Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

Trois finalistes pour les « Prix des critiques arabes pour les films européens » 2025

Trois longs métrages européens ont été retenus comme finalistes pour les Arab Critics’ Awards for European Films (Prix des critiques arabes pour les films européens), une distinction créée conjointement par l’European Film Promotion (EFP – Promotion du cinéma européen) et le Arab Cinema Center (ACC – Centre du cinéma arabe), en partenariat avec le Festival du Film d’El Gouna en Égypte. Parmi les vingt films soumis cette année, le jury, composé de cent critiques de cinéma issus de seize pays arabophones, a choisi Deaf (Sourde) d’Eva Libertad (Espagne), DJ Ahmet de Georgi M. Unkovski (Macédoine du Nord, République tchèque, Serbie, Croatie) et Yunan d’Ameer Fakher Eldin (Allemagne, Canada, Italie, Palestine, Qatar, Jordanie, Arabie Saoudite).

J’ai personnellement l’honneur de figurer parmi ces cent critiques arabes qui participent à ce vote prestigieux, une initiative visant à renforcer la visibilité des films européens dans le monde arabe et à encourager les échanges culturels entre les deux régions.

Prix des critiques arabes pour les films européens Arab Critics’ Awards for European Films

Le film Deaf, premier long métrage de la réalisatrice espagnole Eva Libertad, est une adaptation intime de son court métrage du même nom. Inspirée de sa propre expérience familiale, la cinéaste y met en scène sa sœur, Miriam Garlo, sourde dans la vie comme à l’écran, pour raconter la relation d’un couple mixte — une femme sourde et son compagnon entendant — confronté à la maternité et aux barrières de la communication. Libertad explore avec une grande délicatesse les tensions, les incompréhensions et la tendresse qui traversent cette histoire d’amour silencieuse, révélant la richesse émotionnelle du monde intérieur des personnages. Présenté à la Berlinale dans la section Panorama, Deaf y a remporté le Prix du public et le Prix du cinéma d’art et d’essai. Il a ensuite triomphé au Festival de Málaga, où il a reçu six récompenses, dont celles du Meilleur film, de la Meilleure actrice et du Meilleur acteur. Le film a également remporté le Latin American Critics Award for European Films (Prix des critiques latino-américains pour les films européens) au Festival de Guadalajara. Produit par Distinto Films, Nexus CreaFilms et A Contracorriente Films, Deaf est distribué à l’international par la société madrilène Latido Films.

Deuxième film sélectionné, DJ Ahmet, premier long métrage du réalisateur macédonien Georgi M. Unkovski, a connu sa première mondiale au Sundance Film Festival 2025, où il a remporté le World Cinema Dramatic Audience Award (Prix du public du cinéma mondial – section fiction) ainsi qu’un Prix spécial du jury pour la vision créative. L’histoire se déroule dans un village reculé de Macédoine du Nord et raconte le parcours d’Ahmet, un jeune berger de quinze ans dont la découverte de la musique électronique bouleverse l’existence. Son rêve de devenir DJ se heurte à la tradition, aux attentes familiales et à un amour interdit. À travers ce personnage, Unkovski dépeint une forme de résistance silencieuse, celle qui naît dans les marges, lorsque la liberté intérieure défie le poids de l’héritage. D’un lyrisme visuel rare, DJ Ahmet capture la beauté brute des paysages macédoniens et la vitalité d’un jeune homme qui tente d’imposer sa voix dans un monde qui voudrait le faire taire. Coproduit par Cinema Futura et Sektor Film (Macédoine du Nord), Alter Vision et Analog Vision (République tchèque), Backroom Production et Baš Čelik (Serbie) ainsi que 365 Films (Croatie), le film est distribué à l’international par Films Boutique.

Enfin, Yunan, deuxième long métrage du cinéaste syro-palestinien Ameer Fakher Eldin, est une œuvre introspective et poétique sur l’exil, la solitude et la quête de sens. Le film suit le parcours d’un homme arabe arrivé sur une île isolée du nord de l’Allemagne, décidé à mettre fin à ses jours. Sa rencontre avec une communauté allemande marginalisée, marquée par le conservatisme et la précarité, bouleverse peu à peu sa perception du monde et de lui-même. Tourné dans la beauté austère des paysages nordiques, Yunan déploie un dialogue silencieux entre l’homme et la nature, entre l’exil intérieur et la possibilité d’un renouveau. Le film était en compétition à la Berlinale et a remporté le Golden Firebird Award du Meilleur acteur (Georges Khabbaz) et de la Meilleure actrice (Hanna Schygulla) au Hong Kong International Film Festival. Produit par Dorothe Beinemeier pour Red Balloon Film (Allemagne), en coproduction avec Microclimat Film (Canada) et Intramovies (Italie), ainsi que Fresco Films, Metafora Productions et Tabi360, Yunan est distribué par Intramovies, tandis que Mad Solutions assure les ventes pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

Ces trois finalistes incarnent chacun à leur manière une Europe plurielle, traversée par des questionnements universels : la communication et le silence (Deaf), l’émancipation et l’héritage (DJ Ahmet), l’exil et la renaissance (Yunan). Ils traduisent aussi la vitalité d’un cinéma d’auteur européen capable de dialoguer avec le monde arabe, en racontant des histoires profondément humaines.

Le film lauréat de cette sixième édition sera dévoilé lors du El Gouna Film Festival (16 – 24 octobre 2025).

Lancé en 2019, le Arab Critics’ Awards for European Films (Prix des critiques arabes pour les films européens) est né du partenariat entre l’EFP et le ACC. Ce prix est une déclinaison du Critics’ Awards for Arab Films (Prix des critiques pour les films arabes) créé par le même centre. L’objectif est double : encourager la diffusion d’œuvres européennes de qualité dans le monde arabe et mettre en lumière le rôle essentiel des critiques arabes dans la découverte et la médiation culturelle.

Depuis sa création, ce prix a distingué plusieurs films marquants : God Exists, Her Name Is Petrunya de Teona Strugar Mitevska (2019), Undine de Christian Petzold (2020), 107 Mothers de Peter Kerekes (2021), EO de Jerzy Skolimowski (2022), Fallen Leaves d’Aki Kaurismäki (2023) et The Seed of the Sacred Fig de Mohammad Rasoulof (2024).

