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ECLAIRAGE – Revue économique et financière : un contexte international toujours fragile

Les marchés internationaux évoluent dans un climat de forte incertitude.

Sur le plan politique, la proximité des élections partielles américaines accentue la volatilité, notamment autour des anticipations de politique commerciale et monétaire.

En Europe, la zone euro demeure sous pression avec une croissance atone et des politiques budgétaires contraintes. Tandis que l’Asie tente de résister au ralentissement chinois, dont la demande intérieure peine à se redresser malgré des mesures de relance ciblées.

Sur le plan financier, les grandes banques centrales adoptent une posture prudente. La Réserve fédérale, avec une inflation encore au-dessus de sa cible, a donc décidé de baisser de 25 points de base maintient une pause monétaire afin d’éviter d’étouffer davantage l’activité. La Banque centrale européenne (BCE), de son côté, se retrouve face au dilemme entre persistance des tensions inflationnistes et affaiblissement économique.

 

Les prix du pétrole, soutenus par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, demeurent élevés, ajoutant un facteur de risque supplémentaire sur les équilibres externes des pays importateurs d’énergie.

 

Ces hésitations alimentent la volatilité des marchés obligataires et pèsent sur les devises des pays émergents, déjà fragilisés par des sorties de capitaux.

Les prix du pétrole, soutenus par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, demeurent élevés, ajoutant un facteur de risque supplémentaire sur les équilibres externes des pays importateurs d’énergie.

 

Lire aussi : ZOOM – Seuil d’inflation : pédagogie facile ou rigueur malmenée ?

 

La conjoncture tunisienne reste marquée par la recherche d’équilibre.

Dans ce contexte incertain, la Tunisie tente de maintenir une relative stabilité monétaire et financière. Les derniers indicateurs montrent toutefois des pressions persistantes (*). 

Le solde du compte courant du Trésor s’est contracté à 1 284,9 MDT le 18 septembre, en forte baisse par rapport aux 1 891,6 MDT enregistrés un an plus tôt. Ce qui traduit une tension sur la liquidité publique. Le solde du compte courant des banques ressort également en repli à 358,9 MDT, signalant des conditions monétaires moins favorables.

La circulation fiduciaire reste élevée à 25 715 MDT, en hausse de plus de 3,4 milliards de DT sur un an, ce qui traduit une préférence marquée pour la liquidité en dehors du système bancaire. Sur le marché monétaire, le volume global du refinancement de la BCT s’élève à 11 674,3 MDT, en baisse par rapport à l’année précédente (12 869,9 MDT), signe d’une moindre demande de liquidité, mais toujours à des niveaux élevés. Le taux directeur est maintenu à 7,5 %, tandis que le taux du marché monétaire reflète une détente progressive à 7,49 % contre près de 8 % un an plus tôt, traduisant une volonté d’assouplissement relatif.

 

Du côté des finances publiques, la structure des Bons du Trésor montre une réallocation significative : les encours de court terme chutent à 2 995,9 MDT (contre plus de 10 529 MDT un an plus tôt). Alors que les Bons du Trésor Assimilables à moyen et long terme augmentent fortement à 28 403,5 MDT.

 

Du côté des finances publiques, la structure des Bons du Trésor montre une réallocation significative : les encours de court terme chutent à 2 995,9 MDT (contre plus de 10 529 MDT un an plus tôt); alors que les Bons du Trésor Assimilables à moyen et long terme augmentent fortement à 28 403,5 MDT. Cela confirme une stratégie de l’État visant à allonger la maturité de sa dette afin de réduire les tensions immédiates sur la trésorerie.

Les fondamentaux externes, eux, envoient des signaux contrastés. Les recettes touristiques progressent à 5 752,5 MDT (+8,5 % sur un an), tout comme les revenus du travail cumulés à 6 035 MDT, ce qui soutient les entrées en devises. En revanche, le service de la dette extérieure demeure lourd, atteignant 9 843,4 MDT. Les avoirs nets en devises de la BCT reculent à 25 119,7 MDT, couvrant 108 jours d’importation, contre 115 jours un an plus tôt.

