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CIFF 2025 – Rencontre avec Hussein Fahmy, président du festival

Lors de la 46ᵉ édition du Festival International du Film du Caire (CIFF), qui se déroule du 12 au 21 novembre 2025, son président Hussein Fahmy a consacré une rencontre à la presse arabe pour revenir sur les grands enjeux du festival, sur sa vision du cinéma égyptien et sur la manière dont il conçoit son rôle à la tête d’un événement qu’il considère comme l’un des plus importants du monde arabe et du continent africain.

Une réflexion sur le rôle du CIFF et son héritage

Dès les premières questions, Hussein Fahmy a exprimé le souhait que cette édition soit meilleure que les précédentes. L’idée d’avancer, d’enrichir le festival et de renforcer son identité revient souvent dans ses propos. Pour lui, le CIFF tire sa force de ses racines : l’Égypte, son histoire cinématographique et le fait qu’il s’agit du festival le plus ancien et le plus important de la région, fondé en 1972. Il semble toutefois oublier que les Journées cinématographiques de Carthage, créées en 1966, sont plus anciennes encore ; mais leur caractère initialement biennal explique qu’elles n’en soient qu’à leur 36ᵉ édition.

Interrogé sur l’avenir du festival, Hussein Fahmy se montre confiant. Malgré la multiplication des festivals de cinéma dans le monde arabe, il ne perçoit pas cette dynamique comme une menace mais comme un contexte stimulant. « La compétition stimule la créativité », affirme-t-il, soulignant que les quarante-sept années d’histoire du CIFF constituent un socle institutionnel solide. Ce qu’il espère transmettre, dit-il, c’est un festival renforcé, durable et capable de porter l’évolution du cinéma arabe.

Un engagement personnel pour la restauration du patrimoine cinématographique

La restauration des films constitue un pilier majeur de son action, un engagement directement lié à son propre parcours. Dès ses débuts, Hussein Fahmy a appris son métier auprès de la première génération des cinéastes égyptiens, et a travaillé avec des figures telles que Hassan El Imam ou Youssef Chahine. Cette proximité avec ces maîtres, dit-il, a façonné son goût du cinéma et son sentiment de responsabilité envers ce patrimoine. Sa volonté de restaurer les films découle naturellement de cette formation et de la conviction qu’il porte une part d’héritage.

Lorsqu’il est devenu président du CIFF, il a été nommé au conseil d’administration d’une entreprise qui possède 1 400 films et plusieurs salles de cinéma. Il a alors lancé un vaste chantier de restauration, mené avec le directeur de la photographie Mahmoud Abdel Samie, très impliqué dans cette mission. Plusieurs films ont été restaurés, des sous-titres ont été ajoutés, et le travail continue. Divers pays, notamment la Chine et l’Allemagne, ont apporté leur soutien.

Pour Hussein Fahmy, restaurer ces films n’a de sens que s’ils sont vus : en plus de les programmer au CIFF, il envisage de les mettre à disposition sur des plateformes pour toucher un public plus large. Il rappelle qu’à leur sortie, nombre de ces films circulaient déjà en URSS, au Brésil ou en Chine, et que les sous-titres facilitent aujourd’hui leur retour sur la scène internationale.

Cette année, il a eu l’idée d’imprimer les affiches des films restaurés sur les sacs du festival. La réaction du public, qui demandait des sacs précis en fonction des affiches, a amusé les organisateurs et, selon lui, témoigne de l’attachement des spectateurs à ces œuvres.

Le lendemain de cette rencontre, et toujours dans le même esprit de célébration de la mémoire cinématographique, Hussein Fahmy a convié la presse autour d’une immense caméra ancienne appartenant au Studio Misr, installée pour l’occasion dans le jardin de l’Opéra du Caire. Il en a expliqué le fonctionnement, les mécanismes et les particularités, avant d’annoncer que des études et discussions avancées sont en cours avec des spécialistes italiens pour créer enfin un musée du cinéma en Égypte. L’emplacement reste à déterminer, mais l’initiative s’inscrit dans une vision patrimoniale globale.

Une présidence menée en parallèle d’une carrière d’acteur active

Interrogé sur la manière dont il concilie sa carrière d’acteur et la présidence du CIFF, Hussein Fahmy explique qu’il n’a pas besoin d’être présent au bureau chaque jour pendant de longues heures. Son rôle consiste à définir la stratégie, les grandes orientations, les décisions structurantes, et à résoudre les problèmes éventuels. L’exécution quotidienne est assurée par son équipe, composée de professionnels qualifiés.

L’an dernier, il tournait même pendant le festival. Cette année, dès la clôture, il se rendra au Festival de Marrakech, au Maroc, où un hommage lui sera rendu, avant de reprendre un tournage en Égypte. Il vient d’ailleurs de célébrer cinquante ans de carrière, au cours desquels il a exploré tous les genres – tragédie, comédie, théâtre, cinéma – en veillant, dit-il, à ne jamais se répéter. Selon lui, il a accompli tout ce qu’il souhaitait sur le plan artistique.

Décisions difficiles, contexte politique et responsabilités culturelles

Revenant sur ses trois années de présidence, Hussein Fahmy cite parmi les décisions les plus difficiles le remplacement de certains membres de l’ancienne équipe du CIFF.

Il évoque également les défis de l’édition 2024. Après le massacre qui a suivi le 7 octobre, le festival avait jugé indispensable de mettre les projecteurs sur Gaza et de prendre une position claire. Il rappelle notamment sa décision d’annoncer que l’État d’Israël ne participerait pas au CIFF. Une prise de position qui lui a été reprochée lorsqu’il exerçait des fonctions d’ambassadeur de bonne volonté à l’ONU. Il dit l’avoir assumée totalement, allant jusqu’à rendre son passeport diplomatique : « Ils ne peuvent pas nous faire taire », affirme-t-il.

Cette année, la situation est différente, marquée par ce qu’il qualifie de « pseudo-paix ». Parallèlement, l’Égypte traverse une période particulièrement intense, marquée par de grands projets culturels comme l’inauguration du Grand Musée égyptien, qui donnent le sentiment d’une nouvelle dynamique. Le festival s’inscrit dans ce contexte, tout en gardant un regard attentif sur les situations en Palestine, au Soudan et au Liban.

La sélection des films et la question des artistes égyptiens

S’agissant de la sélection de la 46ᵉ édition, Hussein Fahmy décrit un processus en plusieurs étapes : une commission visionne les films et lui remet des rapports. Il regarde certains titres qu’il juge importants, mais les films d’ouverture et de clôture relèvent de son choix direct. Cette année, il a retenu le film brésilien Les voyages de Tereza pour l’ouverture et La voix de Hend Rajab, de Kaouther Ben Hania, pour la clôture. Il insiste sur le fait qu’aucune pression extérieure ni financière n’intervient dans ces décisions.

À la question de savoir si l’Égypte peut encore produire des artistes comparables à Ahmed Zaki, Nour Sherif, Hussein Fahmy lui-même, Nagla Fathy ou Shadia, il répond que oui. Même si des artistes de cette envergure sont rares, la nouvelle génération compte, selon lui, d’excellents talents.

L’intelligence artificielle : un outil utile, mais jamais un substitut à l’humain

Interrogé sur l’intelligence artificielle, Hussein Fahmy se montre prudent. L’IA peut être utile ponctuellement, dit-il, mais ne doit jamais remplacer l’humain. Elle rend les choses superficielles, crée une distance entre le spectateur et les personnages, et risque d’appauvrir la profondeur émotionnelle du cinéma. Il craint qu’un usage excessif ne fasse disparaître la dimension sensible qui constitue l’essence même du septième art.

Neïla Driss

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JCC 2025 – L’affiche et les films tunisiens de la 36ᵉ édition dévoilés

Les Journées cinématographiques de Carthage ont levé le voile sur l’affiche de leur 36ᵉ édition, qui se tiendra du 13 au 20 décembre 2025. L’image choisie cette année met en scène une silhouette féminine en marche, traversée par un flux de couleurs où se croisent le bleu, le violet, le fuchsia et des teintes orangées. Cette figure, imaginée par le designer Firas Agrebi, semble avancer portée par un souffle lumineux, comme si elle ouvrait un passage vers un espace en transformation. Son mouvement vers l’avant traduit une dynamique de liberté et de persévérance, en écho à l’identité même des JCC, qui demeurent depuis leur création un lieu de circulation des récits, de résistance culturelle et d’échanges entre les cinémas d’Afrique et du monde arabe. Le jasmin qu’elle tient, élément visuel discret mais central, ancre l’affiche dans la Tunisie, rappelant l’hospitalité, la mémoire et l’esprit de création qui caractérisent le festival.

JCC 2025 Affiche

Dans le même temps, la direction des JCC a annoncé la liste des films tunisiens retenus cette année dans les différentes sections compétitives, un ensemble particulièrement attendu tant par le public que par les professionnels du secteur. Sélectionnés par un comité indépendant, ces titres offrent un aperçu de la vitalité et de la diversité du cinéma tunisien actuel.

En compétition officielle des longs métrages de fiction, trois films représenteront la Tunisie. Where the Wind Comes From d’Amel Guellaty, déjà remarqué au Festival d’El Gouna 2025 où il a remporté le Prix de la meilleure fiction arabe, poursuit ainsi son parcours international. Il sera accompagné de La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania, dont la projection à Venise avait suscité un écho exceptionnel et qui avait valu au film de décrocher le Lion d’Argent et plusieurs prix dans les sections parallèles; l’œuvre a depuis été choisie pour représenter la Tunisie aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film international et a été programmée dans plusieurs festivals majeurs. Le troisième long métrage en lice, Promis Le Ciel d’Erige Sehiri, avait quant à lui inauguré la section Un Certain Regard au Festival de Cannes en mai 2025.

La section des longs métrages documentaires rassemble également trois propositions : Le Para-dis de Majdi Lakhdar, Notre Semence d’Anis Lassoued et On The Hill de Belhassen Handous. Chacun de ces titres vient enrichir un segment documentaire tunisien de plus en plus structuré, où se croisent approches personnelles, récits ancrés dans le réel et explorations formelles.

Enfin, la compétition officielle des courts métrages comptera trois films tunisiens : Le fardeau des ailes de Rami Jarboui, Sursis de Walid Tayaa et Tomates Maudites de Marwa Tiba. Ces œuvres courtes, souvent premières incursions ou laboratoires esthétiques, occupent toujours une place essentielle aux JCC, révélant régulièrement de nouveaux regards.

Avec une affiche tournée vers l’horizon et une sélection nationale qui témoigne d’une véritable pluralité de voix, cette 36ᵉ édition des Journées cinématographiques de Carthage s’annonce comme un rendez-vous attentif aux mouvements du monde, aux histoires qui s’écrivent aujourd’hui et à celles qui cherchent encore leur forme.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – « Rosemead », une mère et son fils, entre honte et amour

Sélectionné à la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire (CIFF), dans la section Special Screenings, Rosemead de Eric Lin poursuit un parcours déjà marqué par de nombreuses sélections dans divers festivals. Après sa première mondiale au Tribeca Film Festival en juin 2025, il a remporté le Prix du Public UBS au Festival de Locarno.

Inspiré d’un article du Los Angeles Times signé Frank Shyong en 2017, le film met en scène Lucy Liu dans le rôle d’Irene Chao, une Américaine d’origine chinoise atteinte d’un cancer incurable, et Lawrence Shou dans celui de Joe, son fils adolescent souffrant de schizophrénie. Le scénario de Marilyn Fu, tiré de faits réels, s’ancre dans le quotidien d’une famille vivant dans la vallée de San Gabriel, à Los Angeles, où la maladie mentale, la honte et la peur se mêlent à la tendresse et à la fatigue.

Une histoire née du silence

L’intrigue suit Irene, propriétaire d’une petite imprimerie qu’elle dirige seule depuis la mort de son mari. Son fils Joe, autrefois élève brillant et nageur prometteur, se referme peu à peu. Il néglige ses études, se coupe de ses amis, dessine des araignées et des cadavres et développe une fascination pour les fusillades de masse. L’inquiétude se transforme en peur lorsque ses accès de violence deviennent incontrôlables.

Mais avant la peur, il y a le déni. Irene refuse d’abord de voir ce qui s’impose à elle : l’idée que son fils puisse souffrir d’un trouble psychique lui paraît insupportable. Elle se persuade que ce n’est qu’une phase, qu’il finira par aller mieux. Elle tait les crises, dissimule les signes, refuse de discuter avec le médecin qui suit son fils et espère que tout redeviendra « comme avant ». Ce déni, le film le rend visible par les gestes du quotidien : Irene range, cuisine, travaille, comme pour préserver un ordre fragile.

La honte est ici autant culturelle que personnelle. Américaine d’origine chinoise, Irene redoute le regard du voisinage, la rumeur, la stigmatisation. Dans son entourage, majoritairement sino-américain, la discrétion est une valeur essentielle, et la maladie mentale reste un sujet qu’on préfère taire. Le film montre cette communauté sans caricature, à travers des scènes simples — un dîner, un échange de politesse, une absence de question — où se devine un ensemble de codes partagés, de pudeurs héritées. Le silence y est collectif avant d’être individuel.

Eric Lin capte ce poids du non-dit avec une mise en scène d’une grande retenue. Les regards détournés, les visages filmés dans la pénombre, les sons étouffés d’une maison où les mots ne circulent plus traduisent la solitude d’Irene et l’isolement de Joe. Dans cet espace clos, la maladie devient une présence invisible, diffuse, qui ronge et enferme.

Le moment où la peur s’installe

Le film bascule lorsque le déni ne tient plus. Les gestes du fils deviennent inquiétants, les silences menaçants. Irene comprend que la situation dépasse ses forces. Elle commence à craindre que Joe ne se blesse, ou qu’il fasse du mal à autrui ou même pire. Elle perçoit la violence possible, imprévisible, d’un adolescent qu’elle ne reconnaît plus. Et elle-même, atteinte d’un cancer avancé, se sait de plus en plus faible.

Cette prise de conscience est le centre du film. Elle scelle la fin de l’illusion et l’entrée dans une peur qu’Irene ne peut plus repousser. Elle sait qu’elle va mourir, qu’elle n’a plus que quelques mois à vivre, et qu’elle devra affronter seule cette menace grandissante. Le scénario installe alors un double compte à rebours : celui de la mère condamnée et celui du fils en dérive. Deux existences parallèles, deux solitudes qui se reflètent.

Eric Lin filme cette progression avec lenteur et sobriété. Pas de grands effets, pas de musique insistante, mais la respiration des personnages, les bruits du quotidien… La peur naît de cette accumulation de détails et du silence qu’ils laissent derrière eux.

Une mère entre la honte et l’amour

Lucy Liu compose une Irene d’une justesse remarquable. Son jeu, épuré, donne à ce personnage une force contenue. Elle incarne la dignité d’une femme qui n’a plus le choix, la lassitude de celle qui porte tout sans jamais demander d’aide. Son visage exprime la fatigue, la peur, la tendresse, souvent dans un même plan.

Lawrence Shou, dans le rôle de Joe, traduit la confusion, la vulnérabilité et l’imprévisibilité de l’adolescence malade. Le film ne cherche jamais à le juger. Il ne fait pas de lui un monstre, mais un être en perte d’équilibre, pris dans sa propre perception déformée du monde. Ce face-à-face entre mère et fils, dominé par les silences et les gestes, forme le cœur émotionnel du film.

Les dialogues alternent naturellement entre anglais et mandarin, comme c’est souvent le cas dans les familles sino-américaines. Ce bilinguisme n’est pas un signe de distance, mais de continuité : les deux langues coexistent, l’une pour le quotidien, l’autre pour la tendresse ou la prière. Le film les emploie sans soulignement, comme une évidence, un ancrage culturel qui donne au récit sa vérité.

CIFF 2025 Rosemead

Une esthétique du non-dit

Formé comme directeur de la photographie, Eric Lin conçoit chaque plan pour exprimer ce que les mots ne peuvent dire. La lumière, douce et diffuse, épouse les visages sans les flatter. Les intérieurs — la maison, l’atelier, la chambre du fils — sont filmés comme des espaces mentaux, des refuges et des pièges à la fois. Le décor devient une extension de la psyché : tout semble étroit, clos, sous pression.

