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Crise environnementale à Gabès | Grève régionale le 21 octobre

L’Union régionale du travail de Gabès a annoncé une grève générale régionale le 21 octobre 2025 dans la région, et ce, à cause de la crise environnementale qui se poursuit.

Les services publics et privés, y compris les écoles, seront à l’arrêt, lundi prochain, afin de faire pression sur les autorités pour une prise de mesures concrètes et radicale pour préserver la santé des Gabésien et l’environnement dans la région.

Notons que les habitants de Gabès et leur soutiens dans les autres régions exigent le démantèlement des unités industrielles du complexe chimique entre autres solutions pour mettre fin à cette détérioration qui durent depuis de longues années.

Y. N.

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Pollution à Gabès | Saïed promet des «solutions immédiates»

Le président Kaïs Saïed a promis des solutions «urgentes» et «immédiates» sont en cours d’élaboration, en attendant la mise en œuvre d’une stratégie globale pour la région de Gabès, où des manifestations se poursuivent depuis le 27 septembre pour protester contre la pollution industrielle provoquée par les émissions de l’usine d’engrais du Groupe chimique tunisien (GCT).

Le président de la République a fait cette déclaration en recevant, vendredi 17 octobre, au palais de Carthage, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Ibrahim Bouderbala, et le président du Conseil national des districts et des régions (CNRD), Imed Derbali.

Selon un communiqué de la présidence, Kais Saïed a rendu hommage aux habitants de Gabès pour leur conscience et leur sens du civisme, citant en exemple une citoyenne qui a appelé les manifestants à rouvrir les routes bloquées entre Aïn Salem, Sidi Boulbaba et Chentech. Il a, dans ce contexte, exhorté les citoyens à se tenir aux côtés des forces de sécurité face à ceux qui tentent d’exploiter la situation à des fins personnelles.

Le président de la République a par ailleurs réaffirmé la détermination de la Tunisie à poursuivre sa marche en s’appuyant sur ses capacités nationales et sur les résultats obtenus, tout en dénonçant les manœuvres de certains «comploteurs à la solde de l’étranger», assurant que le peuple tunisien restera fidèle au chemin qu’il a choisi «jusqu’à la libération définitive».

I. B.

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La véritable révolution tunisienne reste à faire

Le drame qui se déroule aujourd’hui à Gabès dont l’onde de choc retentit dans les médias du monde entier, présentant notre pays sous son jour le moins reluisant, traduit l’interminable agonie d’un modèle socio-économique obsolète mis en place en Tunisie au lendemain de l’indépendance en 1956 et dont la pollution industrielle destructrice de l’environnement et de la santé n’est pas la seule conséquence néfaste. Des leçons sont à tirer et des décisions mises en œuvre dans l’urgence.  

Elyes Kasri *

Les gouvernements tunisiens successifs depuis 2011 n’ont apparemment pas suffisamment rationalisé que l’effondrement du régime Ben Ali n’est pas la fin du despotisme, de la corruption et de la mal gouvernance mais plutôt le spasme d’une agonie interminable d’un modèle socio-économique en décrépitude devenu désormais obsolète, prohibitif, contre-productif et incitant à la rigidité et aux passe-droits.

Un nouvel équilibre viable et durable

La véritable révolution tunisienne reste à faire et n’est pas principalement un quelconque fantasme socio-politique ni une quête de pouvoir et de ses subsides mais un changement profond de paradigme de gouvernance en vue de l’établissement d’un nouvel équilibre viable et durable entre entrepreneuriat, innovation et une véritable équité sociale non pas pour faire des Tunisiens un peuple d’assistés mais une Tunisie innovatrice et entreprenante sans barrières sociales, régionales ou de rente de toute sorte.

C’est là que résident le principal défi et le véritable enjeu du futur. Alors que des observateurs émettent de sérieuses craintes qu’au rythme suivi depuis 2011 de décrépitude et d’obsolescence accélérée de l’infrastructure nationale et au vu de l’absence de grands projets d’infrastructure dans le projet fuité de loi de finance 2026, année supposée être celle du démarrage du plan quinquennal de développement 2026-2030, Gabès avec son désastre écologique et son lourd tribut humain, trop longtemps tu et ignoré, risque de faire des petits à travers le territoire national pour en faire que Dieu ne veuille un champ de compétition de forces régionales et en premier lieu des faux frères avec des conséquences tragiques.

Prélèvements fiscaux et survie budgétaire

Pour revenir au projet de loi de finance 2026, il semble s’inscrire dans le droit fil des budgets post révolution qui ont privilégié les prélèvements fiscaux et une politique économique faussement distributive sur la relance économique et le soutien à la création d’entreprises, de richesses et d’emplois.

Le mode de survie budgétaire adopté depuis 2011 semble, d’après la majorité des experts économiques, mener progressivement à une asphyxie fatale avec en sus, au lieu de l’indépendance économique et financière invoquée, une dépendance non seulement financière mais également politique, diplomatique et possiblement sécuritaire qui risquerait d’hypothéquer ce que les Tunisiens ont de plus précieux.

* Ancien ambassadeur.

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Tunisie | WFN : Le Pr Riadh Gouider élu N°2 de la neurologie mondiale

Le Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie a félicité le Professeur Riadh Gouider, qui a été élu Premier vice-président de la Fédération mondiale de neurologie (WFN).

L’Ordre des médecin a publié une note dce vendredi, en rappelant que Pr Gouider a été élu à la WFN lors du Congrès mondial de neurologie, qui a eu lieu à Séoul du 12 au 15 octobre 2025, sachant qu’il est administrateur de la Fédération Mondiale depuis 2014.

Chef du service de neurologie et professeur de neurochirurgie Riadh Gouider est aussi membre correspondant à l’étranger à l’Académie française de médecine depuis septembre 2022.

Y. N.

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Palestine | Epopée tragique d’une dépossession centenaire

À travers une plume acérée et une documentation rigoureuse, Rachad Antonius (1) nous invite, dans son livre ‘‘La conquête de la Palestine. De Balfour à Gaza’’ à parcourir le long chemin de croix de la Palestine, depuis l’ambition coloniale de la Déclaration Balfour jusqu’à l’enfer de Gaza. Son ouvrage, aussi dense qu’implacable, se lit comme une fresque historique où s’entremêlent conquête, résistance et silence complice des nations.

Abdelhamid Larguèche *

Rachad Antonius structure son récit en trois actes, comme les mouvements d’une symphonie funèbre

– L’ensemencement (1917-1948) : sous le regard bienveillant de l’Empire britannique, le projet sioniste prend racine. Le Mandat et la Déclaration Balfour deviennent les outils juridiques d’une colonisation naissante, tandis que les institutions sionistes préparent l’avènement d’un État juif sur une terre peuplée.

