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Affaire Epstein : Donald Trump tente de s’en disculper en chargeant Bill Clinton

Donald Trump exige l’ouverture d’une enquête sur les liens entre Jeffrey Epstein et plusieurs figures démocrates, dont l’ancien président Bill Clinton. Une tactique de diversion visant à détourner l’attention sur sa présumée proximité avec le prédateur sexuel ?

 

C’est une affaire qui risque de devenir explosive pour Donald Trump. Alors  que la publication de nouveaux emails attribués à Jeffrey Epstein relance les interrogations sur ce que Donald Trump savait des crimes de ce pédophile et que, pour une fois, républicains et démocrates réclament d’une seule voix la publication intégrale des archives détenues par le ministère de la Justice, le locataire de la Maison Blanche, dos au mur et sur la défensive, opte pour la tactique classique consistant à allumer un contre-feu pour détourner les regards sur les liens réels qu’il entretenait  avec l’infréquentable Epstein retrouvé pendu dans sa cellule en 2019 avant son procès pour trafic sexuel de mineures ; au point de l’avoir jadis accueilli à Mar-a-Lago. Et pas une seule fois.

Tactique de diversion

Ainsi, a-t-il ordonné, vendredi 14 novembre, au département américain de la Justice et à la police fédérale (FBI) d’ouvrir une enquête sur les liens que Jeffrey Epstein aurait entretenus avec la banque JP Morgan et des personnalités démocrates, dont l’ancien président Bill Clinton.

Aussitôt, la procureure générale des États-Unis, Pamela Bondi, a annoncé que Jay Clayton, procureur fédéral à Manhattan et ancien président de la Securities and Exchange Commission, l’autorité américaine des marchés, conduirait les investigations.

Commentaire ironique du New York Times : « Le ministère de la Justice va enquêter sur les relations d’Epstein, mais pas avec Trump. Lorsque de nombreux courriels de Jeffrey Epstein ont été rendus publics cette semaine, le nom de Donald J. Trump était partout », révèle le prestigieux quotidien new-yorkais. « Pourtant, vendredi, lorsque M. Trump a exigé que le ministère de la Justice enquête sur une liste de personnalités influentes mentionnées dans ces courriels, son propre nom était absent : il ne visait que des démocrates », souligne la même source.

« Donald Trump a ordonné vendredi à la procureure des États-Unis, Pamela Bondi, et au FBI d’enquêter sur les liens entre Jeffrey Epstein et des démocrates de premier plan, dont l’ancien président Bill Clinton ; dernière tentative en date du président pour détourner l’attention de ses liens avec le défunt financier déchu », renchérit pour sa part le média américain Politico.

À noter qu’à part son prédécesseur démocrate Bill Clinton, qui aurait  fréquenté Jeffrey Epstein au début des années 2000, Donald Trump a demandé au département de la Justice d’enquêter également sur Larry Summers, ancien conseiller économique de Barack Obama et ex-président de la prestigieuse université Harvard, ainsi que sur le fondateur du réseau social LinkedIn, Reid Hoffman, grand donateur du Parti démocrate. Sans oublier la banque JP Morgan Chase ; laquelle est accusée d’avoir facilité les agissements de Jeffrey Epstein en lui permettant de financer ses activités. Ladite banque a accepté de verser 290 millions de dollars à des victimes présumées, en vertu d’un accord annoncé en juin 2023.

À savoir qu’aucun élément probant n’a jusqu’à présent mis en évidence une quelconque implication de ces trois personnalités démocrates dans des affaires de trafic sexuel ; d’ailleurs, elles ont déjà exprimé leurs regrets d’avoir côtoyé Jeffrey Epstein mais toujours nié avoir eu connaissance des délits sexuels dont il était accusé.

Rappelons également qu’avant sa condamnation en 2008 pour proxénétisme à l’égard d’une mineure, Jeffrey Epstein a travaillé et noué de nombreuses relations avec une longue liste de personnalités… Donald Trump et Jeffrey Epstein étaient quant à eux amis durant les années 1990 et 2000.

Circulez, y a rien à voir

Pourtant, le milliardaire républicain a toujours démenti toute connaissance des crimes attribués à l’ancien financier mais l’affaire continue de l’embarrasser au fil de la publication régulière de documents sur leur relation et alors que son propre camp soupçonne son gouvernement de dissimuler des informations. Ainsi, a-t-il refusé de répondre aux questions des journalistes ces derniers jours au sujet des dernières révélations du Congrès.