La violence n’explose jamais, mais elle s’impose par les signes. Le film montre des armes, des couteaux, une hache, et du sang. Le spectateur voit, mais sans spectacle : ces éléments apparaissent avec la même banalité que le reste du quotidien. Cette banalité fait peur. Elle donne au film une tension continue, où chaque objet devient une menace potentielle.

Rosemead avance par fragments, par ellipses. Le récit semble parfois suspendu, comme si la réalité glissait entre les doigts des personnages. Ce choix de narration, sobre et elliptique, renforce la proximité avec eux. Le spectateur n’en sait jamais plus qu’Irene : il partage sa confusion, sa peur, son silence.

Un drame sur la responsabilité et la perte

Au-delà de la maladie et de la fin de vie, Rosemead interroge la responsabilité. Celle d’une mère qui se sait condamnée et s’inquiète de ce qu’il adviendra de son fils après sa mort. Celle d’un fils enfermé dans un monde intérieur, incapable de comprendre les limites de son propre danger. Le film ne propose pas de solution. Il observe. Il montre les gestes de survie, les décisions impossibles, les mots qu’on n’ose pas dire.

La tension entre amour et peur structure tout le récit. Irene aime son fils, mais elle a peur de lui. Elle veut le sauver, mais elle sent qu’elle ne le peut plus. Cette ambivalence, filmée sans emphase, confère au récit sa gravité. Rosemead ne parle pas d’héroïsme, mais de fatigue et d’amour mêlés, de cette ligne floue entre protection et abandon.

Un film sur la société américaine et ses silences

Le film inscrit ce drame intime dans un cadre social précis. En évoquant la fascination de Joe pour les fusillades scolaires, il renvoie à la violence latente de la société américaine, à la banalisation du danger, à la libre vente des armes, y compris aux jeunes, et à l’isolement des familles. Mais il le fait sans dénonciation frontale. La menace reste à l’arrière-plan, intégrée à la peur quotidienne.

À travers cette histoire, Eric Lin et Marilyn Fu abordent la question du non-dit dans les familles d’origine asiatique aux États-Unis, souvent confrontées à la honte de la vulnérabilité et à la difficulté de demander de l’aide. Le film expose ces failles avec retenue, sans discours explicatif. Tout passe par les silences, les gestes, les regards.

Un premier film au ton maîtrisé

Pour son premier long métrage, Eric Lin choisit la sobriété. Il ne cherche ni l’effet ni la provocation. Sa mise en scène repose sur la durée, la précision du cadre, l’écoute des visages. Cette rigueur donne au film une force tranquille, où chaque image semble contenir le poids du non-dit.

Lucy Liu y trouve un rôle rare, qui met en valeur sa profondeur d’interprétation. Elle porte le film sans jamais le dominer, donnant à Irene une présence silencieuse, humaine, ancrée dans la réalité la plus simple. Le film s’enracine dans cette vérité-là : celle des émotions qu’on retient, des décisions qu’on ne dit pas, des peurs qu’on ne partage pas.

Une œuvre sur le courage du regard

Rosemead est moins un film sur la folie qu’un film sur la lucidité. Celle qu’on repousse, puis qu’on accepte trop tard. Il raconte la peur de voir, la peur de savoir, la peur de transmettre. C’est une œuvre sur le regard qu’on détourne pour continuer à vivre.

Présenté au Festival du Caire après son passage à Locarno et à Tribeca, Rosemead s’impose par sa retenue, son attention au détail et sa fidélité à l’humain. Il ne cherche pas à impressionner, mais à écouter. Il parle de honte, de peur, d’amour et de solitude, avec cette justesse rare qui rend le silence plus fort que tout.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – Préserver et transmettre le patrimoine cinématographique arabe

Lors de la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire (CIFF), qui se déroule du 12 au 21 novembre 2025, un panel organisé en partenariat avec Coventry University s’est penché sur une question essentielle : comment restaurer et préserver le patrimoine visuel du cinéma arabe ?

Intitulé « Restaurer le patrimoine visuel du cinéma arabe », ce rendez-vous a réuni des acteurs essentiels du champ de la préservation : Hussein Fahmy, Tamer El Said, Ossen El Sawaf et Stefanie Schulte Strathaus, sous la modération de Maggie Morgan. Durant près d’une heure et demie, les intervenants ont exploré le travail de restauration comme un acte artistique, un devoir moral, un effort collectif, mais aussi un travail de préservation et de mémoire. De leurs échanges s’est dégagée une vision nuancée, parfois complexe, mais toujours passionnée de ce que signifie sauver l’image arabe.

Dès l’ouverture, Hussein Fahmy prend la parole pour saluer les participants et remercier son équipe. Il rend hommage au travail accompli et situe le contexte : le CIFF présente cette année dix nouveaux films restaurés, qui s’ajoutent aux dix programmés l’an passé et qui sont de nouveau proposés cette année, tant ils avaient remporté un grand succès auprès du public lors de la 45ᵉ édition. Vingt films en deux éditions, une progression assumée. Mais derrière ces chiffres se cache une réalité bien plus dense : l’institution dont il fait partie possède environ 1 400 films nécessitant une restauration. « C’est un vrai trésor », dit-il, conscient de la responsabilité immense qui repose sur ses épaules.

Choisir les films à restaurer relève d’un véritable casse-tête. Les priorités sont fixées en fonction de l’importance artistique des œuvres et de leurs auteurs : il cite par exemple Hassan Limam, dont les films doivent être restaurés en priorité. La restauration devient alors un acte de sélection, mais aussi un devoir de transmission. Il rappelle que, pendant longtemps, préserver un film était extrêmement complexe : les négatifs étaient dispersés dans de multiples boîtes, nécessitant des conditions de conservation strictes, notamment le froid. La numérisation permet aujourd’hui une stabilisation durable, tout en ouvrant la voie à une diffusion plus large, notamment grâce aux sous-titres en anglais désormais intégrés aux copies restaurées.

Mais il insiste sur un point souvent mal compris : « Restaurer ne veut pas dire simplement réparer des défauts et des imperfections. » La restauration est un processus bien plus profond, qui interroge le sens même du film.

Cette réflexion est reprise et largement développée par Tamer El Said, fondateur de la cinémathèque du Caire en 2012. Son institution, située en plein centre-ville, travaille depuis plus d’une décennie à préserver les archives du cinéma égyptien, à les restaurer, à les numériser et à leur offrir une nouvelle vie. Pour lui, la question « Pourquoi restaurer ? » mérite d’être posée. L’Égypte possède des archives énormes sur le plan cinématographique, et il considère essentiel de les rendre accessibles, de créer de nouveaux débats, d’offrir aux jeunes cinéastes la possibilité de se nourrir de ce patrimoine. Pendant trop longtemps, dit-il, la restauration se faisait chez les Occidentaux. D’où l’importance cruciale de ramener ce savoir-faire dans la région, de « se réapproprier notre patrimoine ».

Dans son laboratoire, Tamer utilise un appareil capable de scanner tous les formats, en préservant le support original sans l’endommager. Sa structure possède aussi un appareil de colorisation, un atelier pour développer les films analogiques, et procèder ensuite à la numérisation afin de conserver chaque film sous deux formes : analogique et numérique. Grâce à cette maîtrise technique, mais aussi à un réseau international solide, son équipe peut retrouver à l’étranger des copies disparues d’Égypte. Les collaborations universitaires intègrent également un volet de formation permanent.

Pour lui, restaurer exige de suivre des règles éthiques précises : même si la technologie permet aujourd’hui d’obtenir une qualité exceptionnelle, voire de coloriser des films anciens, il refuse toute intervention qui modifierait la nature même de l’œuvre. « Un film de 1958 doit correspondre à son époque », affirme-t-il. Sans sources de recherche, une restauration peut facilement trahir un film. Il cite un exemple frappant : en consultant les archives de Hussein Sharif, ils découvrent que pour un de ses films, il avait décidé que chaque scène devait avoir une couleur différente. Sans ce document, lors de la restauration, ils auraient pu uniformiser les teintes, à l’encontre de la volonté du cinéaste, et produire ainsi une œuvre différente de celle voulue par son réalisateur.

Cette exigence traverse le programme Remastered, un cycle de quatre mois durant lequel neuf mentors ont formé huit restaurateurs d’image et huit restaurateurs de son. Les participants n’ont pas seulement appris les outils techniques : ils ont travaillé à comprendre ce que les cinéastes voulaient dire, à analyser les dommages sur les pellicules, à manipuler les supports originaux avec discernement. La venue d’une spécialiste de Bologne — l’un des plus importants centres de restauration de film au monde — a marqué un moment fort, d’autant plus qu’elle avait travaillé sur La Momie de Shadi Abdel Salem.

À l’issue de cette formation, un partenariat avec Misr International a permis la restauration de quatre films de Youssef Chahine. Trois d’entre eux avaient été restaurés auparavant, mais d’une manière qui ne respectait pas les exigences techniques et esthétiques nécessaires à la fidélité des œuvres. Leur travail vise donc à reprendre intégralement ces restaurations pour en restituer l’intégrité, tout en restaurant également un quatrième film. Parallèlement, d’autres projets avancent : des films légendaires arabes, notamment syriens et soudanais.

CIFF 2025 Panel Restauration
CIFF 2025 – Hussein Fahmy et Tamer El Said

À ce stade de la discussion, la question de la collaboration internationale est posée : pourquoi est-elle si importante, et à qui appartiennent ces films ? C’est Stefanie Schulte Strathaus, de l’Arsenal – Institut für Film und Videokunst e.V., qui prend la parole. Elle commence par interroger sa propre présence dans un panel consacré au cinéma arabe, avant de présenter le « living archive » qu’elle dirige, fondé en 1963. Les archives de l’Arsenal rassemblent des films venus du monde entier : de l’Est, de l’Ouest, d’Amérique latine. Elle raconte comment, dès la première édition du Festival de Berlin en 1971, l’Arsenal sous-titrait les films en allemand pour les montrer dans l’espace germanophone. Les copies, conservées au fil des décennies, ont fini par vieillir et représenter un véritable enjeu de préservation.

Mais un obstacle apparaissait : les fonds disponibles étaient réservés à la restauration et à la préservation des archives allemandes. La question des films internationaux restait donc sans réponse, jusqu’au jour où une chercheuse indienne, incapable de retrouver un film dans son propre pays, finit par le découvrir chez eux. De là est née l’idée d’ouvrir leurs collections, de permettre aux gens de venir rechercher leurs films. Ce geste a attiré des financements, permis des restaurations communes et donné naissance à une dynamique internationale de collaboration. « La question n’est pas de savoir qui possède le film, mais comment le préserver ensemble », résume-t-elle.

La réflexion s’approfondit encore lorsque Ossen El Sawaf, de l’Association Jocelyne Saab, intervient. Fondée en 2019, cette ONG s’est donnée pour mission de restaurer les films de la réalisatrice, dont beaucoup étaient endommagés. Il raconte une anecdote révélatrice : un technicien étranger, très fier de son travail sur la restauration sonore, finit par avouer qu’il ne comprenait pas l’arabe. Comment restaurer un son sans comprendre ce qu’il porte ? Cette question ouvre tout un champ de réflexion : restaurer ne consiste pas à « nettoyer » une piste sonore, mais à préserver un héritage, des idées, un langage.

Il rappelle également l’aspect financier : restaurer un film à l’étranger est extrêmement cher, parfois plus cher que la production du film lui-même. Et surtout, envoyer les films hors du monde arabe signifie confier leur traitement à des institutions qui, même bien intentionnées, prennent des décisions selon leurs propres critères. Pour éviter cela, l’association mise sur la recherche, l’étude des archives personnelles et la formation. Elle organise des workshops pour former de nouveaux restaurateurs, qui à leur tour formeront d’autres. Un workshop débute d’ailleurs au sein même de ce festival.

L’objectif est double : restaurer et diffuser. Ossen explique que les archives du film Dunia (2005), conservées à la Cinémathèque française, étaient tellement abîmées qu’elles étaient inutilisables — preuve de l’urgence de reprendre la main sur la restauration dans la région. Une nouvelle structure ouvrira au Liban en 2026, avec un personnel formé et dédié. L’association souhaite multiplier les workshops dans de nombreux pays arabes, afin d’enraciner cette pratique dans un tissu culturel local. L’Archive Circulation Initiative, autre entité que l’association a fondée, met en relation chercheurs, restaurateurs et institutions, documente les processus et aide les films restaurés à retrouver une visibilité.

C’est alors qu’une question précise est posée à Tamer El Said : comment se coordonne la restauration en Égypte, et les cinéastes arabes sont-ils impliqués ? Il rappelle l’existence d’une grande entraide, fondée sur un réseau solide d’institutions, de musées du cinéma, et de collaborations — notamment avec Misr International. Ce travail s’articule aussi avec les initiatives du CIFF ou de l’Association Jocelyne Saab. Mais il insiste : personne ne peut travailler seul. Rechercher les copies, comprendre l’histoire d’un film est un travail complexe, impliquant de multiples intervenants. Parfois, pour décider si une imperfection doit être conservée ou supprimée, il faut retrouver une copie à l’étranger et la comparer avec la copie qu’on a, pour déterminer si ce « défaut » apparaît sur toutes les copies ou sur une seule, et s’il s’agit d’un choix artistique. « Cela n’est possible que si nous connaissons la volonté du cinéaste », dit-il.

Enfin, la question est posée : existe-t-il un projet de coloriser les films en noir et blanc ? Hussein Fahmy répond catégoriquement : non. Si un réalisateur a choisi le noir et blanc, il faut respecter ce choix. « C’est notre devoir moral », affirme-t-il. Il reconnaît que des expériences de colorisation ont eu lieu ailleurs, mais sans grand succès. En revanche, il souligne, au-delà de la restauration, l’importance essentielle de diffuser les films restaurés, de les faire revivre auprès du public.

Au terme du panel, une idée domine : restaurer un film arabe n’est pas seulement une opération technique. C’est un processus qui exige de la recherche, de l’éthique, du respect, une collaboration internationale, un savoir-faire local, et surtout une conscience aiguë de ce que représente la mémoire cinématographique. C’est un geste de sauvegarde, mais aussi un geste de transmission. Et dans ce travail patient, multiple, exigeant, le patrimoine visuel du cinéma arabe retrouve une vie nouvelle — et un avenir.

Au-delà de tout ce travail de restauration, une question demeure, presque urgente : que fera-t-on de cette mémoire si les jeunes générations ne s’en emparent pas ? Les intervenants l’ont rappelé à plusieurs reprises, parfois explicitement, parfois par la simple force de leurs témoignages : restaurer ne suffit pas, encore faut-il regarder. Ces films, revenus d’un long silence, ne demandent qu’à dialoguer avec un public nouveau, à transmettre des formes, des idées, des gestes de cinéma que l’on ne fabrique plus de la même manière. La préservation n’a de sens que si elle ouvre un passage, si elle pousse les jeunes cinéastes à comprendre d’où ils viennent pour imaginer où ils peuvent aller. Et peut-être est-ce là l’enjeu le plus essentiel : que ce patrimoine restauré devienne non seulement un héritage, mais aussi un point de départ, une invitation à apprendre, à questionner, à créer — et surtout à aller voir ces films pour leur offrir une nouvelle vie.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – Une cérémonie d’ouverture trop sobre

La soirée du mercredi 12 novembre 2025 a marqué l’ouverture de la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire (CIFF), un événement central de la scène cinématographique arabe et internationale. La capitale égyptienne a accueilli un ensemble remarquable de stars, de personnalités culturelles et de professionnels, aussi bien égyptiens — tels que Youssra, Lebleba, Yousry Nasrallah ou Laila Eloui — que venus du monde entier pour célébrer le lancement de cette nouvelle édition.

