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La Tunisie fête l’évacuation du dernier soldat français | Au nom du Père ! 

Chaque 15 octobre, la Tunisie célèbre le départ du dernier soldat français. Mais au fond, qu’a-t-on vraiment évacué ? Les corps sont partis, oui. Mais les symboles, eux, sont restés. Car l’indépendance politique ne suffit pas lorsqu’elle ne s’accompagne pas d’une indépendance psychique et symbolique. (Ph. Jeune Afrique).

Manel Albouchi *

Nous avons hérité d’un État moderne, sans acquérir une conscience moderne. Des institutions rationnelles, sans le travail d’introjection nécessaire pour les habiter. Nous avons adopté la forme, sans toujours en intégrer le sens. 

Le colonialisme a profondément marqué notre psyché collective. Il a d’abord instauré une dépendance à une autorité extérieure, puis laissé un vide symbolique lors de son retrait. 

Le père fondateur et la dette symbolique 

Depuis Habib Bourguiba, notre père fondateur, la Tunisie vit dans une relation ambivalente à l’autorité. Le père a protégé, éduqué, éclairé — mais aussi infantilisé. 

L’État s’est bâti sur un modèle vertical, patriarcal, où la parole descendait d’en haut et la reconnaissance remontait d’en bas. Et quand ce père est tombé, le peuple s’est retrouvé orphelin symbolique : la liberté est venue, mais avec elle, l’angoisse. Cette angoisse n’est pas qu’émotive, elle est psychopolitique. Elle s’exprime dans nos institutions fragiles, nos colères sans objet, nos dépendances sociales, notre difficulté à croire en l’avenir. 

Aujourd’hui, plus d’un tiers des Tunisiens présentent des symptômes anxieux ou dépressifs. L’instabilité politique, la perte de repères symboliques et l’incertitude économique forment une boucle anxiogène : plus la Loi chancelle, plus le psychisme collectif se délite. 

Nous parlons d’indépendance, mais que signifie être libre quand le cadre symbolique reste celui du père autoritaire ? 

Depuis Bourguiba, le pouvoir s’est transmis comme une paternité blessée : Ben Ali, le père paranoïaque ; Kaïs Saïed, le père professoral ; entre les deux, des fils égarés cherchant une figure protectrice. 

Chaque «assassinat» politique, chaque remaniement précipité, chaque discours contradictoire agit comme un traumatisme symbolique. Ce n’est pas seulement la perte d’un chef, c’est la perte du cadre invisible qui permet de croire que demain sera possible. 

La nostalgie du Père — qu’il s’appelle Bourguiba ou autrement — n’est pas simple attachement politique : c’est une tentative psychique de combler la béance symbolique. Mais toute réparation fondée sur une personne, et non sur une Loi intériorisée, demeure fragile. Et si la vraie maturité consistait non pas à tuer le Père, mais à partager sa fonction symbolique — à faire de la Loi un bien commun ? 

Anatomie d’une fragmentation 

La Tunisie est un corps. Ses régions sont des organes, ses citoyens des cellules, la Loi son système nerveux. Quand la circulation symbolique s’interrompt, comme depuis quelque temps à Gabès, les organes s’isolent, les cellules s’épuisent, et le corps tombe malade. 

Le régionalisme est une inflammation. Chaque organe réclame sa part de sang, sa reconnaissance. Le Nord garde la mémoire, le Sud réclame justice, le Sahel bat trop fort, le Centre respire à peine. Le cœur — l’État — bat encore, mais sans rythme commun. 

Dans cette confusion, les cellules s’épuisent : colère, méfiance, fuite, migration. La société de performance s’est engouffrée dans ce vide. Elle court, compare, classe, étouffe. 

Chacun veut être la cellule la plus brillante, quitte à oublier le corps qu’il habite. Mais un organe qui se croit autonome finit par dépérir. Une société qui se mesure sans s’unir finit par se dissoudre. 

La démocratie ne devrait pas être un régime de compétition, mais une physiologie du lien, où chaque membre contribue à la vitalité du tout, et chaque citoyen devient cellule consciente. 

Le Nom-du-Père collectif 

Le Nom-du-Père, selon Lacan, n’est pas un homme mais une fonction : celle qui donne sens, Loi et limite. Lorsqu’elle est incarnée par un seul individu, elle se fige. Lorsqu’elle est partagée, elle devient vivante. La Tunisie a besoin d’un Nom-du-Père collectif: une autorité claire, contenante, légitime — un État qui relie, non qui domine. Des institutions qui ne surveillent pas, mais transmettent. Une Loi vécue comme un soin, non comme une sanction. 

Cette refondation doit commencer dans l’école, en cessant de confondre mémoire et pensée. Dans la famille, en réhabilitant la parole du père sans écraser celle de la mère. Et dans la société, en apprenant à être non pas obéissants, mais responsables. 

La stabilité politique n’est pas qu’une affaire d’institutions : c’est une forme de santé mentale collective. Une société qui reconnaît ses blessures devient capable de créer. À l’inverse, une nation qui refoule son histoire répète ses traumatismes. 

La menace de la Machine 

Gouverner, c’est voir. Michel Foucault l’a montré : le pouvoir commence par un regard. 

En 2005, à Tunis, le Sommet mondial de la société de l’information célébrait l’ère numérique. Sous les slogans de transparence et de progrès, une autre forme de pouvoir s’installait : le Surmoi technologique. Le Père ne parlait plus — il calculait et le panoptique devenait intime. C’est là que se rejoue le cauchemar qu’Orwell avait pressenti dans son roman ‘‘1984’’. Non pas la tyrannie du bâton, mais celle de la transparence absolue. Non plus «Big Brother», mais «Every Brother» : chacun devenant l’œil de l’autre, surveillant par amour, partageant par réflexe, trahissant par fatigue. 

Le totalitarisme n’a plus besoin de murs ni de prisons : il se déploie dans la promesse de connexion et le confort de la prévision. Orwell l’avait compris : le contrôle le plus efficace n’est pas celui qu’on subit, mais celui qu’on finit par désirer. 

Nous avons troqué la peur du Père contre la sécurité de la Machine. Le pouvoir ne punit plus : il suggère. Il ne censure plus : il optimise. Et c’est ainsi qu’il devient total — parce qu’il se croit bienveillant. 

Le regard humain, saturé d’écran, risque d’oublier ce qu’il voit. Et si, derrière le code, se cachait le même vieux Père — désincarné, mais toujours présent — celui qui veut notre bien au point de nous priver du mystère ? 

L’évacuation intérieure 

Le 15 octobre 1963, les troupes françaises quittaient Bizerte. Le 15 octobre 2025, il reste à évacuer la peur de penser par nous-mêmes. L’indépendance politique fut une victoire du corps. L’indépendance symbolique sera une victoire de l’esprit. 

Le 15 octobre ne devrait pas seulement commémorer le départ d’une armée, mais l’évacuation du père intérieur, celui qui habite encore nos institutions, nos écoles, nos familles. Ce jour-là, nous pourrons dire que l’évacuation a eu lieu — non pas seulement dans les ports, mais dans nos inconscients. 

La Tunisie ne cherche pas un nouveau Père. Elle cherche un regard partagé, où la Loi n’est plus imposée mais comprise, où la liberté n’est plus réclamée mais vécue. 

Nous avons libéré la terre. Il nous reste à libérer le regard. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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Nora Gharyeni | La voix amazighe qui fait vibrer les mémoires et les corps

Dans la pénombre d’une scène, une guitare s’accorde lentement. Le silence se charge d’attente. Puis une note s’élève — fragile, sincère — bientôt rejointe par une voix qui emplit l’espace. Claire, puissante, enveloppante, la voix de Nora Gharyeni se déploie comme un souffle ancien. En tamazight, en arabe tunisien, parfois en anglais, elle chante les histoires de son peuple, les luttes de sa génération et les rêves d’un monde plus conscient. Chaque mot tisse un pont entre passé et présent, entre mémoire intime et mémoire collective.

Djamal Guettala 

Née à Sfax dans une famille profondément artistique — un père DJ, une mère peintre et musicienne, un frère guitariste — Nora a grandi entourée de sons et de lumières. Les riffs du rock, les pulsations du disco, les guitares du blues et les envolées du métal se mêlent aux sonorités de la musique folklorique tunisienne, aux rythmes du mezoued et aux émotions du raï. Ces influences ont façonné une oreille curieuse, un esprit libre et une identité musicale plurielle. Très tôt, elle comprend que la musique n’est pas seulement un art, mais un langage universel, un refuge et un outil de transmission.

C’est en renouant avec ses racines amazighes qu’elle trouve sa véritable voie : celle d’une artiste qui dialogue avec la modernité tout en honorant l’héritage ancestral. ‘‘Takrust’’ («Le nœud», 2020) marque cette renaissance, tissant les nœuds de l’histoire et de la marginalisation linguistique tout en célébrant la parole retrouvée. Suivent ‘‘Soul of North Africa’’ (2021), pont musical entre les cultures du Maghreb, et ‘‘Tayri d’Afra’’ (Love & Peace, 2023), voyage poétique au cœur de la nature et de l’humanité.

