plaie béante, retardant une crise inévitable.

En effet, il est illusoire de penser que l’Europe, et par extension, des pays comme la Tunisie, soient sortis d’affaire. Les défis structurels persistent, et tant que chaque nation maintiendra des politiques budgétaires indépendantes, la stabilité restera précaire. L’exposition des banques européennes aux pays du PIIGS, ainsi que les inquiétudes croissantes concernant des pays comme la Grande-Bretagne et la Hongrie, augmentent le risque d’une contraction économique globale. Des économistes comme Paul Krugman estiment même que la probabilité d’un nouveau déclin économique pourrait atteindre 40 %.

Dans ce contexte, les positions se radicalisent entre les banquiers centraux, qui prônent l’austérité, et les responsables politiques, qui tentent de justifier leurs choix par des théories économiques souvent mal comprises. Nos responsables, manquant d’originalité, s’appuient sur des discours traditionnels pour éviter de prendre des risques Ce qui pourrait compromettre leur carrière. À titre d’exemple, à l’approche d’un sommet international, les divergences entre leaders mondiaux sur les stratégies économiques se font sentir. Reflétant des attentes similaires en Tunisie quant à la gestion de la dette et des dépenses publiques.

Comment sortir de ce débat stérile qui oppose les tenants de l’austérité aux partisans de la dépense ? Pourquoi nos politiques semblent-elles enfermées dans un cycle où les décisions économiques sont dictées par les marchés financiers, au détriment de l’intérêt national ? Nos gouvernants ont tendance à faire l’éloge des « stimuli » et à vilipender les déficits, devenant ainsi des instruments des marchés obligataires. Ne serait-il pas plus bénéfique pour notre pays qu’ils s’engagent dans une réflexion profonde et courageuse sur notre système économique, en plaçant l’équilibre social au cœur des priorités, afin de restaurer la confiance des citoyens ? 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

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Chronique analytique au 14 novembre 2025 – Une accalmie fragile dans un monde sous tension

La semaine s’achève sur une tonalité contrastée au niveau international. Les marchés financiers ont retrouvé un peu de sérénité, portés par l’espoir d’un atterrissage en douceur des économies développées. Tandis que les crises géopolitiques continuent de maintenir un niveau d’incertitude élevé. Dans ce contexte, la Tunisie évolue dans un environnement marqué par des chocs externes persistants, une liquidité bancaire tendue et une trajectoire macroéconomique qui oscille entre signaux de résilience et fragilités structurelles.

Sur le plan politique, les tensions au Moyen-Orient et la réorganisation des blocs stratégiques entre États-Unis, Europe, Chine et BRICS continuent de peser sur les anticipations globales. L’aversion au risque demeure élevée, même si les marchés obligataires ont retrouvé une dynamique plus stable après plusieurs mois de volatilité. La baisse progressive des taux longs américains et européens a apporté un peu d’oxygène aux économies émergentes, réduisant temporairement la pression sur leurs devises et leur financement externe.

Du côté des matières premières, les cours du pétrole évoluent dans une fourchette relativement contenue, reflétant la combinaison entre une demande mondiale modérée et des ajustements de production coordonnés par l’OPEP+. Cette stabilité offre une fenêtre d’opportunité aux importateurs nets comme la Tunisie, même si la volatilité reste un risque permanent.

Sur le plan financier, les marchés actions internationaux affichent une performance hésitante, tiraillée entre les perspectives de détente monétaire en 2026 et les inquiétudes géopolitiques.

L’environnement global demeure donc moins stressant que durant l’été, mais il reste insécurisant pour les économies vulnérables, dont la Tunisie fait partie, surtout face à des besoins de financement en devises toujours importants.

Tunisie : une conjoncture marquée par des tensions de liquidité et une érosion progressive des avoirs extérieurs

Les données quotidiennes du 14 novembre 2025 confirment que la liquidité bancaire reste sous tension. Le solde du compte courant du Trésor se contracte fortement, passant à 996 MDT contre 1 113 MDT la veille, traduisant une mobilisation plus importante des ressources publiques. Les banques ne sont pas en reste : leur compte courant ordinaire tombe à 269 MDT, une nette dégradation qui reflète une demande élevée en refinancement et une pression persistante sur la liquidité du système.