La cérémonie a débuté par l’hymne national égyptien, suivi d’une prestation musicale, avant le discours du président du festival, l’acteur Hussein Fahmy. Celui-ci a déclaré : « Aujourd’hui, nous célébrons l’ouverture de la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire, que j’ai l’honneur de présider. L’Égypte, terre d’art, de culture et d’histoire, redessine aujourd’hui son présent grâce aux pas dévoués et aux efforts de son peuple ; ces efforts nous offrent à tous des sentiments sincères de fierté, de bonheur et d’appartenance. » Il a également souligné l’engagement constant de l’Égypte envers ses voisins : « L’Égypte n’a jamais oublié de soutenir ses frères ni négligé son devoir humanitaire, comme en témoignent le soutien à nos frères au Soudan et au Liban, ainsi que son engagement historique envers la cause palestinienne, culminant dans l’accord de Sharm el-Cheikh pour mettre fin à l’agression sur Gaza. »

Hussein Fahmy a ensuite mis en avant plusieurs distinctions récentes de personnalités égyptiennes à l’international, notamment « Dr. Khaled El-Anani, Secrétaire général de l’UNESCO, et Dr. Mina Rizk, Président du Conseil exécutif de la FAO ». Il a également salué « l’équipe nationale de football junior qualifiée pour la Coupe du monde » ainsi que « l’inauguration spectaculaire du Grand Musée Égyptien », soulignant que ce musée venait couronner des décennies de travail et s’inscrivait dans une longue histoire où l’Égypte « aime l’art et la culture depuis des milliers d’années ». Son intervention s’est conclue par une affirmation forte : « L’Égypte est toujours capable de miracles et, par sa volonté et son travail, de créer des moments exceptionnels — des moments cinématographiques immortels dans notre histoire. »

Le ministre de la Culture, Dr. Ahmed Fouad Henno, a ensuite proclamé l’ouverture officielle du festival. Dans son allocution, il a célébré « la magie de la caméra qui nous permet d’entrer dans d’innombrables mondes et de vivre mille vies ». Évoquant l’histoire de la découverte du tombeau de Toutankhamon, il a rappelé que Howard Carter avait aperçu « les traits du roi créés par les mains d’un artiste égyptien, un moment dont les émotions n’ont pas été enregistrées, mais que le cinéma a su ressusciter ». Il a souligné le rôle du nouveau Grand Musée Égyptien, qui « rend à ce moment sa gloire, redonne à l’imagination son énergie, et à la civilisation égyptienne sa voix », avant de rappeler l’importance des « milliers d’histoires réelles qui méritent d’être vues et racontées » et la capacité du cinéma à « redécouvrir l’humain en nous et devenir une promesse de paix, de vie et de beauté ».

La cérémonie s’est poursuivie avec une présentation par Hussein Fahmy des efforts de restauration du patrimoine cinématographique égyptien. Il a précisé : « Nous poursuivons notre initiative pour restaurer environ 1 400 films égyptiens, afin de préserver notre patrimoine artistique et une production immense. » Il a également annoncé que cette année, le festival projette plus de vingt films restaurés, dont dix avaient déjà été montrés lors de la 45ᵉ édition, et qui reviennent en raison de l’intérêt qu’ils ont suscité, ainsi qu’une dizaine de nouvelles restaurations. Des séquences Avant/Après ont été projetées, permettant au public d’apprécier le travail mené par les équipes de restauration.

Hussein Fahmy a ensuite exprimé la gratitude du festival envers ses partenaires et sponsors, avant que la présentatrice Jasmin Taha Zaki ne prenne la parole pour rappeler que « chaque nouvelle édition du Festival international du film du Caire rassemble les amoureux du cinéma, unis par leur amour de cet art ». Elle a souligné que l’Égypte traverse une véritable renaissance culturelle et que le cinéma, « plus qu’une industrie, est une conscience, un rêve et la mémoire d’une nation ».

Un montage vidéo présentant les films des différentes compétitions a précédé l’annonce officielle des jurys.

La soirée a ensuite accueilli deux hommages majeurs. Le premier a célébré le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, président du jury de la compétition internationale, qui a reçu la Pyramide d’or pour l’ensemble de sa carrière. Le second a honoré le comédien Khaled El Nabawy, lauréat du Prix Faten Hamama d’excellence. Celui-ci a remercié « l’Égypte, la direction du festival, le Ministre de la Culture, Hussein Fahmy, le public » et dédié sa distinction « aux âmes de ses parents, à son épouse Mona El Maghraby, à ses enfants Karim, Nour et Ziyad », ainsi qu’aux cinéastes qui ont façonné son parcours. Il a conclu en dédiant son prix « au peuple palestinien ».

Un hommage supplémentaire a célébré la longue carrière du réalisateur Mohamed Abdel Aziz, honoré à son tour de la Pyramide d’or. Celui-ci a déclaré : « Je n’oublierai jamais cet hommage après un long parcours au cinéma, au théâtre et à la télévision », ajoutant un message destiné aux jeunes créateurs : « plus vous donnez au cinéma, plus il vous rend au centuple ».

La cérémonie s’est conclue par l’annonce du film d’ouverture, le long-métrage brésilien Les voyages de Téreza/The Blue Trail.

A la fin de cette cérémonie, un constat s’impose. Les éditions précédentes du festival se distinguaient par des décors imposants, des installations visuelles, des espaces décorés dans toute l’enceinte de l’Opéra du Caire et diverses animations qui instauraient une ambiance cinématographique festive dès l’entrée. Tout cela a disparu cette année. Mis à part une unique prestation musicale en début de soirée, aucun décor élaboré et aucune autre intervention artistique n’ont accompagné les différentes étapes de la cérémonie. La soirée s’est limitée à la présentation des jurys, aux hommages et à l’annonce du film d’ouverture.

Cette sobriété soulève une question légitime : reflète-t-elle un choix artistique délibéré ou traduit-elle plutôt des contraintes budgétaires ? Aucun communiqué officiel n’apporte pour l’instant de précision. Dans certains festivals, une cérémonie réduite peut répondre à une orientation éditoriale recentrée sur les discours et la programmation, privilégiant la sobriété à l’ornementation. Dans d’autres cas, une diminution des installations, des décors ou des animations correspond à une réduction du budget opérationnel, les dépenses étant alors concentrées sur les éléments essentiels : les films, les jurys et les hommages.

Qu’il s’agisse d’un choix ou d’une contrainte, la disparition de ces dispositifs se ressent d’autant plus fortement à l’Opéra du Caire, où la scénographie et les installations des années précédentes jouaient un rôle structurant dans l’identité du festival. Les années antérieures, pratiquement tout l’espace était décoré, illuminé, animé, créant un véritable parcours visuel qui attirait les visiteurs, invitait à la photographie et plongeait instantanément dans l’ambiance du festival. Rien de tel en 2025.

La 46ᵉ édition du CIFF s’ouvre donc sur une cérémonie réduite à l’essentiel. Reste à voir comment ce choix — volontaire ou subi — influencera l’atmosphère générale du festival dans les jours à venir. Car au-delà des projections et de la programmation, un festival vit aussi par son espace, son énergie et la manière dont il enveloppe son public. Cette sobriété inaugurale annonce-t-elle une nouvelle façon d’imaginer l’expérience du CIFF, ou marque-t-elle simplement une parenthèse dans son histoire visuelle ? Les prochains jours le diront.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – Demain s’ouvre la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire

Demain le Festival international du film du Caire (CIFF) donnera le coup d’envoi de sa 46ᵉ édition, qui se tiendra du 12 au 21 novembre 2025. L’événement s’annonce foisonnant, curieux et profondément ancré dans l’humain. Fidèle à sa tradition d’exigence et d’ouverture, le festival affirme cette année deux lignes fortes : célébrer un cinéma d’auteur attentif aux réalités du monde et faire de la mémoire une force vivante et partagée.

Cette orientation se manifeste dès la composition du jury international, présidé par Nuri Bilge Ceylan, l’un des plus grands cinéastes du cinéma contemporain, dont la filmographie – de Winter Sleep à Les herbes sèches – explore la lenteur, le silence et les territoires intérieurs. À ses côtés siègent la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid, l’actrice égyptienne Basma, la cinéaste égyptienne Nadine Khan, la monteuse italienne Simona Paggi, le réalisateur chinois Guan Hu et le Roumain Bogdan Mureșanu. Ensemble, ils départageront les douze films de la compétition internationale, où se croisent la mémoire, la résistance, l’amour et la solitude.

La compétition internationale affirme cette identité par des œuvres venues des quatre coins du monde. Calle Málaga de Maryam Touzani prolonge la veine intime inaugurée par Le Bleu du caftan, en suivant une femme partagée entre devoir, désir et culpabilité. Death Does Not Exist de Félix Dufour-Laperrière, film d’animation d’une beauté plastique rare, interroge la frontière entre la présence et l’absence. Dragonfly de Paul Andrew Williams aborde la compassion et la rédemption à travers une tragédie familiale. Exile de Mehdi Hmili, représentant la Tunisie dans cette compétition, suit le parcours d’un homme brisé qui tente de reconstruire sa vie après la prison, dans un pays marqué par l’injustice et les fractures sociales. Once Upon a Time in Gaza des frères Tarzan et Arab Nasser conjugue rage de vivre et humour noir au cœur d’un territoire meurtri. One More Show de Mai Saad et Ahmed Eldanf s’intéresse aux artistes de théâtre qui continuent de jouer malgré les crises. Renovation de Gabrielė Urbonaitė explore les silences d’un couple dont la maison, en travaux, devient métaphore du temps qui s’effrite. Sand City de Mahde Hasan mêle poésie et observation sociale dans un Bangladesh en mutation. Souraya, mon amour de Nicolas Khoury évoque le Liban contemporain à travers une histoire d’amour et de mémoire. The Silent Run de Marta Bergman suit une migrante qui fuit la guerre pour se réinventer ailleurs, et Zafzifa de Peter Sant clôt la sélection sur une méditation mélancolique où la nature reflète l’état du monde.

La présence tunisienne est particulièrement forte cette année. D’abord dans le jury, avec Leyla Bouzid, ensuite dans la compétition internationale grâce à Exile de Mehdi Hmili, mais aussi dans la compétition Horizons du cinéma arabe, qui accueille deux longs-métrages tunisiens. Round 13 de Mohamed Ali Nahdi (Tunisie, 2025, 102 min) suit un père de famille confronté à la maladie et aux bouleversements que celle-ci provoque dans ses relations avec les siens ; à travers ce récit intime, le film explore la fragilité, la solidarité et la dignité face à l’épreuve. Looking for Aida de Sarra Abidi (Tunisie, 2025, 89 min) se déroule quant à lui dans un centre d’appels où Aïda, marquée par le départ soudain d’un collègue qu’elle connaissait depuis des années, entame une réflexion sur le temps, l’amour et le sens de son existence. Portrait sensible d’une femme en quête d’elle-même, le film s’impose par sa pudeur et sa justesse. À cela s’ajoute la présence du projet tunisien Goodbye Party de Sarra El Abed à la Cairo Film Connection, confirmant la vitalité du cinéma tunisien dans toutes les sections du festival.

Le festival soigne également ses temps symboliques. La clôture sera marquée par La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania, inspiré de la tragédie palestinienne qui a bouleversé le monde en janvier 2024 : celle d’une fillette de six ans tuée par l’armée Israélienne dans sa voiture à Gaza, alors qu’elle appelait les secours. En choisissant ce film, le festival inscrit la Palestine au cœur de sa dernière image : un cri d’enfant devenu symbole de l’innocence perdue et de la violence des temps. Ce choix réaffirme la place du cinéma comme témoin, et celle du Caire comme voix du monde arabe.

Le CIFF 2025 rendra par ailleurs hommage à quatre figures majeures du cinéma mondial : Mohamed Abdel Aziz, artisan d’une comédie sociale exigeante ; Mahmoud Abdel Samie, chef opérateur et documentariste qui a accompagné un demi-siècle d’histoire visuelle égyptienne ; Ildikó Enyedi, cinéaste hongroise au lyrisme singulier, dont le nouveau film Silent Friend sera présenté hors compétition ; et Hiam Abbass, actrice et réalisatrice palestinienne, célébrée pour son parcours entre les deux rives de la Méditerranée. Chacun recevra la Pyramide d’or pour l’ensemble de sa carrière, un trophée qui relie patrimoine et modernité.

La section Cairo Classics demeure l’un des piliers du festival. Elle mettra à l’honneur les grandes restaurations du cinéma égyptien – Youssef Chahine, Salah Abu Seif, Kamal El Sheikh, Barakat, Hassan al-Imam – tout en ouvrant un dialogue avec des auteurs internationaux comme David Lynch, Diane Kurys ou Sam Kadi. L’invitation à revoir Sa’eed Effendi (1956), rare film irakien restauré, inscrit cette sélection dans une démarche patrimoniale et pédagogique. Des ateliers et panels autour de la restauration numérique, en partenariat avec Coventry University, viendront prolonger cette réflexion sur la mémoire du cinéma et la transmission.

Le centenaire de la FIPRESCI sera célébré par la présentation de vingt-cinq films égyptiens marquants du premier quart du XXIᵉ siècle, de I Love Cinema d’Osama Fawzy à Les messages de la mer de Daoud Abdel Sayed, L’Appartement d’Héliopolis de Mohamed Khan, Microphone d’Ahmad Abdalla ou L’Immeuble Yacoubian de Marwan Hamed. Une rétrospective qui redonne toute sa place à la modernité du cinéma égyptien et à la diversité de ses écritures.

Tournée vers l’avenir, la 46ᵉ édition inaugure Cairo’s XR, première section du festival consacrée aux nouvelles formes immersives. Réalité virtuelle, intelligence artificielle, installations interactives : autant de dispositifs pour raconter autrement, et pour faire du spectateur un acteur de l’expérience cinématographique.

Sur le versant professionnel, le festival lance Cairo Pro-Meet sous l’égide du Cairo Film Market. Ce nouveau hub de rencontres, de mentorat et de coproductions prolonge la dynamique de la Cairo Film Connection et confirme la place du Caire comme l’un des pôles les plus actifs de la région pour le développement des projets arabes.

Enfin, l’affiche officielle, dominée par une colombe portant un rameau d’olivier, incarne l’esprit de cette édition : un message de paix et d’espérance dans un monde traversé par les conflits. En réunissant mémoire, innovation, engagement et ouverture, le Festival international du film du Caire 2025 s’impose une fois encore comme un espace de dialogue entre les cinémas et les peuples, où l’art demeure un langage universel et une promesse de vie.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – Le Prix Faten Hamama d’excellence sera décerné à Khaled El Nabawy

Le Festival international du film du Caire a annoncé que le Prix Faten Hamama d’excellence sera remis, lors de sa 46ᵉ édition qui se tiendra du 12 au 21 novembre 2025, à l’acteur égyptien Khaled El Nabawy, l’une des figures les plus marquantes et les plus respectées du cinéma arabe contemporain. Cette distinction rendra hommage à une carrière remarquable, guidée par une conscience artistique rare et un engagement constant envers le cinéma comme vecteur de culture et d’humanité.

Institué en mémoire de la grande actrice Faten Hamama, le prix honore chaque année des personnalités éminentes du cinéma pour leur contribution exceptionnelle à l’enrichissement de l’art cinématographique. En 2024, il avait été attribué à Ahmed Ezz, et en 2022 à Karim Abdelaziz — deux acteurs qui, chacun à sa manière, incarnent la vitalité et la modernité du cinéma égyptien.

Formé à l’Institut supérieur d’art dramatique du Caire dont il sort diplômé en 1989, Khaled El Nabawy débute la même année avec Une nuit de noces (Leilat Asal) de Mohamed Abdel Aziz. Dès ses premiers rôles, il attire l’attention par sa rigueur et la profondeur psychologique de ses compositions. Sa participation à Le Citoyen égyptien (Al-Muwatin Masri) de Salah Abou Seif, aux côtés de Omar Sharif, confirme un talent d’interprète capable d’allier intensité et retenue, émotion et maîtrise.

C’est toutefois en 1994, avec L’Émigré (Al-Mohager) de Youssef Chahine, que sa carrière prend un tournant décisif. Sous la direction du maître, il livre une interprétation habitée, à la fois charnelle et spirituelle, qui lui ouvre la reconnaissance du public et de la critique, en Égypte comme à l’étranger. Ce rôle fondateur l’installe durablement parmi les acteurs les plus prometteurs de sa génération. L’émigré sera projeté lors de cette édition dans la section Cairo Classics.

Au fil des années, Khaled El Nabawy s’impose comme l’un des visages majeurs du cinéma égyptien moderne, alternant entre drames intimistes et fresques sociales : Le Destin (Al-Massir, 1997) de Youssef Chahine, Omar 2000 (2000) d’Ahmed Atef, Le Dealer (Al-Dealer, 2010) d’Ahmed Saleh, ou encore Le Voyageur (Al-Mosafer, 2009) d’Ahmed Maher témoignent d’une filmographie exigeante, marquée par le souci de la vérité intérieure. Son interprétation, toujours mesurée, traduit une compréhension rare de la complexité humaine, nourrie d’un travail minutieux sur le geste, la voix et le regard.

