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Quand la violence ronge les quartiers | Le cri d’Amine Kessaci

Brûlé dans une voiture. C’est ainsi que Brahim, le frère d’Amine Kessaci, a été exécuté à Marseille, victime d’un règlement de comptes sordide lié au narcotrafic. Une fin brutale, indigne, qui aurait pu n’être qu’une statistique de plus dans les pages de faits divers. Mais pour Amine, ce frère n’était pas seulement une victime, il était un être humain, une trajectoire brisée, une vie qui comptait. Alors il a choisi de prendre la plume.

Djamal Guettala

Le livre de Kessaci, ‘‘Marseille, essuie tes larmes – Vivre et mourir en terre de narcotrafic’’ (à paraître le 2 octobre 2025 aux éditions Le Bruit Du Monde), s’ouvre sur une lettre adressée à Brahim. Une lettre d’amour et de révolte, écrite pour maintenir le lien avec celui que la violence a arraché. Mais c’est aussi un cri politique et social. Kessaci refuse l’oubli, refuse l’anonymat des morts broyés par un système mafieux. En écrivant, il tente de rendre à son frère une dignité que le feu des trafiquants voulait effacer.

Un récit personnel qui devient collectif

Derrière la douleur intime, l’auteur ouvre une réflexion plus large. Comment en est-on arrivé là ? Comment la drogue et ses réseaux ont-ils pu prendre une telle place dans l’économie, dans les imaginaires, dans les rêves de jeunesse ? Pourquoi certains croient-ils encore aux mirages d’argent rapide et de puissance, au prix de leur liberté et de leur vie ?

La force du livre est de ne pas se limiter à un constat. À travers ses mots, Amine raconte la complexité d’une réalité trop souvent réduite à des clichés. Dans les quartiers populaires, explique-t-il, les habitants vivent sous la pression constante du narcotrafic. L’argent facile séduit, mais la peur domine. La violence ne s’arrête pas aux protagonistes des trafics : elle se diffuse, elle enferme les familles, elle gangrène le quotidien.

Amine restitue avec précision ce climat : des cages d’escalier transformées en zones de deal, des jeunes happés par le système, des familles impuissantes. Mais il met aussi en lumière les résistances. Car vivre en terre de narcotrafic, ce n’est pas seulement subir, c’est aussi lutter. Chaque jour, des habitants choisissent de dire non, de protéger leurs enfants, de maintenir un fil de dignité.

Une écriture directe, sans concession

Le style d’Amine Kessaci frappe par sa sincérité. Pas de lyrisme inutile, mais une écriture claire, tendue, traversée d’émotion. Son récit est celui d’un jeune homme qui refuse de baisser les bras. Sa colère n’est pas stérile : elle s’accompagne d’une volonté d’analyse, de compréhension, presque de pédagogie.

Là où certains se contenteraient de dénoncer, lui questionne. Il interroge le rôle de la société, de l’État, de l’école, de la police. Il met à nu les contradictions : comment croire à l’égalité quand des quartiers entiers sont laissés à l’abandon, livrés à la loi des trafiquants ? Comment prétendre au mérite quand les horizons semblent bouchés pour toute une jeunesse ?

Si ce livre bouleverse, c’est aussi parce qu’il est porté par un parcours singulier. Amine Kessaci n’est pas seulement un écrivain qui témoigne. Il est un militant, un acteur de terrain. Depuis plusieurs années, il s’est engagé à travers son association Conscience, qu’il a fondée pour améliorer la vie dans les quartiers populaires.

Du drame intime à l’engagement collectif

La mort de son frère a renforcé cette détermination. Loin de céder au désespoir, il a choisi d’agir. Ce livre est la continuation de ce combat : transformer la douleur en parole publique, la mémoire en outil de lutte.

