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Décryptage : Pourquoi le Tunisien aime-t-il tant l’alcool ?

En Tunisie, pays au riche héritage viticole antique, la consommation d’alcool révèle un paradoxe profond entre tradition historique et tabous religieux. Malgré les interdits, l’alcool coule toujours dans les ruelles comme dans les hôtels touristiques, témoignant d’une réalité complexe et contrastée. Retour sur les racines millénaires et l’ouverture touristique qui ont façonné cette relation ambivalente.

Selon les données récentes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Tunisie affiche une consommation moyenne d’environ 12,8 litres d’alcool pur par adulte et par an. Ce chiffre place le pays en tête du monde arabe et au 9ᵉ rang mondial. Une statistique surprenante dans un pays à majorité musulmane, où l’alcool reste officiellement proscrit par la religion et encadré par la loi.

Une échappatoire sociale et psychologique

Pourtant, une enquête menée par le Pew Research Center révélait dès 2013 que plus de 80 % des Tunisiens désapprouvent la consommation d’alcool. Cette contradiction entre discours et pratiques illustre un paradoxe profondément ancré dans la société.

En Tunisie, la vente d’alcool est strictement réglementée : interdite aux musulmans ( en théorie) selon le Code pénal, suspendue durant le mois de Ramadan, les vendredis et les jours de fêtes religieuses. Mais ces restrictions légales n’entravent pas réellement l’accès aux boissons alcoolisées. Cette rareté officielle nourrit un marché noir florissant, qui alimente aussi bien les consommateurs réguliers que les acheteurs occasionnels.

Dans les bars et points de vente autorisés, la taxation élevée des boissons pousse une partie des consommateurs vers des produits moins chers et souvent de qualité médiocre, augmentant ainsi les risques sanitaires.

Pour de nombreux Tunisiens, l’alcool devient un exutoire face aux pressions économiques et sociales. Les années qui ont suivi la révolution de 2011 ont vu croître une forme d’angoisse collective, traduite chez certains par une consommation accrue.

Lire aussi : Lutte contre l’alcool au volant : la Tunisie déploie des alcootests de nouvelle génération

Les jeunes, notamment dans les grandes villes, y voient aussi un moyen de désinhibition sociale dans un environnement où d’autres formes de divertissement sont limitées. Ce phénomène s’accompagne d’une banalisation progressive de l’alcool dans certains milieux urbains, en dépit des normes religieuses et familiales.

Les taxes sur l’alcool ont fortement augmenté au cours des dernières années, rendant certaines boissons jusqu’à deux fois plus chères qu’en 2010. Pourtant, la demande ne faiblit pas. Elle se déplace vers des alternatives abordables, souvent artisanales ou issues de contrebande, qui échappent à tout contrôle sanitaire.

Des associations médicales et sociales tirent régulièrement la sonnette d’alarme face à l’augmentation des intoxications et des violences liées à l’alcool, mais leurs appels peinent à trouver un écho dans les politiques publiques.

Des racines antiques à l’essor touristique

La relation de la Tunisie avec l’alcool remonte bien avant l’ère moderne. Dès l’Antiquité, la région était connue pour ses vignobles, notamment sous l’influence des Phéniciens et des Carthaginois. L’illustre agronome carthaginois Magôn, auteur d’un traité sur la viticulture, avait posé les bases de techniques qui allaient influencer la production vinicole dans tout le bassin méditerranéen. Les Romains, héritiers de ces savoir-faire, développèrent encore la culture de la vigne, exportant vins et amphores depuis les ports de Carthage, Dougga ou Thuburbo Majus.

Au fil des siècles, la conquête arabe et l’islamisation de la région ont freiné cette tradition, sans toutefois l’effacer totalement. La production de vin et de bière a continué de manière marginale, notamment dans les zones à forte présence européenne ou au sein des communautés non musulmanes.

L’époque contemporaine a vu une renaissance de cette culture vinicole et brassicole, notamment à partir du protectorat français (1881-1956) et, plus récemment, avec l’essor touristique. Dans les années 1970 et 1980, le développement des zones balnéaires et l’ouverture au tourisme international ont entraîné une offre plus visible d’alcool dans les hôtels, restaurants et complexes touristiques.

Cette politique d’ouverture visait à répondre aux attentes des visiteurs étrangers, faisant coexister un marché destiné aux non-musulmans et une consommation locale qui, bien que taboue, continuait à croître en marge des circuits officiels.

S’agissant de la consommation de l’alcool, selon le Dr Faten Driss, spécialiste en traitement des addictions, la dépendance doit être considérée comme une maladie, non un délit. Elle insiste sur l’importance de lever la stigmatisation, notamment au sein des familles, qui doivent accompagner avec écoute, compréhension et soutien, et non jugement ni répression. Le traitement demande patience, temps et suivi régulier en thérapie, souvent sans hospitalisation. Le centre de Jebel Ouest, unique en Tunisie, accompagne surtout la réinsertion sociale post-consommation. Dr Driss rappelle que l’addiction est une maladie cérébrale chronique avec risque permanent de rechute. Elle appelle à la bienveillance des proches face aux rechutes, soulignant que la guérison reste possible grâce à un soutien constant.

