Financement des entreprises en Tunisie : le guide des solutions de la BAD
À l’occasion de la deuxième édition de La Rencontre du Financement, qui se tenait à Tunis le 21 octobre 2025, Fernando Rodrigues, chef des opérations du secteur privé pour l’Afrique du Nord à la Banque africaine de développement (BAD), a présenté aux entrepreneurs tunisiens un large éventail de solutions financières destinées à soutenir leur croissance. Avec un portefeuille de plus de 600 millions d’euros engagés en Afrique du Nord, sur un total de près de 5 milliards d’euros à l’échelle du continent, la BAD confirme son rôle de partenaire clé pour le financement, la modernisation et l’expansion internationale des entreprises tunisiennes.
Au premier trimestre 2025, le portefeuille du secteur privé de la BAD dans la région dépassait 600 millions d’euros; contre un total continental avoisinant 5 milliards d’euros. Environ 60 % de ces engagements se présentent sous forme de prêts à long terme, complétés par des lignes de crédit, des investissements en capital et des garanties partielles facilitant l’accès au financement en monnaie locale. Ces mécanismes permettent aux entreprises tunisiennes de sécuriser leurs investissements tout en créant un effet catalytique, attirant d’autres partenaires financiers pour renforcer l’impact économique et social.
Un guichet privé exigeant et mobilisateur
Fernando Rodrigues a précisé que le guichet privé de la BAD cible exclusivement les entreprises financièrement autonomes et bien gouvernées, qu’elles soient publiques ou privées. Les financements concernent des projets d’un montant minimum de 10 millions d’euros, la Banque couvrant en moyenne un tiers du coût total. Cette approche vise à mobiliser des investisseurs complémentaires, renforcer la capacité des entreprises à se développer sur le marché local et favoriser leur expansion à l’échelle africaine.
Des instruments financiers flexibles et adaptés
Les instruments proposés sont nombreux et flexibles. Les prêts à long terme peuvent atteindre 15 ans, et jusqu’à 20 ans pour les projets d’infrastructures ou d’énergie. Les fonds concessionnels, notamment dans les énergies renouvelables, viennent compléter ces prêts avec des conditions avantageuses, afin d’encourager les initiatives à faible impact environnemental. La BAD participe également à des fonds d’investissement dédiés aux PME locales, offrant un accompagnement stratégique et opérationnel pour favoriser la croissance et l’internationalisation. Les garanties partielles, quant à elles, permettent aux banques locales de financer des projets en dinars tout en limitant leur exposition au risque, ouvrant l’accès au financement dans des secteurs ou régions encore peu desservis.
Chaque projet fait l’objet d’une évaluation rigoureuse. Les dossiers doivent inclure un mémorandum d’information, les études de faisabilité, un modèle financier, ainsi qu’une évaluation environnementale et sociale. Selon la nature du projet, les délais d’instruction varient de quatre à douze mois. Ce processus garantit la viabilité et l’efficacité des financements, qu’il s’agisse de soutenir des entreprises établies ou de lancer de nouvelles unités industrielles et agro-industrielles.
Des projets concrets, de l’énergie à l’agro-industrie
En Tunisie, le projet photovoltaïque de Kairouan, cofinancé avec la SFI pour 37 millions d’euros, dont une partie issue du fonds concessionnel Sustainable Energy for Africa, illustre cette approche intégrée. Ce projet bénéficie d’une maturité longue et d’une période de grâce adaptée, sécurisant le retour sur investissement, tout en soutenant la transition énergétique nationale.
Sur le plan régional, la Banque a soutenu un groupe franco-ivoirien dans le développement d’usines de transformation du caoutchouc en Côte d’Ivoire et au Ghana, favorisant la valorisation locale des ressources et la création d’emplois. Au Maroc, elle a contribué au financement d’une usine de ciment de 50 millions d’euros, en partenariat avec plusieurs banques locales, démontrant sa capacité à mobiliser des co-financeurs sur des projets industriels d’envergure.
Pour les chefs d’entreprises tunisiennes, ces instruments représentent une réelle opportunité de diversifier les sources de financement, de moderniser les outils de production et de préparer une expansion régionale. La BAD met un accent particulier sur l’agro-industrie et l’énergie, deux secteurs stratégiques pour l’économie tunisienne, en combinant financement direct, fonds concessionnels et accompagnement technique. Chaque projet est évalué selon son impact sur l’emploi, sa contribution fiscale et sa conformité environnementale et sociale, afin d’assurer un développement durable et inclusif.
Fernando Rodrigues a rappelé que la BAD n’est pas seulement un bailleur de fonds, mais un partenaire stratégique offrant un accompagnement global associant ressources financières, expertise opérationnelle et vision régionale. Grâce à sa notation de crédit élevée, l’institution mobilise des ressources à coûts compétitifs, un avantage directement répercuté sur les projets financés. Son objectif pour le tissu entrepreneurial tunisien est clair : moderniser, innover, diversifier et internationaliser les entreprises pour renforcer la compétitivité régionale et accélérer le développement économique.
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