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Visite de MBS à Washington : le deal du siècle !

Le prince Mohammed Ben Salmane (MBS) achevait hier mercredi deux jours de visite à Washington où il affichait avec Donald Trump une connivence rare. Au menu de cette visite, des investissements saoudiens colossaux aux Etats-Unis en contre partie d’un accord de sécurité mutuelle.

Garde d’honneur montée sur des chevaux arborant les drapeaux américain et saoudien, coups de canon, survol d’avions de combat F-15 et F-35, réception officielle au porche sud de la Maison Blanche où des chasseurs américains ont effectué un spectacle aérien, le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS) fût traité avec des égards exceptionnels lors de sa visite de travail, mardi 18 novembre, à Washington.

L’on est loin du temps où, sous l’ère de Joe Biden, le dirigeant de facto du royaume Wahhabite était une sorte de paria, une persona non grata. Et ce, pour avoir commandité, selon un rapport de la CIA en 2018, l’assassinat du journaliste saoudien Jamal KhashoggiJamal Khashoggi. Celui-ci avait été séquestré, assassiné, puis découpé à la scie dans le consulat saoudien à Istanbul. Autre temps, autres priorités.

MBS innocenté

D’ailleurs, le président américain Donald Trump a volé au secours de MBS quand une journaliste de la chaîne ABC a posé une question au sujet de Jamal Khashoggi, l’ancien collaborateur saoudien du Washington Post : « Vous mentionnez une personne qui fut extrêmement controversée. Beaucoup de gens n’aimaient pas ce monsieur dont vous parlez. Qu’on l’aime ou pas, des choses arrivent ». Puis, désignant le prince héritier : « Mais il ne savait rien de tout cela. Et on peut en rester là. Vous n’êtes pas obligée d’embarrasser notre invité ».

« Nous avons aujourd’hui dans le Bureau ovale un homme extrêmement respecté, un ami de longue date, un très bon ami. Je suis très fier du travail qu’il a accompli », a déclaré le président américain avant de saluer, sans rire , les « accomplissements incroyables en matière de droits de l’homme » de son invité.

« C’est douloureux et c’est une énorme erreur et nous faisons tout notre possible pour que cela ne se reproduise plus », a déclaré pour sa part Mohammed Ben Salmane.

Des investissements colossaux

Pourquoi tant d’égards pour le prince héritier saoudien ? C’est que l’homme fort du royaume n’est pas venu les mains vides à Washington. Il a promis au locataire de la Maison Blanche d’investir la somme astronomique de 1 000 milliards de dollars dans l’économie américaine contre 600 auparavant.

« Nous croyons en l’avenir de l’Amérique. Je crois, monsieur le président, qu’aujourd’hui et demain, nous pouvons annoncer que nous allons augmenter ces 600 milliards à près de 1 000 milliards de dollars pour l’investissement », a-t-il promis. A la grande satisfaction du président américain, qui, manifestement, ne s’attendait pas à tant de largesse.

Le danger vient de Tel-Aviv

En contre partie, Donald Trump a donné son feu vert à un accord de vente d’armement majeur, qui inclut de futures livraisons de 28 F-35, des avions de combat furtifs. Sachant que jusqu’à présent, Israël est le seul pays du Proche-Orient à posséder des avions de chasse américains F-35.

C’est qu’aujourd’hui, la domination militaire écrasante d’Israël est considérée par Ryad comme l’élément le plus déstabilisant dans la région. Les ambitions expansionnistes d’Israël au Liban et en Syrie, les nombreuses violations du cessez-le-feu à Gaza depuis l’adoption du plan Trump, la recrudescence des violentes attaques commises par les colons contre les Palestiniens de Cisjordanie avec la complicité de l’armée israélienne, sont perçues comme une volonté délibérée d’étendre la « pax hébraïca » à l’ensemble du Moyen-Orient.