Sur le marché des changes, le dinar reste relativement stable face au dollar (2,897 TND/USD), mais s’affaiblit légèrement face à l’euro (3,421 TND/EUR). Cette évolution traduit un ajustement technique, mais aussi la dépendance structurelle de la Tunisie à ses partenaires européens.

 

Lire également : ECLAIRAGE – Tunisie : entre pressions extérieures et stabilité monétaire, un équilibre toujours fragile

 

Sur le marché des changes, le dinar reste relativement stable face au dollar (2,897 TND/USD), mais s’affaiblit légèrement face à l’euro (3,421 TND/EUR). Cette évolution traduit un ajustement technique, mais aussi la dépendance structurelle de la Tunisie à ses partenaires européens.

Marché boursier et perception des investisseurs

La Bourse de Tunis, bien que résiliente par rapport à d’autres places émergentes, demeure sensible au climat de confiance général. Le maintien de taux élevés et la contraction de la liquidité pèsent sur les perspectives de financement des entreprises, tandis que la hausse de la dette publique continue d’alimenter les incertitudes. Les investisseurs restent sélectifs, privilégiant les valeurs défensives et celles bénéficiant directement des flux extérieurs (banques, tourisme, industries exportatrices).

 

Perspectives à court et moyen terme

À court terme, la Tunisie devrait continuer à naviguer entre la nécessité de préserver la stabilité financière et la pression sociale liée au ralentissement de la croissance et au pouvoir d’achat. L’inflation, même contenue autour de 5,2 % (**), demeure une contrainte forte sur la consommation et sur la marge de manœuvre de la BCT.

 

À moyen terme, les équilibres externes resteront la variable clé.

Si les recettes touristiques et les transferts des Tunisiens à l’étranger se maintiennent, ils permettront d’atténuer la pression sur les réserves en devises. Mais la lourdeur du service de la dette et la dépendance énergétique constituent des vulnérabilités structurelles.

La politique monétaire, déjà restrictive, ne peut à elle seule absorber ces déséquilibres sans une coordination plus forte avec la politique budgétaire et des réformes structurelles.

 

La fenêtre d’opportunité pour consolider la stabilité financière existe, mais elle est étroite. Elle exige une stratégie intégrée qui combine discipline budgétaire, stimulation de l’investissement productif et renforcement des secteurs exportateurs, dans un environnement international où la marge de manœuvre reste limitée.

 

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Références :

(*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://www.bvmt.com.tn/market-place&ved=2ahUKEwiO4syZmeqPAxVGAPsDHfSOBsAQFnoECA4QAQ&sqi=2&usg=AOvVaw0oHKyp4hSIkiaxVdxeGQ9z

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Quand les voix éclairées se répondent

Entre constats chiffrés, prévisions volontaristes et manques méthodologiques, la scène économique tunisienne réclame moins d’optimisme non vérifié et plus d’instruments analytiques solides.

 

Abdelkader Boudrigua propose une lecture optimiste mais mesurée : il relève un taux de croissance trimestriel de 3,2 % et juge l’inflation en recul mais encore « critique » (≈5,2 %), ce qui, selon lui, justifie pour l’instant la prudence de la Banque centrale tout en ouvrant une perspective de baisse graduelle du taux directeur de l’ordre de 50 points de base si les pressions se résorbent.

Ce diagnostic est bien documenté dans la reprise conjoncturelle récente, mais il repose sur des hypothèses fragiles – notamment la confiance dans l’évolution des prix agricoles, des cours pétroliers et du taux de change – variables qui peuvent se retourner rapidement. Ces observations et préconisations figurent clairement dans son intervention rapportée par la presse.

 

Lire aussi:  La Tunisie, entre frémissements positifs et illusions de croissance

 

Moez Soussi, interlocuteur fréquent des médias, partage l’idée d’un signal positif lié au 3,2 % du deuxième trimestre et pousse l’argument plus loin en envisageant la possibilité d’un taux de croissance proche de 4 % si la dynamique se maintient pour les trimestres suivants. Son insistance porte sur la nécessité de soutenir la reprise afin de transformer un point de départ favorable en trajectoire soutenue, ce qui implique des mesures ciblées pour relancer la demande et débloquer l’investissement.

