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Tensions à Gabès | Incendie au siège du GCT

Des parties du siège régional du Groupe chimique tunisien (GCT) à Gabès ont été incendiées et plusieurs de ses équipements endommagés dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 octobre 2025, rapporte Mosaïque FM.

Selon les premières informations, des protestataires s’étaient rassemblés samedi devant les locaux du GCT et aux abords des unités de production situées dans la zone industrielle, pour dénoncer la pollution dont se plaignent les habitants depuis plusieurs années et réclamer un environnement sain.

Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants regroupés devant l’une des unités de production, mais le feu avait pris dans le siège de la société.

Ces sit-in et marches de protestation se poursuivent depuis plusieurs jours à la suite de l’asphyxie de plusieurs élèves par les gaz toxiques rejetés dans l’air par l’usine du GCT.

Le président Kaïs Saïed a ordonné, samedi, le déploiement d’une équipe à l’usine d’acide phosphorique du GCT à Gabès «afin de remédier au plus vite aux problèmes» dont se plaignent les habitants de la zone, mais ses paroles ne semblent pas avoir calmé les esprits et rassuré les manifestants sur les intentions des autorités. Car ils exigent la fermeture pure et simple de ladite usine, promise depuis 2017 par le gouvernement, mais la promesse tarde à être tenue, alors que les impacts de la pollution industrielle provoquée par l’usine du GCT sur la santé des riverains s’aggravent au fil des ans.

I. B.

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Fin de la démocratie | Vers une gouvernance algorithmique ?

Depuis deux mille cinq cents ans, le mot démocratie incarne l’idéal politique par excellence. Héritée d’Athènes, elle fut pensée comme le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple — une définition que Lincoln a reprise à son compte en 1863. Mais à l’ère du numérique, les jeunes génies de la Silicon Valley, baignés dans la culture des data et des algorithmes prédictifs, remettent en cause cette conception. À leurs yeux, la démocratie représentative est lente, irrationnelle et inefficace face à des crises globales (écologiques, économiques, sanitaires) qui exigent des réponses rapides et fondées sur des données massives.

Zouhaïr Ben Amor *

L’idée d’une gouvernance algorithmique, bien que futuriste, est déjà présente dans les travaux de chercheurs tels que Shoshana Zuboff (The Age of Surveillance Capitalism, 2019) et Yuval Noah Harari (Homo Deus, 2015), qui envisagent un monde où la donnée devient un nouvel instrument de pouvoir. Cette «technocratie numérique» n’est plus une fiction, mais un horizon politique envisagé dans les laboratoires californiens, entre une réunion chez OpenAI et un colloque chez Palantir.

I. Le procès de la démocratie

Pour les jeunes ingénieurs de la Silicon Valley, la démocratie est malade. Les taux d’abstention records, la polarisation idéologique, la lenteur législative et la désinformation sur les réseaux sociaux en sont les symptômes les plus visibles. Le politologue Pierre Rosanvallon (La légitimité démocratique, 2008) avait déjà diagnostiqué cette crise de confiance, montrant comment la démocratie représentative s’érode sous le poids de la défiance et du populisme.

Ces nouveaux techno-réformateurs considèrent que la «voix du peuple» exprimée par le vote est obsolète face à la puissance des algorithmes capables de capter nos comportements en continu. Le philosophe Bernard Manin (Principes du gouvernement représentatif, 1995) rappelait pourtant que l’élection repose sur une confiance symbolique, non sur la pure rationalité. Or les Jeunots Génies veulent substituer à cette confiance une mesure permanente des désirs collectifs, comme s’il suffisait d’observer pour comprendre.

Leur critique n’est pas sans fondement : les scandales de corruption et la manipulation électorale (Cambridge Analytica, 2018) ont montré les limites d’un système vulnérable à la désinformation. Mais en voulant remplacer la délibération par la modélisation, ces ingénieurs risquent de réduire la politique à un problème d’optimisation mathématique, oubliant que, selon Hannah Arendt (La Condition de l’homme moderne, 1958), la politique est avant tout un espace d’action et de parole, non de calcul.

II. Une gouvernance par l’algorithme

Le projet des Jeunots Génies est clair : créer une gouvernance où l’intelligence artificielle (IA) remplace la représentation. Chaque citoyen serait un flux de données – ses achats, ses déplacements, ses interactions – analysé pour produire une image fidèle de la volonté collective. L’IA deviendrait un arbitre omniscient, garantissant la justice et l’efficacité.

Cette vision s’inscrit dans la logique du dataïsme décrite par Harari (Homo Deus, chap. 11) : la croyance selon laquelle les données représentent mieux la réalité que les récits humains. En s’appuyant sur des technologies comme la blockchain et l’apprentissage profond (deep learning), l’IA pourrait proposer des politiques fiscales, écologiques ou sanitaires « optimales », basées sur des indicateurs en temps réel.

Mais cette idée rejoint la cybernétique politique imaginée par Norbert Wiener dès 1948, où le contrôle des flux d’information remplace le débat humain. Evgeny Morozov (To Save Everything, Click Here, 2013) met pourtant en garde contre cette illusion du solutionnisme technologique : croire que la technologie peut résoudre les problèmes politiques en les dépolitisant.

Le danger est que cette IA devienne non plus un outil, mais un souverain algorithmique. Qui programmera ses valeurs ? Qui contrôlera ses priorités ? Comme l’a souligné Nick Bostrom (Superintelligence, 2014), une IA dotée d’un pouvoir de décision pourrait rapidement échapper au contrôle humain, transformant la gouvernance en une forme inédite de despotisme numérique.

III. Utopie ou dystopie ?

Le rêve d’une rationalité parfaite se heurte à la question du libre arbitre. Si la machine devine nos désirs avant nous, que devient la liberté ? L’éthique de l’IA, développée notamment par Luciano Floridi (The Ethics of Information, 2013), rappelle que toute donnée est une interprétation : elle n’est ni neutre ni objective. L’IA reproduit les biais de ses concepteurs (bias-in, bias-out).

L’élimination du débat public, de la contradiction et du conflit risquerait d’abolir ce qui fonde la démocratie : la pluralité. Jacques Rancière (La Mésentente, 1995) montre que la démocratie est précisément l’espace du désaccord, où la parole du peuple surgit contre l’ordre établi. La remplacer par un consensus algorithmique reviendrait à instaurer une police des comportements.

De plus, la gouvernance algorithmique pourrait accentuer les inégalités de pouvoir. Comme l’a démontré Cathy O’Neil (Weapons of Math Destruction, 2016), les algorithmes prétendument neutres renforcent souvent les discriminations qu’ils sont censés éliminer. L’utopie d’une justice automatisée vire ainsi à la dystopie technocratique.

IV. Vers un modèle hybride ?

Face à ces dérives potentielles, certains chercheurs envisagent une voie médiane : une démocratie augmentée par l’IA, mais non remplacée par elle. Ce modèle rejoint les réflexions d’Antoinette Rouvroy et Thomas Berns (Le gouvernement algorithmique et la politique des affects, 2013), selon lesquels l’IA peut contribuer à la décision publique, à condition que la transparence et la responsabilité soient assurées.

L’IA deviendrait alors un auxiliaire : elle simule les scénarios, aide à anticiper les crises, éclaire les citoyens. Les élus deviendraient des médiateurs entre le savoir algorithmique et la volonté populaire. Ce modèle rappelle le concept d’«intelligence collective» cher à Pierre Lévy (L’intelligence collective, 1994), où la technologie amplifie la réflexion humaine sans la remplacer.

Mais un tel projet exige une révolution éducative et éthique. Comme le souligne Timnit Gebru (2020), cofondatrice de Black in AI, sans diversité culturelle et contrôle citoyen, aucune IA ne peut prétendre servir l’humanité. L’éducation au raisonnement critique et à la donnée deviendra alors un pilier de la citoyenneté numérique.

Conclusion

Les Jeunots Génies ont raison sur un point : la démocratie athénienne, dans sa forme actuelle, ne suffit plus à gérer la complexité du monde. Cependant, vouloir substituer la machine à l’homme revient à oublier que la démocratie n’est pas une méthode de calcul, mais un projet moral. Claude Lefort (L’invention démocratique, 1981) rappelait que la démocratie repose sur un vide symbolique : nul ne détient le pouvoir en propre, il se négocie en permanence. Or, l’algorithme, en prétendant incarner la vérité, referme cet espace du vide et du débat.

Ainsi, entre l’idéalisme athénien et le pragmatisme algorithmique, la voie à inventer est celle d’une démocratie éclairée par la technologie, mais guidée par des valeurs humaines : liberté, pluralité, responsabilité. La question n’est pas de savoir si l’IA remplacera la démocratie, mais comment elle peut l’aider à se réinventer sans la trahir.

Bibliographie sélective :

  • Arendt, H. La Condition de l’homme moderne, Calmann-Lévy, 1958.
  • Bostrom, N. Superintelligence: Paths, Dangers, Strategies, Oxford University Press, 2014.
  • Floridi, L. The Ethics of Information, Oxford University Press, 2013.
  • Harari, Y. N. Homo Deus, Albin Michel, 2017.
  • Lefort, C. L’invention démocratique, Fayard, 1981.
  • Manin, B. Principes du gouvernement représentatif, Flammarion, 1995.
  • Morozov, E. To Save Everything, Click Here, PublicAffairs, 2013.
  • O’Neil, C. Weapons of Math Destruction, Crown, 2016.
  • Rancière, J. La Mésentente, Galilée, 1995.
  • Rosanvallon, P. La légitimité démocratique, Seuil, 2008.
  • Rouvroy, A. & Berns, T. Le gouvernement algorithmique et la politique des affects, Presses Universitaires de Namur, 2013.
  • Wiener, N. Cybernetics: Or Control and Communication in the Animal and the Machine, MIT Press, 1948.
  • Zuboff, S. The Age of Surveillance Capitalism, Profile Books, 2019.

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Quelles réponses de l’Etat aux exigences légitimes des habitants de Gabès ?

Le président Kaïs Saïed a ordonné le déploiement d’une équipe à l’usine d’acide phosphorique du Groupe chimique Tunisien (GCT) à Gabès «afin de remédier au plus vite aux problèmes», par allusion aux rejets toxiques de cette usine dont se plaignent depuis plusieurs années les habitants de la région, plaintes qui ont pris récemment la forme de sit-in et marches de protestation.

Latif Belhedi

Cette décision a été annoncée lors de la rencontre du chef de l’Etat avec la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, et le ministre de l’Environnement, Habib Abid, samedi 11 octobre 2025, au palais de Carthage.

On ne sait pas ce que les deux responsables vont pouvoir décider ou annoncer, puisqu’on ne les a pas entendus jusque-là parler du drame qui se déroule à Gabès, mais ce qu’on a compris, c’est que l’équipe conjointe des deux ministères qui va être dépêchée à Gabès doit «remédier au plus vite aux problèmes», selon l’expression du président.