Partenariat stratégique

A part la vente d’avions américains de technologie avancée, les deux pays s’étaient entendus sur un partenariat de défense. L’Arabie saoudite- dont l’objectif est de se prémunir contre de nouvelles attaques visant des sites stratégiques vitaux, comme celles revendiquées par les Houthis contre les installations pétrolières saoudiennes de Khuraïs et d’Abqaiq, le 14 septembre 2019- veut des garanties américaines renforcées afin d’éviter que ne se reproduise le scénario traumatique des frappes israéliennes contre le Qatar du 9 septembre 2025. Or, les deux fois, l’administration Trump s’est abstenue de venir à la rescousse de ses partenaires du Golfe.

Cette instabilité régionale persistante explique que la priorité absolue pour MBS consiste à d’obtenir de Washington la signature d’un accord de sécurité mutuelle. Lequel stipule que toute attaque contre son pays serait considérée comme « une menace pour la paix et la sécurité des États-Unis ». Celui-ci prendrait d’abord la forme d’un Ordre exécutif, qui ne nécessite pas l’aval du Congrès, pour se formaliser ensuite en un accord de sécurité engageant et pérenne.

En attendant la signature officielle de cet accord stratégique, Donald Trump a par ailleurs annoncé lors du dîner de gala en l’honneur de son invité de marque, que l’Arabie saoudite devenait un « allié majeur non-membre de l’Otan ». Sachant que seuls 19 pays bénéficient actuellement de ce statut privilégié qui prévoit une étroite coopération militaire avec les États-Unis.

Or, l’Arabie saoudite ne peut se contenter de gestes symboliques. Riyad et Islamabad ont déjà signé un accord de défense mutuelle le 17 septembre 2025, une semaine après les bombardements israéliens sur Doha. Une manière de rappeler à leur grand allié américain que le royaume dispose de plusieurs cordes à son arc pour instaurer un rééquilibrage stratégique des rapports de force dans la région du Moyen-Orient.

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Pékin et Tokyo s’écharpent sur l’île de Taïwan sur fond d’un passé douloureux

Les récents propos de la nouvelle Première ministre japonaise concernant la position de son pays sur la question du statut de Taïwan ont créé un climat de tensions entre Pékin et Tokyo. Eclairage.

A-t-elle tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de répondre à des questions d’un élu d’opposition lors de sa première intervention à l’enceinte du Parlement ? C’est la question que se pose tout le monde au pays du Soleil-Levant après avoir entendu la nouvelle Première ministre Sanae Takaichi, partisane d’une ligne de fermeté vis-à-vis de la Chine, évoquer la semaine dernière le sujet très sensible d’une hypothétique invasion de Taïwan par la Chine et l’intervention militaire du Japon pour défendre l’île dont Pékin revendique la souveraineté et qui n’est qu’à 100 km de l’île japonaise la plus proche.

Si « une situation d’urgence » à Taïwan impliquait « le déploiement de navires de guerre et le recours à la force, cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon », a-t-elle déclaré; sans avoir consulté des notes préparées par des hauts fonctionnaires de son département. Des propos interprétés comme l’indication qu’une attaque contre Taïwan pourrait justifier un soutien militaire de Tokyo à Taipei.

Une déclaration stupéfiante qui s’est propagée comme une onde de choc dans la région de l’Asie de l’Est et même au-delà.

Regain de tensions

Signe de tensions entre les deux géants asiatiques après les déclarations de la cheffe du gouvernement nippon, la Chine a recommandé à ses ressortissants « d’éviter de se rendre au Japon dans un avenir proche », en raison de « risques importants » pour leur sécurité. Sachant que les touristes chinois représentent un quart des visiteurs étrangers au Japon qui accueille par ailleurs plus de 100 000 étudiants chinois. Ainsi, sur les neuf premiers mois de 2025, l’archipel a accueilli 7,5 millions de visiteurs chinois, selon des chiffres officiels nippons, soit une envolée de 42 % sur un an. Attirés par un yen faible, ils ont dépensé l’équivalent de 3,28 milliards d’euros au troisième trimestre.