Amine Kessaci est né et a grandi dans le quartier nord de Frais-Vallon, à Marseille, au sein d’une famille d’origine algérienne. Très tôt, il s’engage dans la vie citoyenne, participant aux mobilisations étudiantes avant de fonder l’association Conscience, active aujourd’hui dans plus de 35 villes et comptant près de 3 000 adhérents. La mort de son frère Brahim, assassiné en 2020 dans un règlement de comptes lié au narcotrafic, a marqué un tournant dans sa vie. Avec ‘‘Marseille, essuie tes larmes’’, son premier livre, il mêle récit intime et analyse sociale, transformant une tragédie personnelle en cri d’alerte collectif.

Ce que raconte Kessaci dépasse largement les frontières marseillaises. Son témoignage résonne dans toutes les sociétés confrontées à la montée des trafics et à l’exclusion sociale. Le narcotrafic n’est pas qu’une question de criminalité : il est le symptôme d’un abandon, d’un effritement des solidarités, d’une perte de perspectives pour une jeunesse entière.

À travers le portrait de son frère et le récit de son quartier, Amine met en lumière des enjeux universels : l’égalité, la dignité, le droit de vivre sans peur. Il ne cherche pas à faire pleurer. Il veut secouer, réveiller, obliger à regarder en face ce que beaucoup préfèrent ignorer.

Un livre nécessaire

‘‘Marseille, essuie tes larmes’’ est un texte nécessaire, car il donne une voix à ceux que l’on n’entend jamais. C’est aussi un acte de résistance littéraire. En refusant de laisser son frère devenir une statistique, Amine Kessaci rappelle que chaque vie compte. Son écriture est un appel à la justice et à la mémoire.

Le livre bouleverse parce qu’il est authentique. Il montre que derrière chaque drame, il y a une histoire, une famille, des rêves. Mais il va plus loin : il appelle à l’action collective, à la solidarité, à la reconquête des quartiers.

En définitive, ce cri venu des entrailles de Marseille est un cri universel. Amine Kessaci, en s’adressant à son frère, s’adresse à nous tous. Il nous dit qu’il est temps d’essuyer les larmes et de regarder la réalité en face.

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Tunisie : Vers la régularisation de la situation foncière des quartiers populaires ?

Le Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple a transmis une proposition de loi portant sur la régularisation de la situation foncière des quartiers populaires dits « anarchiques » à la Commission de la planification stratégique, du développement durable, des transports, des infrastructures et de l’aménagement du territoire.

Ce texte législatif, soumis par un groupe de députés, comprend 12 articles. Il cible près d’un million de Tunisiens vivant dans ces quartiers informels et vise à leur offrir une reconnaissance légale de leur propriété.

Selon l’article premier de la proposition de loi, l’objectif est de régulariser la situation juridique et foncière des logements construits sans autorisation ou en infraction aux règles d’urbanisme, avant le 31 décembre 2025.

La note explicative du projet précise que l’initiative entend permettre à entre 800 000 et 1 million de citoyens répartis sur plus de 1 400 quartiers informels d’obtenir des certificats de propriété. Ce titre leur ouvrirait la voie à l’investissement, à l’amélioration de leurs conditions de vie, et à l’accès au crédit bancaire pour créer de nouvelles opportunités d’emploi.

Les chiffres officiels relayés dans le projet révèlent que 38 % des constructions annuelles en Tunisie sont édifiées hors des zones aménagées et sans autorisation. Le pays enregistre chaque année près de 80 000 nouvelles constructions, dont environ 29 000 sont qualifiées de constructions anarchiques.

L’article 2 stipule que cette régularisation concernera les logements bâtis sur des terrains privés sans respecter les procédures légales et les règles d’urbanisme municipal. En revanche, les logements érigés sur le domaine public de l’État ou dans des zones classées à risque ou interdites ne seront pas concernés.

L’article 3 précise que tout citoyen tunisien pouvant prouver la propriété du terrain sur lequel le logement est bâti, le respect des normes urbanistiques en vigueur dans la zone, et l’absence de nuisance à l’environnement ou aux droits d’autrui, pourra bénéficier de cette régularisation.