– L’effraction (1948-1993) : en 1948, la Nakba – la Catastrophe – scelle le destin de centaines de milliers de Palestiniens chassés de leurs foyers. La guerre de 1967 parachève cette mainmise, étendant l’occupation à la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Le territoire palestinien se fragmente, la colonisation s’installe.

– Le leurre (1993-2023) : les accords d’Oslo, présentés comme l’aube d’une paix possible, deviennent en réalité le paravent d’une annexion décomplexée. Derrière le langage diplomatique, les colonies prospèrent, le mur s’élève, Gaza étouffe.

Les forces de l’ouvrage

Ce qui frappe, à la lecture, c’est la puissance de la démonstration. Antonius ne se contente pas de raconter; il prouve, cite, archive. Il s’appuie sur les travaux d’historiens israéliens – Ilan Pappé, Benny Morris – pour déconstruire le récit officiel. Chaque affirmation est étayée, chaque phase décortiquée avec une clarté pédagogique rare.

Son analyse de la «colonisation territoriale et démographique» est particulièrement saisissante. Il montre comment, depuis plus d’un siècle, s’opère une lente mais inexorable transformation du paysage humain et géographique de la Palestine.

La «dénonciation de l’apartheid» israélien est tout aussi percutante. Check-points, routes réservées aux colons, lois discriminatoires : Antonius décrit un système où deux peuples vivent sous deux régimes distincts, l’un privilégié, l’autre assiégé.

Enfin, son chapitre sur la «guerre de Gaza (2023)»  est d’une actualité brûlante. Il y voit l’aboutissement logique d’un processus génocidaire, où la violence n’est plus un moyen, mais une fin.

Un livre-miroir

‘‘La Conquête de la Palestine’’ est plus qu’un livre d’histoire : c’est un miroir tendu à l’Occident. Antonius y interroge sa complicité, son silence, la facilité à accepter le récit du plus fort. Il met en lumière la «confusion savamment entretenue entre antisionisme et antisémitisme», instrumentalisée pour réduire au silence toute critique.

Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui refusent l’amnésie organisée et la pensée unique. Il est une clé pour comprendre un conflit trop souvent résumé à des «cycles de violence», alors qu’il s’agit d’une «guerre d’occupation et de résistance», dont les racines plongent dans l’histoire coloniale européenne.

Rachad Antonius signe ici un essai majeur, courageux et nécessaire. Par sa rigueur, son style et sa force argumentaire, ‘‘La Conquête de la Palestine’’ s’impose comme une référence pour quiconque cherche à percer le voile des apparences et à saisir les soubassements d’un drame qui continue de déchirer le monde.

* Historien.

1) Rachad Antonius, professeur associé à l’université de l’UQAM, est un sociologue du monde contemporain, il sera l’hôte de l’Académie Tunisienne Beit al-Hikma où il présentera, le lundi 20 octobre 2025, son ouvrage sur la conquête de la Palestine.

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Pollution chimique | La tension ne baisse pas à Gabès

Les habitants de Gabès ont observé hier, jeudi 16 octobre 2025, une «Journée régionale de colère» pour exiger la fermeture des unités du Groupe chimique tunisien (GCT) qui continuent d’émettre dans l’air saturé des gaz toxiques causant de nombreux cas d’asphyxie et d’hospitalisation parmi les riverains. (Ph. Captures d’écran).

Le mouvement de protestation, qui a commencé le 27 septembre dernier avec les premiers cas d’asphyxie ayant touché des écoliers, ne semble pas près de connaître son épilogue. Les protestataires, encadrés par des acteurs de la société civile, reprochent au gouvernement de ne pas avoir tenu les promesses qu‘il avait faites en 2016 de fermer l’usine d’engrais chimiques et de n’avoir pas encore réagi à leur mouvement en proposant des solutions urgentes au problème de la pollution industrielle qui a atteint un seuil critique dans la région, en provoquant diverses maladies chroniques.

Les Gabésiens se sentent abandonnés à leur sort face un ogre qui continue d’émettre des gaz toxiques dans l’air et des boues chimiques dans la mer, portant ainsi atteinte à la biodiversité, à l’agriculture et à la pêche dont vivent beaucoup d’entre eux.

L’équipe d’experts dépêchée dans la région par le président de la république a fait son travail. Elle devra remettre son rapport et ses éventuelles propositions à Kaïs Saïed, dont les Gabésiens attendent non pas des paroles et des promesses, mais des décisions concrètes et fermes à la hauteur de la situation dramatique prévalant dans la région, et notamment un plan de démantèlement des unités polluantes et de réorientation de l’économie régionale vers des activités moins destructrices.

En attendant, les heurts se poursuivent entre les manifestants et les forces de l’ordre et la tension ne baisse pas, alimentée par les arrestations effectuées dans les rangs des protestataires dont beaucoup d’adolescents et de jeunes, mais aussi des femmes.

En fait, le mouvement, qui était porté par des acteurs de la société civile, mobilise aujourd’hui toutes les catégories de la société, et la crainte est de le voir bientôt déborder les limites du gouvernorat de Gabès pour être rejoint par les citoyens dans le reste du pays, et notamment les autres régions affectées par la pollution industrielle, comme Sfax, Gafsa et même, à un degré moindre, Tunis, Bizerte et Monastir.

Latif Belhedi

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Pollution à Gabès | L’assassinat de l’environnement que la Tunisie refuse de regarder en face

Les manifestations à Gabès, après une nouvelle vague d’intoxications au gaz, ont forcé l’État à réagir. Le président Kaïs Saïed a dénoncé «l’assassinat de l’environnement à Gabès depuis de longues années». Faut-il alors choisir entre l’économie et la santé des citoyens ? Faisons le point sur la situation. (Ph. Le complexe chimique de Gabès qui fait polémique, et pas seulement en Tunisie).

Tarek Kaouache *

Le 10 octobre 2025, Gabès s’est de nouveau soulevée. Dix personnes, dont plusieurs lycéens, ont été hospitalisées après une fuite de gaz issue du Groupe chimique tunisien (GCT). Des émanations de soufre et d’ammoniac ont provoqué des troubles respiratoires et relancé la colère des habitants ainsi que des militants écologistes du collectif Stop Pollution.

