Le Hayek de Kairouan, entre tradition, identité et héritage féminin
Dans les ruelles anciennes de Kairouan, quand le soleil verse sa lueur sur les murs des demeures authentique de la vieille ville, une silhouette blanche glisse, silencieuse et fière.
Drapée dans son Hayek, la femme kairouanaise semble porter sur ses épaules tout un pan de l’histoire tunisienne.
« Jadis, chaque matin, les femmes de Kairouan s’enveloppaient de cette étoffe de laine fine avant de franchir le seuil de leur maison ».
Le Hayek n’était pas seulement un habit : c’était une frontière subtile entre l’intime et le public », confie Mohamed Baklouti, 84 ans, installé dans son petit atelier de tissage traditionnel à Souk Jraba à Kairouan.
« Cela fait plus de soixante ans que mes mains tissent le Hayek « Chaque pièce demande patience et respect du fil, parce que le Hayek n’est pas un simple tissu, c’est une part de notre histoire et des traditions nobles de la femme à Kairouan», dit-il.
Spécialisé dans le tissage traditionnel, Mohamed Baklouti propose encore des Hayek bordés à la main, comme autrefois.
« Un vrai Hayek kairouanais doit mesurer six mètres vingt-cinq de long et deux mètres quinze de large, pas moins, » explique-t-il fièrement.
En se penchant sur son vieux métier en bois pour entrecroiser les fils, l’artisan a, mis en valeur le rôle de la femme dans la création de cet habit traditionnel.
« Le filage de la laine, est un geste ancestral transmis de mère en fille, ce sont les femmes qui filent la laine, leur savoir-faire donne au fil sa douceur et sa solidité. Sans elles, le Hayek ne serait pas ce qu’il est», affirme-t-il.
Revenant sur les premières étapes précédant le tissage, l’artisan remarque qu’autrefois, la laine est tondue à partir de la toison des moutons.
Le secret, raconte-t-il réside dans la laine, on la tond à la main, on la lave dans plusieurs bains d’eau chaude pour enlever la graisse du mouton et les impuretés.
Aujourd’hui, dans un monde où les tissus changent au rythme de la mode, on voit moins les habits traditionnels dans les rues.
Le Hayek n’a pas disparu
Toutefois, à Kairouan, le Hayek n’a pas disparu. Il refait surface lors des mariages traditionnels, des manifestations culturelles, ou encore des journées du patrimoine.
Aïcha, 68 ans, habitante du quartier de Bir Barouta, fidèle, encore, aux habits de ces ancêtres ne cache pas son attachement au Hayek kairouanais.
« Quand je le porte, j’ai l’impression de marcher dans les pas de ma mère et de ma grand-mère » dit-elle.
Son regard s’illumine au souvenir des cérémonies d’autrefois. « Nous sortions toutes, couvertes de nos Hayek dont la blancheur d’un éclat d’ivoire, disait la pureté et le tombé fluide dessinait l’authenticité.
Aïcha poursuit sa description de son habit, de sa couleur et de sa mise en plis.
« Certaines femmes le fixaient d’une épingle au niveau du menton, d’autres le tiennent d’une main comme on tiendrait un secret », détaille-t-elle.
Au-delà du tissu, cet habit immaculé, à la fois vêtement, symbole et mémoire incarne tout un art de vie : la lenteur du geste, la fierté du port, la douceur du regard qui se devine derrière le voile et raconte une identité enracinée et pudique, celle d’une ville qui était jadis capitale spirituelle.
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La pièce tunisienne “
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