Ce positionnement coïncide avec ses récentes interventions publiques où il met en garde contre l’illusion que des chiffres trimestriels isolés suffisent à garantir un redressement durable.

Ali Chebbi – figure reconnue dans le débat public et le monde académique – apporte un angle complémentaire lorsqu’on le met en perspective avec les deux précédents : sa production scientifique et ses prises de parole historiques insistent sur la capacité de résilience du pays mais rappellent aussi l’importance de réformes structurelles concrètes pour transformer des gains temporaires en croissance soutenue. Sa posture, plus institutionnelle et calibrée sur le long terme, tempère les promesses de gains rapides sans réforme profonde. Les éléments biographiques et son rôle d’expert international illustrent cette approche plus systémique.

 

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La confrontation de ces voix met en lumière au moins trois enseignements importants. D’abord, les signaux conjoncturels positifs (croissance trimestrielle élevée, infléchissement modeste de l’inflation) ne valent pas stratégie : ils exigent d’être traduits en politiques publiques coordonnées – budgétaires, monétaires et structurelles – si l’on veut éviter un rebond éphémère.

Ensuite, le discours des analystes met en exergue un déficit méthodologique criant : l’absence ou la faiblesse d’agences privées de prévision et le besoin d’un renforcement de la production statistique et de la recherche appliquée réduisent la qualité des débats publics et obligent souvent les commentateurs à s’appuyer sur des impressions plutôt que sur des scénarios probabilisés.

Enfin, les projections ambitieuses (croissance à 4 %, voire 6–7 % à moyen terme) sont plausibles seulement dans un scénario d’effort soutenu et simultané sur plusieurs fronts — réforme du climat des affaires, gouvernance des entreprises publiques, montée en gamme des exportations (phosphates incluse), mobilisation d’investissements privés et stabilisation des finances publiques – conditions aujourd’hui loin d’être garanties.

Sur le plan des recommandations opérationnelles, trois orientations prioritaires émergent des analyses croisées :

* Renforcer la qualité et la fréquence des données publiques et encourager la création d’équipes indépendantes de prévision afin d’apporter des scénarios différenciés et quantifiés, et non des impressions.

* Adopter un calendrier clair et crédible de réformes structurelles visant à améliorer la gouvernance, la productivité et l’attractivité des investissements, en veillant à protéger les couches vulnérables pour préserver la cohésion sociale.

* Enfin, coordonner les signaux macroéconomiques : l’action de la Banque centrale, la politique budgétaire et les mesures sectorielles doivent converger autour d’objectifs précis de stabilisation et de croissance soutenable, avec des indicateurs de suivi publics et réguliers.

 

In fine, la pluralité des interventions récentes – entre Boudrigua et Soussi, rejointes par les analyses plus systématiques de chercheurs comme Chebbi – est une richesse pour le débat public tunisien. Mais pour que ces prises de parole deviennent moteurs d’action, il faut les doter d’un socle empirique plus solide et les traduire en réformes concrètes et priorisées. Sans cela, le risque est double : soit le pays se contente d’un rebond ponctuel, soit des attentes élevées butent sur des contraintes structurelles non traitées, alimentant à terme la désillusion plutôt que la confiance.

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ZOOM – La Tunisie, entre frémissements positifs et illusions de croissance

L’intervention de mon estimable confère universitaire et analyste financier, Abdelkader Boudrigua, sur les ondes d’Express FM, le 15 septembre 2025, a eu le mérite de dresser un tableau nuancé de la situation économique tunisienne. Entre embellie conjoncturelle et faiblesses structurelles persistantes, son discours oscille entre réalisme et excès d’optimisme, révélant les paradoxes d’une économie en quête de souffle.