L’armée a été déployée autour du site. L’UGTT locale a menacé d’une grève générale. Et, seulement après coup, le 11 octobre, Kaïs Saïed a réuni au palais de Carthage les ministres de l’Industrie et de l’Environnement, ordonnant l’envoi d’une mission d’inspection et promettant des «mesures urgentes».

Mais Gabès ne suffoque pas depuis une semaine : elle étouffe depuis plus de trente ans. Les solutions, connues depuis longtemps, attendent toujours la volonté politique d’être appliquées.

Un complexe vital pour l’économie… mortel pour son environnement

Le complexe du GCT transforme le phosphate tunisien en engrais destinés à l’exportation. C’est une source importante de devises et d’emplois : à lui seul, le groupe contribue à environ 0,1 % à 0,4 % du PIB tunisien, selon une estimation fondée sur les données de l’INS pour le secteur chimique (valeur ajoutée : 1,2 % du PIB en 2024).

Mais cette activité essentielle produit aussi un sous-produit toxique : le phosphogypse, une boue acide chargée de métaux lourds, déversée directement dans le golfe de Gabès depuis des décennies. Résultat : une mer quasiment stérile, une biodiversité détruite, et des habitants exposés quotidiennement à des gaz irritants et corrosifs.

En 2017 déjà, une décision gouvernementale avait ordonné la délocalisation du site. Huit ans plus tard, rien n’a changé. Les rapports s’empilent, les intoxications se répètent et la confiance des citoyens s’évapore.

Des solutions connues, mais coûteuses

Contrairement à une idée reçue, la dépollution de Gabès est techniquement possible. Les procédés existent et ont été testés ailleurs dans le monde : le phosphogypse peut être purifié et réutilisé dans le bâtiment; les gaz (soufre, ammoniac) peuvent être captés et convertis en acide sulfurique; les effluents acides peuvent être neutralisés et recyclés.

Le Maroc, via l’OCP, ou la Jordanie, avec la JPMC, ont déjà adopté ces approches. Mais ces investissements coûtent plusieurs centaines de millions de dinars, et le GCT, déjà affaibli, ne peut les financer sans soutien public ou international.

L’État impuissant, les investisseurs frileux

L’autre vérité, plus dure encore, est que l’État n’a plus les moyens d’assurer seul la modernisation environnementale du GCT. Ses marges budgétaires sont épuisées par une dette publique élevée et des subventions énergétiques croissantes.

Les partenaires étrangers, eux, n’accepteraient d’investir qu’à une condition : un plan d’assainissement structurel, c’est-à-dire une réorganisation profonde du groupe, avec rationalisation des coûts et réduction des effectifs. Or, le GCT emploie directement et indirectement des milliers de personnes dans le Sud et tout plan social massif risquerait d’allumer une nouvelle crise sociale et syndicale que pays ne semble pas prêt à affronter.

Résultat : on repousse encore la décision, en entretenant un statu quo aussi dangereux qu’insoutenable.

Le dilemme tunisien : polluer ou perdre en compétitivité ?

La mise aux normes environnementales ferait grimper le coût de production des engrais, réduisant la compétitivité tunisienne face à des concurrents mieux capitalisés. D’un côté, continuer à rejeter ces déchets permet de préserver les emplois et les marges. De l’autre, dépolluer réduirait les exportations et mettrait en péril un fleuron industriel.

Mais ce raisonnement est trompeur, parce qu’il ne prend pas en compte le coût réel de la pollution : pertes agricoles et halieutiques, maladies chroniques, baisse de la valeur foncière et destruction d’un patrimoine naturel.

Valoriser au lieu de rejeter : une voie tunisienne

Le salut de Gabès ne viendra ni d’un communiqué présidentiel, ni d’une inspection express. Il viendra d’une stratégie claire de valorisation : transformer les déchets en ressources.

Le phosphogypse, une fois stabilisé, peut servir dans le ciment ou le plâtre. Les gaz récupérés peuvent devenir des intrants industriels. Les eaux traitées peuvent être réutilisées dans le cycle de production.

Une telle approche créerait des emplois verts, des revenus locaux et réconcilierait économie et environnement. Mais cela demande un plan de financement national, un pilotage technique et une gouvernance transparente — pas des promesses à chaque crise.

Le choix à faire

Gabès n’est pas un accident industriel isolé : c’est le miroir du modèle de développement tunisien — produire vite, exporter beaucoup, corriger peu. Le président a eu raison de dénoncer «l’assassinat de l’environnement à Gabès depuis de longues années». Mais il reste à savoir si la Tunisie veut enfin juger le vrai coupable : l’arbitrage constant en faveur du court terme.

Le jour où le Groupe chimique cessera de voir ses déchets comme un fardeau et commencera à les traiter comme une ressource, Gabès cessera d’être une victime, pour redevenir un symbole de résilience.

* Tribune personnelle rédigée avec le recours à l’IA.

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A Charm El-Cheikh, la Palestine réduite à une carte postale égyptienne

Le 13 octobre 2025, les dirigeants du monde se sont réunis à Charm El-Cheikh, au bord de la mer Rouge, pour parler de paix à Gaza. Autour de la table : Abdel Fattah Al-Sissi, Donald Trump et une vingtaine de chefs d’État venus d’Europe, du Golfe et d’Afrique du Nord. Le décor était parfait : drapeaux, caméras, formules calibrées. Mais derrière la mise en scène, un vide régnait. Les corps étaient là, l’esprit non. La diplomatie parlait encore, mais le sens avait quitté la salle. Et les mots flottaient comme des drapeaux sans vent. 

Manel Albouchi *

Donald Trump a déclaré : «La phase deux a déjà commencé… Gaza, c’est un nettoyage à faire.»  Des mots d’entrepreneur, pas de bâtisseur d’humanité. Il parlait en mètres carrés, en contrats, en «reconstruction rentable».

Ce sommet, prétendument pour la paix, sonnait comme une transaction immobilière sur les ruines d’un peuple. Et les représentants paraissaient lourds de pouvoir, mais légers de sens. Ils incarnent la matière : l’économie, les intérêts, les chiffres sans plus porter d’idéal. Ils n’ont plus le poids des pères fondateurs, ni la parole : seulement la posture de gestionnaires du visible. Comme si leur gravité vient de la matière, non de la conscience. Comme un Moi hypertrophié, sûr de ses moyens, mais vidé de son âme. 

