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Salon du livre d’Alger | Les cagoulards de la censure

Ils avancent masqués, mais leurs méthodes sont bien visibles. À l’ombre des institutions, les nouveaux inquisiteurs de la culture ont troqué la cagoule du dogme contre le costume de fonction. Ils décident de ce qu’il faut lire, penser, publier — et de qui mérite d’exister dans l’espace public.

Latif Belhedi

Le dernier Salon international du livre d’Alger, dont la 28ᵉ édition se tient du 29 octobre au 8 novembre 2025 au Palais des expositions des Pins maritimes, a révélé l’ampleur de cette dérive. Des dizaines d’auteurs algériens — professeurs, médecins, journalistes, anciens officiers de l’ALN — ont été exclus sans explication, réduits au silence dans leur propre pays.

Pendant ce temps, les stands officiels étalaient sans gêne ‘‘Mein Kampf’’, ‘‘Les Mémoires de Mussolini’’, ‘‘le Manuel du parfait salafiste’’ ou encore le dernier brûlot d’Éric Zemmour. Le paradoxe est violent : la pensée libre bannie, les idéologies de la haine tolérées.

Ironie du calendrier : au même moment, le leader de l’extrême droite française paradait à Tel-Aviv pour encourager l’armée israélienne dans son entreprise de destruction. Pour un pays qui fait de la cause palestinienne un principe sacré, cela frôle la trahison morale.

Mais le plus grave est ailleurs. Dans un procès-verbal du juge d’instruction, le président de la Commission de censure reconnaît que les sanctions contre Koukou Éditions ont été «ordonnées par la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji», sur la base d’un «rapport secret des services de sécurité». Ce rapport accuse la maison d’édition de publier des livres «destructeurs» et «nuisibles à l’image de l’Algérie».

Drôle d’Algérie que celle qui redoute ses propres penseurs, mais déroule le tapis rouge aux marchands d’obscurantisme. Drôle d’État qui se protège de ses intellectuels, mais s’ouvre à ceux qui ont bâti leur gloire sur le mépris des autres.

Les vrais destructeurs ne sont pas ceux qui publient des idées, mais ceux qui confondent la critique avec la trahison, le débat avec le danger. Ceux-là ne protègent pas l’Algérie : ils l’étouffent.

Pour juger de ce que ces censeurs appellent des «publications destructrices», il suffit de visiter le site de Koukou Éditions pour se faire une idée soi-même.  

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France | Éric Zemmour relance le jihad contre l’immigration

Le leader d’extrême droite française Éric Zemmour a saisi l’occasion du cambriolage spectaculaire du musée du Louvre pour relancer ses attaques contre les immigrés, et plus particulièrement contre la communauté algérienne en France. Une stratégie politique bien connue : transformer un fait divers en argument identitaire.

Djamal Guettala 

Le 20 octobre, quatre individus ont pénétré dans le musée parisien et dérobé huit bijoux de la couronne française, d’une valeur estimée à 88 millions d’euros. Selon les autorités, deux suspects ont été arrêtés : un jeune homme d’origine algérienne intercepté à l’aéroport Charles-de-Gaulle avant un vol pour Alger, et un autre de nationalité malienne arrêté près de la capitale.

Zemmour, qui dirige le parti Reconquête, n’a pas attendu les résultats de l’enquête pour instrumentaliser l’affaire. Sur France 3, il a déclaré: «L’immigration vole les joyaux de la couronne française.» Et sur la plateforme X (ex-Twitter), il a ajouté : «Voilà que l’Algérie entre en scène dans le cambriolage du Louvre. L’immigration vole nos trésors, notre civilisation. C’est le djihad quotidien.»

Vol de civilisation

Ces propos ont suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux observateurs y voient une nouvelle tentative du polémiste de détourner le débat public et de nourrir la peur de l’étranger. Plusieurs commentateurs ont rappelé que Zemmour, déjà condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale, recycle depuis des années le même discours : celui d’une France assiégée par ses anciens colonisés.

«C’est un réflexe pavlovien : dès qu’un suspect a un nom maghrébin, Zemmour y voit la preuve du déclin national», analyse un politologue parisien. «C’est une stratégie d’agitation plus qu’un projet politique», ajoute-t-il.

Les réactions ironiques n’ont pas manqué. Des internautes ont souligné que le Louvre conserve lui-même des milliers d’œuvres d’art pillées dans les colonies. «Parler de vol de civilisation quand les vitrines du Louvre exposent le butin de l’expansion coloniale relève de l’amnésie historique», a commenté un journaliste culturel.

Zemmour poursuit ainsi une ligne discursive où la haine devient le principal carburant électoral. Mais son audience s’effrite : selon les derniers sondages, Reconquête ne dépasserait plus les 5 % d’intentions de vote, loin derrière le Rassemblement national de Marine Le Pen, dont le discours anti-immigration apparaît désormais plus «acceptable».

Des suspects permanents

Dans les quartiers populaires, les propos du polémiste sont vécus comme une provocation de plus. «On est Français, on paie nos impôts, on vit ici, mais on reste désignés comme des suspects permanents», confie un jeune enseignant d’origine algérienne à Lyon.

L’affaire du Louvre, spectaculaire sur le plan policier, se transforme donc en nouvelle scène politique. Au lieu d’un débat sur la sécurité des musées ou les trafics internationaux d’art, la France assiste à la énième récupération d’un fait divers par une droite radicale en quête de visibilité et qui fait feu de tout bois.

La surenchère identitaire semble, cette fois encore, avoir éclipsé la complexité du réel. Et derrière les mots de Zemmour, c’est toujours la même rengaine : celle d’un passé colonial mal digéré et d’un présent incapable de penser l’égalité 

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