L’acteur et comédien Noureddine Ben Ayed est décédé ce dimanche 23 novembre 2025, a annoncé son collègue Mokdad Sehili sur sa page Facebook.
Le défunt a connu son heure de gloire dans les années 1980-2000 en jouant dans plusieurs séries et feuilletons télévisés. Ses duos humoristiques avec Mongi Ouni régalaient les téléspectateurs. Il a aussi tâté du théâtre, mais il n’a pas fait la carrière qu’il souhaitait dans ce domaine.
Ses deux dernières apparitions sur le petit écran remontent à 2019 dans la série Familia Si Taïeb et en 2022 dans Ken Ya Makenech.
La forte mobilisation populaire observée samedi 22 novembre 2025, lors de la marche de protestation organisée à Tunis pour dénoncer la montée de l’autoritarisme du président Kaïs Saïed, les limitations de la liberté d’expression et l’emprisonnement des opposants est un signe supplémentaire de l’aggravation de la crise en Tunisie.
Latif Belhedi
Ajoutée aux marches de protestation quasi-quotidiennes qui se poursuivent à Gabès depuis fin septembre pour dénoncer la pollution industrielle et exiger le démantèlement des unités du Groupe chimique tunisien (GCT)… Ajoutée aux critiques adressées au pouvoir exécutif par de nombreux députés que l’on croyait alliés au régime mis en place par Saïed au lendemain de la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021… Ajoutée aux revendications des journalistes, qui ont manifesté deux jours auparavant contre la répression croissante de la liberté de la presse… Ajoutée à la crise économique larvée, marquée par la baisse du pouvoir d’achat et la hausse du chômage, du déficit budgétaire et de l’endettement, la mobilisation d’hier marque sans doute un tournant et préfigure un durcissement du côté du pouvoir et de son opposition et fait craindre des heurts à venir. Les slogans scandés par les manifestants sont significatifs à cet égard : «Le peuple veut la chute du régime»; «Ni peur ni terreur, la rue appartient au peuple» ou encore «Assez de répression».
Verrouillage politique par un régime aux aguets
Jusque-là, les deux parties en présence sont restées sobres, évitant le recours à la violence, mais en l’absence de solutions aux problèmes économiques et sociaux du pays et avec la poursuite du verrouillage politique par un régime aux aguets, on peut sérieusement craindre que bientôt les lignes rouges seraient dépassées, d’un côté comme de l’autre.
En emprisonnant des dizaines de figures de l’opposition, de journalistes, d’avocats et d’hommes d’affaires, accusés de «complot contre la sûreté de l’État», sur la base de faits très contestables et d’ailleurs fortement contestés par les prévenus et leurs avocats, on ne décrispe pas la situation; au contraire, on alimente le sentiment d’injustice, un mot qui était sur toutes les bouches hier.
Nul ne peut gouverner au gré de ses caprices
Par conséquent, les autorités seraient bien inspirées de desserrer l’étau sur la société civile, de jeter des passerelles de dialogue et d’ouvrir le champ de l’expression politique. Car le verrouillage actuel ne présage rien de bon et risque de crisper davantage une atmosphère déjà irrespirable, au propre et au figuré, dans un pays quasiment bloqué et où l’absence de perspectives alimente le désespoir ambiant, jette les compétences sur les routes de l’exil et fait fuir les investisseurs, nationaux et étrangers.
«Tous les progrès de ces 14 dernières années ont été anéantis», a déclaré Ayoub Amara, l’un des organisateurs de la manifestation de samedi, cité par l’Associated Presse. Et d’ajouter : «La Tunisie est assez grande pour tous les Tunisiens, et nul ne peut la gouverner au gré de ses caprices.»
Malheureusement, au palais de Carthage comme à celui de la Kasbah, on ne donne pas l’impression de prêter l’oreille à ces voix de sagesse qui revendiquent seulement le minimum requis de libertés et de droits, garantis par la constitution promulguée en 2022 par Saïed.
Leçon tirée de quelques navets cinématographiques : notre pays a besoin de réformes simples : libérer l’entreprise, faciliter l’accès à l’entrepreneuriat, cesser de faire payer le secteur organisé pour compenser l’informel et surtout, mais surtout sanctifier l’effort et la valeur travail.
Dr Monem Lachkam *
J’ai une passion étrange, presque coupable : les navets. Oui, les vrais, ceux qu’on regarde jusqu’au bout en se demandant si l’on ne devrait pas recevoir une médaille pour tant de patience. Si j’avais aimé les légumes, j’aurais sans doute parlé du navet. Mais non : je parle de ces films tellement mauvais qu’ils en deviennent fascinants et que même leur réalisateur hésite à les assumer en public.
Lorsque je me suis gavé de bons films, j’éprouve un plaisir presque pervers à m’infliger quelques brillants ratages, allez savoir, c’est peut-être pour relancer l’appétit. C’est ainsi que je suis tombé sur ‘‘L’Empire’’, un film français avec Fabrice Lucchini. J’apprécie énormément Lucchini — surtout pour sa prose, moins pour son jeu d’acteur — mais là, il faut être honnête : j’ai été fier de moi, d’avoir été capable d’en venir au bout. Je lance d’ailleurs le défi à quiconque oserait s’y aventurer, tellement c’est mauvais, tellement c’est absurde, tellement les acteurs semblaient avoir été forcés de jouer. Et dire que ce chef-d’œuvre involontaire a coûté cinq millions d’euros…
Marche ou crève !
Le second film, ‘’The Long Walk’’ n’est pas vraiment un navet, mais il recycle un thème saturé, usé jusqu’à la corde. On y retrouve un mélange de ‘‘Divergente’’ et de ‘‘Hunger Games’’, c’est adapté d’un roman de Stephen King et ça se laisse par ailleurs regarder facilement, mais on connaît déjà le goût.
Le film imagine les États-Unis 19 ans après une guerre dévastatrice. Pour relancer l’économie en ruine, les autorités organisent une marche mortelle : cinquante volontaires — que des garçons, allez comprendre — avancent sans ligne d’arrivée. À moins de 5 km/h ou hors de la route, ils sont exécutés. Le dernier survivant gagne un trillion de dollars et un vœu exaucé sur-le-champ.
Tout cela est, évidemment, d’une absurdité totale, truffé de morale facile, à l’américaine, tellement épaisse qu’elle pourrait être vendue en tube. Ce qui retient l’attention, pourtant, n’est ni le suspense ni l’esthétique dystopique, mais le discours qui justifie la «grande marche», le discours qui justifie ce jeu macabre. Le bourreau explique : «Pour retrouver la prospérité, nous organisons cette marche afin de réapprendre la valeur du travail et l’éthique de l’effort. Après chaque édition, la production nationale augmente. Notre problème est une épidémie de paresse généralisée.»
De nombreux pays ont été confrontés à ce genre de crise — la stagnation, l’économie de rente, l’effondrement de la productivité — et s’en sont sortis. Le Japon, par exemple, a démantelé la rente et misé sur les PME et l’agriculture, avec la concurrence intérieure et l’huile de coude. La Corée du Sud, la Singapour et la Chine confirment la même équation : la valeur travail + la force des PME + un secteur agricole respecté = décollage économique.
Et puis il y a des pays schizophrènes — dont nous faisons tristement partie — qui dénoncent la rente et poursuivent les rentiers tout en préservant, intacte, une législation qui la consolide. Des pays où l’on accable les PME, où l’agriculteur est le citoyen le plus délaissé, où la politique économique, trop souvent, se réduit à une politique sociale présentée sur un ton compassionnel, qui finit par décourager l’effort plutôt que de le stimuler, qui victimise le travailleur, qui l’incite presque à la revendication stérile et implicitement à la paresse. A quoi peut-on s’attendre dans ces conditions ?
Une économie de navets
Ce n’est un secret pour personne et c’est limite apodictique : salarier tout le monde est impossible. Encourager les petits entrepreneurs est vital. Moderniser et soutenir l’agriculture n’est plus une option, c’est du bon sens à l’état pur.
Quant à l’élite qui s’en va, ce n’est pas un manque de patriotisme comme le prétendent les moralisateurs de la vingt-cinquième heure. Ces jeunes n’ont pas fui : ils ont été chassés. Quand le choix se limite à partir ou crever la bouche ouverte, l’exil devient une nécessité.
En résumé — et avant que cela ne devienne aussi ennuyeux qu’un mauvais film — ce pays a besoin de réformes simples : libérer l’entreprise, faciliter l’accès à l’entrepreneuriat, cesser de faire payer le secteur organisé pour compenser l’informel et surtout, mais surtout sanctifier l’effort et la valeur travail.
Autrement, nous continuerons à produire des navets — économiques cette fois — moins divertissants que ceux du cinéma. Et n’oublions jamais que, même quand tout est raté, il reste toujours une morale à sauver.
La philosophie a été kidnappée. Elle a été arrachée aux agoras, aux cafés, aux rues et aux consciences individuelles pour être emprisonnée dans des facultés aseptisées. Ce que l’on enseigne aujourd’hui sous ce nom n’est trop souvent qu’un simulacre, une momie intellectuelle que l’on commente à l’infini sans jamais lui redonner souffle. Les philosophes médiatiques, quant à eux, sont les bouffons de ce système, des faiseurs d’opinion qui recyclent le bruit ambiant en pseudo-pensée. Mais la philosophie véritable, celle qui mord sur le réel, n’a pas disparu. Elle a déserté les lieux de son supplice pour se réfugier dans le feu de l’acte créateur.
Abdelhamid Larguèche *
La philosophie institutionnelle est une imposture. Elle a oublié que son père fondateur, Socrate, philosophait non pas dans un amphithéâtre, mais sur la place publique. Elle a surtout oublié l’exemple magistral d’Ibn Khaldun, dont les pérégrinations à travers le Maghreb et l’Andalousie furent la matrice vivante de sa pensée. Ce n’est pas dans le silence d’une bibliothèque qu’il élabora sa Muqaddima, mais au contact des tribus, des cours princières, des champs de bataille et des marchés. Sa théorie de la ‘asabiyya (cohésion sociale) et des cycles civilisationnels naquit de l’observation directe des réalités politiques et économiques les plus concrètes, mêlant réflexion méditative et expérience pratique dans un dialogue permanent avec le monde.
