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ECLAIRAGE – Tunisie : Déficit, austérité et justice sociale … pour quoi et pour qui ?

Le débat sur le déficit budgétaire en Tunisie ressurgit à chaque loi de finances, souvent réduit à une opposition simpliste entre la rigueur et la dépense. Pourtant, la véritable question n’est pas de savoir si le déficit est bon ou mauvais en soi, mais bien à quoi il sert et à qui il profite. C’est cette question fondamentale, éclipsée par le dogme néolibéral, qui détermine la trajectoire économique et sociale du pays.

Le faux dilemme du déficit : entre l’offre et la demande

Le discours dominant, importé des orthodoxies néolibérales des années 1980, oppose mécaniquement la politique de l’offre — favorable à la compétitivité et à la rentabilité des entreprises — à celle de la demande, jugée inflationniste et inefficace. Ce raisonnement, appliqué aujourd’hui à la Tunisie, conduit à considérer le déficit budgétaire comme une faute de gestion, et non comme un outil économique stratégique.

Or, l’histoire récente rappelle une vérité dérangeante : les plus grands défenseurs du néolibéralisme — Ronald Reagan et Margaret Thatcher — ont pratiqué un keynésianisme sélectif, dissimulé derrière le discours du marché libre. Sous leurs gouvernements, les déficits publics ont explosé non pas pour soutenir les ménages ou les services publics, mais pour financer des dépenses militaires, des subventions massives aux entreprises et des baisses d’impôts pour les plus aisés.

Ce paradoxe invite à poser la question centrale : le problème n’est pas le déficit, mais sa destination. En Tunisie, où le déficit dépasse encore les 5 % du PIB, le même dilemme se pose : les ajustements budgétaires servent-ils à corriger des déséquilibres structurels ou à transférer les coûts de la crise vers les classes moyennes et populaires ?

 

Les plus grands défenseurs du néolibéralisme — Ronald Reagan et Margaret Thatcher — ont pratiqué un keynésianisme sélectif, dissimulé derrière le discours du marché libre. Sous leurs gouvernements, les déficits publics ont explosé non pas pour soutenir les ménages ou les services publics, mais pour financer des dépenses militaires, des subventions massives aux entreprises et des baisses d’impôts pour les plus aisés.

 

L’austérité contre la productivité sociale

Les politiques d’austérité imposées au nom de la stabilité budgétaire et de la maîtrise de la dette ont, partout dans le monde, eu des effets économiques dévastateurs à long terme. En réduisant les dépenses d’éducation, de santé publique, d’infrastructures et de sécurité sociale, les États hypothèquent les investissements les plus productifs pour l’avenir.

La Tunisie n’échappe pas à cette logique. Depuis plusieurs années, les dépenses d’investissement public stagnent, tandis que les dépenses de fonctionnement et le service de la dette absorbent plus de 80 % du budget de l’État. Les infrastructures se dégradent, les hôpitaux manquent de moyens, les écoles rurales se vident, et la productivité globale de l’économie s’en trouve affaiblie.

 

La Tunisie n’échappe pas à cette logique. Depuis plusieurs années, les dépenses d’investissement public stagnent, tandis que les dépenses de fonctionnement et le service de la dette absorbent plus de 80 % du budget de l’État…

 

C’est un cercle vicieux : la réduction des dépenses sociales affaiblit la demande intérieure, freine la croissance, accentue les inégalités et, paradoxalement, alourdit la dette publique à moyen terme. Ce que les économistes du développement enseignent depuis des décennies reste valable : les dépenses sociales sont un investissement, pas une charge.

Un keynésianisme socialement orienté pour la Tunisie

Face à l’échec des politiques de rigueur et à la montée du chômage, la Tunisie doit repenser le rôle de son déficit budgétaire. L’objectif ne devrait pas être de réduire le déficit à tout prix, mais de le rendre productif socialement et économiquement.

Cela signifie orienter les dépenses publiques vers des secteurs à effet multiplicateur élevé : l’éducation, la santé, les infrastructures locales et la transition énergétique. Ce sont ces investissements qui stimulent la productivité, soutiennent la consommation et renforcent la cohésion sociale.

 

Face à l’échec des politiques de rigueur et à la montée du chômage, la Tunisie doit repenser le rôle de son déficit budgétaire. L’objectif ne devrait pas être de réduire le déficit à tout prix, mais de le rendre productif socialement et économiquement.

 

Un tel choix implique aussi une redéfinition du contrat social tunisien. Les classes moyennes, lourdement taxées, ne peuvent continuer à supporter le poids de la consolidation budgétaire tandis que les rentes, les niches fiscales et l’économie informelle prospèrent sans réelle contribution au bien commun. Le déficit, s’il doit exister, doit servir à corriger ces déséquilibres, non à les perpétuer.

Le danger d’une société duale

Les leçons des années Reagan-Thatcher sont claires : le néo-keynésianisme néolibéral, fondé sur la réduction des droits sociaux et l’extension du marché, produit une société duale — un monde où coexistent une minorité intégrée et une majorité marginalisée. La Tunisie en porte déjà les stigmates : chômage massif des jeunes diplômés, informalité endémique, exode des compétences, et perte de confiance dans les institutions publiques.

Cette dualisation nourrit un terreau de désespoir et de désengagement politique, où se multiplient les discours populistes et les tentations autoritaires. Une telle dynamique n’est pas seulement économique : elle menace la cohésion nationale.

 

Cette dualisation nourrit un terreau de désespoir et de désengagement politique, où se multiplient les discours populistes et les tentations autoritaires. Une telle dynamique n’est pas seulement économique : elle menace la cohésion nationale.

 

Pour un déficit au service de la justice sociale

La question du déficit en Tunisie ne doit plus être posée en termes de morale comptable, mais de choix de société. Faut-il maintenir un État qui subventionne les rentes et sacrifie les services publics, ou un État qui investit dans le capital humain, l’innovation et la solidarité ?

Un déficit orienté vers la justice sociale n’est pas une menace pour la stabilité, mais une condition de sa pérennité. À l’heure où le pays prépare son budget 2026, le véritable courage politique serait de faire du déficit un instrument de développement inclusif, non un fardeau à fuir.

Car au fond, la question reste la même : un déficit, oui — mais pour quoi et pour qui ?

 

La question du déficit en Tunisie ne doit plus être posée en termes de morale comptable, mais de choix de société. Faut-il maintenir un État qui subventionne les rentes et sacrifie les services publics, ou un État qui investit dans le capital humain, l’innovation et la solidarité ?

 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Tunis | Le Salon du chocolat & de la pâtisserie revient pour sa 7e édition

Le Salon du chocolat & de la Pâtisserie, évènement incontournable pour les amoureux de douceurs chocolatées et les acteurs de la gastronomie sucrée revient pour sa 7e édition .

Le rendez-vous gourmet de l’année se tiendra les 20, 21 et 22 novembre 2025 au siège de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) à Tunis.

« Soyez gourmands, n’hésitez pas à réserver votre stand dès maintenant », appellent les organisateurs (Infolines : (+216) 27 282 004/007).

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Les époustouflantes révélations de Trump à la Knesset

Entre septembre 1993 (signature des accords d’Oslo) et juillet 2000 (tentative de Bill Clinton à la fin de son second mandat de pousser vers un accord de paix en invitant à Camp David le Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Barak, et le président palestinien, Yasser Arafat), entre ces deux dates donc, un certain espoir avait prévalu que la question palestinienne puisse être résolue à travers la négociation.

Il convient de rappeler ici que la première intifada, en décembre 1987, avait déclenché une dynamique politique qui avait abouti à la signature des accords d’Oslo, et que l’échec du « Sommet de Camp David II », auquel Bill Clinton avait convié Ehud Barak et Yasser Arafat, avait quant à lui abouti au déclenchement de la seconde intifada en septembre 2000. Malgré la sauvage répression, celle-ci ne s’arrêta réellement qu’en septembre 2005, date de l’évacuation de Gaza décidée par Ariel Sharon.

Le bref espoir que la négociation pourrait amener une solution s’était évaporé aussi vite qu’il n’était apparu. Un espoir enterré sous l’intransigeance d’Israël et des Etats-Unis pour qui la négociation n’était possible qu’avec des Palestiniens prêts à collaborer avec l’occupant, à accepter ses conditions et surtout prêts à l’aider à réprimer « le terrorisme », c’est-à-dire la légitime résistance armée à l’occupation.

Il est indéniable que si l’Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, existe jusqu’à ce jour, c’est parce qu’elle a accepté de végéter docilement sous l’ombre de l’occupant. Si Mahmoud Abbas est toujours en poste, c’est parce qu’il a dénoncé la résistance armée, la qualifiant en 2008 d’« inutile ». C’est aussi parce qu’il accepté que les forces de sécurité palestiniennes sous son autorité participent, à côté de l’armée israélienne, à la répression des foyers de résistance à Jénine, Naplouse, Tulkaram et ailleurs en Cisjordanie.

En 2005, alors qu’ils manifestaient leur joie du départ des troupes d’occupation, les Gazaouis étaient loin de soupçonner l’ampleur des malheurs qui les attendaient. Ils étaient très loin de penser qu’une fois débarrassée de l’occupation, l’enclave allait se transformer en une gigantesque prison à ciel ouvert. Ils étaient à mille lieux de penser que le processus électoral qui, en 2006, avait propulsé le Hamas au pouvoir et la politique israélienne d’étouffement de Gaza qui s’ensuivait, allaient aboutir à un génocide et à la destruction totale de Gaza.

Pour le machiavélique Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avoir à Ramallah une Autorité palestinienne obéissante et à Gaza une organisation islamiste hostile à Mahmoud Abbas et son entourage et défiante vis-à-vis d’Israël, était une situation idéale qui lui permettait, d’une part, de perpétuer la division inter-palestinienne, et d’autre part, de maintenir Gaza sous pression en envoyant de temps à autre son aviation bombarder « les terroristes » du Hamas.