Pour autant, son constat sur la croissance mérite d’être relativisé. Le taux de 3,2 % enregistré au deuxième trimestre peut certes être perçu comme un signal encourageant; mais il s’agit avant tout d’une amélioration ponctuelle, liée aux effets de base et à une reprise partielle de certains secteurs. Le fait qu’il corrige lui-même ses prévisions annuelles à un niveau plus modeste de 2,2 à 2,5 % montre la fragilité de ce rebond.

Quant à l’hypothèse d’atteindre 4 % grâce au redressement du secteur des phosphates, elle repose sur des conditions aléatoires, tant cette filière reste soumise à des blocages récurrents, des problèmes logistiques et des tensions sociales qui en limitent la régularité.

Concernant l’inflation, M. Boudrigua souligne un léger repli, autour de 5,2 %, tout en la qualifiant de « critique ». Cette ambiguïté traduit bien la difficulté de lecture de l’inflation en Tunisie. Si la Banque centrale joue un rôle central dans le maintien de la stabilité des prix, limiter la problématique à la seule politique monétaire ou aux réserves de change disponibles réduit l’analyse.

Les racines de l’inflation se trouvent aussi dans la rigidité des circuits de distribution, la spéculation, la dépendance aux importations et les déséquilibres budgétaires. Dans ce contexte, l’hypothèse d’une baisse prochaine du taux directeur de 50 points de base apparaît prématurée et risquée, au regard des tensions monétaires et fiscales encore présentes.

L’analyste pointe aussi le manque criant de centres de recherche et d’agences privées capables de fournir des prévisions fiables. Cette remarque est juste et révèle une faiblesse structurelle de l’économie tunisienne : l’absence de données accessibles et transparentes qui empêche toute anticipation sérieuse. Toutefois, la critique reste incomplète, car elle n’esquisse pas les pistes institutionnelles nécessaires pour combler ce vide, qu’il s’agisse de renforcer l’Institut national de la statistique (INS), de dynamiser la recherche académique ou de stimuler la production de données privées.

Le point le plus discutable de son intervention concerne la projection d’une croissance à 6 ou 7 % sur quatre à cinq ans. Fondée (comment ?) sur l’idée d’une « exploitation optimale des capacités disponibles», cette perspective relève davantage du volontarisme que d’une évaluation réaliste. Dans un pays où les finances publiques sont contraintes, où les blocages politiques persistent et où la confiance des investisseurs reste fragile, envisager un tel scénario de rattrapage paraît largement irréaliste. Ce type de projection entretient un biais bien connu du discours économique tunisien : mettre en avant des potentiels théoriques sans mesurer les coûts sociaux et institutionnels de leur mise en œuvre.

Enfin, la conclusion appelant à une action collective de l’État, du gouvernement, des universités, du secteur privé et des médias est pertinente sur le plan normatif. Mais faute de propositions concrètes, elle reste une formule générale qui peine à se transformer en feuille de route. La refonte des politiques économiques suppose des choix précis et courageux : réforme fiscale, gouvernance des entreprises publiques, assainissement des finances, attractivité des investissements. Autant de chantiers que le discours de M. Boudrigua effleure sans les affronter directement.

En définitive, son intervention reflète bien la dualité actuelle du discours économique en Tunisie : une lucidité partielle sur certains indicateurs; et une propension à nourrir des attentes excessives. Elle traduit la tension entre le désir de rassurer et l’incapacité à proposer une vision réaliste et structurée.

La Tunisie n’a pas besoin de projections idéalisées, mais d’analyses rigoureuses et de réformes courageuses, capables de transformer les frémissements conjoncturels en dynamique durable.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ZOOM – Seuil d’inflation : pédagogie facile ou rigueur malmenée ?

Il est rare qu’un débat économique s’invite dans l’espace public tunisien. Mais quand il éclate, il tourne trop souvent à un dialogue de sourds. L’échange autour du fameux « seuil de 5 % d’inflation » censé déclencher une baisse du taux directeur de la Banque centrale en est une illustration frappante. D’un côté, un discours médiatique qui promet de la clarté en affirmant qu’en dessous de 5 % tout s’éclaircit. De l’autre, la voix de mon estimable confrère Ali Chebbi, universitaire, qui démonte point par point cette affirmation au nom de la rigueur scientifique (*).

