Hafedh Ben Afia : « Nous sommes tous engagés pour une Afrique forte, indépendante et prospère »
À l’occasion de la quatrième édition de la foire intra-africaine (IATF) qui s’est tenue à Alger, Hafedh Ben Afia, Chef de la région Afrique du Nord de Afreximbank, revient sur les ambitions et les résultats de cet événement majeur. Il détaille les avancées commerciales à l’échelle continentale et mondiale, les défis liés à la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), ainsi que les initiatives numériques favorisant les échanges entre entreprises africaines. Au cœur de cette édition, la volonté forte de connecter durablement les acteurs publics et privés pour une Afrique plus intégrée, indépendante et prospère. Interview.
Quels sont les objectifs actuels de l’IATF, notamment en termes de position commerciale mondiale, à l’occasion de cette quatrième édition ?
Hafedh Ben Afia : Pour cette quatrième édition, nos ambitions sont vastes, enrichies par les expériences précédentes. Depuis 2018 au Caire, où des partenariats représentant 10 milliards de dollars ont été signés, jusqu’à l’édition d’Égypte en 2023 avec 44 milliards, nous visons un objectif similaire cette année. Nous espérons conclure de nouveaux accords d’ici la fin de l’événement.
En termes de participation, même si tous les chiffres ne sont pas encore finalisés, notre but était d’accueillir 35 000 participants de tout le continent. Grâce à une coordination étroite avec les ambassades algériennes, nous avons facilité l’obtention de visas pour les Africains qui en avaient besoin, tandis que d’autres pays comme la Tunisie ou la Mauritanie n’en exigeaient pas.
À ce jour, 2111 exposants venus de toute l’Afrique sont présents, avec 128 pays représentés sur les 130 ciblés, incluant 54 pays africains et d’autres nationaux.
Comment évaluer l’impact actuel de l’IATF par rapport aux éditions précédentes, notamment en lien avec la mise en œuvre de la Zlecaf ?
L’IATF ne se limite pas à une simple foire : c’est un rassemblement pan-africain organisé avec l’Union africaine et le secrétariat général de la Zlecaf, dont l’objectif essentiel est de connecter les Africains entre eux.
Quel est l’impact de l’IATF sur la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), malgré les contraintes existantes ?
La Zlecaf fait face à des blocages, notamment liés aux réglementations et aux tarifs douaniers entre pays. L’IATF réunit les gouvernements pour discuter de ces freins et sensibiliser sur l’importance du commerce intra-africain, facteur clé de réduction des coûts. Les partenariats signés incluent des collaborations inter-entreprises (J2J, B2B) mais aussi intergouvernementales pour faciliter ces échanges. Par ailleurs, l’Afreximbank a mené des sessions de sensibilisation sur la création de zones de libre-échange, en partenariat avec la société Rice, spécialiste du sujet, pour encourager la levée des obstacles tarifaires et réglementaires.
Quels sont les principaux défis pour la Tunisie dans l’application de la Zlecaf ?
La Tunisie est un cas particulier. Elle entretient des échanges privilégiés, notamment avec l’Afrique de l’Ouest, représentant environ 70 % de ses échanges africains. Les blocages sont limités, mais la logistique demeure un défi, malgré une position stratégique. Les infrastructures logistiques sont insuffisantes, surtout en matière de lignes maritimes et aériennes cargo, ce qui complique les échanges directs. Par ailleurs, les restrictions sur les mouvements de devises freinent le commerce.
Pour répondre à cela, la Tunisie a engagé son adhésion au PAPSS ( février 2024) qui facilite les paiements en monnaies locales. Depuis juillet 2025, l’Algérie et le Maroc sont déjà membres, ce qui facilite les échanges en Afrique du Nord. Nous sensibilisons aussi les banques tunisiennes pour renforcer leur participation au PAPSS, où déjà deux établissements sont actifs.
En complément de l’événement physique, nous proposons la plateforme Africa Trade Gateway (Arise, Trade Gateway), qui regroupe plusieurs autres plateformes comme Atex (trading de fertilisants et céréales), Tradar Club (multi-secteurs) et Mansa (conformité d’entreprises), ainsi que PAPSS pour les paiements.
Ces outils numériques facilitent l’accès des acteurs économiques africains à un vaste réseau commercial et international. Les banques peuvent, via cette plateforme, connecter leurs clients à des portefeuilles d’affaires, garantissant une dynamique commerciale continue entre les éditions, sur la période 2023-2027.
Un dernier mot ?
Cette quatrième édition de l’IATF à Alger a largement répondu à nos attentes. L’Algérie a su mobiliser ses ressources pour offrir une organisation de qualité à cet événement d’envergure africaine, témoignant de son engagement envers le continent.
La forte mobilisation des acteurs publics et privés illustre la volonté africaine de renforcer les liens commerciaux. La Banque africaine a facilité ces connexions et a permis la naissance de projets majeurs, notamment dans l’électricité et l’énergie, grâce à des partenariats entre entreprises et gouvernements, appuyés par des garanties financières sécurisant les risques de non-paiement. Le suivi des accords signés est assuré par une équipe dédiée qui accompagnera leur mise en œuvre jusqu’à l’IATF 2027 à Lagos.
En somme, nous sommes tous engagés pour une Afrique forte, indépendante et prospère.
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