Il va sans dire que durant les années d’encerclement de Gaza, l’agressivité de l’armée israélienne ne se limitait pas à « tondre la pelouse » (mowing the grass), comme disent ses chefs, mais à s’engager dans des guerres destructrices comme celles de décembre 2008-janvier 2009, de novembre 2012, de juillet-août 2014 et de mai 2021.

La guerre génocidaire (octobre 2023-octobre 2025) a été rendue possible par l’existence simultanée d’un gouvernement israélien composé d’éléments extrémistes maniaques à Tel-Aviv, d’un président américain, le sioniste autoproclamé Joe Biden à la Maison-Blanche, et d’un sioniste de souche, Anthony Blinken, au département d’Etat.

L’arrivée de Donald Trump, « candidat de la paix », à la Maison-Blanche le 20 janvier 2025, a contribué à l’accélération du rythme des destructions et des massacres collectifs à Gaza. Pire encore, le président-promoteur immobilier voulait, dans un accès de folie, s’emparer de l’enclave pour la transformer en « Riviera de la Méditerranée ».

Il a fallu neuf mois pour que Trump se décide enfin à mettre un terme à la folie génocidaire d’Israël en mettant en œuvre, avec nombre de pays arabes et musulmans, « un plan de paix » en 20 points, signé en grande pompe le lundi 13 octobre à Charm el Sheikh.

Avant de se déplacer à la station balnéaire égyptienne pour apposer sa fameuse signature de l’accord, Trump a prononcé un discours à la Knesset dans lequel il s’est mis à nu, dévoilant aux yeux du monde les vrais motifs qui l’ont conduit à soutenir inconditionnellement Israël, ce que tous ses prédécesseurs ont fait, mais aussi à prendre des décisions, ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a osé prendre : le déplacement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan syrien.

Ce qu’il faut avoir en tête tout d’abord, c’est que le milliardaire juif américain Sheldon Adelson avait donné à Trump et aux Républicains plus de 424 millions de dollars de financement de campagnes électorales de 2016 jusqu’à sa mort en 2021. Sa veuve, Miriam Adelson, de son côté, a financé à hauteur de 100 millions de dollars la campagne présidentielle de Trump en 2024. En tout, Trump et les Républicains ont bénéficié d’un demi-milliard de dollars offerts par les archi-sionistes Sheldon Adelson et sa femme Miriam.

Ecoutons maintenant Donald Trump à la Knesset : « Comme je l’avais promis, j’ai reconnu Jérusalem capitale éternelle d’Israël et j’y ai transféré l’ambassade américaine. Jérusalem est devenue la capitale. J’ai également reconnu la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan ».

Trump explique ensuite calmement à une Knesset émerveillée et à un monde médusé les dessous de telles décisions qu’aucun de ses prédécesseurs n’a osé prendre et qui ont contribué fortement à ternir l’image de l’Amérique : « Vous savez, Miriam et Sheldon venaient plus souvent à la Maison-Blanche que quiconque, hormis ceux qui y travaillent. Et ils étaient toujours à la recherche de faveurs pour Israël, et dès que je leur donnais une chose, ils en voulaient une autre ».

Trump poursuit : « Un jour, je leur ai dit : donnez-moi quelques semaines. Je voulais leur offrir le plateau du Golan qu’ils n’ont même pas demandé. J’ai dit à David Friedman (alors ambassadeur américain en Israël), donnez-moi une petite leçon en cinq minutes sur le plateau du Golan. Il s’est exécuté. J’ai dit : allons-y et on l’a fait en 15 minutes. Tous les présidents, pendant des décennies, ont déclaré : nous allons le faire. La différence, c’est que moi, j’ai tenu ma promesse. N’est-ce pas, Miriam ? Regardez-la, assise là, si innocente avec 60 milliards de dollars en banque ».

Aucun président, aucun homme politique n’a exposé aussi crûment l’étroite et intime relation entre l’argent des milliardaires américains pro-sionistes et les décisions en relation avec la politique moyen-orientale prises à Washington en faveur d’Israël.

Dans son arrogance et son ignorance, Trump se comporte comme s’il est réellement l’homme le plus puissant du monde, dont les décisions ont le cachet de l’éternité. La vérité est que tout ce que lui et ses prédécesseurs ont fait pour Israël, n’a fait qu’accroitre le mépris que ressent l’écrasante majorité des pays et des peuples de la planète. Croyant aider Israël, Trump et ses prédécesseurs n’ont fait qu’accroître sa vulnérabilité à l’extérieur et aiguiser ses divisions à l’intérieur.

L’isolement et le mépris d’Israël commencent à se faire sentir même aux Etats-Unis, où l’opinion publique, grâce aux vérités sur le terrain relayées par les réseaux sociaux, commence à comprendre la vraie nature de l’entité sioniste. D’où la sympathie que la jeunesse américaine commence à ressentir pour les Palestiniens, compatissant pour leur calvaire.

Cette nouvelle tendance sème la panique chez les dirigeants israéliens, qui voient avec consternation la marginalisation croissante des grands médias américains qui, s’ils gardent une certaine influence dans les cercles politiques, sont en train de perdre toute crédibilité aux yeux du public américain par les mensonges et le travestissement des réalités au Moyen-Orient qu’ils ont pratiqués durant des décennies.

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Pourquoi les Emirats s’impliquent-ils dans le conflit soudanais ?

Pourquoi Abou Dhabi apporte-t-il une aide logistique essentielle aux paramilitaires responsables de massacres de masse à El-Facher ? Eléments de réponse à l’implication présumée des Emirats arabes unis dans la guerre civile qui déchire le Soudan.

 Alors qu’El-Fasher, la capitale de la province du Darfour du Nord, vit depuis dimanche 26 octobre au rythme quotidien d’exécutions sommaires, de massacres de masse et de viols, la presse internationale pointe du doigt le rôle présumé joué par les Émirats arabes unis (EAU), soupçonnés d’être le principal soutien des Forces de soutien rapide (FSR) dans le conflit au Soudan.

Ainsi, dans un article particulièrement virulent paru le 28 octobre dernier, le quotidien newyorkais, The Wall Street Journal, révèle que les renseignements américains font état d’une augmentation, depuis le printemps, des flux de matériel venus des EAU qui approvisionnent les FSR. Du matériel et des armes qui renforcent, selon les termes du média américain, « un groupe accusé de génocide » et alimentent « un conflit qui a créé l’une des pires crises humanitaires du monde ».

Guerre civile au Soudan

A cet égard, notons que le Soudan, troisième plus grand pays d’Afrique, est ravagé depuis deux ans par une guerre civile. Ce conflit, décrit comme « la crise humanitaire et de déplacement la plus dévastatrice au monde » par les Nations unies, oppose l’armée régulière commandée par Abdel Fattah al-Bourhane, chef de l’Etat de facto, au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR), dirigé par Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti », ancien chef de milice qui a opéré pendant la guerre du Darfour (2003-2020). Sachant que les FSR sont les héritières des Janjawid, une milice arabe responsable de massacres de masse au Darfour dans les années 2000.

A noter également que, d’après des rapports de l’ONU, les FSR auraient ainsi reçu armes et drones des Émirats arabes unis. L’armée, elle, bénéficierait de l’appui de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de la Turquie.

Scènes d’horreur

Le 26 octobre 2025, c’est le basculement du conflit entre frères ennemis dans l’horreur : après 18 mois de siège, les FSR ont pris El-Facher et les habitants qui échappaient à leur contrôle. Depuis, des milliers de civils ont fui. Mais les témoignages et informations de violences meurtrières contre les civils se multiplient. El-Fasher, « déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine », a plongé dans l’enfer avec des exécutions « de masse » après l’entrée des paramilitaires. C’est ce qu’a dénoncé, devant le Conseil de sécurité, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher.

Ainsi, un survivant a rapporté des « scènes horribles » où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules. Autre drame, celui rapporté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Laquelle a vérifié qu’au moins 460 personnes ont été tuées dans une maternité. Quelque 177 000 civils sont encore piégés dans la ville, selon l’ONU.

Les chiffres sont insoutenables : on compte 12 millions de déplacés et plus de 150 000 morts. Près de 25 millions de personnes, soit la moitié de la population, souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë, dont 8,5 millions en situation d’urgence ou de famine, selon les Nations unies.

Les convoitises d’Abu Dhabi

Mais que viennent alors faire les Emiratis dans cette sale guerre ? Ils lorgnent l’or et les terres arables. Sachant que le Soudan, qui occupe une position stratégique sur la mer Rouge, est le troisième producteur d’or d’Afrique.

Actuellement, des mines sont exploitées dans les zones sous contrôle de l’armée régulière comme des paramilitaires des FSR. Les bénéfices des ventes des deux groupes ennemis, qui avaient créé des sociétés de négoce d’or bien avant la guerre, leur permettent d’acheter des armes. Or, ce commerce fructueux profite aussi aux acheteurs, et surtout aux Émirats arabes unis (EAU). A savoir, l’une des « principales plaques tournantes internationales du commerce » de ce métal précieux et la première destination de l’or illégal africain, selon l’ONG suisse SwissAid.

D’autre part, les Émirats arabes unis, bien qu’extrêmement riches grâce à leurs énormes réserves de pétrole et de gaz, sont l’objet d’une insécurité alimentaire qui pèse sur ce pays obligé d’importer 90 % de sa nourriture.

Depuis des décennies, les EAU dépendent d’autres pays pour leur alimentation, à mesure qu’ils se développent pour devenir une puissance financière dont la population est majoritairement immigrée. Or, depuis la crise des prix alimentaires de 2007-2008, suivie de la Covid-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, des événements qui ont tous perturbé l’approvisionnement des États du Golfe, les Émirats ont accumulé quelque 960 000 hectares d’exploitations agricoles à l’étranger. Surtout au Soudan où, actuellement, deux entreprises émiraties – International Holding Company (IHC), la plus grande société cotée en Bourse du pays, et Jenaan- y exploitent plus de 50 000 hectares.