Soutenue par le programme Creative Europe – MEDIA de l’Union européenne, cette initiative illustre la volonté commune de ses fondateurs : encourager le dialogue entre les cultures à travers le regard des critiques, et célébrer le cinéma comme un langage universel capable de dépasser les frontières.

Neïla Driss

L’article Trois finalistes pour les « Prix des critiques arabes pour les films européens » 2025 est apparu en premier sur webdo.

El Gouna 2025 – Vingt films en lice pour les Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens

Le Festival du film d’El Gouna, prévu du 16 au 24 octobre 2025, accueillera une nouvelle fois les Prix des critiques arabes pour les films européens (Arab Critics’ Awards for European Films), un rendez-vous désormais incontournable qui en est déjà à sa septième édition. Créée conjointement par la Promotion européenne du film (European Film Promotion – EFP) et le Centre du Cinéma Arabe (Arab Cinema Center – ACC), cette initiative met en lumière la richesse et la diversité du cinéma européen à travers le regard de 100 critiques arabes issus de 16 pays. Leur mission : désigner trois favoris parmi les vingt films sélectionnés, avant d’annoncer le lauréat final au cours du festival.

La sélection 2025 illustre la variété des écritures européennes et l’originalité des démarches artistiques. Beaucoup de ces œuvres ont déjà marqué les plus grands festivals internationaux ou représenté leur pays dans la course à l’Oscar du meilleur film international. Parmi elles, on retrouve Jeunes mères des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique), qui a remporté  le prix du meilleur scénario à Cannes, Little Trouble Girls d’Urška Djukić (Slovénie) ou encore Sanatorium du documentariste irlandais Gar O’Rourke. D’autres films, déjà largement distingués, confirment leur place dans cette compétition : DJ Ahmet de Georgi Unkovski (Macédoine du Nord), multi-primé à Sundance, Cannes et Sarajevo, Home Sweet Home de Frelle Petersen (Danemark) et Deaf d’Eva Libertad (Espagne), récompensés au Panorama de la Berlinale, Yunan d’Ameer Fakher Eldin (Allemagne), lauréat au Festival du film arabe de Rotterdam, ou encore Celtic Utopia de Dennis Harvey et Lars Lovén (Suède), primé à la Semaine de la Critique de Locarno. L’animation est également représentée avec Tales from the Magic Garden de David Súkup, Jean-Claude Rozec, Patrik Pašš et Leon Vidmar (Slovaquie), déjà couronné au Giffoni Film Festival.

Cliquez ici pour la liste de tous les films sélectionnés

Pour Sonja Heinen, directrice générale de l’EFP, cette sélection témoigne de l’ampleur et de la diversité du cinéma européen : « Nous sommes ravis de voir cette année encore de nouveaux critiques rejoindre le jury. Chacun apporte une perspective singulière, qui enrichit le dialogue et contribue à renforcer la circulation des films. Les vingt œuvres en compétition reflètent la vitalité et la pluralité des cinématographies européennes. »

Du côté du Centre du cinéma arabe, ses cofondateurs Alaa Karkouti et Maher Diab insistent sur l’importance de cette collaboration avec l’EFP : « C’est toujours un plaisir de renouveler ce partenariat et de donner aux critiques arabes la possibilité de faire rayonner le cinéma européen dans notre région. Ces échanges permettent aussi d’ouvrir des horizons nouveaux aux cinéastes. »

À El Gouna, la directrice artistique Marianne Khoury souligne l’importance de ce rendez-vous dans la dynamique du festival : « Nous sommes fiers d’accueillir les Prix des critiques arabes pour les films européens. Cette rencontre entre critiques arabes et cinéma européen illustre notre vocation à établir des ponts, à favoriser le dialogue interculturel et à affirmer le rôle essentiel des festivals arabes dans cette interaction. »

Depuis sa création en 2019, le prix a récompensé plusieurs œuvres devenues emblématiques. La première édition avait consacré le très beau God Exists, Her Name Is Petrunya de la réalisatrice macédonienne Teona Strugar Mitevska, une œuvre percutante sur l’émancipation féminine qui avait déjà marqué la Berlinale et trouvé un large écho dans la région arabe grâce à son traitement audacieux des traditions et du patriarcat. L’année suivante, c’est l’Allemand Christian Petzold qui avait été distingué pour Undine, une variation contemporaine de la légende aquatique, dont la poésie visuelle et l’interprétation de Paula Beer avaient été largement saluées. En 2021, le prix était revenu au cinéaste slovaque Peter Kerekes pour 107 Mothers, un film hybride, entre fiction et documentaire, qui explorait la maternité derrière les murs d’une prison ukrainienne, suscitant un débat riche sur la représentation des femmes et des marges.

En 2022, c’est le vétéran polonais Jerzy Skolimowski qui avait bouleversé les critiques avec EO, une relecture moderne de Au hasard Balthazar de Robert Bresson. Le film, raconté du point de vue d’un âne, avait conquis les festivals et rappelé la force des regards expérimentaux sur le monde. L’année 2023 avait, elle, consacré le Finlandais Aki Kaurismäki pour Les feuilles mortes/Fallen Leaves, une chronique tendre et mélancolique sur deux êtres solitaires qui se rencontrent à Helsinki, confirmant le style unique et minimaliste du cinéaste, déjà célébré à Cannes.

Enfin, en 2024, le prix avait distingué Les graines du figuier sauvage/The Seed of the Sacred Fig de Mohammad Rasoulof, un magnifique film iranien d’une portée politique majeure, primé également par plusieurs prix à Cannes, dont le prix spécial du Jury, et qui avait trouvé une résonance particulière dans le monde arabe par son engagement et sa puissance narrative.

Cette rétrospective des lauréats des six éditions précédentes montre la capacité du prix à identifier des œuvres d’une grande diversité esthétique et thématique, mais aussi à leur offrir une visibilité élargie dans la région arabe, où la critique joue un rôle essentiel de passeur culturel.

Cette année, la liste des 100 critiques participants comprend plusieurs Tunisiens, confirmant la place de la critique nationale dans le paysage arabe. Parmi eux figurent Lamia Guiga, Ikbal Zalila, Samira Daimi, Tarek Ben Chaabane – actuel directeur général des Journées Cinématographiques de Carthage 2025 – ainsi que moi-même, Neïla Driss, aux côtés d’autres plumes issues de toute la région.

