Tunisair pourra-t-elle s’en sortir avec ses seuls moyens ?
Ce n’est pas une blague, même si cela fait sourire certains parmi nous : Tunisair, dont on connaît la situation catastrophique, sur les plans financier, technique et organisationnel, va devoir établir un nouveau plan de travail pour, notamment, tenez-vous bien, ouvrir de nouvelles lignes.
Quand on sait que la compagnie nationale tunisienne peine à assurer les lignes déjà existantes (retards et annulations en série), faute d’avions opérationnels en nombre suffisant, on ne voit vraiment pas comment elle va pouvoir ouvrir de nouvelles lignes (notamment vers l’Iran, la Chine et l’Irak), comme semble l’y inviter le ministre du Transport, Rachid Amri, lui-même pressé par ses collègues du Commerce et du Tourisme, soucieux de relancer les échanges avec ces nouveaux partenaires intéressés par notre pays, et qui ont pris des engagements en ce sens avec leurs homologues étrangers.
Lors d’une réunion, mercredi 17 septembre 2025, au siège de Tunisair, à Tunis, le ministre Amri a demandé à la direction de Tunisair de préparer un nouveau plan de travail, dans un délai ne dépassant pas les 15 jours. Ce plan doit concerner la maintenance, les opérations aériennes, la qualité et la sécurité, a ajouté le ministre, tout en insistant sur une meilleure gestion des ressources financières et humaines, suivant les priorités garantissant la disponibilité de la flotte.
À l’impossible nul n’est tenu, mais le ministre a, également insisté, puisqu’on en est aux recommandations n’engageant que ceux qui y croient, sur «la préparation technique et logistique pour assurer l’application du nouveau programme commercial de la compagnie pour répondre aux flux de touristes que la Tunisie s’apprête à accueillir, améliorer le trafic passager et… lancer de nouvelles destinations.»
Les responsables de la compagnie ont donc un délai de 15 jours pour, en quelque sorte, tenter l’impossible qui, on le sait, n’est pas tunisien. Pour cela, le ministre leur recommande, également, de «planifier, anticiper et prendre des mesures préventives afin d’atteindre les objectifs fixés, tout en assurant la mise en œuvre des programmes élaborés et le suivi de leur continuité». Bref, ils sont invités à faire ce qu’ils ont omis de faire au cours des vingt dernières années, laissant la compagnie péricliter irrémédiablement et s’enfoncer dans la crise où elle se morfond aujourd’hui, sans perspective réelle de reprise.
On aimerait bien croire au miracle, mais soyons réalistes : Tunisair a-t-elle aujourd’hui les moyens de s’en sortir en comptant sur ses propres moyens, et sans l’appui de partenaires techniques et financiers étrangers solides ? Beaucoup d’experts en doutent, non sans raison.
I. B.
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