Les articles 4 et 5 détaillent les modalités de dépôt et d’examen des demandes. L’article 6 fixe la valeur des frais d’enregistrement foncier à verser à l’État selon la superficie concernée. Les articles 7 à 11 précisent les procédures d’obtention du certificat de régularisation et les avantages qui en découlent.

Ce projet de loi, s’il est adopté, pourrait marquer un tournant dans la gestion des quartiers informels en Tunisie, en offrant à leurs habitants une reconnaissance foncière et de nouvelles perspectives économiques.

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Tunisie – UE : Les quartiers populaires au cœur d’un nouveau modèle de développement urbain

À Sfax comme ailleurs, les quartiers dits « populaires » ne sont plus seulement des zones à réhabiliter, mais deviennent des espaces stratégiques de transformation sociale, urbaine et économique. Grâce au partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne, des projets innovants redéfinissent les contours du développement urbain.

C’est dans les rues rénovées de Markez Gaddour et de Cité Bourguiba, mais aussi sur les terrains de sport récemment aménagés à El Hajeb et Thyna, que se dessine discrètement une nouvelle approche de la ville.

L’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone, en visite officielle à Sfax, n’a pas manqué de souligner la portée concrète de la coopération tuniso-européenne à travers ces réalisations visibles, portées par le programme PROVILLE 2.

Car derrière ces travaux d’infrastructure, ce sont des transformations profondes qui s’opèrent : de nouveaux espaces pour les jeunes, une réappropriation des lieux par les habitants, des dynamiques collectives qui se réactivent… Et un message : les quartiers populaires ne sont pas des marges à corriger, mais des centres vivants du renouveau urbain.

De l’infrastructure à la citoyenneté

Lancée avec le soutien de l’Union européenne, l’initiative PROVILLE 2 va bien au-delà du bitume ou des trottoirs. Elle repose sur une vision intégrée du développement urbain, qui associe infrastructure, inclusion sociale, culture et économie de proximité. Les quartiers ciblés sont traités non comme des problèmes à résoudre, mais comme des potentiels à révéler.

Cette philosophie se retrouve dans les actions concrètes menées sur le terrain : réhabilitation des voiries et réseaux, accès aux services de base, mais aussi création d’espaces publics, appui aux projets communautaires et accompagnement des jeunes vers l’emploi ou l’engagement citoyen. Il s’agit de recréer du lien social, de valoriser les identités locales, et de faire émerger une nouvelle urbanité, inclusive et participative.

Suivi des résultats : la méthode ARRU

L’Agence de Réhabilitation et de Renouvellement Urbain (ARRU), cheville ouvrière de ces projets, a organisé une visite d’évaluation dans les quartiers concernés par les programmes « Génération 1 » et « Génération 2 » du Projet de Réhabilitation et d’Intégration des Quartiers Résidentiels (PRIQ). Ces programmes ciblent les zones urbaines dites prioritaires, souvent laissées en retrait des dynamiques d’investissement public.

L’approche est double : interventions techniques (amélioration de l’habitat, réaménagement des espaces publics, voirie, éclairage) et actions sociales de terrain (médiation urbaine, sensibilisation, insertion professionnelle). Ce modèle vise à réduire les inégalités territoriales tout en favorisant la cohésion sociale. Une ambition rendue possible par le soutien européen, mais aussi par l’implication croissante des collectivités locales et des habitants eux-mêmes.

Une ville inclusive à portée de main ?

Ce partenariat stratégique entre la Tunisie et l’Union européenne dessine les contours d’un nouveau contrat urbain, basé sur la dignité, la justice sociale et la participation. Il reflète aussi une conviction : l’avenir des villes se joue dans leurs marges. C’est là que peuvent se réinventer les solidarités, les usages de l’espace, et les pratiques démocratiques.

À travers cette coopération, Sfax devient un laboratoire du possible, un terrain d’expérimentation pour une fabrique urbaine plus humaine et résiliente. Et si l’expérience venait à se généraliser, c’est tout le paysage urbain tunisien qui pourrait être transformé – par le bas, mais durablement.

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