Ils devront mettre en œuvre d’urgence un plan stratégique qui mette un terme définitif aux catastrophes environnementales, inspiré du plan élaboré par les jeunes de Gabès il y a plus de dix ans, a ajouté le président de la république.

Une baguette magique

Comment ces responsables vont-ils parvenir à mettre un terme définitif à la catastrophe environnementale à Gabès sans ordonner l’arrêt des machines de l’usine pollueuse ? Par quelle baguette magique vont-ils pouvoir changer une situation qu’on a laissé pourrir pendant deux ou trois décennies et qui s’est transformée, au fil des ans, en un drame sanitaire et humain qui nous explose aujourd’hui à la figure ?

On n’aimerait pas être à la place de ces responsables, car leur tâche ne sera pas de tout repos, mais on aimerait savoir de quels moyens et de quelle marge de manœuvre ils disposent pour pouvoir répondre aux attentes des habitants de Chatt Essalem et Ghannouch. Car entre les espérances des uns et les capacités de réponse des autres, il y a un énorme fossé que seul l’argent peut combler. Or, c’est l’argent qui manque le plus aujourd’hui dans les caisses de l’Etat, et il va falloir faire preuve d’une grande ingéniosité pour espérer débloquer les fonds nécessaires à l’opération de sauvetage de l’environnement à Gabès, qui plus est, dans un délai raisonnable et acceptable par la population.  

Kaïs Saïed, qui dit suivre de près la situation, a noté, selon un communiqué de la présidence, que «de nombreuses irrégularités ont été détectées dans le fonctionnement de l’usine, notamment dans les procédures de maintenance et d’entretien des équipements par des spécialistes accrédités, entraînant les fuites de gaz» qui ont causé l’asphyxie de nombreux enfants transportés en urgence à l’hôpital.

Le président a également souligné qu’il n’y aura aucune tolérance pour quiconque a failli à ses devoirs, en avertissant contre toute tentative d’exploitation du mécontentement de la population de Gabès, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, en agitant, comme à son habitude, le spectre de vagues comploteurs qui chercheraient à attiser les tensions à Gabès pour s’attaquer à son régime, au risque de politiser une poussée de fièvre sociale amplement justifiée.

Entre espoir et incrédulité

«Notre peuple à Gabès, comme partout ailleurs dans la République, aura tous ses droits, car il est la véritable richesse, celui qui construira la Tunisie nouvelle comme il l’entend, une Tunisie verte, débarrassée de toute forme de pollution et de tous les pollueurs pollués», a déclaré le chef de l’Etat en recevant les deux ministres, sauf que les mots ne suffisent pas pour calmer les maux d’une population qui se sent abandonnée depuis très longtemps et qui est animée par un lancinant sentiment d’injustice.

C’est pourquoi, les habitants de Gabès, et tous les Tunisiens qui sont solidaires avec eux, attendent avec un mélange d’espoir et d’incrédulité l’annonce des remèdes miracles qui seront trouvés par la fameuse équipe dépêchée à leur chevet au cours des prochains jours.

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Le poème du dimanche | ‘‘La vie s’enfuit’’ d’Eugenio Montale

Né en 1896 à Gênes, Eugenio Montale est poète et traducteur italien. Antifasciste, il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1975.

Il publie ses premiers poèmes en 1922, Dès cette période, il signe le Manifeste antifasciste. Surveillé et poursuivi par la police, il est licencié de son travail. Se déplace dans différentes villes italiennes où il se lie d’amitié avec des intellectuels et des créateurs progressistes.

Après la guerre, Montale devient journaliste, effectue des voyages à l’étranger, notamment, en France, en Bretagne, qui lui inspire ‘‘Finisterre’’, rencontre beaucoup de poètes et écrivains. En 1967, ses poèmes sont publiés chez Gallimard. Il décède en 1981, année où parait son septième et dernier recueil, ‘‘Autres vers et poèmes éparses’’. Son buste entre à la Scala de Milan.

Tahar Bekri

La vie s’enfuit

et quiconque tente de la faire refluer

rentre dans l’écheveau originel :

où pourrions-nous alors cacher, si nous tentons

à l’aide de rudiments ou pire, de survivre,

les objets qui nous paraissaient

une part non périssable de nous-mêmes ?

Il était une petite étagère

qui voyageait avec Clytie, réceptacle

de Saints Pères et de poètes équivoques, ayant

la vertu de flotter peut-être

sur la crête des vagues

quand le déluge aura tout englouti.

Au moins quelques miettes de toi

sinon de moi devraient vaincre l’oubli.

Et de moi ? L’espoir est que s’effacent

le visible zt le temps qui lui a

fourni la preuve douteuse que cette parole Est

(un E majuscule, seule lettre

de l’alphabet qui  rend possible

ou du moins supposable l’existence)

Ensuite (tu as souvent porté

des lunettes noires et les as totalement

supprimées en même temps que les puces de John Donne)

prépare-toi au grand plongeon,

Nous fûmes heureux un jour, une heure un instant

et cela pourra-t-il etre détruit ?

Certains disent que tout recommence

copie conforme : mais je ne le crois pas

ni ne le souhaite. Toi aussi

le crois-tu ? Il n’y a pas de sibylle à Cumes

pour le savoir. Et si cela était, nul ne serait

assez nigaud pour lui prêter l’oreille.

Traduit de l’italien par Patrice Dyerval Angelini

‘‘Autres vers et poèmes éparses (Derniers poèmes) – Poèmes choisis 1916-1980’’,  Poésie/Gallimard, 1991.

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Tunisie | Les habitants de Gabès veulent seulement respirer

Les marches de protestation qui se succèdent depuis quelques jours à Chatt Essalam, à Gabès, contre la pollution de l’air et de l’eau provoquée par les rejets toxiques de l’usine du Groupe chimique tunisien (GCT), et qui drainent des citoyens de toutes conditions, notamment des femmes et des enfants, doit tous nous interpeller : décideurs politiques, acteurs de la société civiles et citoyens.

Latif Belhedi

On ne peut reprocher aux habitants de la région, quelque 400 000 âmes, qui souffrent de cette pollution s’aggravant d’année en année, sans qu’aucune mesure concrète n’est prise par les autorités pour en atténuer l’impact sur l’environnement et la santé, de protester devant l’usine du GCT, désormais gardée comme une caserne, et de crier leur ras-le-bol.

On sait que la transformation du phosphate en engrais émet des gaz toxiques tels que le dioxyde de soufre et l’ammoniac.

Le principal déchet solide produit est le phosphogypse, que l’usine rejette dans la mer. Elle contient du radium qui se désintègre en radon, un gaz radioactif cancérigène.

Cela fait au moins une décennie – depuis que les Tunisiens se sont débarrassés de la peur et ont repris leur liberté de parole – que les acteurs de la société civile alertent les autorités régionales et nationales, organisent des meetings, frappent aux portes des responsables, à Gabès et à Tunis, pour attirer leur attention sur une situation qui ne saurait plus durer sans mettre gravement en danger la vie de dizaines de milliers de citoyens complètement désarmés face à l’ogre de la pollution. Mais, au-delà des paroles, des promesses et des inchallahs, rien ne se fait concrètement sur le terrain, et l’usine du GCT, dont les équipements sont obsolètes, continue de rejeter ses poisons dans la nature, empestant l’air, la mer, la terre et l’unique oasis maritime au monde, qui aurait pu attirer beaucoup de visiteurs à Gabès, mais qui se meurt jour après jour, dans l’indifférence générale.

Le silence des autorités est inacceptable

Lorsque des élèves sont asphyxiés, transportés à l’hôpital dans un état critique et que leurs parents s’alarment et descendent protester dans la rue, on ne peut plus fermer les yeux ou tenir des propos soporifiques qui n’endorment plus personne. Il faut agir. Parler, oui, expliquer, oui, essayer de calmer les esprits, oui. Mais agir, surtout, montrer que l’on est réactif, qu’on est conscient de la gravité de la situation et qu’on fait quelque chose pour essayer d’atténuer les impacts de la pollution chimique sur la santé et l’environnement. Aussi, le silence dans lequel semblent se réfugier les responsables régionaux et nationaux est-il inacceptable.

On comprend la gêne des responsables : le GCT est un fleuron de l’industrie nationale, sa production est exportée et elle rapporte des sommes conséquences aux caisses de l’Etat. L’arrêt de ses usines est impensable. D’autant que la Tunisie, qui était autrefois le cinquième producteur mondial d’engrais à partir du phosphate, a chuté à la dixième place au cours des quinze dernières années. Sauf que, ne rien faire, alors que des enfants voient leur santé mise en danger par les rejets toxiques de ces mêmes usines, est tout aussi impensable.

Pollution chimique à la plage Chatt Essalam, Gabès.

On sait aussi que les finances publiques sont exsangues et que des solutions au problème de la pollution industrielle à Gabès, et ailleurs, à Sfax ou dans le bassin minier de Gafsa, sont très couteuses et ne sauraient être mises en œuvre demain la veille.

On a perdu beaucoup de temps. On a longtemps reporté la solution des problèmes quand ils ont commencé à se poser, et voilà que nous nous trouvons aujourd’hui complètement démunis et impuissants et que, nous nous réfugions «très courageusement» dans le silence, en renvoyant la patate chaude aux forces de sécurité désormais appelées à remettre de l’ordre à Gabès. Mais que peuvent-elles faire ? Tout au plus calmer momentanément les esprits échauffés, mais tant que le problème n’a pas commencé à être réellement résolu, il y aura de la tension à Gabès, mais aussi, ailleurs, dans les autres hotspots, qui ne manquent pas dans notre.

«Respirer et vivre avec moins de tumeurs»

Evoquant ce qu’il a appelé le «harak de Gabès», un Gabésien a écrit que les habitants de la ville et de la région «veulent seulement respirer et vivre avec moins de tumeurs», par illusion à la prolifération des atteintes de cancer parmi eux. Dénonçant la duplicité des autorités dont «les actes et les paroles sont complètement déconnectés», il a ajouté : «L’Etat est visiblement incapable de mener une politique industrielle qui ne tue pas l’être humain ou de traiter les problèmes sanitaires qui en découlent et qui provoquent une mort lente et certaine». Et d’avertir que la région est en train de se transformer en «un champ de mines risquant d’exploser à tout moment».

Gabès panse ses blessures, s’interroge, crie, interpelle, et attend des réponses de la part des responsables politiques qui devraient commencer par aller à la rencontre des populations, pour les écouter, recueillir leurs doléances et apporter des débuts de réponses à leurs questions. Mais où sont passés ces responsables ? Pourquoi ne les entendons-nous pas ? N’ont-ils pas de solutions à nos problèmes ?    