Les absents, eux, pesaient autrement : le peuple palestinien n’a eu aucune voix (celle de Mahmoud Abbas, présent, compte pour des prunes), Netanyahu s’est retiré, le Hamas et l’Iran n’ont pas droit de cité. Mais l’absence la plus lourde était celle des mères de Gaza; celles qui dorment entre les décombres, respirent la poussière des écoles détruites et bercent encore des enfants qu’elles n’ont plus. Leur douleur ne figure dans aucune déclaration finale. Elle brûle sous la cendre diplomatique, comme une braise sous la peau du monde. Et sous cette cendre, il y a aussi les souffles à venir : les enfants qui ne sont pas encore nés, ceux dont le monde prépare déjà le certificat de martyr avant même leur naissance. 

Au même moment à Téhéran 

Pendant que les puissants jouaient la gravité à Charm El-Cheikh, un autre sommet, plus discret, se tenait à Téhéran : la 8ᵉ Conférence internationale de solidarité avec les enfants palestiniens, organisée à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de Muhammad al-Durrah, tué avec son fils, le 30 septembre 2000, à Gaza, par l’armée israélienne, lors d’un échange de tirs. 

Plus de cent participants venus de trente-deux pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe et du monde arabe s’y sont rassemblés non pour négocier, mais pour penser et pleurer ensemble. Pas de tapis rouge, pas de promesses de milliards : seulement des visages marqués par la réalité. 

À Charm El-Cheikh, on parlait de bâtir des murs, on comptait des budgets de reconstruction.  À Téhéran, on comptait les cicatrices, on tentait encore de recoudre la peau du monde. Deux conférences, deux humanités : l’une dans la lumière artificielle des caméras, l’autre dans la clarté silencieuse de la conscience meurtrie. 

Freud parlait du trauma comme d’une effraction du pare-excitation. Aujourd’hui, c’est la peau du monde qui a cédé. Les guerres sont ses inflammations : elles surgissent quand le lien humain ne tient plus. 

Le sommet de Charm El-Cheikh n’a pas réparé cette peau; il a seulement posé un pansement diplomatique sur une brûlure encore vive. 

Pour Didier Anzieu, penser, c’est peau-tenir : tant que le monde n’aura pas retrouvé sa fonction symbolique, il continuera de se gratter jusqu’au sang. 

Le regard qui ne voit plus 

Tout se joue dans le regard : celui des puissants, des médias, des peuples, des algorithmes…  

À Charm El-Cheikh, les dirigeants regardaient la paix comme un objet à négocier, non comme une blessure à penser et à panser. 

La politique, autrefois espace de vision, est devenue un espace de gestion. Et dans ce glissement, la parole a perdu son poids symbolique : elle flotte, sans ancrage, comme un regard vide sur un monde épuisé.  

Et la paix dans tout cela ? 

Gaza n’est pas une géographie, c’est une peau blessée de l’humanité. Les représentants du monde se sont réunis pour la soigner, mais ils n’ont apporté ni souffle ni regard. Leurs mots ont du poids dans les bilans, mais aucune gravité dans la conscience. 

La paix ne viendra pas de ceux qui possèdent, mais de ceux qui ressentent. Elle ne se signe pas. Elle se respire. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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Au moins 50 milliards de dollars pour reconstruire Gaza

Après deux ans de génocide dans la bande de Gaza, une paix précaire et incertaine s’installe dans un territoire réduit à néant par la soldatesque israélienne. Un territoire totalement détruit et invivable. Il faut au moins 50 milliards de dollars et pas mois d’une décennie pour reconstruire la bande de Gaza. Le journal britannique The Times a mené une enquête sur l’enjeu de la reconstruction. 

Imed Bahri

Depuis les décombres de sa maison détruite, Hamza al-Shami contemplait un spectacle de dévastation totale. Dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza vendredi dernier, ce technicien informatique de 29 ans s’est précipité dans son quartier de Khan Younis depuis la tente où il s’était abrité à l’ouest de la ville.

«Je suis allé directement voir ma maison mais je n’ai trouvé que des décombres. La maison comptait plusieurs étages et un atelier où mes frères et moi travaillions mais elle a été complètement détruite. Tout a disparu. Même les rues et les monuments que je connaissais sont méconnaissables», a déclaré al-Shami au Times

Bien qu’al-Shami et ses amis soient soulagés par le cessez-le-feu, ils savent qu’un long et difficile chemin les attend pour reconstruire leur ville dévastée.

17 734 bâtiments complètement détruits

L’ampleur des destructions est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon les dernières données de l’Onu basées sur des images satellite prises entre le 22 et le 23 septembre, environ 83% des bâtiments de la ville de Gaza ont été endommagés dont environ 17 734 complètement détruits.

À Khan Younis, dans le sud, la situation est similaire. Des quartiers entiers, comme celui d’al-Shami, ont été rasés après que l’armée d’occupation israélienne a intensifié ses attaques ces dernières semaines. Dans toute la bande de Gaza, le nombre de bâtiments détruits a augmenté d’un tiers par rapport au mois précédent.

Le journal britannique indique que le président américain Donald Trump envisageait initialement un projet radical de réaménagement de type «Riviera» pour la bande côtière de 40 kilomètres de Gaza, la transformant en un complexe hôtelier de luxe et en versant de l’argent aux habitants pour qu’ils partent vivre ailleurs.

Cependant, il a ensuite adopté un plan moins radical soutenu par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, basé sur la reconstruction de Gaza pour ses propres habitants.

Andreas Krieg, professeur associé à la School of Security Studies du King’s College de Londres et membre du Middle East Institute, estime que ce processus de reconstruction sera sans précédent dans l’histoire moderne

Krieg a cité des exemples de villes détruites par la guerre comme Sarajevo pendant les guerres yougoslaves, Grozny, détruite par les Russes en Tchétchénie et Mossoul, détruite par Daech en Irak. «Il existe des précédents mais la situation est totalement différente. Dans ces cas-là, nous parlions d’une seule ville, mais ici, il s’agit de quatre villes combinées. C’est un secteur immense», a-t-il déclaré, ajoutant qu’environ deux millions de personnes vivent sous les décombres dont beaucoup ont besoin d’abris temporaires, d’écoles et d’hôpitaux.

Une autre différence cruciale, selon Krieg, est que les Gazaouis doivent commencer à travailler immédiatement mais les progrès seront lents, compte tenu de la présence de combattants armés du Hamas dans les tunnels. Par conséquent, une force de maintien de la paix est nécessaire pour assurer la sécurité en attendant l’arrivée des fonds et des équipements nécessaires à la reconstruction.