CIFF 2025 
Khaled El Nabawy

Son parcours s’est également ouvert à l’international : il tournera sous la direction de Ridley Scott dans Kingdom of Heaven (2005), donnera la réplique à Naomi Watts et Sean Penn dans Fair Game (2010), et tiendra le rôle principal du film The Citizen (2012) de Sam Kadi, présenté dans plusieurs festivals internationaux. Ce dernier, qui lui a valu une reconnaissance mondiale, sera projeté cette année dans la section Cairo Classics du festival, en hommage à l’ensemble de sa carrière. Ces collaborations confirmeront la stature mondiale d’un artiste capable de franchir les frontières culturelles sans jamais renier ses racines.

Parallèlement à son œuvre cinématographique, Khaled El Nabawy mène depuis plus de trente-cinq ans une riche carrière télévisuelle, de Bawwabat Al-Helwani (La Porte d’Al-Helwani) jusqu’à Embratoret Meem (Empire M, 2024), où il explore avec une constante justesse les drames et dilemmes du quotidien égyptien. Il s’est également illustré sur scène, notamment avec Al-Genzir (La Chaîne) au Caire et Camp David à Washington, où il incarnait le président Anouar El-Sadate — rôle salué par la critique américaine pour sa précision et sa dignité.

En honorant Khaled El Nabawy du Prix Faten Hamama d’excellence, le Festival international du film du Caire célébrera bien plus qu’un acteur accompli : il saluera une trajectoire exemplaire, celle d’un artiste qui a su faire du cinéma une parole de vérité et de dialogue, un espace de rencontre entre l’Égypte et le monde.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – «Les voyages de Tereza» ouvrira la 46ᵉ édition

Le Festival international du film du Caire a annoncé que Les voyages de Tereza /The Blue Trail (O Último Azul), du réalisateur brésilien Gabriel Mascaro, ouvrira la 46ᵉ édition du festival, qui se tiendra du 12 au 21 novembre 2025. Le film sera projeté hors compétition lors de la soirée d’ouverture, marquant le coup d’envoi d’une édition placée sous le signe de la liberté, de la résistance et de la puissance du cinéma d’auteur contemporain.

Réalisé par Gabriel Mascaro, figure majeure du cinéma brésilien actuel, Les voyages de Tereza suit le parcours de Tereza, une femme de 77 ans vivant dans une petite ville industrielle de l’Amazonie. Sa vie bascule lorsqu’elle reçoit un ordre officiel lui enjoignant de rejoindre une colonie d’hébergement pour personnes âgées. Dans cet endroit isolé, les seniors sont regroupés pour passer leurs dernières années, tandis que la jeune génération se consacre à la productivité et à la croissance économique. Refusant ce destin imposé, Tereza entreprend un voyage le long du fleuve Amazone pour accomplir un dernier souhait avant que sa liberté ne lui soit définitivement retirée — un acte de résistance intime qui bouleversera son existence.

CIFF 2025 
Les voyages de Tereza
The Blue trail

Porté par Denise Weinberg, Rodrigo Santoro, Miriam Socorrás et Adanilo, le film est une coproduction entre le Brésil, le Mexique, le Chili et les Pays-Bas. D’une durée de 86 minutes, il est tourné en portugais et baigné de couleurs somptueuses, à l’image du décor amazonien qu’il célèbre autant qu’il interroge.

Présenté en première mondiale au Festival de Berlin, Les voyages de Tereza s’y est distingué en remportant trois distinctions majeures : le Prix du Jury – Ours d’argent, le Prix du Jury œcuménique et le Prix du Public du Berliner Morgenpost. Ces récompenses confirment le regard singulier de Mascaro sur la tension entre liberté individuelle et contrôle social, une thématique qu’il explore avec sensibilité et audace depuis ses débuts.

Né en 1983 à Recife, Gabriel Mascaro est l’un des cinéastes les plus talentueux de sa génération. Révélé avec Rodeo/Neon Bull, sélectionné parmi les dix meilleurs films de l’année 2016 par le New York Times, il a également marqué la Berlinale avec Divine Love, présenté dans la section Panorama. Son œuvre, à la croisée du réalisme social et de la poésie visuelle, se distingue par une attention constante portée aux marges, aux corps et aux mutations sociales du Brésil contemporain.

En choisissant Les voyages de Tereza pour inaugurer sa 46ᵉ édition, le Festival du Caire confirme sa volonté d’ouvrir le dialogue entre les cinémas du monde, en mettant à l’honneur une œuvre qui conjugue profondeur humaine et puissance esthétique.

Créé en 1976, le Festival international du film du Caire est le premier festival de cinéma international organisé dans le monde arabe et en Afrique, et demeure à ce jour le seul de la région reconnu par la Fédération internationale des associations de producteurs de films (FIAPF). Classé en catégorie « A », il se tient chaque année sous le patronage du ministère égyptien de la Culture.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – 25 films égyptiens pour le centenaire de la FIPRESCI

Le Festival international du film du Caire (CIFF) a révélé, en partenariat avec la Fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRESCI) et l’Association égyptienne des critiques de cinéma (EFCA), la liste des 25 meilleurs films égyptiens du premier quart du XXIᵉ siècle. L’initiative, lancée à l’occasion du centenaire de la FIPRESCI, marque une étape majeure dans la collaboration historique entre les critiques internationaux et l’un des festivals les plus prestigieux du monde arabe et d’Afrique.

Les résultats de ce classement seront publiés dans un ouvrage spécial édité pour la 46ᵉ édition du festival, prévue du 12 au 21 novembre 2025. Ce volume comprendra des analyses critiques de chacun des vingt-cinq films retenus ainsi qu’une étude approfondie des grandes tendances esthétiques et de production qui ont marqué le cinéma égyptien depuis l’an 2000. En complément, une table ronde sera organisée durant le festival pour présenter l’ouvrage et en débattre avec le public, les critiques et les professionnels.

L’idée de ce sondage est née d’une séance de réflexion réunissant les trois partenaires – FIPRESCI, CIFF et EFCA – avec l’objectif de documenter plus d’un siècle de cinéma égyptien, tout en valorisant les réalisations récentes à travers un regard critique rigoureux. L’annonce officielle du projet avait été faite en mai 2025 au Pavillon égyptien du Marché du Film de Cannes, lors de la 78ᵉ édition du festival.

Une méthodologie précise

Pour établir ce classement, un formulaire de vote a été distribué à l’ensemble des membres de l’Association égyptienne des critiques de cinéma. Ceux-ci disposaient d’une liste de 881 longs-métrages sortis en Égypte entre le 1ᵉʳ janvier 2001 et le 31 juillet 2025. Si les cinq derniers mois de l’année en cours n’ont pas été pris en compte, ce choix permettait de présenter les résultats en amont du festival. Les films éligibles incluaient aussi bien les sorties en salles que les œuvres directement diffusées sur les chaînes satellites ou les plateformes de streaming, garantissant une compétition équitable entre toutes les productions.

Soixante-trois critiques ont participé à ce vote, témoignant d’un fort engagement de la profession. Ce travail collectif offre désormais une référence précieuse pour les spectateurs, les chercheurs et les historiens du cinéma désireux de comprendre quelles œuvres ont marqué de façon décisive le paysage cinématographique égyptien des vingt-cinq dernières années.

CIFF 2025 FIPRESCI 
Cinéma égyptien

Le palmarès des 25 films retenus

Parmi les films les mieux classés, I Love Cinema d’Osama Fawzy illustre avec une délicatesse rare la manière dont le cinéma peut devenir un moteur de curiosité et de passion chez les jeunes générations. Le film met en scène un jeune garçon fasciné par les images et les histoires, offrant une réflexion implicite sur la relation intime entre le spectateur et l’art cinématographique, mais aussi sur la manière dont le cinéma peut incarner des repères culturels et sociaux dans l’Égypte contemporaine. Cette sensibilité se retrouve dans les œuvres de Daoud Abdel Sayed, dont Les messages de la mer explore avec profondeur la mémoire et l’identité à travers le récit d’un homme confronté à son passé. Ces films témoignent d’un cinéma qui, tout en racontant des histoires personnelles, engage une réflexion plus large sur la société et la culture égyptiennes.

La sélection met également en lumière des réalisateurs capables de combiner réussite critique et reconnaissance internationale. C’est le cas de Mawran Hamed avec Immeuble Yacoubian, qui a non seulement lancé sa carrière mais a également propulsé le roman d’Alla Al Aswany sur la scène mondiale. Le film a permis de donner une visibilité internationale à la littérature et au cinéma égyptiens, tout en abordant avec acuité les tensions sociales, politiques et économiques de l’époque. Cette capacité à toucher un public large tout en conservant une exigence artistique se retrouve chez Youssef Chahine et Khaled Youssef, dont la collaboration sur Le Chaos confirme l’influence durable de Chahine et sa manière de traiter les questions sociales complexes avec un style narratif affirmé.

CIFF 2025 FIPRESCI 
Cinéma égyptien

Le classement reconnaît aussi l’émergence de voix nouvelles et audacieuses qui expérimentent formes et esthétiques. Omar Zohairy, avec Plumes, incarne ce cinéma contemporain capable de surprendre et de provoquer, tant par sa présentation à Cannes que par la polémique qu’il a suscitée en Égypte. Ce décalage entre l’accueil international, marqué par la reconnaissance du film dans les festivals, et la réaction locale, souvent critique voire hostile, illustre la tension permanente entre modernité artistique et perception sociale en Égypte. De même, Microphone d’Ahmad Abdalla Elsayed s’intéresse à la culture underground et à la scène musicale alternative du Caire, révélant une jeunesse inventive et engagée. Ces œuvres montrent que le cinéma égyptien du XXIᵉ siècle n’est pas seulement tourné vers le divertissement ou la tradition : il cherche également à questionner, expérimenter et renouveler ses codes, en donnant voix à des récits jusqu’alors marginalisés. Il est à noter que ces deux films ont remporté le Tanit d’Or aux Journées Cinématographiques de Carthage.

La place donnée aux films explorant des problématiques urbaines et sociales, comme Les derniers jours d’une ville de Tamer El Said, démontre un intérêt pour l’espace contemporain et ses transformations. Le Caire devient alors un personnage à part entière, et les histoires qui s’y déroulent reflètent les mutations de la société, les tensions individuelles et collectives, ainsi que les nouvelles formes de vie dans la métropole. De même, Les femmes du Caire met en avant des perspectives féminines et des personnages marginalisés, soulignant que le cinéma égyptien contemporain accorde une importance croissante à la diversité des voix et à la représentation des réalités sociales complexes.

CIFF 2025 FIPRESCI 
Cinéma égyptien
CIFF 2025 FIPRESCI Cinéma égyptien

Enfin, ce classement met en évidence un équilibre entre films audacieux et œuvres accessibles, montrant que le cinéma égyptien du XXIᵉ siècle sait allier innovation artistique et dialogue avec le public. Cette sélection témoigne de la vitalité et de la diversité du cinéma égyptien, capable de naviguer entre tradition et modernité, entre succès national et reconnaissance internationale, tout en continuant à documenter et à interroger les transformations sociales et culturelles de la société contemporaine.

Une initiative qui s’inscrit dans l’histoire du festival et de la critique

Fondé en 1976, le Festival international du film du Caire reste le seul festival arabe et africain classé en catégorie « A » par la FIAPF (Fédération internationale des associations de producteurs de films), statut qu’il partage avec les plus grands rendez-vous cinématographiques mondiaux. Ce projet s’inscrit ainsi dans sa mission de valorisation du patrimoine cinématographique tout en accompagnant les évolutions du cinéma contemporain.

De son côté, la FIPRESCI, créée en 1925 à Bruxelles, regroupe aujourd’hui les associations nationales de critiques de plus de cinquante pays et des membres individuels d’une quarantaine d’autres. Sa vocation est de défendre la critique cinématographique et de promouvoir la culture du cinéma à l’échelle internationale.

Avec cette sélection, la FIPRESCI, l’EFCA et le CIFF offrent un panorama inédit du cinéma égyptien de ce début de siècle, un outil de mémoire et de transmission qui invite à relire un quart de siècle de création à travers le regard exigeant des critiques. L’ouvrage et les débats à venir devraient nourrir une réflexion approfondie sur la vitalité d’un cinéma en perpétuel dialogue avec son histoire et son présent.

Voici le classement complet établi par les critiques

  1. I Love Cinema (2004) — Osama Fawzy
  2. Les messages de la mer (2010) — Daoud Abdel Sayed
  3. Le Citoyen, l’indic et le voleur (2001) — Daoud Abdel Sayed
  4. La Porte du soleil (2004) — Yousry Nasrallah
  5. L’appartement d’Héliopolis (2007) — Mohamed Khan
  6. Nuits blanches (2003) — Hani Khalifa
  7. Les Meilleurs moments (2004) — Hala Khalil
  8. Microphone (2011) — Ahmad Abdalla Elsayed
  9. Ibrahim El Abyad (2009) — Mawran Hamed
  10. Immeuble Yacoubian (2006) — Mawran Hamed
  11. Le Magicien (2001) — Radwan El-Kashef
  12. Les derniers jours d’une ville (2016) — Tamer El Said
  13. Son Excellence le Ministre (2002) — Samir Seif
  14. Les femmes du Caire (2009) — Yousry Nasrallah
  15. Sortir au jour (2012) — Hala Lotfy
  16. Les Portes fermées (2001) — Atef Hatata
  17. Plumes (2021) — Omar Zohairy
  18. L’Aquarium (2008) — Yousry Nasrallah
  19. Chercher une issue pour M. Rambo (2025) — Khaled Mansour
  20. Hiyam, la fille de l’usine (2014) — Mohamed Khan
  21. Un-zéro (2009) — Kamlah Abu-Zikri
  22. Temps libre (2006) — Mohammed Moustafa
  23. L’Île (2007) — Sherif Arafa
  24. Abu Zaabal 89 (2025) — Bassam Mortada
  25. Le Chaos (2007) — Youssef Chahine & Khaled Youssef

Neïla Driss

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CIFF 2025 — Hommage à quatre maîtres du cinéma mondial

À l’occasion de sa 46ᵉ édition, qui se tient du 12 au 21 novembre 2025, le Festival international du film du Caire rend hommage à quatre grandes figures du cinéma égyptien, arabe et international à travers ses Career Achievement Awards (Prix pour l’ensemble de la carrière) dont le trophée, la Pyramide d’or, est remis chaque année à des figures majeures du cinéma mondial. Mohamed Abdel Aziz, Mahmoud Abdel Samie, Ildikó Enyedi et Hiam Abbass seront ainsi célébrés pour l’ensemble de leur œuvre, leurs contributions à l’art cinématographique et leur influence durable sur plusieurs générations de cinéastes. Par cette quadruple distinction, le CIFF affirme à la fois son enracinement dans le patrimoine du cinéma égyptien et sa vocation universelle à mettre en dialogue les expériences du monde.

Mohamed Abdel Aziz, l’artisan de la comédie sociale

Figure majeure du cinéma égyptien depuis les années 1970, Mohamed Abdel Aziz a bâti une œuvre profondément populaire sans jamais renoncer à l’exigence artistique. Formé à l’école des grands maîtres dont il fut l’assistant — notamment sur Cairo 30 (1966), Mon père sur l’arbre/My Father Above the Tree (1969), We Do Not Sow Thorns (1970) ou Palabres sur le Nil/Chatter on the Nile (1971) —, il fait ses débuts de réalisateur avec Images interdites/Forbidden Photos (1972), l’un des derniers films en noir et blanc de l’histoire du cinéma égyptien.

Ce qui distingue Mohamed Abdel Aziz, c’est cette alliance rare entre réalisme social et humour, un art de capter les contradictions du quotidien à travers la légèreté apparente de la comédie. Ses films emblématiques, tels En été, il faut aimer/In Summer, We Must Love (1974), Un monde de gosses/The World of Kids (1976) ou Mille baisers et un baiser/Thousand Kisses, and a Kiss (1977), ont contribué à renouveler le genre, en lui insufflant une sensibilité à la fois populaire et critique. Sa longue collaboration avec Adel Imam a donné naissance à des classiques intemporels, de Certains se marient deux fois/Some Visit the Marriage Registrar Twice (1978) à Hanafi le Magnifique/Hanfi the Pasha (1990), en passant par Méfie-toi de tes voisins/Watch Out for Your Neighbors (1979).