Cliquez ici pour la liste de tous les critiques par pays

Le prix, soutenu par Creative Europe – le programme MEDIA de l’Union européenne, vise autant à promouvoir la diversité des œuvres qu’à valoriser la voix des critiques arabes, considérés comme des passeurs essentiels entre films et publics. Plus largement, il ambitionne de stimuler l’intérêt des distributeurs et des professionnels du secteur pour des œuvres qui, sans ce tremplin, auraient parfois du mal à trouver une visibilité dans la région.

Le Festival d’El Gouna, fondé en 2017, s’est imposé en moins d’une décennie comme une plateforme incontournable pour le cinéma arabe et international. Grâce à son industrie, le CineGouna Platform, il encourage la découverte de nouveaux talents, favorise la coproduction et consolide les échanges artistiques. L’intégration des Arab Critics’ Awards for European Films dans sa programmation confirme cette volonté de mettre la critique au cœur du dialogue culturel et de faire du festival un véritable carrefour des cinémas du monde.

Neïla Driss

L’article El Gouna 2025 – Vingt films en lice pour les Prix des Critiques Arabes pour les Films Européens est apparu en premier sur webdo.

El Gouna 2025 – Le film « Where the Wind Comes From » d’Amel Guellaty en compétition

Le 8ᵉ Festival de cinéma d’El Gouna, prévu du 16 au 24 octobre 2025, accueillera en compétition des films de fiction le premier long-métrage d’Amel Guellaty, Where the Wind Comes From. Le film y tiendra sa première dans le monde arabe, après un parcours international déjà couronné de succès.

Présenté en avant-première mondiale au Festival de Sundance, le film a rapidement séduit la critique et a poursuivi sa tournée dans de grands rendez-vous comme Rotterdam et Istanbul. Partout, il a été remarqué pour son mélange d’humour et d’émotion, la justesse de ses interprètes et la puissance de ses images. Les distinctions n’ont pas tardé : Golden Bee du meilleur film au Mediterranean Film Festival de Malte et prix du meilleur long métrage de fiction au Toronto Arab Film Festival.

La presse spécialisée a unanimement salué cette œuvre. Pour Variety, il s’agit d’« un film visuellement frappant qui explore de nombreux thèmes dans le cadre simple du road movie ». Cineuropa a mis en avant « le portrait d’une génération perdue qui cherche à se réinventer ». Le Hindustan Times a parlé d’« un petit miracle avec un immense cœur », tandis que Fasllah a souligné « une voix nouvelle et fraîche du cinéma tunisien », insistant sur son originalité par rapport aux films tunisiens récents.

C’est dans ce contexte que le film arrive à El Gouna. À l’annonce de la sélection, Amel Guellaty a confié son émotion : « Je suis profondément honorée de présenter mon film au Festival de cinéma d’El Gouna, un lieu qui l’a soutenu dès les premières étapes, du développement jusqu’à la post-production. Pouvoir enfin partager le fruit de plusieurs années de travail ici est une grande fierté. Ramener ce film dans la région MENA a une signification particulière pour moi, et j’ai hâte de le présenter au public. »

Where the Wind Comes From raconte l’histoire d’Alyssa, 19 ans, et de Mehdi, 23 ans, deux jeunes qui rêvent de fuir une réalité étouffante. En découvrant un concours offrant une chance de départ, ils se lancent dans un road trip à travers le sud tunisien. Leur voyage devient une quête initiatique, faite d’épreuves, de découvertes et de révélations sur eux-mêmes.

Produit par Asma Chiboub pour Atlas Vision, le film réunit Slim Baccar, Eya Bellagha, Sondos Belhassen et Lobna Noomane. La photographie est signée Frida Marzouk, le montage assuré par Amel Guellaty, Ghalya Lacroix et Malek Kammoun, la musique composée par Omar Aloulou et le son par Aymen Labidi. La distribution arabe et les ventes internationales sont confiées à MAD Distribution.

Née en 1988, Amel Guellaty s’est d’abord formée au droit à la Sorbonne avant de se consacrer au cinéma. Elle a débuté comme assistante sur Après Mai d’Olivier Assayas et Foreign Body de Raja Amari, avant de réaliser en 2017 Black Mamba, court-métrage sélectionné dans plus de soixante festivals, primé à vingt reprises, et acquis par Canal+ et la chaîne italienne RT. En 2022, son deuxième court, Chitana, a confirmé son talent. Elle a également signé des campagnes pour Dior, Montblanc et IWC. Avec Where the Wind Comes From, son premier long-métrage, elle impose une voix singulière et prometteuse dans le cinéma arabe contemporain.

En rejoignant la compétition des films de fiction d’El Gouna 2025, le film tunisien confirme l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes capables de faire rayonner leur cinéma bien au-delà de leurs frontières, tout en résonnant profondément dans leur région d’origine.

Neïla Driss

L’article El Gouna 2025 – Le film « Where the Wind Comes From » d’Amel Guellaty en compétition est apparu en premier sur webdo.

El Gouna 2025 – Cinq films égyptiens sélectionnés

Depuis sa création, le Festival de cinéma d’El Gouna (GFF) s’est imposé comme l’un des rendez-vous majeurs pour le cinéma arabe. À la fois vitrine internationale et espace de travail, il offre aux cinéastes la possibilité de présenter leurs films mais aussi de développer leurs projets grâce à CineGouna, sa plateforme dédiée. Pour cette 8ᵉ édition, qui se tiendra du 16 au 24 octobre 2025, le festival a dévoilé une sélection égyptienne variée qui reflète plusieurs tendances : l’émergence de jeunes auteurs qui signent leurs premiers longs-métrages, le retour de réalisateurs déjà remarqués sur la scène internationale, et la volonté de maintenir un équilibre entre fiction et documentaire.

Mohamed Siam et le passage à la fiction

Parmi les films en compétition, My Father’s Scent marque un tournant dans la carrière de Mohamed Siam. Le cinéaste s’est fait connaître par ses documentaires : Whose Country?, sélectionné à l’IDFA, et Amal, présenté à Locarno et primé à Thessalonique et aux Journées Cinématographiques de Carthage. Dans ses œuvres précédentes, il explorait souvent la jeunesse, la famille ou les rapports de pouvoir à travers des récits ancrés dans la société égyptienne contemporaine. Avec My Father’s Scent, il passe pour la première fois à la fiction, tout en restant fidèle à ses thématiques : le film met en scène une relation père-fils traversée par des rancunes accumulées et une nuit de révélations.

