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Pourquoi les Emirats s’impliquent-ils dans le conflit soudanais ?

Pourquoi Abou Dhabi apporte-t-il une aide logistique essentielle aux paramilitaires responsables de massacres de masse à El-Facher ? Eléments de réponse à l’implication présumée des Emirats arabes unis dans la guerre civile qui déchire le Soudan.

 Alors qu’El-Fasher, la capitale de la province du Darfour du Nord, vit depuis dimanche 26 octobre au rythme quotidien d’exécutions sommaires, de massacres de masse et de viols, la presse internationale pointe du doigt le rôle présumé joué par les Émirats arabes unis (EAU), soupçonnés d’être le principal soutien des Forces de soutien rapide (FSR) dans le conflit au Soudan.

Ainsi, dans un article particulièrement virulent paru le 28 octobre dernier, le quotidien newyorkais, The Wall Street Journal, révèle que les renseignements américains font état d’une augmentation, depuis le printemps, des flux de matériel venus des EAU qui approvisionnent les FSR. Du matériel et des armes qui renforcent, selon les termes du média américain, « un groupe accusé de génocide » et alimentent « un conflit qui a créé l’une des pires crises humanitaires du monde ».

Guerre civile au Soudan

A cet égard, notons que le Soudan, troisième plus grand pays d’Afrique, est ravagé depuis deux ans par une guerre civile. Ce conflit, décrit comme « la crise humanitaire et de déplacement la plus dévastatrice au monde » par les Nations unies, oppose l’armée régulière commandée par Abdel Fattah al-Bourhane, chef de l’Etat de facto, au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR), dirigé par Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti », ancien chef de milice qui a opéré pendant la guerre du Darfour (2003-2020). Sachant que les FSR sont les héritières des Janjawid, une milice arabe responsable de massacres de masse au Darfour dans les années 2000.

A noter également que, d’après des rapports de l’ONU, les FSR auraient ainsi reçu armes et drones des Émirats arabes unis. L’armée, elle, bénéficierait de l’appui de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de la Turquie.

Scènes d’horreur

Le 26 octobre 2025, c’est le basculement du conflit entre frères ennemis dans l’horreur : après 18 mois de siège, les FSR ont pris El-Facher et les habitants qui échappaient à leur contrôle. Depuis, des milliers de civils ont fui. Mais les témoignages et informations de violences meurtrières contre les civils se multiplient. El-Fasher, « déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine », a plongé dans l’enfer avec des exécutions « de masse » après l’entrée des paramilitaires. C’est ce qu’a dénoncé, devant le Conseil de sécurité, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher.

Ainsi, un survivant a rapporté des « scènes horribles » où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules. Autre drame, celui rapporté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Laquelle a vérifié qu’au moins 460 personnes ont été tuées dans une maternité. Quelque 177 000 civils sont encore piégés dans la ville, selon l’ONU.

Les chiffres sont insoutenables : on compte 12 millions de déplacés et plus de 150 000 morts. Près de 25 millions de personnes, soit la moitié de la population, souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë, dont 8,5 millions en situation d’urgence ou de famine, selon les Nations unies.

Les convoitises d’Abu Dhabi

Mais que viennent alors faire les Emiratis dans cette sale guerre ? Ils lorgnent l’or et les terres arables. Sachant que le Soudan, qui occupe une position stratégique sur la mer Rouge, est le troisième producteur d’or d’Afrique.

Actuellement, des mines sont exploitées dans les zones sous contrôle de l’armée régulière comme des paramilitaires des FSR. Les bénéfices des ventes des deux groupes ennemis, qui avaient créé des sociétés de négoce d’or bien avant la guerre, leur permettent d’acheter des armes. Or, ce commerce fructueux profite aussi aux acheteurs, et surtout aux Émirats arabes unis (EAU). A savoir, l’une des « principales plaques tournantes internationales du commerce » de ce métal précieux et la première destination de l’or illégal africain, selon l’ONG suisse SwissAid.

D’autre part, les Émirats arabes unis, bien qu’extrêmement riches grâce à leurs énormes réserves de pétrole et de gaz, sont l’objet d’une insécurité alimentaire qui pèse sur ce pays obligé d’importer 90 % de sa nourriture.