Mélodies ancestrales et arrangements contemporains

À travers ces œuvres, Nora compose un univers où mélodies ancestrales et arrangements contemporains dialoguent avec la mémoire. Chaque chanson devient une prière pour la paix, la dignité et la diversité. Mais elle n’est pas seulement musicienne : psychologue, enseignante, activiste et danseuse, elle considère l’art comme un outil de transformation sociale, capable de sensibiliser, de guérir et de rapprocher les individus. Sur scène, elle crée des espaces de partage où le public devient partenaire de l’expérience artistique. «Chanter, c’est guérir», dit-elle, et sa présence scénique en témoigne : authentique, sensible, magnétique.

La danse occupe une place essentielle dans son langage artistique. Qu’il s’agisse du folklore tunisien, de la salsa ou de la danse contemporaine, elle intègre le mouvement à ses performances. Sur scène, elle danse ses émotions, prolongeant la mélodie par un pas, une ondulation, comme si chaque note trouvait un écho dans le geste. La musique devient une expérience totale où voix, danse et silence dialoguent en harmonie.

Son parcours est international. De Batna en Algérie à Viljandi en Estonie, de la Suède à la Suisse, en passant par le Maroc, les Canaries, la Turquie et l’Italie, elle fait vibrer des scènes qui deviennent des carrefours culturels. Ces voyages façonnent une artiste du monde, tout en la maintenant profondément enracinée dans sa terre et sa langue.

Son projet musical incarne sa vision : fusion entre mémoire et innovation, tradition orale et création contemporaine. À travers ses compositions, elle élève la voix d’une communauté souvent marginalisée, célèbre la langue tamazight et transmet des messages universels de diversité et de réflexion sociale.

Quête de sens et de reconnexion à soi

En 2026, ‘‘Timeless Wisdom’’, son nouvel EP, racontera l’histoire d’un être humain égaré dans la frénésie du monde moderne, en quête de sens et de reconnexion à soi, guidé par la sagesse des symboles amazighs et les forces naturelles. Chaque chanson sera une étape de transformation, une métaphore du retour à l’essentiel. Nora Gharyeni est bien plus qu’une artiste : elle est passeuse de mémoires et d’émotions, femme qui chante pour relier, guérir et rappeler que la culture est vivante. Dans un monde fragmenté, elle oppose la lenteur du geste, la sincérité du verbe et la chaleur du partage. Ancrée dans la mémoire et ouverte sur le monde, elle prouve que l’art peut transformer et unir.

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La politique étrangère des États-Unis, entre rupture et continuité

Jamais la politique étrangère des États-Unis n’a suscité autant de controverses, de critiques et d’incompréhensions que durant les mandats du président républicain Donald Trump. Même les alliés les plus solides des États-Unis se sont retrouvés déconcertés par les décisions parfois belliqueuses et imprévisibles de son administration. Du rapprochement avec la Corée du Nord, aux gestes d’amitié envers la Russie sur le dossier ukrainien – en rupture avec les positions de l’Otan – jusqu’aux mesures de rétorsion contre certains partenaires commerciaux historiques, la politique étrangère américaine semble osciller entre rupture et continuité.

Noureddine Horchani *

Au  milieu de cette confusion et face à l’imprévisible, notre article se propose de déceler un fil conducteur permettant de trouver de la cohérence entre des décisions de politique étrangère, en apparence contradictoires. Nous explorerons les fondements philosophiques, politiques et juridiques de la politique étrangère américaine afin de déterminer si les transformations apparentes traduisent un véritable changement de cap, ou simplement une adaptation conjoncturelle des mêmes principes stratégiques.

I. Les fondements philosophiques et politiques : entre le constant et le variable

En principe, la politique étrangère américaine ne devrait pas être soumise aux aléas électoraux. Les grandes puissances définissent leurs orientations stratégiques sur le long terme.

Toutefois, la personnalité du président et les circonstances historiques peuvent influencer la mise en œuvre de cette politique sans en modifier profondément les fondements.

1- Le multilatéralisme, pilier pragmatique de la diplomatie américaine

Historiquement, les États-Unis ont toujours oscillé entre isolationnisme et multilatéralisme.

Si le discours isolationniste a souvent servi d’argument populiste, il a rarement résisté à la réalité des interdépendances internationales. Depuis George Washington jusqu’à Woodrow Wilson, l’Amérique a tenté de se tenir à l’écart des conflits européens avant de s’y engager par nécessité. Le wilsonisme, avec ses quatorze points, érigea la coopération multilatérale en principe doctrinal. Aujourd’hui encore, le slogan «America First» ne saurait masquer l’implication constante des États-Unis dans les affaires mondiales.

En fait, la politique étrangère américaine, oscillait en permanence, depuis le 5e président James Monroe en 1823, un chantre de l’isolationnisme, entre le repli isolationniste de façade et l’implication dans la coopération multilatérale. 

Les prises de positions isolationnistes adoptées aujourd’hui en général par les administrations républicaines de la Maison blanche ne s’élèvent pas au rang de politiques ou de stratégies mais  constituent des parenthèses vite refermées.

Le retrait américain de l’Unesco en soutien à Israël ou son retrait du traité de Paris sur le climat ont été annulés aussitôt les démocrates revenus au pouvoir.

En fait les présidents américains qui ont le plus prêché l’isolationnisme par populisme ont été les plus interventionnistes.

2. Entre illusion isolationniste et fatalité interventionniste

Les tensions entre unilatéralisme et multilatéralisme traversent toute l’histoire américaine.

Même lorsque certaines administrations républicaines affichent une hostilité envers les organisations internationales comme l’Onu, l’OMS ou l’Unesco, il ne s’agit souvent que de stratégies de pression visant à imposer la ligne américaine.

En réalité, le multilatéralisme demeure la règle, l’unilatéralisme n’étant qu’une exception opportuniste. Comme le soutient si bien Bertrand Badie : «Le multilatéralisme constitue, pour le puissant aussi, la seule stratégie sensée dans un monde interdépendant».

3. Le conflit israélo-palestinien : entre réalisme et légalité internationale

Le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël constitue une constante stratégique.

Cependant, la guerre à Gaza et la réaction mondiale qui s’en est suivie ont amorcé une inflexion perceptible dans l’opinion publique américaine, y compris au sein du Parti démocrate.

Ce changement progressif pourrait, à terme, ouvrir la voie à une approche plus équilibrée de la politique américaine au Proche-Orient.

Attachée au réalisme nonobstant la couleur politique de ses artisans, la politique étrangère des États Unis ne saurait à terme ignorer l’émergence d’un mouvement universel pro palestinien qui nous rappelle mais en plus grande dimension, le mouvement de la jeunesse révoltée porteuse de nouvelles valeurs des sixtes dans le monde et de Mai 68 en France.

II. Le containment, une stratégie réaliste à toute épreuve

La stratégie du containment ou endiguement est  un autre fondement sur lequel repose la politique étrangère US. Elle a été conceptualisée par George Kennan puis théorisée par Kenneth Waltz.

Le containment est défini comme l’ensemble de mesures à caractère politique économique, culturelle et militaires, le cas échéant par pays interposés, appliquées à l’encontre d’une puissance hostile. Ce principe vise à contenir l’expansion d’une puissance rivale tout en maintenant l’équilibre des forces. Elle a guidé la politique étrangère américaine durant la guerre froide et continue d’influencer ses rapports avec la Russie et la Chine. Le succès du containment dans la chute de l’URSS illustre la pertinence durable de cette approche pragmatique. Mais le succès des stratégies américaines de politique étrangère n’auraient jamais pu se réaliser sans un socle juridique et constitutionnel les encadrant scrupuleusement.

III. Les fondements constitutionnels et institutionnels de la politique étrangère américaine

La Constitution américaine répartit les compétences en matière de politique étrangère entre le président et le Congrès, selon le principe du check and balance. Le Congrès dispose du pouvoir de déclarer la guerre, de ratifier les traités et de contrôler le budget, tandis que le président conduit la diplomatie au quotidien. En pratique, les circonstances exceptionnelles – guerres, crises internationales, attaques terroristes – ont souvent renforcé l’autorité de l’exécutif au détriment du législatif.

Les élites politiques américaines ont admis depuis des décennies, un relatif dépassement de  l’esprit constitutionnel équilibriste et accordent dans certaines circonstances, au président ,confronté à l’urgence de l’actualité, une liberté de manœuvre qui ne tranche qu’en apparence avec l’orthodoxie constitutionnelle.

Pourtant  malgré la montée en puissance de la personnalité du président Trump, à tout moment le Congres peut récupérer son leadership sur la politique étrangère en mobilisant les mécanismes constitutionnels que lui offre le texte constitutionnel et la pratique notamment le contrôle de l’allocation du budget fédéral.