Pour sa part, Tokyo a annoncé lundi 17 novembre avoir mobilisé son aviation. Et ce, après avoir détecté un drone suspecté d’être chinois près de son île la plus proche de Taïwan.

« Le samedi 15 novembre, il a été confirmé qu’un aéronef sans pilote, supposé d’origine chinoise, a survolé la zone entre l’île de Yonaguni et Taïwan. En réponse, l’aviation de chasse de la Force aérienne d’autodéfense japonaise a été mobilisée », a indiqué le ministère de la Défense sur X.

Que dit la Constitution nippone ?

Reste la question qui se pose avec insistance : le Japon peut-il entrer en conflit avec la Chine pour défendre Taïwan au nom « de la survie du Japon », selon les termes de Mme Takaichi ?

Selon la Constitution japonaise adoptée en 1947 sous diktat américain, le célèbre article 9 établit un principe clair : le Japon « renonce à jamais à la guerre » et à l’usage de la force pour régler les différends internationaux. Le texte va plus loin en interdisant au pays de maintenir des forces armées traditionnelles, une clause unique parmi les grandes puissances.

Pourtant, le Japon dispose aujourd’hui des Forces d’Auto-Défense (JSDF), créées dans les années 1950. Officiellement, il ne s’agit pas d’une armée offensive, mais d’un dispositif strictement dédié à la protection du territoire. Cette interprétation, acceptée au fil du temps, a permis au pays de se doter d’un outil militaire moderne; tout en respectant l’esprit pacifiste de la Constitution.

Or, dans certains cas extrêmes, le gouvernement japonais est autorisé à utiliser la force lorsque l’agression d’un pays tiers est considérée comme un péril direct contre le Japon et sa population. Un scénario qui, pourrait se justifier en cas de conflit autour de Taïwan, qui est situé à moins de 120 kilomètres de certaines îles japonaises.

« Une déclaration de guerre »

Mais la Chine conteste cette lecture : pour Pékin, Taïwan n’est pas un pays tiers, mais une province faisant partie du territoire chinois. Même si dans les faits, cette île de 23 millions d’habitants est autonome politiquement.

Ainsi, Pékin a profité de la sortie de la cheffe du gouvernement nippon pour s’attaquer directement à sa personne : le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian, a ainsi menacé sur la plateforme X de « couper cette sale tête sans la moindre hésitation », visant implicitement le Premier ministre japonais. Les médias d’Etat sont aussi montés au créneau pour défendre la position chinoise : la réunification entre Taïwan et la Chine est inéluctable et aucune puissance ne peut se mêler de ce sujet interne à la Chine.

« Le sujet de Taïwan touche au cœur des intérêts de la Chine. Quiconque ose franchir cette ligne rouge affrontera l’opposition déterminée de plus de 1,4 milliard de Chinois et de l’entière nation chinoise ! » Ainsi a averti le Quotidien du peuple, le journal officiel du Parti communiste chinois.

« Fondamentalement, c’est une déclaration de guerre contre la Chine », a renchéri le professeur Xiang Haoyu, du think tank officiel, sur Weibo, le Twitter chinois. « Le Japon est un pays moderne et très développé mais son irrationalité collective n’est pas différente de celle qui prévalait il y a cent ans ». Une allusion au massacre de Nankin en décembre 1937 durant lequel des centaines de milliers de civils et de soldats chinois désarmés furent froidement assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants violés par les soldats de l’Armée impériale japonaise. Les démons du passé sont de retour.

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Affaire Epstein : Donald Trump tente de s’en disculper en chargeant Bill Clinton

Donald Trump exige l’ouverture d’une enquête sur les liens entre Jeffrey Epstein et plusieurs figures démocrates, dont l’ancien président Bill Clinton. Une tactique de diversion visant à détourner l’attention sur sa présumée proximité avec le prédateur sexuel ?