La critique est implacable. La BCT n’a jamais annoncé de cible d’inflation. Elle ne suit pas de règle automatique. Son action reste discrétionnaire, soumise à des contraintes multiples : poids de la dette, pression sur les réserves, équilibre précaire du dinar. Imaginer qu’un simple chiffre puisse gouverner la politique monétaire relève de la fiction. Pis encore, réduire la complexité à une équation simpliste expose à un risque majeur : tromper non seulement les étudiants en économie, mais aussi les décideurs et acteurs de marché qui fondent leurs anticipations sur ce type de raccourci.

Mais au-delà de la démonstration, c’est la collision entre deux logiques qui saute aux yeux.

La première est celle de la communication médiatique, qui cherche à rassurer et à rendre compréhensible l’insaisissable, quitte à tordre la réalité.

La seconde est celle de l’universitaire, qui refuse le compromis et revendique la complexité, quitte à apparaître élitiste ou inaccessible.

La vérité, c’est que ni l’un ni l’autre ne suffisent. Le danger du premier est de fabriquer des illusions, celui du second est de s’enfermer dans une tour d’ivoire.

Ce face-à-face raté illustre le mal tunisien : l’absence d’un espace où la vulgarisation et la rigueur pourraient cohabiter. La simplification, si elle est honnête, peut être un outil pédagogique puissant. Mais elle doit s’accompagner de mises en garde, d’un effort pour dire que l’économie est faite de zones grises et d’incertitudes. À l’inverse, la rigueur ne doit pas se muer en posture professorale qui délégitime toute parole alternative.

Le débat autour du « seuil de 5 % » aurait pu être l’occasion d’éclairer le public sur les vrais ressorts de la politique monétaire. Il s’est transformé en polémique stérile, chacun campant sur son registre.

La Tunisie n’a pas besoin d’illusions chiffrées ni de discours d’autorité. Elle a besoin d’une pédagogie exigeante, capable de dire la complexité sans en faire un prétexte à l’opacité.

Tant que cette rencontre n’aura pas lieu, chaque controverse intellectuelle se réduira à une joute vaine, où l’on se parle sans jamais se comprendre.

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(*) https://www.facebook.com/chebbia2000us

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGE – Tunisie : entre pressions extérieures et stabilité monétaire, un équilibre toujours fragile

La dynamique économique mondiale reste marquée par une succession de chocs qui entretiennent un climat d’incertitude généralisée. Sur le plan géopolitique, les tensions persistantes au Moyen-Orient et en Asie orientale alimentent des inquiétudes durables sur la stabilité des flux énergétiques et sur la sécurité des chaînes d’approvisionnement stratégiques. Ces foyers de tension se traduisent par une volatilité accrue des prix du pétrole et du gaz, pesant directement sur les pays importateurs nets d’énergie, dont la Tunisie.

Dans le même temps, les grandes puissances économiques peinent à trouver un équilibre dans leurs politiques monétaires. La Réserve fédérale américaine (Fed) maintient une ligne dure, privilégiant la lutte contre une inflation encore au-dessus de sa cible; malgré les signaux de ralentissement de l’activité. Le dollar reste donc solidement installé comme valeur refuge, attirant des capitaux au détriment des économies émergentes.

En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a adopté une posture plus nuancée, ralentissant ses hausses de taux face à une croissance en berne; mais sans enclencher de véritable assouplissement monétaire.

 

Dans ce contexte, la Tunisie reste exposée à un environnement externe contraignant. Il est marqué par une compétition accrue pour attirer les capitaux et une dépendance forte vis-à-vis des flux extérieurs de devises.

 

Ces choix contrastés se traduisent par une forte volatilité des taux de change. Tandis que le billet vert conserve une vigueur remarquable, l’euro tente de se maintenir, bénéficiant d’une résilience relative mais fragilisée par des perspectives économiques ternes. Les marchés financiers, eux, oscillent entre la crainte d’une récession mondiale et l’espoir d’un retour progressif à la stabilité. Les investisseurs privilégient les actifs sûrs, limitant l’accès des pays émergents aux financements internationaux à des conditions avantageuses.

