Dans le nouvel épisode du podcast Héroïnes Africaines, animé par Sahar Mechri, deux entrepreneures partagent leur vision d’un entrepreneuriat ancré dans la communauté. À Dakar, Salimata Thiam, juriste et fondatrice de Gl’amour by Lyssa, marque spécialisée dans la mode et la cosmétique, et à Tunis, Marwa Ben Ali, fondatrice de la marque de cosmétiques naturels Herbéos, racontent comment leurs clientes sont devenues les véritables moteurs de leurs marques.
Dès les premières minutes, Sahar Mechri donne le ton: «Ce n’est pas la communauté qui like une page, mais celle qui teste, recommande, et devient le meilleur département marketing d’un produit». Une phrase qui résume parfaitement la philosophie de ces deux femmes.
Pour Salimata Thiam, tout commence avec Gl’amour by Lyssa, une marque qui allie élégance et identité africaine à travers la mode et la cosmétique. De cette expérience naît le Club Act’Elles, un réseau de femmes entrepreneures unies par la solidarité. «On a compris que l’union fait la force», confie-t-elle. Le réseau favorise la visibilité, les ventes et le partage de compétences. Chaque membre soutient les autres en achetant leurs produits ou en relayant leurs pages. «Cette sororité crée une force incroyable», ajoute-t-elle.
De son côté, Marwa Ben Ali raconte la genèse de Herbéos, née d’un rêve d’enfance et développée depuis sa cuisine jusqu’à devenir une marque bio reconnue. Ingénieure en cosmétique, elle mise sur l’implication de sa communauté pour innover. «Mes premiers clients sont devenus mes ambassadeurs», explique-t-elle. Après la pandémie, elle renforce ce lien via les réseaux sociaux, en partageant son quotidien sur Instagram. Les clientes y participent activement, testent les nouveaux produits et orientent les choix de la marque.
Cette proximité va jusqu’à la co-création. Marwa décrit, par exemple, la conception d’un soin pour cils et sourcils dont la texture finale — une huile légère — a été choisie par les internautes. Autre réussite: la gamme anti-acné, testée sur plus de 100 clientes avant sa commercialisation. Résultat: «On a vendu pendant un mois sans publicité ni influenceuses», raconte-t-elle. Plus récemment, une brume relaxante issue d’une expérience personnelle de burn-out a vu le jour après un fort engouement de la communauté.
Les deux entrepreneures s’accordent sur un principe fondamental: la transparence. Chez Herbéos, les clientes ont accès aux champs de culture certifiés bio et aux certifications. Chez Gl’amour by Lyssa, les retours clients ont conduit à la création d’une “mini-gamme” plus abordable. «J’ai pris en compte le pouvoir d’achat des étudiantes et des jeunes femmes», précise Salimata.
L’épisode souligne aussi l’importance d’intégrer les clientes dans les moments forts de la marque. Après avoir constaté une frustration sur les réseaux sociaux — certaines clientes se sentant exclues d’événements réservés aux influenceuses —, Marwa a rectifié le tir: désormais, les clientes fidèles sont invitées à ces rencontres, devenant de véritables ambassadrices.
Au-delà des ventes, ces initiatives montrent comment les marques africaines réinventent leur rapport au consommateur. En plaçant la communauté au cœur de leur stratégie, elles transforment chaque cliente en partenaire, chaque retour en opportunité, et chaque échange en levier de croissance. Comme le conclut Sahar Mechri, «la communauté n’est plus seulement une audience, elle devient le laboratoire vivant de la marque».
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