 

C’est une affaire qui risque de devenir explosive pour Donald Trump. Alors  que la publication de nouveaux emails attribués à Jeffrey Epstein relance les interrogations sur ce que Donald Trump savait des crimes de ce pédophile et que, pour une fois, républicains et démocrates réclament d’une seule voix la publication intégrale des archives détenues par le ministère de la Justice, le locataire de la Maison Blanche, dos au mur et sur la défensive, opte pour la tactique classique consistant à allumer un contre-feu pour détourner les regards sur les liens réels qu’il entretenait  avec l’infréquentable Epstein retrouvé pendu dans sa cellule en 2019 avant son procès pour trafic sexuel de mineures ; au point de l’avoir jadis accueilli à Mar-a-Lago. Et pas une seule fois.

Tactique de diversion

Ainsi, a-t-il ordonné, vendredi 14 novembre, au département américain de la Justice et à la police fédérale (FBI) d’ouvrir une enquête sur les liens que Jeffrey Epstein aurait entretenus avec la banque JP Morgan et des personnalités démocrates, dont l’ancien président Bill Clinton.

Aussitôt, la procureure générale des États-Unis, Pamela Bondi, a annoncé que Jay Clayton, procureur fédéral à Manhattan et ancien président de la Securities and Exchange Commission, l’autorité américaine des marchés, conduirait les investigations.

Commentaire ironique du New York Times : « Le ministère de la Justice va enquêter sur les relations d’Epstein, mais pas avec Trump. Lorsque de nombreux courriels de Jeffrey Epstein ont été rendus publics cette semaine, le nom de Donald J. Trump était partout », révèle le prestigieux quotidien new-yorkais. « Pourtant, vendredi, lorsque M. Trump a exigé que le ministère de la Justice enquête sur une liste de personnalités influentes mentionnées dans ces courriels, son propre nom était absent : il ne visait que des démocrates », souligne la même source.

« Donald Trump a ordonné vendredi à la procureure des États-Unis, Pamela Bondi, et au FBI d’enquêter sur les liens entre Jeffrey Epstein et des démocrates de premier plan, dont l’ancien président Bill Clinton ; dernière tentative en date du président pour détourner l’attention de ses liens avec le défunt financier déchu », renchérit pour sa part le média américain Politico.

À noter qu’à part son prédécesseur démocrate Bill Clinton, qui aurait  fréquenté Jeffrey Epstein au début des années 2000, Donald Trump a demandé au département de la Justice d’enquêter également sur Larry Summers, ancien conseiller économique de Barack Obama et ex-président de la prestigieuse université Harvard, ainsi que sur le fondateur du réseau social LinkedIn, Reid Hoffman, grand donateur du Parti démocrate. Sans oublier la banque JP Morgan Chase ; laquelle est accusée d’avoir facilité les agissements de Jeffrey Epstein en lui permettant de financer ses activités. Ladite banque a accepté de verser 290 millions de dollars à des victimes présumées, en vertu d’un accord annoncé en juin 2023.

À savoir qu’aucun élément probant n’a jusqu’à présent mis en évidence une quelconque implication de ces trois personnalités démocrates dans des affaires de trafic sexuel ; d’ailleurs, elles ont déjà exprimé leurs regrets d’avoir côtoyé Jeffrey Epstein mais toujours nié avoir eu connaissance des délits sexuels dont il était accusé.

Rappelons également qu’avant sa condamnation en 2008 pour proxénétisme à l’égard d’une mineure, Jeffrey Epstein a travaillé et noué de nombreuses relations avec une longue liste de personnalités… Donald Trump et Jeffrey Epstein étaient quant à eux amis durant les années 1990 et 2000.

Circulez, y a rien à voir

Pourtant, le milliardaire républicain a toujours démenti toute connaissance des crimes attribués à l’ancien financier mais l’affaire continue de l’embarrasser au fil de la publication régulière de documents sur leur relation et alors que son propre camp soupçonne son gouvernement de dissimuler des informations. Ainsi, a-t-il refusé de répondre aux questions des journalistes ces derniers jours au sujet des dernières révélations du Congrès.

