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Tunisie : de la servitude à la citoyenneté, le sursaut nécessaire

Tunisie EconomiePar Adnene Ben SalahL’histoire semble s’être arrêtée, comme figée, suspendue à la pendule du temps. La majeure partie des Tunisiens, ces enfants de Carthage, comme pétrifiés et résignés, semblent regarder leur propre avenir se désagréger, incapables de briser le silence assourdissant qui empoisonne leur quotidien. La flamme de l’espoir, naguère vive et ardente en eux, s’est éteinte, laissant place aux ténèbres.

Passifs, Les Tunisiens observent leur paradis s’écrouler, ses propres enfants le brûler, comme si cette réalité s’imposait à eux comme une fatalité. Leur maison, ce pays paradisiaque, s’enflamme, se consume, livrée à une horde haineuse, sans foi ni loi, rancunière et sanguinaire, qui semble avoir pris le contrôle de leurs âmes, comme naguère, les Hilaliens firent en brûlant tout derrière eux.

Étrangers dans leur propre pays

Aujourd’hui, les Tunisiens errent dans un pays qu’ils ne reconnaissent plus. Ils y croisent des concitoyens devenus étrangers, et font face à une élite prétendument éclairée, mais irrémédiablement prisonnière d’un passé révolu, incapable de comprendre que le monde qu’elle pense pouvoir encore diriger n’existe déjà plus.

La résilience à bout de souffle

Les Tunisiens naturellement, voire génétiquement, non-violents sauf lorsqu’acculés et non belliqueux sauf pour se défendre, ont développé une capacité de résilience exceptionnelle, qui leur a permis au fil de leur histoire séculaire, de surmonter toutes les crises existentielles.

Les héritiers des citoyens de la République de Carthage, en ce moment fatidique de l’histoire, sont épuisés ; leur résilience semble s’éteindre irrémédiablement au fil d’un ruisseau qui s’assèche inexorablement.

Quand l’individualisme ronge le lien communautaire

Encore une fois, les Tunisiens semblent pris dans une tourmente dont ils ne voient pas l’issue, perdus, incapables de s’unir, car par ces temps sombres, la survie et l’intérêt individuel priment même sur ceux de la famille et de la communauté. C’est en ces moments noirs et tortueux que le côté le plus sombre de nos êtres se manifeste.

Les fruits amers d’une vile gouvernance

L’individualisme forcené, l’égocentrisme étroit, l’envie corrosive, la tentation, la revanche et la désagrégation du lien communautaire, jusqu’au sein même de la cellule familiale, autant de caractéristiques qui ne sauraient être tenus pour des traits originels de l’âme tunisienne ; ils ne sont que les fruits amers, les séquelles inévitables et les stigmates d’une gouvernance infâme, d’une voyoucratie installée et pérennisée plus de trois décennies durant.

Une citoyenneté confisquée

Cet endoctrinement pernicieux a enfanté trois générations d’hommes et de femmes, dépossédés de leur sentiment de citoyenneté, se tournant, non vers la vertu du bien commun, mais vers l’opportunisme sordide et l’isolement égoïste.

L’élite en chute libre

Lorsque les gouvernants et leur organe de pouvoir de prédilection – l’administration publique – deviennent les premiers à broyer des pieds les lois qu’ils prétendent incarner, à user du pouvoir, non comme d’un instrument de justice et d’équité, mais comme d’un levier d’asservissement ; il n’est nullement surprenant que la communauté, ainsi trahie, se détache, peu à peu, de toute idée d’unité nationale ou d’identité partagée ou de compassion et de solidarité.

Le théâtre grotesque du pouvoir

L’élite privilégiée et celle au pouvoir, aveuglées par la volonté de se maintenir en place à tout prix, en viennent à sacrifier les fondements mêmes de la nation. En vérité, ils ignorent qu’ils creusaient eux-mêmes le tombeau de leurs privilèges. C’est ainsi que naît une génération désenchantée, sans repères communs, orpheline de toute appartenance réelle, sans âme et sans conscience.