« Epstein était un démocrate et il est le problème des démocrates, pas celui des républicains ! », a affirmé le président américain sur son réseau Truth Social. « Ne gaspillez pas votre temps avec Trump. J’ai un pays à gouverner » !, a-t-il ajouté, laconique.

Revirement

Faut-il rappeler à cet égard que Donald Trump avait promis pendant sa campagne « des révélations fracassantes » sur le dossier Epstein. Mais une fois revenu au pouvoir, le milliardaire républicain – qui a fréquenté Jeffrey Epstein quand ils étaient des figures de la jet-set new-yorkaise avant de se brouiller avec lui – a tenté de clore le dossier : ainsi, en juillet dernier, le ministère de la Justice et le FBI avaient annoncé qu’ils n’avaient « pas découvert de preuves sur lesquelles fonder une enquête contre des personnes jusqu’ici non poursuivies dans l’affaire Epstein. Jugeant qu’il ne serait « pas pertinent de rendre public le dossier Epstein ».

Un revirement spectaculaire qui avait suscité une vive polémique jusque dans son camp, de nombreux républicains dont certains sont partisans du mouvement Maga réclament désormais davantage de transparence sur ce  sujet brûlant.

La réaction de Donald Trump aux révélations de cette semaine « n’était autre que la reprise d’une tactique de diversion qu’il a souvent employée en temps de crise : dès que les projecteurs se braquent sur lui, M. Trump détourne l’attention, accuse d’autres personnes ou change de sujet », analyse sévèrement le New York Times.

Implacable.

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Affaire Boualem Sansal : quand la diplomatie prend le pas sur l’épreuve de force !

Pourquoi l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au cœur d’une grave crise diplomatique entre Alger et Paris, a-t-il été gracié et envoyé en Allemagne et non en France ? La preuve que la voie diplomatique est souvent plus efficace que la méthode musclée d’un certain Bruno Retailleau.

C’est la fin d’un long cauchemar. L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est arrivé dans la soirée de mercredi 12 novembre à Berlin. Et ce, après avoir été gracié dans l’après-midi par la présidence algérienne quasiment un an jour pour jour après son arrestation, le 16 novembre 2024. Une libération pour l’essayiste âgé de 81 ans, qui souffre par ailleurs d’un cancer de la prostate. Mais également un échec pour la diplomatie française, notamment un désaveu cinglant de la méthode, chère à M. Retailleau : le bras de fer stérile et improductif avec Alger.

Déclaration choc de Sansal

Pour rappel, l’auteur du roman « 2084 : La fin du monde », dont l’œuvre a été récompensée par de nombreux prix littéraires en France et à l’étranger, était condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale ».

En cause, des propos tenus dans le média d’extrême droite français Frontières, où il déclara le 2 octobre 2024 que « quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcem, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume ».

Cette déclaration choc reprise allégrement par les médias marocains, est restée en travers de la gorge des autorités algériennes, dans un contexte de contentieux territorial entre l’Algérie et le Maroc. En effet, certains nostalgiques du Grand Maroc, lorgnent sur cette région de l’ouest de l’Algérie, qu’ils surnomment « le Sahara oriental » et qui, pour eux, revient « de droit » au royaume ancestral du royaume chérifien.

Berlin rafle la mise

A noter également que l’incarcération de l’homme de lettres le 16 novembre 2024 en Algérie, avait envenimé les tensions diplomatiques, déjà exécrables, entre Paris et Alger. Lesquelles étaient déclenchées par la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental.

Ainsi, depuis plus d’un an, Paris et Alger sont empêtrés dans une crise diplomatique sans précédent qui s’est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d’autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.

Et c’est finalement la diplomatie allemande qui s’est montrée plus efficace que celle du Quai d’Orsay. En effet, la libération de Sansal est consécutive aux «  bonnes relations [entre l’Allemagne et l’Algérie] et d’une « relation personnelle de longue date » entre Abdelmadjid Tebboune et Frank-Walter Steinmeier.

Ce dernier avait demandé lundi 10 novembre que Boualem Sansal, qui purgeait une peine de cinq ans de réclusion, soit gracié et bénéficie de soins en Allemagne « compte tenu de son âge avancé et de son état de santé fragile ».