Un paradoxe qui interroge

Cependant, la Tunisie vit dans une forme de schizophrénie culturelle : d’un côté, un discours officiel et religieux qui condamne fermement l’alcool ; de l’autre, une consommation réelle qui rivalise avec celle de nombreux pays occidentaux.

Ce paradoxe, entretenu par le poids du tabou, le manque de prévention et les tensions sociales, continue de façonner la relation des Tunisiens à l’alcool — une relation à la fois cachée, tolérée et difficile à briser.

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En Tunisie, plus de 30% des jeunes conduisent sous l’effet de l’alcool

En Tunisie, le problème de l’alcool au volant chez les jeunes demeure préoccupant. Face à cette réalité, les autorités viennent de moderniser les contrôles avec des alcootests électroniques de nouvelle génération.

Le colonel Chamseddine Adouani, chef du bureau de coordination et de communication à l’Observatoire national de la sécurité routière, a déclaré ce lundi 28 juillet 2025 sur les ondes de Mosaïque FM que plus de 30% des jeunes Tunisiens prennent le volant en état d’ébriété.

Les accidents mortels sont souvent liés à l’alcool

Il a précisé que la plupart d’entre eux conduisent dans des lieux et à des moments spécifiques, soulignant que les accidents mortels, tant en Tunisie qu’à l’étranger, sont souvent liés à l’alcool : les conducteurs sous influence sont beaucoup plus susceptibles d’être à l’origine d’un accident que les conducteurs sobres.

Le colonel Laâdouani a martelé qu’« un accident peut survenir en une seconde », et a incité les citoyens à prendre conscience des dangers liés à la conduite sous alcool, rappelant que « ta vie et celle des autres sont prioritaires ».

Par ailleurs, une campagne nationale de sensibilisation, lancée en décembre 2024, est en cours et vise à informer le public avant la publication d’un décret réglementaire encadrant les contrôles.

Nouveaux outils de contrôle

Dans ce contexte, le colonel Sami Saoudi, porte-parole de l’Observatoire national de la sécurité routière, avait annoncé le 17 juillet, le déploiement de dispositifs électroniques de détection d’alcoolémie à travers le pays.

Ces appareils de nouvelle génération mesurent le taux d’alcoolémie dans l’air expiré avec une grande précision et en temps réel, contrastant avec les anciens éthylotests chimiques. Le résultat étant immédiat, les agents peuvent engager les procédures légales sans attendre.

Ce dispositif s’inscrit dans une stratégie nationale progressive de réduction des accidents de la route liés à l’alcool.

Cadre légal

Depuis 2016, la législation tunisienne a abaissé la limite légale d’alcoolémie à 0,3 g/l de sang (contre 0,5 g/l auparavant). Certains conducteurs, notamment les jeunes permis (< 2 ans), les chauffeurs de poids lourds ou de transport collectif, sont soumis à une tolérance zéro.

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L’OMS appelle à une hausse de 50% des prix du sucre, de l’alcool et du tabac

L’Organisation mondiale de la santé recommande une hausse de 50 % des prix des boissons sucrées, de l’alcool et du tabac sur dix ans, via de nouvelles taxes. Objectif : réduire la consommation de ces produits nocifs et générer des ressources pour les systèmes de santé.

Face à l’augmentation des maladies chroniques et au recul de l’aide au développement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) propose une solution audacieuse : instaurer des taxes sur les produits nocifs pour la santé, avec pour objectif d’en augmenter les prix de 50% d’ici 2035.

Cette initiative, baptisée « 3 par 35 », a été présentée lors de la Conférence des Nations unies sur le financement du développement tenue à Séville. Elle concerne trois catégories de produits : le tabac, l’alcool et les boissons sucrées, identifiés comme des facteurs majeurs de maladies telles que le diabète, les cancers et les affections cardiovasculaires.

Selon l’OMS, une telle politique fiscale pourrait rapporter jusqu’à 1000 milliards de dollars d’ici à 2035, tout en sauvant des millions de vies grâce à la baisse de la consommation. L’expérience de pays comme la Colombie ou l’Afrique du Sud, qui ont déjà mis en place des taxes similaires, renforce la crédibilité de cette approche.

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné que ces taxes pourraient aider les États à s’adapter à la nouvelle réalité budgétaire, en finançant leurs propres systèmes de santé de manière plus autonome, alors que de nombreux pays doivent faire face à la réduction de l’aide internationale, notamment des États-Unis.

Si l’OMS plaide de longue date pour des taxes sur le tabac, c’est la première fois qu’elle propose une cible chiffrée et commune pour les trois produits. Elle espère ainsi susciter une mobilisation mondiale, à la hauteur des enjeux sanitaires et économiques de cette décennie.

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