  

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Gaza ou l’éternel retour des Palestiniens

La défense civile de Gaza a affirmé vendredi 10 octobre 2025 que près de 200 000 personnes étaient revenues dans le nord du territoire palestinien depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Fabuleux peuple palestinien, magnifique Gaza, qui plie mais ne rompt pas. Détruite, rasée, assassinée mais restée debout, digne et fière pour avoir tenu en échec l’ignoble machine de guerre du raciste et corrompu Benjamin Netanyahu, maître d’œuvre du génocide des Palestiniens.

Abdelaziz Dahmani

Heureux jour, le vendredi 10 octobre 2025, cessez-le-feu ou paix «provisoire» (car rien n’est durable ou définitif avec l’Etat d’Israël), le peuple palestinien, et notamment celui de Gaza, respire de bonheur, après 730 jours au cours desquels il a connu toutes les horribles facettes de l’enfer sur terre…

Admirables Palestiniens, exceptionnels, réduits à toutes les misères, exposés à tout instant à la faim, à la soif et à la mort, ils sont restés debout, réduits à la mendicité, sans toit, ni travail, ni de quoi manger, ni médecin pour se soigner, ni école pour les enfants…, mais debout et fiers. Même si les seuls chemins permis aux survivants sont ceux des cimetières collectifs, avec juste des numéros plantés dans le sable, pour désigner leurs morts.

Israël, devenu, encore plus raciste, plus sanguinaire, voulait réduire Gaza à rien, à la disparition même de l’Histoire, de son passé, de sa culture et de son identité. Cette ville millénaire, Israël voulait la réduire en poussière. Ce dessein, qui a germé dans la tête pourrie de Itamar Ben G’vir et autres monstres sionistes, n’a pu être réalisé… Car le peuple palestinien reste grand et admirable de courage, de dignité, d’honneur.

Ce peuple de Palestine et, surtout, de Gaza, réduit à presque à rien, n’a pas mis en échec seulement Israël. Il a mis en échec aussi les soutiens occidentaux de cet Etat factice et belliqueux qui sème la haine et la mort au Moyen-Orient depuis 1948. Ces soi-disant puissances occidentales qui croient avoir droit de vie et de mort sur le reste de l’humanité. Et à leur tête un Donald Trump plus déconcertant que jamais, qui, après avoir armé Israël et attisé la violence dans la bande de Gaza, se veut, aujourd’hui, maître de cérémonie d’une improbable paix. 

La déportation des Palestiniens est une «ligne rouge»

En réalité, c’est Trump que le peuple de Gaza a mis en échec. Rappelez-vous, les débiles déclarations du président américain, lors de son intronisation à la tête des États Unis, en janvier de cette année, lorsqu’il a formé le vœu de déporter les deux millions de Gazaouis vers l’Egypte et la Jordanie, de vider Gaza de sa population et d’y construire une Riviera sur la côte orientale de la Méditerranée, une sorte de club de riches, son jardin privé, son parcours de golf… Mais les Gazaouis lui ont résisté et n’ont pas abandonné leur terre, et là, il faudrait aussi rendre hommage à l’Egypte, qui a fait de la déportation des Palestiniens une «ligne rouge»

On ne le dira jamais assez, mais dans cette affaire de Gaza, c’est le fasciste Netanyahu qui a subi son plus grand échec politique en n’atteignant aucun de ses objectifs, malgré l’ampleur inégalée des massacres et des destructions infligés aux Palestiniens et à son propre peuple.

Souvenez-vous, après le drame du 7 octobre 2023, Netanyahu s’est donné pour mission de briser le Hamas en peu de temps et libérer aussi rapidement les otages israéliens. Que s’est passé ? Deux ans après, le Hamas est certes fortement secoué, affaibli, muselé, mais il n’a pas été battu et n’a pas rendu les armes. Et la résistance palestinienne, avec ou sans le Hamas, restera toujours debout.  

La leçon d’abnégation et de résilience du peuple palestinien

Avec les inhumaines destructions qu’il a provoquées, Israël s’est vengé d’une façon ignoble sur les Palestiniens, simples citoyens, assassinant plus de 20 000 bébés et enfants. Et par un retour de manivelle, il a rendu la cause de la libération de la Palestine visible dans le monde entier. Et a fait d’Israël un pays hors-la-loi, banni, haï et stigmatisé lors des innombrables et immenses manifestations propalestiniennes dans le monde entier et, surtout, dans les pays occidentaux, principaux alliés de l’Etat hébreu, où le drapeau palestinien n’a jamais été aussi visible dans les rues.

Certes, Gaza est détruite par la force brutale et la haine destructrice d’un Etat voyou, aujourd’hui mis au ban de l’humanité. Mais Gaza est toujours debout et son peuple, admirable de courage, donne une leçon d’abnégation et de résilience au reste du monde, y compris à nos régimes arabes, riches et moins riches, soumis à leurs maîtres occidentaux, repliés sur leurs médiocres problèmes internes et empêchant leurs peuples de respirer…

Un dernier mot : avant le 7 octobre 2023, la cause palestinienne était presque morte et enterrée… La voilà aujourd’hui plus vivante que jamais, malgré les malheurs et les destructions… Et c’est l’ignoble Netanyahu, aveuglément soutenu par les extrémistes juifs, qui met aujourd’hui l’existence d’Israël en danger, en tout cas dans la conscience des hommes justes !

* Journaliste.

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L’Université Centrale et UPSAT inaugurent leur Centre de Recherche Collaborative et d’Innovation

Université Centrale et UPSAT franchissent une nouvelle étape dans leur dynamique académique et d’innovation avec le lancement officiel de leur Centre de Recherche et d’Innovation.

A cette occasion, un événement a été organisé le 7 octobre 2025 à l’École Centrale Supérieure Privée d’Administration des Affaires, sous la présidence de Mme Houbeb Ajmi, Directrice Générale du Groupe Université Centrale, en présence de décideurs institutionnels, d’acteurs académiques et de partenaires socio-économiques.

Lors de son mot de bienvenue, Mme Houbeb Ajmi a déclaré : « Aujourd’hui, nous faisons une annonce historique pour notre université : le lancement de notre centre de recherche collaborative et d’innovation. Cela va nous permettre non seulement de développer des sujets de recherche visant à résoudre des problématiques réelles des entreprises tunisiennes, mais également de produire de la science et du savoir, tout en contribuant à la communauté scientifique internationale. »

Conçu comme un véritable catalyseur entre enseignement, recherche académique et besoins de la société, le Centre de Recherche Collaborative et d’Innovation ambitionne d’accompagner la transformation de Université centrale groupe d’un modèle purement orienté vers la formation vers un modèle intégré associant formation, recherche et innovation.

Sa stratégie repose sur trois piliers :

  • Recherche collaborative : développement de partenariats université–entreprises pour un double impact scientifique et socio-économique, à l’image du premier contrat conclu avec Leoni.
  • Multidisciplinarité : mobilisation des six écoles de l’Université Centrale (Business, Ingénierie, IT, Santé, Droit, Communication) ainsi que les écoles de UPSAT, afin de répondre à des enjeux complexes.
  • Internationalisation : collaboration avec les institutions du réseau Honoris, accueil de chercheurs étrangers et participation à des projets internationaux.

Le Centre s’articule autour de quatre axes prioritaires de recherche :

  1. Transition numérique, intelligence artificielle (IA) et innovation
  2. Transition écologique, RSE et changement climatique
  3. Santé et recherche clinique
  4. Gouvernance et gestion des ressources humaines

Au-delà de ses objectifs scientifiques, le Centre souhaite contribuer activement au développement socio-économique du pays en proposant des recherches adaptées aux réalités tunisiennes (digitalisation des entreprises, santé, mobilité, climat) et transférables à l’échelle internationale.

Avec une gouvernance structurée (Conseil du Centre et Comité de direction) et une forte implication des comités de recherche dans chaque école, Université Centrale et UPSAT affirment leur volonté de hisser la qualité de leurs travaux au niveau international et de renforcer la place de la Tunisie dans l’écosystème mondial de la recherche.

À travers ce lancement, Université Centrale et UPSAT réaffirment leur engagement : devenir un pôle de référence en recherche collaborative et en innovation, en Tunisie et dans la région.

À propos de Université Centrale : 

Fondée en 2001 et forte de près de 25 ans d’expérience, l’Université Centrale est la plus grande université privée pluridisciplinaire de Tunisie. Elle propose sept pôles de formation : santé, business, droit, ingénierie, architecture et design, journalisme et communication, technologies de l’information et des télécommunications, ainsi qu’un pôle de formation exécutive.

À propos de UPSAT : 

Fondée en 2001, UPSAT est la première institution d’enseignement supérieur paramédical privé à être reconnue par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ainsi que par le Ministère de la Santé.

Faculté d’élite, UPSAT est reconnue pour l’excellence de sa formation académique et le haut niveau de qualification de ses diplômés.

Forte de sa notoriété, la formation de qualité qu’elle dispense garantit l’employabilité de ses diplômés en Tunisie comme à l’étranger.

En tant qu’institutions partenaires d’Honoris United Universities, le premier réseau panafricain d’enseignement supérieur privée, UPSAT et Université Centrale prennent une envergure internationale qui leur donne les moyens de garder le cap sur l’excellence.

#HonorisUni #EducationForImpact

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Cinémajet propose un Focus Italie à Nefta

Le festival Cinémajet, organisé par la Délégation de l’Union européenne en Tunisie en collaboration avec CinémaTdour, un projet innovant et unique de cinéma itinérant, consacre une journée à l’Italie, samedi 11 octobre 2025, afin de mettre en lumière le patrimoine cinématographique et musical italien et ses liens avec la Tunisie.

L’événement, organisé par l’ambassade d’Italie à Tunis, se tiendra à Nefta, dans le sud-ouest du pays, avec un programme alliant rencontres professionnelles, spectacles et grand cinéma d’auteur.

Au programme : une discussion à la maison d’hôtes Dar Nefta, en centre-ville, sur le thème «Cinéma redécouvert. Restauration et préservation des films», qui sera animée par Elena Tammaccaro, directrice exécutive de L’Immagine Ritrovata à la Cinémathèque de Bologne et spécialiste de la restauration et de l’archivage, et par le réalisateur Mohamed Challouf, cofondateur de l’association Ciné-Sud Patrimoine, engagée dans la préservation des mémoires cinématographiques.

À 19h00, le ciné-concert «Aller-retour en Méditerranée» proposera une sélection de courts métrages muets tunisiens et italiens réalisés entre 1910 et 1920, accompagnés d’improvisations live de la pianiste italienne Francesca Badalini et de musiciens de l’Institut supérieur de musique de Sousse.

