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Ania Mezaguer et les violences du monde du travail

Avec ‘‘Rassa Morra’’ (éditions El Qobia, Tiksraine, Algérie, 2024, 227 pages), Ania Mezaguer écrit contre le silence. Ce premier roman, à la fois intime et frontal, plonge dans la réalité d’un monde professionnel où les luttes de pouvoir se dissimulent derrière les sourires convenus. À travers Aziyadé, directrice des ressources humaines dans une multinationale, l’auteure expose sans fard les tensions, les humiliations et les injustices que vivent nombre de cadres, surtout des femmes, dans des milieux où la loyauté se paie souvent par l’isolement.

Djamal Guettala

Ania Mezaguer ne décrit pas un univers qu’elle imagine : elle en vient. DRH encore aujourd’hui, elle a vu, entendu et ressenti ces violences insidieuses qui abîment les consciences et réduisent les êtres au silence. ‘‘Rassa Morra’’ devient ainsi bien plus qu’un roman : un témoignage transformé en acte littéraire. Chaque chapitre respire la colère lucide de celle qui veut comprendre, non pour juger, mais pour dire ce que tant d’autres taisent.

Race amère

Le titre, ‘‘Rassa Morra’’, n’est pas choisi au hasard. L’expression, héritée d’une parole paternelle, signifie littéralement «race amère». Elle résonne comme une métaphore d’un monde professionnel devenu champ de manœuvres, où la trahison se confond avec la stratégie. Ce mot populaire, presque brutal, condense toute la charge émotionnelle du livre : l’amertume des rapports humains, la déception face à l’injustice, mais aussi la dignité de ceux qui refusent de renoncer à leurs valeurs.

Ce qui frappe dans ‘‘Rassa Morra’’, c’est la précision du regard. Ania Mezaguer écrit avec le souci du détail vrai : les réunions stériles, les silences pesants, les rivalités qui gangrènent la cohésion. Sous sa plume, l’entreprise devient une scène où se joue un drame humain universel : celui de la quête de reconnaissance et du besoin de sens. Elle y aborde aussi la question de l’expatriation, souvent perçue comme un échange de compétences, mais qui, dans la réalité, révèle parfois d’autres logiques : préservation de privilèges, absence de transmission, domination symbolique.

Le mal-être au travail

Son écriture, fluide et tendue, porte une sincérité rare. Sans effet de style, mais avec une justesse presque clinique, elle décortique la mécanique du mal-être au travail et l’absurdité d’un système où l’humain devient accessoire. Pourtant, à travers la désillusion, on lit aussi une force : celle des femmes qui avancent, qui tiennent, qui se reconstruisent. ‘‘Rassa Morra’’ est une œuvre de résistance: celle de la parole, du courage et de la mémoire des humiliations transformées en lumière.

Le roman est disponible en librairie et sur le site Les Libraires.

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