Le choix de Kamel El Basha, Lion d’or de Venise en 2017 pour The Insult de Ziad Doueiri, et d’Ahmed Malek, jeune acteur égyptien dont la carrière prend une dimension internationale (Clash de Mohamed Diab, The Furnace de Roderick MacKay), inscrit le film dans une volonté de croiser plusieurs générations d’interprètes. Le projet avait été repéré dès 2021 par CineGouna, qui lui avait accordé un soutien au développement. Sa sélection à El Gouna boucle ainsi un parcours entamé il y a quatre ans dans le cadre professionnel du festival.

Mohamed Rashad et une première fiction attendue

Avec The Settlement, Mohamed Rashad signe son premier long-métrage de fiction, après s’être illustré dans le documentaire. Son film Little Eagles (2016) avait été remarqué pour son approche politique et intime à la fois, en retraçant l’histoire d’un militantisme générationnel. The Settlement s’inspire cette fois d’un fait divers : la mort d’un ouvrier sur un chantier, que ses enfants refusent de considérer comme un accident. Le récit, mené comme un thriller, confronte les protagonistes à une vérité difficile à établir.

Soutenu en 2024 par CineGouna, le projet a rapidement trouvé des partenaires en France, en Allemagne, au Qatar et en Arabie saoudite. Le film a eu sa première mondiale à Berlin, dans la section Perspectives, avant d’arriver à El Gouna. Pour Mohamed Rashad, il s’agit d’un moment important : présenter son premier film de fiction dans un grand festival européen, puis le montrer en Égypte dans un cadre régional qui valorise aussi la production locale.

Yomna Khattab et l’autobiographie filmée

Dans la compétition documentaire, 50 Meters de Yomna Khattab poursuit une démarche profondément personnelle. La réalisatrice filme sa relation avec son père et la distance affective qui les sépare. Le titre renvoie à cette proximité géographique – à peine quelques dizaines de mètres – qui ne suffit pas à combler un éloignement intérieur. Loin d’un récit spectaculaire, le film se construit comme une tentative de rapprochement par l’image.

Présenté en première mondiale au CPH:DOX, dans la section NEXT:WAVE, 50 Meters s’inscrit dans une tendance du documentaire contemporain où la caméra devient un outil d’introspection et de réparation familiale. Le projet avait été soutenu par CineGouna dès 2021, ce qui témoigne de l’intérêt précoce du festival pour ce type de démarches intimistes, à contre-courant d’un cinéma plus frontal.

Namir Abdel Messeeh : retour après La Vierge, les Coptes et moi

Le deuxième documentaire en compétition, Life After Siham, est signé par Namir Abdel Messeeh. Cinéaste franco-égyptien, il avait été révélé par La Vierge, les Coptes et moi, présenté à Cannes à l’ACID et récompensé au Festival de Carthage en 2011. Ce film explorait déjà la mémoire familiale et religieuse, avec une mise en scène à la fois sérieuse et ludique.

Avec Life After Siham, il revient à un sujet plus intime : la mort de sa mère et les difficultés créatives qui en découlent. Le film, coproduit avec la France et soutenu par CineGouna en 2024, a été montré cette année à Cannes dans la section ACID. En retraçant son histoire familiale à travers la caméra, Abdel Messeeh poursuit un travail singulier sur le rapport entre mémoire personnelle et récit collectif.

Hors compétition : un premier film féminin

Hors compétition, El Gouna accueillera la première mondiale de Love Imagined de Sarah Rozik. La réalisatrice y entrecroise les parcours d’une étudiante, d’une femme en rupture sentimentale et d’un professeur confronté au deuil. Le film s’intéresse à la manière dont l’amour et la perte façonnent des existences ordinaires.

Le rôle du CineGouna

Un élément commun relie quatre des films sélectionnés en compétition : ils ont tous bénéficié du soutien de CineGouna, qu’il s’agisse de l’aide au développement ou à la postproduction. Depuis son lancement, cette plateforme est devenue un instrument clé pour accompagner les cinéastes arabes et égyptiens, leur permettant de trouver des financements internationaux et de structurer leurs projets.

Le fait que My Father’s Scent, The Settlement, 50 Meters et Life After Siham soient aujourd’hui terminés et circulent dans les festivals atteste de l’efficacité de ce dispositif. Cela montre aussi la capacité du GFF à se positionner non seulement comme un festival de diffusion mais aussi comme un acteur du développement du cinéma régional.

À ce sujet, Marianne Khoury, directrice artistique du festival, a déclaré :
« Nous sommes incroyablement fiers d’annoncer que quatre films de notre sélection, 50 Meters, Life After Siham, My Father’s Scent et The Settlement, sont tous des alumni de notre plateforme phare CineGouna Funding ! »

Un cadre pour le cinéma égyptien contemporain

La programmation 2025 confirme une orientation : valoriser un cinéma égyptien multiple, qui ne se limite pas aux genres populaires dominants mais explore aussi la mémoire, la famille, la justice et les sentiments à travers des formes plus personnelles. On y trouve des cinéastes confirmés, comme Siam ou Abdel Messeeh, des auteurs en transition, comme Rashad, et de nouvelles voix comme Rozik.

À propos de cette sélection, Andrew Mohsen, responsable de la programmation du GFF, a précisé : « La sélection de cette année est un témoignage puissant de la créativité vibrante et des voix diverses qui émergent d’Égypte. Nous sommes particulièrement heureux d’accueillir une première mondiale (Love Imagined), aux côtés de films réalisés tant par des cinéastes établis que par de nouveaux auteurs qui se font déjà remarquer sur la scène internationale. C’est un honneur de célébrer leur capacité à capter l’essence de l’expérience humaine. Avec le film d’ouverture de Sarah Gohar, Happy Birthday, nous sommes ravis de mettre en valeur la vitalité et la diversité du cinéma égyptien contemporain. »

Pour El Gouna, qui accueillera en ouverture Happy Birthday de Sarah Gohar, cette 8ᵉ édition est une manière d’affirmer son rôle central dans la circulation du cinéma arabe. Le festival se veut un carrefour entre productions locales et réseaux internationaux, entre premiers films et œuvres plus expérimentées.