À 20h10, un hommage à Claudia Cardinale sera rendu avec la projection du chef-d’œuvre de Valerio Zurlini de 1961, ‘‘La jeune fille à la valise’’, considéré comme l’une des œuvres emblématiques du cinéma italien d’après-guerre.

«Focus Italia» propose un voyage alliant protection du patrimoine, création musicale et mémoire cinématographique. L’objectif est de favoriser la circulation des images en Méditerranée et de consolider la coopération culturelle entre l’Italie et la Tunisie, en offrant au public de Nefta une expérience partagée alliant histoire du cinéma et performance contemporaine.

La Cinémathèque de Bologne, institution internationale de premier plan, a également œuvré activement à la restauration et à la préservation du patrimoine cinématographique tunisien.

La journée consacrée à l’Italie à Nefta coïncide également avec la célébration en Tunisie de la 25e Semaine de la langue italienne dans le monde, avec un riche programme d’événements du 13 au 18 octobre, renforçant ainsi la présence culturelle italienne dans le pays.

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A propos de l’accord de coopération militaire entre l’Algérie et la Tunisie

L’Algérie et la Tunisie ont signé, le 7 octobre 2025, un accord conjoint dans le secteur de la défense, à l’issue d’une visite de travail du ministre de la Défense Khaled Sehili à Alger, qui était accompagné de hauts gradés de la marine et des forces terrestres tunisiennes. Cet accord, on n’en connaît pas encore les détails mais qui suscite des réactions prudentes et mitigées, notamment du côté tunisien où certains se méfient de ce qu’ils considèrent comme une «volonté de domination algérienne.»   

Latif Belhedi

Cet accord, annoncé par le ministère algérien de la Défense, constitue une étape importante dans les relations bilatérales et un pas important vers le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays, lit-on dans le communiqué officiel algérien.

Au cours de cette visite, précise encore le communiqué, le responsable tunisien a été reçu par le général Saïd Chengriha, ministre délégué auprès du ministère de la Défense nationale et chef d’état-major de l’armée algérienne.

Les deux parties ont examiné les possibilités de coopération et discuté des moyens de renforcer la coordination sur les questions d’intérêt commun, notamment les défis sécuritaires auxquels la région est confrontée, ajoute le communiqué.

Par la suite, le président Abdelmadjid Tebboune a reçu le ministre Sehili, réaffirmant la solidité des relations historiques et stratégiques entre les deux pays.

«Les entretiens préparatoires à cette signature ont porté, selon le ministère algérien de la Défense, sur un renforcement de la coopération militaire et sécuritaire, ainsi que sur l’élargissement du contrôle transfrontalier», rapporte Jeune Afrique.

Précarité de la sécurité régionale

Le journal parisien rappelle le contexte international et régional dans lequel la signature de ce traité est intervenue et évoque les deux attaques de drones ayant visé, début septembre, des bateaux de la flottille pour Gaza ancrés en rade du port tunisien de Sidi Bou Saïd. Attaques qui, selon une enquête de la chaîne américaine CBS News, auraient été approuvées en personne par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Selon Jeune Afrique, «ces frappes sur le petit port ont montré toute la précarité de la sécurité tunisienne, d’autant que tout s’est déroulé à quelques centaines de mètres du palais de Carthage et sous les fenêtres de la résidence de l’ambassadeur des États-Unis, qui surplombe le rivage.»

Pour l’Algérie qui, selon les termes de Jeune Afrique, «considère [La Tunisie] souvent comme un poste avancé de son propre territoire», l’accord avec la Tunisie s’inscrit dans une volonté de mieux protéger ses propres frontières.

On ne connaît pas encore les détails de l’accord en question, mais on peut estimer qu’il n’a pu être signé sans l’aval ou sous la dictée du président de la république Kaïs Saïed, chef suprême des forces armées et de l’Etat tunisien, comme l’a fait remarquer le général à la retraite Kamel Akrout dans un poste Facebook, hier soir, jeudi 9 septembre. Lequel a souvent souligné dans ses déclarations ce qu’il appelle «l’unité de destin» entre les deux pays voisins.

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Baisse du taux d’inflation en Tunisie | Réalité ou mensonge d’Etat ?

A l’évidence et à l’écoute et à la lecture des différents médias, il y a une dichotomie ou un décalage entre les affirmations de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et du Gouvernement selon lesquelles l’inflation est en train de baisser de mois en mois en Tunisie et les affirmations contraires des ménagères et chefs de famille qui ont de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts et boucler leurs fins de mois. Qui croire et qu’en est-t-il vraiment ? Une réponse et un éclairage édifiant de la part d’un économiste universitaire et expert international.

Dr Sadok Zerelli

Lors de sa dernière audience accordée au Gouverneur de la BCT, le Président de la République s’est félicité de l’efficacité des choix économiques nationaux qui ont permis une baisse du taux d’inflation qui, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), serait passé, en glissement annuel, de 5,6% en avril 2025, à 5,3% en juillet et à 5% en septembre. Ce faisant, le Président de la République occulte le prix très élevé payé par l’économie nationale sous forme de ralentissement des investissements et de croissance économique en raison du taux directeur très élevé (7,5%) qui est à la base de la politique monétaire très restrictive suivie par la BCT.

Plus grave encore, il ne fait pas doute que ces chiffres officiels de baisse de l’inflation que la BCT annonce chaque mois avec fierté et s’en attribue même les mérites, provoquent des rires jaunes chez les ménagères qui vont tous les jours au marché et reviennent avec un couffin de plus en plus vide pour le même budget de dépense et chez tous les Tunisiens qui ont de plus en plus des difficultés à joindre les deux bouts.

La question qui s’impose d’elle-même est la suivante : s’agit-il d’un signe réel d’une plus grande maîtrise des équilibres macroéconomiques ou d’un habillage politique destiné à rassurer une population épuisée par la cherté de la vie ? Autrement dit, s’agit-il d’une réalité économique et sociale ressentie et vécue par les Tunisiens ou d’un mensonge d’Etat habillé sous formes de statistiques officielles qui, sans mettre en cause l’honnêteté intellectuelle des fonctionnaires de l’INS qui les établissent ou les accuser de manipuler les chiffres, ne reflètent pas la réalité vécue par les citoyens ?

La réponse que je vais tenter dans cet article d’apporter à ces questions se veut objective et scientifique, loin de toute considération politique politicienne, en faveur ou contre qui que ce soit.

Y-a-t-il de quoi crier victoire et se féliciter ?

Malgré la baisse progressive du taux d’inflation, calculé par l’INS selon la même méthodologie, il n’en demeure pas moins qu’un taux d’inflation qui qui a atteint 5% au mois de septembre est trop élevé pour une économie dont le taux de croissance pour l’année 2025 est estimé à 1,9%, notamment par la Banque mondiale. Les lois économiques enseignent que le différentiel entre le taux de croissance économique dans un pays et le taux d’inflation annuel se traduit automatiquement par une baisse de la compétitivité nationale et donc par un plus grand déséquilibre de sa balance commerciale et de sa balance des paiements, une baisse de la parité de sa monnaie nationale, un plus grand endettement extérieur et une aggravation de ses déséquilibres macroéconomiques structurels.

Ce cercle vicieux s’aggrave lorsque les pays partenaires de son commerce extérieur enregistrent des taux d’inflation nettement plus faibles, comme c’est le cas actuellement dans les pays européens où le taux d’inflation moyen se situe à 2,4% par an.

En termes de comparaison internationales avec des pays de taille similaire et concurrents, lorsqu’on sait que le taux d’inflation au Maroc n’a pas dépassé 0,3% (août 2025), 1,68% en Jordanie (juillet 2025), 2,2% au Sénégal (août 2025) et que certains pays ont même réussi à éradiquer totalement l’inflation et enregistrent des taux d’inflation négatifs (déflation) tels que l’Algérie où celui-ci s’est élevé à -0,26% au mois de juillet 2025, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser et se féliciter pour avoir enregistré un taux d’inflation de 5% au mois de septembre.

Une autre raison pour ne pas crier victoire est qu’une baisse du taux d’inflation ne signifie nullement que les prix ont baissé comme pourrait l’interpréter l’opinion publique, mais signifie seulement que les prix ont continué à augmenter mais à un rythme plus lent que par le passé. Autrement dit, un tel résultat signifie que les prix continuent de grimper, mais moins vite qu’avant et il serait naïf de croire que cette baisse du taux d’inflation reflète une amélioration du quotidien des Tunisiens et encore moins de leur pouvoir d’achat.

D’autre part, il ne faudrait pas oublier qu’une bonne partie de la baisse de l’inflation enregistrée ces derniers mois n’est pas due à la politique monétaire restrictive suivie par la BCT, mais à une baisse du pouvoir d’achat et donc du niveau de vie, résultantes directes de l’augmentation passée des prix (9,3% en 2023, 7,1% en 2024), du blocage des salaires depuis 2022 et de la raréfaction des crédits bancaires, en raison du taux directeur très élevé fixé par la BCT (+7,5%) qui engendrent des taux débiteurs bancaires «d’enfer» de l’ordre de 12 à14%.

Enfin, last but not least, l’inflation réelle en Tunisie est probablement pour ne pas dire certainement supérieure aux taux officiels et ceci en raison de la méthodologie même utilisée par l’INS pour mesurer l’inflation en Tunisie.

Défaillances méthodologiques

L’inflation est un concept économique dont la définition est très simple : c’est l’augmentation des prix de tous les biens et services échangés dans une économie d’une période à une autre (année, trimestre, mois…).

Bien que sa définition soit claire, sa mesure nécessite la collecte d’une énorme masse d’informations et pose beaucoup de problèmes d’ordre méthodologique.  

Ainsi, on distingue principalement deux indicateurs de mesure de l’inflation (il existe un troisième, appelé l’indice des prix de gros, mais qui est rarement utilisé) :

  • Le déflateur du PIB : il est égal au rapport du PIB d’un exercice estimé aux prix en vigueur durant cet exercice (prix courants) au PIB du même exercice estimé au prix d’une année de base (prix constants). La Comptabilité Nationale de chaque pays calcule systématiquement cet indice d’inflation globale et l’utilise pour déflater les agrégats économiques et les comparer d’une année à l’autre pour mesurer leur évolution réelle sans prise en compte de l’inflation. Il s’agit de loin du meilleur indicateur de mesure de l’inflation dans un pays, car il mesure l’évolution des prix de tous les produits et services, y compris des matières premières et produits semi-finis utilisés dans le processus de production. Comme tous les instituts statistiques du monde, l’INS calcule cet indice de l’inflation annuelle globale mais ne publie pas les résultats, probablement parce qu’ils sont plus défavorables pour le gouvernement que les résultats de la deuxième méthode de calcul de l’inflation
  • L’indice du coût de la vie : on l’appelle aussi «Indice des prix à la consommation» ou IPC. Méthodologiquement parlant, il est moins significatif de l’inflation réelle et globale dans une économie parce qu’il ne prend en compte que les biens et services consommés couramment par le ménage, à l’exclusion de ceux utilisés par les entreprises et les producteurs dans le processus de production. En plus, les prix sont pondérés par des poids souvent arbitraires qui ne reflètent pas toujours bien les comportements et les besoins de consommation réels.