Aujourd’hui encore le Sénat refuse de valider le budget 2026 proposé par l’exécutif à quelques jours de la fin de l’échéance de validation provoquant un shutdown (paralysie de l’administration fédérale privée de fonds financiers) que seuls les citoyens américains comprennent.

Conclusion

L’analyse de la politique étrangère américaine montre que, malgré les discours populistes et les ruptures apparentes, ses fondements demeurent remarquablement stables. Le réalisme, plus que l’idéalisme, guide l’action des États-Unis. L’alternance entre démocrates et républicains modifie les styles, non les principes. Dans un monde interdépendant, le multilatéralisme reste un passage obligé, même pour la première puissance mondiale. Ainsi, la politique étrangère américaine oscille entre la recherche d’efficacité stratégique et la volonté de préserver son leadership global – une continuité sous des apparences de rupture.

Paradoxalement la gestion atypique  de la politique étrangère par l’administration Trump, aussi chaotique et imprévisible soit elle, reposant sur la force brute, arrive à débloquer des situations complexes  comme on l’a vu avec le plan Trump à propos du dossier de Gaza.

Ces «succès» tranchent avec l’inertie , les échecs et la stérilité des prédécesseurs du président Trump même si on est bien loin avec le plan Trump de tenir compte des droits inaliénables des palestiniens du fait que  l’alignement à l’entité sioniste demeure une donnée stratégique.

Assistons nous aujourd’hui  au triomphe de la philosophie du chaos «productif» chère aux néoconservateurs au pouvoir aujourd’hui aux USA et qui se démarque des politiques conformistes, conventionnelles et plus prévisibles qui ont caractérisé les précédentes administrations américaines  ?

* Enseignant universitaire en science politique. Ancien cadre de banque.

Références bibliographiques :

1. Waltz, Kenneth. Man, the State, and War: A Theoretical Analysis. 2001 edition,

New York, Columbia University Press.

2. Badie, Bertrand. L’impuissance de la puissance: essai sur les nouvelles relations

internationales. CERI – Centre de recherches internationales.

3. Parmentier, Guillaume. “Politique étrangère et politique intérieure aux Etats-Unis : Revue Politique Étrangère.

4.Gilles Vandal: Rev: Perspective Monde ‘ “La politique du chaos du président Trump”.

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Initiative pour renforcer la résilience de l’archipel de Kerkennah

Promouvoir un développement urbain local durable, résilient et inclusif à travers l’innovation sociale et la valorisation du capital naturel, culturel et humain de l’archipel de Kerkennah. Tel est l’intitulé d’un accord signé à Tunis lundi 13 octobre 2025.

L’archipel de Kerkennah constitue une zone sensible, un «hotspot», non seulement en Tunisie mais également dans toute la région de la Méditerranée. Il fait partie des zones les plus affectées par les impacts des changements climatiques.

Cet archipel, riche par ses caractéristiques naturelles variées et sa biodiversité terrestre et marine, subit aujourd’hui d’importantes et graves perturbations climatiques susceptibles de menacer ces atouts précieux. Cette situation se répercute négativement sur la vie des habitants, tant sur le plan économique que social.

Il devient dès lors indispensable pour tous les acteurs locaux, en particulier les résidents de l’île, d’adopter de nouveaux comportements tenant compte de ces risques émergents, afin de renforcer l’adaptation et la résilience face aux changements climatiques.

Ce partenariat entre Onu-Habitat Tunisie et la Fédération tunisienne de l’environnement et du développement (FTED) est le fruit d’une collaboration initiée dans le cadre du projet «Résilience climatique et inclusion à Kerkennah», intitulé Soumoud, et mis en œuvre par Onu-Habitat Tunisie avec le soutien de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid).

L’initiative vise à renforcer la résilience des communautés face aux effets du changement climatique, à travers des actions concrètes basées sur la nature et co-construites avec les habitants. La signature du protocole d’accord marque une étape structurante, en réunissant des partenaires publics, privés et associatifs engagés dans le développement urbain durable du territoire, dans le cadre de la mise en œuvre de l’ODD 11 pour la Tunisie.

L’approche adoptée repose sur la création de synergies entre les acteurs locaux, les institutions publiques, la société civile et le secteur privé, avec une attention particulière portée à l’inclusion des groupes les plus vulnérables, notamment les femmes, les jeunes, les personnes migrantes et les pêcheurs traditionnels. Ensemble, les partenaires ambitionnent de faire de Kerkennah un laboratoire d’innovation territoriale, capable d’inspirer d’autres villes et îles de la Méditerranée.

I. B. (avec communiqué).

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Succès populaire de la 2e Ooredoo Padel Cup Samsung 2025

La deuxième édition de la Ooredoo Padel Cup Samsung s’est achevée de la meilleure façon le 12 octobre 2025 à Padel Connection, après neuf jours de compétition intense qui ont confirmé la montée en puissance de ce sport émergeant en Tunisie et dans le monde.

Ouvert le 4 octobre, le tournoi a réuni près de 1 000 participants, dont plusieurs joueurs internationaux, établissant de nouvelles références en matière de participation, de dotation et d’impact social.

Placée sous l’égide de la Fédération tunisienne de tennis (FTT), cette édition représentait la 25ᵉ étape du circuit fédéral national de padel et comprenait plusieurs catégories allant de P50 à P2000, ainsi que des catégories dédiées aux jeunes – U14 et U16 – pour encourager la nouvelle génération de talents.

L’événement a battu tous les records nationaux en proposant la plus importante dotation jamais attribuée dans un tournoi de Padel en Tunisie, soit 35 000 dinars tunisiens, attirant une élite d’athlètes et contribuant à professionnaliser davantage ce sport en pleine expansion.

Au-delà de la performance sportive, le tournoi s’est distingué par son engagement social et solidaire. Près de 28 000 dinars tunisiens issus des frais d’inscription ont été reversés à l’association Atamcs, dans le cadre du programme de responsabilité sociale d’entreprise de Ooredoo, Tounes T3ich, qui soutient des projets liés à la santé, à l’éducation et à la cohésion sociale dans tout le pays.

Cette édition a également coïncidé avec le mois d’Octobre Rose, période consacrée à la sensibilisation au cancer du sein, une cause à laquelle Ooredoo accorde une attention particulière dans le cadre de son engagement pour la santé des femmes.

À cette occasion, Mansoor Rashid Al-Khater, Ceo de Ooredoo Tunisie, a déclaré : «Ooredoo Padel Cup Samsung 2025 représente bien plus qu’une simple compétition sportive. Elle incarne notre vision d’une société solidaire, dynamique et tournée vers l’avenir. Cet événement a permis de rassembler athlètes, passionnés et citoyens autour de valeurs communes, tout en soutenant concrètement les plus vulnérables grâce à notre programme Tounes T3ich. Nous sommes extrêmement fiers de cette réussite et poursuivrons nos investissements dans des initiatives qui inspirent et renforcent la société tunisienne.»

Grâce à une «Prize Money» record et à la forte participation qu’elle a suscitée, cette édition a contribué à renforcer la position de la Tunisie sur la scène sportive régionale et à attirer un large intérêt médiatique, ouvrant la voie à de futurs événements d’envergure.

Le tournoi Ooredoo Padel Cup Samsung 2025, a couronné les champions suivants :

• Catégorie P2000 Hommes : Mehdi Elloumi et Janvier Redondo ;

• Catégorie P2000 Femmes : Dorra Chemli et Arianda Canellas.

Alors que la pratique du padel connaît une croissance spectaculaire en Tunisie et à travers le monde, Ooredoo confirme son rôle moteur dans la promotion de cette discipline, le développement des talents locaux et la valorisation d’un mode de vie sain et actif. En conjuguant excellence sportive et responsabilité sociale, cette édition illustre l’engagement durable de Ooredoo en faveur du sport, de la jeunesse et du progrès social en Tunisie.

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Le grand absent de Charm El-Cheikh

Lundi 13 octobre 2025, à Charm El-Cheikh, en Égypte, une vingtaine de chefs d’État étaient réunis sous les projecteurs du monde entier. Les caméras fixaient leurs visages, les micros guettaient leurs paroles, les discours parlaient de paix, d’équilibre et d’avenir. Et pourtant, sur cette scène saturée de puissances, un absent régnait en maître. Il n’était pas là — et cependant, il était partout. Dans l’air que chacun respirait, dans les regards échangés, dans les silences lourds de prudence. Son ombre s’étendait d’un bout à l’autre de la tribune, occupant l’espace tout entier, au point d’établir, à lui seul, un équilibre face aux vingt présences officielles. C’est le peuple palestinien.

Khemais Gharbi *

Il y avait certes Mahmoud Abbas, le fantomatique président de l’Autorité palestinienne, mais il ne représente plus aujourd’hui que lui-même et une poignée de carriéristes corrompus méprisés par l’écrasante majorité des Palestiniens. Et ce sont ces derniers qui étaient au cœur des conversations à Sharm El-Cheikh, dans les arrière-pensées, dans les calculs comme dans les hésitations.