« J’ai demandé à mon homologue algérien de gracier Boualem Sansal. Un tel geste témoignerait d’un esprit humanitaire et d’une clairvoyance politique. Il refléterait mes relations personnelles de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations qui unissent nos pays », a déclaré le président allemand dans un communiqué.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune « a répondu favorablement» à une demande de son homologue Frank-Walter Steinmeier, « concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal »,  lit-on dans un communiqué officiel. « Cette demande a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires », a ajouté la présidence. Tout en précisant que « l’Etat allemand prendra en charge le transfert et le traitement » de l’intéressé.

Relevons à ce propos que l’écrivain franco-algérien avait renoncé à se pourvoir en Cassation. Ce qui le rendait éligible à une grâce du président algérien.

Tebboune avait-il le choix ?

Le président algérien pouvait-il  ou avait-il intérêt à refuser la requête allemande ? Difficile pour trois raisons. D’abord, sur le plan personnel, Abdelmajid Tebboune fut soigné en Allemagne où il reçut les meilleurs soins lors de séjours d’un total de trois mois, après avoir contracté la Covid entre fin 2020 et début 2021.

Ensuite, le locataire du palais d’Al Mouradia avait également évoqué en septembre dernier la possibilité de se rendre en Allemagne d’ici le début de l’année 2026. Or cette visite risquerait d’être assombrie par le cas Boualem Sansal. De même, le pape Léon XIV a exprimé son souhait de se rendre notamment à Annaba ou Souk Ahras, car il se considère comme un « fils de Saint-Augustin » originaire de cette région. Des délégations du Vatican ont déjà préparé le terrain pour cette potentielle visite du Saint Siège en Algérie.

Enfin, la libération de ce dissident politique « dans un esprit humanitaire » enlève un caillou dans les chaussures des dirigeants algériens : et s’il décédait en prison vu son âge avancé et sa santé précaire ? Ajoutons à cela l’image de l’Algérie : les autorités veulent démontrer aux uns et aux autres que cette issue diplomatique n’est pas consécutive au  bras de fer avec l’ancienne puissance coloniale; mais bien le résultat d’une médiation neutre, celle de l’Allemagne. Ainsi, l’Algérie altière n’aura pas cédé à la pression française, mais à des impératifs d’ordre éthique et humanitaire. Bien joué.

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Les Accords d’Abraham au cœur de la visite d’Al-Charaa à Washington

Volte-face spectaculaire pour cet ancien djihadiste qui avait combattu les troupes américaines en Irak, Ahmed Al-Charaa. Le président syrien par intérim, scelle le rapprochement avec l’ennemi d’hier lors de sa visite à Washington.

 

Qui aurait cru que le président des Etats-Unis déroule un jour le tapis rouge à la Maison Blanche en l’honneur du président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa, alias Abou Mohammed al-Joulani l’ancien djihadiste qui aura passé six années dans les geôles américaines d’Abou Ghraib avant de prêter allégeance à l’Etat islamique puis de diriger l’ancienne branche locale d’Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Cham (HTC). L’homme qui, il y a à peine un an, a réussi la prouesse de renverser la dynastie Assad, longue d’un demi-siècle. Mettant fin à plus de treize ans de guerre civile, avant de troquer le treillis militaire pour endosser le costume trois pièces présidentiel ?

En effet, l’homme fort de Damas est le premier chef d’Etat syrien, depuis l’indépendance du pays en 1946, à être reçu à la Maison-Blanche, lundi 10 novembre, par Donald Trump. La visite du dirigeant syrien a lieu au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme. Et ce, dans la foulée de la levée jeudi des sanctions contre la Syrie par le Conseil de sécurité de l’ONU pour saluer l’engagement des nouvelles autorités à « lutter contre le terrorisme ».

Double avantage pour Washington

Reste à savoir si le président américain recevait l’ancien djihadiste dont la tête a été mise à prix à 10 millions de dollars par le FBI par charité chrétienne ? Plutôt pour attirer la Syrie, ancienne chantre du nationalisme arabe, dans le giron du camp occidental pour mieux contrecarrer la présence russe en Syrie. Les États-Unis obtiennent ainsi un double avantage, la réduction de l’influence russe en Méditerranée et le renforcement de leur ancrage militaire dans la région.

D’ailleurs, au menu de la visite du dirigeant syrien à Washington, figurent l’engagement syrien à prévenir toute résurgence de l’EI. Et ce, avec : un accord pour rejoindre la coalition anti djihadiste menée par les Etats-Unis contre l’Etat Islamique (EI); l’expulsion des factions terroristes étrangères, y compris palestiniennes. Ainsi que la négociation de l’établissement d’une base militaire près de Damas. Et, cerise sur le gâteau : pourquoi pas ne pas inciter l’hôte syrien, dans le feu de l’action, à rejoindre Les Accords d’Abraham en normalisant ses relations avec l’Etat hébreu, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre ?