L’héritage combattant bafoué
Cet esprit de combat n’a jamais cessé de hanter la vraie philosophie. Marx et Engels ne rédigeaient pas le Manifeste du Parti communiste pour le plaisir de la spéculation abstraite, mais pour armer les prolétaires d’une conscience de classe, transformer la misère quotidienne en force révolutionnaire. Leur célèbre phrase «Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde diversement ; il s’agit de le transformer» est un acte d’accusation contre toute pensée désincarnée.
Quelques décennies plus tard, un écrivain, Émile Zola, héritait de ce courage avec son J’accuse!. Ce n’était pas un texte littéraire de plus, c’était un acte philosophique pur : risquer sa réputation, sa liberté, sa vie pour la vérité et la justice d’un officier juif injustement condamné. Il incarnait la pensée en action, refusant la distance confortable de l’intellectuel qui observe depuis sa tour d’ivoire.
Aujourd’hui, que reste-t-il de ce combat ? Une caste de spécialistes qui parlent une langue morte, autiste, pratiquant avec délice la «distanciation» face aux crises qui brûlent le monde. Cette distanciation n’est que le nom savant de la lâcheté, l’exact contraire des pérégrinations khaldouniennes qui engageaient le corps et l’esprit dans la compréhension du réel. C’est la trahison suprême de l’héritage de Socrate, d’Ibn Khaldun, de Marx, de Zola. On a stérilisé la pensée, on l’a coupée de ses racines : la colère, la passion, le désespoir et l’espoir des femmes et des hommes.
L’art, dernier bastion de la pensée en révolte
Face à cette trahison, l’art est devenu la nouvelle guérilla philosophique. Là où le professeur pontifie sur l’aliénation sans jamais affronter le système qui la produit, l’artiste la rend palpable. Là où l’un disserte sur «le mal», l’autre, comme Goya, grave l’horreur de la guerre dans Los Desastres. Là où l’un théorise «le temps», l’autre, comme Chadi Abdel Salam, le rend palpable, structurant comme dans La Momie.
L’artiste est l’héritier direct du philosophe-séditieux, du penseur en mouvement. Comme Ibn Khaldun parcourant les routes pour comprendre les mécanismes de l’histoire, l’artiste arpente les territoires mouvants de la sensibilité contemporaine. Il ne représente pas la pensée; il la fait. Avec ses mains, avec la matière, avec son corps. Il pense en sculptant, en filmant, en peignant. Il se souvient que la philosophie n’est pas une discipline, mais une intensité, un engagement total.
L’IA, nouveau champ de bataille
L’intelligence artificielle (IA), loin d’être une menace pour la pensée, est une gifle salutaire. Elle nous force à cesser de nous adorer nous-mêmes. Que vaut notre «génie créateur» face à une machine qui synthétise et compose ? Notre «libre arbitre» face à un algorithme qui prédit ? C’est une occasion unique de rejouer les grands débats philosophiques, non plus dans l’abstrait, mais dans le concret le plus brutal.
L’IA est le nouveau désert que nous devons traverser, la nouvelle géographie mentale où doivent s’engager nos pérégrinations, comme Ibn Khaldun en son temps. Elle nous interpelle dans la rue numérique : «Connais-toi toi-même, si tu l’oses encore.»
Pour un philosophe en permanente sédition
Le philosophe de demain doit cesser d’être un notaire du passé. Il doit redevenir un dissonant, un pirate des significations établies, un pèlerin du réel à la manière d’Ibn Khaldun. Il n’a pas de chaire, il a un atelier, un studio, un code à écrire, des routes à parcourir. Il est plasticien, cinéaste, poète ou codeur. Son œuvre n’illustre pas un concept; elle «est» le concept en acte. Sa mission n’est pas de répondre, mais de déranger, de créer des brèches dans le confort mental, de maintenir ouvertes les plaies du questionnement.
La philosophie n’est pas morte. Elle a simplement déserté les facultés pour rejoindre la résistance. Elle est dans le geste de l’artiste qui défie, dans le code du développeur qui interroge, dans le corps du danseur qui incarne, dans les pérégrinations de ceux qui, refusant le confort du bureau, vont chercher la pensée au cœur des turbulences du monde. Le vrai philosophe aujourd’hui n’est pas celui qui parle d’une vie qu’il ne vit pas. C’est celui qui se tait, serre les dents, et crée.
Marseille a marché. Pas seulement pour un hommage, mais pour dire non à la violence qui tue dans les rues, à la criminalité qui ronge la ville, à l’oubli qui tente d’effacer les vies fauchées. Samedi 22 novembre 2025, près de 7 000 personnes ont répondu à l’appel des Kessaci et ont participé à une marche blanche pour Mehdi, assassiné en plein jour, au cœur de Marseille.
Latif Belhedi
Le cortège, silencieux mais déterminé, avançait vers le rond-point Claudie Darcy, là où Mehdi a été tué. Des bougies, des œillets, des t-shirts blancs : autant de gestes symboliques qui transformaient la douleur en force collective. Les habitants de tous âges, de tous quartiers, marchaient côte à côte, partageant une même indignation.
Amine Kessaci, frère de Mehdi et militant écologiste engagé contre le narcotrafic, avait préparé un message enregistré. Sa voix, à la fois tendre et ferme, résonnait dans la foule : «Retenez son nom, mille fois répétez son nom, qu’il ne tombe pas dans l’oubli. Pour nos quartiers, pour nos familles, levons-nous. Debout ! Debout ! Debout !» Ce n’était pas seulement un hommage, mais un appel à la dignité et à la résistance.
Trop de familles pleurent en silence
La mère de Mehdi, Ouassila, a pris la parole. Sa voix, tremblante mais forte, a porté dans la foule : «Que direz-vous à vos enfants et à vos mères ? Sont-elles fières de vous comme je suis fière de mes enfants, de mon fils ?» Elle a dénoncé la violence qui frappe les innocents et la passivité des pouvoirs publics : «Trop d’innocents tombent ou sont tombés. Trop de familles pleurent en silence.» Des mots simples, directs, qui ont fait trembler le silence de la marche.
Marseille n’était pas là pour seulement rendre hommage. Elle était là pour montrer sa force, son refus de céder à la peur. Juliette, 52 ans, formatrice, témoigne : «À force d’abandonner nos quartiers, voilà ce qui arrive. Cette marche, c’est pour que nos enfants n’aient plus peur de marcher dehors.» Fabienne Vie, orthophoniste, ajoute : «Il y a deux Marseille : celle qui vit dans la violence et celle qui continue malgré tout. Il faut sortir de cette inconscience.»
Des responsables politiques, de la gauche à l’extrême droite, étaient présents, mais c’est la voix des habitants qui dominait. Benoît Payan, maire de Marseille, a rappelé que Mehdi avait été tué pour intimider sa famille : «Mais nous ne céderons pas à la peur.» Dans cette marche blanche, la peur n’avait pas sa place.
Le narcotrafic n’est pas un problème lointain, il est là, dans les rues, dans les familles. Sophie, venue de Champigny-sur-Marne, insiste : «Ce n’est pas seulement Marseille, c’est partout. Le narcotrafic gangrène notre société.»
Le symbole d’une ville debout
Amine Kessaci et les participants rappellent que la lutte contre la violence ne peut se réduire à la répression : elle exige prévention, justice sociale et solidarité.
La marche blanche s’est terminée par un recueillement au lieu où Mehdi a été assassiné. Fleurs et bougies ont été déposées, et les slogans de la famille résonnaient encore : «Pour nos vies, levons-nous. Plus d’égalité, moins de criminalité.» La douleur s’est transformée en force collective, la mémoire en symbole d’engagement.
Cette marche blanche a montré que Marseille refuse l’injustice. Mehdi Kessaci n’est plus seulement un nom, il est devenu le symbole d’une ville debout, d’une communauté qui refuse la peur et exige justice. Ce n’était pas seulement une marche : c’était un acte de résistance, une promesse que la vie, la mémoire et la dignité triompheront toujours sur la violence.
Né en 1644 à Iga-Ueno, au Japon, Bashô est poète et enseignant. Il s’adonne aux études de philosophie et à la pensée bouddhiste.
Bashô est considéré comme l’un des grands maîtres du haiku, poème en trois vers, forme brève qui se développe dès le 15e siècle.
A l’origine, le haiku, désigne un thème humoristique. Bashô le fait évoluer vers une écriture simple, inspirée largement de la nature, en suggérant un sens, dans un rapport métaphorique au monde, leçons de choses et de vie.
Il meurt en 1694 à Osaka et laisse plus de 2000 haikus.
Tahar Bekri
Elles vont bientôt mourir
Les cigales ; on ne s’en douterait pas
Lorsqu’on les écoute.
*
Moineau mon ami
Ne mange pas le taon
Qui se joue sur les fleurs
*
Détesté d’ordinaire,
Que le corbeau lui-même
Est beau les matins de neige !
*
Du cœur de la pivoine
L’abeille sort,
Avec quel regret !
*
Il mange les serpents,
M’a-t-on dit du faisan. Terrible
Me paraît maintenant son cri.
*
De temps en temps les nuages
Nous reposent
De tant regarder la lune.
« Anthologie de la poésie japonaise classique », traduction de G. Renondeau, Poésie/Gallimard.
Les exportations tunisiennes en produits textiles devraient dépasser les 7,5 milliards de dinars d’ici la fin de l’année 2025, et la Tunisie reste un fournisseur majeur de l’Union européenne en vêtements professionnels, avec plus de 9,7 millions d’articles exportés pour une valeur avoisinant un million d’euros.
C’est ce qu’a indiqué la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, lors de la célébration du 19ᵉ anniversaire de la création du Pôle de compétitivité Monastir-El Fejja, jeudi 20 novembre 2025, en souligné le saut qualitatif du secteur qui a atteint des niveaux d’excellence dans certaines filières, comme les produits denim, où notre pays se classe 4e fournisseur de l’UE pour avec une part de marché supérieure à 8%.
Ces performances ont contribué à faire de l’industrie nationale un moteur essentiel de l’économie, à soutenir la transition environnementale et à renforcer la position de la Tunisie sur les marchés internationaux, indique le ministère dans un communiqué.