De même, avant la guerre, les EAU avaient conclu avec Khartoum un contrat de six milliards de dollars pour construire un port sur la côte soudanaise et misaient sur des investissements agricoles à grande échelle. Et ce, d’autant plus que de grosses entreprises émiraties contrôlent des dizaines de milliers d’hectares dans le pays.

Business first

Au total, les chiffres traduisent bien l’importance que les ressources soudanaises représentent pour les EAU. Ainsi, en 2023, les principaux produits exportés par le Soudan vers les Émirats étaient l’or (1,03 milliard de dollars), des graines oléagineuses (15,9 millions de dollars) et des cultures fourragères (14,2 millions de dollars).

Cela étant, pour protéger leurs intérêts, les EAU n’ont pas hésité à prendre parti lorsque la guerre a éclaté. Ils auraient donc choisi de soutenir les FSR de Hemetti, avec lesquelles ils étaient déjà en lien d’affaires. N’hésitant pas à les alimenter, entre autres en armes, quitte à violer la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Les affaires sont les affaires; point final.

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Mohamed Salah Ayari : « L’impôt sur la fortune ne traduit pas l’équité fiscale »

L’instauration d’un impôt sur la fortune ne garantit pas à elle seule l’équité fiscale. C’est ce qu’affirme le conseiller fiscal et membre de l’Union arabe des experts en fiscalité, Mohamed Salah Ayari; et ce, lors d’une interview accordée à l’agence TAP. Il soutient que « l’équité fiscale passe d’abord par une répartition équitable de la charge fiscale sur un plus grand nombre de contribuables ».

Mohamed Salah Ayari explique que l’article 50 du projet de loi de finances 2026, relatif à l’impôt sur la fortune, abroge et remplace l’article 23 du décret-loi n°2022-79 de la loi de finances 2023. Ce nouvel article élargit le champ d’application de l’impôt en l’étendant aux biens mobiliers et non plus uniquement aux biens immobiliers. Toutefois, pour l’expert, cette mesure demeure « théorique » et ne garantit pas une réelle justice fiscale.

Ce que prévoit le projet de loi

L’article 50 prévoit qu’un impôt sur la fortune des personnes physiques soit prélevé chaque 1er janvier, sur l’ensemble des biens immobiliers et mobiliers appartenant au contribuable; y compris ceux de ses enfants mineurs à charge.

Le barème proposé fixe :

  • 0,5 % pour une fortune comprise entre 3 et 5 millions de dinars (MDT),

  • 1 % pour une fortune dépassant 5 MDT.

Le champ d’application inclut désormais les fonds de commerce, biens mobiliers (comptes bancaires, dépôts postaux, titres de valeurs mobilières, etc.), en plus des biens immobiliers.

Sont exclus de cet impôt : la résidence principale et son mobilier, les biens à usage professionnel, les fonds de commerce exploités et les véhicules de tourisme d’une puissance fiscale inférieure à 12 chevaux.

Le champ d’application inclut désormais les fonds de commerce, biens mobiliers (comptes bancaires, dépôts postaux, titres de valeurs mobilières, etc.), en plus des biens immobiliers.

Une charge fiscale inégalement répartie

A cet égard, Mohamed Salah Ayari souligne que l’impôt sur la fortune ne reflète pas une véritable équité, car la charge fiscale reste concentrée sur les salariés. « Le salarié paie son impôt à la source, contrairement à d’autres contribuables – commerçants, artisans ou prestataires de services – qui profitent encore des failles du système pour échapper à l’impôt », a-t-il déclaré.

En 2025, l’impôt sur le revenu est estimé à 12,7 milliards de dinars, dont 8,7 milliards proviennent de la retenue à la source sur les salaires, soit près de 70 % du total. Les autres activités économiques ne contribuent qu’à hauteur de 30 %, souligne-t-il. Une répartition qui, estime-t-il, démontre l’absence d’équité fiscale réelle.

En 2025, l’impôt sur le revenu est estimé à 12,7 milliards de dinars, dont 8,7 milliards proviennent de la retenue à la source sur les salaires, soit près de 70 % du total. Les autres activités économiques ne contribuent qu’à hauteur de 30 %, souligne-t-il. Une répartition qui, selon lui, démontre l’absence d’équité fiscale réelle.

Pour corriger ces déséquilibres, M. Ayari appelle à l’élargissement de l’assiette fiscale et à un renforcement du contrôle pour limiter l’évasion. Actuellement, la vérification approfondie ne concerne que 2,5 % des contribuables, loin de la moyenne internationale située entre 8 % et 10 %.

L’expert plaide également pour une digitalisation accrue de l’administration fiscale, afin d’identifier plus efficacement les sources de revenus et les patrimoines.

« Lorsque les recettes fiscales augmentent grâce à une meilleure détection des fortunes, il devient possible de réduire les taux d’imposition sur les salaires et les revenus modestes sans compromettre l’équilibre budgétaire », conclut-il.

L’expert plaide également pour une digitalisation accrue de l’administration fiscale afin d’identifier plus efficacement les sources de revenus et les patrimoines.

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Le retour de l’impérialisme US en Amérique du Sud ?

Donald Trump ne cesse de mettre la pression sur le Venezuela. Les jours du président de Maduro seraient comptés. L’armée américaine mène depuis plusieurs semaines des frappes meurtrières contre des navires accusés d’acheminer de la drogue aux États-Unis. Des exécutions extra-judiciaires illégales, comme dans un western sans foi ni loi. Des déclarations et opérations américaines qui traduisent plus largement la volonté de réaffirmer la domination US sur l’Amérique du Sud, face notamment à la volonté d’émancipation affichée par les régions de la région.

 

L’hégémonie des Etats-Unis en Amérique du Sud depuis le XIXe siècle

 

Après une ère (du début du XVIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle) marquée par l’emprise des empires ibériques (Espagne et Portugal), à partir de XIXe siècle, l’Amérique du Sud a été conçue comme « l’arrière-cour » des Etats-Unis. Une représentation liée à la « doctrine Monroe », en référence au discours prononcé le 2 décembre 1823 par le président des Etats-Unis d’alors, James Monroe (1817-1825), fixant pour axe de la politique étrangère américaine la défense du continent (y compris l’Amérique du Sud) contre toute ingérence des puissances européennes.

Une doctrine qui prendra, à partir de la fin du XIXe siècle, un caractère plus offensif et interventionniste puisque les Etats-Unis vont développer leur emprise militaire, politique et économique sur la région stratégique (de la mer) des Caraïbes. Une hégémonie régionale à l’origine du développement de la flotte américaine. Celle-ci peut désormais s’appuyer sur un réseau de bases navales et de points d’appui (occupation, puis acquisition de Porto Rico et Guam; achat des Philippines). Ainsi, les Etats-Unis interviennent régulièrement dans la zone Caraïbes-Amérique centrale pour préserver leurs intérêts nationaux, en invoquant le droit d’exercer un « pouvoir de police international ».

Ce discours « défensif » prend une dimension offensive, expansionniste, sous la présidence de Theodore Roosevelt (1901-1909). L’emprise des Etats-Unis sur le continent est ensuite allée en s’affirmant tout au long du XXe siècle. Elle a atteint son apogée du temps de la guerre froide, à travers l’application de la « doctrine de sécurité nationale », c’est-à-dire des coups d’Etat des forces armées pour empêcher l’arrivée au pouvoir de gouvernants d’alliés potentiels de l’URSS. Des interventions directes ou indirectes sont organisées à chaque fois qu’un gouvernement non pro-américain accède au pouvoir : Guatemala en 1954; Cuba en 1961; République dominicaine en 1965; Chili en 1973,  Panama en 1989.

 

Une influence déclinante au XXIe siècle

 

Aujourd’hui, l’influence des Etats-Unis a nettement décliné. Les Etats sud-américains et d’Amérique centrale (en particulier le Mexique) se sont engagés dans un processus d’émancipation. Celui-ci se conjugue avec des dynamiques de :

  • pacification (le reflux des guerres civiles et autres guérillas ne saurait masquer néanmoins l’ancrage de puissantes organisations criminelles, en particulier dans les pays d’Amérique centrale et au Brésil);
  • démocratisation (non linéaire : cette dynamique politique donne parfois des signes de fragilité);
  • développement (même inégal, entre les pays et en leur sein même).

Non seulement les Etats du continent se sont organisés et regroupés au sein d’organisations régionales et sub-régionales, mais l’hégémon régional, le Brésil, a les capacités d’impulser cette orientation sur fond d’autonomisation vis-à-vis des Etats-Unis. Revenu au pouvoir en 2022, Lula renoue avec la volonté de non-alignement sur Washington et une fonction de porte-parole du Sud global, sur la base d’une politique étrangère au service d’un système multilatéral plus égalitaire. Un rôle qui est de nature à ériger cette puissance régionale en acteur pivot du monde multipolaire.

Enfin, depuis le début des années 2000, les relations (diplomatique, commerciale, financière, scientifique et technologique, militaire, culturelle) entre la Chine et l’Amérique du Sud n’ont cessé de se renforcer. Une réalité qui érige la région latino-américaine en l’un des principaux espaces de la confrontation systémique entre Pékin et Washington. Un point que l’on doit garder à l’esprit pour saisir les velléités affichées par le président Trump…

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La haine pathologique de Tom Barrack contre le Liban

L’envoyé spécial de Trump au Liban, Tom Barrack, a un problème pathologique avec le Liban. Il y a quelques mois, lors de sa première visite au pays du Cèdre, il eut l’indécence de qualifier les journalistes libanais d’ « animaux » au cours de sa conférence de presse. 

Samedi 2 novembre, le même Barrack s’en est pris violemment aux dirigeants libanais qui ne se sont pas soumis aux ordres de Washington de désarmer Hezbollah, qualifiant le Liban d’ « Etat failli ». Pire encore, Barrack a promis le soutien américain à Israël, si celui-ci déclenche une autre guerre contre le Liban.

La haine pathologique que ce Barrack porte en lui contre le Liban est telle qu’il n’a pas hésité à proférer des allégations mensongères. Affirmant ainsi que le pays est « dépourvu d’électricité et d’eau courante » et qu’au Liban « le pouvoir est détenu par le Hezbollah ».