Invisible, mais omniprésent, le peuple palestinien pesait autant que tous les dirigeants réunis, car c’est autour de lui, de sa cause, de son nom — ou de son silence — que tout gravitait.

Ce géant invisible avait convoqué les puissants sans envoyer d’invitation. Il les avait forcés à se rassembler autour de son absence, à reconnaître, malgré eux, qu’il demeurait — encore et toujours — le centre du monde tant que ses droits ne sont pas rétablis.

Une présence éclatante

C’est un fait rarissime : le monde a été convoqué par un absent, dont la présence est si éclatante qu’aucun protocole n’a pu la contenir.

Il planait au-dessus d’eux comme une conscience, comme une lumière qu’on ne peut éteindre. Il habitait leurs mots, leurs silences, leurs regards fuyants.

Son sacrifice force l’admiration du monde entier. Depuis des décennies, il endure l’injustice, la faim, le siège et les bombardements, sans jamais renoncer à la terre qu’il aime, ni aux valeurs qu’il incarne.

Sa résistance n’est pas seulement celle des armes, mais celle d’un peuple entier qui refuse de plier, qui se relève toujours, qui transforme la douleur en courage. 

Chaque maison détruite devient serment, chaque deuil devient drapeau, chaque enfant, promesse de survie. Il affronte l’impossible avec la même détermination que les grands peuples de l’Histoire, et son sang versé ne réclame ni vengeance ni oubli — mais justice et liberté.

C’est cette fidélité obstinée à la dignité humaine qui fait de lui un symbole universel, redouté par ceux qui tuent, respecté par ceux qui espèrent.

Hier, le monde a célébré, sans le dire, la puissance silencieuse d’un peuple qu’on croyait effacé — et qui, par sa seule endurance, a contraint les puissants à s’incliner devant son ombre.

Son image plane déjà sur ces lignes, comme elle planait hier sur la scène de Charm El-Cheikh.

Un nouveau leadership palestinien

Mais que nul n’en doute : le grand absent, c’était la résistance palestinienne — présente dans chaque conscience, immense dans son silence, victorieuse dans son absence.

Un analyste politique expliquerait cette absence par la difficulté de trouver aujourd’hui un représentant légitime du peuple palestinien, qui soit acceptable sur les plans intérieur et extérieur. Le Hamas comme l’OLP et l’Autorité palestinienne installée à Ramallah ayant perdu toute crédibilité aux yeux des Palestiniens eux-mêmes, il va peut-être falloir œuvrer aujourd’hui pour l’avènement d’un nouveau leadership légitime, capable d’unifier les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie autour d’un projet national qui conjugue libération et paix, résistance intérieure et reconnaissance extérieure, et ce dans le cadre d’une solution à deux Etats, seule issue raisonnable et encore possible au conflit israélo-palestinienne qui dure depuis 1948.     

* Ecrivain et traducteur.  

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Soudan | Des mercenaires colombiens forment des enfants-soldats

Selon une enquête du journal britannique The Guardian, des centaines de mercenaires colombiens sont impliqués dans la guerre en cours au Soudan, combattant aux côtés des Forces de soutien rapide dirigés par Mohamed Hamdan Dogolo dans le cadre de la guerre civile qui les oppose à l’armée soudanaise. Ces mercenaires entraînent aussi des enfants soudanais au combat, dans l’un des épisodes les plus tragiques de cet interminable conflit depuis son déclenchement il y a plus de deux ans.

Imed Bahri

Le Guardian rapporte que des photographies de ces enfants soldats ont été prises dans le camp de Zamzam, le plus grand où sont parqués les déplacés du Soudan.

L’un des mercenaires colombiens, utilisant le pseudonyme de Carlos, a déclaré s’être rendu au Soudan début 2025 après avoir signé un contrat mensuel de 2 600 dollars par l’intermédiaire d’agents de sécurité soupçonnés d’être liés à un pays de la région.

Après une série de voyages à travers l’Europe, l’Éthiopie et la Somalie, il est arrivé à Nyala, capitale de l’État du Darfour-Sud, devenue une plaque tournante pour les mercenaires colombiens travaillant pour les Forces de soutien rapide.

«La guerre, c’est du business»

«La guerre, c’est du business», déclare Carlos, ajoutant que la première mission des mercenaires colombiens consiste à former des recrues soudanaises dont la plupart étaient des enfants qui n’avaient jamais porté d’armes auparavant. Il  ajoute : «Nous leur avons appris à utiliser des fusils, des mitrailleuses et des lance-roquettes avant de les envoyer au front. Nous les avons entraînés à mourir».

Comble du cynisme, il décrit l’expérience comme horrible et folle tout en précisant: «Malheureusement, c’est la guerre!». Le Colombien participe à une entreprise criminelle mais fait semblant de déplorer la situation ! 

Selon l’enquête du journal britannique, l’unité militaire à laquelle Carlos était affecté a finalement été envoyée dans la ville assiégée d’El- Fasher, décrit comme le pire champ de bataille du Soudan et le dernier grand bastion militaire dans la région du Darfour occidental. 

Aucune aide humanitaire n’est parvenue à El- Fasher, capitale de l’État du Darfour-Nord, depuis près de 18 mois, tandis que les Nations Unies confirment que des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions de quasi-famine, les enfants se nourrissant de criquets et de fourrage pour survivre.

La pire crise humanitaire au monde

Cela s’inscrit dans le contexte d’une guerre qui a coûté la vie à quelque 150 000 personnes et contraint 13 millions de personnes à fuir, dans ce qui est décrit comme la pire crise humanitaire et de déplacement au monde.

Carlos, qui a quitté le service militaire de son pays il y a plus de cinq ans, a partagé des photos et des vidéos avec le Guardian et le journal colombien La Silla Vacia, montrant des mercenaires colombiens entraînant des recrues soudanaises ou sur des positions de combat au Darfour.

Une image montre des adolescents tenant des fusils et souriant à la caméra, tandis que d’autres images montrent des tirs nourris dans des quartiers détruits d’El-Fasher, avec des mercenaires parlant en espagnol de leurs camarades blessés.

Le président colombien Gustavo Petro a décrit le phénomène du mercenariat comme «un commerce qui transforme les hommes en marchandises pour tuer», s’engageant à l’interdire. Il a toutefois reconnu que les conditions économiques et sociales des soldats retraités les rendent vulnérables aux tentations financières.

L’armée colombienne contraint ses soldats professionnels à prendre leur retraite vers 40 ans, avec de maigres pensions et des opportunités de développement professionnel limitées, les poussant à rejoindre des sociétés de sécurité privées.

Elizabeth Dickinson, analyste principale pour la Colombie à l’International Crisis Group, confirme que ces entreprises ne se limitent plus aux retraités, elles recrutent désormais des soldats encore en activité dans les zones pauvres, leur offrant des milliers de dollars par mois via des applications comme WhatsApp.

Le Guardian attribue le phénomène du mercenariat au long conflit interne en Colombie qui a laissé un excédent de combattants expérimentés dont beaucoup ont été formés par l’armée américaine. Ce pays d’Amérique du Sud est l’un des plus grands exportateurs de mercenaires.

Selon le Guardian, Carlos a récemment quitté le Soudan en raison de problèmes de salaire, affirmant que 30 de ses collègues étaient partis avec lui mais en même temps, des avions arrivaient avec de nouveaux mercenaires pour les remplacer.  Il reconnaît toutefois que son travail de mercenaire n’est ni légal ni honorable, ajoutant: «Nous y allons pour l’argent, rien de plus».

Bien que le phénomène des mercenaires ait disparu des champs de bataille mondiaux pendant la majeure partie du XXe siècle, le journal britannique confirme qu’il a commencé à faire un retour rapide au cours du siècle actuel.

Une sombre résurgence

Sean Mavity, expert américain en mercenaires, déclare: «C’est le plus vieux métier du monde. Nous revenons à une époque proche du Moyen Âge où les riches pouvaient posséder des armées privées et se comporter comme des superpuissances». Il ajoute que le recours aux mercenaires offre aux États un «déni plausible» qui leur permet de contourner le droit international et d’échapper à la responsabilité des violations. «Lorsque des mercenaires sont capturés ou tués, ils peuvent tout simplement être désavoués», précise-t-il. 

Au cœur de cette sombre résurgence, le Soudan est aujourd’hui devenu une arène tragique où commerce et sang se croisent, où les guerres deviennent des entreprises rentables et où les enfants deviennent du carburant.

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‘‘Sangoma, le guérisseur’’ | Roman de la chute et de la transformation

Publié aux éditions Hkeyet à Tunis, ‘‘Sangoma, le guérisseur’’ a été présenté ces dernières semaines à Tunis lors d’une série de rencontres publiques, à l’Institut Français de Tunisie, à la librairie Mille Feuilles – La Marsa, puis à Al-Kitab – Mutuelleville. Autant de moments de partage intenses avec les lecteurs autour d’un livre né du croisement entre la médecine, la fatigue, le burn-out et le besoin de transformation intérieure. L’auteur de ce roman, médecin de son état, parle de son expérience avec ce premier roman.  

