La victoire de Zohran Mamdani à New York, un revers cinglant pour Donald Trump
L’élection de Zohran Mamdani à la tête de la ville de New York a eu un retentissement planétaire. Car, l’enjeu, qui dépasse largement le cadre d’un simple scrutin municipal, révèle en vérité les lignes de fracture idéologiques, identitaires et médiatiques qui traversent en profondeur la société américaine. Ce qui s’est passé mardi 4 novembre à New York illustre la fracture sociale qui divise l’Amérique de Donald Trump.
D’un côté, le président américain, l’homme le plus puissant de la planète, qui aura tout fait pour empêcher Zohran Mamdani, sa bête noire, de trôner à la mairie de la ville la plus peuplée des Etats-Unis: 8 millions d’habitants, 112 milliards de dollars de budget, le cœur de la finance mondiale.
Or, il n’est pas le seul qui déteste cet homme situé à la gauche de l’échiquier politique. Puisque Wall Street et ses 26 milliardaires ont investi au moins 100 000 dollars chacun pour soutenir son rival démocrate Andrew Cuomo ou l’un des autres candidats opposés à Zohran Mamdani. Au total, ces milliardaires ont donné plus de 22 millions de dollars pour soutenir les campagnes de l’opposition. Et ce, en inondant les ondes et les boîtes aux lettres des habitants de New York de messages anti Mamdani.
Enfin, le lobby juif est résolument hostile à ce fils d’immigré que Trump traite de « communiste » et qui est connu pour ses positions virulentes contre Israël. D’ailleurs, le président républicain appelait les électeurs juifs new-yorkais à soutenir l’ancien gouverneur Andrew Cuomo, qu’il considère comme un candidat « plus fiable et modéré » face à Mamdani. Tut en déclarant mardi sur sa plateforme Truth Social que « Tout Juif qui vote pour Zohran Mamdani, un antisémite avéré et déclaré, est une personne stupide !!! ».
« Je crois que Zohran Mamdani représente un danger pour la communauté juive de New York », déclarait pour sa part dans un sermon le rabbin Elliot Cosgrove, de la synagogue conservatrice de Park Avenue. Près de 1 200 rabbins ont cosigné un appel soutenant sa position.
L’anti Trump
De l’autre côté, celui qui vient de remporter l’élection municipale deNew York, représente l’antithèse de Trump par excellence.
Zohran Mamdani, 34 ans, est né et a grandi à Kampala (Ouganda) dans une famille de confession musulmane. Il est le fils de la réalisatrice indienne Mira Nair, Caméra d’or au Festival de Cannes en 1998. Ses parents s’installent à New York quand il est encore âgé de 7 ans, après que son père Mahmood Mamdani a été nommé professeur à l’université de Columbia. Mira Nair et Mahmood Mamadani ont tous deux étudié à Harvard et fréquentent de nombreux intellectuels.
Au terme de son cursus universitaire, le jeune homme décroche un diplôme en études africaines, dans un établissement supérieur de l’Etat du Maine. Il obtient la nationalité américaine en 2018. Le trentenaire est en couple avec l’illustratrice d’origine syrienne Rama Duwaji, qui a collaboré avec de nombreux titres de la presse américaine.
Le candidat des petites gens
Mais comment diable ce jeune Rastignac de l’Outre-Atlantique a-t-il su fédérer sous son nom des millions d’électeurs newyorkais ?
Parce que, tournant le dos aux débats idéologiques stériles, à l’image de la campagne désastreuse menée jadis par Kamala Harris contre Donald Trump, le candidat démocrate a fait des difficultés quotidiennes des petites gens son cheval de bataille.
Epaulé par une équipe de campagne ayant mené une opération de porte-à-porte sans précédent dans l’histoire de la ville avec 50 000 bénévoles qui ont frappé à 1,6 million de portes pendant la primaire, le candidat démocrate milite pour la gratuité des bus et le gel des loyers, la création d’un réseau d’épiceries municipales et d’un système de garde d’enfants. Il propose également de tripler le nombre de logements à prix encadré. Tout en recourant à une main-d’œuvre syndiquée, plus coûteuse.
En effet, son programme est résolument de gauche. A savoir, taxer les plus riches pour financer trois mesures phares : le gel des loyers; la gratuité des transports; et l’ouverture de crèches gratuites. En somme, lutter concrètement contre la vie chère.
Avec quel argent ? Zohran promet de financer ses mesures en augmentant de 11,5 % les impôts pour les entreprises. Ce qui pourrait générer 5 milliards de dollars supplémentaires. Il propose également d’augmenter de 2 % l’impôt sur le revenu des résidents qui gagnent plus d’un million de dollars par an – soit 4 milliards supplémentaires.
Zohran Mamdani a-t-il in fine vendu des rêves ? De toute évidence, il a su par un discours simple rassembler les déçus du Trumpisme, les déclassés, les immigrés. Bref, les laisser pour compte du système inégalitaire américain. Il a même fait rêver une jeunesse avide de justice sociale et de liberté.
Reste la question de savoir si le programme social de l’homme qui prône un socialisme à visage humain fera tache d’huile au pays du capitalisme sauvage incarné par le milliardaire républicain ?
Par ailleurs, les démocrates ont remporté deux batailles importantes, mardi 4 novembre. Et ce, avec les victoires d’Abigail Spanberger et Mikie Sherrill dans les élections au poste de gouverneur en Virginie et dans le New Jersey. Un résultat qui représente un revers pour le président des Etats-Unis, qui s’était impliqué personnellement ces derniers jours.
Donald Trump est ainsi averti à l’aune des élections de mi-mandat de 2026.
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