Dans ce contexte, la Tunisie reste exposée à un environnement externe contraignant. Il est marqué par une compétition accrue pour attirer les capitaux et une dépendance forte vis-à-vis des flux extérieurs de devises.

Conjoncture tunisienne : une stabilité monétaire sous tension (*)

Politique monétaire et conditions de liquidité

Les derniers indicateurs publiés par la Banque centrale de Tunisie (BCT) au 12 septembre 2025 mettent en évidence une stabilité apparente des conditions monétaires. Le taux directeur demeure fixé à 7,5 %, niveau inchangé depuis cinq mois, traduisant une volonté d’ancrer les anticipations d’inflation sans étouffer davantage l’activité économique. Le taux du marché monétaire s’aligne sur ce niveau, à 7,5 %, en recul par rapport aux 7,99 % enregistrés en 2024.

Le volume global du refinancement bancaire atteint 12 672 MDT, légèrement supérieur à celui de l’année précédente. Cette évolution illustre une tension persistante sur la liquidité, malgré une gestion plus équilibrée par la BCT. Les opérations d’Open Market se contractent fortement, avec un encours de 3 885 MDT contre 8 312 MDT un an plus tôt, traduisant une réduction des injections directes de liquidité.

 

Le volume global du refinancement bancaire atteint 12 672 MDT, légèrement supérieur à celui de l’année précédente. Cette évolution illustre une tension persistante sur la liquidité, malgré une gestion plus équilibrée par la BCT.

 

Par ailleurs, les facilités permanentes à 24h témoignent de besoins ponctuels de financement : la facilité de prêt atteint 1 35 MDT, en hausse; tandis que la facilité de dépôt s’élève à -1 575 MDT, confirmant une gestion active des excédents et déficits de liquidité par les banques.

Les billets et monnaies en circulation s’établissent à 25 943 MDT, en hausse de 3 482 MDT par rapport à 2024. Cette progression traduit une forte demande de cash, alimentée à la fois par les besoins de l’économie informelle et par la prudence des ménages face aux incertitudes.

Finances publiques et dette intérieure

Le solde du compte courant du Trésor atteint 2 006 MDT, contre seulement 754 MDT la veille et 1 144 MDT un an plus tôt, exprimant une gestion plus souple de la trésorerie publique. Néanmoins, c’est la structure de la dette qui attire l’attention.

L’encours des Bons du Trésor Assimilables (BTA) bondit à 28 403 MDT, contre 16 478 MDT en 2024, soit une augmentation spectaculaire de près de 12 milliards de dinars. En parallèle, les Bons du Trésor à court terme chutent à 2,95 milliards de dinars, contre plus de 10 milliards un an plus tôt. Cette recomposition traduit une stratégie délibérée d’allongement de la maturité de la dette, afin de limiter les risques de refinancement à court terme. Mais elle accroît mécaniquement la charge d’intérêts sur la durée et exerce une pression sur le marché financier local.

 

L’encours des Bons du Trésor Assimilables (BTA) bondit à 28 403 MDT, contre 16 478 MDT en 2024. Soit une augmentation spectaculaire de près de 12 milliards de dinars. En parallèle, les Bons du Trésor à court terme chutent à 2,95 milliards de dinars, contre plus de 10 milliards un an plus tôt.

 

Tourisme et transferts : deux moteurs essentiels

Les recettes touristiques cumulées s’élèvent à 5,753 milliards de dinars au 10 septembre, en hausse de 460 millions de dinars (MDT) par rapport à 2024. Cette progression témoigne de la bonne saison estivale et de la reprise graduelle du secteur, soutenue par le retour des marchés européens et maghrébins.

Les revenus du travail cumulés en devises atteignent 6,035 milliards de dinars. Soit une augmentation de 468 MDT par rapport à l’année précédente. Ces deux flux constituent aujourd’hui les principaux leviers de soutien de la balance des paiements. Permettant ainsi d’atténuer partiellement la pression exercée par le déficit commercial structurel.