Dr Hichem Ben Azouz *

J’ai écrit ‘‘Sangoma’’ comme on traverse un continent. Le roman est né en Afrique du Sud dans les couloirs d’un hôpital, Entre deux patients, au contact du silence, de la mort et de l’épuisement des soignants. Puis il est devenu, page après page, une traversée initiatique de Cap Angela en Tunisie à Cape Agulhas en Afrique du Sud, les points les plus éloignés du continent africain, décrite ici comme une blessure vivante, pour raconter la chute d’un jeune médecin tunisien qui fuit son propre épuisement, son pays et cherche, au-delà du désespoir, une forme de guérison.

Ce voyage à travers l’Afrique est autant géographique qu’intérieur. Il questionne la frontière entre soigner et se soigner, entre chuter et renaître.

Soigner et se soigner, chuter et renaître

Le roman s’inscrit dans ce que Carl Gustav Jung appelait «le mythe du soignant blessé», cette idée que celui qui soigne les autres porte souvent en lui sa propre blessure, et que c’est en la traversant qu’il apprend à guérir les autres.

‘‘Sangoma’’ est un roman de la fracture, mais aussi de la transmutation. Il plonge dans la fêlure du corps médical et dans celle du monde, tout en cherchant un autre souffle qui relie et réinvente le soin quand tout semble perdu.

Le livre s’inspire de la médecine narrative (Rita Charon), de la pensée décoloniale (Frantz Fanon), et de la sagesse africaine du Ubuntu. Les tambours africains y résonnent avec le jazz de Abdullah Ibrahim. Les morts y parlent encore, comme chez Toni Morrison. Et la lumière surgit souvent au milieu des ténèbres.

«Il y a une fracture dans tout homme exilé. Mais après la chute, cette fracture peut devenir souffle. Et ce souffle, un nom qui revient.» Ce mantra traverse tout le roman. Il dit qu’il est possible de renaître de la chute, de transformer l’épuisement en lumière. À travers Slim, le médecin protagoniste, ‘‘Sangoma’’ parle de tous ceux qui tombent, soignants, artistes, exilés et qui cherchent encore à tenir debout.

Hichem Ben Azouz dédicaçant son roman.

Épuisement et fuite des médecins

Lors des rencontres à Tunis, beaucoup de médecins et de soignants présents ont évoqué, avec émotion, leur propre lassitude, leur sentiment d’être à bout de souffle dans un système de santé sous tension. Certains y ont reconnu la métaphore de leur vie quotidienne. Celle d’une vocation qui vacille entre épuisement, désenchantement et exil.

Aujourd’hui, alors que de nombreux médecins tunisiens et africains quittent leur pays, ‘‘Sangoma’’ résonne comme une parabole sur ce mal du soin. Comment continuer à soigner dans un monde qui ne soigne plus ses soignants ?

Les rencontres autour du roman ont montré que ‘‘Sangoma’’ touche un public large. Des médecins, lecteurs, étudiants, écrivains, mais aussi des personnes simplement sensibles à la fatigue du monde. Chaque échange a confirmé qu’il ne s’agit pas d’un roman médical, mais d’une quête humaine et poétique, universelle dans son désarroi et son espérance. À la librairie Mille Feuilles, les lecteurs ont parlé d’un «livre qui brûle et apaise à la fois». À Al-Kitab, un lecteur a parlé d’un «voyage intérieur et africain, d’une beauté troublante».

Plus qu’une fiction, ‘‘Sangoma, le guérisseur’’ est une invitation à repenser le soin, non comme un acte technique, mais comme une traversée du corps et du monde. C’est aussi un hommage aux soignants, aux patients, à l’Afrique, à ses langues, à ses paysages, à ses guérisseurs, et à la mémoire qu’ils portent. Et au-delà, une méditation sur la chute et la transformation personnelle, collective, spirituelle.

* Médecin, écrivain et cinéaste (Johannesburg- Tunis)

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‘‘Le défilé des guerrières’’ rend hommage au courage des femmes face au cancer du sein

Elles ont traversé l’épreuve du cancer du sein, ou sont en plein combat. Certaines ont perdu un sein, d’autres leurs cheveux, d’autres encore leurs repères. Mais toutes ont gagné une chose essentielle : une force que rien ne peut effacer.

Ce sont les «guerrières» qui défileront et parleront de leurs expériences respectives, le dimanche 19 octobre 2025 à 18h30 au Radisson Blu Tunis, lors de la 4e édition du “Défilé des guerrières”, organisé par le magazine ‘‘Femmes Maghrébines’’, dans le cadre de la 12e campagne de l’Octobre Rose.

Ce défilé-spectacle a été conçu comme une célébration de la vie, du courage et de la dignité, ce défilé met en lumière des femmes touchées par le cancer du sein qui choisissent de monter sur scène pour porter un message vital : «Le dépistage précoce sauve des vies.»

À travers la mode, la musique et la scène, “Le défilé des guerrières’’ célèbre la force, la beauté et la résilience de ces femmes inspirantes, tout en portant un message fort de solidarité et d’espoir.

Depuis 12 ans, ‘‘Femmes Maghrébines’’ s’engage dans la lutte contre le cancer du sein à travers la campagne Octobre Rose, alliant information, sensibilisation et soutien. Mais depuis quatre ans, le magazine a décidé d’aller plus loin. Pour lutter contre le désintérêt et le refus de penser à la maladie ou encore le manque de réflexes de dépistage, et il fallait donc sensibiliser autrement.

C’est ainsi qu’est né le ‘‘Défilé des guerrières’’ : un format inédit, émotionnel et impactant, où les combattantes du cancer montent sur le podium ; non pour défiler, mais pour témoigner, raconter et inspirer.

Il s’agit d’interpeller un public large, parfois silencieux, souvent concerné, mais trop souvent passif. Femmes, hommes, jeunes ou moins jeunes : personne n’est à l’abri, et tout le monde peut agir.

I. B.

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Yazid Mansouri | L’espérance est prête pour la Ligue des champions

Alors que des voix s’élèvent parmi les supporters de l’Espérance de Tunis pour douter des capacités de leur club à jouer les premiers rôles dans la Ligue des Champions de la CAF, lui prédisant même une élimination prématurée de la compétition, le directeur sportif du club Sang et Or, Yazid Mansouri, se montre plus rassurant.

L’actuel effectif du club de Bab Souika lui permet de jouer pour la Ligue des champions de la CAF, a-t-il déclaré, dans une conférence de presse, dimanche 12 octobre 2025, tout en admettant que la limitation du nombre de joueurs étrangers sur le terrain à quatre lors des matches de championnat a handicapé le club champion de Tunisie ce qui explique l’écart de performances constaté entre les compétitions locale et continentale.

Yazid Mansouri a, par ailleurs, indiqué qu’il a validé le recrutement des deux attaquants Kouceila Boualia (Algérie) et Florian Danho (France) lorsqu’il a été consulté à leur sujet.

Il a, en revanche, reconnu que les négociations avec le milieu de terrain nigérian Onuche Ogbelu, pièce maîtresse du dispositif mis en place par le coach Maher Kanzari, sont difficiles et que des efforts sont actuellement menés pour le convaincre ainsi que d’autres joueurs en fin de contrat, de rempiler.

Sur un autre plan, le directeur sportif de l’EST a fait savoir que le club a mis en place des commissions composées de techniciens pour le suivi des binationaux, des joueurs prêtés aux autres clubs, des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 ainsi que des joueurs évoluant dans les académies de plusieurs pays africains, de manière à dénicher les talents susceptibles d’enrichir l’effectif de l’équipe A.

I. B.

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Jendouba | Découverte du corps d’une femme noyée dans l’oued Dzira  

Les unités de la Protection civile ont découvert ce lundi 13 octobre 2025 le corps d’une femme native de 1969 qui avait été emportée par les eaux de l’oued Dzira, près du complexe agricole El-Koudia, dans la délégation de Bousalem, gouvernorat de Jendouba.  

Le corps a été découvert à proximité d’un chantier pour l’installation d’un ouvrage hydraulique, précise la Protection civile qui s’est fait aider dans ses recherches par des gardes forestiers et des volontaires parmi les habitants du douar Essaqi, à El-Koudia, qui ont retrouvé le corps de la victime dans le lit de la rivière.

La victime avait tenté de sauver ses quatre brebis qui risquaient d’être emportées par les eaux de la rivière lorsqu’elle a subi elle-même le même sort.

La rivière était houleuse après les fortes pluies tombées dimanche soir dans la région et qui ont causé des inondations dans la délégation de Thibar, située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Béja.

