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Abdelkrim Bennani à La Presse : « Un rôle secondaire peut marquer durablement les esprits »

Abdelkrim Bennani est actuellement à l’affiche du film «Jad» où il incarne «Moncef», un rôle secondaire mais d’une grande intensité. En parallèle, il multiplie les projets sur les planches, confirmant ainsi sa place parmi les figures marquantes de la scène théâtrale tunisienne. Cet acteur, qui a débuté sa carrière après 50 ans, connaît aujourd’hui un succès remarquable. Retour sur ses rôles, ses choix artistiques et un parcours inspirant, dans cette interview.

La Presse — Le personnage que vous avez incarné est montré comme répugnant même dans son apparence.

Est-il écrit et interprété de manière réaliste ou caricaturale ? C’est un profil très courant. On peut le croiser à l’hôpital, dans les administrations, dans la rue… Il est partout.

Son comportement s’explique par son background. Moncef est un opportuniste qui exploite les personnes en détresse dans les couloirs de la mort.

En réalité, il profite des failles du système. J’ai beaucoup travaillé sur le langage corporel pour le rendre crasseux, plein de défauts à la fois extérieurement et intérieurement.

D’ailleurs, c’est le seul rôle attribué par casting dans le film. Jamil Najjar avait une vision très claire du personnage grâce à son expérience d’acteur.

C’est ce qui nous a aidés à le rendre crédible à l’écran. Pensez-vous que l’impact d’un rôle dépend de l’étendue qu’il occupe dans le scénario ? Dans le film « Jad », les protagonistes ne se croisent jamais directement.

C’est Moncef qui fait le lien entre eux. Il se situe au cœur des grands événements, comme une charnière. Ce n’est donc pas la taille du rôle qui compte le plus, mais le jeu et la qualité de l’écriture du personnage. Un rôle secondaire peut bouleverser un récit et marquer durablement les esprits.

D’ailleurs, les plus grands festivals internationaux récompensent souvent les meilleurs seconds rôles. Quels ont été les retours à propos de votre prestation dans «Jad»? J’ai reçu de nombreux messages de félicitations.

Ce succès tient autant à mon interprétation qu’à la qualité du travail de Jamil Najjar dans l’écriture et la direction.

Un artiste a toujours besoin de cette reconnaissance. Ce n’est pas une question d’ego, mais une manière de se ressourcer.

J’ai même été surpris, lors d’une projection, de découvrir qu’un jeune de 15 ans suivait tous mes rôles jusqu’à mes apparitions publicitaires ! Cela me motive énormément, tout en me rappelant la responsabilité que cela implique.

Le producteur nous a également accompagnés durant le tournage, rectifiant certains détails pour rester au plus près de la réalité. Sa réaction à la fin du tournage m’a profondément ému.

J’ai joué des scènes qu’il avait vécues lui-même et cela a ravivé chez lui des souvenirs douloureux. Ce fut donc une expérience poignante sur le plan humain, surtout que les recettes du film contribueront à soutenir les hôpitaux publics.

Comment rester au même niveau, voire progresser ? Pour un acteur ayant commencé sa carrière après 50 ans, on me demande souvent si c’est une success story et si je me vois bientôt sous les projecteurs. Le problème, c’est que le nombre de productions est limité.

Le choix reste restreint, non pas à cause d’un manque de qualité mais de quantité. Je dois donc choisir mes futurs rôles avec plus de soin. J’aimerais également participer à des productions à l’échelle arabe.

Pensez-vous que le cinéma tunisien est en progrès ? Oui. Une nouvelle dynamique s’installe ces dernières années, notamment grâce au groupe Goubantini.

On devient cinéaste en tournant, en accumulant des expériences. Il faut suffisamment de productions pour bâtir un savoir-faire solide et atteindre le niveau espéré.

Tout cela se construit pierre par pierre avec les efforts de nombreux intervenants. Cependant, notre dépendance des subventions freine le développement.

De plus, le nombre réduit de salles bien équipées techniquement reste un obstacle majeur. On ne peut pas avancer avec les anciennes habitudes.

Il nous faut des investisseurs privés et des lois adaptées. Le producteur de «Jad» a d’ailleurs annoncé son intention de se lancer dans un nouveau long-métrage.

C’est cette concurrence qui tire la qualité vers le haut. Les critiques doivent aussi être constructives, valoriser les points positifs et aider à progresser.

En plus de vos rôles au cinéma et à la télévision, vous êtes très présent sur scène. Vous jouez actuellement deux pièces: «Binomi S+1», une comédie, et  «La Cloche », d’un registre tout différent.

Peut-on vous définir comme un homme de théâtre avant tout ? J’ai débuté au théâtre en 2018 avec Taoufik Jebali. J’étais alors cadre de banque et je me suis reconverti en acteur peu avant la retraite.

Les expériences se sont ensuite enchaînées. J’ai suivi plusieurs ateliers de formation avec des maîtres comme Atef Ben Hassine, Habib Sellami et Brahim Letaïef.

Ce que je fais aujourd’hui est le couronnement de ces années de travail. «Binomi S+1» est une satire. La plupart des comédiens viennent d’El Teatro qui a longtemps été ma zone de confort.

Je cherche aujourd’hui à diversifier mes expériences, à jouer avec des acteurs issus d’autres écoles. Je suis honoré que le Théâtre national tunisien ait renouvelé sa confiance en moi pour une seconde collaboration. C’est un nouveau défi à chaque fois.

Vous avez même participé à des tournées estivales avec «Danse céleste» et «Binomi S+1». Comment jugez-vous la réception du public ? Pour Binomi S+1, un grand travail de communication a été réalisé par la production.

Après deux ans d’efforts, ce succès nous a permis de jouer au Festival de Carthage. Pour d’autres pièces, il nous est arrivé de jouer à guichets fermés, mais aussi devant un public restreint.

Je pense que le problème vient d’un manque de promotion. Il faudrait une stratégie médiatique tout au long de l’année pour fidéliser le public et ne pas se contenter de la saison des festivals. Autrement, le vide sera occupé par la médiocrité.

Amal BOU OUNI

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