Souvent comparé à Fatin Abdel Wahab, pionnier de la comédie égyptienne, Mohamed Abdel Aziz s’en distingue pourtant par une approche plus rigoureuse, presque perfectionniste. Ses collègues l’avaient surnommé “le dictateur du plateau” pour son obsession du détail et son exigence de précision. Parallèlement au cinéma, il s’est illustré au théâtre (Mohamed Ali Street, 1991 ; Afrotto, 1999) et à la télévision (A Day of Honey, A Day of Onions, 1998 ; Abu Dahka Genan, 2009, biopic d’Ismail Yassine). En enseignant à l’Institut supérieur du cinéma, il a transmis son savoir à toute une génération. Son nom incarne ainsi l’idée d’un cinéma égyptien total, capable de faire rire, réfléchir et durer.

CIFF 2025
Prix pour l’ensemble de la carrière

Mahmoud Abdel Samie, l’œil du réel

S’il est une figure plus discrète mais essentielle du septième art égyptien, c’est bien Mahmoud Abdel Samie, chef opérateur et documentariste d’exception, dont la carrière s’étend sur plus d’un demi-siècle. Diplômé en 1966 de la Faculté des arts appliqués, il a tourné plus de 200 documentaires et participé à la construction visuelle du cinéma égyptien moderne.

Mahmoud Abdel Samie a accompagné l’histoire du pays avec sa caméra. Il fut le premier directeur de la photographie à entrer sur le front durant la guerre d’usure en juillet 1969, puis à filmer les jours décisifs qui précédèrent la victoire d’octobre 1973. Engagé dans le mouvement du Nouveau Réalisme égyptien, il a signé les images de films marquants comme Houseboat No. 70, The Piper, A Love Story’s Last Chapter ou The Hooligans. Son regard, toujours attentif à la lumière du quotidien, a su traduire le vécu d’un peuple avec une vérité sans emphase.

Président actuel de la Société du film du Caire et de son festival annuel, Mahmoud Abdel Samie est aussi un pédagogue reconnu, formant depuis les années 1960 des générations de chefs opérateurs et de réalisateurs. En lui décernant un Career Achievement Award (Prix pour l’ensemble de la carrière), le CIFF salue autant le témoin que le créateur, celui qui a su faire du documentaire une écriture du réel aussi noble que la fiction.

CIFF 2025
Prix pour l’ensemble de la carrière

Ildikó Enyedi, l’éloge de la sensibilité et du mystère

Sur le plan international, le festival distingue cette année la cinéaste hongroise Ildikó Enyedi, dont l’œuvre rare et poétique a marqué les festivals du monde entier. Dès son premier long métrage, Mon 20e siècle lauréat de la Caméra d’or à Cannes, Ildikó Enyedi imposait un univers singulier, mêlant fantaisie et réflexion philosophique sur la modernité.

En 2017, son film Corps et âme recevait l’Ours d’or à Berlin avant d’être nommé à l’Oscar du meilleur film international. Qu’il s’agisse de Simon, le mage ou de L’histoire de ma femme, sa mise en scène explore l’intériorité, le désir et la frontière poreuse entre rêve et réalité. Son dernier film, Silent Friend, présenté à la Biennale de Venise en septembre, poursuit cette quête : celle d’un cinéma à la fois intellectuel et charnel, attentif à la beauté du monde autant qu’à sa fragilité. Ce film sera projeté en hors compétition pendant cette édition du CIFF.

Ancienne professeure à l’École de cinéma de Budapest, jurée à Cannes et dans de nombreux festivals, Ildikó Enyedi incarne la figure rare d’une cinéaste européenne qui allie pensée et émotion, sans jamais sacrifier l’un à l’autre. Le Career Achievement Award (Prix pour l’ensemble de la carrière) qui lui sera remis au Caire consacre une œuvre d’auteur profondément humaine, ouverte à l’altérité et à la poésie du geste filmique.

CIFF 2025
Prix pour l’ensemble de la carrière

Hiam Abbass, la mémoire vivante du cinéma arabe

Enfin, le CIFF célèbre Hiam Abbass, comédienne, réalisatrice et icône palestinienne dont la trajectoire symbolise le dialogue entre les cultures arabes et occidentales. Née à Nazareth en 1960, formée à la photographie et au théâtre à Jérusalem, elle s’installe à Paris à la fin des années 1980. Depuis, elle a joué dans plus d’une centaine de films et de séries, imposant une présence magnétique, à la fois fière et vulnérable.

Dans le monde arabe, elle s’est illustrée dans des œuvres majeures comme Haifa de Rashid Masharawi, La Porte du Soleil de Yousry Nasrallah ou Paradise Now de Hany Abu-Assad. À l’international, elle a collaboré avec Steven Spielberg (Munich), Tom McCarthy (The Visitor) ou encore Ridley Scott (Blade Runner 2049). Elle a également marqué la télévision avec ses rôles dans Succession et Ramy, où sa justesse donne une profondeur nouvelle aux personnages arabes dans la fiction occidentale.

Mais Hiam Abbass ne se limite pas à l’interprétation : avec son premier long métrage Héritage (2012), elle a signé une œuvre d’auteur sur la transmission, la mémoire et la quête d’identité, thèmes centraux de son parcours. En honorant cette artiste complète, le CIFF rend hommage à une figure de passage, qui relie les mondes, transcende les frontières et incarne une forme d’universalité à la fois arabe et féminine.

CIFF 2025
Prix pour l’ensemble de la carrière

Une constellation de regards

En choisissant d’honorer ces quatre personnalités, le Festival du Caire affirme sa volonté de réunir les multiples visages du cinéma : la comédie populaire et le documentaire, le réalisme social et la poésie intérieure, la transmission et la résistance culturelle. Tous partagent un même engagement : celui de croire encore au pouvoir du cinéma pour raconter le monde, le penser, et le transformer.

Ces Career Achievement Awards (Prix pour l’ensemble de la carrière) ne se contentent donc pas de saluer des carrières ; ils dessinent un portrait collectif du cinéma comme mémoire vivante, à la fois locale et universelle. Du Caire à Budapest, de Nazareth à Paris, ces destins convergent dans une même fidélité à l’art du regard — ce regard qui éclaire la complexité humaine et qui, au Caire cette année, retrouve toute sa légitimité d’être célébré.

Neïla Driss

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Golden Globes 2026 : Helen Mirren honorée par le prix Cecil B. DeMille

Les Golden Globes ont annoncé que l’actrice, productrice et triple lauréate Helen Mirren recevra le prix Cecil B. DeMille en 2026, en reconnaissance de son apport exceptionnel et durable au monde du divertissement. Le prix lui sera remis lors de la nouvelle émission annuelle en prime time intitulée « Golden Eve », diffusée le jeudi 8 janvier 2026 à 20h (ET/PT) sur CBS et en streaming sur Paramount+.

Une carrière d’exception saluée

Considérée comme l’une des plus grandes comédiennes de sa génération, Helen Mirren a marqué plus de six décennies de cinéma, de théâtre et de télévision. Récompensée à trois reprises par les Golden Globes, elle a notamment été distinguée pour ses interprétations de la reine Elizabeth II dans The Queen (2006) et d’Elizabeth I dans Elizabeth I (2005). Ces rôles emblématiques ont confirmé son talent pour incarner des figures complexes et puissantes, oscillant entre autorité, émotion et fragilité.

Lauréate d’un Oscar, de plusieurs Emmy Awards, BAFTA, SAG Awards et d’un Tony Award, Helen Mirren est l’une des rares artistes à avoir remporté les distinctions les plus prestigieuses du cinéma et du théâtre. En 2003, elle a été faite Dame de l’Empire britannique pour l’ensemble de son œuvre artistique.

Pour Helen Hoehne, présidente des Golden Globes, « Helen Mirren est une force de la nature et sa carrière est tout simplement extraordinaire. Ses performances transcendent le temps et continuent d’inspirer des générations d’artistes et de spectateurs à travers le monde. »

“Golden Eve” : une soirée dédiée à l’héritage du cinéma et de la télévision

Cette année, les Golden Globes innovent avec la création de « Golden Eve », une émission spéciale consacrée aux lauréats des prix Cecil B. DeMille et Carol Burnett, deux distinctions honorant respectivement une carrière exceptionnelle dans le cinéma et à la télévision.

Après le succès de la Golden Gala 2025, qui célébrait Viola Davis et Ted Danson, cette nouvelle formule offrira un regard inédit sur le parcours des artistes honorés, avec des images d’archives, des entretiens exclusifs et des moments marquants de leur carrière.

« Golden Eve » s’inscrira dans le cadre de la Golden Week, une série d’événements et d’émissions diffusés sur les plateformes du groupe Paramount, en prélude à la 83ᵉ cérémonie des Golden Globes, prévue le dimanche 11 janvier 2026. Cette édition sera animée par la comédienne et humoriste Nikki Glaser, déjà nommée aux Golden Globes, aux GRAMMY Awards et aux Emmy Awards.

Un prix chargé d’histoire

Créé en 1952 en hommage au réalisateur Cecil B. DeMille, le prix éponyme a depuis récompensé 69 personnalités parmi les plus illustres du cinéma mondial. Parmi elles figurent Walt Disney, Audrey Hepburn, Sidney Poitier, Judy Garland, Elizabeth Taylor, Robert Redford, Barbra Streisand, Meryl Streep, Tom Hanks ou encore Oprah Winfrey.

Son équivalent pour la télévision, le Carol Burnett Award, instauré en 2019 et attribué pour la première fois à la légendaire humoriste américaine Carol Burnett, distingue un artiste ayant marqué l’histoire du petit écran par la qualité et l’influence de son œuvre.

Une institution du cinéma mondial

Depuis 1944, les Golden Globes sont considérés comme l’une des cérémonies les plus prestigieuses d’Hollywood, honorant chaque année le meilleur du cinéma et de la télévision, et désormais du podcast. Diffusés dans plus de 185 pays, ils constituent un événement mondial surnommé « Hollywood’s Party of the Year », véritable ouverture de la saison des récompenses.

Les Golden Globes sont produits par Dick Clark Productions, société également derrière des émissions emblématiques telles que les American Music Awards, les Billboard Music Awards ou So You Think You Can Dance.

Une ouverture internationale

Ces dernières années, les Golden Globes ont profondément renouvelé leur composition en s’ouvrant à des critiques de cinéma venus du monde entier, afin de mieux représenter la diversité culturelle du public et du cinéma mondial. Cette ouverture a permis d’intégrer plus d’une centaine de nouveaux votants internationaux issus de différents continents. J’ai, pour ma part, l’honneur d’en faire partie en tant que critique tunisienne, la seule actuellement résidente en Tunisie à participer au vote des Golden Globes.

Un engagement culturel et humanitaire

Au-delà du prestige de sa cérémonie, l’organisation des Golden Globes a consacré au fil des décennies plus de 55 millions de dollars à des actions caritatives, des bourses d’études, des projets de restauration de films et des initiatives favorisant la diversité et l’accès à l’industrie du divertissement pour les communautés sous-représentées.

Un hommage attendu

L’annonce de la distinction d’Helen Mirren s’inscrit dans une longue tradition de reconnaissance du talent et de l’engagement des artistes ayant marqué durablement le septième art. À 80 ans, l’actrice britannique rejoint ainsi le panthéon des grandes figures honorées par le Cecil B. DeMille Award, symbole d’une carrière exemplaire et d’une passion inébranlable pour l’art de raconter des histoires.

Neïla Driss

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Quand le cinéma s’invite au droit — et que le droit s’interroge à travers le cinéma

Colloque international Droit et Cinéma / 31 octobre et 1er novembre 2025, Tunis

Le cinéma franchit les portes de la faculté de droit. Pendant deux jours, il s’y installe non pas comme divertissement, mais comme question, comme miroir, comme témoin. C’est cette rencontre singulière que propose le Colloque international “Droit et Cinéma”, organisé les 31 octobre et 1er novembre 2025 à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, en partenariat avec l’École Supérieure de l’Audiovisuel et du Cinéma (ESAC) et l’Initiative Normes, Culture et Patrimoine.

Le droit et le cinéma, à première vue, semblent appartenir à deux univers dissemblables : l’un repose sur la rigueur des textes, la hiérarchie des normes et la recherche d’un équilibre ; l’autre sur l’imaginaire, la subjectivité et la mise en crise des certitudes. Mais lorsque le cinéma s’invite dans le domaine du droit, il ne vient pas seulement illustrer ou raconter : il interrogedérangerévèle. Il oblige la loi à se regarder autrement, à affronter sa propre représentation, à se confronter à la perception sensible qu’en donne l’image.

C’est à ce croisement fécond entre raison et imaginaire, règle et liberté que se consacrera ce colloque, réunissant juristes, universitaires, cinéastes et critiques autour d’une même table, pour penser ensemble ce qui relie — et parfois oppose — le droit et le cinéma.

Droit et cinéma
Affiche du Colloque international “Droit et Cinéma / القانون و السينما”

Représenter le droit : entre symbole et récit

La première journée du colloque sera consacrée à la présence du droit dans la narration cinématographique. Comment la justice s’incarne-t-elle à l’écran ? Sous quels visages, quels archétypes, quelles formes de mise en scène ? De Giovanni Rizzoni (Université Luiss-Guido Carli de Rome) à Ivan Capeller (Université Fédérale de Rio de Janeiro), les chercheurs questionneront la représentation du pouvoir judiciaire, des figures d’accusés ou de juges, et les métamorphoses du procès dans le langage filmique.

Au-delà de la simple analyse des œuvres, il s’agira de comprendre ce que le cinéma fait au droit — et réciproquement. L’image, en reconfigurant la notion de vérité ou de faute, en déplaçant la frontière entre culpabilité et responsabilité, invente de nouvelles façons d’appréhender la justice. Dans un monde saturé de récits audiovisuels, cette relecture devient essentielle.

Quand le cinéma devient contre-pouvoir

Le deuxième axe du colloque, intitulé “Le cinéma, outil de propagande ou champ de critique du droit”, abordera le cinéma comme espace de résistance, de débat ou de légitimation du pouvoir.
Sous la présidence de Kamel Ben Ouanes, critique de cinéma et vice-président de l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique, et de Sonia Chamkhi, cinéaste et écrivaine, la réflexion portera sur le rapport ambivalent entre cinéma et institution : comment le film peut-il être à la fois instrument de pouvoir et arme critique ?

Des communications venues d’Italie, du Canada, de Tunisie et de France évoqueront la jurisprudence visuelle autour du divorce, la représentation des peuples et des frontières, ou encore les mutations du cinéma postrévolutionnaire. Le regard du Sud, souvent minoré dans les circuits de production mondiale, sera aussi au cœur des débats : que signifie “filmer la justice” depuis des territoires où la loi est parfois inachevée, suspendue ou confisquée ?

Le droit de créer : entre libertés et contraintes

Le dernier axe, prévu le samedi 1er novembre, portera sur les vicissitudes juridiques de la création cinématographique : financement, statut des œuvres, droit d’auteur, intelligence artificielle. Autrement dit, tout ce qui façonne aujourd’hui les conditions mêmes de la production artistique.
Sous la présidence de Nouha Chaouachi et Mariam Ben Salem, la discussion s’ouvrira sur les réalités concrètes auxquelles font face les créateurs : protection des films, circulation internationale, censure, nationalité des œuvres… autant de questions cruciales à l’heure où les plateformes brouillent les frontières et où la technologie redéfinit l’idée même d’auteur.

Les communications de Géraldine Goffaux Callebaut (Université d’Orléans), Aïda Caïd Essebsi (Faculté des Sciences Juridiques de Tunis) et Ghazi Gherairi (Initiative Normes, Culture et Patrimoine) interrogeront la manière dont le droit peut — ou non — accompagner ces mutations sans trahir l’esprit de la création.

Thémis et l’objectif

L’affiche du colloque en dit déjà long : une statue de Thémis, déesse grecque de la justice, les yeux bandés, tenant d’une main la balance et de l’autre… une caméra.
Thémis, dans la mythologie grecque, incarne la loi naturelle, la mesure et la sagesse. Elle est cette figure qui veille sur l’équilibre entre l’ordre et la morale. Son bandeau symbolise l’impartialité, sa balance la recherche d’équité, son glaive l’autorité de la loi.
Mais ici, Thémis ne tient plus seulement les attributs du jugement : elle adopte aussi le regard du cinéma. En remplaçant son glaive par une caméra, l’image suggère un déplacement subtil — celui d’une justice qui s’ouvre à la perception, à l’émotion, à la pluralité des points de vue.