Cependant, Philippe Bouverat, ancien cadre du fabricant d’engins de chantier JCB, fort de son expérience dans les grands projets de reconstruction urbaine et travaillant actuellement avec des équipes en Ukraine, affirme : «Les villes détruites par la guerre offrent des enseignements importants». Il ajoute: «Il existe ce que l’on pourrait appeler un programme logistique composé d’étapes séquentielles à suivre, commençant par la fourniture d’eau potable, d’assainissement et d’abris temporaires puis la planification du réseau routier et son extension électrique. Ensuite dégager des décombres et enfin l’arrivée des ouvriers du bâtiment».

Toutefois, chacune de ces étapes est plus complexe qu’il n’y paraît. Les Nations Unies estiment que 54 millions de tonnes de décombres doivent être enlevées à Gaza. À titre de comparaison, la destruction de Mossoul en Irak n’en a laissé que huit millions de tonnes.

Des contrats très lucratifs en perspective

Un sommet majeur s’est tenu en Égypte, auquel a participé le président Trump et des dirigeants arabes et européens. Il devait afin élaborer un plan de reconstruction et obtenir un financement, qui, selon la Banque mondiale, pourrait nécessiter au moins 50 milliards de dollars.

Le journal britannique s’attend à ce que le Qatar investisse des sommes considérables, soit par l’intermédiaire d’institutions publiques, soit par des fonds d’investissement privés, et qu’il mette en œuvre ses projets avec ses propres entreprises locales ou en coopération avec des entrepreneurs turcs. Un ancien diplomate s’attend à ce que les investisseurs émiratis fassent appel à leurs partenaires égyptiens pour mettre en œuvre des projets à Gaza.

Le journal ajoute que le président turc Recep Tayyip Erdoğan devrait également promouvoir une forte implication des entreprises turques, comme ce fut le cas pour la reconstruction de Sarajevo.

Aux États-Unis, KBR et Bechtel, qui ont remporté d’importants contrats en Irak, figurent parmi les principaux candidats pour des contrats à Gaza, aux côtés de deux entreprises britanniques, Balfour Beatty et Laing O’Rourke.

Des cabinets de design britanniques comme Arup devraient également décrocher des contrats juteux, ayant déjà remporté d’importants projets en Arabie saoudite.

Face aux destructions massives qui les entourent, personne à Gaza ne se fait d’illusions quant à l’avenir proche de cette situation.

Thabet Al-Amour, analyste de 47 ans originaire de Khan Younis, estime que la reconstruction prendra une décennie entière et que le seul déblaiement des décombres prendra deux ans, une estimation partagée par l’opinion publique locale.  Le technicien informatique Al-Shami est plus optimiste: «Je pense que la reconstruction pourrait marquer un nouveau départ pour Gaza. Elle créera des milliers d’emplois pour ceux qui ont perdu leurs moyens de subsistance pendant la guerre et pourrait relancer l’économie. Les jeunes attendent cette opportunité, ils veulent simplement travailler et vivre dignement».

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Tunisie | Les caisses enregistreuses seront généralisées le 1er juillet 2028

Une décision du ministre des Finances en date du 14 octobre 2025 et publiée sur le Journal officiel de la République Tunisienne (Jort), porte sur l’obligation de mise en place de la caisse enregistreuse pour les services de consommation sur place.

La mise en œuvre de cette décision s’établit selon les dates suivantes :

1. A partir du 1er novembre 2025 : les personnes morales exerçant les activités suivantes :

– restaurants classés touristiques,

– salons de thé,

– cafés de deuxième et troisième catégorie.

2. A partir du 1er juillet 2026 : les autres personnes morales exerçant les activités de prestation de services de consommation sur place mentionnées à l’article premier du présent arrêté.

3. A partir du 1er juillet 2027 : les personnes physiques soumises au régime réel et au dépôt des déclarations mensuelles d’impôts et exerçant les activités de prestation de services de consommation sur place mentionnées à l’article premier du présent arrêté.

4. A partir du 1er juillet 2028 : les autres personnes physiques exerçant les activités de prestation de services de consommation sur place mentionnées à l’article premier du présent arrêté.

On rappellera que cette décision avait été prise une première fois en 2016 mais elle n’a pu être mise en œuvre pour des raisons que l’on ignore. Y a-t-il eu des interventions politiques pour empêcher la mise en œuvre de ce dispositif ? Ou bien les services techniques du ministère des Finances n’avaient pas la compétence nécessaire pour le gérer efficacement ? Et d’ailleurs, dans le meilleur des cas, les fameuses caisses enregistreuses, en vigueur dans de nombreux pays depuis des décennies, ne seront généralisées en Tunisie qu’au 1er juillet 2028. Espérons-le, quoique nous avons de bonnes raisons d’avoir des doutes à ce sujet…

I. B.

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Pollution industrielle | Poursuite des tensions à Gabès

Des dizaines de personnes ont été hospitalisées dimanche 15 octobre 2025 à Gabès après des émanations de substances toxiques de l’usine du Groupe chimique tunisien (GCT), dont des milliers de manifestants continuent d’exiger la fermeture lors de marches quotidiennes dispersées par les unités sécuritaires.

«Le peuple veut le démantèlement des usines ! », criaient les manifestants, qui marchaient en direction du complexe de transformation du phosphate. Pour les disperser, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène.

Depuis le début des manifestations, le 11 octobre, la foule des manifestants n’a cessé de grossir, le mouvement semblant avoir été renforcé par le manque de réactivité des autorités qui, à ce jour, n’ont rien proposé de concret pour sortir de la crise.

Il faut dire que ce regain de tension, pourtant prévisible, a contrarié les engagements du GCT auprès de ses clients et partenaires étrangers, ainsi que les projets d’extension de ses activités dans la région.

Sur Internet, les Tunisiens marquent désormais leur indignation avec le hashtag «Nous sommes tous Gabès» et la crainte des autorités est de voir ce mouvement, jusque-là localisé à Gabès, gagner d’autres zones confrontées au même problème de pollution industrielle, comme Sfax et Gafsa, où le GCT dispose d’usines chimiques.

I. B.

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Hommage posthume de La Grande Mosquée de Paris à Abdelwahab Meddeb

La Grande Mosquée de Paris a dévoilé les lauréats de la 4ᵉ édition de son Prix littéraire 2025, une distinction qui célèbre les voix de la culture, de la spiritualité et du dialogue entre les civilisations. Cette année, le Grand Prix du Jury a été attribué à titre posthume au penseur et écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb, pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la parution de ‘‘L’islam au croisement des cultures’’ (Albin Michel) et ‘‘Vers l’Orient’’ (Stock).