Un chantier colossal

A quel prix ? En contrepartie à l’adhésion aux Accords d’Abraham, Washington a fait miroiter à Damas la levée définitive des sanctions internationales imposées sous le régime d’Assad. Et ce, conformément aux discussions amorcées lors de la première rencontre en Arabie saoudite en mai dernier. Ainsi que l’aide à reconstruction de la Syrie, un chantier dont le coût pourrait dépasser la somme astronomique de 216 milliards de dollars selon la Banque mondiale.

D’ailleurs, des accords ont déjà été signés avec les Émirats arabes unis pour la gestion portuaire. La concession d’un terminal à conteneurs à Lattaquié a par exemple été donné à une compagnie maritime française pour 230 millions d’euros. Le Qatar, la Turquie et les États-Unis ont également conclu un accord de sept milliards de dollars dans le domaine de l’énergie.

Un allié stratégique

Et ce n’est pas un secret que la stabilité de la Syrie représente un atout majeur pour Washington. Car, en faisant de ce pays un allié stratégique, les États-Unis sécurisent les nouvelles routes énergétiques reliant le Golfe à la Méditerranée par la Syrie, contournant de facto l’Iran et la Russie. De même, un réseau de gazoducs traversant la Turquie permettrait d’approvisionner l’Europe, tout en plaçant la Syrie au cœur d’un corridor stratégique sous influence américaine.

Washington contrôlerait alors les routes commerciales régionales et consoliderait sa position face à l’Iran et à la Russie. Tout en intégrant la Syrie dans sa stratégie globale anti Chine.

Le choix impossible

Au final, le président syrien de transition Al-Charaa finira-t-il par céder aux pressions américaines pour assurer la survie économique de son pays ?

Alors même que la population syrienne, épuisée par 13 ans d’une sanglante guerre civile qui a fait plus de 500 000 morts, traverse l’une des crises humanitaires les plus graves de notre époque. En effet, les Nations Unies estiment que près de 90 % des Syriens vivent aujourd’hui sous le seuil de la pauvreté. Une conséquence directe de l’inflation galopante, la dévaluation de la livre syrienne et la hausse des prix des denrées de base.

À cela s’ajoutent les sanctions internationales et les conséquences du séisme de 2023, qui ont aggravé la précarité. Des millions de Syriens sont toujours déplacés à l’intérieur du pays ou réfugiés à l’étranger, confrontés à l’incertitude et à la pauvreté extrême.

Est-il étonnant qu’avec ce qu’elle a vécu en un demi-siècle sous l’ère du clan Assad, la population syrienne n’aspire qu’à la stabilité économique; avant toute rhétorique pompeuse glorifiant ce qui reste des vestiges du nationalisme arabe ?

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Sahara occidental : la diplomatie algérienne mise à rude épreuve

Le Conseil de sécurité de l’Onu a changé son fusil d’épaule en votant, vendredi 31 octobre 2025, en faveur de la résolution 2797 portée par les États-Unis. Cette résolution, qui soutient le plan marocain pour le Sahara occidental, est une victoire diplomatique majeure pour le Royaume chérifien mais vécue comme un revers par Alger.

Analyse.

 

Incontestablement, la diplomatie algérienne, pragmatique et très active – menée à l’aube de l’indépendance par Abdelaziz Bouteflika, le jeune moujahid, devenu à 26 ans ministre des Affaires étrangères -, qui s’est imposée progressivement aux Nations unies, dans le monde arabe ou en Afrique, vient de subir un sérieux camouflet après l’adoption d’une résolution onusienne ouvertement favorable au Maroc sur le Sahara occidental où Alger soutient les indépendantistes du Polisario.

En effet, sous l’impulsion des États-Unis, le Conseil de sécurité de l’Onu a estimé qu’une « véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable » pour résoudre le conflit sur le Sahara occidental, vieux de 50 ans.

Pour rappel, le Sahara occidental, colonie espagnole jusqu’en 1975, est contrôlée en majeure partie par le Maroc, et considérée comme un territoire non autonome par les Nations unies.

Or, en dépit de l’hostilité de l’Algérie, celle-ci n’a pas voté la résolution onusienne adoptée par 11 voix – certains voient dans cette réserve une manière d’éviter de s’opposer frontalement aux États-Unis dans ce dossier. Sachant qu’à la surprise générale, les principaux alliés d’Alger, le Pakistan, la Russie et la Chine – deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu qui détiennent un droit de veto -, se sont abstenus, laissant ainsi passer le texte américain favorable au plan d’autonomie marocain.