« Epstein était un démocrate et il est le problème des démocrates, pas celui des républicains ! », a affirmé le président américain sur son réseau Truth Social. « Ne gaspillez pas votre temps avec Trump. J’ai un pays à gouverner » !, a-t-il ajouté, laconique.

Revirement

Faut-il rappeler à cet égard que Donald Trump avait promis pendant sa campagne « des révélations fracassantes » sur le dossier Epstein. Mais une fois revenu au pouvoir, le milliardaire républicain – qui a fréquenté Jeffrey Epstein quand ils étaient des figures de la jet-set new-yorkaise avant de se brouiller avec lui – a tenté de clore le dossier : ainsi, en juillet dernier, le ministère de la Justice et le FBI avaient annoncé qu’ils n’avaient « pas découvert de preuves sur lesquelles fonder une enquête contre des personnes jusqu’ici non poursuivies dans l’affaire Epstein. Jugeant qu’il ne serait « pas pertinent de rendre public le dossier Epstein ».

Un revirement spectaculaire qui avait suscité une vive polémique jusque dans son camp, de nombreux républicains dont certains sont partisans du mouvement Maga réclament désormais davantage de transparence sur ce  sujet brûlant.

La réaction de Donald Trump aux révélations de cette semaine « n’était autre que la reprise d’une tactique de diversion qu’il a souvent employée en temps de crise : dès que les projecteurs se braquent sur lui, M. Trump détourne l’attention, accuse d’autres personnes ou change de sujet », analyse sévèrement le New York Times.

Implacable.

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Affaire Boualem Sansal : quand la diplomatie prend le pas sur l’épreuve de force !

Pourquoi l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au cœur d’une grave crise diplomatique entre Alger et Paris, a-t-il été gracié et envoyé en Allemagne et non en France ? La preuve que la voie diplomatique est souvent plus efficace que la méthode musclée d’un certain Bruno Retailleau.

C’est la fin d’un long cauchemar. L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est arrivé dans la soirée de mercredi 12 novembre à Berlin. Et ce, après avoir été gracié dans l’après-midi par la présidence algérienne quasiment un an jour pour jour après son arrestation, le 16 novembre 2024. Une libération pour l’essayiste âgé de 81 ans, qui souffre par ailleurs d’un cancer de la prostate. Mais également un échec pour la diplomatie française, notamment un désaveu cinglant de la méthode, chère à M. Retailleau : le bras de fer stérile et improductif avec Alger.

Déclaration choc de Sansal

Pour rappel, l’auteur du roman « 2084 : La fin du monde », dont l’œuvre a été récompensée par de nombreux prix littéraires en France et à l’étranger, était condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale ».

En cause, des propos tenus dans le média d’extrême droite français Frontières, où il déclara le 2 octobre 2024 que « quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcem, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume ».

Cette déclaration choc reprise allégrement par les médias marocains, est restée en travers de la gorge des autorités algériennes, dans un contexte de contentieux territorial entre l’Algérie et le Maroc. En effet, certains nostalgiques du Grand Maroc, lorgnent sur cette région de l’ouest de l’Algérie, qu’ils surnomment « le Sahara oriental » et qui, pour eux, revient « de droit » au royaume ancestral du royaume chérifien.

Berlin rafle la mise

A noter également que l’incarcération de l’homme de lettres le 16 novembre 2024 en Algérie, avait envenimé les tensions diplomatiques, déjà exécrables, entre Paris et Alger. Lesquelles étaient déclenchées par la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental.

Ainsi, depuis plus d’un an, Paris et Alger sont empêtrés dans une crise diplomatique sans précédent qui s’est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d’autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.

Et c’est finalement la diplomatie allemande qui s’est montrée plus efficace que celle du Quai d’Orsay. En effet, la libération de Sansal est consécutive aux «  bonnes relations [entre l’Allemagne et l’Algérie] et d’une « relation personnelle de longue date » entre Abdelmadjid Tebboune et Frank-Walter Steinmeier.