Depuis des décennies, les EAU dépendent d’autres pays pour leur alimentation, à mesure qu’ils se développent pour devenir une puissance financière dont la population est majoritairement immigrée. Or, depuis la crise des prix alimentaires de 2007-2008, suivie de la Covid-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, des événements qui ont tous perturbé l’approvisionnement des États du Golfe, les Émirats ont accumulé quelque 960 000 hectares d’exploitations agricoles à l’étranger. Surtout au Soudan où, actuellement, deux entreprises émiraties – International Holding Company (IHC), la plus grande société cotée en Bourse du pays, et Jenaan- y exploitent plus de 50 000 hectares.

De même, avant la guerre, les EAU avaient conclu avec Khartoum un contrat de six milliards de dollars pour construire un port sur la côte soudanaise et misaient sur des investissements agricoles à grande échelle. Et ce, d’autant plus que de grosses entreprises émiraties contrôlent des dizaines de milliers d’hectares dans le pays.

Business first

Au total, les chiffres traduisent bien l’importance que les ressources soudanaises représentent pour les EAU. Ainsi, en 2023, les principaux produits exportés par le Soudan vers les Émirats étaient l’or (1,03 milliard de dollars), des graines oléagineuses (15,9 millions de dollars) et des cultures fourragères (14,2 millions de dollars).

Cela étant, pour protéger leurs intérêts, les EAU n’ont pas hésité à prendre parti lorsque la guerre a éclaté. Ils auraient donc choisi de soutenir les FSR de Hemetti, avec lesquelles ils étaient déjà en lien d’affaires. N’hésitant pas à les alimenter, entre autres en armes, quitte à violer la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Les affaires sont les affaires; point final.

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La Tunisie mise sur la réinsertion des personnes de retour des zones de conflit

La question sensible des Tunisiennes et Tunisiens de retour des zones de conflit refait surface. En marge d’un séminaire organisé à Sfax pour présenter la stratégie nationale 2023-2027 de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme, le représentant de la présidence du gouvernement au sein de la commission nationale, Mourad Mahjoubi, a annoncé que « un projet est en cours d’élaboration pour attirer et réintégrer ces personnes ».

Ce programme, a-t-il expliqué, mobilise plusieurs ministères et institutions, et repose sur une approche inclusive, mêlant accompagnement social, psychologique et éducatif. L’objectif affiché est clair : éviter la marginalisation et prévenir toute récidive vers la violence, en misant sur la réhabilitation plutôt que l’exclusion.

« Le succès de la lutte contre l’extrémisme ne peut se limiter à la seule approche sécuritaire. Il faut s’appuyer sur les forces locales, la société civile et le secteur privé », a souligné Mahjoubi.

Selon lui, la première stratégie nationale, appliquée depuis 2016, a permis de contenir la menace terroriste sur le plan sécuritaire et militaire — la Tunisie n’ayant connu aucun attentat majeur depuis 2015. Mais la nouvelle feuille de route veut désormais consolider une approche globale, intégrant les dimensions éducative, sociale, culturelle et religieuse.

Mahjoubi a également insisté sur l’importance du travail local et régional, gage d’une meilleure application des politiques de prévention et de sensibilisation. Il a cité plusieurs indicateurs de réussite, parmi lesquels la réduction de l’abandon scolaire, la diminution des divorces et le renforcement du tissu familial, autant de leviers de résilience face à la radicalisation.

Le séminaire de Sfax, tenu en partenariat avec le Centre international pour l’excellence dans la lutte contre l’extrémisme violent (Hedayah), s’inscrit dans une tournée nationale couvrant les cinq grands pôles régionaux. Ces rencontres visent à former des acteurs locaux au discours religieux modéré, à la communication stratégique et à la promotion des valeurs humanistes communes.

Alors que le dossier des revenants des zones de tension continue de susciter de vifs débats politiques et sociétaux, la démarche gouvernementale semble vouloir conciler sécurité et réinsertion — un équilibre délicat, mais nécessaire, pour tourner la page des années noires du terrorisme en Tunisie.

Lire aussi : Tunisie : Mesures en faveur d’enfants rapatriés des zones de conflit

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