Depuis qu’il est chargé du « dossier libanais », Tom Barrack, par sa conduite et ses déclarations, a constamment fait monter la tension dans la région et encourager les maniaques de Tel-Aviv à poursuivre leur folie meurtrière contre les Palestiniens et les Libanais.

Plus de six mille violations de l’accord de cessez-le-feu par Israël qui continue quotidiennement de bombarder le sud-Liban et de tuer des civils libanais. Si Washington n’a pas dénoncé une seule fois ces violations, cela veut dire qu’il les approuve. Une approbation qui cache les vraies intentions israélo-américaines : amener l’Etat libanais à la table des négociations directes avec Israël; et ce, en vue d’arriver à une normalisation des relations aux conditions israéliennes.

Le Liban a une autre vue des négociations : elles doivent être indirectes et concerner non pas une normalisation, mais un arrêt des agressions israéliennes contre le sud Liban, afin de permettre aux habitants de reconstruire leurs demeures détruites.

Mais il semble qu’Israël est déterminé à empêcher toute tentative de reconstruction du Sud-Liban. Des responsables de l’Etat sioniste cités par la presse israélienne ont affirmé : « Si les Libanais tentent de reconstruire les villages détruits, Israël les détruira de nouveau ».

De nombreuses guerres ont eu lieu entre le Liban et Israël depuis 1978 (Opération Litani contre l’OLP), mais jamais les Israéliens n’ont proféré une telle menace. L’explication nous est donnée par le rédacteur en chef du journal américain en ligne antiwar.com, Jason Ditz. Dans un article daté du 28 octobre, Ditz écrit : « Le plan israélien consiste à dépeupler purement et simplement le Sud-Liban, créant ce que l’on appelle une ‘’ zone Trump’’, qui serait occupée par l’armée américaine et où des industries subventionnées et des bases militaires israéliennes permanentes remplaceraient les villes et villages existants. »

Tout s’éclaire donc. Les dessous de la mission de Tom Barrack au Liban seraient de faciliter la tâche d’Israël et l’aider à transformer le Sud-Liban en Gaza bis. D’aucuns se demandent pourquoi une telle insistance et une telle impatience israélo-américaines à désarmer Hamas à Gaza et Hezbollah au Liban ? C’est parce qu’ils constituent les deux principaux obstacles à la « Pax Hebraica » dans la région.

Les inconditionnels d’Israël à Washington et les génocidaires de Tel-Aviv savent pertinemment qu’en poussant de toutes leurs forces l’Etat libanais à désarmer de force le Hezbollah, ils poussent en fait vers la guerre civile au Liban. Une perspective qui ne déplairait ni à Israël ni au haineux Tom Barrack. Pour eux, ce serait même la solution idéale : pousser les Libanais à faire eux-mêmes, en s’entretuant, le travail d’Israël.

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Lilia Bensedrine-Thabet, militante du dialogue interreligieux

Née dans une famille pratiquante, d’un père tunisien musulman et d’une mère française chrétienne catholique, Lilia Bensedrine-Thabet a mis le dialogue interreligieux au cœur de son engagement professionnel et associatif, en Tunisie et en France.

Après avoir grandi à Djerba, cette juriste de 63 ans, mariée et mère de deux enfants, vit aujourd’hui à Strasbourg (Alsace, France) où elle dirige, depuis 2017, le festival musical des Sacrées Journées de Strasbourg, dont la 13e édition s’est déroulée du 5 au 19 octobre 2025.

«Être en relation avec les deux religions dans ma famille m’a permis de comprendre et vivre ce qui nous différencie sans pour autant nous diviser. C’est un seul Dieu qui nous a créés, et il nous a fait différents. Dieu a voulu cette diversité», explique-t-elle.

Dans un monde où le repli sur soi et le rejet de l’autre sont au cœur des programmes de nombreux dirigeants politiques à travers le monde, y compris en France, l’action de «passeurs» comme Lilia Bensedrine-Thabet est essentielle pour créer des passerelles entre les peuples, les cultures et les religion.

L. B.

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ECLAIRAGE – Chronique économique et financière hebdomadaire : Entre apaisement monétaire international et fragilités locales persistantes

A l’international : entre réajustement monétaire et incertitude géopolitique

La fin d’octobre 2025 a été marquée par une accalmie apparente sur les marchés mondiaux, dans un climat où la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) maintiennent une posture prudente. Les signaux récents d’un ralentissement de l’inflation aux États-Unis ont conforté l’idée d’une stabilisation des taux directeurs, désormais orientés vers un plateau prolongé avant un éventuel cycle de baisse en 2026. Cette orientation a contribué à une légère détente sur les marchés obligataires, mais sans provoquer de réel rebond des actifs risqués, toujours pénalisés par l’incertitude politique aux États-Unis et les tensions au Moyen-Orient.

Sur le plan énergétique, le baril de Brent oscille autour de 84 dollars, soutenu par les tensions persistantes entre Israël et le Hamas, tandis que la croissance européenne reste atone, freinant la demande globale. Ces éléments conjugués exercent une pression ambivalente sur les économies émergentes : une marge de manœuvre accrue pour la politique monétaire, mais un environnement de financement extérieur toujours contraint

Dans ce contexte, les marchés des changes ont légèrement réagi : le dollar s’est maintenu à des niveaux élevés, tandis que l’euro a retrouvé un peu de vigueur face aux devises émergentes. Pour la Tunisie, ces mouvements se traduisent par une relative stabilité du dinar face au dollar (2,935 DT contre 2,932…), mais une légère appréciation face à l’euro (3,413 DT contre 3,415…), témoignant d’un équilibre fragile sur le marché interbancaire des changes.

 

Le dollar s’est maintenu à des niveaux élevés, tandis que l’euro a retrouvé un peu de vigueur face aux devises émergentes. Pour la Tunisie, ces mouvements se traduisent par une relative stabilité du dinar face au dollar (2,935 DT contre 2,932…), mais une légère appréciation face à l’euro (3,413 DT contre 3,415…),

En Tunisie: entre résilience financière et tensions de liquidité

Les indicateurs monétaires et financiers tunisiens au 31 octobre 2025 confirment une situation contrastée, où la stabilité nominale cache des déséquilibres structurels toujours persistants.

Le solde du compte courant du Trésor s’est établi à 1 102 MDT, en baisse marquée par rapport à la veille (885,1 MDT) mais encore éloigné du niveau de 2024 (1 315,1 MDT), traduisant un recours plus modéré du Trésor aux liquidités bancaires. En parallèle, le solde du compte courant ordinaire des banques s’est raffermi à 383,3 MDT, signalant une légère amélioration de la liquidité interbancaire à très court terme.

Le volume global du refinancement s’est maintenu à un niveau élevé, atteignant 11 987,4 MDT, soit une progression de 75 MDT par rapport à la veille, mais toujours inférieur aux 12 650 MDT enregistrés à la même période de 2024. Cette dynamique reflète la dépendance persistante du système bancaire aux injections de la Banque centrale, notamment via les appels d’offres (4 600 MDT) et les opérations de refinancement à plus long terme (ORPLT) de 2 628 MDT. Ces montants confirment que la BCT continue d’assurer un soutien massif au système bancaire, tout en maîtrisant les tensions de liquidités.

Le taux directeur demeure fixé à 7,5 %, inchangé depuis plusieurs mois, tandis que le taux du marché monétaire (TMM) reste aligné à 7,49 %, contre 7,99 % un an plus tôt. Cette détente monétaire relative traduit la volonté de la BCT d’éviter une asphyxie du crédit à l’économie dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure et d’inflation désormais contenue autour de 6,7 %.

Les billets et monnaies en circulation poursuivent leur progression, atteignant 25 447 MDT, soit 3,5 milliards de plus qu’en 2024, un signal d’une économie toujours marquée par la prédominance du cash et l’informalité.

 

Le volume global du refinancement s’est maintenu à un niveau élevé, atteignant 11 987,4 MDT, soit une progression de 75 MDT par rapport à la veille, mais toujours inférieur aux 12 650 MDT enregistrés à la même période de 2024. Cette détente monétaire relative traduit la volonté de la BCT d’éviter une asphyxie du crédit à l’économie dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure et d’inflation désormais contenue autour de 6,7 %.

 

Sur le plan extérieur, les avoirs nets en devises s’établissent à 24 513,5 MDT, équivalant à 105 jours d’importation, en léger recul par rapport à la veille (106 jours) et à 2024 (111 jours). Ce fléchissement, bien que contenu, rappelle la vulnérabilité de la balance des paiements face aux pressions sur les importations énergétiques et alimentaires.

En revanche, les recettes touristiques cumulées (6 715 MDT) et les revenus du travail cumulés (6 992 MDT) affichent une nette amélioration par rapport à 2024 (+8 % environ), apportant un soutien crucial au compte courant et à la stabilité du dinar. Ces flux extérieurs demeurent le principal amortisseur des chocs économiques, dans un contexte où les financements extérieurs restent limités et conditionnés par des négociations avec les bailleurs de fonds internationaux.

 

Perspectives à court et moyen terme : une stabilité sous contrainte

À court terme, la situation monétaire tunisienne reste maîtrisée grâce à l’action de la BCT, qui parvient à stabiliser la liquidité et le taux interbancaire sans aggraver la pression sur les réserves. Toutefois, cette stabilité demeure artificielle et dépendante du soutien continu de la Banque centrale et des flux extérieurs non productifs (tourisme, transferts).

À moyen terme, la question de la soutenabilité budgétaire reste entière. La contraction de l’encours des bons du Trésor à court terme (3 010 MDT contre 9 294 MDT en 2024) et la hausse des BTA (28 733 MDT contre 17 495 MDT) traduisent une préférence du Trésor pour un allongement des maturités afin d’éviter une pression immédiate sur la liquidité. Ce mouvement, bien que cohérent, reporte le risque de tension sur la dette publique à moyen terme, d’autant que les taux d’intérêt réels restent positifs.