I. B.

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La Tunisie achète 100 000 tonnes de blé tendre   

L’Office des céréales de Tunisie a lancé, Le 10 septembre 2025, un appel d’offres pour l’achat de 100 000 tonnes de blé tendre toutes origines, qui ont été achetées à Bunge au prix de 254,58 dollars la tonne, au comptant et avec transport, rapporte ce lundi 13 octobre le site spécialisé Ukragroconsult.

Bunge a présenté l’offre la moins-disante. D’autres soumissionnaires ont fait des offres plus élevées : Ameropa à 259,85 dollars; Casillo à 259,97 dollars ; et d’autres encore à plus de 260 dollars.

Selon les termes de l’appel d’offres, les expéditions se dérouleront en quatre lots de 25 000 tonnes, du 5 novembre au 15 décembre, selon l’origine.

I. B.

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Pollution à Gabès | Pas encore de solution en vue

Des militants tunisiens ont appelé dimanche 12 octobre 2025 à la fermeture des installations de l’usine du Groupe chimique tunisien (GCT) à Gabès, dans le sud-est de la Tunisie, suite aux protestations massives provoquées dans la région par les dizaines de cas d’intoxication par les gaz toxiques rejetés dans l’air par l’usine d’engrais appartenant à l’Etat. Mais l’Etat n’a pas encore expliqué ce qu’il compte apporter comme solution à ce problème qui préoccupe désormais tous les Tunisiens.   

Latif Belhedi

Dans une pétition, 25 associations, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), ont appelé au «démantèlement des unités polluantes et à la mise en place d’un modèle de développement régional alternatif pour ralentir la pollution et la mortalité», par allusion aux atteintes cancéreuses, respiratoires et autres dont souffrent les riverains de l’usine.

La pétition évoque les «cas d’asphyxie chez 69 enfants et élèves et quatre femmes» dans le quartier de Chatt Essalem à Gabès, suite à «des fuites de gaz toxiques mortels provenant du GCT, dont les émissions se sont intensifiées depuis début septembre».

Vendredi et samedi, des centaines d’habitants se sont rassemblés près de l’usine du GCT pour protester contre ses émissions polluantes, après la diffusion de vidéos montrant des enfants en détresse respiratoire dans une école locale.

Des revendications légitimes

Il s’agissait de «manifestations pacifiques», a déclaré à l’AFP Khayreddine Debaya, militant de longue date du collectif Stop Pollution à Gabès. Il a expliqué qu’il y avait eu des «affrontements jusqu’à minuit» après que «la police a dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène». Des routes ont été bloquées et des individus ont tenté d’incendier une partie du bâtiment du GCT, selon les médias locaux.

Le conseil local de Gabès a déclaré dimanche soutenir les revendications «légitimes» des manifestants et a appelé au «démantèlement des usines chimiques polluantes», tout en critiquant les «actes de vandalisme et de violence», par allusion à l’incendie survenu dans le siège régional du GCT dans la nuit du samedi et dimanche et qui, selon toute vraisemblance, a été provoqué par des citoyens en colère.

Le président tunisien, Kaïs Saied, a annoncé samedi l’envoi d’une équipe d’urgence des ministères de l’Industrie et de l’Environnement pour suivre de près la situation et prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation.

Debaya a critiqué la décision du président, affirmant qu’il était temps de «prendre des décisions, et non d’envoyer des commissions».

Les mines de phosphate sont la principale ressource naturelle de la Tunisie, mais depuis des années, les militants alertent sur la pollution causée par le GCT, qui déverse ses déchets gazeux et solides directement dans l’environnement.

Les autorités sont tiraillées entre leurs efforts pour développer ce secteur stratégique et leur promesse de 2017 de fermer progressivement l’usine de Gabès, sans faire le moindre pas en ce sens.

Le militant écologiste Firas Nasfi a affirmé ce lundi que les mouvements de protestation menés par les habitants de Gabès contre la détérioration alarmante de la situation environnementale «sont pacifiques et se poursuivront», ajoutant que l’a tentative d’incendie et de saccage du siège régional du GCT reste un «acte isolé et ne représente qu’une minorité parmi les manifestants».

Un air saturé de vapeurs chimiques

Intervenant sur les ondes de Jawhara FM, Firas Nasfi a insisté sur la gravité de la pollution causée par les unités industrielles du complexe chimique, tout en soutenant les revendications des habitants qui exigent l’arrêt immédiat des unités polluantes et leur démantèlement.

L’activiste a évoqué la situation dramatique des habitants du quartier Chatt Essalem, qui vivent quotidiennement dans un air saturé de vapeurs chimiques, les empêchant de respirer un air pur. «Les équipements du complexe sont obsolètes, en fin de vie, et ne peuvent plus empêcher les fuites de gaz toxiques», a-t-il déploré, tout en dénonçant l’absence totale des autorités locales et régionales, puisqu’aucune visite officielle n’a été enregistrée jusque-là pour constater l’ampleur de la crise et proposer des solutions concrètes.

Avec agences.

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Appel au retrait de la nationalité tunisienne aux juifs tunisiens servant dans l’armée israélienne  

Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Allemagne, appelle les autorités tunisiennes à retirer la nationalité aux juifs tunisiens portant également la nationalité israélienne, et qui servent dans l’armée de l’Etat hébreu.

Dans un post Facebook publié ce lundi 13 octobre 2025, le diplomate a relevé l’acharnement violent avec lequel la majorité des Israéliens traitent les Palestiniens et cherchent à les chasser de leurs terres pour construire le Grand Israël. Il a aussi relevé une caractéristique de la société israélienne qui considère tous ses membres comme des soldats mobilisés dans des unités de combat et de réserve, constatant au passage que les soldats israéliens d’origine arabe montrent une grande sauvagerie envers les Arabes, comme lors de l’arrestation en haute mer des membres de la Global Sumud Flottilla, un convoi humanitaire visant à lever le blocus imposé par l’armée israélienne aux deux millions de Palestiniens «emprisonnés» dans la bande de Gaza et soumis depuis deux ans à des bombardements massifs.      

Face à cette situation, il est devenu urgent de «retirer la nationalité tunisienne à quiconque porte également la nationalité israélienne, qu’il soit résident en Palestine occupée ou qu’il vive dans un troisième pays en Europe ou en Amérique et se considère lui-même comme un soldat de l’entité sioniste», préconise Elyes Kasri.

«Même l’administration du président Trump a pris conscience du danger que constitue cette cinquième colonne et commence à réagir favorablement à la campagne visant à interdire la détention de plusieurs nationalités et le service militaire sous la bannière d’un Etat étranger», a aussi expliqué le diplomate. Et d’ajouter : «Cette mesure souveraine n’a rien à voir avec la suspicion d’antisémitisme car elle préserve la souveraineté nationale et lui évite toute infiltration et exploitation criminelle, surtout lorsque celle-ci atteint le niveau de crimes de guerre et contre l’humanité».  

I. B.

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‘‘Mémoire de la main’’ | Exposition de sculptures à TGM Gallery

TGM Gallery, à La Marsa, propose aux amateurs de la sculpture sur divers supports une exposition collective intitulée ‘‘Mémoire de la main’’ qui sera ouverte au public du 18 octobre au 30 novembre 2025.

L’exposition réunira des œuvres de célèbres artistes ayant manqué le développement de la sculpture en Tunisie depuis les pionniers dans les années 1960-1970, tels Hedi Selmi et Hechmi Marzouk, mais aussi, leurs continuateurs qui ont poussé cet art et ses techniques dans de nouvelles voies, tels Sahbi Chtioui, Mohamed Ghassan, Mohamed Bouaziz, Najet Ghrissi, Omar Bey, Noutayel Belkadhi, Rym Karoui, Majed Zalila, Seif Ben Hammad et Mehdi Cherif.

Ces artistes taillent le bois, polissent le marbre, martèlent le fer, coulent le bronze, s’inscrivant dans la tradition du plus noble des arts, la sculpture, qui honora les dieux et les rois. Ils sculptent un univers, une histoire, des mythes, des symboles et des célébrations.

«La sculpture, dans l’histoire de l’art en Tunisie, n’est pas la forme plastique la plus développée. Exigeante, elle demande des Vulcains, mais aussi des poètes, des tailleurs de force mais aussi des rêveurs», lit-on dans la présentation de l’exposition. On y lit aussi : «Les sculpteurs que nous avons réunis pour cette exposition tracent par le burin et le feu, le maillet et le ciseau, l’évolution de cet art en Tunisie. Ils ont réalisé des monuments urbains, des fresques, des bustes, balisant les cités, personnalisant les bâtiments, honorant les personnages célèbres. Leur approche est souvent différente, leur technique également. Mais à eux tous ils offrent un panorama exhaustif de cet art relativement moins connu.»

