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France, votre sort nous intéresse

C’est curieux ce qui se passe dans notre opinion publique. Alors que la majorité des citoyens tunisiens ici sur le territoire national, et partout ailleurs, se focalise sur le déroulement heure par heure, de ce qui se passe à Gaza et au Moyen-Orient en général, que nos jeunes manifestent de diverses manières leur soutien et leur en engagement en faveur des deux millions de palestiniens de Gaza; ils donnent l’impression de n’attacher aucune espèce d’importance au sort de nos 1 200 000 Tunisiens de France dont huit cent mille Franco-tunisiens, selon les dernières statistiques livrées par une institution française, sans compter les sans-papiers.

Ce qui se passe en France— notamment la crise politique majeure en plus de la grave crise économique, puisque la dette de ce pays s’envole à un niveau jamais atteint, et la grave crise sociale qui se traduit par une baisse notable du pouvoir d’achat— devrait logiquement nous interpeler puisqu’il n’existe pas une seule famille tunisienne qui n’a pas un parent résidant dans l’Hexagone. Rappelons toujours que plus de 1/12 du peuple tunisien vit en France, souvent depuis des décennies, et que plus de 40 % des apports de nos compatriotes résidant à l’étranger proviennent du fruit du labeur de cette partie du peuple tunisien. Cette année, cet apport a augmenté de 8 % comme le tourisme. Et nous allons dépasser certainement sept milliards de dinars d’ici fin décembre. Ce qui participe à peu près au payement d’au moins la moitié de notre dette annuelle.

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L’équation politique interne française

Les huit cent mille Franco-tunisiens deviennent un enjeu électoral de taille dans ce pays, étant donné que la grande ligne de clivage politique tourne autour de la politique à avoir à l’égard de l’immigration et pas seulement illégale.

La montée de l’extrême droite en France, et en Europe en général, est le fruit d’un discours de haine raciste et xénophobe contre les arabes et les musulmans. Et la politique des gouvernements en général du centre est le résultat de cet acharnement contre ces immigrés, dont la plupart sont français désormais. Mais sur lesquels pèse l’épée de Damoclès en cas de victoire électorale du parti de l’extrême droite, le Rassemblement National dont le programme prévoit même le retrait de la nationalité. Sans parler de la privation des droits sociaux et autre mesures discriminatoires.

Ce sont les boucs émissaires d’une crise économique dont ils ne sont nullement responsables. Surtout que pendant la période faste, ils étaient les principaux bâtisseurs de la France, qui était à genoux après la Seconde Guerre mondiale. Comme leurs parents et grands parents qui étaient obligés de se battre pour l’empire qui colonisait leur pays. Plus de 80 000 Tunisiens sont morts dans ces guerres coloniales et injustes. C’est plus qu’un droit du sang dont ils doivent bénéficier, car le sang de leurs pères et grands pères a été versé pour les intérêts de ce pays.

L’invocation du passé n’est pas un simple plaisir intellectuel. Mais bien un rappel pour ceux qui l’ignorent, que la France a toujours une dette envers nos peuples maghrébins et que les Franco-maghrébins font partie de l’histoire de ce pays dans son époque glorieuse.

Mais cette montée de l’extrême droite en France a eu un effet positif, lorsqu’on remarque l’engagement de plus en plus clair des nouvelles générations franco-maghrébines, dans le combat franco-français pour l’égalité et la justice sociale. C’est ce qu’a compris le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui dès le début de sa carrière de jeune sénateur à Massy-Palaiseau dans les années quatre-vingt s’est entouré de jeunes maghrébins d’origine, mais nés français, pour renforce l’aile gauche du Parti Socialiste Français sous François Mitterrand, avant de les attirer dans son nouveau parti la France Insoumise. Et c’est lui le fondateur de SOS racisme avec d’autres militants du PS. Ce parti est devenu la forteresse imprenable et peut être la seule où le lobby sioniste-extrême droite (une alliance contre-nature) n’a aucune influence.