La politique monétaire tunisienne se trouve donc dans une phase de transition : stabiliser sans relancer, ajuster sans asphyxier. Le dilemme de la BCT pour la fin d’année 2025 sera d’arbitrer entre le soutien à la liquidité bancaire et la défense des réserves de change dans un contexte d’incertitude géopolitique régionale.

In fine, sans réforme structurelle ni relance de la production intérieure, la stabilité monétaire actuelle risque de demeurer un équilibre précaire — celui d’une économie en apnée, suspendue entre dépendance externe et résilience interne.

 

La politique monétaire tunisienne se trouve donc dans une phase de transition : stabiliser sans relancer, ajuster sans asphyxier. Le dilemme de la BCT pour la fin d’année 2025 sera d’arbitrer entre le soutien à la liquidité bancaire et la défense des réserves de change dans un contexte d’incertitude géopolitique régionale.

 

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (31 oct. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (31 oct. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Petits-enfants et grands-parents : un duo qui booste le bien-être de chacun

Passer régulièrement du temps avec leurs petits-enfants réduit de 25 % le sentiment d’isolement et de dépression chez les personnes âgées, selon une étude allemande publiée en 2021, a souligné la gériatre Afef Hammami.

Dans une déclaration à l’agence TAP, elle a précisé que ce temps passé avec leurs petits-enfants favorise le développement de l’intelligence émotionnelle des grands-parents, renforce les relations sociales, stimule les sentiments affectifs, améliore la communication intergénérationnelle, réduit l’isolement social, redonne espoir et stimule la mémoire.

Elle a ajouté que, au cours des dernières décennies, les modes de vie ont évolué, notamment en Tunisie, où la vie professionnelle a souvent conduit les parents à confier leurs enfants à leurs grands-parents.

Cette responsabilité, qui comprend notamment l’accompagnement à l’école et la garde pendant les heures de travail des parents, a des effets multiples sur le psychisme des personnes âgées.

Il s’agit d’un équilibre délicat entre l’amour reçu des petits-enfants et la nécessité de préserver une certaine intimité et indépendance.

Selon Hammami, le rôle des grands-parents reste complémentaire mais essentiel, avec de nombreux bénéfices pour les enfants.

Ceux-ci bénéficient de leur protection contre les comportements à risque, de l’amour inconditionnel qu’ils reçoivent, d’une diminution de la dépression, de l’anxiété et de l’isolement social, ainsi que du développement de leur personnalité.

La participation à des jeux intellectuels et à la lecture renforce leur sentiment d’appartenance et d’identité, les incite au respect des aînés et leur transmet des valeurs universelles, contribuant ainsi à former une génération consciente de ces principes.

Hammami a également cité une étude publiée par l’Université du Caire en 2023, selon laquelle 60 % des enfants du monde arabe passent régulièrement du temps avec leurs grands-parents.

Une étude allemande de 2022 montre que ces enfants voient leur niveau de dépression et d’anxiété diminuer de 30 %.

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Plusieurs blessés dans une attaque au couteau à bord d’un train près de Cambridge

Plusieurs personnes ont été transportées à l’hôpital après avoir été poignardées samedi à bord d’un train circulant près de Cambridge, dans l’est de l’Angleterre, selon la police britannique.

Les faits se sont produits à bord d’un train à destination de Huntingdon, où le convoi a finalement été arrêté par les forces de l’ordre.

“Des policiers armés se sont rendus sur les lieux et ont interpellé deux hommes à Huntingdon. Plusieurs personnes ont été transportées à l’hôpital”, a indiqué la police du Cambridgeshire dans un communiqué.

Les autorités ont précisé avoir reçu l’alerte à 19h39 GMT et ont déployé d’importants moyens d’intervention, incluant les services d’urgence et les secours médicaux.

Les circonstances et les motivations de l’attaque n’étaient pas encore connues samedi soir.

Sur le réseau social X (ex-Twitter), le Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié l’incident de “très inquiétant”, adressant ses pensées aux victimes et à leurs proches, tout en saluant la rapidité et le professionnalisme des services d’urgence.

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Affaire du Louvre : une femme mise en examen pour complicité dans le vol spectaculaire des bijoux

Affaire du Louvre : une femme mise en examen pour complicité dans le vol spectaculaire des bijoux

Une femme de 38 ans a été mise en examen en France pour « complicité de vol en bande organisée » et « association de malfaiteurs », dans le cadre de l’enquête sur le spectaculaire cambriolage du musée du Louvre. Résidant à La Courneuve, elle a été arrêtée avec quatre autres suspects, dont l’un a […]

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Revenus cumulés des sociétés cotées : Banques, leasing et assurances soutiennent la Bourse de Tunis

Sur les neuf premiers mois de 2025, la Bourse de Tunis a enregistré une évolution globalement positive de la plupart des secteurs, portée notamment par la solidité du secteur financier et la reprise de la consommation.

Croissance du produit net bancaire

Le produit net bancaire (PNB) cumulé des 12 banques cotées a atteint 5 470 millions de dinars (MD) à fin septembre 2025, contre 5 224 MD à la même période de 2024, soit une progression de 4,7 %. Cette hausse traduit la bonne tenue du secteur bancaire malgré un contexte économique prudent.

Leasing et assurances en hausse

Le revenu net de leasing des sept sociétés cotées du secteur a progressé de 7,1 %, atteignant 439 MD contre 410 MD un an plus tôt.

Les compagnies d’assurances ont également soutenu la performance du secteur financier, avec des primes émises totalisant 1 376 MD contre 1 282 MD à fin septembre 2024, soit une hausse de 7,3 %.

Le secteur financier reste moteur

Globalement, le secteur financier a enregistré une progression de 5,3 % sur la période, avec un revenu cumulé de 7 322 MD, contre 6 952 MD l’année précédente. Cette croissance repose sur la bonne dynamique des banques, du leasing et des assurances, confirmant la solidité du secteur sur le plan structurel.

Reprise dans les biens de consommation et l’automobile

Dans le secteur des biens de consommation, les trois grands groupes agroalimentaires — Délice Holding, Poulina Group Holding et SFBT — ont vu leur revenu global progresser de 4,3 % à 4 818 MD, contre 4 619 MD en 2024.

Le secteur automobile a également connu une forte accélération : le chiffre d’affaires cumulé des quatre concessionnaires cotés (hors UADH) a bondi de 26,2 %, passant de 885 MD à 1 116 MD à fin septembre 2025.

Forte dynamique dans les services aux consommateurs

Le chiffre d’affaires global des enseignes de grande distribution cotées a progressé de 13,4 %, atteignant 1 491 MD contre 1 316 MD sur la même période de 2024. Cette hausse reflète la reprise de la consommation et la bonne performance du secteur.

Technologie et services en tête des performances

Parmi les neuf grands secteurs, tous ont affiché une évolution positive. Les meilleures performances ont été enregistrées dans la Technologie (+22,9 %) et les Services aux consommateurs (+13,2 %).

Sur les 11 sous-secteurs (hors Médias), huit terminent dans le vert, menés par la Distribution (+13,2 %), la Chimie (+8,5 %) et les Assurances (+7,3 %).

 

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Bourse Tunis : 81 % des entreprises cotées améliorent leurs revenus à fin septembre 2025

Les indicateurs d’activité publiés par la Bourse de Tunis pour les neuf premiers mois de l’année 2025 font état d’une hausse globale des revenus de 5,7 %, atteignant 18,5 milliards de dinars, contre 17,5 milliards sur la même période de 2024. Cette évolution confirme la dynamique positive observée depuis le début de l’année sur la place financière tunisienne.

Une majorité d’entreprises en progression

Sur les 72 sociétés cotées, 58 ont vu leurs revenus cumulés progresser, soit 81 % des entreprises ayant publié leurs indicateurs. Ce large mouvement de hausse traduit une amélioration généralisée de l’activité économique, portée par plusieurs secteurs, notamment financier, technologique et de consommation.

Le Tunindex20 capte 65 % du revenu global

Les 20 sociétés composant le Tunindex20, représentant les principales capitalisations de la cote, concentrent à elles seules 12 milliards de dinars, soit 65 % du revenu global du marché. Ce chiffre marque une progression de 3,8 % par rapport à la même période de l’année précédente, confirmant le rôle central des grandes entreprises dans la performance globale de la Bourse de Tunis.

Une dynamique de croissance soutenue

La progression du chiffre d’affaires global des sociétés cotées illustre la résilience du tissu économique tunisien. Cette tendance positive, observée depuis le premier trimestre, s’inscrit dans un contexte de reprise graduelle de l’investissement et de consolidation des revenus dans la plupart des secteurs représentés à la cote.

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ECLAIRAGE – Le cri d’un citoyen tunisien : symptôme d’une économie à bout de souffle

Il arrive qu’un simple témoignage vaille mieux qu’un rapport officiel. Ces derniers jours, la vidéo d’un citoyen tunisien exprimant sa détresse face à la flambée des prix et à la dégradation du quotidien a bouleversé les réseaux sociaux. L’émotion qu’elle a suscitée dépasse la dimension individuelle : elle révèle, dans sa sincérité brute, le visage d’une crise économique et sociale devenue systémique. Ce cri du cœur, loin d’être isolé, s’inscrit dans une réalité nationale marquée par l’érosion du pouvoir d’achat, la raréfaction des produits, la désillusion politique et la perte de confiance envers l’État.

Un choc du coût de la vie et une érosion du pouvoir d’achat

Lorsque ce citoyen affirme que « les prix ont flambé et la vie est devenue insupportable », il ne s’agit pas d’une hyperbole (1 fest). Le constat est étayé par la tendance inflationniste persistante que connaît la Tunisie depuis plus de deux décennies. Avec une inflation qui oscillait autour de 6,7 % en 2024, et une hausse particulièrement marquée des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, le pouvoir d’achat réel des ménages s’est considérablement contracté (1).