Djamal Guettala 

Ce choix symbolique rend hommage à une figure majeure du monde intellectuel francophone, dont la pensée a œuvré pour un islam éclairé, ouvert à la modernité et enraciné dans la beauté du texte. Meddeb, disparu en 2014, a toujours cherché à faire dialoguer les héritages spirituels et philosophiques de la Méditerranée, rappelant que la culture musulmane fut d’abord un espace de savoir, de poésie et de tolérance.

Le Prix du Meilleur Roman 2025 a été décerné à Hajar Azell, romancière marocaine, pour ‘‘Le sens de la fuite’’ (Gallimard). Son livre, salué pour sa sensibilité et sa justesse, explore la quête de soi et la mémoire de l’exil à travers le regard d’une jeune femme en rupture avec son passé.

Le Prix du Meilleur Essai 2025 revient à El Mouhoub Mouhoud, essayiste et économiste algérien, pour ‘‘Le Prénom. Esquisse pour une auto-histoire de l’immigration algérienne’’ (Seuil). Dans cet ouvrage intime et lucide, il retrace l’histoire familiale et collective de l’immigration maghrébine en France, à travers la symbolique du prénom et les traces laissées par la migration.

Le jury a également attribué une Mention spéciale à Catherine Mayeur-Jaouen, historienne française, pour ‘‘Le culte des saints musulmans’’ (Gallimard), une synthèse remarquable sur les pratiques populaires et la diversité spirituelle dans le monde musulman.

Avec ces quatre lauréats venus du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et de France, le prix affirme sa vocation : reconnaître la richesse du patrimoine intellectuel musulman et encourager les passerelles entre cultures. Chaque œuvre, à sa manière, parle de mémoire, d’identité et de transmission — autant de thèmes au cœur des débats contemporains sur le vivre-ensemble et la spiritualité.

Mais c’est bien la figure d’Abdelwahab Meddeb qui domine cette édition. En le couronnant, la Grande Mosquée de Paris célèbre une voix qui, des deux rives de la Méditerranée, a su redonner à l’islam son souffle humaniste. Son œuvre, exigeante et lumineuse, demeure un repère pour celles et ceux qui refusent les enfermements et croient à la rencontre des savoirs.

Au-delà des distinctions, ce prix 2025 rappelle que la littérature, lorsqu’elle puise dans la profondeur des cultures, reste un lieu d’apaisement et de reconnaissance mutuelle. Et à travers l’hommage rendu à Abdelwahab Meddeb, c’est toute la Tunisie de la pensée, de la tolérance et du dialogue qui se voit honorée.

Hommage de Hind Meddeb à son père :

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Report du procès des terroristes dans l’attaque d’Akouda

La juste a décidé de reporter le procès des terroristes auteurs de l’attaque terroriste d’Akouda (gouvernorat de Sousse) perpétrée le 6 septembre 2020 ayant coûté la vie l’adjudant Sami Mrabet.

La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme a également décidé de rejeter toutes les demandes de libération formulées par les avocats des accusés.

Rappelons que dans cette même attaque l’adjudant-chef de la garde nationale Rami Limam a été grièvement blessé dans cette attaque et qu’il poursuit aujourd’hui encore les soins.

Trois terroristes, dont les frères Gaddes, avaient été éliminés peu de temps après cette attaque, menée le jour du 64e anniversaire de la garde nationale alors que d’autres complices ont été arrêtés et incarcérés.

Y. N.

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Tunisie – Algérie | Rumeurs insidieuses et inquiétudes légitimes  

La commémoration de l’évacuation de Bizerte par les forces françaises le 15 octobre 1963 est chahutée cette année par des rumeurs qui circulent au sujet d’un prétendu accord sécuritaire avec l’Algérie qui, faute d’un débat national ou une communication officielle sur ses motifs, modalités et objectifs, donnent à certains l’opportunité de semer un sentiment d’appréhension et d’amertume.

Elyes Kasri *

Certains vont jusqu’à inciter insidieusement à une assimilation de cet accord sécuritaire au traité du Bardo du 15 mai 1881 imposé par la France et qui a abouti à une colonisation et une répression dures qui ont duré trois quarts de siècle et fait des dizaines de milliers de martyrs tunisiens.

De nombreux observateurs reprochent aux relations tuniso-algériennes depuis le départ de Bourguiba et de Ben Ali un caractère considéré déséquilibré comme si le principal bénéficiaire de la pseudo révolution de la liberté et de la dignité était un pays voisin dont les autorités semblent vouer une aversion pathologique à toute velléité démocratique sur leur sol et dans leur voisinage.

Il serait tragique qu’en plus de la dégradation socio-économique et du recul de sa stature internationale, la Tunisie devienne, comme certains en Tunisie et en Algérie veulent le faire croire, l’appendice d’un régime voisin contesté à l’intérieur pour de bonnes raisons apparemment et à l’extérieur pour ce qui est considéré comme des velléités déstabilisatrices et hégémoniques.

Certaines rumeurs insidieuses, que le bon sens rejette avec vigueur et effroi, annoncent le prochain stationnement permanent en Tunisie de plusieurs milliers de soldats et sécuritaires algériens à partir du 20 octobre 2025.

Espérons vivement qu’il ne s’agit que d’une fake news à démentir officiellement et dans les faits.

* Ancien ambassadeur.

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Le grand absent de Charm El-Cheikh

Lundi 13 octobre 2025, à Charm El-Cheikh, en Égypte, une vingtaine de chefs d’État étaient réunis sous les projecteurs du monde entier. Les caméras fixaient leurs visages, les micros guettaient leurs paroles, les discours parlaient de paix, d’équilibre et d’avenir. Et pourtant, sur cette scène saturée de puissances, un absent régnait en maître. Il n’était pas là — et cependant, il était partout. Dans l’air que chacun respirait, dans les regards échangés, dans les silences lourds de prudence. Son ombre s’étendait d’un bout à l’autre de la tribune, occupant l’espace tout entier, au point d’établir, à lui seul, un équilibre face aux vingt présences officielles. C’est le peuple palestinien.

Khemais Gharbi *

Il y avait certes Mahmoud Abbas, le fantomatique président de l’Autorité palestinienne, mais il ne représente plus aujourd’hui que lui-même et une poignée de carriéristes corrompus méprisés par l’écrasante majorité des Palestiniens. Et ce sont ces derniers qui étaient au cœur des conversations à Sharm El-Cheikh, dans les arrière-pensées, dans les calculs comme dans les hésitations.

Invisible, mais omniprésent, le peuple palestinien pesait autant que tous les dirigeants réunis, car c’est autour de lui, de sa cause, de son nom — ou de son silence — que tout gravitait.