Le volume global du refinancement auprès de la Banque centrale demeure élevé, à 11,5 milliards de dinars, mais légèrement en retrait par rapport à la veille. La BCT maintient son taux directeur à 7,5 %, tandis que le taux du marché monétaire suit la même tendance, confirmant un environnement monétaire toujours restrictif. Les opérations de réglage fin restent nulles, signe que l’autorité monétaire souhaite éviter tout signal de relâchement prématuré.

 

La BCT maintient son taux directeur à 7,5 %, tandis que le taux du marché monétaire suit la même tendance, confirmant un environnement monétaire toujours restrictif.

 

Les avoirs en devises poursuivent leur érosion graduelle : 24,9 milliards de dinars, soit 106 jours d’importation, contre 107 jours la veille et 113 jours un an plus tôt. La tendance baissière souligne une tension structurelle sur les réserves, en dépit de performances solides du tourisme et des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger.

Les recettes touristiques atteignent désormais 7,14 milliards de dinars, en hausse de près de 477 MDT par rapport à l’année précédente.

Les revenus du travail continuent également de progresser, dépassant 7,5 milliards de dinars. Ces postes demeurent les principaux amortisseurs externes du pays.

 

Les avoirs en devises poursuivent leur érosion graduelle : 24,9 milliards de dinars, soit 106 jours d’importation, contre 107 jours la veille et 113 jours un an plus tôt. La tendance baissière souligne une tension structurelle sur les réserves, en dépit de performances solides du tourisme et des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger.

 

Le dinar évolue de manière contrastée. Il se renforce légèrement face à l’euro mais continue de se déprécier face au dollar, reflétant l’évolution des grandes parités internationales. Cette dynamique contribue à maintenir une pression sur les prix des produits importés libellés en dollar, notamment les céréales et certains biens énergétiques.

Du côté des Bons du Trésor, la structure des encours montre une nette réduction des titres à court terme, traduisant la volonté de lisser les risques de refinancement, mais aussi l’accès plus coûteux au marché monétaire domestique. La dette extérieure continue d’être servie régulièrement, avec un cumul de 11 milliards de dinars au 10 novembre.

Un marché boursier prudent dans un environnement financier complexe

Le marché boursier tunisien reste dans une logique de prudence, en attente de signaux plus clairs sur la trajectoire macroéconomique et la politique monétaire. Les volumes interbancaires, en forte remontée, témoignent d’une activité financière dynamique mais sous contrainte. La stabilisation des taux courts permet néanmoins d’éviter une surchauffe du coût du crédit, même si les marges de manœuvre des banques demeurent limitées.

Quelles perspectives pour les prochains mois ?

À court terme, la Tunisie restera confrontée à une conjoncture marquée par une liquidité bancaire étroite, une pression sur les réserves extérieures et une forte dépendance aux recettes en devises non structurelles. La maîtrise de l’inflation, qui poursuit son repli progressif depuis les niveaux élevés de 2023–2024, est une bonne nouvelle, mais elle ne suffit pas à compenser les tensions sur les finances publiques et les besoins de financement externe.

À moyen terme, la dynamique dépendra principalement de la capacité du pays à sécuriser ses financements extérieurs, à accélérer les réformes structurelles et à stabiliser les fondamentaux budgétaires. Une éventuelle détente des conditions financières internationales en 2026 constituerait un appui important, mais elle ne saurait remplacer les ajustements domestiques nécessaires.

La période actuelle offre ainsi un moment charnière : une gouvernance tunisoise résiliente mais contrainte, insérée dans un environnement international moins volatil qu’il y a quelques mois, mais toujours incertain. La trajectoire des prochains trimestres dépendra de la capacité à consolider les acquis tout en engageant les réformes indispensables pour sécuriser la croissance et renforcer la souveraineté financière du pays.

 

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (14 nov. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (14 nov. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

L’article Chronique analytique au 14 novembre 2025 – Une accalmie fragile dans un monde sous tension est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

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