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La victoire du président Milei ouvrira-t-elle la voie aux réformes en Argentine ?

Le président argentin Javier Milei a récemment fait la une des médias internationaux après une victoire électorale surprise et décisive à mi-mandat, consolidant le mouvement politique le plus disruptif qu’ait connu le pays depuis des décennies. Apparue sur la scène nationale il y a à peine quelques années, cette figure libertarienne s’est fait connaître en brandissant une tronçonneuse — symbole de sa volonté de réduire drastiquement les dépenses publiques. Ses campagnes ont mis l’accent sur l’austérité, la dérégulation et la réduction du rôle de l’État dans l’économie. Cette orientation marque une rupture profonde dans un pays longtemps dominé par le péronisme, d’inspiration interventionniste et sociale. En s’alliant au parti « Pro », sa coalition pourrait désormais réunir le soutien nécessaire pour mener des réformes plus ambitieuses en faveur du marché.

Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2023, Javier Milei s’est attaché à inverser les tendances économiques héritées de son prédécesseur, dans un contexte de quasi-hyperinflation, alors que les prix grimpaient à près de 300 % par an. Fin 2025, l’inflation est retombée autour de 30 %, un niveau encore douloureux mais représentant un redressement spectaculaire selon les standards de stabilisation. Le gouvernement a en outre enregistré le premier excédent budgétaire depuis plus de dix ans — un symbole de discipline fiscale retrouvée que peu jugeaient possible sans forte résistance politique.

L’ajustement budgétaire n’a cependant pas été indolore. Après un rebond marqué en 2024, la croissance s’est essoufflée. Cette stagnation a ravivé les doutes quant au soutien électoral du président avant les législatives de mi-mandat. La tension politique s’est accrue lorsque les péronistes ont remporté les élections locales de Buenos Aires en septembre, provoquant la chute du peso et une forte hausse des spreads sur les obligations souveraines. En pleine tourmente, Milei s’est tourné vers son allié, le président américain Donald Trump : un accord de swap de devises de 20 milliards USD a alors permis de stabiliser la monnaie et de freiner les sorties de capitaux.

Désormais, le chef de l’État affronte l’épreuve décisive de son mandat : transformer la stabilisation initiale en croissance durable. Le récent scrutin a renforcé sa position, donnant à sa coalition une présence suffisante au Congrès pour relancer les réformes structurelles et les privatisations longtemps repoussées. Reste à savoir si l’Argentine peut passer d’une phase d’ajustement d’urgence à un cycle de croissance soutenue.

Des réformes structurelles à haut risque politique

L’administration Milei place les réformes économiques au cœur de son agenda, mais se heurtera inévitablement à de fortes résistances. Deux chantiers dominent : la flexibilisation du marché du travail et la refonte d’un système fiscal excessivement complexe. L’Argentine affiche une législation protectrice de l’emploi plus rigide que ses voisins, avec des coûts d’embauche élevés et des règles de licenciement contraignantes. Résultat : un secteur informel estimé à près de 50 % de l’emploi total, qui pèse sur la productivité. Le système fiscal compte 155 impôts, dont 10 seulement génèrent 94 % des recettes — un fardeau considérable pour les entreprises. L’économie a ainsi stagné ces quinze dernières années, avec une croissance moyenne du PIB réel inférieure à 1 % par an.

Ces réformes se heurteront sans doute à l’opposition péroniste et syndicale, mais leur adoption marquerait une étape décisive pour rompre avec une trajectoire de stagnation prolongée.

Relancer l’investissement et la confiance

Autre défi : restaurer la confiance des investisseurs et attirer les capitaux nécessaires à une croissance forte et durable. Sur les vingt dernières années, l’investissement a représenté en moyenne 17,5 % du PIB, loin des 25 à 30 % observés dans les économies émergentes à forte croissance. Pour atteindre ce niveau, l’Argentine devrait combler un déficit annuel de plus de 60 milliards USD d’investissements. Le gouvernement a lancé un dispositif phare, le RIGI (Régime d’incitations pour les grands investissements), offrant des avantages fiscaux, douaniers et de change sur trente ans pour des projets supérieurs à 200 millions USD. Jusqu’ici, les engagements pris dans ce cadre restent modestes, concentrés sur les infrastructures, les mines et l’énergie, soulignant la nécessité d’un environnement plus stable pour attirer les grands investisseurs.

Stabiliser durablement l’économie

Enfin, Milei devra consolider la stabilité macroéconomique et juguler définitivement l’inflation. Si la « phase tronçonneuse » semble révolue, maintenir la discipline budgétaire et résister aux pressions pour relancer les dépenses publiques sera crucial pour éviter tout retour aux déficits chroniques. Le peso s’est déjà déprécié de plus de 50 % cette année, signe d’une confiance encore fragile. Les obligations souveraines argentines se négocient avec un écart de plus de 6 points de pourcentage par rapport aux bons du Trésor américain, illustrant le risque élevé exigé par les marchés.

Restaurer la stabilité macroéconomique exigera une cohérence sans faille des politiques publiques afin de reconstruire la crédibilité financière du pays.

Perspectives

La croissance devrait atteindre environ 3,5 % en 2026 et 2027 — une amélioration notable, mais encore modeste pour une économie émergente. Plus fondamentalement, Javier Milei devra réussir à poser les bases d’un développement de long terme.

(Source: QNB Economics)

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