Ce géant invisible avait convoqué les puissants sans envoyer d’invitation. Il les avait forcés à se rassembler autour de son absence, à reconnaître, malgré eux, qu’il demeurait — encore et toujours — le centre du monde tant que ses droits ne sont pas rétablis.

Une présence éclatante

C’est un fait rarissime : le monde a été convoqué par un absent, dont la présence est si éclatante qu’aucun protocole n’a pu la contenir.

Il planait au-dessus d’eux comme une conscience, comme une lumière qu’on ne peut éteindre. Il habitait leurs mots, leurs silences, leurs regards fuyants.

Son sacrifice force l’admiration du monde entier. Depuis des décennies, il endure l’injustice, la faim, le siège et les bombardements, sans jamais renoncer à la terre qu’il aime, ni aux valeurs qu’il incarne.

Sa résistance n’est pas seulement celle des armes, mais celle d’un peuple entier qui refuse de plier, qui se relève toujours, qui transforme la douleur en courage. 

Chaque maison détruite devient serment, chaque deuil devient drapeau, chaque enfant, promesse de survie. Il affronte l’impossible avec la même détermination que les grands peuples de l’Histoire, et son sang versé ne réclame ni vengeance ni oubli — mais justice et liberté.

C’est cette fidélité obstinée à la dignité humaine qui fait de lui un symbole universel, redouté par ceux qui tuent, respecté par ceux qui espèrent.

Hier, le monde a célébré, sans le dire, la puissance silencieuse d’un peuple qu’on croyait effacé — et qui, par sa seule endurance, a contraint les puissants à s’incliner devant son ombre.

Son image plane déjà sur ces lignes, comme elle planait hier sur la scène de Charm El-Cheikh.

Un nouveau leadership palestinien

Mais que nul n’en doute : le grand absent, c’était la résistance palestinienne — présente dans chaque conscience, immense dans son silence, victorieuse dans son absence.

Un analyste politique expliquerait cette absence par la difficulté de trouver aujourd’hui un représentant légitime du peuple palestinien, qui soit acceptable sur les plans intérieur et extérieur. Le Hamas comme l’OLP et l’Autorité palestinienne installée à Ramallah ayant perdu toute crédibilité aux yeux des Palestiniens eux-mêmes, il va peut-être falloir œuvrer aujourd’hui pour l’avènement d’un nouveau leadership légitime, capable d’unifier les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie autour d’un projet national qui conjugue libération et paix, résistance intérieure et reconnaissance extérieure, et ce dans le cadre d’une solution à deux Etats, seule issue raisonnable et encore possible au conflit israélo-palestinienne qui dure depuis 1948.     

* Ecrivain et traducteur.  

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Soudan | Des mercenaires colombiens forment des enfants-soldats

Selon une enquête du journal britannique The Guardian, des centaines de mercenaires colombiens sont impliqués dans la guerre en cours au Soudan, combattant aux côtés des Forces de soutien rapide dirigés par Mohamed Hamdan Dogolo dans le cadre de la guerre civile qui les oppose à l’armée soudanaise. Ces mercenaires entraînent aussi des enfants soudanais au combat, dans l’un des épisodes les plus tragiques de cet interminable conflit depuis son déclenchement il y a plus de deux ans.

Imed Bahri

Le Guardian rapporte que des photographies de ces enfants soldats ont été prises dans le camp de Zamzam, le plus grand où sont parqués les déplacés du Soudan.

L’un des mercenaires colombiens, utilisant le pseudonyme de Carlos, a déclaré s’être rendu au Soudan début 2025 après avoir signé un contrat mensuel de 2 600 dollars par l’intermédiaire d’agents de sécurité soupçonnés d’être liés à un pays de la région.

Après une série de voyages à travers l’Europe, l’Éthiopie et la Somalie, il est arrivé à Nyala, capitale de l’État du Darfour-Sud, devenue une plaque tournante pour les mercenaires colombiens travaillant pour les Forces de soutien rapide.

«La guerre, c’est du business»

«La guerre, c’est du business», déclare Carlos, ajoutant que la première mission des mercenaires colombiens consiste à former des recrues soudanaises dont la plupart étaient des enfants qui n’avaient jamais porté d’armes auparavant. Il  ajoute : «Nous leur avons appris à utiliser des fusils, des mitrailleuses et des lance-roquettes avant de les envoyer au front. Nous les avons entraînés à mourir».

Comble du cynisme, il décrit l’expérience comme horrible et folle tout en précisant: «Malheureusement, c’est la guerre!». Le Colombien participe à une entreprise criminelle mais fait semblant de déplorer la situation ! 

Selon l’enquête du journal britannique, l’unité militaire à laquelle Carlos était affecté a finalement été envoyée dans la ville assiégée d’El- Fasher, décrit comme le pire champ de bataille du Soudan et le dernier grand bastion militaire dans la région du Darfour occidental. 

Aucune aide humanitaire n’est parvenue à El- Fasher, capitale de l’État du Darfour-Nord, depuis près de 18 mois, tandis que les Nations Unies confirment que des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions de quasi-famine, les enfants se nourrissant de criquets et de fourrage pour survivre.

La pire crise humanitaire au monde

Cela s’inscrit dans le contexte d’une guerre qui a coûté la vie à quelque 150 000 personnes et contraint 13 millions de personnes à fuir, dans ce qui est décrit comme la pire crise humanitaire et de déplacement au monde.

Carlos, qui a quitté le service militaire de son pays il y a plus de cinq ans, a partagé des photos et des vidéos avec le Guardian et le journal colombien La Silla Vacia, montrant des mercenaires colombiens entraînant des recrues soudanaises ou sur des positions de combat au Darfour.

Une image montre des adolescents tenant des fusils et souriant à la caméra, tandis que d’autres images montrent des tirs nourris dans des quartiers détruits d’El-Fasher, avec des mercenaires parlant en espagnol de leurs camarades blessés.

Le président colombien Gustavo Petro a décrit le phénomène du mercenariat comme «un commerce qui transforme les hommes en marchandises pour tuer», s’engageant à l’interdire. Il a toutefois reconnu que les conditions économiques et sociales des soldats retraités les rendent vulnérables aux tentations financières.

L’armée colombienne contraint ses soldats professionnels à prendre leur retraite vers 40 ans, avec de maigres pensions et des opportunités de développement professionnel limitées, les poussant à rejoindre des sociétés de sécurité privées.