Depuis sa création, le Pôle Monastir-El Fejja a favorisé l’attraction d’investissements dans divers secteurs industriels, apporté un appui technique aux industriels, aux chefs d’entreprise et aux porteurs de projets, et développé des services intégrés, notamment dans le textile.
Le pôle comprend une pépinière d’entreprises, un centre de l’industrie intelligente 4.0, un centre de ressources technologiques, ainsi que des laboratoires ouverts et d’analyse. Il regroupe, également, quatre zones industrielles d’appui, accueillant environ 56 entreprises et générant 11 000 emplois, avec 203 entreprises ayant acquis des parcelles et 28 autres projets en développement.
Le pôle a soutenu 60 startups, dont 90% ont poursuivi leur activité et accompagné 50 entreprises industrielles dans leur transition vers l’industrie intelligente 4.0. Il a, également, joué un rôle clé dans l’accompagnement des entreprises sur les volets de l’environnement, de l’énergie et de la transition vers l’économie verte, ainsi que de la propriété industrielle.
Un accord de partenariat a, par ailleurs, été signé entre la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH), le Pôle Monastir-El Fejja et le Centre technique du textile (Cettex), afin de renforcer la compétitivité du secteur, attirer davantage d’investissements et soutenir les industriels et les entreprises tunisiennes.
Les demandes de mise en liberté de certains prévenus détenus dans l’affaire dite du «réseau secret» du mouvement Ennahdha ont été rejetées, hier, vendredi 21 novembre 2025, par la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme auprès du tribunal de première instance de Tunis. qui a aussi décidé de reporter l’examen de l’affaire à janvier prochain.
La liste des prévenus comprend plus de trente personnes, parmi lesquelles l’ex-président de l’Assemblée et président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, l’ancien chef de gouvernement et secrétaire général du mouvement islamiste, Ali Larayedh, Kamel Bedoui, un ancien cadre sécuritaire, Fathi Bedoui, ainsi que d’autres prévenus en liberté ou en fuite.
Lors de l’audience d’hier, certains prévenus ont refusé de comparaître devant la chambre, notamment Ghannouchi, qui a boycotté plusieurs audiences relatives à ce procès et à d’autres dans lesquelles il est également cité. Des demandes de report ont été formulées, ainsi que des demandes de mise en liberté pour certains détenus et d’autres requêtes de forme, rapporte Mosaïque.
Après délibération, la chambre a décidé de rejeter les demandes de mise en liberté et de reporter l’examen de l’affaire au mois de janvier prochain.
Un méga-projet d’énergie solaire développé dans le désert de Tozeur, au sud-ouest de la Tunisie, par le groupe anglo-tunisien SoleCrypt, est destiné à alimenter les infrastructures de cloud et de centres de données de nouvelle génération pour les marchés britannique et européen d’ici 2027.
Selon l’annonce faite par l’ambassadeur britannique à Tunis, Roddy Drummond, le site T60 de Tozeur représente la première phase opérationnelle du projet : la sécurité du périmètre et l’installation du camp de base ont été achevées ces dernières semaines, ouvrant la voie aux premières opérations techniques.
Le premier module solaire, d’une capacité de 60 mégawatts, devrait être mis en service en 2027.
La centrale est conçue pour être modulaire, avec une capacité qui peut être multipliée plusieurs fois pour atteindre plusieurs centaines de mégawatts, dans le but de positionner la Tunisie dans le paysage régional des énergies renouvelables et des infrastructures numériques.
Au cœur du projet se trouve l’approvisionnement en énergie propre d’un futur centre de données «vert» situé dans le nord du pays, qui fonctionnera grâce à une électricité 100 % renouvelable.
SoleCrypt est une entreprise britannique possédant une filiale en Tunisie. Son objectif est de créer des centres de données alimentés par l’énergie photovoltaïque et optimisés pour l’efficacité énergétique, notamment grâce à des technologies de refroidissement liquide, afin de fonctionner dans des conditions climatiques extrêmes telles que celles du sud tunisien.
Cette nouvelle infrastructure s’inscrit dans une architecture plus vaste, comprenant une connexion au câble sous-marin Medusa, déjà installé à Bizerte, destinée à renforcer la connectivité entre la Tunisie, l’Europe et l’Afrique et à positionner le pays comme un hub numérique régional.
Le projet SoleCrypt est l’un des leviers que Londres entend actionner pour renforcer la coopération énergétique, la souveraineté numérique et l’investissement dans les services cloud à faible impact environnemental.
L’annonce de ce mégaprojet intervient dans un contexte d’accélération significative de la stratégie tunisienne en matière d’énergies renouvelables.
En mars, le gouvernement a autorisé la construction de quatre grandes centrales photovoltaïques, d’une capacité totale de 500 MW, confiées à des opérateurs internationaux tels que Qair, Voltalia et un consortium nippo-norvégien.
Ces projets devraient entrer en service à partir de 2027 et produire environ 5 % de l’électricité du pays. Ils s’inscrivent dans l’objectif officiel de porter la part des énergies renouvelables à 35 % du mix électrique d’ici 2030, contre une capacité solaire installée d’environ 500 MW fin 2023, selon les données de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables.
Carthage, ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, accueillera un événement scientifique exceptionnel, une conférence internationale consacrée à ses racines les plus anciennes, qui se tiendra dans cette le 27 novembre 2025.
La conférence, intitulée «Carthage et les cultures antiques de la Méditerranée. Recherche archéologique, formation et promotion du tourisme tuniso-italien. La mission INP-Sapienza à Dermech et sur la colline de l’Odéon» présentera les dernières découvertes de la mission archéologique conjointe de l’Institut national du patrimoine (INP) et de l’Université Sapienza de Rome, menée dans les nécropoles phéniciennes et puniques du site archéologique de cette ville dont le sous-sol regorge de vestiges antiques.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la coopération scientifique lancée en 2021 entre les deux institutions, qui renouvelle et renforce l’engagement de l’université italienne, sous l’impulsion de sa rectrice, Antonella Polimeni.
Cette coopération a permis la réalisation de quatre campagnes de fouilles, d’études et de mise en valeur dans la nécropole de Dermech, située dans le parc des thermes d’Antonin, et dans la nécropole de la colline de l’Odéon, au sein du site des «Villas romaines».
Une cité à la fois phénicienne et romaine
Les recherches ont mis au jour des zones funéraires phéniciennes et puniques méconnues ou peu documentées, offrant des perspectives importantes pour la reconstitution du rôle de la ville dans le réseau commercial de l’ancienne Méditerranée.
Les nécropoles de Dermech et de l’Odéon, souvent moins connues que les monuments carthaginois les plus visités, apparaissent ainsi comme des clés privilégiées pour comprendre la complexité d’une cité à la fois africaine et méditerranéenne, phénicienne et romaine, un pont entre les deux rives de la mer qui l’entoure encore aujourd’hui.
D’après les publications préliminaires de la mission, à Dermech, une nécropole datant principalement des VIIe et VIe siècles avant J.-C., des tombes à fosse et des chambres souterraines creusées dans la roche ont été mises au jour, contenant un mobilier funéraire comprenant des céramiques, des amulettes et des objets ornementaux. Le site s’étend sous des structures romaines et byzantines, au sein du parc des Thermes d’Antonin, et témoigne des pratiques funéraires des élites et des communautés urbaines durant la période archaïque de Carthage.
Carthage, de capitale d’un empire maritime à colonie romaine puis à grande métropole de l’Antiquité tardive.
Sur l’Odéon, dans le quartier archéologique des «Villas romaines», les fouilles les plus récentes se sont concentrées sur une nécropole punique datant des IVe et IIe siècles avant J.-C. Des archéologues tunisiens et italiens y ont identifié une zone funéraire monumentale, avec des tombes à chambre et des sépultures multiples, ainsi que des structures artisanales et des installations métallurgiques et céramiques datant de la seconde moitié du Ve siècle et du IVe siècle avant J.-C.
Les découvertes comprennent également une inscription punique mentionnant la divinité Kotar, associée à des activités métallurgiques, et un groupe de tombes hellénistiques contenant un riche mobilier funéraire, confirmant la dimension «cosmopolite» du monde punique et l’intensité des contacts avec la mer Égée et la Sicile.
La conférence du 27 novembre, annoncée sur les canaux de la mission et ceux des institutions participantes, vise à présenter au public tunisien et international un bilan des premières années de fouilles et à débattre de la place de Carthage dans le système des cultures antiques du centre-ouest de la Méditerranée.
La mission INP-Sapienza est dirigée par Mounir Fantar et Moez Achour pour la Tunisie et par Lorenzo Nigro pour l’Italie. Elle met l’accent sur la formation conjointe de jeunes archéologues et la promotion des sites auprès du public.
La conférence portera sur le dialogue naissant entre les données de fouilles et les grandes questions historiques : l’évolution du paysage funéraire entre les périodes phénicienne, punique et romaine; la circulation des artisans, des biens et des cultes entre le Levant, l’Afrique du Nord et les îles méditerranéennes.
Place de Carthage dans le réseau méditerranéen
La transformation de Carthage, de capitale d’un empire maritime à colonie romaine puis à grande métropole de l’Antiquité tardive, a été marquée par des études récentes, notamment l’analyse génétique de restes humains provenant de Dermech. Ces études ont montré que la population punique-carthaginoise était issue d’un mélange dense d’éléments nord-africains, siciliens et égéens, confirmant ainsi l’image d’une ville profondément enracinée dans les réseaux méditerranéens.
L’événement de Carthage s’inscrit dans la longue tradition de collaboration archéologique entre l’Italie et la Tunisie, qui a célébré cette année son 60e anniversaire. Cette collaboration repose également sur l’expérience de l’École archéologique italienne de Carthage et sur les importants programmes de recherche menés sur le site depuis le sauvetage par l’Unesco jusqu’à des périodes plus récentes.
Dans la continuité de cette tradition, la conférence du 27 novembre vise à démontrer comment les nouvelles technologies de fouilles, de documentation et d’analyse contribuent à une meilleure compréhension de la ville et de ses nécropoles, en reliant Carthage à d’autres capitales antiques de la Méditerranée, de Rome à la Sardaigne et à la péninsule Ibérique.