Ce dernier avait demandé lundi 10 novembre que Boualem Sansal, qui purgeait une peine de cinq ans de réclusion, soit gracié et bénéficie de soins en Allemagne « compte tenu de son âge avancé et de son état de santé fragile ».

« J’ai demandé à mon homologue algérien de gracier Boualem Sansal. Un tel geste témoignerait d’un esprit humanitaire et d’une clairvoyance politique. Il refléterait mes relations personnelles de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations qui unissent nos pays », a déclaré le président allemand dans un communiqué.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune « a répondu favorablement» à une demande de son homologue Frank-Walter Steinmeier, « concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal »,  lit-on dans un communiqué officiel. « Cette demande a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires », a ajouté la présidence. Tout en précisant que « l’Etat allemand prendra en charge le transfert et le traitement » de l’intéressé.

Relevons à ce propos que l’écrivain franco-algérien avait renoncé à se pourvoir en Cassation. Ce qui le rendait éligible à une grâce du président algérien.

Tebboune avait-il le choix ?

Le président algérien pouvait-il  ou avait-il intérêt à refuser la requête allemande ? Difficile pour trois raisons. D’abord, sur le plan personnel, Abdelmajid Tebboune fut soigné en Allemagne où il reçut les meilleurs soins lors de séjours d’un total de trois mois, après avoir contracté la Covid entre fin 2020 et début 2021.

Ensuite, le locataire du palais d’Al Mouradia avait également évoqué en septembre dernier la possibilité de se rendre en Allemagne d’ici le début de l’année 2026. Or cette visite risquerait d’être assombrie par le cas Boualem Sansal. De même, le pape Léon XIV a exprimé son souhait de se rendre notamment à Annaba ou Souk Ahras, car il se considère comme un « fils de Saint-Augustin » originaire de cette région. Des délégations du Vatican ont déjà préparé le terrain pour cette potentielle visite du Saint Siège en Algérie.

Enfin, la libération de ce dissident politique « dans un esprit humanitaire » enlève un caillou dans les chaussures des dirigeants algériens : et s’il décédait en prison vu son âge avancé et sa santé précaire ? Ajoutons à cela l’image de l’Algérie : les autorités veulent démontrer aux uns et aux autres que cette issue diplomatique n’est pas consécutive au  bras de fer avec l’ancienne puissance coloniale; mais bien le résultat d’une médiation neutre, celle de l’Allemagne. Ainsi, l’Algérie altière n’aura pas cédé à la pression française, mais à des impératifs d’ordre éthique et humanitaire. Bien joué.

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Les Accords d’Abraham au cœur de la visite d’Al-Charaa à Washington

Volte-face spectaculaire pour cet ancien djihadiste qui avait combattu les troupes américaines en Irak, Ahmed Al-Charaa. Le président syrien par intérim, scelle le rapprochement avec l’ennemi d’hier lors de sa visite à Washington.

 

Qui aurait cru que le président des Etats-Unis déroule un jour le tapis rouge à la Maison Blanche en l’honneur du président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa, alias Abou Mohammed al-Joulani l’ancien djihadiste qui aura passé six années dans les geôles américaines d’Abou Ghraib avant de prêter allégeance à l’Etat islamique puis de diriger l’ancienne branche locale d’Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Cham (HTC). L’homme qui, il y a à peine un an, a réussi la prouesse de renverser la dynastie Assad, longue d’un demi-siècle. Mettant fin à plus de treize ans de guerre civile, avant de troquer le treillis militaire pour endosser le costume trois pièces présidentiel ?

En effet, l’homme fort de Damas est le premier chef d’Etat syrien, depuis l’indépendance du pays en 1946, à être reçu à la Maison-Blanche, lundi 10 novembre, par Donald Trump. La visite du dirigeant syrien a lieu au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme. Et ce, dans la foulée de la levée jeudi des sanctions contre la Syrie par le Conseil de sécurité de l’ONU pour saluer l’engagement des nouvelles autorités à « lutter contre le terrorisme ».