L’article El Gouna 2025 – Cinq films égyptiens sélectionnés est apparu en premier sur webdo.

El Gouna 2025 : Netflix s’associe au festival pour un atelier exclusif d’écriture de séries

Le Festival du film d’El Gouna (GFF) a annoncé une collaboration ambitieuse avec Netflix, leader mondial du streaming, pour organiser un atelier inédit intitulé « Ever After: Developing a Series (Et après : développer une série)». Cette initiative, prévue dans le cadre de la 8e édition du festival qui se tiendra du 16 au 24 octobre 2025, se déroulera sur trois jours, du 18 au 20 octobre, et réunira scénaristes, producteurs et réalisateurs professionnels autour d’une expérience immersive au cœur du processus d’écriture sérielle.

Cet atelier sera dirigé par Leonard Dick, scénariste et producteur canadien primé aux Emmy Awards, dont la carrière est jalonnée de séries cultes comme Lost, House, The Good Wife ou encore Truth Be Told. Originaire de Toronto, Leonard Dick a développé plusieurs projets pour des chaînes prestigieuses telles que HBO, FX ou Fox, et a accompagné Netflix dans le développement de productions internationales. Sa présence à El Gouna illustre la capacité du festival à attirer des figures influentes du secteur et à offrir aux participants un accès direct à l’expérience des plus grands showrunners.

Le concept de l’atelier est audacieux : plonger les participants dans l’énergie d’une writers’ room (salle d’auteurs) et leur confier la mission de concevoir collectivement une série dramatique d’une heure intitulée Ever After. La question fondatrice est à la fois provocante et inspirante : « Que se passe-t-il après le conte de fées, lorsque la Belle au bois dormant est réveillée par le Prince charmant ? » Au fil de trois jours, les participants apprendront à bâtir des personnages, définir un ton et des thématiques, imaginer une intrigue pilote et dessiner les grandes lignes de la première saison.

L’atelier, conduit en anglais, s’adresse à des professionnels confirmés ayant déjà travaillé sur au moins deux films ou séries diffusés. Les candidatures sont ouvertes via le site officiel du Festival du film d’El Gouna, avec une date limite fixée au 10 septembre 2025.

Amr Mansi, cofondateur et directeur exécutif du festival, a souligné l’importance de cette collaboration : « Cette collaboration entre le GFF et Netflix reflète l’engagement du Festival à encourager la créativité et à offrir une plateforme aux talents régionaux et internationaux pour interagir directement avec les leaders mondiaux de l’industrie. En proposant une telle opportunité, le Festival confirme son rôle de carrefour culturel reliant les professionnels émergents aux standards les plus élevés de la narration mondiale. »

Un partenariat porteur d’enjeux pour la région MENA

Au-delà de son caractère prestigieux, cette initiative revêt une signification particulière pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Alors que les plateformes mondiales, comme Netflix qui compte plus de 300 millions d’abonnés payants dans 190 pays, cherchent à diversifier leurs récits et à inclure davantage de voix issues de différentes cultures, le GFF s’affirme comme un catalyseur essentiel. En donnant accès aux talents arabes aux méthodes d’écriture américaines et internationales, le festival ouvre une passerelle précieuse entre la créativité locale et les standards mondiaux.

Dans un contexte où les séries arabes connaissent un essor sans précédent grâce à la diffusion numérique, cet atelier permet aux scénaristes et réalisateurs de la région de perfectionner leurs outils narratifs tout en restant ancrés dans leurs spécificités culturelles. L’objectif n’est pas seulement de reproduire des modèles venus d’ailleurs, mais de trouver les moyens d’élever des récits locaux au rang de productions capables de séduire un public global.

Des précédents déjà prometteurs : l’expérience arabe avec Netflix

Le partenariat entre Netflix et le GFF s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée, puisque la plateforme a investi ces dernières années dans plusieurs projets arabes ayant trouvé un écho international. Parmi les plus marquants, trois séries se distinguent particulièrement.

  • Ola cherche sa voie/Finding Ola : sortie en 2022, cette série égyptienne marque le retour d’un personnage culte de la télévision, Ola Abdel Sabour, interprétée par Hend Sabry, également productrice exécutive. Le récit suit Ola, quarantenaire divorcée et mère de deux enfants, qui se lance dans une quête de reconstruction et d’indépendance. La saison 2 a accueilli l’acteur tunisien Dhafer L’Abidine, renforçant encore l’écho régional de la série.
  • L’amour, la vie, etc… /Love, Life & Everything in Between (2022) : cette anthologie en huit épisodes mêlant humour noir et drame a rassemblé des cinéastes arabes de renom. Pour la Tunisie, une signature se distingue : Kaouther Ben Hania, déjà célébrée à Cannes et aux Oscars, et est en voie de s’envoler encore une fois à Hollywwod. La série illustre comment des récits ancrés dans des réalités locales peuvent résonner bien au-delà de la région.
  • Catalogue (Kitâlûj) : lancée en 2025, cette série comique-dramatique égyptienne signée Ayman Wattar raconte l’histoire de Youssef, veuf et père de deux enfants, qui s’appuie sur les vidéos laissées par sa défunte épouse, influenceuse, pour apprendre à élever ses enfants. Ce mélange d’humour et d’émotion a immédiatement séduit le public, propulsant la série en tête des tendances dans de nombreux pays arabes.

Ces expériences ne sont pas isolées. Netflix a déjà exploré différents horizons arabes avec Jinn et AlRawabi School for Girls en Jordanie, Paranormal en Égypte, Dollar au Liban, ou encore Crashing Eid et la série animée Masameer en Arabie saoudite. Des titres récents comme The Exchange, The Matchmaker, Alkhallat+ ou Dubai Bling prolongent cette dynamique, confirmant l’intérêt croissant de la plateforme pour des récits portés par des créateurs arabes.

Le GFF, incubateur de talents et pont vers l’international

En quelques années, le Festival du film d’El Gouna s’est imposé comme un acteur clé de l’écosystème cinématographique dans la région MENA. Par ses sélections, ses rencontres professionnelles et ses initiatives, il ne se contente pas d’être une vitrine : il agit comme un incubateur, révélant et accompagnant les talents émergents. En s’associant à Netflix et en accueillant Leonard Dick, le festival confirme cette vocation et s’ouvre davantage à l’international, tout en mettant en avant la richesse et la diversité des voix arabes.