Le cycle de la vie est tel que chaque génération hérite des rêves et des désillusions de la précédente et chaque génération doit bâtir sur les ruines de la précédente. Quelle Tunisie et quel monde la génération de l’auteur, née autour des années 1950, lègue-t-elle à la génération Z actuelle ?
Sadok Zerelli *
Quand on atteint un certain âge, pour ne pas dire un âge certain, on a beaucoup de temps pour se poser des questions d’ordre métaphysique auxquelles on n’aurait jamais pensé quand on avait 30 ou même 50 ans, telles que : d’où je viens ? où je vais ? qu’ai-je fais de ma vie ? aurais-je pu mieux faire ? etc.
Parmi les questions qui me trottent quelquefois dans la tête figure la suivante : si j’avais le choix, aurais-je préféré être né en 1950 et faire partie de ma génération qu’on appelle les «baby-boomers» ou aurais-je préféré être né un demi-siècle plus tard soit vers l’an 2000 et faire partie de ce qu’on appelle la génération «Z» (et non pas Zut comme disait notre Président !) ?
Sachant que chaque génération a son lot de défis, de rêves et de désillusions, je partage ci-dessous quelques réflexions que m’inspirent cette question, qui ne prétendent nullement être objectives (chacun ou chacune aura sa réponse en fonction de son vécu) ni faire le tour d’un tel sujet qui se situe sur la frontière entre la sociologie, la philosophe et la psychologie sociale.
La génération des «baby-boomers»
Ma génération née autour de 1950, qu’on appelle les «baby-boomers» par référence au boom démographique qui a suivi la fin de la deuxième guerre mondiale, aujourd’hui à la retraite ou proches de l’être, a eu la chance de vivre dans un monde en pleine expansion, un monde qui croyait encore au progrès, à l’ascension sociale, à un avenir toujours meilleur.
Nous avons largement bénéficié de la rencontre des idées de deux hommes qui ont joué des rôles-clés dans la réussite nos vie, l’économiste anglais John Maynard Keynes et le président Habib Bourguiba.
Le premier, dans un célèbre ouvrage publié en 1936 (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie) a révolutionné la pensée économique en préconisant, contrairement à l’école néo-classique dominante à l’époque, l’intervention de l’Etat pour corriger les distorsions du marché par le recours à des investissements publics massifs, quitte à les financer par le recours au déficit budgétaire, et la redistribution de revenus grâce à une fiscalité progressive.
Ses idées ont été appliquée avec succès dans tous les pays occidentaux et se sont traduites par ce qu’on appelle encore aujourd’hui avec nostalgies, les «trente glorieuses», soit une trentaine d’années (environ de 1950 au début des années 1980, soit jusqu’à l’arrivée au pouvoir du duo conservateur Thatcher/Reagan respectivement en GB et aux USA qui ont mis fin à cette politique économique et l’ont remplacée par la mondialisation) durant lesquelles ces pays ont connu une croissance économique continue, le plein emploi et une amélioration significative des niveaux de vie et du bien-être général.
Le président Bourguiba, comme beaucoup de leaders de l’époque, a aussi mis en œuvre, probablement sans en connaître l’auteur, les idées keynésiennes de relance de l’activité économique par le lancement de grands travaux d’infrastructures et de la création de pôles de développement régionaux (raffinerie de pétrole à Bizerte, aciérie à Menzel Bourguiba, usine de cellulose à Kasserine, sucrerie à Béja, etc.) et de redistribution des revenus en faveur des classes sociales à faibles revenus qui ont, comme Keynes l’explique, une propension marginale à consommer beaucoup plus élevée que celle des riches, ce qui engendre selon la théorie keynésienne un «effet multiplicateur» des investissements plus grand, une croissance économique plus élevée et un chômage plus faible.
Toujours est-il que pour nous, les enfants de cette génération issus pour la plupart de familles pauvres et nombreuses, cette politique s’est traduite par une scolarité gratuite, des fournitures scolaires souvent gratuites aussi et quelquefois même une prise en charge totale par l’Etat dans les internats des lycées, ainsi que des bourses pour effectuer des études universitaires.
Mais c’est l’avènement de l’indépendance en 1956, grâce à Bourguiba, qui a été le plus bénéfique pour ma génération. En effet, le départ massif des Français qui s’en est suivi a laissé un tel vide dans les administrations et les entreprises qu’il suffisait d’avoir le moindre diplôme pour être recruté et faire une longue carrière.
C’est ainsi que personnellement et à titre d’exemple, avec une simple maîtrise en sciences économiques obtenue en 1972, j’avais le choix entre intégrer la BCT, l’UBCI ou l’ex-ministère du Plan, pour décider finalement de n’accepter aucune offre d’emploi et partir en France pour effectuer des études de troisième cycle et surtout en profiter pour découvrir le monde.
Il faut dire qu’à cette époque, il n’y avait ni visa Schengen, ni risque de VIH-Sida, ni attentats terroristes et qu’à cause du plein emploi régnant partout en Europe, il était très facile de trouver des jobs d’étudiants tels que réceptionniste dans un hôtel ou veilleur de nuit dans une station-service pour survivre sans avoir besoin d’une bourse de l’Etat ou de recevoir de l’argent de sa famille.
Bref, ma génération a passé sa jeunesse dans un monde qui se relevait, un monde où tout semblait à faire, à découvrir, à conquérir.
C’était le temps des luttes contre le colonialisme et l’impérialisme, de l’émancipation des peuples et l’égalité entre les femmes et les hommes, de la révolution sexuelle… C’était le temps où le progrès technologique signifiait d’abord confort, santé, mobilité. Ainsi, ma génération a connu la télévision triomphante, l’arrivée de l’électroménager, la conquête spatiale, les débuts de l’informatique, puis du numérique.
Sur le plan professionnel, nos études ouvraient sur des métiers stables, un salaire régulier, une retraite garantie. Même ceux qui, à l’époque, vivaient modestement pouvaient espérer mieux pour leurs enfants.
Certes, ma génération n’a pas vécu dans un paradis. Nous avons affronté des crises, telle que la crise pétrolière des années 1973, des révolutions sociales telles que la «la révolte du pain» en 1984, des procès politiques pour les plus politiquement engagés contre la monopolisation du pouvoir par Bourguiba.
Le progrès n’a pas tout réglé. Mais il a permis d’espérer, de construire, d’essayer. Les carrières étaient longues, souvent monotones, mais elles existaient. Le chômage n’était pas une épée permanente. Les retraites étaient solides. La société, même imparfaite, offrait une structure, un socle, un espace vital pour construire une vie familiale.
La génération Z
La génération Z est celle qui est née entre le début des années 1990, début du phénomène de la mondialisation, et les années 2010, plus exactement avant l’avènement de la crise de 2008, souvent appelée «crise des surprimes», dans un monde dominé sur le plan de la pensée économique par les idées néo-libérales de l’économiste monétariste américain Milton Friedman, conseiller économique de Ronald Reagan.
Cette crise était la plus grave depuis celle de 1929 et s’est traduite par la faillite de plusieurs grandes banques internationales, l’effondrement de la croissance économique mondiale et l’explosion du chômage (pour un aperçu sur l’histoire de la pensée économique, voir mon article publié dans Kapitalis intitulé : Quel modèle de développement économique pour la Tunisie de Kais Saïd ?).
A cause des conséquences de cette crise, la génération Z a grandi, étudié et travaille — ou cherche à le faire — dans un contexte de fragmentation constante. L’information est partout, mais la cohérence nulle part. L’avenir est au bout des doigts, mais instable comme une connexion Wifi.
La révolution numérique lui offre certes une liberté quasi illimitée — mais avec une solitude accrue, un culte de la performance, une exposition permanente au regard social. Le prix de la liberté, c’est souvent le doute et l’épuisement.
Cette génération a moins de sécurité matérielle, mais plus de conscience critique et de libertés individuelles (identité, genre, expression, mobilité).
Elle vit dans la crise perpétuelle : climatique, économique, politique, sanitaire. Elle doit jongler entre des diplômes de plus en plus exigeants et un marché du travail de plus en plus précaire. Elle hérite d’un monde en surchauffe, fracturé, endetté. Un monde qu’elle doit «réparer» alors même qu’elle cherche à «se réaliser».
Ce que nous avons bâti matériellement, ils le questionnent. Ce que nous avons sécurisé socialement, ils le vivent comme fragile. Ce que nous avons cru durable, ils le voient en ruine.
Le mea-culpa de ma génération
Bien que n’ayant jamais occupé poste de responsabilité dans une administration ou une entreprise quelconque, ayant eu une carrière d’enseignant universitaire suivie par celle de consultant international, je me dois de présenter au nom de toute ma génération un mea-culpa pour toutes les erreurs de décisions commises que la génération Z doit réparer ou en payer le prix.
Nous avons souvent confondu le «mieux vivre» avec le «plus avoir» et nous avons trop souvent vécu sous le masque des apparences. C’était à qui construisait la plus belle villa à El Menzah ou à Hammamet, roulait dans la plus belle voiture, portait les vêtements les plus chics, etc.
Nous avons cru que la croissance économique pouvait tout résoudre et nous avons confondu confort et bonheur, technologie et sagesse.
Nous avons bâti une société de fausse abondance sans voir qu’elle consommait les maigres ressources du pays et détruisait l’environnement.
Nous laissons des mers et des plages polluées, comme à Gabès, Sfax etc., des forêts détruites, un climat déréglé, et des inégalités régionales et sociales plus profondes qu’avant.
Nous devons l’humilité d’admettre que notre modèle de développement n’était pas durable.
Sur le plan politique, ma génération a volé votre révolution de 2011, en a confisqué les fruits et vous laisse un système où le manque de liberté n’a d’égal que l’incertitude de l’avenir.
Et maintenant, vous, la génération Z, devez avancer dans un univers sans repères fixes et réparer les dégâts que nous avons causés à notre chère Tunisie par notre aveuglement, notre égoïsme sans limites et notre soif de consommation et de monopole du pouvoir.