Les hausses successives des prix des légumes, des fruits et du poisson, évoquées dans le témoignage, traduisent les tensions structurelles dans les circuits de distribution et dans la chaîne de valeur agricole (2). Ces tensions sont alimentées par la dépendance aux importations, la hausse des coûts de production (carburant, intrants agricoles, alimentation animale) et le désengagement progressif de l’État des mécanismes de régulation des prix. Le résultat est clair : le panier du consommateur moyen s’est appauvri, et le marché s’est segmenté entre une minorité solvable et une majorité qui survit.

 

Les hausses successives des prix des légumes, des fruits et du poisson, évoquées dans le témoignage, traduisent les tensions structurelles dans les circuits de distribution et dans la chaîne de valeur agricole. Ces tensions sont alimentées par la dépendance aux importations, la hausse des coûts de production (carburant, intrants agricoles, alimentation animale) et le désengagement progressif de l’État des mécanismes de régulation des prix.

 

Une économie sans moteur productif

Le diagnostic formulé par le citoyen — « l’État a abandonné son rôle dans la production » — rejoint celui de nombreux économistes. Le modèle de développement tunisien, centré sur la consommation et l’endettement, s’est essoufflé. L’investissement productif privé stagne, l’investissement public recule, et les politiques industrielles et agricoles manquent de cohérence (3).

 

Le diagnostic formulé par le citoyen — « l’État a abandonné son rôle dans la production » — rejoint celui de nombreux économistes. Le modèle de développement tunisien, centré sur la consommation et l’endettement, s’est essoufflé. L’investissement productif privé stagne, l’investissement public recule, et les politiques industrielles et agricoles manquent de cohérence.

 

Le pays importe désormais une part croissante de ses besoins alimentaires, tandis que la productivité agricole décline sous l’effet combiné du manque d’eau, de la vétusté des équipements et du retrait progressif des soutiens publics. L’agriculture, autrefois pilier de la souveraineté économique, se trouve fragilisée. Dans ce contexte, les importations deviennent vitales mais pèsent lourdement sur des finances publiques sous tension, accentuant le déséquilibre de la balance commerciale et la pression sur les réserves en devises (4).

L’État, réduit à un rôle de gestion courante, peine à garantir l’approvisionnement du marché. La pénurie de certains produits essentiels n’est pas seulement le résultat d’une spéculation ponctuelle, mais d’une incapacité structurelle à planifier, produire et réguler. Cette impuissance économique nourrit le sentiment d’abandon et alimente la défiance sociale.

La crise de la gouvernance et la faillite de la planification

Le citoyen le dit sans détour : « Les responsables sont prisonniers d’un système sans vision ni stratégie ». Ce jugement traduit une crise de gouvernance profonde. Depuis plusieurs décennies, la Tunisie fonctionne sans véritable planification économique intégrée. Les politiques publiques se succèdent au rythme des urgences, sans coordination entre les ministères, sans priorités claires, et sans mobilisation du secteur privé productif.

Cette absence de stratégie a des effets visibles : une croissance molle (autour de 2 % en moyenne sur les cinq dernières années), un taux de chômage élevé (supérieur à 15 %, et dépassant 35 % chez les jeunes diplômés), et une désindustrialisation progressive. La politique budgétaire, contrainte par le service de la dette, se contente de mesures palliatives, tandis que la politique monétaire, focalisée sur la stabilité des prix, a peu d’impact sur l’investissement et la création d’emplois.

Dans ce contexte, la lutte contre la spéculation — souvent présentée comme un axe majeur — devient un argument politique plus qu’une politique économique. Le citoyen le souligne : « Si les spéculateurs existent, qu’on les montre ». Cette phrase dénonce l’usage rhétorique du terme pour masquer la faiblesse de l’appareil d’État. La spéculation n’est qu’un symptôme d’un marché désorganisé, d’une économie informelle florissante et d’une absence d’autorité régulatrice efficace.

 

Cette absence de stratégie a des effets visibles : une croissance molle (autour de 2 % en moyenne sur les cinq dernières années), un taux de chômage élevé (supérieur à 15 %, et dépassant 35 % chez les jeunes diplômés), et une désindustrialisation progressive. La politique budgétaire, contrainte par le service de la dette, se contente de mesures palliatives, tandis que la politique monétaire, focalisée sur la stabilité des prix, a peu d’impact sur l’investissement et la création d’emplois.

 

Le délitement social et la perte du contrat civique

Derrière les difficultés économiques, ce témoignage met en lumière une crise sociétale : celle de la confiance. « Quand quelqu’un réussit, on l’accuse d’avoir volé », déplore-t-il. Ce constat illustre une fracture morale : dans une économie stagnante, la réussite devient suspecte, et la solidarité s’effrite. Le tissu social tunisien, autrefois fondé sur une forte cohésion communautaire, se délite sous l’effet combiné de la pauvreté, de la méfiance et du repli sur soi.

Le citoyen, enseignant de son état, évoque aussi la faillite du système éducatif : « On ne forme plus des générations capables de penser ou de construire ». Là encore, le constat rejoint les analyses de terrain : un système éducatif déconnecté du marché du travail, figé dans des programmes obsolètes, et incapable de promouvoir la créativité ou l’esprit d’entreprise. Ce déclin éducatif alimente un cercle vicieux : chômage, fuite des compétences, démotivation, et perte de productivité nationale.

Entre populisme et impuissance : un État en perte de crédibilité

Ce témoignage, dans sa virulence, est aussi une critique implicite du populisme ambiant. Les slogans officiels — « lutte contre la corruption », « redressement national », « autosuffisance » — apparaissent creux lorsqu’ils ne s’accompagnent d’aucune amélioration concrète du quotidien. La gouvernance actuelle, concentrée entre les mains de l’exécutif, peine à convaincre d’une vision claire de sortie de crise.

L’État tunisien vit aujourd’hui dans une tension permanente entre le discours et la réalité : il promet la souveraineté alimentaire mais réduit les subventions agricoles ; il prône la justice sociale mais laisse l’inflation ronger les revenus fixes ; il annonce la relance mais gèle les recrutements publics. Cette incohérence mine la légitimité du pouvoir et alimente une colère sociale devenue chronique.

 

L’État tunisien vit aujourd’hui dans une tension permanente entre le discours et la réalité : il promet la souveraineté alimentaire mais réduit les subventions agricoles ; il prône la justice sociale mais laisse l’inflation ronger les revenus fixes ; il annonce la relance mais gèle les recrutements publics. Cette incohérence mine la légitimité du pouvoir et alimente une colère sociale devenue chronique.

 

Un cri qui résonne comme une alerte nationale

Ce citoyen, en exprimant son désarroi, ne fait pas que témoigner — il diagnostique. Son cri traduit ce que les institutions peinent à reconnaître : la Tunisie traverse une crise de modèle, pas seulement une crise de conjoncture. Une économie sans vision productive, un État sans planification, un peuple sans espoir — telle est la trilogie du malaise national.

Mais dans ce cri réside aussi une leçon : celle d’un peuple qui refuse de se taire. Derrière la colère, il y a encore une exigence de dignité, un appel à la rationalité économique et à la responsabilité politique. La Tunisie n’a pas besoin de nouveaux slogans, mais d’un nouveau contrat économique et social, fondé sur la production, la compétence et la justice.

Car comme le dit le citoyen : « Les marchés sont pleins, mais les poches sont vides ». Et tant que cette phrase demeurera vraie, aucune réforme ne sera crédible.

 

Mais dans ce cri réside aussi une leçon : celle d’un peuple qui refuse de se taire. Derrière la colère, il y a encore une exigence de dignité, un appel à la rationalité économique et à la responsabilité politique. La Tunisie n’a pas besoin de nouveaux slogans, mais d’un nouveau contrat économique et social, fondé sur la production, la compétence et la justice.

 

 

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Références :

(1) : FEST : https://library.fes.de/pdf-files/bueros/tunesien/14391.pdf

(2) : INS : https://www.ins.tn/publication/indice-des-prix-la-consommation-septembre-2025

(3) : ITCEQ: http://www.itceq.tn/files/tableaux-de-bord/conjoncture/2025/tbord-mars2025.pdf

(4) : BCT : https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/documents/Conjoncture_fr.pdf

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Mohamed Sassi : « La Tunisie doit redevenir actrice de son lien à l’Europe »

Docteur et habilité à diriger des recherches (HDR) de Sorbonne Université, Mohamed Sassi, spécialiste d’histoire économique et des relations internationales, publie « Les relations Tunisie – Union européenne : Six décennies d’histoire » (éd. Nirvana). 

Fruit de recherches approfondies dans les archives nationales, cet ouvrage de référence propose une analyse inédite et critique d’un partenariat souvent idéalisé. Dans cet entretien, il en décortique les asymétries, les occasions manquées et les conditions d’une refonte nécessaire.

« Les relations Tunisie – Union européenne : Six décennies d’histoire » est un titre qui interpelle. Comment présenteriez-vous cet ouvrage ?

C’est un livre d’histoire, plus précisément d’histoire économique et des relations internationales. Il retrace les relations entre la Tunisie et une zone du monde avec laquelle nous entretenons des liens historiques profonds. L’ouvrage couvre l’intégralité de cette histoire, depuis les conversations exploratoires de 1963 jusqu’à l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) d’aujourd’hui. Il examine les phases parfois difficiles des négociations, les accords signés, en analysant les enjeux, les défis de chaque époque ainsi que les résultats de ces engagements. Il établit surtout le lien entre un accord et le suivant, offrant ainsi un récit complet et une vision critique de nos relations avec l’Europe communautaire.

 

Lire aussi: Patrice Bergamini: « L’Aleca est là pour aider au décollage de l’économie tunisienne »

 

Qu’est-ce différencie votre ouvrage des autres travaux sur ce sujet ?

C’est avant tout un livre d’histoire, réalisé par un historien-économiste de métier, formé à la Sorbonne et habilité à diriger des recherches. Il s’appuie donc sur une méthodologie rigoureuse et repose sur des archives nationales, notamment celles du ministère des Affaires étrangères, versées en 2012. Ce travail a été validé par des acteurs clés, comme feu Taher Sioud, qui fut le négociateur principal durant les années 70 et 90. Il vient ainsi combler un vide en offrant une analyse approfondie d’un pan méconnu de l’histoire contemporaine tunisienne.