En initiant ce partenariat, le GFF franchit une nouvelle étape : il ne s’agit plus seulement d’accueillir des films, mais d’accompagner activement la création de récits appelés à voyager bien au-delà des écrans régionaux. Pour les créateurs arabes, cette rencontre avec Netflix et Leonard Dick pourrait marquer le début d’une nouvelle ère où leurs histoires, nourries de leur culture et de leur singularité, trouvent un écho universel.

Neïla Driss

L’article El Gouna 2025 : Netflix s’associe au festival pour un atelier exclusif d’écriture de séries est apparu en premier sur webdo.

El Gouna 2025 – 12 premiers films sélectionnés pour la 8ᵉ édition

Du 16 au 24 octobre 2025, la station balnéaire d’El Gouna, en Égypte, accueillera la 8ᵉ édition de son festival de cinéma, un rendez-vous désormais incontournable sur la carte des grands événements culturels de la région MENA. Depuis sa création, le Festival du film d’El Gouna (GFF) s’est imposé comme un espace de rencontre entre cinématographies arabes et internationales, un lieu de découverte et de dialogue où se croisent cinéastes confirmés et nouveaux talents. L’annonce de la première partie de sa programmation confirme cette ambition : treize films, dont plusieurs déjà auréolés de prix dans les plus grands festivals, viennent donner le ton d’une édition qui s’annonce particulièrement prestigieuse.

« Nous sommes incroyablement fiers du programme soigneusement élaboré qui sera présenté, chaque film contribuant à une riche tapisserie d’histoires venues du monde entier. Le festival est une plateforme de dialogue et de découverte, et nous sommes convaincus que cette première sélection résonnera profondément auprès de notre public », a déclaré Marianne Khoury, directrice artistique du GFF.

Des films déjà primés sur la scène internationale

Le cinéma iranien ouvrira cette première sélection avec It Was Just an Accident/Un simple accident de Jafar Panahi, Palme d’or au dernier Festival de Cannes. Fidèle à son art de faire surgir de petites situations un portrait plus vaste de la société, Panahi suit les conséquences en cascade d’un simple accident de la route. Derrière l’apparente banalité du point de départ, le film met à nu des mécanismes sociaux et politiques complexes, une écriture qui a valu au cinéaste sa reconnaissance internationale et qui trouve à El Gouna un nouveau public.

Autre grand nom du cinéma d’auteur contemporain, Joachim Trier revient avec Sentimental Value. Lauréat du Grand Prix à Cannes, ce récit intime explore la relation de deux sœurs aux trajectoires opposées : l’une a choisi la carrière d’actrice, l’autre la vie de famille. Le retour de leur père, cinéaste absent et désormais vieilli, ravive des blessures anciennes et interroge le rapport à la mémoire, à l’art et aux liens familiaux. Trier avait déjà marqué El Gouna en 2021 avec The Worst Person in the World ; son retour témoigne de la fidélité de certains cinéastes au festival.

Toujours venu de Norvège, Dag Johan Haugerud a remporté l’Ours d’or à la Berlinale avec Dreams (Sex Love). Le film adopte le point de vue adolescent d’une jeune fille tombant amoureuse de son professeur, qu’elle raconte dans ses écrits. Plus qu’un simple récit d’initiation, l’œuvre met en lumière la découverte du désir, la construction de l’identité et la complexité de la parole intime. La reconnaissance critique obtenue à Berlin – avec en prime le Prix FIPRESCI – confirme la singularité de son approche.

Richard Linklater, quant à lui, propose avec Blue Moon une variation audacieuse sur le temps réel : le récit se concentre sur la soirée du 31 mars 1943, où le parolier Lorenz Hart fait face à l’effondrement de sa vie professionnelle et personnelle. Porté par Andrew Scott, récompensé à Berlin d’un Ours d’argent pour sa prestation, le film est une plongée dans le destin d’un artiste, où la fragilité humaine rencontre l’exigence de la création.

Entre réalisme et imaginaire : la fiction en éclats

La sélection met également à l’honneur des récits où le réel se trouble au contact de l’imaginaire. Avec Resurrection, Bi Gan imagine un monde privé du rêve où un monstre tente de préserver les dernières illusions. Porté par une esthétique sensorielle, le film, couronné à Cannes d’un Prix spécial, interroge la place du rêve et de l’inconscient dans une société mécanisée.

Dans Sound of Falling, Mascha Schilinski raconte l’histoire de quatre jeunes filles, séparées par un siècle mais réunies par un même lieu, une ferme où leurs existences se reflètent les unes dans les autres. Lauréat du Prix du jury à Cannes, le film aborde le passage du temps, la mémoire des lieux et la transmission entre générations.

Le Mexicain Ernesto Martínez Bucio fait une entrée remarquée avec son premier long-métrage, The Devil Smokes (and Saves the Burnt Matches in the Same Box). Le film met en scène cinq enfants abandonnés, livrés à la garde d’une grand-mère schizophrène. Entre réalité et hallucinations, ce récit dérangeant, primé à la Berlinale, propose une plongée dans un imaginaire sombre, révélant un nouveau talent à suivre.

Deux autres films viennent enrichir cette catégorie de récits ancrés dans la vie et la création. Avec A Poet, Simón Mesa Soto suit le parcours d’un vieil écrivain erratique qui retrouve un sens à sa vie en guidant une adolescente vers l’écriture. Primé à Cannes dans la section Un Certain Regard, le film témoigne de l’importance des rencontres et du rôle des mentors. Enfin, Laura Wandel, déjà connue du public d’El Gouna pour Un monde/Playground, revient avec Adam’s Sake. L’histoire, centrée sur une infirmière pédiatrique confrontée au désespoir d’une mère refusant de quitter son enfant hospitalisé, aborde avec délicatesse la douleur, la solidarité et l’engagement des soignants. Présenté en ouverture de la Semaine de la critique à Cannes, le film confirme la place de Wandel comme une cinéaste attentive à l’enfance et aux relations humaines.