Elizabeth Dickinson, analyste principale pour la Colombie à l’International Crisis Group, confirme que ces entreprises ne se limitent plus aux retraités, elles recrutent désormais des soldats encore en activité dans les zones pauvres, leur offrant des milliers de dollars par mois via des applications comme WhatsApp.

Le Guardian attribue le phénomène du mercenariat au long conflit interne en Colombie qui a laissé un excédent de combattants expérimentés dont beaucoup ont été formés par l’armée américaine. Ce pays d’Amérique du Sud est l’un des plus grands exportateurs de mercenaires.

Selon le Guardian, Carlos a récemment quitté le Soudan en raison de problèmes de salaire, affirmant que 30 de ses collègues étaient partis avec lui mais en même temps, des avions arrivaient avec de nouveaux mercenaires pour les remplacer.  Il reconnaît toutefois que son travail de mercenaire n’est ni légal ni honorable, ajoutant: «Nous y allons pour l’argent, rien de plus».

Bien que le phénomène des mercenaires ait disparu des champs de bataille mondiaux pendant la majeure partie du XXe siècle, le journal britannique confirme qu’il a commencé à faire un retour rapide au cours du siècle actuel.

Une sombre résurgence

Sean Mavity, expert américain en mercenaires, déclare: «C’est le plus vieux métier du monde. Nous revenons à une époque proche du Moyen Âge où les riches pouvaient posséder des armées privées et se comporter comme des superpuissances». Il ajoute que le recours aux mercenaires offre aux États un «déni plausible» qui leur permet de contourner le droit international et d’échapper à la responsabilité des violations. «Lorsque des mercenaires sont capturés ou tués, ils peuvent tout simplement être désavoués», précise-t-il. 

Au cœur de cette sombre résurgence, le Soudan est aujourd’hui devenu une arène tragique où commerce et sang se croisent, où les guerres deviennent des entreprises rentables et où les enfants deviennent du carburant.

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WMC | LE RADAR : Espoir fragile à Gaza, les premiers échanges de prisonniers débutent

LE RADARDate : Lundi 13 octobre 2025 (Africa/Tunis)
Période analysée : dernières 24 h
Périmètre : Monde + Moyen-Orient & France

Monde

US–Chine : menaces de tarifs à 100%… puis signaux d’apaisement
La Maison Blanche souffle le chaud et le froid sur la relance de la guerre commerciale : menaces de tarifs à 100% puis perspective d’une rencontre Trump–Xi fin octobre. Marchés nerveux mais en léger rebond.

Dynamique : en hausse.
Hashtags/Keywords : #Tarifs #USChina #Commerce #RareEarths | Trump, Xi, tarifs 100%, export controls.

Pétrole : rebond après les plus bas de 5 mois
Le Brent et le WTI repartent à la hausse, aidés par l’espoir d’un apaisement US–Chine. Effet immédiat sur l’énergie et les bourses européennes.

Dynamique : en hausse.
Hashtags/Keywords : #Brent #WTI #Énergie | prix du pétrole, stocks, marchés

États-Unis : le “shutdown” pèse sur l’activité
Le Trésor alerte sur l’impact économique de la fermeture partielle des administrations, ajoutant à l’incertitude de marché. Dynamique : en hausse.
Hashtags/Keywords : #Shutdown #USÉconomie #Marchés | dépenses publiques, croissance.

Moyen-Orient – France

Gaza : cessez-le-feu formalisé, échanges de prisonniers
L’Égypte, le Qatar et la Turquie signent avec les États-Unis un document formalisant la trêve ; libérations croisées (otages israéliens / détenus palestiniens). Forte traction sur réseaux.

Dynamique : pic.
Hashtags/Keywords : #Gaza #Ceasefire #HostageDeal | trêve, échanges, médiation

France : crise politique et bras de fer budgétaire 2026
Réintégration de Sébastien Lecornu, menaces de motions de censure et délai critique pour déposer le PLF 2026. Marchés français en mode “attentiste”.

Dynamique : en hausse.
Hashtags/Keywords : #Budget2026 #CrisePolitique #Assemblée | déficit, OAT, CAC40

Région Golfe/Europe : marchés partagés, pétrole en soutien
Les places du Golfe finissent mixtes ; en Europe, léger rebond (luxe/énergie) malgré tensions commerciales et politique française.

Dynamique : en reflux (volatilité en baisse).
Hashtags/Keywords : #GulfMarkets #STOXX600 #CAC40 | énergie, taux, risque politique

En bref

Tendance globale dominée par US–Chine + pétrole ; forte visibilité sociale (#Tariffs, #Oil).
Gaza capte l’attention régionale (pics de recherches et partages).
France : incertitude budgétaire maintient la prudence sur OAT/CAC.

 

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Soumoud | Tunis : Ali Kniss de retour au bercail après sa détention en Israël

Le militant tunisien Ali Kniss, arrêté par Israël pour sa participation à la flottille Al-Soumoud, est arrivé lundi 13 octobre 2025 à l’aéroport de Tunis-Carthage.

Ali Kniss, qui est membre de la Coordination pour l’action conjointe pour la Palestine en Tunisie, a été expulsé par via la Jordanie dimanche, où il a été pris en charge après une détention dans les prisons des l’entité sioniste, avant son retour ce jour à Tunis.

A son arrivée à Tunis, il a appelé à poursuivre et à renforcer le soutien à Gaza et la résistance et à la nécessité de se concentrer sur ce qui se passe en Palestine, où se trouvent les vrais héros, a-t-il lancé dans une déclaration aux médias.

Ali Kniss a par ailleurs rappelé que plus de 10.000 Palestiniens, dont plus de 400 enfants demeurent à ce jour dans les prisons israéliennes dans des conditions difficiles et qui vont contre les droits humains les plus élémentaires.

Y. N.

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Tunis | Non-lieu pour l’ancien ministre Riadh Mouakher

La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de corruption financière près la Cour d’appel de Tunis a prononcé un non-lieu en faveur de l’ancien ministre de l’Environnement Riadh Mouakhar.

Cette décision rendue ce lundi 13 octobre 2025 a également concerné un cadre de la protection civile détaché auprès du ministère de l’Environnement et qui était poursuivi dans la même affaire.

En première instance de Tunis, ce dernier et Riadh Mouakhar avaient été condamnés à trois ans de prison dans cette affaire liée à un marché public conclu par le département dans l’Environnement pour l’achat de véhicules.

Les accusés avaient été remis en liberté provisoire en février denier, en attendant le jugement final de l’affaire, prononcé ce jour avec une annulation du jugement de première instance et un non-lieu en leur faveur du cadre de la protection civile et de l’ancien ministre

Y. N.

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