 

 

Initialement, mes recherches portaient sur les relations euro-méditerranéennes. La disponibilité nouvelle des archives m’a permis d’approfondir cette thématique de manière significative.

En 2025, pourriez-vous évaluer le bilan et la nature des relations entre la Tunisie et l’Union européenne ?

Le livre apporte des éléments de réponse à cette question cruciale. Il reflète des évaluations contrastées : certains y voient un impact positif, d’autres des effets néfastes sur l’économie tunisienne. La réalité est sans doute plus nuancée. Il nous faut aussi nous remettre en question en tant que Tunisiens, identifier nos erreurs et nos visions à court terme pour pouvoir les corriger.

L’évaluation de l’accord de 1995, le plus récent, est centrale. À ma connaissance, il n’a jamais fait l’objet d’une évaluation exhaustive. Certaines analyses, partielles, dénoncent l’inadéquation de l’appareil productif, tandis que d’autres, comme celle de l’ancien ministre de l’Industrie, Afif Chelbi, mettent en avant la réussite de la mise à niveau industrielle. La véritable difficulté réside dans le principe de réciprocité, imposé par les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La Tunisie a bénéficié d’une période de grâce de douze ans pour s’adapter au jeu de la concurrence internationale avant l’ouverture complète de son marché. Or, la Révolution de 2011 est survenue au moment précis où cette réciprocité devait pleinement s’appliquer.

Retrouvez la suite de cette interview dans le prochain numéro de L’Économiste Maghrébin.

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Marine Le Pen, désormais maîtresse des horloges du tempo politique en France ?

Pour la première fois à l’Assemblée nationale, les députés ont voté une proposition de résolution revancharde du Rassemblement national (RN) visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968. Un événement politique inédit qui illustre l’effondrement du front républicain face à la montée en puissance de l’extrême droite en France.

Coup de tonnerre à l’Assemblée nationale française et une première sous la Vème République. A la surprise générale, le Rassemblement national (RN), le parti d’extrême droite dirigée d’une main de fer par Marine Le Pen, est parvenu jeudi 30 octobre 2025 à faire voter un texte qui enjoint au gouvernement d’abroger des accords de 1968 entre la France et l’Algérie.

En effet, dans un contexte de vives tensions entre Paris et Alger, ce texte-qui n’est pas contraignant juridiquement, mais dont la portée symbolique et politique est de la plus haute importance- a été adopté par une très courte majorité, à 185 voix pour, 184 voix contre, cinq abstention et 203 députés n’ayant pas pris part au vote.

Quid des accords de 1968 ?

Mais de quoi s’agit-il au juste ? Signés il y a une cinquantaine d’années et six ans après la fin de la guerre d’Algérie et les accords d’Évian, les fameux accords de 1968 octroient un statut particulier aux Algériens et leur offrent certains privilèges en matière de circulation, d’immigration et de séjour en France.

Ainsi, contrairement aux ressortissants d’autres pays dans le monde, l’entrée des Algériens sur le territoire français est plus fluide. Ils bénéficient aussi d’un accès plus rapide aux titres de séjour valable 10 ans et le rapprochement familial est également plus souple.

De plus, les accords de 1968 permettent aux Algériens d’ouvrir plus facilement un commerce ou d’exercer une profession indépendante. Cependant, ces accords ne comportent pas que des avantages. Les étudiants algériens, par exemple, ne peuvent pas avoir un travail à côté de leurs études sans autorisation. De même qu’ils sont aussi limités dans le nombre d’heures pendant lesquelles ils peuvent travailler en tant que salarié.

Notons que ces accords initiés sous la présidence du Général De Gaulle prévoyaient à l’époque une libre circulation entre les deux pays, ainsi que l’installation des travailleurs algériens en France, jusqu’à 35 000 par an à l’époque, ainsi que de leur famille. Sachant que la France était en plein dans la période des Trente Glorieuses et manquait cruellement de main-d’œuvre.

Un traité international

A noter que ces accords ont été déjà révisés trois fois en 1985, 1994 et 2001. Mais les grands principes de l’accord et les dérogations au droit commun ont toujours été maintenus. En outre, étant donné que cet accord est un traité international, il a une valeur supérieure aux lois nationales. Ce qui signifie que les différentes lois sur l’immigration votées ces dernières années ne s’appliquent pas aux Algériens, ou seulement en partie.

Réactions passionnées

Et c’est dans l’ordre des choses qu’en raison des relations tumultueuses entre Alger et Paris, les réactions du microcosme politique furent passionnées et passionnelles.

Ainsi, la droite jubile : à la sortie de l’hémicycle, Marine Le Pen savoure sa victoire et salue « une victoire historique ».

Pour sa part, le Premier ministre déclare, jeudi 30 octobre, qu’il fallait « renégocier » l’accord franco-algérien de 1968.

« Il faut le renégocier parce qu’il appartient à une autre époque », a-t-il assuré. Tout en précisant que « c’est le président de la République qui est garant des traités, qui les négocient et qui les signent ».

Pour sa part, le ministre des relations avec le Parlement, Laurent Panifous, a fait part de son « incompréhension » en expliquant que Paris entendait « privilégier la voie de la renégociation dans le cadre d’un dialogue exigeant » avec Alger. Car il n’y aurait « rien à gagner à une aggravation de la crise » déjà prégnante entre les deux pays.

A gauche, c’est l’indignation qui domine : Dominique de Villepin– ancien premier ministre de Jacques Chirac et président du parti La France Humaniste- regrette « la tentation » en France « de faire de l’Algérie le bouc émissaire d’un certain nombre de nos problèmes ». Alors que la cheffe des députés  « insoumis », Mathilde Panot, a fustigé « un texte raciste voté grâce à l’absence des macronistes ». « La droite est aujourd’hui avec l’extrême droite, dans la même folie xénophobe et raciste », a lancé pour sa part l’« insoumise » Danièle Obono.

Imbroglio juridique

Or, cette résolution portée par la candidate potentielle aux prochaines élections présidentielles met le président de la République, Emmanuel Macron, dans l’embarra. En effet, même s’il n’est pas juridiquement tenu de la prendre en compte, il ne  pourrait pas non plus la dénoncer au mépris du droit international qui stipule noir sur blanc que cet accord entre la France et l’Algérie ne prévoit pas la possibilité d’une rupture unilatérale. Au final, il s’agit d’une résolution-piège; à lui de ne pas tomber dans le panneau.

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BVMT : les sociétés cotées dopent leurs revenus à 18,5 milliards de dinars

Le revenu global des sociétés cotées a évolué de 5,7% sur les 9 premiers mois de l’année 2025, par rapport à la même période de 2024, pour atteindre 18,5 milliards de dinars, d’après la note sur l’ »Evolution des revenus des sociétés cotées au 30 septembre 2025″ publiée, mercredi 29 octobre, par la Bourse de Tunis.

81% des sociétés qui ont publié leurs indicateurs, soit 58 sur 72, ont amélioré leurs revenus cumulés par rapport à la même période de l’année précédente. La part des 20 sociétés qui composent le Tunindex20 dans le revenu global s’élève à 12 milliards de dinars (ou 65 % du revenu global), en hausse de 3,8% par rapport à la même période de l’année écoulée.

Secteur bancaire: un PNB cumulé de 5,470 milliards de dinars

Concernant le secteur bancaire, le produit net bancaire (PNB) cumulé des 12 banques cotées a atteint 5,470 milliards de dinars, durant les 9 premiers mois de l’année 2025, en progression de 4,7 % par rapport à la même période 2024.

De son côté, le revenu net de Leasing cumulé des 7 sociétés de leasing cotées a augmenté de 7,1 %, à 439 MDT. Le secteur financier a notamment profité de l’évolution de l’activité des 7 compagnies d’assurances cotées qui ont émis des primes pour un montant global de 1 376 MDT contre 1 282 MDT, soit une progression de 7,3 %. Dans son ensemble, le secteur financier, a progressé de 5,3 % avec un revenu global de 7 322 MDT.

Concernant le secteur des Biens de Consommation, le revenu global des trois grands groupes opérant dans l’agroalimentaire (Délice Holding, Poulina Group Holding et la SFBT) a progressé de 4,3 %, à 4 818 MDT. Dans le même sillage, le chiffre d’affaires global cumulé des quatre concessionnaires automobiles (hors UADH) a évolué de 26,2% au 30 septembre 2025 pour se situer à 1 116 MDT.

S’agissant du secteur des Services aux Consommateurs, le chiffre d’affaires global de deux enseignes de la grande distribution cotées en Bourse s’est amélioré de 13,4% à 1 491 MDT.

En général les neufs secteurs, ont réalisé des performances positives. Les meilleures performances reviennent au secteur « Technologie » avec 22,9 % et au secteur « Services aux consommateurs » avec 13,2 %.

Sur les 11 sous-secteurs (hors Médias), huit ont marqué des performances positives. Les meilleures reviennent aux sous-secteurs Distribution (13,2 %), Chimie (8,5 %) et Assurances (7,3 %).

Les plus fortes hausses de revenus ont été réalisées par TUNINVEST SICAR (+171,6 %), STA (+54,1 %), ARTES (+39,3 %) et NEW BODY LINE (+34,9 %).

Les plus fortes baisses de revenus ont été enregistrées par des entreprises qui appartiennent à différents secteurs SIMPAR (-78,5 %), EUROCYCLES (-13,1 %), CARTHAGE CEMENT (-11,8 %) et STIP (-11 %).

Evolution du TUNINDEX de 24,62 %

Le TUNINDEX, indice de référence de la Bourse de Tunis, a enregistré une progression de 24,62 %, au 30 septembre 2025, contre une hausse de 13,77 % durant la même période de 2024.

L’indice TUNINDEX20 a affiché, durant la même période, la même tendance avec une hausse de 26,43 % contre une progression de 15,71 % durant la même période de l’année 2024.