En Tunisie, l’INS calcule l’IPC sur la base d’un panier de la ménagère qui est censé être représentatif de la consommation d’un ménage tunisien moyen. Ce panier comprend plus de 1200 produits et services répartis en 12 grands groupes, conformément à la classification internationale (Coicop).

Ci-dessous, pour information et culture générale des lecteur(ce)s, la répartition du panier de la ménagère utilisée par l’INS, afin qu’ils(elles) jugent d’eux (elles)-mêmes de son réalisme :

Il est évident à tout observateur qu’une telle structure de consommation ne reflète ni celle d’un ménage à faible revenu (qui consacre beaucoup plus que 28% de son revenu à la nourriture et à l’habitat), ni celle d’un ménage à haut revenu qui consacre beaucoup plus que 4% aux dépenses de loisirs et à la culture, ni même celle d’un ménage moyen qui consacre beaucoup plus que 2% de ses dépenses pour l’enseignement et l’éducation de ses enfants, surtout à l’ère où l’enseignement dans des écoles et universités privées est de plus en plus répandu en raison de la dégradation de l’enseignement public.

Dans tous les cas, le panier est censé représenter la structure de consommation d’un «ménage moyen» au sens statistique du terme, qui ne reflète pas exactement la consommation d’un ménage rural ou urbain, riche ou pauvre.

On relève également que le faible poids accordé aux dépenses d’alimentation (28% alors qu’elles dépassent en réalité 40% et même plus compte tenu de l’inflation cumulée durant ces dernières années) fait que la stabilité de certains produits subventionnés (pain, carburant, sucre, etc.) biaise le résultat final et engendre un taux d’inflation officiel plus faible que dans la réalité, et fausse ainsi la perception de l’inflation vécue.

Impact de l’inflation sur l’aggravation de la pauvreté

Bien que l’inflation soit un concept économique qui joue un rôle très important dans l’analyse des équilibres macroéconomiques dans un pays, son impact social n’est plus à démontrer.

En effet, une inflation persistante même si son rythme est en baisse ronge le pouvoir d’achat et creuse les inégalités sociales. Derrière les chiffres froids se cache une réalité brûlante : celle de millions de familles qui voient leurs revenus s’évaporer dans les marchés, les pharmacies et les factures du quotidien.

Plus grave encore, l’inflation impacte de façon inégale les différentes catégories sociales et régions du pays.

Ainsi, selon les données conjointes du ministère des Affaires sociales et de l’Unicef, le taux de pauvreté nationale est passée de 16,6% à 18,4%** entre 2021 et 2023. L’extrême pauvreté, elle, a légèrement augmenté, touchant désormais plus de 3% de la population. Et chez les enfants, le constat est alarmant : près d’un enfant sur trois vit aujourd’hui dans la pauvreté.

L’inflation agit comme un impôt déguisé sur les plus fragiles. Les salaires stagnent, les pensions de retraite n’évoluent pas, les aides sociales sont rares et souvent insuffisantes. Le coût de la vie grimpe plus vite que les revenus, poussant de nombreuses familles autrefois «classes moyennes» à glisser sous le seuil de pauvreté.

Dans les régions rurales du Centre-Ouest ou du Nord-Ouest, déjà marginalisées, le choc est encore plus rude : les revenus informels s’érodent, et les infrastructures sociales restent précaires.

Certes, la Tunisie dispose d’un système de protection sociale relativement étendu (75% des travailleurs sont couverts par le régime social de la CNRPS ou de la CNSS) mais mal adapté à l’inflation. Les transferts sociaux et les pensions de retraite ne sont pas indexés sur la hausse des prix, ce qui réduit chaque année le pouvoir d’achat de ses bénéficiaires, sans parler des familles vulnérables qui passent à travers les mailles du filet et ne bénéficient d’aucune couverture ou aide sociale.

Il n’est pas nécessaire d’être un économiste ou un statisticien pour constater et mesurer l’aggravation de la pauvreté générée par la spirale des prix : il suffit d’observer le nombre croissant de mendiants dans nos villes ou le nombre encore plus croissant des «barbacha», qui fouillent nos poubelles à la recherche de bouteilles en plastique vides pour les revendre, une profession qui n’existait pas il y a encore quelques années !

Ces hommes et ces femmes, quelquefois très âgés, quand ce ne sont pas des enfants, montrent que l’inflation n’est pas en Tunisie seulement un problème de chiffres faux ou justes, de méthodologies de calcul, de débats entre experts et de discours populistes, mais une crise de dignité humaine et de crédibilité même des politiques menées par le gouvernement, car elle remet en question le contrat social entre l’État et les citoyens. Quand un État préfère sauver son image plutôt que le quotidien de ses citoyens, il se déconnecte, et un État déconnecté finit toujours par s’effondrer sous le poids de sa propagande.

Conclusion

En réponse à la question posée par le titre de cet article, à savoir : «La baisse de l’inflation en Tunisie : une réalité ou un mensonge d’Etat ?», je laisse à chacun(e) des lecteurs(trices) le soin d’y répondre sur la base des développements et éclairages méthodologiques que j’espère avoir apportés dans cet article.

Ma réponse personnelle est sans équivoque : la baisse de l’inflation que reflète les chiffres officiels publiés par l’INS et repris par la BCT et le Gouvernement constitue bel et bien un mensonge d’Etat, mais un mensonge scientifique dans le sens de l’article que j’avais publié il y a quelques années dans Kapitalis (Les statistiques officielles sont une forme de mensonge scientifique) qui illustre la  fameuse phrase de l’économiste anglais J.-M. Keynes qui disait que «les statistiques sont une forme de mensonge scientifique».

Mais la meilleure conclusion serait peut-être de dire : qu’il y ait eu baisse réelle de l’inflation ou pas, que le Gouvernent mente ou pas, il n’en demeure pas moins que tant que la hausse des prix continuera à éroder le pouvoir d’achat de tous les Tunisiens et à appauvrir davantage les plus vulnérables d’entre eux, sans réponse adaptée de l’Etat, la Tunisie restera prise dans la spirale infernale des prix et équation injuste : celle d’un pays où l’on travaille de plus en plus pour vivre de moins en moins bien ou, pour être plus exact, de plus en plus mal.

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La guerre de Gaza est-elle vraiment finie ?

Dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 octobre 2025, le président américain Donald Trump a annoncé l’accord sur la fin de la guerre de Gaza. Après deux ans d’un effroyable et interminable génocide, c’est un soulagement mais la prudence est de mise. D’autant que les forces d’occupation israéliennes ont bombardé, à l’aube de ce vendredi 10 octobre, les villes de Khan Younis et de Gaza, malgré l’annonce de la conclusion d’un accord de cessez-le-feu.

Imed Bahri

Avec un Benjamin Netanyahu fourbe, malhonnête, mythomane et sans foi ni loi qui ne se soucie que de ses calculs personnels, rien n’est sûr surtout que de réelles inquiétudes existent qu’il reprenne la guerre aussitôt les détenus israéliens récupérés. Les observateurs n’oublient pas comment il a battu en brèche en mars dernier la précédente trêve qui avait débuté au mois de janvier. De plus, le diable est dans le détail et beaucoup de questions cruciales restent en suspens. 

Pour Andrew Roth, correspondant du journal britannique The Guardian à Washington, un accord de paix voire un cessez-le-feu permanent entre Israël et le Hamas, constituerait la plus grande réussite diplomatique de la présidence de Donald Trump.  

Cependant, les détails et le calendrier d’un accord visant à mettre fin à la guerre israélienne à Gaza restent flous, bien que l’objectif affiché d’Israël et du Hamas soit significatif. Conclure un accord avec le soutien politique des États arabes et d’autres puissances régionales représenterait la meilleure chance de mettre fin à la guerre depuis l’échec du cessez-le-feu en mars, ramenant Gaza à un conflit dévastateur qui a fait près de 68 000 morts, principalement des civils.

La première phase du plan de paix, telle que Trump l’a décrite dans texte publié sur Truth Social, est simple : la libération des détenus israéliens en échange d’un retrait militaire israélien limité. Sauf que libérer tous les détenus et gérer le retrait israélien pourrait s’avérer complexe.

Conformément au ton auquel on a été habitué durant la présidence Trump, les espoirs sont exagérés. Le président a déclaré : «Tous les otages seront libérés très prochainement et Israël retirera ses forces sur une ligne convenue, première étape vers une paix solide et durable. Toutes les parties seront traitées équitablement»

Trop de questions restent à résoudre

Il reste encore beaucoup à discuter. Le plan de paix en 20 points de l’administration tente de concilier la création des conditions d’un cessez-le-feu avec la négociation d’une fin définitive de la guerre, l’avenir du Hamas et le désarmement éventuel du groupe palestinien ainsi que la vision d’Israël pour l’avenir de Gaza. Toutes des questions qui restent à résoudre.

Roth rappelle à juste titre : «Nous avons déjà vécu cette situation. L’administration Trump était pressée de négocier la fin de la guerre de Gaza avant même son investiture et un cessez-le-feu planifié à la hâte a échoué en janvier en raison du calendrier de libération des otages dont certains sont toujours détenus à Gaza»

Il s’agit pourtant d’un moment crucial. Alors que le président américain s’exprimait lors d’une table ronde antifa mercredi après-midi, il a reçu une note du secrétaire d’État Marco Rubio indiquant : «Très bientôt. Nous avons besoin que vous approuviez une publication sur Truth Social prochainement afin que nous puissions annoncer l’accord en premier»

Personne ne prétend que la guerre israélienne à Gaza doive prendre fin par des accords de paix de type Oslo ou des délibérations politiques. Toutefois, la situation est différente. C’est un président américain ouvertement partial et instable qui a néanmoins utilisé son instabilité pour déstabiliser ses alliés et ses ennemis. Trump serait également animé par le désir de devenir le premier président américain à recevoir le prix Nobel de la paix depuis Barack Obama.

La remise du prix est prévue ce vendredi et le désir de le décerner au président américain a alimenté les débats politiques à Washington et dans tout le Moyen-Orient.

Les tensions persistent. Le Hamas a appelé Trump et d’autres parties à «garantir le plein respect des termes de l’accord par le gouvernement d’occupation israélien». Il existe une crainte qu’Israël ne reprenne son offensive une fois les détenus libérés.