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Israël lance une campagne pour manipuler la Génération Z

Incontestablement, les jeunes incarnent la catégorie qui s’oppose le plus au génocide que perpètre Israël à Gaza depuis deux ans et ils le font vigoureusement partout dans le monde y compris aux États-Unis (pays dont le soutien est vital pour l’État hébreu) aussi bien dans les manifestations, sur les campus universitaires ou encore sur les réseaux sociaux. Soucieux de ne pas perdre la bataille de l’opinion publique et inquiet que les générations américaines montantes ne deviennent anti-israéliennes, le ministère israélien des Affaires étrangères a lancé une campagne d’envergure avec pour cible principale la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2012). Et ce dans le cadre de la «Hasbara», un terme qui renvoie aux stratégies de communication et de propagande de l’État d’Israël à destination de l’étranger.

Imed Bahri

Ynet (journal électronique relevant du journal israélien Yediot Aharonot) a révélé que le ministère israélien des Affaires étrangères avait lancé l’une de ses plus importantes campagnes de diplomatie publique aux États-Unis depuis le début de la guerre à Gaza, en y allouant un budget colossal. 

Dans leur enquête, Daniel Edelson et Raphael Kahan affirment que le ministère des Affaires étrangères a alloué un budget d’environ un demi-million de shekels (145 millions de dollars) à une campagne visant à influencer l’opinion publique américaine. Le groupe cible de la campagne est principalement la jeune génération, dite Génération Z, par l’intermédiaire des entreprises américaines, des influenceurs actifs sur les réseaux sociaux et des technologies d’intelligence artificielle telles que ChatGPT.

Le terme Génération Z désigne les personnes nées entre le milieu des années 1990 et le début de la deuxième décennie du XXIe siècle. Selon le Pew Research Center, cette période s’étend généralement de 1997 à 2012.

Manipulation des contenus numériques

Des documents soumis au ministère américain de la Justice en vertu de la loi sur l’enregistrement des agents étrangers (Fara) ont révélé les détails de la campagne. D’après Ynet, Israël a passé un contrat avec la société américaine Clock Tower, dirigée par Brad Parscale, ancien directeur de campagne du président Donald Trump. 

Brad Parscale est actuellement stratège en chef du Salem Media Group, un réseau médiatique chrétien conservateur qui possède des stations de radio à travers les États-Unis. En avril, il a annoncé que Donald Trump Jr. et Lara Trump étaient devenus les actionnaires majoritaires de sa société.

Selon l’enquête, la campagne sera mise en œuvre en collaboration avec Havas Media par l’intermédiaire du bureau de la publicité du gouvernement israélien. Elle se concentrera fortement sur le contenu numérique, plus de 80% du contenu étant dédié à la génération Z sur des plateformes telles que TikTok, Instagram, YouTube et les podcasts.

Cette campagne intervient dans un contexte de déclin du soutien public à Israël aux États-Unis, en particulier chez les jeunes. Un sondage Gallup de juillet a montré que seulement 9% des Américains âgés de 18 à 34 ans soutiennent les opérations militaires israéliennes à Gaza.

Un autre sondage réalisé par le ministère israélien des Affaires étrangères a révélé que 47% des Américains pensent qu’Israël commet un génocide. La campagne s’est donc fixé un objectif de portée inhabituel, estimé à 50 millions d’impressions de contenu mensuelles.

Influencer les systèmes d’IA générative

L’un des aspects les plus controversés de la campagne est la tentative d’influencer la réponse des systèmes d’IA générative, tels que ChatGPT, Gemini et Grok. L’entreprise vise à créer du contenu en ligne capable d’influencer les données utilisées, ce qui pourrait influencer la manière dont les questions liées à Israël sont présentées ou formulées.

Clock Tower prévoit de produire du contenu et des sites web spécifiquement conçus pour fournir des «résultats cadrés» dans les conversations d’IA, grâce à une nouvelle approche appelée optimisation des moteurs de recherche (Geo). Cette approche est similaire aux pratiques d’optimisation des moteurs de recherche (Seo) mais vise à influencer les réponses des modèles d’IA en agissant sur leurs ressources d’entraînement.

«Tout comme le Seo cartographie les emplacements qui façonnent les résultats de recherche, le Geo cartographie les sources qui influencent les réponses de l’IA», a déclaré Gadi Evron, PDG de l’entreprise israélienne de cybersécurité Nostec.

Selon certains experts, ce domaine en est encore à ses balbutiements mais ils s’attendent à ce qu’il ait un impact significatif sur la façon dont l’IA interagit avec les utilisateurs à l’avenir. «C’est un domaine nouveau», précise Gadi Evron qui ajoute: «Certains l’appellent Geo pour intelligence de nouvelle génération mais la terminologie est encore en évolution».

Soutien aux influenceurs pro-israéliens

Outre la campagne de Clock Tower, Israël a lancé un autre projet, le «Projet Esther» pour soutenir les influenceurs américains qui publient du contenu pro-israélien. Ces influenceurs sont financés par le gouvernement israélien dans le cadre d’un projet comprenant des contrats pouvant atteindre 900 000 dollars avec l’entreprise israélienne Bridges Partners.

La première phase du projet consiste à recruter cinq à six influenceurs, chacun devant publier 25 à 30 publications par mois. Le projet s’étendra ensuite aux influenceurs israéliens et aux entreprises américaines qui recevront des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars pour leurs contributions.

Avant cette campagne, Israël avait signé un contrat avec une agence de relations publiques américaine liée au Parti démocrate qui exploitait ce qui était décrit comme une usine à trolls pour diffuser des messages pro-israéliens. Cependant, l’agence a résilié le contrat dans des circonstances mystérieuses, précisant seulement que le travail avait été interrompu.

Selon Ynet, cette campagne numérique a culminé avec une rencontre entre Netanyahu et plusieurs influenceurs pro-israéliens au consulat israélien à New York. Netanyahu a souligné l’importance des réseaux sociaux dans la bataille médiatique d’Israël, les décrivant comme le «huitième front» de la guerre, aux côtés des fronts militaire, politique et économique.

Parmi les participants figuraient Lizzy Savetsky, très active depuis le début de la guerre; l’homme d’affaires Ari Ackerman, petit-fils du magnat israélo-américain Meshulam Riklis et le créateur numérique Zach Sage Fox, connu pour produire des vidéos pro-israéliennes.

Le chef du gouvernement israélien déclaré que les réseaux sociaux sont l’arme la plus importante aujourd’hui et qu’Israël doit coopérer avec des personnalités comme le milliardaire américain Elon Musk et investir dans TikTok pour «assurer la victoire dans l’arène la plus importante».

L’enquête indique que cette rencontre entre Netanyahu et les influenceurs a suscité une large controverse. Certains y ont vu une tentative délicate de soutenir le discours israélien, tandis que d’autres y ont vu un mépris pour les souffrances des familles de détenus israéliens à Gaza qui manifestaient devant le consulat pendant la rencontre.

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Et Gaza revient à la vie !

Ils reviennent, un à un, vers leurs maisons réduites en poussière. Chaque pierre, chaque ombre, chaque vestige redevient mémoire. Gaza renaît dans leurs pas, dans leurs larmes, dans leurs chants. Et le monde découvre que la dignité d’un peuple est plus forte que toutes les armes.

Khémaïs Gharbi *

Le retour vers Gaza est la victoire de la résistance et du courage. Dès les premières heures suivant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, des foules entières de Palestiniens déplacés se sont mises en marche, reprenant le chemin de leurs foyers — ou de ce qu’il en reste.

Comment décrire cette atmosphère ? Comment traduire cette émotion brute qui serre la gorge lorsqu’on voit, sur les écrans du monde entier, cette marée humaine — lente, dense, continue — se diriger vers Gaza ?

L’âme domine les ruines

Femmes, hommes, enfants, vieillards… Tous avancent dans un silence vibrant, certains les yeux levés vers le ciel, d’autres serrant contre eux un matelas, une chaise, un fragment de leur passé.

Il suffit de fermer les yeux pour revoir la même marée, quelques mois plus tôt, fuyant sous les bombes, traquée par le fer et le feu, poussée vers l’exil par une armée persuadée qu’elle parviendrait à déraciner tout un peuple.

Mais ce peuple-là n’a pas plié. Ce peuple-là n’a pas levé le drapeau blanc. Aujourd’hui, il revient. Et dans ce retour, tout y est — des symboles par centaines.

Celui d’une femme qu’on voit s’asseoir sur une pierre : tout ce qu’il lui reste de sa maison. Elle caresse un vêtement en lambeaux et murmure des noms — ceux de ses enfants, de son mari disparus.

Plus loin, un vieil homme fouille les décombres à la recherche de son chapelet, de ce petit objet qui, pour lui, contient tout un monde.

Notre regard croise celui d’enfants — les yeux écarquillés — qui tentent de reconnaître leur rue, leur école, leur chambre. Ils désignent une colonne, un mur, une fenêtre : c’était ici, leur rêve.

Et voici une jeune veuve, debout devant ce qu’il reste de sa chambre nuptiale — un rideau, un fragment de miroir, un souvenir suspendu.

Tous retrouvent des traces de vie, des preuves qu’ils ont existé, qu’ils existent encore. Et qu’ils sont de retour chez eux.

