ONU : la Déclaration de New York adoptée massivement, la Tunisie absente du vote
La Déclaration de New York vient d’être adoptée par l’Assemblée générale à 142 voix pour, 10 contre et 12 abstentions. La Tunisie n’a pas pris part au vote.
Historique. À une écrasante majorité, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté vendredi 12 septembre la « Déclaration de New York », à dix jours d’un sommet qui consacrera la reconnaissance officielle de l’État de Palestine ; sachant que 193 États membres de l’ONU reconnaissent l’Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988. Mais, pour la première fois, plusieurs grandes puissances occidentales, dont la France, l’Espagne, le Canada, le Royaume-Uni, la Belgique et l’Irlande ou encore l’Australie, se disent prêtes à franchir le pas.
Le texte de 7 pages concocté auparavant par la France et l’Arabie saoudite et qui plaide pour la « fin de la guerre à Gaza » et un « règlement juste, pacifique et durable du conflit israélo-palestinien, reposant sur une mise en œuvre véritable de la solution à deux Etats tout en excluant sans équivoque le mouvement islamiste Hamas » a été adopté par 142 voix pour, 10 contre (dont sans surprise Israël et son allié américain) et 12 abstentions.
Le Hamas hors jeu
Le Hamas exclu du processus de la solution à deux Etats ? « Dans le contexte de l’achèvement de la guerre à Gaza, le Hamas doit cesser d’exercer son autorité sur la bande de Gaza et remettre ses armes à l’Autorité palestinienne, avec le soutien et la collaboration de la communauté internationale, conformément à l’objectif d’un État de Palestine souverain et indépendant », plaide la résolution onusienne.
« On retiendra le 12 septembre comme le jour de l’isolement international définitif du Hamas », s’est félicité le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur la radio publique France Inter.
Cela étant, dans la perspective d’un futur cessez-le-feu à Gaza, la « Déclaration de New York » évoque également le déploiement d’une « mission internationale temporaire de stabilisation » à Gaza, sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, pour protéger la population, soutenir le renforcement des capacités de l’État palestinien et apporter des « garanties de sécurité à la Palestine et à Israël ».
« Un cadeau au Hamas »
Réaction immédiate de la part du premier vice-président de la Palestine, Hussein al-Cheikh, lequel a qualifié ce vote d’« étape importante vers la fin de l’occupation et la concrétisation de notre État indépendant ».
Sans surprise, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a rejeté la résolution onusienne comme « honteuse », y voyant un encouragement au Hamas à « continuer la guerre » et accusant l’ONU d’être « un cirque politique détaché de la réalité ».
L’ambassadeur des États-Unis à l’ONU a fermement critiqué le vote, le qualifiant de « trompeur », « malavisé » et « mal choisi » dans le temps. La résolution onusienne est essentiellement un « cadeau au Hamas », a-t-il encore déploré.
Rappelons enfin que 10 pays ont voté contre la résolution onusienne, en l’occurrence les États-Unis, Israël, l’Argentine, la Hongrie, le Paraguay, Nauru, la Micronésie, les Palaos, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tonga.
Douze (12) pays se sont abstenus, notamment la Tchéquie, le Cameroun, la République démocratique du Congo, l’Équateur, l’Éthiopie, l’Albanie, Fidji, le Guatemala, Samoa, la Macédoine du Nord, la Moldavie, le Soudan du Sud.
La singularité tunisienne
L’on notera également que la majorité des pays arabes, notamment l’Algérie, le Maroc, la Libye, la Mauritanie, l’Égypte, le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Yémen, le Soudan et la Syrie, aura voté en faveur de la résolution onusienne. À l’exception de l’Irak et de la Tunisie qui n’ont pas pris part au vote.
Pourquoi ? Officiellement, notre pays, connu pour son attachement viscéral à la cause palestinienne, ne veut pas d’un texte qui consacre la formule d’une solution à deux États et implique par conséquent une reconnaissance de facto de l’État hébreu.
En d’autres termes, Tunis soutient depuis longtemps la création d’un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël, conformément aux résolutions de l’ONU (notamment les résolution 242 et 338) et à l’Initiative de paix arabe de 2002.
Mais les autorités tunisiennes ne cachent plus leur scepticisme vis-à-vis de la solution à deux États, constatant que cette solution est vidée de sa substance par les faits sur le terrain et les rapports de force : le processus de paix est pratiquement bloqué, et le projet d’un État palestinien est devenu irréalisable sur le terrain à cause de l’expansion des colonies israéliennes, de l’annexion de Jérusalem-Est et du morcellement territorial en Cisjordanie.
Bref, Tunis se démarque du monde arabe, même du voisin algérien, en préférant insister sur les droits fondamentaux des Palestiniens et opte par conséquent pour une paix « juste et globale », plutôt que sur un schéma diplomatique qu’elle juge, à tort ou à raison, illusoire et chimérique.
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