«Nous n’abandonnerons jamais les droits nationaux de notre peuple jusqu’à ce que nous obtenions la liberté, l’indépendance et l’autodétermination», a déclaré le mouvement, dans une référence indirecte au désir d’établir un État palestinien que Netanyahu a rejeté et que la Maison Blanche a largement abandonné.

Netanyahu doit également composer avec des considérations politiques. Il a annoncé qu’il convoquerait un conseil des ministres jeudi pour approuver l’accord et rapatrier les détenus. Et c’est déjà fait. Il doit aussi gérer la réaction des membres de droite de son cabinet, notamment le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui ont menacé de renverser le gouvernement en cas de cessez-le-feu.

Le président américain sur un piédestal

Trump a tenté de contourner ces considérations par la force, menaçant de déclencher une «guerre totale» à Gaza contre le Hamas si son souhait de paix n’était pas satisfait.

Lorsque Netanyahu a exprimé son scepticisme quant à l’accord, Axios rapporte qu’il a répondu au dirigeant israélien : «Je ne comprends pas pourquoi vous êtes toujours aussi pessimiste… C’est une victoire. Saisissez-la !».

Le président américain aurait l’intention de se rendre dans la région ce week-end pour signer l’accord. C’est son heure et il pourrait user de toute son influence et de son charisme pour empêcher un nouvel échec des négociations et une reprise des combats, ce qui constituerait une défaite diplomatique pour son administration. Croisons les doigts, sans trop y croire tout de même. Car tout cela ressemble à une mise en scène savamment orchestrée dont l’unique objectif, au final, est de mettre le président américain sur un piédestal.  

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Donald Trump veut entraîner l’armée américaine dans ses délires

Depuis cet été, le président américain Donald Trump recourt de plus en plus fréquemment au déploiement de la Garde nationale dans les quatre coins du pays pour réprimer des manifestations dans certains cas ou bien dans d’autres pour lutter contre la criminalité comme il le revendique. Cela a commencé en juin à Los Angeles puis à la fin de l’été dans la capitale fédérale Washington et plus récemment à Chicago, à Portland dans l’Oregon et ailleurs. Ce recours excessif à la Garde nationale a entraîné de nombreux bras-de-fer aussi bien avec des gouverneurs de certains États qu’avec des juges fédéraux. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Trump a convoqué les généreux et les amiraux de l’armée américaine pour les rallier à sa cause. Et là, ça craint…

Imed Bahri

C’est en Don Quichotte flanqué de son fidèle Sancho Panza, en l’occurrence le secrétaire d’État à la Guerre (la nouvelle dénomination du département de la Défense) Pete Hegseth, que le président américain s’est adressé aux hauts gradés de l’armée dans une réunion aux airs d’un meeting du mouvement Maga où il n’a pas hésité à employer un vocabulaire guerrier et même à utiliser des termes grossiers.

Dans une analyse publiée sur le site de CNN, Aaron Blake est revenu sur ces épisodes successifs, sur le contenu de la réunion avec les généraux et sur l’atmosphère qui prévaut dans les rapports entre l’actuel pouvoir américain et l’armée US. 

Pression politique sur les dirigeants militaires

Blake a commencé par un épisode révélateur de cette atmosphère. Le mois dernier, lorsqu’un juge fédéral a réprimandé l’administration Trump pour son recours à la Garde nationale et aux Marines à Los Angeles durant le mois de juin, il a inclus une note de bas de page peu remarquée mais choquante.

Après que le major-général de la Garde nationale Scott Sherman se soit opposé en privé à la démonstration de force prévue par l’administration dans le parc MacArthur, la note de bas de page indiquait que Gregory Bovino, haut responsable du Département de la Sécurité intérieure, avait entrepris de «mettre en doute la loyauté de Sherman envers le pays».

Sherman est un vétéran de la guerre d’Irak comptant 30 ans de service et voilà qu’une personne nommée politiquement suggère qu’il a été déloyal en remettant en question les plans de l’administration.

Cet épisode illustre parfaitement la pression politique à laquelle sont confrontés les dirigeants militaires alors que Trump poursuit le déploiement de l’armée sur le sol américain, affirmant même que les villes pourraient servir de «terrain d’entraînement» pour les troupes, comme il l’a fait mardi 30 septembre 2025 lors de son discours devant des généraux et des amiraux à Quantico, en Virginie, franchissant ainsi une nouvelle étape.

Une militarisation constitutionnellement corrosive

Les dirigeants militaires se livrent-ils sans réserve à un pari extraordinaire dont les critiques – y compris d’anciens hauts responsables militaires du premier mandat de Trump – craignent qu’il puisse aboutir à une militarisation constitutionnellement corrosive du pays ?

De nombreux Américains semblent même exprimer des réserves quant à cette possibilité. Un sondage New York Times-Siena College a montré que davantage d’électeurs inscrits craignent que Trump n’utilise les troupes pour intimider ses adversaires politiques plus qu’ils ne craignent une montée en flèche de la criminalité sans la présence de la garde.

Ce qui nous amène à la scène de Quantico. De nombreuses questions ont été soulevées concernant la convocation, très inhabituelle, par le secrétaire à la Défense Hegseth, de généraux et d’amiraux du monde entier pour une réunion exceptionnelle. Pour Trump, au moins, l’objectif semblait être de rallier tout ce beau monde à son programme politique.

Dans un discours long et souvent décousu devant les responsables militaires, le chef de la Maison Blanche a débité une profusion de répliques qui auraient été bien plus appropriées pour un meeting de campagne alors même que les responsables restaient silencieux conformément au protocole. Il a approfondi ses affirmations souvent exagérées selon lesquelles il aurait mis fin à plus d’une demi-douzaine de guerres et ses espoirs de se voir décerner prix Nobel de la paix. Le président a vanté ses propres réussites et attaqué à plusieurs reprises les Démocrates. Rien de tout cela n’était pertinent pour s’adresser à un public censé être apolitique. Mais le plus frappant et le plus significatif, c’est que Trump a semblé chercher à rallier les généraux et les amiraux à sa répression intérieure.

La lutte contre «l’ennemi de l’intérieur»

Avec Hegseth, il a tenté de les monter contre les Démocrates, le monde universitaire, les supposés radicaux de gauche et les médias.

Trump a suggéré que les généraux et les amiraux seraient essentiels à sa lutte contre «l’ennemi de l’intérieur» et pourraient utiliser le pays comme un «terrain d’entraînement»«Nous subissons une invasion de l’intérieur. Ce n’est pas différent d’un ennemi étranger mais c’est plus difficile à bien des égards car ils ne portent pas d’uniformes», a-t-il déclaré. 

À un autre moment, il a lancé: «J’ai dit à Pete que nous devrions utiliser certaines de ces villes dangereuses comme terrains d’entraînement pour notre armée – la Garde nationale, certes. Car nous allons bientôt attaquer Chicago».

Autre extrait du discours dans le même registre: «San Francisco, Chicago, New York, Los Angeles. Ce sont des endroits très dangereux. Et nous allons les redresser un par un. Cela va être un enjeu majeur pour certaines personnes présentes dans cette salle. C’est aussi une guerre. C’est une guerre intérieure».

Trump, qui se nourrit souvent de l’énergie de la foule et de ses interactions avec elle, a tenté à plusieurs reprises d’impliquer davantage les généraux et les amiraux, apparemment en quête de soutien, ou du moins de quelque chose qu’il pourrait faire passer pour tel.

À un moment, il leur a demandé s’ils acceptaient son attitude envers les manifestants du type «Ils crachent, nous frappons»

À un autre moment, il leur a demandé de lever la main s’ils pensaient que le président du Comité des chefs d’état-major interarmées, Dan Caine, était «incompétent». Comme ils n’ont pas levé la main, Trump a interprété cela comme une approbation de son choix.

Les remarques de Trump ont suivi un discours de Hegseth, plus axé sur sa philosophie militaire. Il a profité de son intervention pour souligner l’importance des combattants aguerris et de l’amélioration des normes de forme physique et d’apparence au sein du ministère de la Défense.

Toutefois, la présentation de Hegseth était également hautement politique. En plus de tourner en dérision à plusieurs reprises le prétendu wokisme de l’armée et de cibler les personnes transgenres («des mecs en robe», selon Hegseth), il a cherché à diviser les dirigeants militaires et ce qu’il considère comme des institutions de gauche.

«Voyez-vous, les salles de réunion des professeurs de l’Ivy League (les grandes universités de la côte est, ndlr) ne nous comprendront jamais, et ce n’est pas grave, car ils ne pourraient jamais faire ce que vous faites», a déclaré Hegseth. Il s’en est pris également aux médias. 

Trump a également cherché à opposer les généraux et les amiraux aux Démocrates. «Les démocrates ne vous ont pas traités avec respect». Le message est clair: nous sommes vos véritables alliés politiques. Nous sommes de votre côté et eux non.

Il s’agissait d’une dégradation remarquable des frontières entre l’armée et la politique et d’un exemple inquiétant pour ceux qui craignent les tentatives de Trump de politiser l’armée et ce que cela pourrait laisser présager.

Trump veut déployer la Garde nationale dans les villes

Les Américains ne semblent pas du même avis que Trump sur ce point, à en juger non seulement par le sondage Times-Siena mais aussi par d’autres enquêtes. Les Américains, dans leur ensemble, n’apprécient pas l’idée du déploiement la Garde nationale dans leurs rues. Sauf que Trump insiste sur ce déploiement et semble vouloir s’assurer qu’il n’y ait plus de cas comme celui du major-général Sherman.

«Si vous voulez applaudir, applaudissez», a lancé Trump au début de son discours en remarquant le silence des généraux et des amiraux. Il a ensuite ajouté sur le ton de la plaisanterie : «Si ce que je dis ne vous plaît pas, vous pouvez quitter la salle. Bien sûr, votre grade en dépend. Votre avenir en dépend !». Si c’est une plaisanterie, elle est vraiment déplacée.  

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Afrique : quand les cybercriminels brouillent la frontière entre vie pro et vie perso

La transformation numérique en Afrique est spectaculaire. Du mobile money aux services publics en ligne, des millions de citoyens et d’entreprises basculent chaque année vers le digital. Mais cette révolution attire aussi les cybercriminels, qui exploitent autant la sphère professionnelle que la vie personnelle des utilisateurs.

Des chiffres qui inquiètent

Selon INTERPOL[1], plus de 30% des crimes signalés en Afrique de l’Ouest et de l’Est en 2025 relèvent désormais du cyberespace. Les escroqueries en ligne, la fraude au président (ou Business Email Compromise), les rançongiciels et la sextorsion dominent le paysage. Près de 90% des pays africains estiment leurs capacités d’enquête et de poursuite encore insuffisantes face à ces menaces.