Le mot de la fin
Ma génération a connu la montée en puissance du monde matériel, la génération Z vit l’épuisement du modèle. Ma génération a bâti, la génération Z doit réparer.
Si j’ai un conseil à donner à la génération Z je dirai ceci : ne rejetez pas tout ce que nous avons été et prenez ce qu’il y a eu de bon – la solidarité, la curiosité, l’ambition – et transformez-le.
Vous êtes la génération du doute, mais aussi celle de la vérité, le miroir de nos erreurs, mais aussi peut être la promesse de notre rédemption.
Chaque génération hérite des rêves et des désillusions de la précédente et chaque génération doit bâtir sur les ruines de la précédente, ainsi va le monde !
* Economiste universitaire et consultant international.
Les ministres et les représentants des principaux pays producteurs d’huile d’olive et d’olives de table réaffirment l’importance stratégique du secteur de l’huile d’olive à Cordoue, jeudi 20 novembre 2025.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’olivier, 28 pays producteurs et exportateurs d’huile d’olive et d’olives de table et deux organisations internationales ont discuté, le 120 novembre 2025, à Cordoue, en Espagne, des opportunités et des défis du secteur oléicole mondial.
La Tunisie a été représentée à cette réunion par Ezzeddine Ben Cheikh, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la pêche.
Au cours de cette réunion, les délégations ont également approuvé la déclaration de Cordoue, un document promu par le ministère espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation et le Conseil oléicole international (COI), qui établit des priorités et principes communs en matière de durabilité, de santé, de commerce et de coopération internationale.
La réunion, qui s’est tenue au Palais de la Merced, était présidée par le ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation, Luis Planas, le directeur exécutif du COI, Jaime Lillo, et le président de la Province de Cordoue, Salvador Fuentes.
Des ministres de l’Agriculture et du Commerce, des représentants diplomatiques et des représentants d’entités internationales telles que la Commission européenne et le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam) ont participé à la réunion.
Le ministre Planas a souligné que le secteur de l’huile d’olive est aujourd’hui un exemple de coopération internationale basée sur des relations multilatérales d’amitié et de confiance, visant à garantir la qualité des huiles d’olive et à faciliter le commerce international d’un produit essentiel au régime méditerranéen. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération technique entre les pays participants afin d’avancer de manière coordonnée, transparente et avec des garanties qui répondent à la fois aux attentes du secteur et aux exigences des consommateurs.
M. Lillo a souligné que la qualité et la confiance sont essentielles à l’expansion continue de l’oléiculture sur les cinq continents. «La promotion d’un cadre réglementaire commun facilite non seulement le commerce international, mais protège également les droits des consommateurs. C’est une tâche que le Conseil oléicole international continuera à mener avec rigueur scientifique, en encourageant le dialogue, la coopération technique et l’innovation », a-t-il déclaré.
La déclaration reconnaît également le rôle environnemental de l’oliveraie et soutient les études scientifiques et les pratiques qui maximisent sa capacité à absorber et à stocker le CO₂ et sa contribution à l’atténuation des effets du changement climatique.
Actuellement, les oliveraies représentent plus de onze millions d’hectares de forêts cultivées, capables d’absorber environ 4,5 tonnes de CO₂ par hectare chaque année.
En outre, plus de 1 000 études scientifiques ont démontré que la consommation régulière d’huile d’olive vierge extra réduit le risque de maladies cardiovasculaires, métaboliques et neurodégénératives.
Des essais tels que Predimed ont permis de confirmer qu’un régime méditerranéen riche en huile d’olive réduit de 30 % l’incidence des maladies cardiaques. L’intégration de l’huile d’olive dans les stratégies de santé publique est donc un autre point de la Déclaration.
Enfin, les ministres et les représentants sont convenus de l’importance de renforcer la collaboration avec les chefs cuisiniers, les restaurateurs et les écoles hôtelières pour promouvoir les connaissances des consommateurs en matière d’huile d’olive et d’olives de table.
Les actions futures porteront sur la diffusion d’informations sur les normes de qualité, la diversité des variétés et de leurs origines, les propriétés nutritionnelles, les profils gustatifs et les applications culinaires des produits de l’olivier, et la promotion d’une culture gastronomique basée sur la connaissance et l’excellence.
La sexualité«tunisienne», plus qu’un ensemble de pratiques ou de croyances, est d’abord un univers de mots. Ces mots, chargés d’histoire et de représentations, en disent long sur la manière dont la société pense, vit et ressent la sexualité.
AdnèneKhaldi *
Le dialecte tunisien, riche et imagé, porte ainsi une véritable parlure sexuelle, une manière de dire (ou de ne pas dire) le sexe, où chaque mot agit, contraint, ou libère.
Si, comme le suggérait Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf, la langue ne se contente pas de nommer le monde mais le structure, alors il est essentiel de comprendre ce que notre parlure fait à la sexualité. Et si, comme l’a montré J. L. Austin, certaines paroles sont performatives: elles ne décrivent pas une réalité mais la font advenir.
Les mots de la sexualité tunisienne sont bien plus que des reflets : ils sont des actes. J’ai choisi une série de mots souvent employés (ils ne sont ni exhaustifs ni exclusifs) pour exprimer notre façon de concevoir et de vivre notre sexualité.
«M’kassra» : la cassure comme définition de la féminité sexuelle
Dans la parlure tunisienne, dire qu’une fille est m’kassra (مكسّرة) signifie qu’elle a perdu sa virginité. Le mot, littéralement «cassée», condense à lui seul tout un imaginaire : la sexualité féminine comme une blessure ou comme une fracture, ce mot marque un passage du «pur» à l’«abîmé».
Le mot m’kassra (مكسّرة) n’est pas qu’un stigmate individuel, mais un instrument de régulation sociale. Elle fonctionne comme un mot de terreur, une arme linguistique qui assure la préservation du contrôle patriarcal sur le corps féminin. Un simple mot capable de dissuader, de faire taire, de maintenir la peur.
En Tunisie, ce terme ne nomme pas un acte, il installe une menace. Il fonctionne comme un régulateur du désir féminin, une manière de préserver l’honneur familial et patriarcal à travers la peur du mot lui-même.
Dire ou entendre m’kassra, c’est activer tout un système d’exclusion : la fille ainsi nommée devient symboliquement brisée et socialement périmée.
Ce choix lexical n’est pas anodin. Il fonde symboliquement une sexualité féminine sous le signe du dommage, ce n’est pas que le corps qui est brisé mais c’est le plus profond de l’être qui est ravagé. M’kassra devient la nouvelle identité de la fille.
Dans une telle représentation, la pénétration devient un acte potentiellement destructeur, et la femme, un être «altéré» par le sexe. Ce discours n’est pas sans répercussions cliniques : le vaginisme, par exemple, peut être compris comme une inscription corporelle de ce même imaginaire. Le corps «refuse» l’ouverture, car celle-ci est associée à la douleur, à la perte, à la rupture. Ainsi, le langage ne décrit pas la peur du sexe — il la produit.
«Jâtik/Jetni» : l’orgasme passif et l’écho de l’éjaculation précoce ou de l’anorgasmie
Autre expression : jâtik ou jetni (جاتك / جاتني), littéralement «elle t’est venue / elle m’est venue». Dans la parlure intime, cette tournure signifie «j’ai joui» ou «j’ai eu un orgasme».
Ici encore, la sexualité se dit à travers la passivité grammaticale. Le plaisir n’est pas fait ni atteint, il arrive. Il arrive d’où ? D’en haut, d’en bas ? Le sujet ne dit pas «j’ai joui», mais «il est venu à moi», comme si la jouissance était une visite imprévisible, un phénomène qui échappe à la volonté. Le plaisir est quelque chose qui arrive, qui vient de l’extérieur, non un acte volontaire.
Cette passivité linguistique se retrouve dans deux troubles sexuels :
chez l’homme, l’éjaculation précoce, décrite comme une perte de contrôle — «ça m’est venu trop vite».
chez la femme, l’anorgasmie, où le plaisir ne «vient» jamais.
Dans les deux cas, le langage offre le même schéma : le sujet sexuel ne fait pas, il subit. En termes austiniens, ces mots sont performatifs : dire «elle m’est venue» ne fait pas que décrire l’expérience, cela inscrit le plaisir dans un régime d’impuissance et d’attente. Le plaisir est une visitation, pas une construction partagée. On peut toutes fois lui accorder du crédit positif : Elle ouvre aussi la possibilité d’une lecture magique et poétique du plaisir : quelque chose «vient», non comme un accident, mais comme une grâce. Dans cette perspective, jâtik témoigne d’une forme de sublimation du plaisir, comme s’il s’agissait d’un don venu d’ailleurs — de l’amour, du corps, du destin. Là où la langue française dirait «j’ai eu un orgasme», expression clinique et volontariste, le dialecte tunisien propose une expérience du plaisir traversée par le mystère. Dans Histoire de la sexualitéFoucault distingue deux régimes historiques du savoir sur le sexe :
l’ars erotica, propre aux cultures orientales, chinoises, indiennes, arabes ou gréco-romaines, repose sur une sagesse du plaisir : le corps est un lieu de connaissance, le plaisir une expérience à cultiver, à affiner, parfois initiatique;
la scientia sexualis, propre à l’Occident moderne, privilégie la parole de la vérité : on confesse, on analyse, on pathologise le sexe.
L’un valorise le secret et la jouissance maîtrisée ; l’autre, la vérité et le discours scientifique. Le mot jâtik s’inscrit dans une ambivalence entre ces deux régimes. D’un côté, il illustre la passivité et le non-contrôle de la scientia sexualis tunisienne. Un imaginaire façonné par la honte, la crainte du corps, la médicalisation du plaisir. Mais de l’autre, dans sa charge magique et poétique, jâtik résonne avec l’ars erotica : le plaisir y est une visitation, une grâce qui «vient». Une énergie qui traverse le corps plus qu’elle n’est produite par lui.
Ainsi, la langue populaire tunisienne conserve, malgré la répression et la moralisation du sexe, des traces d’une ancienne érotique du mystère. Cette survivance linguistique du jâtik rappelle la logique de l’ars erotica :
le plaisir ne se dit pas, il se transmet;
il n’est pas maîtrisé, il est reçu;
il ne relève pas du discours de vérité, mais de l’expérience initiatique.
