Les manœuvres russo-bélarusses : Vers la fin du mythe Atlantique ?
Alors que les forces russes et bélarusses organisent des manœuvres militaires coordonnées aux abords orientaux de l’Europe, c’est moins la démonstration de puissance de Moscou qui inquiète les stratèges européens que l’écho vide qui leur répond côté Atlantique. L’absence américaine, désormais manifeste, ne peut plus être interprétée comme une simple pause stratégique, mais elle relève plutôt d’un abandon de fait.
Les États-Unis, historiquement piliers de la dissuasion collective sur le continent européen, semblent aujourd’hui opter pour une position d’observateur distant, presque détaché. Aucun redéploiement militaire notable sur le flanc Est de l’OTAN. Aucune démonstration de force à la hauteur de la pression russe. Aucune ligne rouge clairement affirmée. À la place, un recentrage sur une diplomatie indirecte, voire ambiguë, passant désormais par Minsk, dans une tentative de médiation bilatérale entre la Russie et l’Ukraine.
Ce choix, qui contourne les canaux traditionnels de coordination avec l’Union européenne, révèle un désengagement politique autant que militaire.
Les livraisons d’armes américaines à l’Ukraine, elles aussi, confirment cette logique d’abandon progressif. L’aide militaire se poursuit, mais via des intermédiaires européens. Le soutien est logistique, conditionnel, sans implication directe. Washington semble avoir redéfini son rôle : non plus garant de la sécurité européenne, mais fournisseur périphérique, prudent, intéressé par la stabilité régionale sans vouloir en assumer les coûts.
Cette posture est renforcée par les discours ambigus de Donald Trump, d’une part, il évoque la possibilité de sanctions contre la Russie, d’autre part, il ne cache plus sa volonté de rompre avec la doctrine de défense collective qui a structuré l’OTAN depuis sa création.
Le message implicite est sans appel : l’Europe ne peut plus compter sur l’intervention automatique des États-Unis face à une menace militaire.
Dans ce contexte, les efforts européens en termes de déploiement de troupes françaises, britanniques ou allemandes en Pologne, en Estonie, en Roumanie apparaissent comme des tentatives de combler un vide que Washington ne cherche plus à occuper. L’autonomie stratégique, si souvent évoquée et rarement concrétisée, devient une nécessité non par choix, mais par abandon.
La Russie, elle, observe et avance. Les manœuvres avec le Bélarus ne sont pas seulement un exercice militaire : elles sont une démonstration géopolitique. Face à elles, la passivité américaine valide un nouveau rapport de force.
Ce n’est pas une redistribution des rôles, c’est un retrait. L’Europe est forcée d’assumer seule une sécurité que son principal allié ne garantit plus.
Tout compte fait, une Russie en uniforme, une Amérique en retrait, une Ukraine à bout de souffle, et une Europe qui cherche encore ses bottes…
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Mahjoub Lotfi Belhedi
Chercheur en réflexion stratégique optimisée IA // Data scientist & Aiguilleur d’IA
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