La preuve en a été donnée récemment lors des manifestations pro palestiniennes pour dénoncer le génocide commis par les sionistes à Gaza. Même dans le mouvement spontané (Bloquons tout) qui a rassemblé des centaines de milliers de citoyens français, et dans les manifestations des syndicats qui a rassemblé un million de citoyens, les drapeaux palestiniens flottaient partout. La question palestinienne étant un élément constitutif de l’identité maghrébine, sa cause en France va augmenter en puissance au fur et à mesure que le poids des Franco-maghrébins augmente dans la politique française.

Il est clair que l’accusation d’antisémitisme, que le lobby sioniste en France a voulu imposer dans les médias français sous son contrôle, a donné un résultat inverse. Cette intimidation, n’est désormais plus opérationnelle. D’autant plus que la jeunesse française a assisté en direct au génocide et à l’écrasement de tout un peuple au nom d’une prétendue lutte contre le Hamas. D’ailleurs bientôt le Hamas ne sera plus qu’un souvenir, car ce ne sont plus seulement les Palestiniens qui luttent seuls contre l’Etat sioniste; mais une grande partie des peuples libres, même européens, comme en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas. Sans parler des peuples d’Amérique Latine et des peuples arabes et musulmans. Cette tendance lourde est en train de gagner la France. Ce qui va pousser les partis politiques, toujours opportunistes comme le PS actuel à essayer de surfer sur la vague.

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Les Tunisiens et la France

Réduire la relation entre le peuple tunisien et le peuple français aux simples relations diplomatiques souvent hypothéquées par les humeurs des gouvernants successifs ou la question du nombre des visas accordés est une erreur d’appréciation grossière pour juger la qualité des rapports entre la Tunisie et la France.

Tout d’abord, les relations d’Etat à Etat restent très bonnes avant et après le tournant du 14 Janvier 2011 et jusqu’à maintenant.

Ensuite les relations économiques continuent de se développer; et ce, même si la France est déficitaire depuis quelques années. Les transferts de nos citoyens résidant dans ce pays augmentent chaque année et le nombre de touristes français aussi. Plus de 45 000 Français résident en Tunisie d’une façon permanente et la seule île de Djerba accueille à elle seule environ cinq mille résidents. Le nombre de nos étudiants dans les universités françaises est en augmentation sensible.

De même que l’immigration des Tunisiens vers la France constitue le taux le plus élevé parmi les immigrés maghrébins, dont l’immigration illégale, mais pas seulement ! En effet, une vague d’immigration de nos élites comme les médecins, les informaticiens, a battu tous les anciens records. Ce qui avait poussé certains de nos élus à vouloir légiférer pour stopper cette fuite des cerveaux nuisible selon eux. Car la nation, disaient-t-il, les a nourris, instruits et formés ! Sauf qu’ils oublient qu’ils constituent désormais une frange qui contribue largement aux transferts sociaux et que notre économie nationale est dans l’incapacité de les absorber. N’a-t-on pas des centaines de milliers de diplômés chômeurs ?

Il est vrai aussi que les Français constituent toujours le plus grand nombre d’investisseurs dans notre pays, suivis par les Italiens. Mais le nombre d’entreprises françaises a tendance à stagner, souvent pour des raisons internes à notre pays. Car le climat des affaires devient de moins en moins attrayant. Il convient donc d’étudier les raisons pour booster l’investissement français et de dynamiser les structures qui sont chargées de cette tâche dont la FIPA, et les représentations diplomatiques.

Pour toutes ces raisons, le sort de la France nous intéresse à tous les niveaux et particulièrement au niveau politique. Le blocage politique, la question du surendettement, les rapports de la France avec le Maghreb et même avec les autres pays européens au sein de l’UE ont un impact direct sur notre situation politique et économique. Car l’Europe reste notre principal partenaire et dans l’Europe, notre principal partenaire reste la France. La réalpolitique exige de nous une meilleure visibilité de la situation dans la rive nord de la Méditerranée. La souveraineté nationale justement doit nous pousser à chercher à améliorer nos relations avec ce pays. Surtout que ses relations se détériorent avec nos voisins et bientôt peut-être avec le Maroc, en raison des changements importants qui ne vont pas tarder à s’imposer à ce pays frère. Mais les Etats n’ont que des intérêts comme le disait Charles De Gaulle.

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