Ainsi, la parlure tunisienne oscille entre le contrôle et l’abandon, entre la peur de perdre la maîtrise et la fascination pour ce qui, dans le désir, échappe.
«Îja naʿmlū wāḥed» : l’un indicible
En Tunisie, dire «je veux faire l’amour» est presque impossible. La phrase n’existe pas dans la conversation ordinaire : elle serait perçue comme obscène, frontale, voire arrogante. Le désir ne se dit jamais directement, il se détourne.
Ainsi, pour inviter à la sexualité, on recourt à une infinité de subterfuges linguistiques : îja naʿmlū wāḥed («viens, on en fait un»), nḥibb nkūn mʿāk chwaya («j’aimerais être un peu avec toi»), nḥibb nshūfek («j’ai envie de te voir»), ou encore des silences, des gestes, des métaphores partagées.
Ce réseau d’euphémismes ne traduit pas seulement une pudeur morale : il exprime une impossibilité symbolique de nommer l’acte. L’amour charnel reste toujours voilé, glissé sous d’autres mots, comme si la langue devait protéger l’acte du regard social.
Dans la parlure tunisienne, on dit souvent : îja naʿmlū wāḥed (إيجا نعملو واحد) — «viens, on fait un». L’«un», ici, désigne l’acte sexuel sans jamais le nommer. Le sexe devient un chiffre, une abstraction. Ce glissement numérique est fascinant : il montre comment, dans une culture où le sexe reste tabou, la langue contourne la sexualité par un code, un euphémisme radical. Mais ce silence a un prix. En effaçant le mot, on efface aussi la possibilité d’en parler, de le penser, de le négocier, de le désirer autrement. Le sexe devient une opération, une parenthèse, un un à faire, pas à vivre.
«Sinn el-ya’s» : l’âge du désespoir ou la mise à mort symbolique du désir
Dans le dialecte tunisien comme dans l’arabe classique, l’expression sinn el-ya’s (سنّ اليأس) désigne la ménopause. Littéralement, elle signifie «l’âge du désespoir». Ce choix lexical n’est pas neutre : il inscrit la fin de la fécondité biologique dans le champ du tragique, du renoncement et de la perte. Dire d’une femme qu’elle est«entrée dans l’âge du désespoir», c’est bien plus que constater une transformation hormonale : c’est formuler un arrêt symbolique du désir, une mort sociale du corps érotique.
Dans une culture où la féminité reste souvent associée à la fertilité, le mot lui-même agit comme un acte performatif au sens d’Austin : il ne se contente pas de décrire un état, il le produit. La femme ménopausée n’est plus seulement «sans règles», elle devient, par la parole, hors du champ du désir. C’est une performativité du deuil : le mot clôt le corps avant même que celui-ci n’ait cessé d’être désirant.
Sous l’angle de l’hypothèse de Sapir-Whorf, sinn el-ya’s façonne la pensée : en liant le vieillissement à la désespérance, la langue rend presque impensable une sexualité épanouie après la ménopause. Ainsi, le langage ne dit pas seulement le désespoir mais le prescrit.
Parlure, performativité et inconscient culturel
Ces quatre expressions : meksra, jâtik, îja naʿmlū wāḥed et sinn el-ya’s, forment la trame d’une parlure sexuelle tunisienne où le corps est traversé par le silence, la honte ou la passivité.
Dans cette parlure, la sexualité est blessure, la jouissance est accident, et l’acte sexuel est innommable. Le langage n’est pas ici un simple reflet du réel : il est son architecte inconscient. Il modèle la psyché, il trace les limites du dicible et fabrique les symptômes. Le vaginisme, l’éjaculation précoce ou l’anorgasmie ne sont plus alors de simples troubles fonctionnels, mais des effets de langue. C’est un trou dans le symbolique ou un raté de la nomination. Ainsi s’installe une véritable forclusion symboliquedu sexe (Lacan, 1957) : la sexualité ne parvient pas à entrer pleinement dans l’ordre du langage. Le corps, alors, prend le relais.
Conclusion : dire pour exister
Si chaque culture a sa manière de parler le sexe, la Tunisie porte dans son dialecte une tension singulière entre désir et interdiction, entre mot et silence. Étudier ces mots, c’est donc explorer les frontières invisibles du possible et du permis. Nommer la sexualité, c’est déjà la libérer un peu. Et peut-être que le premier geste de la sexologie tunisienne contemporaine n’est pas de diagnostiquer, mais de réhabiliter la parole, d’ouvrir la bouche là où la langue a trop longtemps chuchoté.
Donald Trump a proposé un plan en 28 points pour mettre fin au conflit russo-ukrainien. Ce plan, ébruité vendredi 21 novembre 2025, et dont nous reproduisons ci-dessous l’essentiel, reprend les principales exigences formulées par la Russie depuis le début de l’invasion du territoire de son voisin, au printemps 2022. Il a été préparé sans la participation des Ukrainiens ni des Européens qui les soutiennent et Washington y accepte pratiquement toutes les exigences du Kremlin.
Habib Glenza
Dans le cadre de ce plan, l’Ukraine recevrait des garanties de sécurité sans troupes de l’Otan sur son sol et les Etats-Unis compensés en retour. Par ailleurs, l’Union européenne (UE) aurait un rôle marginal et limité dans cette paix. En accueillant l’Ukraine dans son marché, elle en assumerait le coût.
Les actifs russes gelés, majoritairement détenus dans les pays européens, seraient utilisés principalement par les Etats-Unis, a concurrence de 100 milliards de dollars, qui serviraient à financer les efforts de construction et d’investissement en Ukraine, investissements dont la part de Washington s’élèverait à 50%. Le reste des fonds financerait des investissements russo-américains, tandis que l’Europe mettrait sur la table une enveloppe de 100 milliards de dollars.
La mise en œuvre de ce plan serait être assuré par Conseil de paix, sous la supervision du M. Trump lui-même.
Les 28 points du plan de paix sont les suivants:
1. la souveraineté de l’Ukraine sera confirmée;
2. un accord de non-agression complet et exhaustif sera conclu entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe. Toutes les ambiguïtés des 30 dernières années seront considérées comme réglées;
3. il est prévu que la Russie n’envahisse pas les pays voisins et que l’Otan ne s’étende pas davantage [à l’est];
4. un dialogue sera organisé entre la Russie et l’Otan, avec la médiation des États-Unis, afin de résoudre toutes les questions de sécurité et de créer les conditions propices à une désescalade, dans le but de garantir la sécurité mondiale et d’accroître les possibilités de coopération et de développement économique futur;
5. l’Ukraine bénéficie de garanties de sécurité fiables;
6. le nombre des forces armées ukrainiennes sera réduit à 600 000 soldats;
7. l’Ukraine accepte d’inscrire dans sa constitution qu’elle ne rejoindra pas l’Otan, et l’Otan accepte d’inclure dans ses statuts une disposition stipulant que l’Ukraine ne sera pas admise à l’avenir;
8. l’Otan accepte de ne pas stationner de troupes en Ukraine;
9. des avions de combat européens seront stationnés en Pologne;
10. la garantie américaine :
– les États-Unis recevront une compensation pour cette garantie;
– si l’Ukraine envahit la Russie, elle perdrait cette garantie;
– si la Russie envahit l’Ukraine, outre une réponse militaire coordonnée décisive, toutes les sanctions internationales seront rétablies, la reconnaissance du nouveau territoire et tous les autres avantages de cet accord seront révoqués;
– si l’Ukraine lance un missile sur Moscou ou Saint-Pétersbourg sans raison valable, la garantie de sécurité serait considérée comme nulle et non avenue;
11. l’Ukraine est éligible à l’adhésion à l’Union européenne et bénéficiera d’un accès préférentiel à court terme au marché européen pendant que cette question est examinée;
12. un ensemble de mesures mondiales puissantes pour reconstruire l’Ukraine, comprenant notamment, mais sans s’y limiter :
a. la création d’un Fonds de développement ukrainien destiné à investir dans les secteurs à forte croissance, notamment les technologies, les centres de données et l’intelligence artificielle;
b. les États-Unis coopéreront avec l’Ukraine pour reconstruire, développer, moderniser et exploiter conjointement les infrastructures gazières ukrainiennes, y compris les gazoducs et les installations de stockage;
c. efforts conjoints pour réhabiliter les zones touchées par la guerre en vue de la restauration, de la reconstruction et de la modernisation des villes et des zones résidentielles, et développement des infrastructures;
e. extraction de minéraux et de ressources naturelles;
f. la Banque mondiale mettra au point un programme de financement spécial pour accélérer ces efforts;
13. la Russie sera réintégrée dans l’économie mondiale :
a. la levée des sanctions sera discutée et convenue par étapes et au cas par cas;
b. les États-Unis concluront un accord de coopération économique à long terme pour le développement mutuel dans les domaines de l’énergie, des ressources naturelles, des infrastructures, de l’intelligence artificielle, des centres de données, des projets d’extraction de métaux rares dans l’Arctique et d’autres opportunités commerciales mutuellement avantageuses;
c. la Russie sera invitée à rejoindre le G8;
14. les fonds gelés seront utilisés comme suit : 100 milliards de dollars provenant des actifs russes gelés seront investis dans les efforts menés par les États-Unis pour reconstruire et investir en Ukraine. Les États-Unis recevront 50% des bénéfices de cette opération. L’Europe ajoutera 100 milliards de dollars afin d’augmenter le montant des investissements disponibles pour la reconstruction de l’Ukraine. Le reste des fonds russes gelés sera investi dans un train d’investissement américano-russe distinct qui mettra en œuvre des projets communs dans des domaines spécifiques. Ce fonds aura pour objectif de renforcer les relations et d’accroître les intérêts communs afin de créer une forte incitation à ne pas revenir au conflit;
15. un groupe de travail conjoint américano-russe sur les questions de sécurité sera créé afin de promouvoir et de garantir le respect de toutes les dispositions du présent accord;
16. la Russie inscrira dans sa législation sa politique de non-agression envers l’Europe et l’Ukraine;
17. les États-Unis et la Russie conviendront de prolonger la validité des traités sur la non-prolifération et le contrôle des armes nucléaires, y compris le traité Start I;
18. l’Ukraine accepte d’être un État non nucléaire conformément au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires;
19. la centrale nucléaire de Zaporijia sera mise en service sous la supervision de l’AIEA, et l’électricité produite sera répartie à parts égales entre la Russie et l’Ukraine (50/50);
20. Les deux pays s’engagent à mettre en œuvre des programmes éducatifs dans les écoles et la société visant à promouvoir la compréhension et la tolérance des différentes cultures et à éliminer le racisme et les préjugés;
a. l’Ukraine adoptera les règles de l’Union européenne en matière de tolérance religieuse et de protection des minorités linguistiques;
b. les deux pays conviendront d’abolir toutes les mesures discriminatoires et de garantir les droits des médias et de l’éducation ukrainiens et russes;
c. Toute idéologie et activité nazies doivent être rejetées et interdites;
21. Territoires :
a. la Crimée, Louhansk et Donetsk seront reconnues comme russes de facto, y compris par les États-Unis;
b. Kherson et Zaporijia seront gelées le long de la ligne de contact, ce qui signifiera une reconnaissance de facto le long de la ligne de contact;
c. la Russie renoncera aux autres territoires convenus qu’elle contrôle en dehors des cinq régions;
d. les forces ukrainiennes se retireront de la partie de l’oblast de Donetsk qu’elles contrôlent actuellement, et cette zone de retrait sera considérée comme une zone tampon démilitarisée neutre, internationalement reconnue comme territoire appartenant à la Fédération de Russie. Les forces russes n’entreront pas dans cette zone démilitarisée;
22. après s’être mises d’accord sur les futurs arrangements territoriaux, la Fédération de Russie et l’Ukraine s’engagent à ne pas modifier ces arrangements par la force. Aucune garantie de sécurité ne s’appliquera en cas de violation de cet engagement;
23. la Russie n’empêchera pas l’Ukraine d’utiliser le Dniepr à des fins commerciales, et des accords seront conclus sur le libre transport des céréales à travers la mer Noire;
24. un comité humanitaire sera créé pour résoudre les questions en suspens :
a. tous les prisonniers et corps restants seront échangés sur la base du principe «tous pour tous».