Pourtant, jusqu’aux dernières heures avant le vote, Alger a tout tenté pour mobiliser des soutiens autour du principe de la « décolonisation » du Sahara occidental. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a multiplié les entretiens téléphoniques avec ses homologues chinois, russe et pakistanais, espérant un front de refus. En vain. Les représentants de ces trois pays au Conseil de sécurité ont préféré s’abstenir, laissant la voie libre au texte américain. Une abstention lourde de sens, qui prouve si besoin que ces supposés alliés ne le sont que sur le papier

D’ailleurs, n’est-il pas significatif que lors de la candidature algérienne au club des Brics à l’été 2023, le président Abdelmadjid Tebboune avait reçu une fin de non-recevoir de la Russie, allié historique qui fournit à l’Algérie la majeure partie de son armement ?

Série noire

Ce revers diplomatique est-il un accident de parcours? Selon les analystes politiques, Alger aura opté pour la logique de la confrontation au lieu du pragmatisme, vertu cardinale de la diplomatie. Pour Le Matin d’Algérie, la diplomatie algérienne « n’a pas su faire preuve de finesse et a préféré jouer seule contre tous ».

La preuve ? L’échec de la candidature au club des Brics, ou encore la détérioration des rapports avec les voisins du Sahel ; l’Algérie, qui partage plus de 1 300 km de frontière avec le Mali, est confrontée depuis 2012 aux violences de groupes jihadistes et où transitent divers trafics. Alger ayant abattu un drone de l’armée malienne au motif qu’il avait violé son espace aérien,  le Mali et ses alliés du Niger et du Burkina Faso avaient riposté en rappelant leurs ambassadeurs respectifs.

Ces tensions ont des ramifications jusqu’au Moyen-Orient, Alger accusant les Émirats arabes unis de financer ou de fournir des armes à la junte au pouvoir au Mali. Le gouvernement algérien reproche en outre aux Émirats une politique régionale jugée interventionniste, notamment en Libye, où ceux-ci soutiennent des acteurs, comme le général Khalifa Haftar, opposés à ceux soutenus par Alger.

Par ailleurs, même au sein de la Ligue arabe, son influence s’érode. Le « sommet du retour » organisé à Alger en 2022 s’était soldé par un fiasco diplomatique. Exclue du dossier syrien, marginalisée dans le dossier palestinien.

Sans oublier les tensions actuelles entre Paris et Alger exacerbées par des crises diplomatiques, notamment liées à des différends sur la question du Sahara occidental, des accusations de non-coopération en matière de migration et des tensions mémorielles persistantes datant de la période coloniale.

Rigidité

Au final, Alger aura-t-il péché par rigidité dans le plan d’autonomie du Sahara occidental ?

Selon les observateurs, Alger a toujours érigé la fermeté dans ses positions internationales comme stratégie, oubliant au passage que la diplomatie moderne est désormais tributaire de la souplesse tactique, de la capacité à bâtir des alliances même avec les adversaires et à composer avec la réalité géopolitique. Au lieu d’une certaine raideur idéologique doublée d’un discours souverainiste déconnecté des réalités mouvantes du monde.

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La victoire de Zohran Mamdani à New York, un revers cinglant pour Donald Trump

L’élection de Zohran Mamdani à la tête de la ville de New York a eu un retentissement planétaire. Car, l’enjeu, qui dépasse largement le cadre d’un simple scrutin municipal, révèle en vérité les lignes de fracture idéologiques, identitaires et médiatiques qui traversent en profondeur la société américaine. Ce qui s’est passé mardi 4 novembre à New York illustre la fracture sociale qui divise l’Amérique de Donald Trump.

D’un côté, le président américain, l’homme le plus puissant de la planète, qui aura tout fait pour empêcher Zohran Mamdani, sa bête noire, de trôner à la mairie de la ville la plus peuplée des Etats-Unis: 8 millions d’habitants, 112 milliards de dollars de budget, le cœur de la finance mondiale.

Or, il n’est pas le seul qui déteste cet homme situé à la gauche de l’échiquier politique. Puisque Wall Street et ses 26 milliardaires ont investi au moins 100 000 dollars chacun pour soutenir son rival démocrate Andrew Cuomo ou l’un des autres candidats opposés à Zohran Mamdani. Au total, ces milliardaires ont donné plus de 22 millions de dollars pour soutenir les campagnes de l’opposition. Et ce, en inondant les ondes et les boîtes aux lettres des habitants de New York de messages anti Mamdani.

