80e session de l’AG de l’ONU : se réformer ou disparaitre
La 80e session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte mardi 9 septembre au Siège des Nations Unies à New York sur le thème : « Mieux ensemble : 80 ans et plus au service de la paix, du développement et des droits humains. »
Et qui est la présidente de cette 80e session de l’AG de l’ONU ? Annaleena Baerbock, l’ancienne ministre des AE allemande sous Olaf Scholz, une belliciste connue pour sa célèbre déclaration : « Nous (les Européens) sommes en guerre contre la Russie ». Connue aussi pour sa déclaration solennelle à la Conférence de Munich pour la sécurité le 18 février 2023 qui a fait et fait toujours les gorges chaudes des diplomates et des journalistes à travers le monde : « Pour que l’Ukraine soit en sécurité, Poutine doit faire un changement de cap de 360° »… C’est cette femme que l’ONU a choisie pour présider sa 80e Assemblée générale dans un monde littéralement en flammes.
Le thème choisi est totalement hors sujet. Un thème qui choque plus d’un au regard du génocide qu’Israël continue de perpétrer, avec la complicité des Etats-Unis et l’approbation des puissances européennes, et au regard de l’impuissance de l’ONU à protéger le peuple palestinien ni même l’une de ses principales Agences, l’UNRWA et ses employés.
Un thème qui, par contraste, ne fait que jeter encore plus de lumière sur les abus de la puissance américaine qui a utilisé plus de 45 vétos pour assurer l’impunité d’Israël et protéger cet Etat paria des conséquences des crimes qu’il n’arrête pas de commettre depuis sa création jusqu’à ce jour.
En toute rationalité et loin des calculs politiciens, le thème qui devrait s’imposer logiquement à l’occasion de la célébration du 80e anniversaire de l’ONU est : « Se réformer ou disparaitre ». Car, sans réforme du droit de véto, cette malédiction onusienne, les abus des Etats puissants et l’impunité de leurs protégés continueront. Et la question : « L’existence d’une Organisation incapable de faire respecter sa Charte a-t-elle un sens ? » continuera d’être escamotée.
Le 9 septembre 2025, la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies s’est ouverte sur fond de menaces croissantes pour la paix et la sécurité internationales, notamment au Moyen-Orient, où Israël commet un génocide contre le peuple palestinien, avec la complicité des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et d’autres pays qui continuent d’apporter un soutien militaire, économique, politique, diplomatique et propagandiste à cet État génocidaire.
Le complice américain n’a même pas jugé utile de dissuader l’enragé Netanyahu de bombarder le Qatar, le pays qui accueille la plus grande base militaire américaine dans la région et qui, lors de sa visite à Doha Trump fut littéralement couvert d’or et de diamant emportés dans le « Palais volant », un Boeing 747 d’un demi-milliard de dollars généreusement offert par Tamim Al Thani…
Nul ne croit que le génocidaire Netanyahu ait pu mener une telle agression contre un allié si précieux des Etats-Unis sans que le président américain ne soit mis au courant. Trump a donc laissé faire et, dix minutes après l’agression, il a appelé Tamim pour le « rassurer » qu’ « il n’y aura plus d’attaques contre Qatar »… Même pas la reconnaissance du ventre !
L’affaire est devant le Conseil de sécurité et tout le monde connait d’avance le résultat : le véto américain habituel pour protéger Israël ou, dans le meilleur des cas, une abstention.
La question que beaucoup se posent aujourd’hui est la suivante : Qu’est-ce qui empêche l’Assemblée générale de faire le minimum : exclure Israël de sa session en cours, comme elle l’a fait en 1974 pour l’Afrique du Sud ? Un vote des trois-quarts des membres ferait l’affaire, Washington n’ayant dans ce cas aucun droit de véto.
Dans le même ordre d’idées, qu’est-ce qui l’empêche de décréter le déploiement d’une force multinationale à Gaza pour mettre fin au génocide et à la famine. Aussi arrogants et déchainés qu’ils puissent être, il est peu probable que Trump et Netanyahu prennent le risque grave de bombarder une force multinationale qui serait composée de milliers d’hommes venant de dizaines de pays.
Craig Mokhiber, ancien fonctionnaire de l’ONU et ancien chef du Haut-commissariat aux droits de l’homme au siège de l’ONU à New York a publié un document le 27 août 2025 dans lequel il exhorte l’Assemblée générale à adopter une résolution pertinente dans le cadre de l’initiative « Unis pour la paix », qui devrait :
- « Appeler tous les États à adopter des sanctions globales et un embargo militaire contre le régime israélien. Bien qu’elle ne dispose pas du pouvoir d’appliquer des sanctions, elle peut les imposer, les surveiller et les compléter si nécessaire.
- Décider d’annuler les lettres de créance d’Israël auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies, comme l’a fait l’Assemblée générale dans le cas de l’Afrique du Sud sous l’apartheid.
- Instaurer un mécanisme de responsabilisation (tel qu’un tribunal pénal) pour juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, l’apartheid et le génocide israéliens.
- Réactiver les mécanismes anti-apartheid de l’ONU, longtemps en sommeil, afin de lutter contre l’apartheid israélien.
- Mandater une force de protection armée et multinationale de l’ONU, déployée à Gaza (et, à terme, en Cisjordanie), agissant à la demande de l’État de Palestine, pour protéger les civils, ouvrir les points d’entrée terrestres et maritimes, faciliter l’aide humanitaire, préserver les preuves des crimes israéliens et contribuer à la reconstruction. »
Des propositions rationnelles, logiques et parfaitement réalisables si une volonté politique et une force morale surgissent de cette 80e session de l’AG de l’ONU.
Après 80 ans d’existence, l’ONU est à la croisée des chemins : se réformer ou disparaitre. Pendant des décennies, l’Organisation mondiale a été exagérément paralysée et humiliée par les Etats-Unis et Israël. On la voit mal accepter de fêter dans vingt ans son centenaire dans ces conditions de paralysie et d’humiliations.
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