Des documentaires puissants et poétiques

À la fin de cette première sélection, le festival propose aussi plusieurs documentaires marquants. Better Go Mad in the Wild de Miro Remo (République tchèque, Slovaquie) explore la relation complexe de jumeaux élevés dans la nature et confrontés à la séparation. Récompensé par le Grand Prix du Festival de Karlovy Vary, le film mêle observation sensible et réflexion sur le lien fraternel et la solitude.

Avec Always, Deming Chen livre une allégorie sur la perte de l’innocence à travers le parcours d’un jeune Chinois, Gong Youbin, qui se découvre au fil de la poésie. Ce premier film, déjà lauréat du DOX:AWARD à CPH:DOX, démontre la vitalité du documentaire contemporain et sa capacité à s’emparer de formes narratives inédites.

Enfin, Raoul Peck, figure majeure du documentaire engagé, revient avec Orwell: 2+2=5. Après le succès international de I Am Not Your Negro, présenté à El Gouna en 2017, Peck s’attache cette fois aux derniers mois de George Orwell et à l’actualité brûlante de son œuvre 1984. Concepts tels que le doublethink ou le newspeak trouvent une résonance troublante dans notre monde contemporain, renforçant la pertinence politique du cinéma documentaire.

Un festival au cœur du dialogue culturel

Depuis sa création, le Festival du film d’El Gouna s’est fixé pour mission de créer un pont entre les cinémas du monde. En présentant des films arabes et internationaux à un public curieux et averti, il contribue à la circulation des œuvres et à l’émergence de nouvelles voix. « Ces films représentent un éventail mondial de récits, allant de la fiction aux documentaires les plus percutants, dont beaucoup ont déjà été distingués dans les grands festivals. Ce n’est qu’un aperçu du voyage cinématographique qui attend notre public », a souligné Andrew Mohsen, responsable de la programmation.

La richesse de cette première sélection témoigne de l’ambition du GFF : mettre en avant des films exigeants, des signatures confirmées comme des révélations, et offrir aux spectateurs une expérience où se rencontrent cultures, esthétiques et visions du monde. Dans les semaines à venir, de nouveaux titres viendront compléter cette programmation, mais déjà, cette première annonce affirme le rôle d’El Gouna comme un carrefour incontournable du cinéma international.

Neïla Driss

L’article El Gouna 2025 – 12 premiers films sélectionnés pour la 8ᵉ édition est apparu en premier sur webdo.

El Gouna 2025 – Appel à candidatures pour CineGouna Emerge

Pour sa 8ᵉ édition, le El Gouna Film Festival (GFF) annonce l’ouverture des candidatures pour les programmes CineGouna Emerge, une initiative soutenue par son Impact Partner — partenaire stratégique engagé dans des actions à fort impact social et culturel — la Sawiris Foundation for Social Development (SFSD), ainsi que par l’Union européenne en Égypte. Pensé pour accompagner et renforcer les talents émergents du cinéma, ce dispositif confirme l’engagement du festival à soutenir la nouvelle génération de créateurs en Égypte, dans le monde arabe et en Afrique.

Fort du succès rencontré lors des deux précédentes éditions, CineGouna Emerge a permis à des centaines de participants de tisser des liens avec l’industrie cinématographique régionale et internationale, tout en intégrant une communauté dynamique de pairs. De nombreux anciens participants ont franchi des étapes décisives dans leur parcours professionnel, reconnaissant souvent que ce programme a joué un rôle charnière dans leur évolution. Pour 2025, le festival élargit encore le champ des opportunités, veillant à ce que chaque jeune talent puisse trouver un espace pour se développer, se connecter et s’épanouir.

Cette édition se déploie à travers plusieurs parcours distincts. Le programme phare, CineGouna Emerge, s’adresse aux jeunes cinéastes et professionnels du secteur — réalisateurs, scénaristes, producteurs, acteurs, chefs opérateurs, monteurs, ingénieurs du son — en leur offrant une immersion complète dans le festival : projections, masterclasses, tables rondes, ateliers, et rencontres ciblées pour favoriser les échanges et collaborations.

Le SeeMe Track est spécialement conçu pour les acteurs émergents. Il leur permet de vivre l’expérience du tapis rouge, de se préparer à dialoguer avec la presse et les médias, et de se présenter avec assurance à des réalisateurs, producteurs et agents.

Avec le Perspectives Track, ce sont les jeunes photographes, journalistes, critiques de cinéma et créateurs de contenus qui sont mis en lumière. Ils pourront couvrir le festival par le biais d’articles, de reportages photographiques ou de vidéos, en collaboration avec l’équipe Presse et Publications du GFF.

Grande nouveauté cette année : Emerge: Take Two. Ce parcours inédit est réservé aux anciens participants des éditions précédentes, invités à revenir en tant que mentors pour accompagner les nouveaux venus tout au long de leur expérience au festival.

Les candidatures sont ouvertes aux personnes âgées de 18 à 35 ans, ou aux professionnels en début de carrière. Les participants doivent être étudiants ou diplômés de formations en cinéma ou médias, avoir contribué à au moins un film ou une série projeté publiquement, ou développer activement un projet lié au cinéma. Les candidats retenus bénéficieront d’une accréditation leur donnant accès aux projections, au CineGouna Forum et aux activités du marché. Leurs frais de déplacement intérieur, leur hébergement et leurs repas seront également pris en charge.

Pour Amr Mansi, directeur exécutif du El Gouna Film Festival, « CineGouna Emerge est l’initiative la plus proche de notre cœur, et l’une des plus impactantes du festival. En l’élargissant en un programme multi-parcours, nous offrons à chaque jeune talent — qu’il soit cinéaste, acteur, critique ou créateur de contenu — la possibilité d’apprendre, de progresser et de briller à El Gouna. »

Marianne Khoury, directrice artistique du GFF, souligne : « Lors des deux dernières éditions, nous avons constaté l’impact transformateur de CineGouna Emerge. Beaucoup de nos anciens participants travaillent aujourd’hui activement dans l’industrie, et leurs retours sont extrêmement positifs. L’extension du programme cette année vise à rendre ce que nous avons reçu : les anciens accompagneront les nouveaux, et ensemble, nous continuerons à bâtir un réseau créatif fort et solidaire. »

Pour Hayat Aljowaily, responsable de CineGouna Emerge, « notre mission a toujours été de soutenir la nouvelle génération de conteurs d’histoires en Égypte, dans le monde arabe et en Afrique. L’introduction de nouveaux parcours comme Take Two illustre notre foi dans la continuité, le mentorat et la force de la communauté au sein du secteur cinématographique. »

Les inscriptions pour tous les parcours de CineGouna Emerge 2025 sont ouvertes sur le site officiel du El Gouna Film Festival et se clôtureront le 17 août 2025. Une opportunité unique pour les jeunes créateurs de rejoindre un réseau en pleine expansion, et de participer à l’essor du cinéma dans la région.

