Face aux avancées scientifiques mondiales et aux bouleversements technologiques, l’université tunisienne s’engage dans une refonte profonde de son système de formation et de gouvernance. Transition numérique, développement durable, intelligence artificielle, ouverture internationale et employabilité des diplômés deviennent les piliers d’un enseignement supérieur en pleine mutation.
Dans un contexte marqué par l’accélération de la recherche scientifique et l’irruption du numérique, l’université tunisienne repense ses programmes. Les nouvelles spécialités, l’intégration des outils numériques et la coopération internationale structurée sont désormais cette transformation.
Au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, la mise en place des formations suit un circuit rigoureux : les propositions émanent des départements et conseils scientifiques, sont validées par l’université de tutelle, puis soumises à la Direction générale de la rénovation universitaire via la plateforme d’habilitation.
Les spécialités doivent impérativement répondre aux besoins nationaux, sectoriels et régionaux, tout en intégrant les priorités stratégiques fixées par le ministère.
Le virage du numérique
La transition numérique s’impose comme l’axe central de la réforme. Elle ne se limite pas à l’introduction de quelques outils mais touche l’ensemble des disciplines et des pratiques pédagogiques.
Exemples d’actions :
- compétences numériques transversales : généralisation du certificat C2I et 2CN (décret n°631/2022).
- révision des cursus : introduction de modules en programmation, data, cybersécurité, cloud, etc.
- développement de filières spécialisées : ingénierie logicielle, réseaux, sciences des données, technologies éducatives.
- enseignement hybride : généralisation de plateformes numériques (Moodle, Google Classroom, Université virtuelle).
- formation des enseignants : pédagogie numérique, scénarisation des cours en ligne, usage d’outils interactifs.
- innovation pédagogique : simulation, études de cas, classes inversées, pédagogie par projets.
Développement durable : une priorité transversale
La réforme universitaire s’aligne également sur les objectifs du développement durable. Les campus deviennent des lieux de sensibilisation et de recherche appliquée en faveur de l’environnement.
Axes stratégiques :
- modules transversaux sur l’économie verte, la responsabilité sociétale et l’éthique.
- filières spécialisées en énergies renouvelables, gestion durable de l’eau, urbanisme écologique, adaptation climatique.
- projets de recherche appliquée : efficacité énergétique, recyclage, agriculture intelligente.
- vie estudiantine : clubs et initiatives « campus vert », campagnes écologiques.
- projet ARESSE : création d’un référentiel métiers-compétences pour l’environnement.
Intelligence artificielle et sciences de demain
La Tunisie ne veut pas rester en marge de la révolution de l’IA. Le système universitaire met en place des formations adaptées pour anticiper les besoins du marché de l’emploi.
Nouvelles initiatives :
- Masters spécialisés en IA, machine learning, big data, traitement automatique du langage.
- Projets de fin d’études et start-up en santé, industrie 4.0, fintech, etc.
- Formations continues pour accompagner les reconversions professionnelles.
Partenariats et internationalisation
Les universités tunisiennes s’ouvrent désormais à une dynamique internationale de cocréation de programmes et de reconnaissance académique. Erasmus+, Co-diplômes, thèses en cotutelle… les dispositifs se multiplient pour renforcer l’attractivité du pays.
La réglementation nationale favorise cette orientation :
- Décret n°631/2022 : les diplômes de licence peuvent être créés sous forme de double diplôme via des conventions.
- Décret n°2012-1227 (mastère) : habilitation conjointe possible entre établissements tunisiens et étrangers.
- Décret n°47/2013 (doctorat) : introduction des thèses en cotutelle.
- Diplômes hors LMD (ingénieur, médecin, architecte, etc.) : ouverture progressive aux Co-diplômes internationaux.
Vers une réforme globale : qualité, employabilité et gouvernance
Au-delà des innovations pédagogiques et scientifiques, la réforme se veut structurelle et durable. Le ministère fixe plusieurs axes de transformation :
Objectifs |
Axes de réforme |
Qualité et excellence |
Transformation numérique, innovation pédagogique, évaluation continue |
Modernisation de la gouvernance |
Gestion plus flexible des programmes, rationalisation de l’offre de formation |
Ouverture internationale |
Attractivité accumulée pour les étudiants étrangers, partenariats renforcés |
Assurance qualité |
Accréditations nationales et internationales, culture d’évaluation |
L’employabilité au cœur du projet
Le défi majeur reste l’intégration des diplômés dans un marché de l’emploi en mutation.
Principales mesures :
- Stages et alternance, coaching et accompagnement professionnel.
- Adaptation de l’offre aux secteurs porteurs : numérique, énergies, santé.
- Partenariats avec les entreprises pour coconstruire les programmes.
- Développement de l’esprit entrepreneurial : incubateurs universitaires, statuts « étudiant-entrepreneur », start-ups issues des campus.
Un changement profond et irréversible
L’université tunisienne entre dans une nouvelle ère. Sa transformation, loin d’être un simple ajustement académique, vise à aligner l’enseignement supérieur avec les mutations du monde. En s’appuyant sur le numérique, l’innovation et l’ouverture internationale, elle ambitionne de renforcer sa compétitivité et d’offrir aux jeunes diplômés des perspectives mieux adaptées aux réalités économiques et sociétales.
Amel Belhadj Ali
Source : Document ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
EN BREF
- L’université tunisienne s’engage dans une réforme profonde pour s’aligner sur les mutations mondiales.
- La transition numérique constitue l’axe central : outils digitaux, hybridation, nouvelles filières en IA, cybersécurité, data.
- Le développement durable devient transversal : économie verte, énergies renouvelables, campus écologiques.
- L’ouverture internationale s’intensifie : Erasmus+, co-diplômes, thèses en cotutelle, partenariats stratégiques.
- L’objectif principal reste l’employabilité des diplômés : alternance, incubateurs, entrepreneuriat.
- Une transformation structurelle visant qualité, excellence et attractivité à l’échelle régionale et mondiale.
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