b. tous les détenus civils et otages seront libérés, y compris les enfants;
c. un programme de réunification familiale sera mis en œuvre;
d. des mesures seront prises pour soulager les souffrances des victimes du conflit;
25. l’Ukraine organisera des élections dans 100 jours;
26. toutes les parties impliquées dans ce conflit bénéficieront d’une amnistie totale pour leurs actions pendant la guerre et s’engagent à ne faire aucune réclamation ni à examiner aucune plainte à l’avenir;
27. cet accord sera juridiquement contraignant. Sa mise en œuvre sera surveillée et garantie par le Conseil de paix, présidé par le président Donald J. Trump. Des sanctions seront imposées en cas de violation;
28. une fois que toutes les parties auront accepté ce mémorandum, le cessez-le-feu prendra effet immédiatement après le retrait des deux parties vers les points convenus pour commencer la mise en œuvre de l’accord.
Le Centre pour le respect des libertés et les droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) a fermement condamné «les restrictions et les atteintes systématiques à la liberté de la presse perpétrées par le régime autoritaire de Kaïs Saïed, ainsi que les poursuites judiciaires illégitimes et illégales engagées contre les journalistes.»
Dans un communiqué intitulé «Une profession en danger : la répression contre les journalistes», publié le 21 novembre 2025, au lendemain du mouvement national de protestation lancé sur l’esplanade gouvernementale de la Kasbah, par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), pour dénoncer «l’intensification des atteintes à la liberté de la presse» dans le pays, l’Ong tunisienne basée en France a rappelé les slogans scandés par les journalistes, «venus en nombre malgré les pressions, en brandissant la carte professionnelle 2024, devenue symbole de leur exclusion administrative, et en levant le bandeau rouge, signe de résistance collective.»
Ces slogans étaient «Liberté pour la presse tunisienne», «Non au décret 54» sur la base duquel beaucoup de journalistes et d’activistes ont été condamnés à des peines de prison pour des délits d’opinion, ou encore «Le journalisme n’est pas un crime».
Tout en exprimant sa pleine solidarité avec les journalistes tunisiens et leur syndicat, le CRLDHT a appelé, dans le même communiqué, à «la libération immédiate de tous les journalistes emprisonnés pour l’exercice de leur profession — à commencer par Sonia Dahmani, symbole national et international de résistance — ainsi qu’à la levée de toutes les restrictions administratives» au travail des journalistes.
Des dizaines de journalistes ont été ou sont poursuivis pour l’exercice de leur profession, rappelle l’ONG. Qui ajoute : «Les bases légales invoquées varient : des crimes terroristes jusqu’au funeste article 24 du décret-loi 54/2022, en passant par des incriminations du code pénal telles que l’outrage au président de la République. Mais le décret-loi 54 reste l’outil de répression le plus utilisé — alors même qu’il n’est pas applicable aux journalistes, qui sont pénalement régis par le décret-loi 115/2011, un texte plus spécifique mais totalement ignoré par le ministère public et, plus grave encore, par les tribunaux.»
Une première apparition, un premier succès : le premier fourgon 100 % électrique de Kia, le PV5, élu à l’unanimité par 26 journalistes internationaux spécialisés dans les véhicules utilitaires, remporte la distinction la plus prestigieuse du secteur LCV : l’International Van of the Year 2026.
Kia Corporation vient d’annoncer que son PV5 100 % électrique a été sacré International Van of the Year 2026 (Ivoty), une première historique pour la marque et pour un constructeur coréen.
Le prix a été remis le 19 novembre 2025 lors du gala Ivoty durant Solutrans 2025 à Lyon, en France, à la suite d’une décision unanime de 26 journalistes spécialisés du monde entier.
Créé en 1992, Ivoty est reconnu comme le prix mondial le plus prestigieux dans le secteur des véhicules utilitaires légers (LCV). Les lauréats sont sélectionnés sur la base d’une évaluation complète de leur contribution à l’amélioration de la productivité réelle et de l’évolution du segment LCV, selon des critères tels que l’innovation technologique, l’efficacité opérationnelle, la sécurité et la performance environnementale.
Le Kia PV5 s’est distingué par ses performances exceptionnelles, surpassant six autres concurrents. Il marque également une avancée majeure en devenant le premier fourgon électrique d’Asie et le premier modèle coréen à recevoir cette distinction, faisant de Kia seulement la deuxième marque asiatique récompensée en 34 ans de compétition.
Innovation, efficacité et polyvalence
«Félicitations à Kia pour avoir remporté le prestigieux 34e titre d’International Van of the Year», a déclaré Jarlath Sweeney, président du jury Ivoty. Et d’ajouter : «Le Kia PV5 100 % électrique établit une nouvelle référence en matière d’innovation, d’efficacité et de polyvalence dans le segment des véhicules utilitaires légers. Il associe zéro émission, praticité et modularité, redéfinissant ainsi ce que les entreprises attendent d’un fourgon moderne. Kia a longtemps été reconnu pour ses véhicules primés, et désormais sa division utilitaire frappe tout aussi fort.»
S’appuyant sur le leadership mondial de Kia dans l’électrification — déjà récompensé par les titres de World Car of the Year pour les EV6 et EV9 — le PV5 fixe un nouveau standard dans le secteur utilitaire, confirmant la vision de la marque pour une mobilité électrique étendue à plusieurs segments.
En réaction à cette reconnaissance, Ho Sung Song, président & Ceo de Kia Corporation, a déclaré : «Kia a toujours été à l’avant-garde de l’innovation électrique, et le PV5 porte cette expertise dans l’univers des véhicules utilitaires avec une véritable ambition. Nous avons développé le PV5 en nous appuyant sur l’écoute active de nos clients professionnels et en nous concentrant sur un véhicule à la fois pratique et fidèle à l’ADN de Kia, avec un design moderne et fonctionnel. De plus, le PV5 innove dans la production traditionnelle LCV grâce à notre système de fabrication intégrée par chaîne et cellule, permettant un processus d’adaptation environnementale. Voir le PV5 élu International Van of the Year dès sa première année est un immense honneur, qui renforce notre conviction que Kia peut redéfinir ce segment et façonner l’avenir d’une mobilité professionnelle intelligente, durable et électrique. »
Ingénierie, design et praticité
Marc Hedrich, président & Ceo de Kia Europe, ajoute : «Remporter le prestigieux International Van of the Year Award est un immense honneur et un signe fort envoyé par des journalistes parmi les plus respectés du secteur LCV, d’autant plus que les premiers véhicules arrivent tout juste en Europe. Bien que nouveau sur le marché utilitaire, ce prix confirme la capacité de Kia à offrir ingénierie, design et praticité afin de renforcer notre position de fournisseur de solutions de mobilité. Nous remercions sincèrement les jurés IVOTY pour cette reconnaissance ainsi que tous les collaborateurs Kia pour leur engagement. »
Le 38e Marathon Comar deTunis-Carthage se tiendra le 30 novembre 2025, avec la participation attendue de plus de 10 000 athlètes (contre 8049 en 2024), dont 1500 étrangers (contre 1058 en 2024), issus de 50 pays (contre 45 en 2024), auxquels s’ajouteront autant de spectateurs et de visiteurs, tunisiens et étrangers.(Ph. Les maillots officiels des différentes courses)
Imed Bahri
Ces statistiques, présentées lors de la conférence de presse organisée ce vendredi 21 novembre par les responsables des Assurances Comar, qui organisent cet événement sportif annuel majeur depuis 1996 (avec deux seules années d’interruption en 2020 et 2021 pour cause d’épidémie de Covid 19), montrent l’importance que revêt désormais cet événement sportif inscrit sur le calendrier international de l’AIMS et de World Athletics.