La résurrection d’un peuple digne

Ce que nous voyons aujourd’hui n’est pas un simple déplacement : c’est une résurrection. Un peuple qui se relève de ses cendres, les mains nues, mais le cœur en feu. Un peuple qui a défié la mort, l’exil et l’oubli.
C’est cette force — invisible mais invincible — qui a bâti le pont entre l’asservissement et la liberté, entre la résignation et la résistance. C’est elle qui a triomphé des machines de guerre, des campagnes de désinformation et du vacarme des puissants.

Gaza, aujourd’hui, n’est pas seulement une terre meurtrie : elle est le symbole de la dignité humaine. Son peuple n’a pas seulement survécu : il a vaincu. Vaincu la peur, vaincu l’effacement, vaincu le chantage de la déportation. Vaincu le monstre de la mort. Car il n’est de victoire plus éclatante que celle d’un peuple qui, après avoir été chassé de chez lui, à deux doigts de la déportation, revient debout, drapeau à la main, le regard tourné vers l’avenir.

Ce retour n’est pas seulement une victoire géopolitique — c’est celle de la confiance en soi, de la justice, du courage face à la barbarie, et de l’attachement à une terre que rien ne peut ébranler.

À celles et ceux qui, par la plume, la voix ou la solidarité, ont soutenu ce peuple dans sa traversée du feu, il est permis d’éprouver une fierté profonde : vous avez marché du côté de la vie, du côté de l’humain, du côté de l’Histoire.

Quant à ceux qui ont préféré détourner le regard, se taire ou justifier l’injustifiable, puissent ces images les inviter à la réflexion — ou, mieux encore, à la conscience.

Gaza a montré au monde que la dignité ne se négocie pas. Elle se vit, elle se porte, elle se défend. Et lorsque le monde se lassera d’entendre son nom, Gaza, elle, continuera de se relever, de chanter au milieu des ruines, et de rappeler à tous que tant qu’un peuple garde mémoire, rien n’est perdu.

* Ecrivain et traducteur.

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Ilyes Zouari : «L’Algérie perdra beaucoup à remplacer le français par l’anglais»

«En passant à l’anglais, l’Algérie commettrait la deuxième plus lourde erreur de son histoire, après celle de 1962 lorsqu’elle s’était jetée dans les bras de l’URSS», estime Ilyes Zouari, le président du Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone (Cermf). Qui ajoute : «L’Algérie ferait mieux de s’inspirer de la sagesse, de l’intelligence et de la clairvoyance de ses voisins francophones du Maghreb.» 

Ces propos ont été tenus dans un entretien du chercheur tunisien avec la chaîne YouTube Algérie Part consacrée à l’actualité algérienne.

Répondant aux voix qui s’élèvent en Algérie pour appeler à remplacer le français par l’anglais en tant que seconde langue dans le pays. Il avertit : «L’Algérie va détruire (une nouvelle fois) son avenir si elle remplace le français par l’anglais». Si le régime algérien fait passer le pays à l’anglais, «l’Algérie basculera dans la zone linguistique la moins dynamique économiquement du continent et du monde arabe (la zone francophone étant toujours globalement la plus dynamique, n’en déplaise aux ignorants et soi-disant experts…)», analyse Ilyes Zouari. «Le pays se coupera de l’océan et du marché francophones qui l’entourent (et notamment de l’Afrique francophone, qui vient de dépasser les 500 millions d’habitants, cette année)», argumente-t-il.

L’Algérie se rapprochera culturellement, lentement mais sûrement, des pays arabes du Moyen-Orient, sur lesquels elle finira par s’aligner. D’où une explosion, à moyen terme, de l’extrémisme religieux, et du port du niqab. L’Algérie se «démaghrebisera».

Le pays verra se réduire ses débouchés migratoires (étudiants, travailleurs…), vu l’hostilité historique des pays anglo-saxons à l’égard des populations arabes.

Enfin, le pays n’améliorera même pas son niveau en anglais, toutes les études démontrant que les pays arabes francophones dépassent déjà largement les pays arabo-anglophones, anciennes colonies anglaises, et même largement le Japon et la Chine (eux aussi très largement dépassés par la France…). A terme, tout semble donc indiquer que le niveau en anglais des Algériens finirait par baisser, conclut Ilyes Zouari.

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Le cancer en Tunisie | Les déterminants socioculturels d’une pathologie «sans nom»

En Tunisie, les cancers les plus fréquents chez les hommes concernent le poumon, la vessie, la prostate, le côlon et le rectum. Chez les femmes, les localisations les plus répandues sont le sein, le côlon, le rectum, la thyroïde et le col utérin. Le cancer est ainsi devenu la première cause de mortalité en Tunisie depuis 2021, représentant aujourd’hui environ 15,6% de l’ensemble des décès, devançant même les causes de décès historiques telles que le diabète (7,6% des décès) et les maladies cardiovasculaires (6,8% des décès).

Deux raisons majeures ont poussé le Professeur Sofiane Bouhdiba à écrire son nouveau livre ‘‘Le cancer en Tunisie. Une maladie sans nom’’. C’est d’abord un vibrant hommage rendu à une proche parente emportée, comme tant d’autres, par le cancer. Ce livre est également né d’un constat dramatique : en 2023, la Tunisie a connu quelques 22 101 nouveaux cas de cancer, toutes localisations confondues, avec une surmasculinité de l’incidence : 11 773 chez les hommes et 10 328 chez les femmes.

Qu’est-ce qui a poussé le Pr Bouhdiba à s’intéresser à cette pathologie en écrivant ‘‘Le cancer en Tunisie. Une maladie sans nom’’ ? Le sociologue spécialiste de la mortalité ne pouvait rester insensible face aux ravages du cancer. C’est ainsi que ce livre décrit d’une manière critique l’épidémiologie du cancer en Tunisie, mais ambitionne également d’analyser le plus finement possible les déterminants socioculturels du mal, et surtout de comprendre la nature de la souffrance, et donc la capacité de résilience des personnes touchées d’une manière ou d’une autre par un cancer.

Malgré les difficultés d’enquêter, par rapport à une cause de mortalité plus banale comme les maladies cardio-vasculaires ou les insuffisances respiratoires, le Pr Bouhdiba a tout de même été en mesure de collecter et épurer le matériau nécessaire, notamment sous la forme de statistiques et de rapports institutionnels ou émanant de la société civile, ainsi que quelques émouvants témoignages d’hommes, de femmes, d’enfants. Homme de terrain, l’auteur a complété son travail de recherche avec une rigoureuse enquête de nature qualitative menée en milieu hospitalier.  

Les réflexions qui font l’objet de ce livre sont organisées autour de quatre grandes parties, à peu près équilibrées.

La première partie de l’ouvrage, répartie en trois courts chapitres introductifs, commence par définir le cancer, avant de décrire brièvement l’épidémiologie du cancer dans le monde. L’auteur a également cru pertinent de s’interroger sur la signification profonde de la cause de décès, car «mourir du cancer» est une affirmation bien réductrice.  

La deuxième partie du livre traite de l’épidémiologie du cancer dans le cas spécifique de la Tunisie, et est partagée en quatre chapitres. Il commence par contextualiser le cancer, en le replaçant dans le cadre de la transition épidémiologique qu’a connue le pays depuis son accession à l’indépendance en 1956. L’auteur examine ensuite la mortalité par cancer selon une approche différentielle, en soulignant notamment les effets du sexe et de l’âge sur la répartition des décès. Le cancer de l’enfant, particulièrement dramatique, fait l’objet d’un chapitre spécifique.

Dans sa troisième partie, le livre passe en revue, toujours avec un œil critique, les réponses apportées aujourd’hui par le gouvernement, mais également par la société civile, à la propagation du cancer en Tunisie. Ainsi, après un bref examen de l’histoire de la carcinologie en Tunisie, l’auteur tente de replacer la stratégie individuelle de survie dans le cadre d’un itinéraire thérapeutique bien particulier. Il montre ensuite dans quelle mesure la stratégie nationale de prévention et de dépistage du cancer se heurte aujourd’hui encore à des barrières, certaines ayant une nature universelle, mais la plupart étant liées à la culture arabo-musulmane.

La dernière partie de l’ouvrage examine la prise en charge du patient cancéreux tunisien, et montre que la victoire sur la maladie, loin d’être une fin en soi, marque au contraire le début d’une nouvelle vie, avec ses joies et surtout ses peines. Car, selon le Pr Bouhdiba, la guérison malmène autant le corps que l’âme.

Sofiane Bouhdiba est Professeur de démographie à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis. Grand voyageur, il a enseigné dans de nombreuses universités en Europe, en Afrique et aux Etats Unis, et participé à un grand nombre de conférences internationales sur diverses thématiques liées à l’étude des populations, et notamment la morbidité et la mortalité.

Spécialiste mondial de la mort violente, il a publié plus d’une vingtaine de livres publiés en France et en Tunisie, et une bonne soixantaine d’articles scientifiques publiés en français et en anglais dans des revues internationales de haut niveau.

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