En associant l’icône du droit à l’instrument du regard, l’affiche traduit l’ambition de ce colloque : montrer que le cinéma peut rendre la justice plus humaine, et que le droit peut donner sens à l’image.

Droit et cinéma
Programme

Droit et cinéma
Programme

Entre cadre et liberté : une réflexion ouverte

Ce colloque, par son approche transversale, dépasse le cadre académique : il invite à repenser la justice comme expérience sensible. À travers l’image, le son, le récit, le cinéma dit ce que le droit tait : les émotions, les injustices, les zones d’ombre. En retour, le droit, par sa rigueur et son langage, impose au cinéma un contrepoint, une structure, parfois une limite salutaire.

Entre la balance de Thémis et l’objectif de la caméra, il y a cette même quête d’équilibre — entre vérité et représentation, entre norme et liberté.
Et peut-être est-ce là, dans cette tension, que se loge la véritable rencontre : celle d’un droit qui apprend à écouter les images, et d’un cinéma qui redonne au droit un visage, une voix, une conscience.

📅 31 octobre et 1er novembre 2025
📍 Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis
🎬 Entrée libre — conférences, projections et débats ouverts au public

Neïla Driss

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Ces films sur la Palestine que les distributeurs américains refusent de voir

Le silence après l’ovation

Il y a parfois des silences qui en disent long. Cet automne, à la Mostra de Venise, La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania a bouleversé le public, recevant une ovation de près de vingt-quatre minutes, un record pour ce festival. Le film retrace l’histoire d’Hind, une fillette palestinienne tuée à Gaza en 2024, après avoir supplié en vain les secours de venir la sauver alors qu’elle était piégée dans une voiture sous les tirs israéliens. Mais à peine les applaudissements retombés, le silence d’Hollywood s’est imposé. Aucun grand distributeur américain n’a voulu acquérir le film, pourtant ayant comme producteurs exécutifs Brad Pitt, Joaquin Phoenix et Rooney Mara, et choisi par la Tunisie pour représenter le pays aux Oscars.

« Personne ne dit qu’il a peur », confie la réalisatrice. « Mais on sent la gêne. C’est comme si parler d’un enfant palestinien tué était devenu un sujet qu’il faut contourner. »

Des films sur la Palestine célébrés, mais sans marché

Son constat illustre une réalité plus large. Quatre films qui racontent la Palestine de 1936 à 2024 — All That’s Left of You de Cherien Dabis, Palestine 36 d’Annemarie Jacir, The Sea de Shai Carmeli-Pollak et La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania — cherchent aujourd’hui à percer dans la course aux Oscars. Tous ont été acclamés dans les festivals internationaux, tous ont ému les spectateurs, tous ont récolté des prix, et aucun n’a réussi à franchir la barrière du marché américain.

Les distributeurs américains, interrogés anonymement, avancent des arguments de façade : plannings surchargés, budgets marketing insuffisants, ou craintes d’un public peu réceptif. Mais ces raisons ne tiennent pas face à l’évidence. Ce qui freine, ce n’est ni la langue ni la qualité des films : c’est leur sujet. Dans un Hollywood fragmenté, où chaque mot sur le Moyen-Orient devient explosif, la peur de se positionner a remplacé le courage artistique.

Des jurys courageux face à l’autocensure des distributeurs

Pourtant, sur la scène internationale, les jurys des grands festivals ont, eux, tranché selon le seul critère du cinéma. La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania a remporté neuf prix à Venise, dont le Lion d’Argent, ainsi que d’autres distinctions à San Sebastian, Chicago, Gand et Hamptons. All That’s Left of You de Cherien Dabis a été récompensé à San Francisco, Shanghai, Sydney et Hamptons, tandis que The Sea de Shai Carmeli-Pollak a reçu deux prix au festival de Jérusalem. Ces films, célébrés partout où ils ont été projetés, rappellent que la reconnaissance critique et artistique n’est pas en cause : ce qui coince, c’est l’accès au marché américain.

Les ovations et récompenses obtenues témoignent que, là où le courage artistique persiste, le public et les jurys savent reconnaître et récompenser le talent.

La question se pose désormais : que feront les électeurs des grandes compétitions comme les Golden Globes ou les Oscars ? Voteront-ils pour ces films et leur décerneront-ils, eux aussi, les prix qu’ils méritent ? Ou céderont-ils, à leur tour, à la frilosité ambiante qui réduit la Palestine au silence ?

Le climat de peur à Hollywood

Depuis deux ans, le conflit à Gaza a provoqué une fissure profonde dans l’industrie. D’un côté, plus de 5 000 professionnels ont signé un appel au boycott des institutions israéliennes ; de l’autre, les grands studios — Paramount, Warner Bros. — ont publiquement condamné cette initiative, préférant afficher leur neutralité. Entre les deux, une majorité silencieuse se tait, craignant de compromettre sa carrière ou son image. Javier Bardem, portant un keffieh aux Emmy Awards, a dénoncé la guerre, pendant qu’Amy Schumer, sur Instagram, plaidait pour les otages israéliens. Chaque geste devient un signal politique.

Dans ce climat hyperpolarisé, les distributeurs se trouvent en première ligne : acheter un film sur la Palestine, c’est risquer une campagne de dénigrement en ligne, voire des menaces de boycott. À Hollywood, tout est image — et tout se calcule. Les films deviennent des dossiers sensibles, des « projets à évaluer plus tard », comme si leur existence même posait problème.

Le public, lui, ne fuit pas

Et pourtant, le public, lui, ne fuit pas. L’an dernier, le documentaire No Other Land de Yuval Abraham, Basel Adra et Hamdan Ballal (Oscar 2025 du meilleur documentaire), qui racontait la vie d’une communauté palestinienne en Cisjordanie occupée, n’avait trouvé aucun distributeur. Ses producteurs ont décidé de le sortir eux-mêmes en salles américaines : il a rapporté 2,5 millions de dollars, devenant l’un des documentaires les plus vus de l’année. Mieux encore, les réalisateurs ont refusé une offre d’une grande plateforme, par souci d’éthique, refusant d’associer leur œuvre à des capitaux liés à l’industrie militaire israélienne.

Les initiatives indépendantes comme dernier refuge

Ces initiatives indépendantes sont devenues le dernier refuge d’un cinéma que les grands circuits jugent « trop risqué ». En 2024, les frères palestino-américains Hamza et Badi Ali ont fondé Watermelon Pictures, une société de distribution installée à Chicago, destinée à offrir une vitrine aux films arabes et palestiniens rejetés par les studios. Avec la mannequin Alana Hadid comme directrice artistique, ils ont déjà pris sous leur aile All That’s Left of You et Palestine 36. Les deux films ont reçu des ovations, des critiques élogieuses, et pourtant, aucune offre venue de Los Angeles.

« Dès qu’on parle de Palestine, la conversation se bloque », explique Hamza Ali. « On nous écoute poliment, puis on nous renvoie vers des supérieurs hiérarchiques. Rien n’avance. »

Le pouvoir du récit

Derrière cette frilosité se cache une vérité dérangeante : dans l’industrie du cinéma comme ailleurs, le pouvoir de raconter dépend de qui détient le micro. Aujourd’hui plus que jamais, le narratif est central. Contrôler le récit, c’est orienter l’empathie, fixer les symboles, dessiner la mémoire collective. Empêcher une histoire palestinienne de circuler, c’est aussi empêcher l’existence d’une perspective plurielle dans l’espace public.

Les cinéastes palestiniens et arabes ne demandent pas la complaisance ; ils réclament la possibilité d’être entendus. Chaque film est une voix, une mémoire, une humanité. Dans un monde saturé d’images, priver quelqu’un du droit de raconter sa propre histoire, c’est lui refuser une part d’existence. Le récit n’est pas un simple instrument politique : il est le moyen par lequel des vies rencontrent d’autres vies.

Quand d’autres voix se lèvent ailleurs

Si Hollywood, par peur du contrecoup, choisit le silence, d’autres acteurs — festivals, distributeurs indépendants, collectifs d’artistes — s’efforcent, ailleurs, de rouvrir les espaces que l’industrie verrouille. Face à la frilosité des studios américains, ces initiatives rappellent que le cinéma n’est pas seulement un produit à vendre, mais un langage universel, capable de traverser les frontières que d’autres voudraient dresser. Lors de la dernière Mostra de Venise, le collectif Venise4Palestine a fait entendre cette voix collective, refusant que la Palestine reste confinée aux marges du récit mondial. Rassemblant cinéastes, techniciens et artistes venus de tous horizons, il a investi l’espace public du festival — projections, marches, interventions symboliques — pour rappeler que le cinéma, avant d’être un marché, est un lieu de mémoire et de résistance.

Ces gestes, souvent modestes, ont pourtant un poids immense. Ils rappellent qu’un film peut encore être un acte de courage, un moyen d’exister dans un monde saturé de récits qui excluent. À l’inverse du silence hollywoodien, ces voix affirment que raconter, c’est déjà agir. Car le cinéma, dans sa forme la plus essentielle, est un outil de transmission et de lien : il construit une mémoire partagée, forge l’empathie, et inscrit dans l’histoire celles et ceux que l’on voudrait effacer. La question n’est donc pas de savoir qui détient la vérité, mais de permettre à chacun.e de faire parvenir sa voix. L’universalité du cinéma tient à cela : sa capacité à rendre visibles des mondes effacés, à offrir un espace commun à des récits longtemps étouffés, et à rappeler que toute image, avant d’être politique, est un droit à l’existence.


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El Gouna 2025 – « Where the Wind Comes From » sacré Meilleur film de fiction arabe

Hier soir, lors de la cérémonie de clôture de la 8ᵉ édition du Festival international du film d’El Gouna, le film tunisien Where the Wind Comes From, réalisé par Amel Guellaty, a remporté l’Étoile d’El Gouna du Meilleur film de fiction arabe.

Cette récompense vient distinguer le premier long métrage de la réalisatrice tunisienne, produit par Asma Chiboub pour Yol Film (Tunisie) et Karim Aïtouna pour Haut les Mains Productions (France), en coproduction avec le Doha Film Institute (Qatar). Le film, d’une durée d’environ 100 minutes, est interprété par Eya Bellagha et Slim Baccar dans les rôles principaux.

Présenté pour la première fois en janvier 2025 au Festival de Sundance dans la section World Cinema Dramatic Competition, Where the Wind Comes From a ensuite figuré dans plusieurs festivals internationaux, notamment à Rotterdam et à La Valette, où il avait remporté le Golden Bee Award du meilleur long métrage ainsi que le prix de la meilleure interprétation féminine pour Eya Bellagha. Sa sélection à El Gouna, en compétition pour les films de fiction arabes, a confirmé la reconnaissance croissante du film sur la scène régionale.

Le récit suit deux jeunes Tunisiens, Alyssa, 19 ans, et Mehdi, 23 ans, qui quittent Tunis pour se rendre à Djerba afin de participer à un concours de dessin. Ce voyage devient pour eux une manière d’explorer leur rapport au monde, à la liberté et à leurs propres choix. Le film se déroule principalement sur les routes du sud tunisien et aborde, à travers ce déplacement, les aspirations et les contradictions d’une jeunesse tunisienne contemporaine.

Where the Wind Comes From se distingue par une approche réaliste, ancrée dans la société tunisienne d’aujourd’hui, tout en laissant place à des moments de respiration et de contemplation. Amel Guellaty, également scénariste du film, y prolonge les thématiques qu’elle avait amorcées dans ses courts métrages, autour du passage à l’âge adulte et du rapport entre la jeunesse et son environnement social.

Avec cette Étoile d’El Gouna, le film rejoint la liste des œuvres arabes primées par le festival depuis sa création, confirmant la présence du cinéma tunisien dans les principales manifestations de la région.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – Cairo Classics, Quand la mémoire du cinéma devient un acte de résistance culturelle

Après le succès rencontré par les deux précédentes éditions, le Festival international du film du Caire poursuit cette année encore son entreprise de sauvegarde et de transmission du patrimoine cinématographique mondial. En recréant la section Cairo Classics, le festival ne se contente pas d’honorer des chefs-d’œuvre anciens : il affirme la conviction que préserver la mémoire du cinéma est aussi un geste politique et artistique, une manière de rappeler que chaque film, restauré ou redécouvert, raconte l’histoire d’une époque, d’un regard et d’un pays.

Cette section, initiée pour replacer le cinéma égyptien et international dans une perspective patrimoniale, s’est rapidement imposée comme l’un des piliers du CIFF. Elle incarne l’idée d’un dialogue entre passé et présent : un espace où le spectateur d’aujourd’hui peut mesurer la force d’un art capable de traverser les décennies sans perdre de sa modernité. Le festival, fidèle à son ambition de préserver à la fois la mémoire du cinéma égyptien et celle du cinéma mondial, propose cette année une programmation éclectique, mêlant chefs-d’œuvre restaurés et redécouvertes inattendues.

Un dialogue entre continents et générations

La sélection Cairo Classics 2025 met en lumière cinq œuvres d’horizons très différents, réunies par un même souci de mémoire et d’humanité. Des États-Unis à la France, en passant par l’Irak, chaque film illustre une manière singulière de raconter l’homme dans son rapport au monde et à l’Histoire.

The Citizen (États-Unis, 2012) de Sam Kadi, propose une réflexion poignante sur l’identité et l’exil. L’histoire de ce jeune Arabe arrivé à New York le 10 septembre 2001, à la veille des attentats, prend aujourd’hui une résonance particulière. Sam Kadi y dépeint le parcours d’un homme que l’Histoire dépasse, prisonnier d’un système où la citoyenneté devient un privilège précaire. Restauré pour cette édition, le film retrouve la puissance émotionnelle de son propos initial : interroger le rêve américain à travers le regard de l’autre.

Autre regard sur l’humanité, The Elephant Man (États-Unis, 1980) de David Lynch reste un monument du cinéma moderne. Le festival présente une copie restaurée de ce chef-d’œuvre qui, sous son noir et blanc somptueux, raconte la dignité retrouvée d’un homme difforme exploité dans les foires victoriennes. À travers la figure bouleversante de John Merrick, Lynch questionne la cruauté d’une société fascinée par la monstruosité. En replaçant ce film dans la programmation du CIFF, les organisateurs rappellent combien la compassion et la différence constituent des thèmes universels, qui traversent toutes les cultures et toutes les époques.

Plus inattendu, Moi qui t’aimais/C’est Si Bon! (France, 2025) de Diane Kurys rejoint probablement la section en raison de son sujet : la passion tumultueuse entre Yves Montand et Simone Signoret, couple mythique du cinéma français. Inspiré de faits réels, le film se concentre sur leur relation et sur la dimension émotionnelle de cette histoire. Sa sélection dans Cairo Classics illustre la volonté du festival d’inclure, dans sa programmation patrimoniale, des œuvres récentes qui évoquent des figures ou des moments marquants de l’histoire du cinéma.

Autre rareté, Sa’eed Effendi (Irak, 1956) de Kamiran Hasni, considéré comme l’un des premiers grands films du cinéma irakien, sera projeté dans une copie restaurée. Situé dans le Bagdad des années 1950, le film dépeint avec justesse les tensions sociales et familiales d’un quartier populaire. À travers le conflit entre un instituteur et son voisin cordonnier, Hasni brosse un tableau sensible d’un monde où la dignité des classes modestes se heurte à la rigueur des traditions.

Enfin, le festival rend hommage une nouvelle fois à David Lynch avec The Short Films of David Lynch (États-Unis, 2002), compilation de courts métrages réalisés entre 1967 et 1995. Ces œuvres, souvent expérimentales, révèlent les obsessions esthétiques du cinéaste – la texture du son, la matière du rêve, l’angoisse du quotidien – et permettent de comprendre la genèse d’une œuvre majeure. Leur présentation au Caire, sous la forme d’un programme restauré et commenté par Lynch lui-même, offre une plongée fascinante dans l’univers mental d’un créateur qui a su transformer la marginalité en poésie visuelle.