Les opérations Serengeti menées par INTERPOL et Afripol en 2024 puis en 2025 ont permis l’arrestation de plus de 2200 suspects sur le continent, l’identification de dizaines de milliers de victimes et la récupération de près de 300 millions de dollars liés aux cyberfraudes.[2]

Professionnel ou personnel : les mêmes recettes

Dans les entreprises africaines, l’hameçonnage par e-mail reste le point d’entrée le plus fréquent, parfois suivi d’une fraude au président où un faux dirigeant réclame un virement urgent. Les rançongiciels continuent, eux, de paralyser des organisations entières en quelques heures.

Dans la vie privée, le décor change mais la mécanique reste la même. Les cybercriminels utilisent WhatsApp, Telegram ou de simples SMS pour proposer de faux emplois ou de prétendus gains rapides. Ils s’attaquent aussi aux systèmes de mobile money en se faisant passer pour un opérateur télécom, ou recourent à la sextorsion en menaçant de diffuser des images intimes.

Leur stratégie est toujours identique : exploiter la confiance, jouer sur l’urgence et la peur, pousser la victime à l’erreur.

Quand un cas personnel devient un problème collectif

En 2023, au Kenya, une série d’attaques par déni de service distribué a paralysé la plateforme gouvernementale eCitizen, utilisée par des millions de citoyens pour plus de 5000 démarches. L’épisode a montré combien une attaque visant des usagers pouvait rapidement bloquer toute une économie.[3]

Deux ans plus tôt, en Afrique du Sud, le groupe public Transnet avait dû déclarer la force majeure après une cyberattaque ayant frappé ses terminaux portuaires à conteneurs. Là encore, une attaque contre un système interne a eu des conséquences massives sur la chaîne logistique régionale.[4]

Ces cas rappellent une réalité africaine : le smartphone unique sert souvent à tout, des e-mails d’entreprise aux conversations familiales, en passant par les transactions financières. Une compromission dans la sphère privée peut ainsi se transformer en incident professionnel majeur.

Un défi culturel autant que technique

« En Afrique, la frontière entre l’usage professionnel et personnel du numérique est presque inexistante. Un même smartphone sert à gérer les finances d’une PME le matin et à recevoir des messages WhatsApp le soir. C’est précisément cette porosité que les cybercriminels exploitent », explique Benoit Grunemwald, expert en cybersécurité chez ESET Afrique Francophone.

Le défi est renforcé par la fracture numérique. Le rapport 2024 de la GSMA sur l’état de la connectivité mobile souligne que seuls 27 % des habitants d’Afrique subsaharienne utilisaient l’internet mobile fin 2023, et que l’« usage gap », c’est-à-dire la part de la population vivant sous couverture mobile mais n’utilisant pas l’internet, atteignait encore 60 %[5]. Autrement dit, des millions de primo-utilisateurs découvrent le web sans bagage de cybersécurité..

Comment renforcer la résilience ?

Pour contenir ces menaces, plusieurs pistes concrètes existent :

  • Former en continu, en se concentrant sur les risques les plus fréquents comme le phishing, la fraude au président, la sextorsion ou les fraudes au mobile money.
  • Simuler régulièrement des attaques, par exemple avec des e-mails ou des SMS factices, afin de tester la vigilance des utilisateurs.
  • Simplifier le signalement grâce à un bouton unique ou un canal clair, tout en instaurant une culture « zéro blâme ».
  • Encourager la séparation entre usages professionnels et personnels par des mots de passe distincts, l’activation systématique de l’authentification à deux facteurs et, quand c’est possible, l’isolement des applications professionnelles.
  • S’appuyer sur les efforts collectifs, car les opérations Serengeti démontrent que la coopération entre gouvernements, forces de l’ordre et secteur privé peut porter ses fruits.

La cybercriminalité en Afrique ne distingue pas entre le professionnel et le personnel : elle cible l’individu, qu’il soit salarié ou simple utilisateur de WhatsApp. Pour les organisations comme pour les États, la clé réside dans la sensibilisation des utilisateurs et la reconnaissance de cette porosité. Former, informer et responsabiliser les citoyens et les employés constitue la meilleure défense pour que l’Afrique tire pleinement profit du numérique sans en subir les dérives.

[1] https://www.interpol.int/en/Crimes/Cybercrime/Cybercrime-reports/Africa-Cyberthreat-Assessment-2025

[2] https://www.interpol.int/en/News-and-Events/News/2024/Operation-Serengeti

[3] https://www.techinafrica.fr/des-pirates-informatiques-pro-soudanais-attaquent-des-services-numeriques-au-kenya/

[4] https://www.rfi.fr/fr/afrique/20210725-en-afrique-du-sud-les-ports-victimes-d-une-myst%C3%A9rieuse-cyberattaque

[5] https://www.gsma.com/r/wp-content/uploads/2024/10/The-State-of-Mobile-Internet-Connectivity-Report-2024.pdf

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Webinaire | Enjeux de la diffusion du cinéma documentaire

Dans le cadre du mois du cinéma documentaire, l’Association Echos cinématographiques organise, le samedi 11 octobre 2025, à 10h, une table ronde à distance pour réfléchir sur le film documentaire, sa place dans le circuit commercial et non commercial et les stratégies à mettre en place pour promouvoir sa diffusion. 

Le webinaire, portant sur «La diffusion du cinéma documentaire, enjeux et horizons», sera marqué par la participation, autour de Tahar Chikhaoui, critique de cinéma, formateur et programmateur, Leila Tsekaiev, chargée de mission à la Cinémathèque du documentaire, Dieudo Hamadi, réalisateur et producteur congolais et Mohamed Frini, distributeur.

Chacun des intervenants va présenter son expérience professionnelle afin d’amorcer un processus de réflexion et d’action qui, sur la durée, permettra de consolider le documentaire dans l’espace de diffusion du cinéma.

Inscription gratuite.

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Quand l’école tunisienne n’a plus de souffle 

Le mal être des enseignants en Tunisie est le symptôme d’un déséquilibre collectif : une société qui glorifie le travail, mais oublie l’humain, qui continue d’exiger alors que le corps -et l’âme- n’ont plus rien à donner. Bref, une société qui épuise ses maîtres finit toujours par perdre ses élèves. 

Manel Albouchi *

Hier, j’ai reçu une enseignante. Elle s’est assise face à moi, les mains jointes, la voix tremblante, et m’a dit : «Je n’ai plus de souffle. Même mon mari me reproche d’enseigner aux enfants des autres et de ne plus avoir l’énergie d’enseigner aux miens.» 

Cette phrase, d’une simplicité bouleversante, résume l’état d’un pays : l’épuisement d’une vocation qui, faute d’écoute et de reconnaissance, s’essouffle. 

Une société qui continue d’exiger alors que le corps -et l’âme- n’ont plus rien à donner.  

Quand le feu qui s’éteint sous la craie 

Les classes sont surchargées, les niveaux hétérogènes, les moyens dérisoires. Une seule enseignante doit souvent gérer deux niveaux à la fois, improviser, combler les manques, apaiser les tensions. 

Le passage de 18 à 24 heures de travail pour certains n’est pas une simple réforme administrative : c’est une mutation du sens. On demande plus à ceux qui ont déjà tout donné. Et pendant que les salaires stagnent et les inégalités s’accentuent, ceux qui s’investissent le plus s’épuisent le plus. 

Dans le silence des classes, la craie se brise, le souffle aussi. Et quand l’enseignante rentre chez elle, il ne reste plus d’énergie pour aider ses propres enfants à apprendre, à parler, à rêver. 

L’anxiété ronge en silence 

Cette femme souffre d’anxiété d’adaptation. Son corps traduit ce que son esprit tente de contenir : la peur de ne pas y arriver, la culpabilité de ne pas suffire, la honte de ne plus aimer ce qu’elle faisait par passion. Son cœur bat vite, ses nuits sont courtes, sa respiration courte aussi. 

Mais ce qu’elle vit dépasse son histoire personnelle. C’est le symptôme d’un déséquilibre collectif : une société qui glorifie le travail, mais oublie l’humain. Et quand la mère souffre d’anxiété, elle la transmet -malgré elle- à ses enfants. Parce qu’un enfant ne retient pas ce qu’on lui dit : il absorbe ce qu’il ressent. 

Alors, quand la maîtresse tremble, c’est toute une génération qui apprend la peur avant la lecture. 

Le père absent, la mère s’épuise 

Sur le plan symbolique, cette crise traduit la disparition du père protecteur : l’État. Celui qui devait poser la Loi, garantir la mesure, apaiser les tensions. 

En son absence, c’est la mère -l’école, l’enseignante, la femme- qui compense, jusqu’à l’épuisement. Mais nul ne peut jouer tous les rôles à la fois sans perdre son souffle. Et quand la mère s’effondre, le foyer tremble. 

La récente grève des enseignants n’est donc pas une simple grève, c’est un cri adressé au Père symbolique : «Reviens nous donner la mesure. Reviens nous protéger.» Sauf que l’Etat, à vouloir tout gérer, s’en trouve lui aussi dépassé et à court de solutions.  

Quand le silence devient lourd 

L’épuisement des enseignants n’est pas un fait divers. C’est un fait de civilisation. Quand ceux qui transmettent la vie n’ont plus la force de la vivre, ce sont les enfants qui paient la facture. Eux ressentent la lassitude, l’irritabilité, le vide d’énergie. Et peu à peu, ils apprennent, eux aussi, à vivre dans la tension. 

L’école n’est plus un lieu d’élévation : elle devient un champ de survie. Mais une société qui épuise ses maîtres finit toujours par perdre ses élèves.  

Pour conclure cette chronique, quelques messages simples : on ne peut pas continuer à enseigner sans souffle, à aimer sans reconnaissance et à éduquer sans énergie vitale. 

La récente grève des enseignants aura été une respiration. Un moment pour se rappeler que l’école n’est pas un service, mais un espace sacré où se forge l’âme d’un peuple. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.  

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Russie – Ukraine | Angela Merkel et la mauvaise foi de l’Occident 

L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a attribué une part de responsabilité à la Pologne et aux pays baltes dans l’invasion russe de l’Ukraine. Une véritable onde de choc politique à travers toute l’Europe de l’Est, qui tient de la falsification éhontée de l’histoire et d’une reprise mot pour mot du scénario du Kremlin, selon les pays concernés.

