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ECLAIRAGE – Chronique économique et financière hebdomadaire : Entre apaisement monétaire international et fragilités locales persistantes

A l’international : entre réajustement monétaire et incertitude géopolitique

La fin d’octobre 2025 a été marquée par une accalmie apparente sur les marchés mondiaux, dans un climat où la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) maintiennent une posture prudente. Les signaux récents d’un ralentissement de l’inflation aux États-Unis ont conforté l’idée d’une stabilisation des taux directeurs, désormais orientés vers un plateau prolongé avant un éventuel cycle de baisse en 2026. Cette orientation a contribué à une légère détente sur les marchés obligataires, mais sans provoquer de réel rebond des actifs risqués, toujours pénalisés par l’incertitude politique aux États-Unis et les tensions au Moyen-Orient.

Sur le plan énergétique, le baril de Brent oscille autour de 84 dollars, soutenu par les tensions persistantes entre Israël et le Hamas, tandis que la croissance européenne reste atone, freinant la demande globale. Ces éléments conjugués exercent une pression ambivalente sur les économies émergentes : une marge de manœuvre accrue pour la politique monétaire, mais un environnement de financement extérieur toujours contraint

Dans ce contexte, les marchés des changes ont légèrement réagi : le dollar s’est maintenu à des niveaux élevés, tandis que l’euro a retrouvé un peu de vigueur face aux devises émergentes. Pour la Tunisie, ces mouvements se traduisent par une relative stabilité du dinar face au dollar (2,935 DT contre 2,932…), mais une légère appréciation face à l’euro (3,413 DT contre 3,415…), témoignant d’un équilibre fragile sur le marché interbancaire des changes.

 

Le dollar s’est maintenu à des niveaux élevés, tandis que l’euro a retrouvé un peu de vigueur face aux devises émergentes. Pour la Tunisie, ces mouvements se traduisent par une relative stabilité du dinar face au dollar (2,935 DT contre 2,932…), mais une légère appréciation face à l’euro (3,413 DT contre 3,415…),

En Tunisie: entre résilience financière et tensions de liquidité

Les indicateurs monétaires et financiers tunisiens au 31 octobre 2025 confirment une situation contrastée, où la stabilité nominale cache des déséquilibres structurels toujours persistants.

Le solde du compte courant du Trésor s’est établi à 1 102 MDT, en baisse marquée par rapport à la veille (885,1 MDT) mais encore éloigné du niveau de 2024 (1 315,1 MDT), traduisant un recours plus modéré du Trésor aux liquidités bancaires. En parallèle, le solde du compte courant ordinaire des banques s’est raffermi à 383,3 MDT, signalant une légère amélioration de la liquidité interbancaire à très court terme.

Le volume global du refinancement s’est maintenu à un niveau élevé, atteignant 11 987,4 MDT, soit une progression de 75 MDT par rapport à la veille, mais toujours inférieur aux 12 650 MDT enregistrés à la même période de 2024. Cette dynamique reflète la dépendance persistante du système bancaire aux injections de la Banque centrale, notamment via les appels d’offres (4 600 MDT) et les opérations de refinancement à plus long terme (ORPLT) de 2 628 MDT. Ces montants confirment que la BCT continue d’assurer un soutien massif au système bancaire, tout en maîtrisant les tensions de liquidités.

Le taux directeur demeure fixé à 7,5 %, inchangé depuis plusieurs mois, tandis que le taux du marché monétaire (TMM) reste aligné à 7,49 %, contre 7,99 % un an plus tôt. Cette détente monétaire relative traduit la volonté de la BCT d’éviter une asphyxie du crédit à l’économie dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure et d’inflation désormais contenue autour de 6,7 %.

Les billets et monnaies en circulation poursuivent leur progression, atteignant 25 447 MDT, soit 3,5 milliards de plus qu’en 2024, un signal d’une économie toujours marquée par la prédominance du cash et l’informalité.

 

Le volume global du refinancement s’est maintenu à un niveau élevé, atteignant 11 987,4 MDT, soit une progression de 75 MDT par rapport à la veille, mais toujours inférieur aux 12 650 MDT enregistrés à la même période de 2024. Cette détente monétaire relative traduit la volonté de la BCT d’éviter une asphyxie du crédit à l’économie dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure et d’inflation désormais contenue autour de 6,7 %.

 

Sur le plan extérieur, les avoirs nets en devises s’établissent à 24 513,5 MDT, équivalant à 105 jours d’importation, en léger recul par rapport à la veille (106 jours) et à 2024 (111 jours). Ce fléchissement, bien que contenu, rappelle la vulnérabilité de la balance des paiements face aux pressions sur les importations énergétiques et alimentaires.

En revanche, les recettes touristiques cumulées (6 715 MDT) et les revenus du travail cumulés (6 992 MDT) affichent une nette amélioration par rapport à 2024 (+8 % environ), apportant un soutien crucial au compte courant et à la stabilité du dinar. Ces flux extérieurs demeurent le principal amortisseur des chocs économiques, dans un contexte où les financements extérieurs restent limités et conditionnés par des négociations avec les bailleurs de fonds internationaux.

 

Perspectives à court et moyen terme : une stabilité sous contrainte

À court terme, la situation monétaire tunisienne reste maîtrisée grâce à l’action de la BCT, qui parvient à stabiliser la liquidité et le taux interbancaire sans aggraver la pression sur les réserves. Toutefois, cette stabilité demeure artificielle et dépendante du soutien continu de la Banque centrale et des flux extérieurs non productifs (tourisme, transferts).

À moyen terme, la question de la soutenabilité budgétaire reste entière. La contraction de l’encours des bons du Trésor à court terme (3 010 MDT contre 9 294 MDT en 2024) et la hausse des BTA (28 733 MDT contre 17 495 MDT) traduisent une préférence du Trésor pour un allongement des maturités afin d’éviter une pression immédiate sur la liquidité. Ce mouvement, bien que cohérent, reporte le risque de tension sur la dette publique à moyen terme, d’autant que les taux d’intérêt réels restent positifs.

La politique monétaire tunisienne se trouve donc dans une phase de transition : stabiliser sans relancer, ajuster sans asphyxier. Le dilemme de la BCT pour la fin d’année 2025 sera d’arbitrer entre le soutien à la liquidité bancaire et la défense des réserves de change dans un contexte d’incertitude géopolitique régionale.

In fine, sans réforme structurelle ni relance de la production intérieure, la stabilité monétaire actuelle risque de demeurer un équilibre précaire — celui d’une économie en apnée, suspendue entre dépendance externe et résilience interne.

 

La politique monétaire tunisienne se trouve donc dans une phase de transition : stabiliser sans relancer, ajuster sans asphyxier. Le dilemme de la BCT pour la fin d’année 2025 sera d’arbitrer entre le soutien à la liquidité bancaire et la défense des réserves de change dans un contexte d’incertitude géopolitique régionale.

 

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (31 oct. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (31 oct. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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