Dix des douze indices sectoriels publiés par la Bourse de Tunis ont enregistré des performances positives à la clôture du troisième trimestre 2025. Les meilleures performances ont concerné l’indice « Services aux Consommateurs » avec 54,42 %, l’indice « Distribution » avec 54,42 % et celui des « Services Financiers » avec 39,65 %. En revanche, l’indice « Bâtiment et Matériaux de Construction » a baissé de 4,94 % et celui des « Industries » de 1,61 %.

Au 20 octobre 2025, date butoir règlementaire, 41 sociétés cotées ont communiqué leurs indicateurs d’activités du 3ème trimestre 2025, ce qui représente 55% de la Cote. Au 28 octobre 2025, ce nombre est passé à 72, soit 96% de la Cote. À ce jour, trois sociétés n’ont pas publié leurs indicateurs : AETECH, TUNISIAR et UADH.

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Gouvernement-UGTT, l’indispensable compromis !

La crise ouverte entre le gouvernement et l’Union générale du travail tunisien, qui dure depuis quelque temps, entre dans un tournant, en raison de l’absence de dialogue direct entre ces deux parties, dont l’entente est nécessaire, pour que le pays renoue avec la croissance et la prospérité, indispensables pour sortir du tunnel dans lequel il s’est engouffré depuis 2011. Ce n’est pas la raison politique seulement qui l’exige, mais c’est la nature même de la société tunisienne, qui, depuis l’Indépendance, a choisi l’État social, avec tous ses avantages et inconvénients. On ne peut aller de l’avant dans le rétablissement des grands équilibres économiques et sociaux sans une concertation approfondie entre ces deux composantes de la société tunisienne. Ce n’est pas seulement le bon sens politique qui l’exige, mais c’est surtout la Loi fondamentale qui a régi le développement de la Tunisie postindépendance.

L’UGTT, une partie de l’État providence

Il est clair qu’un engrenage s’est déclenché, avant même les dernières élections présidentielle et législatives, qui a mis face à face l’État et l’UGTT. Rappelons que l’organisation syndicale était une des premières forces sociopolitiques ayant soutenu activement le changement du 25 juillet 2021, pour rompre avec la décennie « noire », dans laquelle d’ailleurs elle était engagée, soit par la contestation du pouvoir de la Troïka, ce qui lui avait valu le prix Nobel, soit en s’impliquant dans le pouvoir à travers plusieurs nominations de ministres ou de PDG, connus pour leur proximité avec elle.

 

Il y en avait même qui étaient des membres de ses organes de direction, ce qui en soit n’est pas antinomique, avec sa nature même.

 

Il faut rappeler que cette organisation a été fondée par des destouriens, dont le grand martyr Farhat Hached et dirigée et soutenue par des membres du bureau politique du Parti Socialiste Destourien.

 

Elle constituait une partie de l’Etat et même du parti au pouvoir et ceci jusqu’aux événements de Janvier 1978 ; où une véritable rupture s’était déclarée, dirigée et conduite par le leader syndicaliste, Habib Achour, qui est devenu par la suite l’icône du mouvement progressiste et même de la gauche radicale de l’époque. La crise a duré presque une décennie, ponctuée par des luttes syndicales et des affrontements politiques, dont celui de la « révolte du pain » en 1984. L’arrivée de Zine Al-Abidine Ben Ali, le 7 novembre 1987, a changé complètement la donne, quant à la relation de l’UGTT à l’Etat, puisqu’elle est régie désormais par un pacte politico-social entre les deux parties, où l’UGTT est devenue le pilier de la concorde sociale tout en veillant à protéger, voire développer les acquis sociaux des fonctionnaires et des employés du secteur privéeet le seul partenaire vis-à-vis du gouvernement et du patronat.

 

On lui doit le développement de la classe moyenne, et la protection des plus démunies, bien sûr sous l’œil bienveillant de l’Etat, puisque les augmentations salariales revendiquées par les différents secteurs de production étaient programmées toujours à l’avance dans les budgets, et variaient en fonction de l’inflation mais surtout du degré de l’enrichissement de l’Etat lui-même. Ce qui n’était pas toujours du goût de la centrale patronale, qui était souvent contrainte par le gouvernement qui jouait le rôle d’arbitre dans les négociations à accepter le compromis.

 

C’est ce rapport, des fois tumultueux, entre l’Etat et son principal partenaire social imaginé et exécuté par les pères fondateurs, dont le leader Habib Bourguiba, qui assura tout au long de décennies et malgré les affrontements, la naissance et le développement de l’Etat social, et qui a disparu progressivement à partir du tournant du 14 janvier 2011.

 

L’Etat social dans tous ses états

L’Etat social, appelé aussi Etat-providence, a commencé à disparaître le jour où l’Etat s’est fait hara-kiri, ce janvier 2011 ! L’UGTT qui, somme tout n’est qu’une organisation syndicale, a voulu, pendant longtemps, se substituer à l’Etat, en partageant le pouvoir avec des partis politiques, vu que ce dernier a été complètement déstructuré, sous prétexte de liberté, de démocratie et de droits sociaux des fois exorbitants.

 

L’UGTT, depuis 2011 et jusqu’à 2022, était devenu un parti politique qui ne dit pas son nom. A sa direction, l’influence de la gauche radicale était de plus en plus grandissante, avec de syndicalistes non encore imprégnés de l’esprit réformiste, mais plutôt influencés par une forme de jusqu’auboutisme de type anarcho-syndicaliste.

 

D’ailleurs, cette direction ne se gênait point de s’auto-déclarer « première force du pays » et d’adresser des menaces, chaque fois qu’elle se trouve écartée du pouvoir politique décisionnel. Au moment même où l’Etat connaissait une déliquescence continue. Les grèves, qui avaient paralysé le pays et ruiné son économie, sont l’œuvre de l’UGTT – et notamment dans le bassin minier -, et les industries dont elles dépendent, jusqu’à faire passer le rang de la Tunisie dans la production du phosphate et de ses dérivées du 3ème au 50ème dans le monde.

 

Les recrutements massifs dans la Compagnie de phosphate de (CPG), de milliers d’employés sans emplois réels, on le doit à l’UGTT, ce qui a eu pour conséquence la mise à genou de ce fleuron de l’industrie.

 

La plupart des ministres des Affaires sociales qui se sont succédé jusqu’à récemment étaient en réalité des ministres apparentés UGTT. L’on découvre maintenant l’ampleur de la catastrophe, fruit de l’opportunisme de la classe politique. Jamais la pauvreté n’a été aussi grande, jamais la baisse du pouvoir d’achat n’a été aussi catastrophique, et la classe – moyenne apparue en partie grâce au syndicat – a presque totalement disparu.

 

Il est clair cependant que les différents gouvernements qui se sont succédé et jusqu’au gouvernement actuel portent totalement la responsabilité politique de cette régression sociale sans précédent.

 

Mais la responsabilité de l’Etat est encore plus grande. Car limiter le rôle de l’UGTT au niveau syndical ne signifie nullement la marginaliser totalement. La tradition syndicale tunisienne depuis l’indépendance, même à l’époque du parti unique et où la direction de l’UGTT faisait partie de sa direction, accordait à la centrale le droit et le devoir de représenter et de défendre les salariés du privé et du public. Or, depuis deux ans, ce rôle lui est confisqué par l’Etat qui décide unilatéralement des augmentations dans les différents secteurs. Et cela sans qu’aucune explication ne soit donnée par l’administration concernée.

 

Il faut rappeler que l’UGTT n’a jamais été un simple intermédiaire dans les négociations salariales secteur par secteur. Même si la règle, comme partout dans certains pays du monde, est d’indexer les augmentations sur le taux de l’inflation. L’Etat en général prévoit à l’avance ces augmentations et consacre une enveloppe globale dans la loi de finances.

 

Les entreprises privées sont aussi aidées à travers des avantages fiscaux et autres à honorer les engagements décidés lors des négociations. Ce mécanisme a assuré la stabilité sociale et par ricochet politique du pays. Il semble que ce mécanisme soit jeté, au moins temporairement, aux oubliettes, à moins qu’un dialogue nouveau entre Etat et UGTT, ne vienne rectifier cette « anomalie ». Ce que revendiquent actuellement les syndicalistes, et ils ont raison !

 

Pas d’Etat social sans syndicats

La catastrophe écologique provoquée par le complexe chimique de Gabès a eu le mérite de remettre les choses à leur place. Bien sûr l’Union régionale a sa responsabilité dans cette situation, puisque le syndicalisme tunisien n’a jamais intégré le combat pour un environnement saint dans ses programmes, étant influencé plutôt par une vision archaïque du syndicalisme qui ne voyait dans le combat écologique qu’un luxe.

 

Mais la grève générale régionale réussie déclenchée par l’Union régionale est venue montrer que le syndicalisme n’est jamais totalement mort et qu’il peut rebondir.

 

La mobilisation historique et sans précédent dans l’histoire du pays, ayant pour seul thème la fermeture du complexe chimique et qui a drainé des dizaines de milliers de citoyens, n’a donné lieu pendant des jours à aucun dépassement significatif, même si des arrestations ont eu lieu. L’UGTT, étant la seule organisation structurée et ancrée dans la région aussi bien politique que syndicale, a sûrement joué un rôle majeur dans l’encadrement et le caractère civique des manifestations et de la grève.

 

L’UGTT a non seulement pu rebondir mais surtout elle a renoué avec la tradition syndicaliste, sans surenchère politique ou politicienne. Cela prélude d’un retour en force de la centrale, à condition que ses dirigeants tirent les leçons qu’il faut. S’il est vrai que la centrale est gangrénée par les luttes internes dont le bureau exécutif actuel est le seul responsable, l’occasion lui est donnée sur la scène nationale pour appeler au dialogue avec le gouvernement et recouvrir son rôle. Car la Tunisie a connu, le long de son histoire, de graves crises entre ces deux partenaires, Etat et UGTT. La crise actuelle peut être remontée, et un dialogue serein et responsable peut reprendre pour le plus grand bien de la patrie.

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