Habib Glenza

Dans un entretien accordé au média hongrois en ligne Partizán et publié le 6 octobre 2025, Merkel a livré sa vision des événements ayant conduit à la guerre en Ukraine. Selon elle, une opportunité diplomatique cruciale à l’été 2021 aurait pu empêcher l’invasion. Elle a confié avoir senti, à l’époque, «que les accords de Minsk n’étaient plus pris au sérieux» par Vladimir Poutine. Ceux-ci, conclus en 2014, visaient à mettre fin aux combats dans les régions séparatistes de l’est de l’Ukraine, soutenues par Moscou. Mais ce projet n’a jamais vu le jour. La raison, selon Merkel, c’était l’opposition des nations d’Europe de l’Est. «Certains ne soutenaient pas cette idée», a-t-elle affirmé. «Il s’agissait principalement des pays baltes, mais aussi de la Pologne, qui craignaient que nous n’ayons plus de politique commune vis-à-vis de la Russie», a-t-elle expliqué, et de conclure de façon aussi simpliste que sévère : «Quoi qu’il en soit, cela ne s’est pas fait. Puis j’ai quitté mes fonctions, et c’est alors que l’agression de Poutine a débuté.»

La mauvaise foi d’Angela

Dans une interview antérieure accordée au journal allemand Die Zeit le 7 décembre 2022, l’ancienne chancelière avouait pourtant que les accords de Minsk de 2014 avaient été «une tentative de donner du temps à l’Ukraine de se renforcer militairement en vue d’une confrontation future avec la Russie ?» Cet aveu a une valeur «historique», faisait remarquer, à juste titre, le président serbe Alexandre Vucic, sachant que ces accords avaient été conclus avec pour objectif officiel de rétablir la paix entre Kiev et les Républiques du Donbass.

Cet aveu a d’ailleurs suscité une vive réaction de la part du président Poutine, alors que Moscou a, à de multiples reprises, déploré la non-application de ces accords censés entériner la fin des hostilités entre les forces ukrainiennes et les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, qui avaient fait sécession après le coup d’Etat de 2014 en Ukraine. 

Les accords de Minsk, dont la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et le président russe Vladimir Poutine étaient les garants, visaient officiellement une paix durable entre le gouvernement ukrainien formé par les ultra-nationalistes et les séparatistes du Donbass. Or, ils n’étaient en réalité qu’une «duperie» à l’égard de la Russie et traduisaient la mauvaise foi de l’Occident, qui préparait la guerre contre Moscou depuis 2014.

Le «russian bashing»

L’intervention de la Russie en Ukraine serait donc la conséquence ou la réaction à la mauvaise foi de l’Occident et à la rhétorique mensongère de ses médias, qui relayent encore aujourd’hui les mêmes mensonges sur les accords de Minsk.  

Mme Merkel avait eu l’occasion, dès 2014, d’empêcher le déclenchement du conflit russo-ukrainien, insensé et couteux en vies humaines, malheureusement, elle n’a pu rien faire, elle et l’Union européenne (UE), pour prévenir le carnage parce qu’ils étaient soumis aux diktats des Américains. La suite, on la connaît, mais le «russian bashing», qui caractérise les médias occidentaux, ne saurait tenir lieu de vérité historique.

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Soumoud | Le 2e groupe de Tunisiens de retour à Tunis

Le deuxième groupe des Tunisiens arrêté par Israël pour avoir participé à la Flottille Al Soumoud est arrivé, ce mercredi 8 octobre 2025, à l’aéroport de Tunis-Carthage.

Après leur libération par Israël, les militants tunisiens ont été rapatriés via la Jordanie et la Turquie et leur vol est arrivé cet après-midi, à Tunis, où ils ont été accueillis en héros.

Devant l’aéroport leurs concitoyens brandissant des drapeaux de la Tunisie et de la Palestine ont scandé des slogans pro-Palestine et exprimé leur soutien inconditionnel avec le peuple palestinien, tout en appelant à l’approbation, en Tunisie, d’une loi qui criminalise tout acte de normalisation avec Israël.

Y. N.

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Anne-Manuèle Hébert: « Le coût de la transition écologique est moins élevé que celui de l’inaction »

Après une édition 2023 unanimement saluée comme une réussite, le salon Pollutec revient à Lyon du 7 au 10 octobre 2025. Véritable rendez-vous des enjeux environnementaux et climatiques, l’événement revendique plus que jamais son rôle de plateforme multisectorielle. Anne-Manuèle Hébert, directrice du salon nous en parle. Interview:

Quels exemples concrets d’innovation en bioéconomie seront mis en lumière lors de cette édition 2025 ?

La bioéconomie, c’est avant tout l’émancipation vis-à-vis des énergies fossiles. Il s’agit de replacer la nature au centre, de préserver les ressources et d’inscrire l’économie dans une logique plus régénérative.

Le thème central, quand on parle de bioéconomie, c’est la gestion des ressources : comment mieux les utiliser, comment faire des choix judicieux dans leur exploitation. Vient ensuite la circularité : les entreprises, désormais engagées et contraintes, doivent réutiliser ou recycler les déchets qu’elles produisent.Au-delà de ces obligations, se pose aussi la question de la souveraineté : comment optimiser les ressources, notamment les métaux rares, pour renforcer notre autonomie ? La bioéconomie englobe tous ces enjeux.

En réalité, ce sujet concerne chacun des secteurs présents à Pollutec, tout comme la décarbonation. Lorsqu’on évoque la décarbonation, on pense souvent aux énergies renouvelables ; or certaines mobilisent d’autres thématiques, comme la collecte de biodéchets ou la méthanisation. L’hydrogène, par exemple, nécessite une quantité importante d’eau , une ressource aujourd’hui rare , ce qui ramène à la question cruciale de sa gestion : quelle eau utilisons-nous ? Est-elle traitée, récupérée ? Tout est interconnecté.

La bioéconomie s’inscrit ainsi dans une logique de collaboration intersectorielle, car toutes les industries sont concernées par la raréfaction et la valorisation des ressources. Un enjeu commun se dégage : lutter contre le stress hydrique.Cela fait de nombreuses années que certaines régions subissent une pénurie chronique d’eau, et aujourd’hui, c’est l’Europe dans son ensemble qui y est confrontée.

Peut-on parler de solutions aujourd’hui?

Des solutions existent, comme la réutilisation des eaux usées traitées (REUT), mais elles nécessitent un cadre réglementaire clair, encore absent dans de nombreux territoires.Il est donc essentiel de sensibiliser et de mettre en place des stratégies pour récupérer les eaux de pluie et anticiper les pollutions.

À Pollutec, une table ronde sera d’ailleurs consacrée à la thématique de l’eau en lien avec le secteur agricole : comment prévenir les contaminations, notamment celles dues à l’usage de pesticides, principale cause de pollution durable des sols et des nappes phréatiques.

En somme, il s’agit d’anticiper pour moins avoir à gérer. C’est notamment un chiffre qui est quand même assez marquant. Le coût de la transition écologique est moins élevé aujourd’hui que le coût de l’inaction.

Le coût de l’inaction est estimé à 110 milliards d’euros par an en Europe, alors que le coût de la transition serait estimé à environ 100 milliards. Donc on est avec un peu de rationalité économique, on comprend vite les co-bénéfices de la transition écologique.

Quels sont les nouveaux secteurs traités lors de cette édition, et pourquoi ?

Il n’y a pas vraiment de nouveaux secteurs. Nous accueillons onze grandes familles sur Pollutec : c’est traditionnel. Les trois plus importantes, sur lesquelles on communique beaucoup, sont bien sûr l’eau, l’énergie et les déchets. Mais nous avons aussi la Ville durable, les risques, l’air, les sols et, évidemment, la biodiversité.

Nous couvrons ainsi un large spectre de thématiques.Cette année, nous proposons une approche complémentaire à celle de Pollutec. Ce salon présente des solutions concrètes et s’adresse notamment aux entreprises et aux collectivités qui viennent y chercher des réponses à leurs problématiques.Nous avons développé un nouveau cycle de conférences :une journée dédiée au textile,une journée à l’agriculture,et une journée à la mobilité.

L’objectif est d’aborder des filières et des marchés spécifiques, de sensibiliser et de recruter des acteurs de la transformation écologique parmi des profils qui ne sont pas forcément experts du domaine, mais qui sont confrontés à des enjeux de gestion des déchets, de circularité ou de décarbonation. Notre ambition est de décrypter l’offre de Pollutec pour aider les professionnels à comprendre comment transformer leur modèle.

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Pascal Terrasse : « Renforcer les liens entre les deux rives de la Méditerranée est une nécessité vitale »

À l’occasion du salon Pollutec (du 7 au 10 octobre 2025), à Lyon, Pascal Terrasse, directeur général adjoint du CEREMA, un centre technique national qui regroupe près de 2 500 techniciens et ingénieurs en France, explique les enjeux de cet événement majeur dédié aux métiers de l’environnement  dans une déclaration exclusive à leconomistemaghrebin.com 

« Ce salon s’inscrit dans un calendrier européen où il figure parmi les plus reconnus dans le domaine de l’environnement. Sans aller jusqu’à dire qu’il est mondialement le plus important, il est en tout cas considéré comme l’un des plus innovants. On y retrouve l’ensemble des acteurs professionnels de l’économie verte : propreté, gestion de l’eau, qualité de l’air, adaptation aux défis climatiques… C’est également un espace d’échanges privilégié, où se rencontrent des délégations venues de toute l’Europe et du monde entier. ”

Pour le CEREMA, l’événement est aussi une opportunité de dialogue international 

« C’est pour nous l’occasion d’échanger avec nos collègues de Tunisie, qui font face à des défis climatiques comparables à ceux de la périphérie méditerranéenne : littoral, changement climatique, habitabilité. Toutes les COP successives soulignent les risques croissants qui pèsent sur nos populations. En tant que décideurs publics, nous devons accompagner ces populations dans leur adaptation », poursuit-il.

Interrogé sur  les interdépendances entre l’Europe et l’Afrique, Pascal Terrasse précise : « On ne peut pas imaginer une Europe prospère si sa périphérie se porte mal. La Méditerranée n’est pas un océan : c’est un lac magnifique, mais fermé. Ce qui se passe sur l’une des rives a des conséquences directes sur l’autre. Quand l’Afrique du Nord tousse, c’est l’Europe qui s’enrhume. Les liens entre les deux rives sont profonds et doivent être renforcés, sur les plans culturel, social, sportif, économique et environnemental. » Il estime que les enjeux environnementaux dépassent toutes les autres considérations. »

Avant d’ajouter: « C’est ce qui conditionnera demain la possibilité même de vivre sur notre planète. L’enjeu n’est ni politique ni religieux : il s’agit avant tout de la survie de l’humanité. Quand l’Afrique est en difficulté, l’Europe l’est aussi et inversement. L’Europe n’a pas de leçons à donner à l’Afrique ; c’est dans la coopération et le partenariat que nous devons avancer ensemble. »

Et de conclure : « Je suis heureux d’avoir signé cette convention. C’est une fierté de voir un établissement public comme le CEREMA poursuivre ses missions à l’international, mobiliser ses chercheurs et valoriser son innovation et ses travaux tout au long de l’année. Tout cela doit contribuer, collectivement, à construire un avenir meilleur pour tous. » 

Voir vidéo en interview:

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