Les classiques égyptiens : un miroir de l’histoire et de la société

La section Cairo Classics du CIFF 2025 consacre une place majeure au patrimoine égyptien, offrant un panorama exceptionnel du cinéma du pays, des années 1950 aux années 1970, mais incluant également des œuvres emblématiques des décennies suivantes. La sélection rend hommage à la richesse et à la diversité de la production égyptienne, allant des grands drames sociaux et familiaux aux réflexions historiques et artistiques, en passant par le cinéma d’introspection et de critique politique. Vingt-quatre films restaurés sont ainsi présentés, signés par les maîtres du cinéma égyptien tels que Youssef Chahine, Salah Abu Seif, Kamal El Sheikh, Hussein Kamal, Henry Barakat, Ezz El-Dine Zulficar, Hassan al-Imam ou Hossam El-Din Mostafa.

Parmi les œuvres emblématiques, Une Femme sur la route (Ezz El-Dine Zulficar, 1958) explore les tensions familiales et les conflits de loyauté dans un contexte social marqué par les inégalités et la rivalité fraternelle. Crime dans un quartier calme (Hossam El-Din Mostafa, 1967) place le spectateur dans une intrigue politique où l’engagement et le devoir personnel se confrontent aux événements tragiques de l’histoire. L’Impasse des Deux-Palais (Hassan al-Imam, 1964), première partie de la trilogie adaptée de Naguib Mahfouz, retrace la vie d’Ahmad Abd al-Jawad et de sa famille avant la Révolution de 1919, offrant une observation fine des rapports familiaux, sociaux et politiques de l’époque. Khan al-Khalili (Atef Salem, 1966) met en scène la vie quotidienne dans le célèbre quartier cairote, mêlant drame familial et tensions sociales.

La programmation inclut également des œuvres majeures de Youssef Chahine, offrant des perspectives différentes sur le rôle de l’artiste et de l’histoire. Alexandrie encore et toujours (1989) revient sur la situation du cinéma égyptien à la fin des années 1980, mêlant fiction et réalité à travers le regard du réalisateur et ses interactions avec les acteurs et les créateurs. L’émigré(1994), quant à lui, transpose le mythe biblique de Joseph dans l’Égypte ancienne, explorant des questions de foi, de savoir et de destinée humaine, tout en donnant une dimension épique et spirituelle à l’œuvre. Ces gens du Nil (1972) relie, de manière plus contemporaine, des trajectoires individuelles aux grands projets nationaux, ici le détournement du Nil, questionnant la relation entre idéal et progrès.

Les films de Salah Abu Seif témoignent de son engagement critique et social : Cairo 30 (1966), adaptation du roman de Mahfouz, expose la corruption et les compromis moraux d’une société en mutation, tandis que La Seconde Épouse (1967) dénonce l’oppression patriarcale dans les villages et les rapports de force liés aux héritages et aux traditions.Le Mendiant  (Hossam El-Din Mostafa, 1973) offre un portrait existentiel d’un homme confronté au vide moral et aux contradictions d’une société en crise. Des films comme L’Impossible (Hussein Kamal, 1965) ou Le Mirage (Anwar al-Shanawi, 1970) mettent en lumière l’articulation entre destin individuel et contraintes sociales, où les relations personnelles se heurtent aux conventions et à l’autorité familiale ou sociale.

D’autres œuvres interrogent le pouvoir et ses excès : Un soupçon de peur  (Hussein Kamal, 1969) dépeint une tyrannie villageoise qui devient allégorie d’un pouvoir oppressif, Crépuscule et Aurore  (Kamal El Sheikh, 1970) plonge dans les intrigues et les conflits de pouvoir à la veille de la Révolution, et Les Grives et l’Automne (Hossam El-Din Mostafa, 1967) illustre les désillusions personnelles après les bouleversements politiques.

Les classiques du réalisme et de l’humanisme égyptien sont également au programme : Le Péché (Henry Barakat, 1965) raconte la difficulté d’une jeune paysanne à protéger son enfant après une agression, exposant la pauvreté, la morale sociale et la condition des femmes ; La Lampe à huile  (Kamal Attia, 1968) confronte science moderne et croyances populaires dans le quartier de Sayyida Zainab ; Voie sans issue (Hossam El-Din Mostafa, 1964) et Les Assassins (Ashraf Fahmy, 1971) explorent la justice, la trahison et les choix moraux complexes. L’Homme qui a perdu son ombre  (Kamal El Sheikh, 1968) et Le Palais du désir (Hassan al-Imam, 1967) poursuivent la réflexion sur le destin, les héritages familiaux et la quête de liberté individuelle, tandis que Ma femme et le chien  (Said Marzouk, 1971),  Ma femme est PDG (Fatin Abdel Wahab, 1966) et Nuit et Barreaux  (Ashraf Fahmy, 1973) abordent des contextes plus intimes, sociaux ou symboliques, centrés sur les relations, la jalousie, la modernité et le désir de justice.

Le patrimoine comme horizon

Dans un monde où le cinéma est souvent soumis à la logique du flux et de l’oubli, la section Cairo Classics agit comme un contre-champ salutaire. Elle replace le film dans le temps long, celui de la mémoire et de la réévaluation. Chaque projection devient une conversation entre hier et aujourd’hui, un acte de résistance face à la disparition culturelle. Cette année, plus encore, le CIFF confirme que préserver le patrimoine, c’est aussi le faire vivre : en reliant David Lynch à Kamiran Hasni, Diane Kurys à Youssef Chahine, Sam Kadi à Salah Abu Seif, le festival tisse une cartographie du cinéma mondial où chaque œuvre, qu’elle vienne de Paris, Bagdad ou du Caire, raconte la même chose : le besoin universel de témoigner, d’aimer et de comprendre. Le passé, au Caire, n’est jamais figé : il respire, se projette, et éclaire notre présent.

C’est également dans cette perspective que le festival inscrit la question de la restauration numérique au cœur de ses Cairo Industry Days. Deux initiatives majeures y sont consacrées cette année :

D’abord, un panel intitulé Restaurer le patrimoine visuel du cinéma arabe, organisé en partenariat avec Coventry University. Ce rendez-vous met en lumière la restauration numérique comme un art autant qu’une mission culturelle : redonner vie à l’identité visuelle du cinéma arabe et préserver son héritage pour les générations futures. Les échanges porteront sur les techniques modernes de restauration, la coopération internationale et la transmission des savoirs. Seront notamment évoqués la restauration d’œuvres emblématiques comme Saeed Afandi, la formation des nouvelles générations et la nécessité d’équilibrer production contemporaine et sauvegarde des classiques.

Un atelier de formation sur la restauration numérique complète cette démarche. Dirigé par Mounir Al Mahmoud, Ossen El Sawaf et Idir Ben Slama, il offre une immersion dans les processus, outils et principes éthiques de la restauration numérique. De la numérisation des éléments originaux à la correction des défauts d’image et de son, en passant par la fidélité chromatique et la préservation de l’intégrité artistique, cet atelier illustre la volonté du CIFF de faire de la restauration un pilier durable de la renaissance visuelle du cinéma arabe.

Neïla Driss

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RSIFF 2025 – Trésors du cinéma restauré

Depuis quelques années, les plus grands festivals de cinéma accordent une place croissante aux sections consacrées aux films restaurés et aux trésors du patrimoine mondial. À Cannes, Venise ou Berlin, ces programmations dites « Classics » ou « Treasures » sont devenues des rendez-vous incontournables : elles ne se limitent plus à la nostalgie, mais incarnent la continuité même du cinéma, sa mémoire vive. En redonnant vie à des œuvres oubliées ou fragilisées par le temps, elles rappellent que la préservation du patrimoine n’est pas seulement un acte de sauvegarde, mais aussi un geste de transmission. Montrer un film restauré, c’est offrir à de nouvelles générations la possibilité de voir — souvent pour la première fois sur grand écran — des images fondatrices, des voix et des émotions qui ont façonné l’histoire du septième art. C’est aussi replacer ces œuvres dans un présent qui, sans elles, perdrait une part essentielle de sa culture et de sa sensibilité.

C’est dans cette dynamique que s’inscrit désormais le Festival international du film de la mer Rouge, dont la 5ᵉ édition se tiendra à Djeddah du 4 au 13 décembre 2025. En seulement quelques années, l’événement s’est imposé comme un acteur central dans la redécouverte et la valorisation du cinéma d’hier, en particulier dans le monde arabe. Sa section Treasures (Trésors), devenue emblématique, réunit cette année six films majeurs, arabes et internationaux, minutieusement restaurés, et proposera, pour la première fois en Arabie saoudite, une projection de films muets accompagnée en direct.

Pensé comme un hommage vibrant aux archives vivantes du septième art, le programme Treasures offre au public l’occasion rare de redécouvrir des œuvres devenues légendaires, sublimées par les restaurations les plus récentes. Faisal Baltyuor, directeur général de la Red Sea Film Foundation, en résume la philosophie : « Cette année, Treasures met en lumière de véritables légendes du cinéma, des moments et des performances devenus immortels, recréés pour les spectateurs saoudiens et internationaux. Chacun de ces films a marqué une étape importante lors de sa sortie initiale, et c’est un honneur particulier pour nous d’avoir contribué à la restauration de deux des œuvres les plus mémorables d’Oum Kalthoum, dans le cadre de notre engagement constant à offrir le meilleur du cinéma à l’Arabie saoudite. »

L’héritage d’Oum Kalthoum magnifié par la restauration

Parmi les joyaux de cette sélection figurent deux films légendaires du patrimoine égyptien, Aïda (1942) et Nashid al-Amal (Le Chant de l’Espoir, 1937), tous deux réalisés par Ahmed Badrakhan et portés par la voix et la présence inégalables d’Oum Kalthoum, véritable icône du monde arabe. Restaurés en 4K grâce à la collaboration entre la Red Sea Film Foundation et Egypt Media City, ces films seront projetés pour la première fois dans leurs nouvelles versions au festival.

Dans Aïda, Oum Kalthoum incarne la fille d’un modeste fermier, amoureuse de Sami, un jeune noble. Leur relation, condamnée par les barrières de classe, se heurte au refus du père de ce dernier, un pacha inflexible. Mais tout bascule lorsque celui-ci, assistant à une représentation musicale d’Aïda, est bouleversé par sa voix et finit par accepter leur union. Ce mélodrame romantique est aussi une réflexion sur la société égyptienne de l’époque, traversée par les tensions entre classes sociales et les aspirations individuelles.

Le Chant de l’Espoir explore, quant à lui, un dilemme plus intime et profondément féminin. Oum Kalthoum y interprète Amal, une jeune femme talentueuse, écartelée entre son amour et son ambition artistique. Contrainte de choisir entre sa carrière de chanteuse et les attentes d’une société patriarcale, Amal incarne le conflit douloureux entre devoir social et liberté personnelle. Derrière cette intrigue mélodramatique se dessine la figure d’une femme qui, dans la vie réelle comme à l’écran, n’a jamais cessé de défier les conventions pour imposer sa voix dans un monde dominé par les hommes.

RSIFF 2025 Treasures
Oum Kalthoum dans le film Le Chant de l’Espoir, 1937

Spellbound : Hitchcock et le pouvoir du rêve

Le programme met également à l’honneur un chef-d’œuvre du cinéma mondial : Spellbound (La Maison du Docteur Edwardes, 1945) d’Alfred Hitchcock, récemment restauré par Walt Disney Studios en association avec The Film Foundation, avec la participation de l’Academy Film Archive et le soutien de Martin Scorsese et Steven Spielberg. Ce thriller psychologique, produit par David O. Selznick, témoigne de la fascination du producteur pour la psychanalyse, sujet encore peu abordé à Hollywood dans les années 1940.

Sur le tournage, Selznick imposa même la présence de son propre psychanalyste en tant que conseiller, au grand dam du réalisateur. Le film est également célèbre pour la séquence onirique imaginée par Salvador Dalí, dont il ne subsiste que deux minutes dans la version finale, mais qui demeure un moment d’anthologie du cinéma surréaliste.

Porté par Ingrid Bergman et Gregory Peck, Spellbound explore la frontière trouble entre culpabilité et folie, raison et désir. Sa projection au Festival de la mer Rouge marquera la première présentation publique de cette restauration de 2024.

Le Grand Bleu : le souffle infini de Luc Besson

Autre moment fort du programme : Le Grand Bleu (The Big Blue, 1988) de Luc Besson, film culte franco-américain-italien qui fera ses débuts sur grand écran en Arabie saoudite.

Inspiré de la vie de champions d’apnée, le film raconte la rivalité fraternelle entre Jacques Mayol (Jean-Marc Barr) et Enzo Molinari (Jean Reno), deux amis d’enfance devenus plongeurs de légende. À leurs côtés, Rosanna Arquette incarne la ligne fragile entre l’amour terrestre et l’appel des profondeurs.
Réalisé à une époque où les effets spéciaux numériques n’existaient pas encore, Le Grand Bleu repose sur de véritables plongées, filmées avec une grâce et une intensité inégalées. La bande originale d’Éric Serra, aux accents planants, accompagne ces images subaquatiques d’une beauté hypnotique. Véritable phénomène populaire, le film est resté à l’affiche en France pendant un an, attirant près de dix millions de spectateurs.

Un hommage vibrant à l’âge du muet

L’édition 2025 offrira au public saoudien une expérience inédite : celle d’un programme intitulé Silent Film Spectacular, consacré à l’âge d’or du cinéma muet accompagné en direct. Pour cette grande première en Arabie saoudite, le célèbre pianiste britannique Neil Brand, référence mondiale de l’accompagnement musical des films muets, fera résonner sa musique en parfaite harmonie avec les images d’époque.

Ce spectacle réunira trois courts métrages burlesques signés Buster Keaton, Charlie Chaplin et Laurel & Hardy : The Immigrant, Liberty et One Week. Avec un pianiste et un batteur jouant en direct, le public retrouvera l’esprit des premières projections du début du XXᵉ siècle, lorsque chaque salle devenait un théâtre vivant. Un moment de grâce et de rires, à partager en famille, qui rappellera la puissance universelle du cinéma muet et son humour intemporel.

Umrao Jaan : la poésie de l’Inde restaurée

Enfin, le festival accueillera la projection exceptionnelle du film indien Umrao Jaan (1981) de Muzaffar Ali, restauré en 4K cette année par les Archives nationales du film de l’Inde dans le cadre du National Film Heritage Mission. Adapté du roman de Mirza Hadi Ruswa publié en 1899, Umrao Jaan Ada, ce drame somptueux raconte le destin d’une poétesse et courtisane de Lucknow au XIXᵉ siècle, interprétée par Rekha, dont la prestation reste l’une des plus marquantes du cinéma indien.

Porté par la musique envoûtante de Khayyam et les vers de Shahryar, le film recrée avec minutie l’élégance raffinée de la culture d’Awadh, à travers ses costumes, ses décors et ses chansons devenues mythiques. Œuvre d’auteur réalisée en marge du cinéma commercial, Umrao Jaan a acquis au fil du temps un statut culte, célébré pour sa sensualité, sa poésie et son regard mélancolique sur un monde disparu.
Sa projection au Festival de la mer Rouge sera aussi la première organisée hors d’Inde, confirmant la portée internationale du travail de restauration entrepris par les institutions cinématographiques indiennes.

En réconciliant mémoire et modernité, le programme Treasures du Red Sea International Film Festival 2025 invite à un voyage à travers les époques et les continents, un dialogue entre l’Orient et l’Occident, entre le silence et la musique, entre l’amour et la mer, la folie et la poésie.
Chaque film y devient un témoin vivant, restauré pour reprendre sa place dans la lumière, et rappeler que le cinéma, au-delà des langues et des frontières, demeure avant tout un art de la mémoire.

Neïla Driss

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RSIFF 2025 – Des courts métrages au cœur des réalités arabes

À l’approche de sa cinquième édition, le Festival international du film de la Mer Rouge (Red Sea International Film Festival, RSIFF) a levé le voile sur la sélection officielle de son programme Arab Shorts 2025, une section dédiée aux courts métrages arabes en compétition. Cette année, onze films venus d’Arabie saoudite, de Palestine, du Liban, d’Égypte, du Maroc, d’Irak et des Émirats arabes unis y concourront, révélant la vitalité et la pluralité des écritures cinématographiques arabes contemporaines. Ces œuvres seront projetées du 4 au 13 décembre 2025 dans le quartier historique d’Al-Balad, cœur battant de Djeddah, où les ruelles anciennes et les écrans éphémères se rencontrent pour célébrer un cinéma ancré dans la mémoire et tourné vers l’avenir.