Un appel à la solidarité plus opportuniste qu’engagé

Et face à l’effritement de ses assises, la caste dirigeante, naguère omnipotente, vacille. Elle pressent que l’édifice chancelle, que ses alliés d’hier — ces privilégiés qu’elle avait nourris de ses largesses — se dérobent, n’offrant plus ni secours ni loyauté. Alors, gagnée par la panique, elle se débat avec frénésie dans un théâtre burlesque, grotesque et absurde, exposant au peuple le spectacle navrant de sa propre décadence.

Incapables de concevoir la moindre issue, décideurs et faux leaders, prisonniers de leur propre impuissance, s’agitent dans une farce crépusculaire, mimant la grandeur au rythme funèbre d’une symphonie mortuaire. Au détour d’une crise, d’une impasse, d’un obstacle, cette élite, concentrant la mainmise sur la nation (pouvoir et opposition) et cette même administration, appellent à l’aide et à l’adhésion citoyenne. Soit un appel à la solidarité plus opportuniste qu’engagé.

L’espoir d’un avenir républicain

Les palabres et autres discours invoquant le nécessaire secours à la nation, ne sont plus audibles et quand bien même ces appels pourraient être entendus, d’aucuns ne souhaitent plus se sacrifier pour cette chimère qu’est devenue la nation. Les Tunisiens ne manquent pas de courage, et même s’ils l’ont oublié, leurs gènes sont républicains…

Toucher le fond pour renaître

…il suffit de leur montrer une voie de salut et d’espoir, la vision d’un avenir où l’équité, le bien-être et le bien vivre sont accessibles à tous, où la république est au service de tous les citoyens sans distinction et où règne l’ordre juste pour tous les citoyens.

Rompre avec la servilité, reconstruire la République

En réalité, les Tunisiens nourrissent au plus profond de leurs êtres l’espoir d’une nouvelle élite projetée vers le futur, avec un ancrage historique républicain et citoyen fort. Les Tunisiens ne voient peut-être pas.

En ces moments marqués par la violence et l’incertitude, le coût à assumer pour rompre avec les héritages du passé s’avère élevé. Effacer les traces de l’errance et déconstruire les fondations obsolètes implique, pour une majorité, de traverser une phase critique.

Il est parfois nécessaire d’approcher les limites — celles du vide, de la peur, de la perte — pour prendre pleinement conscience de la nécessité du changement et amorcer une reconstruction durable…Il faut ainsi espérer rompre avec la pensée de la rancœur, de la ‘’revanchardise’’ et de l’égoïsme.

Les temps sont peut-être venus pour les Tunisiens, pour espérer enterrer définitivement la soumission à la pensée unique, à la servilité des idées reçues et à la dictature des philosophies dominantes…

Traverser la douleur pour se relever

Les temps sont venus pour tourner ainsi définitivement et irrémédiablement la page des erreurs du passé et d’une oligarchie dirigeante depuis plus de quatre décennies.

Reconstruire la république du futur, celle de l’espoir et de l’équité et du bien-être peut paraître de prime abord une utopie mais les citoyens de la première république qui ont marqué l’histoire de l’humanité, ceux qui ont marqué l’histoire, ont toujours été, à l’origine, ou ont du moins figuré parmi les instigateurs des grandes étapes de changements philosophiques de l’humanité !

Notre peuple est capable de faire des miracles. Se projeter, imaginer un avenir, un futur où la citoyenneté est le fondement de l’organisation sociale, où la république est au service de la communauté, où le bien-être est accessible à tous…Le monde est à l’orée d’une ère nouvelle…

Il est peut-être temps de se lever pour la république, pour la citoyenneté dans l’espoir d’un meilleur avenir, malgré l’adversité. “Carthago ex cineribus oritur”.

Par Adnen Ben Salah

EN BREF

  • Les Tunisiens vivent une crise de sens et de citoyenneté.
  • L’individualisme et la résignation ont remplacé la solidarité.
  • Une gouvernance de plusieurs décennies a sapé les valeurs républicaines.
  • L’élite, déconnectée, perd sa légitimité face à un peuple désenchanté.
  • Un sursaut est possible : reconstruire une République juste et citoyenne.

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