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Nora Gharyeni | La voix amazighe qui fait vibrer les mémoires et les corps

Dans la pénombre d’une scène, une guitare s’accorde lentement. Le silence se charge d’attente. Puis une note s’élève — fragile, sincère — bientôt rejointe par une voix qui emplit l’espace. Claire, puissante, enveloppante, la voix de Nora Gharyeni se déploie comme un souffle ancien. En tamazight, en arabe tunisien, parfois en anglais, elle chante les histoires de son peuple, les luttes de sa génération et les rêves d’un monde plus conscient. Chaque mot tisse un pont entre passé et présent, entre mémoire intime et mémoire collective.

Djamal Guettala 

Née à Sfax dans une famille profondément artistique — un père DJ, une mère peintre et musicienne, un frère guitariste — Nora a grandi entourée de sons et de lumières. Les riffs du rock, les pulsations du disco, les guitares du blues et les envolées du métal se mêlent aux sonorités de la musique folklorique tunisienne, aux rythmes du mezoued et aux émotions du raï. Ces influences ont façonné une oreille curieuse, un esprit libre et une identité musicale plurielle. Très tôt, elle comprend que la musique n’est pas seulement un art, mais un langage universel, un refuge et un outil de transmission.

C’est en renouant avec ses racines amazighes qu’elle trouve sa véritable voie : celle d’une artiste qui dialogue avec la modernité tout en honorant l’héritage ancestral. ‘‘Takrust’’ («Le nœud», 2020) marque cette renaissance, tissant les nœuds de l’histoire et de la marginalisation linguistique tout en célébrant la parole retrouvée. Suivent ‘‘Soul of North Africa’’ (2021), pont musical entre les cultures du Maghreb, et ‘‘Tayri d’Afra’’ (Love & Peace, 2023), voyage poétique au cœur de la nature et de l’humanité.

Mélodies ancestrales et arrangements contemporains

À travers ces œuvres, Nora compose un univers où mélodies ancestrales et arrangements contemporains dialoguent avec la mémoire. Chaque chanson devient une prière pour la paix, la dignité et la diversité. Mais elle n’est pas seulement musicienne : psychologue, enseignante, activiste et danseuse, elle considère l’art comme un outil de transformation sociale, capable de sensibiliser, de guérir et de rapprocher les individus. Sur scène, elle crée des espaces de partage où le public devient partenaire de l’expérience artistique. «Chanter, c’est guérir», dit-elle, et sa présence scénique en témoigne : authentique, sensible, magnétique.

La danse occupe une place essentielle dans son langage artistique. Qu’il s’agisse du folklore tunisien, de la salsa ou de la danse contemporaine, elle intègre le mouvement à ses performances. Sur scène, elle danse ses émotions, prolongeant la mélodie par un pas, une ondulation, comme si chaque note trouvait un écho dans le geste. La musique devient une expérience totale où voix, danse et silence dialoguent en harmonie.

Son parcours est international. De Batna en Algérie à Viljandi en Estonie, de la Suède à la Suisse, en passant par le Maroc, les Canaries, la Turquie et l’Italie, elle fait vibrer des scènes qui deviennent des carrefours culturels. Ces voyages façonnent une artiste du monde, tout en la maintenant profondément enracinée dans sa terre et sa langue.

Son projet musical incarne sa vision : fusion entre mémoire et innovation, tradition orale et création contemporaine. À travers ses compositions, elle élève la voix d’une communauté souvent marginalisée, célèbre la langue tamazight et transmet des messages universels de diversité et de réflexion sociale.

Quête de sens et de reconnexion à soi

En 2026, ‘‘Timeless Wisdom’’, son nouvel EP, racontera l’histoire d’un être humain égaré dans la frénésie du monde moderne, en quête de sens et de reconnexion à soi, guidé par la sagesse des symboles amazighs et les forces naturelles. Chaque chanson sera une étape de transformation, une métaphore du retour à l’essentiel. Nora Gharyeni est bien plus qu’une artiste : elle est passeuse de mémoires et d’émotions, femme qui chante pour relier, guérir et rappeler que la culture est vivante. Dans un monde fragmenté, elle oppose la lenteur du geste, la sincérité du verbe et la chaleur du partage. Ancrée dans la mémoire et ouverte sur le monde, elle prouve que l’art peut transformer et unir.

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