Un événement sportif inclusif…
Le directeur du comité d’organisation de la course Lotfi Belhaj Kacem, entouré de ses principaux collaborateurs et partenaires, représentants les ministères de l’Intérieur et du Tourisme, de la Fédération tunisienne d’athlétisme (FTA) et de l’association Tounes Clean Up, ont présenté les différents volets de l’organisation : sportif, sécuritaire, sanitaire, touristique et culturel, insistant sur le caractère inclusif du Marathon Comar auquel prennent part, chaque année, des milliers de coureurs professionnels et amateurs, hommes, femmes et enfants, issus de toutes les catégories sociales, sans compter leurs accompagnateurs et membres de leurs familles qui participent activement à cette grande fête.
Cet événement, qui mobilise 400 bénévoles dont 300 employés des Assurances Comar, anime la capitale et sa banlieue pendant trois ou quatre jours, avant et après la course, au sein du Village du Marathon érigé devant le siège de l’entreprise organisatrice au centre-ville de Tunis, pour servir de lieu de rencontre entre tous les protagonistes : coureurs, organisateurs, sponsors, public, etc.
Depuis le lancement de l’inscription, le 13 octobre dernier, en ligne ou auprès du bureau central à Tunis ou des magasins de Decathlon, et jusqu’au 21 novembre, quelque 6072 coureurs se sont déjà inscrits pour prendre part aux 4 courses prévues : le Marathon Kids (1 km), la Course pour tous (5 Km), le semi-marathon (21,1 km) et le marathon (42,195km).
«Le cap des 10 000 coureurs pourrait être dépassé lors de cette édition», a assuré M. Belhaj Kacem, qui s’est félicité de l’importance que revêt aujourd’hui le Marathon Comar et des dynamiques qu’il a su instaurer à plusieurs niveaux, et notamment en s’associant à la création de nombreux marathons régionaux, notamment à Kairouan, Monastir et Djerba, «le but étant de promouvoir la course à pied dans toutes les régions du pays, en espérant voir éclore bientôt des champions tunisiens qui monteront en haut du podium du Marathon Comar», a-t-il expliqué.
… et écoresponsable
Marouane Ben Saïd, membre du comité d’organisation, qui a pratiquement l’âge du Marathon Comar, a beaucoup insisté, pour sa part, sur l’engagement écologique de cet événement sportif qui multiplie les actions en faveur de la préservation de l’environnement et du reboisement des forêts détruites par les incendies de manière. Le but des organisateurs est de réduire l’empreinte carbone de la course à 0 émission de CO2 lors de sa 40e édition dans deux ans, contre 281 tonnes de CO2 aujourd’hui.
Dans ce contexte, et en collaboration avec l’association Tounes Clean Up, quelque 156 500 arbres ont été plantés entre 2021 et 2024, a précisé M. Ben Saïd, ajoutant que le Marathon Comar continue de sensibiliser les participants à la nécessité de préserver l’environnement, non par des déclarations d’intention mais par des actions concrètes dont les effets sont mesurables et durables. Près de 80% des arbres plantés en quatre ans ont bien poussé et contribuent déjà à la séquestration des gaz à effet de serre, a-t-il assuré.
La deuxième Forum méditerranéen sur l’intelligence artificielle (MedIA) s’est ouvert jeudi 21 novembre 2025 à la Cité de la culture de Tunis, sous le thème : «Quelles solutions l’intelligence artificielle peut-elle apporter aux défis actuels des pays méditerranéens ?» L’objectif est de trouver des solutions concrètes pour exploiter le potentiel de l’IA afin de relever les défis communs de la région.
Organisée sous l’égide du ministère des Technologies de la communication et du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, la conférence vise à renforcer la coopération entre les nations méditerranéennes dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et à faciliter l’échange d’expériences.
Plus de 2 000 personnes participent à cette conférence, parmi lesquelles des personnalités de haut niveau, des start-ups, des chercheurs et des universitaires.
Cette conférence de deux jours se concentre plus particulièrement sur le potentiel de l’IA pour apporter des solutions dans des domaines clés tels que la santé, l’éducation, l’agriculture, la gouvernance et l’éthique de l’IA.
La Tunisie ambitionne de consolider sa position de pôle régional d’IA et d’innovation numérique, en servant de pont entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe, a déclaré le ministre des Technologies de la communication, Sofiane Hemissi, en marge de l’ouverture du Forum international sur l’intelligence artificielle en Afrique (Gaica 2025), à Sousse.
M. Hemissi a souligné que, face à la rapidité des transformations numériques, la Tunisie a adopté une approche responsable et éthique visant à mettre l’IA au service de l’humanité. Cette stratégie repose sur une gouvernance éthique et transparente, notamment par le développement d’un cadre législatif moderne garantissant la protection des données, la transparence des algorithmes et le respect des droits fondamentaux des citoyens; et sur le développement du capital humain, grâce à un investissement accru dans la formation et le développement des compétences afin de permettre aux jeunes Tunisiens de devenir les acteurs clés de la transformation numérique.
L’élection triomphale de Zohran Mamdani comme maire de New York a réjoui beaucoup de monde bien au-delà des États-Unis et en particulier dans le monde arabo-musulman en raison de sa jeunesse, du fait qu’il soit musulman, qu’il soit un migrant aux origines afro-indiennes naturalisé américain et de son soutien à la cause palestinienne cependant les New-Yorkais ne l’ont pas élu à la tête de leur ville pour ces raisons mais pour des promesses ambitieuses visant à améliorer le coût de la vie. Parmi ces promesses figurent la gratuité des transports en commun, la généralisation des services de garde d’enfants et un développement massif du logement social. Est-ce faisable surtout dans la capitale internationale du capitalisme et la première place financière mondiale ?
Imed Bahri
The Guardian qui a passé en revue les promesses de campagne de Mamdani estime qu’elles représentent un coût important pour la ville. Le journal rapporte que plusieurs économistes et hommes politiques ont souligné que le nouveau maire se heurte à de nombreux obstacles pour concrétiser ses idées, notamment en raison de la menace du président Donald Trump de suspendre les financements fédéraux (dont la valeur est de 8 milliards de dollars par an) destinés à la ville afin de discréditer le candidat élu.
Selon The Guardian, plusieurs sources de revenus nécessitent l’approbation de l’Assemblée législative de l’État de New York et non pas seulement la mairie de la ville de New York. Matt Gardner, chercheur principal à l’Institute for Taxation and Economic Policy, a rappelé que l’Assemblée législative avait empêché la ville d’augmenter les frais de permis pour chiens en 2014, suite à un différend entre le maire de l’époque, Bill de Blasio, et un élu.
Ceci illustre le risque d’obstruction. Toutefois, Gardner et d’autres experts soulignent plusieurs facteurs qui pourraient aider Mamdani à tenir ses promesses. D’abord, elles sont largement populaires et s’attaqueraient à des problèmes fondamentaux, également les démocrates détiennent désormais une large majorité à l’Assemblée législative et enfin certains entrevoient des possibilités économiques et politiques de concrétiser ces propositions.
Voici les promesses électorales de M. Mamdani:
Financement : l’équipe de campagne du nouveau maire estime qu’elle pourrait lever environ 10 milliards de dollars en augmentant le taux d’imposition des sociétés, en taxant les plus riches et en renforçant le recouvrement des taxes et impôts existants.
Les opposants affirment que les entreprises et les plus fortunés pourraient tout simplement quitter l’État mais des études sérieuses réfutent cette hypothèse. De plus, le taux d’imposition des sociétés s’applique aux bénéfices réalisés dans l’État, quel que soit le lieu du siège social de l’entreprise, ce qui rend cet argument moins convaincant.
Augmentation des impôts : M. Mamdani estime qu’une hausse du taux d’imposition des sociétés de 7,25% à 11,5% pourrait générer environ 5 milliards de dollars dont la majeure partie reviendrait à la ville de New York. Toutefois, ce plan nécessite l’approbation de l’assemblée législative de l’État et de la gouverneure Kathy Hookall qui s’oppose à cette augmentation d’impôt.
Une autre proposition de Mamdani prévoit une surtaxe de 2% sur les revenus annuels supérieurs à 1 million de dollars dans le but de générer environ 4 milliards de dollars. Bien que cette taxe s’applique à toute la ville, l’approbation de l’Assemblée législative de l’État est également nécessaire et le projet rencontre l’opposition de certains démocrates modérés.
Gel des loyers : il concerne les appartements à loyer réglementé est l’une des mesures les plus simples et les plus rentables car elle serait pratiquement gratuite. Cependant, elle requiert l’approbation du Conseil de réglementation des loyers et le financement nécessaire pourrait ne pas être disponible tant que Mamdani n’aura pas nommé ses membres.
Gratuité des bus : M. Mamdani estime que la gratuité des bus coûterait au moins 700 millions de dollars, en supposant un taux de fraude de 48%. Selon certains observateurs, il pourrait couvrir ce coût en restructurant ou en réduisant d’autres programmes au sein du budget municipal de 116 milliards de dollars.
Épiceries : Mamdani propose un programme pilote avec cinq épiceries municipales dans les zones défavorisées, pour un coût d’environ 60 millions de dollars. Ce projet pourrait également être financé en ajustant les priorités de dépenses au sein du même budget.
Construction de logements : M. Mamadani prévoit d’investir environ 100 milliards de dollars pour construire 200 000 logements abordables sur 10 ans, un plan que beaucoup à sa droite jugent irréaliste en raison de l’endettement qu’il implique.
Cependant, des experts comme Gusdorf soulignent que le plan ne prévoit pas d’emprunter la totalité de la somme en une seule fois. La dette s’accumulera et sera remboursée par étapes par les administrations successives. Ils insistent également sur le fait que l’objectif n’est pas la gratuité du logement mais la création de logements abordables générant des revenus permettant de rembourser la dette dont une partie pourrait être financée par le secteur privé.
Garde d’enfants universelle : Le coût de la mise en œuvre d’un système de garde d’enfants universel (qui concerne toute la population de New York sans exception) varie de 2,5 à 12 milliards de dollars, selon que le programme soit déployé à l’échelle de la ville ou de l’État et selon d’autres facteurs.
Le financement demeure le facteur le plus critique et Gardner prévoit des compromis comme c’est souvent le cas pour les grands projets. Par conséquent, il indique que certaines promesses de Mamdani devraient être revues à la baisse et qu’il pourrait devoir faire preuve de souplesse concernant la hausse d’impôts prévue.