Enfin, le lobby juif est résolument hostile à ce fils d’immigré que Trump traite de « communiste » et qui est  connu pour ses positions virulentes contre Israël. D’ailleurs, le président républicain appelait les électeurs juifs new-yorkais à soutenir l’ancien gouverneur Andrew Cuomo, qu’il considère comme un candidat « plus fiable et modéré » face à Mamdani. Tut en déclarant mardi sur sa plateforme Truth Social que « Tout Juif qui vote pour Zohran Mamdani, un antisémite avéré et déclaré, est une personne stupide !!! ».

« Je crois que Zohran Mamdani représente un danger pour la communauté juive de New York », déclarait pour sa part dans un sermon le rabbin Elliot Cosgrove, de la synagogue conservatrice de Park Avenue. Près de 1 200 rabbins ont cosigné un appel soutenant sa position.

L’anti Trump

De l’autre côté, celui qui vient de remporter l’élection municipale deNew York, représente l’antithèse de Trump par excellence.

Zohran Mamdani, 34 ans, est né et a grandi à Kampala (Ouganda) dans une famille de confession musulmane. Il est le fils de la réalisatrice indienne Mira Nair, Caméra d’or au Festival de Cannes en 1998. Ses parents s’installent à New York quand il est encore âgé de 7 ans, après que son père Mahmood Mamdani a été nommé professeur à l’université de Columbia. Mira Nair et Mahmood Mamadani ont tous deux étudié à Harvard et fréquentent de nombreux intellectuels.

Au terme de son cursus universitaire, le jeune homme décroche un diplôme en études africaines, dans un établissement supérieur de l’Etat du Maine. Il obtient la nationalité américaine en 2018. Le trentenaire est en couple avec l’illustratrice d’origine syrienne Rama Duwaji, qui a collaboré avec de nombreux titres de la presse américaine.

Le candidat des petites gens

Mais comment diable ce jeune Rastignac de l’Outre-Atlantique a-t-il su fédérer sous son nom des millions d’électeurs newyorkais ?

Parce que, tournant le dos aux débats idéologiques stériles, à l’image de la campagne désastreuse menée jadis par Kamala Harris contre Donald Trump, le candidat démocrate a fait des difficultés quotidiennes des petites gens son cheval de bataille.

Epaulé par une équipe de campagne ayant mené une opération de porte-à-porte sans précédent dans l’histoire de la ville avec  50 000 bénévoles qui ont frappé à 1,6 million de portes pendant la primaire, le candidat démocrate milite pour la gratuité des bus et le gel des loyers, la création d’un réseau d’épiceries municipales et d’un système de garde d’enfants. Il propose également de tripler le nombre de logements à prix encadré. Tout en recourant à une main-d’œuvre syndiquée, plus coûteuse.

En effet, son programme est résolument de gauche. A savoir, taxer les plus riches pour financer trois mesures phares : le gel des loyers; la gratuité des transports; et l’ouverture de crèches gratuites. En somme, lutter concrètement contre la vie chère.

Avec quel argent ? Zohran promet de financer ses mesures en augmentant de 11,5 % les impôts pour les entreprises. Ce qui pourrait générer 5 milliards de dollars supplémentaires. Il propose également d’augmenter de 2 % l’impôt sur le revenu des résidents qui gagnent plus d’un million de dollars par an – soit 4 milliards supplémentaires.

Zohran Mamdani a-t-il in fine vendu  des rêves ?  De toute évidence, il a su par un discours simple rassembler les déçus du Trumpisme, les déclassés, les immigrés. Bref, les laisser pour compte du système inégalitaire américain. Il a même fait rêver une jeunesse avide de justice sociale et de liberté.

Reste la question de savoir si le programme social de l’homme qui prône un socialisme à visage humain fera tache d’huile au pays du capitalisme sauvage incarné par le milliardaire républicain ?

Par ailleurs, les démocrates ont remporté deux batailles importantes, mardi 4 novembre. Et ce, avec les victoires d’Abigail Spanberger et Mikie Sherrill dans les élections au poste de gouverneur en Virginie et dans le New Jersey. Un résultat qui représente un revers pour le président des Etats-Unis, qui s’était impliqué personnellement ces derniers jours.

Donald Trump est ainsi averti à l’aune des élections de mi-mandat de 2026.

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