Une mosaïque d’identités et de regards

Depuis sa création, le RSIFF a fait de la diversité des récits arabes l’un de ses piliers. L’édition 2025 ne déroge pas à cette ambition : le programme Arab Shorts réunit des cinéastes émergents dont les œuvres interrogent avec finesse les notions de mémoire, d’identité et d’appartenance. Ces films courts, souvent intimes mais toujours audacieux, abordent la complexité des sociétés arabes contemporaines en mêlant réalisme, poésie et introspection.

Le festival décrit cette sélection comme « une nouvelle vague de voix distinctives », incarnant à la fois la richesse culturelle du monde arabe et l’universalité des émotions humaines. Chacun des onze films choisis explore un territoire singulier : celui du corps, du deuil, de la foi, de la peur, de la transmission ou encore de la solitude, mais tous partagent une même volonté — celle de donner forme au tumulte intérieur d’une génération qui observe, questionne et se réinvente.

Les films sélectionnés

Coyotes, réalisé par Said Zagha (Palestine)
Dans un décor nocturne de Cisjordanie, un chirurgien palestinien rentre chez lui après une garde éprouvante. Mais ce trajet banal devient une traversée initiatique, où les frontières physiques et psychologiques se confondent. À travers ce huis clos mobile, Zagha filme la fatigue, la peur et la résistance du quotidien sous occupation, dans une tension feutrée où le silence pèse plus lourd que les mots.

Empty Lands, de Karim Eldin El Alfy (Égypte)
Un officier fidèle à l’État et son épouse emménagent dans une maison autrefois occupée par une famille déplacée. Les traces laissées par l’ancienne présence — notamment l’ombre d’une fille disparue — réveillent un malaise diffus. Le film s’impose comme une allégorie subtile sur la culpabilité et la mémoire, interrogeant ce qui reste quand la loyauté se heurte à l’injustice.

Quo vadis, Meryem!, d’Amine Zeriouh (Maroc)
Lorsqu’une femme rend visite à une amie mourante, elle décide de raviver un mariage usé par le silence. Mais cette tentative réveille d’anciennes blessures familiales. Zeriouh livre ici un portrait sensible et nuancé du couple, où les non-dits deviennent des personnages à part entière.

Umbilical Cord, d’Ahmed Hasan Ahmed (Émirats arabes unis)
À travers le parcours fiévreux d’un homme pressé par le temps et hanté par ses appels manqués, le film adopte la forme d’une odyssée poétique sur la peur et l’espoir. Le montage rythmique et la photographie épurée traduisent la tension intérieure d’une âme suspendue entre urgence et rédemption.

With the Wind, d’Inès Lehaire (Maroc)
Un vieux fleuriste décide de fermer boutique et de distribuer ses dernières fleurs, entamant ainsi un voyage mélancolique. Derrière la simplicité du geste se cache une méditation sur la perte, la transmission et la beauté des adieux. Lehaire signe un film délicat, empreint de douceur et de silence, où chaque bouquet devient offrande au temps qui passe.

Beyond the Mind, de Lanya Nooralddin (Irak)
L’histoire de Mekhak, un âne fidèle abandonné par sa famille, devient la métaphore bouleversante de la dévotion et du rejet. À travers cette fable minimaliste, la réalisatrice irakienne aborde la loyauté et la solitude avec une intensité tragique, faisant dialoguer l’humain et l’animal dans un même cri d’incompréhension.

Irtizaz, de Sara Balghonaim (Arabie saoudite)
Dans une société où le regard social demeure implacable, une jeune divorcée assiste à des funérailles où chaque geste devient compétition silencieuse. Par ce huis clos féminin, Balghonaim offre une critique acérée des rapports de genre et de classe, tout en révélant la force des non-dits dans les espaces sociaux saoudiens.

Opening Ceremony, de Hussain Almutlaq (Arabie saoudite)
Un enfant de neuf ans, choisi pour couper le ruban lors de l’inauguration d’un centre culturel, doit en parallèle remettre une enveloppe secrète pour sa mère. Entre innocence et devoir, le film capte ce moment où l’enfance bascule vers la conscience morale.

The Sea Remembers My Name, de Hussein Hossam (Égypte)
Après la noyade de son frère jumeau, un garçon endosse son identité pour regagner l’amour d’un père brisé. Hossam traite le thème du deuil avec une sobriété poignante, où la mer devient mémoire et miroir.

What If They Bomb Here Tonight?, de Samir Syriani (Liban)
Dans la pénombre d’une nuit menaçante, un couple libanais reste éveillé, partagé entre la peur du bombardement et l’impossible décision de fuir. Syriani filme cette tension avec une précision clinique, explorant la psyché d’un pays en attente permanente du pire.

She’s Swimming, de Liliane Rahal (Liban)
À la suite du décès de sa cousine dans un crash aérien, une cinéaste entreprend un voyage intérieur au contact de la nature. Par le prisme du deuil, Rahal évoque la renaissance et la continuité, dans un film contemplatif où la mer, encore, devient élément de guérison.

Un miroir du monde arabe contemporain

En réunissant ces onze récits, le Red Sea International Film Festival confirme son rôle de plateforme essentielle pour la jeune création arabe. Chaque film, par sa forme et son ton, témoigne d’un cinéma en mutation, libre de ses codes, souvent intime mais toujours politique. Qu’ils soient issus de Riyad, Ramallah, Beyrouth ou Casablanca, ces jeunes réalisateurs traduisent une même urgence : celle de raconter le réel, de dire l’indicible, de faire entendre des voix trop longtemps reléguées.

À travers ces courts métrages, le festival célèbre non seulement la diversité géographique et linguistique du monde arabe, mais aussi son souffle créatif, ancré dans les réalités locales tout en dialoguant avec le monde. À Djeddah, entre les pierres d’Al-Balad et les lumières du port, ces histoires courtes promettent de résonner longtemps, comme autant d’échos d’un cinéma en pleine renaissance.

Neïla Driss

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Le film Yunan remporte le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens

Le long métrage Yunan du réalisateur américano-palestinien Ameer Fakher Eldin a remporté le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens lors de la cérémonie organisée le 18 octobre au Festival international du film d’El Gouna. Ce prix, décerné par Promotion du Cinéma Européen (EFP) en partenariat avec le Centre du Cinéma Arabe (ACC), célèbre cette année sa septième édition et met en lumière le dialogue entre le cinéma européen et les regards critiques venus du monde arabe.

Réalisé par Ameer Fakher Eldin, Yunan est une coproduction ambitieuse réunissant l’Allemagne, le Canada, l’Italie, la Palestine, le Qatar, la Jordanie et l’Arabie saoudite. Le réalisateur, qui n’a pas pu assister à la cérémonie, a adressé un message vidéo émouvant dans lequel il a remercié le jury, l’ACC et l’EFP pour cette « belle reconnaissance ». « Voir Yunan aujourd’hui accueilli par les critiques arabes me touche profondément. D’une certaine manière, cela signifie peut-être que le film a enfin trouvé le chemin du retour », a-t-il déclaré.

La productrice, Dorothe Beinemeier (Red Balloon Film), a reçu le prix au nom du réalisateur. Dans son discours, elle a salué la sensibilité singulière d’Ameer Fakher Eldin : « Yunan, comme The Stranger, est un film lent, silencieux et mélancolique. Les histoires d’Ameer ne sont jamais bruyantes : elles se déploient avec subtilité et poésie, et vont droit au cœur. Ses films m’obligent à ralentir, à réfléchir, à digérer ce que je vois. Ils se transforment à chaque visionnage, révélant toujours une nouvelle couche, un autre angle. Ameer est un observateur brillant, un conteur d’une grande sagesse dans un corps de jeune homme. J’ai hâte de produire le troisième film de notre trilogie. »

Yunan remporte le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens
La productrice, Dorothe Beinemeier (Red Balloon Film), a reçu le prix au nom du réalisateur.

Le film suit un homme arabe qui débarque sur une île isolée de la mer du Nord avec l’intention d’y mettre fin à ses jours. Mais sa rencontre avec la nature, la rudesse du climat et une communauté allemande marginalisée vient bouleverser sa décision. Peu à peu, ce voyage intérieur prend la forme d’une confrontation à la solitude, à la mémoire et au déracinement. Dans la beauté austère des paysages nordiques balayés par le vent, Yunan explore les thèmes de l’exil, du traumatisme et de la reconstruction, tout en questionnant le sentiment d’appartenance.

Fakher Eldin a expliqué avoir voulu « sonder le vide laissé lorsque la familiarité se dissout, quand le sentiment d’un foyer s’effondre et qu’il ne reste que le silence ». Cette méditation sur l’identité et la perte a été saluée dès sa présentation à la Berlinale, avant de remporter le Golden Firebird Award du Meilleur acteur (Georges Khabbaz) et celui de la Meilleure actrice (Hanna Schygulla) au Festival international du film de Hong Kong.

Produit par Dorothe Beinemeier (Red Balloon Film / Hambourg) en collaboration avec Microclimat Film (Canada) et Intramovies (Italie), Yunan a également bénéficié du soutien de Fresco Films, Metafora Productions et Tabi360. Les ventes internationales sont assurées par Intramovies, tandis que Mad Solutions gère les ventes pour la région MENA.

Créé en 2019 par la Promotion du Cinéma Européen (EFP) en partenariat avec le Centre du Cinéma Arabe (ACC), le Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens vise à renforcer la diversité des œuvres présentées dans la région et à susciter l’intérêt des distributeurs arabes pour les films européens d’exception. Cette initiative met aussi en avant le rôle essentiel des critiques arabes dans la construction d’un dialogue entre les cultures, à travers la mise en lumière de sensibilités et de regards variés sur le cinéma mondial.

Cette année encore, cent des critiques les plus influents du monde arabe ont pris part à la sélection et au vote final, avant l’annonce du lauréat à El Gouna. J’ai eu l’honneur, avec d’autres Tunisiens, de faire partie de ces critiques arabes, représentant la Tunisie au sein de ce prestigieux jury qui contribue à rapprocher les cinémas arabes et européens à travers la réflexion et l’échange.

Avec Yunan, Ameer Fakher Eldin confirme une voix singulière, empreinte de poésie et de profondeur, à la croisée de l’intime et du politique. Et le choix des critiques arabes résonne comme un signe fort : celui d’un cinéma européen capable de parler au cœur du monde arabe, par la fragilité des êtres, la quête d’un lieu intérieur, et la beauté silencieuse du doute.

Parmi les précédents films récompensés figurent God Exists, Her Name Is Petrunya de Teona Strugar Mitevska (2019), Undine de Christian Petzold (2020), 107 Mothers de Peter Kerekes (2021), EO de Jerzy Skolimowski (2022), Fallen Leaves de Aki Kaurismäki (2023) et Les graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof (2024). Le prix est soutenu par Creative Europe – MEDIA, le programme de l’Union européenne dédié à la culture et à l’audiovisuel.

Fondé en 2015 par MAD Solutions, le Centre du Cinéma Arabe (ACC) est une plateforme internationale de promotion du cinéma arabe, enregistrée à Berlin. À travers ses nombreuses activités — stands dans les marchés, sessions de networking, rencontres professionnelles, publications du Arab Cinema Magazine — l’ACC œuvre à la mise en relation des cinéastes arabes avec leurs homologues du monde entier, favorisant les coproductions, la distribution internationale et la visibilité du cinéma arabe dans les grands festivals.

Le Festival du Film d’El Gouna, créé en 2017, s’est quant à lui imposé comme un espace de dialogue et de découverte, dédié à la diversité des voix cinématographiques contemporaines. Ouvert aux cinéastes et aux publics du monde entier, il encourage la coopération et l’échange culturel, tout en accompagnant le développement de l’industrie cinématographique arabe à travers sa plateforme professionnelle CineGouna.

Neïla Driss

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Golden Globes® : un hommage exceptionnel au talent brésilien en 2026

Le Brésil sera au centre de l’attention du monde du cinéma et de la télévision en mars 2026. Les Golden Globes® viennent d’annoncer la tenue d’un événement inédit à Rio de Janeiro, organisé en partenariat avec Urland Ventures, qui célébrera le talent brésilien dans le cinéma et la télévision. Cette initiative s’inscrit dans la volonté des Golden Globes de reconnaître et de promouvoir les artistes internationaux tout en mettant en lumière les productions locales sur la scène mondiale.

Helen Hoehne, présidente des Golden Globes, a souligné l’importance de cette initiative : « Les Golden Globes ont une longue tradition de reconnaissance du talent international, et le Brésil a offert au monde certaines des voix, histoires et visions artistiques les plus extraordinaires. Nous sommes ravis de célébrer et de mettre en lumière ces artistes latino-américains exceptionnels. »

Cette annonce s’inscrit dans la stratégie d’expansion internationale des Golden Globes, qui multiplient depuis plusieurs années les initiatives au-delà d’Hollywood afin de célébrer la diversité des récits et des talents. En novembre 2024, l’organisation avait déjà marqué une étape importante en organisant une soirée au Caire, en marge du Festival international du film du Caire. Lors de cet événement, les acteurs égyptiens Hussein Fahmy et Yousra avaient été honorés et avaient reçu le Prix Omar Sharif, symbole du lien fort entre les Golden Globes et le monde arabe. Cette démarche illustrait déjà la volonté du comité de tisser des passerelles entre les grandes capitales culturelles du monde. Avec l’événement prévu à Rio de Janeiro, cette stratégie s’affirme et prend une nouvelle dimension, visant à rapprocher les talents régionaux de la scène mondiale.

La production de cet événement brésilien est confiée à Uri Singer, directeur général de Passage Pictures, et à l’entrepreneur du divertissement Orlando John. Singer a exprimé son enthousiasme : « Nous sommes reconnaissants de collaborer avec les Golden Globes et d’attirer l’attention du monde entier sur la force culturelle et artistique que le Brésil est devenu. L’histoire des Globes, qui valorise et soutient les artistes et créateurs internationaux, sera pleinement incarnée par l’énergie et le style uniques que seul le Brésil peut offrir. »

Si pour l’instant peu de détails ont été révélés, les organisateurs promettent des annonces supplémentaires au début de l’année 2026, laissant présager un événement riche en découvertes et en rencontres. Ce rendez-vous s’inscrit également dans le calendrier des Golden Globes, puisque la 83ᵉ cérémonie annuelle sera diffusée le dimanche 11 janvier 2026, de 20h à 23h (heure de l’Est), sur le réseau CBS et en streaming sur Paramount+ aux États-Unis. Les nominations seront révélées quelques semaines auparavant, le lundi 8 décembre 2025.

Les Golden Globes, surnommés « Hollywood’s Party of the Year® », demeurent le plus grand rendez-vous mondial célébrant l’excellence dans le cinéma et la télévision. Depuis sa création en 1944, cette cérémonie prestigieuse a su allier glamour et engagement : au cours des trente dernières années, elle a permis de reverser plus de 55 millions de dollars à des œuvres caritatives liées au divertissement, incluant des bourses d’études, des projets de restauration de films et des initiatives humanitaires. Une partie de ce financement soutient également des programmes diversifiés, menés en partenariat avec des associations, visant à améliorer l’accès à Hollywood pour les communautés sous-représentées.

Dick Clark Productions assure la production et l’organisation de la cérémonie, qui est suivie dans plus de 185 pays et territoires à travers le monde. À ce titre, l’événement brésilien s’inscrit comme une étape majeure dans la volonté des Golden Globes d’étendre leur influence et de célébrer le talent artistique dans toutes les régions du globe, tout en renforçant leur rôle historique dans la reconnaissance et le soutien aux artistes internationaux.

L’initiative de Rio de Janeiro illustre également la dimension culturelle et diplomatique du cinéma. En valorisant le Brésil, pays reconnu pour sa diversité artistique et son dynamisme culturel, les Golden Globes offrent une vitrine exceptionnelle à des créateurs qui ont rarement l’opportunité d’être mis en lumière sur une scène mondiale. Cette célébration du talent brésilien s’inscrit donc autant dans une perspective artistique que dans un projet de rayonnement culturel international, consolidant la réputation des Golden Globes comme catalyseur de découvertes et de reconnaissance pour les talents émergents et établis.

En résumé, l’événement prévu à Rio en mars 2026 ne sera pas seulement une cérémonie de remise de prix, mais un véritable hommage au cinéma et à la télévision brésiliens, un pont entre cultures et un symbole de l’engagement continu des Golden Globes envers la scène artistique mondiale. L’anticipation est déjà palpable, et les regards sont désormais tournés vers le Brésil, où la célébration du talent promet d’être à la hauteur de la réputation internationale de cette institution.

Neïla Driss

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