Double avantage pour Washington

Reste à savoir si le président américain recevait l’ancien djihadiste dont la tête a été mise à prix à 10 millions de dollars par le FBI par charité chrétienne ? Plutôt pour attirer la Syrie, ancienne chantre du nationalisme arabe, dans le giron du camp occidental pour mieux contrecarrer la présence russe en Syrie. Les États-Unis obtiennent ainsi un double avantage, la réduction de l’influence russe en Méditerranée et le renforcement de leur ancrage militaire dans la région.

D’ailleurs, au menu de la visite du dirigeant syrien à Washington, figurent l’engagement syrien à prévenir toute résurgence de l’EI. Et ce, avec : un accord pour rejoindre la coalition anti djihadiste menée par les Etats-Unis contre l’Etat Islamique (EI); l’expulsion des factions terroristes étrangères, y compris palestiniennes. Ainsi que la négociation de l’établissement d’une base militaire près de Damas. Et, cerise sur le gâteau : pourquoi pas ne pas inciter l’hôte syrien, dans le feu de l’action, à rejoindre Les Accords d’Abraham en normalisant ses relations avec l’Etat hébreu, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre ?

Un chantier colossal

A quel prix ? En contrepartie à l’adhésion aux Accords d’Abraham, Washington a fait miroiter à Damas la levée définitive des sanctions internationales imposées sous le régime d’Assad. Et ce, conformément aux discussions amorcées lors de la première rencontre en Arabie saoudite en mai dernier. Ainsi que l’aide à reconstruction de la Syrie, un chantier dont le coût pourrait dépasser la somme astronomique de 216 milliards de dollars selon la Banque mondiale.

D’ailleurs, des accords ont déjà été signés avec les Émirats arabes unis pour la gestion portuaire. La concession d’un terminal à conteneurs à Lattaquié a par exemple été donné à une compagnie maritime française pour 230 millions d’euros. Le Qatar, la Turquie et les États-Unis ont également conclu un accord de sept milliards de dollars dans le domaine de l’énergie.

Un allié stratégique

Et ce n’est pas un secret que la stabilité de la Syrie représente un atout majeur pour Washington. Car, en faisant de ce pays un allié stratégique, les États-Unis sécurisent les nouvelles routes énergétiques reliant le Golfe à la Méditerranée par la Syrie, contournant de facto l’Iran et la Russie. De même, un réseau de gazoducs traversant la Turquie permettrait d’approvisionner l’Europe, tout en plaçant la Syrie au cœur d’un corridor stratégique sous influence américaine.

Washington contrôlerait alors les routes commerciales régionales et consoliderait sa position face à l’Iran et à la Russie. Tout en intégrant la Syrie dans sa stratégie globale anti Chine.

Le choix impossible

Au final, le président syrien de transition Al-Charaa finira-t-il par céder aux pressions américaines pour assurer la survie économique de son pays ?

Alors même que la population syrienne, épuisée par 13 ans d’une sanglante guerre civile qui a fait plus de 500 000 morts, traverse l’une des crises humanitaires les plus graves de notre époque. En effet, les Nations Unies estiment que près de 90 % des Syriens vivent aujourd’hui sous le seuil de la pauvreté. Une conséquence directe de l’inflation galopante, la dévaluation de la livre syrienne et la hausse des prix des denrées de base.

À cela s’ajoutent les sanctions internationales et les conséquences du séisme de 2023, qui ont aggravé la précarité. Des millions de Syriens sont toujours déplacés à l’intérieur du pays ou réfugiés à l’étranger, confrontés à l’incertitude et à la pauvreté extrême.

Est-il étonnant qu’avec ce qu’elle a vécu en un demi-siècle sous l’ère du clan Assad, la population syrienne n’aspire qu’à la stabilité économique; avant toute rhétorique pompeuse glorifiant ce qui reste des vestiges du nationalisme arabe ?

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