L’article El Gouna 2025 – Appel à candidatures pour CineGouna Emerge est apparu en premier sur webdo.

El Gouna 2025 – Le festival relance le concours “Eish”

Après le succès retentissant de sa première édition en 2024, le concours « Eish » fait son retour au sein du El Gouna Film Festival, dans une édition renouvelée et ambitieuse, portée par une alliance fructueuse entre le festival, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies en Égypte, et la société Zest. Cette initiative régionale unique convie à nouveau les cinéastes d’Égypte et du monde arabe à proposer leurs projets de courts métrages en développement, d’une durée maximale de quinze minutes, autour d’un thème crucial mais souvent marginalisé dans le paysage audiovisuel : la sécurité alimentaire.

Le mot « Eish » en lui-même porte une double signification qui résonne profondément avec la philosophie du concours. En arabe classique, il signifie « Vivre », tandis qu’en dialecte égyptien, il désigne le « Pain ». Deux sens qui, loin de s’opposer, se rejoignent de manière essentielle : car le pain est la base de la vie. Sans pain, il est impossible de vivre. Ce titre simple, direct et polysémique, résume à lui seul le message que ce concours cherche à transmettre — celui d’une urgence vitale, d’un droit humain fondamental, et d’un combat collectif à mener.

La date limite de soumission des projets a été fixée au 30 août 2025, et le projet lauréat sera dévoilé lors d’un événement spécial organisé dans le cadre de la huitième édition du festival, qui se tiendra du 16 au 24 octobre à El Gouna. Ce calendrier n’est pas anodin : l’ouverture du festival coïncide cette année avec la Journée mondiale de l’alimentation, renforçant le message que cinéma et engagement humanitaire peuvent avancer main dans la main.

Un succès immédiat et un écho régional

Lancée en 2024, la première édition du concours avait suscité un engouement immédiat, avec un nombre impressionnant de candidatures reçues en un laps de temps réduit. Ce succès témoigne non seulement de la vitalité de la jeune création arabe, mais aussi de l’urgence ressentie par les nouvelles générations d’artistes à traiter de sujets sociétaux majeurs, à commencer par celui de la faim, de l’inégalité dans l’accès à la nourriture, et de la précarité alimentaire, qui touche encore des millions de personnes dans la région.

Le projet lauréat de l’an passé, Khufu du cinéaste Mohamed Khaled Al Assi, illustrait parfaitement cette volonté : à travers l’histoire simple et bouleversante d’une famille dont la survie économique dépend d’un seul chameau tombé malade, le réalisateur explorait avec pudeur les conséquences d’une instabilité financière aiguë, à l’échelle domestique. Un récit local, intime, mais porteur d’un écho universel.

L’art pour éveiller les consciences

« Eish n’est pas simplement un concours », rappelle Amr Mansi, directeur exécutif et cofondateur du El Gouna Film Festival, « c’est un appel à faire de l’art une force de changement. » Pour lui, cette initiative incarne pleinement la foi du festival dans le pouvoir du cinéma à faire évoluer les mentalités, à sensibiliser, à provoquer des dialogues. « Nous sommes fiers de poursuivre cette collaboration avec le WFP et Zest. Elle permet aux cinéastes arabes de raconter des histoires profondément ancrées dans leur réalité, et qui abordent de front des enjeux vitaux comme la sécurité alimentaire. »

Cette démarche est pleinement partagée par le Programme alimentaire mondial, représenté en Égypte par Jean-Pierre de Margerie, qui souligne la capacité du cinéma à humaniser les défis les plus complexes. « L’accès à la nourriture est à la base de la dignité humaine, de la stabilité et de la résilience des sociétés. Le cinéma a ce pouvoir unique : il ne se contente pas d’émouvoir, il incite à l’action. »

Quand la nourriture devient récit

Si l’engagement du WFP apparaît évident, la présence de Zest dans ce partenariat pourrait surprendre. Mais pour Abdallah Dnewar, directeur des programmes spéciaux chez Zest et responsable du concours, cette collaboration coule de source. « Zest est une entreprise qui place l’interaction avec la nourriture au cœur de son activité. Le lien entre alimentation et narration est, selon nous, fondamental : il permet d’explorer la complexité de l’expérience humaine. En nous associant au GFF et au WFP, nous offrons aux créateurs une tribune inédite pour raconter l’histoire de notre humanité à travers ce que nous mangeons, partageons ou perdons. »

Cette perspective ouvre un champ immense aux cinéastes : des questions de pénurie aux problématiques d’agriculture durable, des tensions liées aux chaînes d’approvisionnement aux récits de résilience face à la faim, le concours « Eish » incite à traiter la sécurité alimentaire sous toutes ses facettes, avec inventivité et engagement.

Un engagement ancré dans la mission du festival

Le El Gouna Film Festival, depuis sa création, s’est imposé comme un espace de découverte et de dialogue, où les voix arabes trouvent un écho international. En mettant en avant le cinéma comme vecteur de conscience sociale, le festival ne se contente pas de célébrer la création : il en fait un levier de transformation. Son objectif reste inchangé : promouvoir le cinéma arabe dans toute sa diversité, favoriser les échanges culturels, et soutenir l’émergence de nouveaux talents.

Le concours « Eish » s’inscrit dans cette lignée, en combinant engagement social, accompagnement artistique et rayonnement régional. En plaçant la thématique de la sécurité alimentaire au cœur du processus créatif, il permet aux cinéastes de raconter autrement leur monde, leurs inquiétudes, mais aussi leur espérance.

Le cinéma peut-il contribuer à la justice alimentaire ? Le GFF, le WFP et Zest parient que oui. Et ce sont les jeunes cinéastes arabes qui, une fois encore, auront la parole.

Neïla Driss

L’article El Gouna 2025 – Le festival relance le concours “Eish” est apparu en premier sur webdo.

❌