Avoirs extérieurs et change

Les avoirs nets en devises de la BCT s’établissent à 25 527 MDT, soit l’équivalent de 110 jours d’importation, en recul par rapport aux 117 jours enregistrés un an plus tôt. Cette tendance à l’érosion reflète le poids du service de la dette extérieure, qui atteint 9 843 MDT cumulés au 10 septembre, contre 10 285 MDT l’an dernier. Malgré une légère baisse en valeur absolue, le service de la dette reste élevé et continue de grignoter les réserves.

Sur le marché des changes, le dinar affiche une évolution contrastée. Il s’apprécie face à l’euro, s’établissant à 3,41 TND pour 1 EUR contre 3,37 en 2024. Tandis qu’il se déprécie face au dollar, avec un cours de 2,91 TND pour 1 USD, contre 3,05 l’an dernier. Cette double évolution reflète la vigueur persistante du billet vert et la résilience relative de la monnaie européenne. Le dinar se renforce également face au dirham marocain, mais recule nettement face au yen japonais, traduisant une exposition différenciée selon les partenaires commerciaux.

 

Sur le marché des changes, le dinar affiche une évolution contrastée. Il s’apprécie face à l’euro, s’établissant à 3,41 TND pour 1 EUR contre 3,37 en 2024. Tandis qu’il se déprécie face au dollar, avec un cours de 2,91 TND pour 1 USD, contre 3,05 l’an dernier.

 

Analyse et perspectives à court et moyen terme

La situation actuelle de la Tunisie peut être qualifiée de « stabilité sous tension ».

À court terme, plusieurs signaux positifs se dégagent : la reprise du tourisme, la progression des transferts des Tunisiens à l’étranger et la stabilisation du taux directeur offrent un répit bienvenu. Ces facteurs contribuent à maintenir les réserves de change à un niveau relativement confortable, tout en soutenant le dinar face aux principales devises.

Cependant, cette apparente stabilité masque des fragilités structurelles profondes. La dette publique continue de croître, avec une dépendance accrue aux financements intérieurs par le biais des BTA. Cette stratégie, bien que nécessaire pour sécuriser le financement de l’État, augmente la pression sur le système bancaire local et réduit la capacité du secteur privé à accéder au crédit.

À moyen terme, la principale menace réside dans la soutenabilité extérieure. Les réserves de change, bien qu’encore confortables, montrent une tendance à l’érosion. Le service de la dette extérieure reste lourd et la Tunisie demeure exposée aux fluctuations des prix de l’énergie et aux chocs géopolitiques mondiaux. L’équilibre budgétaire et financier reste donc fragile et dépend largement de l’évolution des négociations avec les bailleurs de fonds internationaux, au premier rang desquels le FMI et la Banque mondiale.

Par ailleurs, le maintien de l’inflation autour de 5,2 % – Les prix des produits libres (non encadrés) augmentent de 6,2 % sur un an (**) – impose une vigilance accrue. Une détente trop rapide de la politique monétaire risquerait de relancer les tensions inflationnistes. Tandis qu’un resserrement supplémentaire pèserait sur une croissance déjà faible. La BCT se trouve donc dans une position délicate, devant arbitrer entre la stabilité des prix et la nécessité de préserver l’activité économique.

 

Le maintien de l’inflation autour de 5,2 % impose une vigilance accrue. Une détente trop rapide de la politique monétaire risquerait de relancer les tensions inflationnistes. Tandis qu’un resserrement supplémentaire pèserait sur une croissance déjà faible.

 

En définitive, la Tunisie évolue dans un environnement complexe où les soutiens ponctuels (tourisme, transferts, stabilité monétaire) ne suffisent pas à compenser les déséquilibres structurels (dette, déficit commercial, dépendance extérieure). La marge de manœuvre demeure étroite. Et seule la mise en œuvre de réformes profondes — qu’il s’agisse de la fiscalité, de la gouvernance des entreprises publiques ou de la diversification productive — permettra de transformer cette stabilité fragile en croissance durable.

 

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Sources :

(*) BCT

(**) INS

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

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