Après des décennies de chaos, l‘Irak commence à sortir la tête de l’eau !
Après de longues décennies d’agonie, l’Irak, nation meurtrie, semble panser ses plaies. Après la guerre du Golfe de 1990 et les 13 ans d’embargo terrible qui lui ont succédés, après l’invasion américaine et la chute de Saddam Husseïn, après les décennies de chaos et les années de la barbarie de Daech, l’Irak commence à sortir sa tête de l’eau. Un boom démographique, un dynamisme économique et des réformes ont lieu cependant les maladies chroniques comme la corruption endémique demeurent. (Ph. Erbil, capitale du Kurdistan irakien, est un vaste chantier).
Imed Bahri
Dans une enquête consacrée à l’Irak, The Economist indique que le pays connait un boom démographique avec une augmentation d’environ 20 millions d’habitants depuis l’invasion américaine de 2003, portant le total à plus de 46 millions. Le magazine britannique ajoute que Bagdad vit un essor des secteurs de l’immobilier et de la construction en général avec des grues qui garnissent le ciel et des ponts, des hôpitaux et des écoles construits à un rythme effréné, signe d’une stabilité sécuritaire sans précédent depuis des décennies de guerre et de destruction. Autre signal positif, le pays commence à attirer les investisseurs étrangers.
Le Premier ministre irakien Mohammed Chia al-Soudani s’est engagé à améliorer les services et les infrastructures. Depuis son entrée en fonction en 2022, 20 ponts ont été construits à Bagdad et le gouvernement a ouvert au moins quatre nouveaux hôpitaux dont le premier centre spécialisé dans le traitement du cancer dans le pays. Plus de 1 700 écoles ont été construites ou reconstruites et quatre grands hôtels sont prévus.
Amélioration des conditions de sécurité
Le magazine britannique ajoute que cette expansion n’aurait pas eu lieu sans la baisse de la violence et l’amélioration des conditions de sécurité qui ont favorisé la croissance démographique.
En même temps, des réformes bancaires ont facilité l’accès au financement et l’utilisation des revenus pétroliers pour améliorer la situation financière du pays après des fuites de fonds à l’étranger.
The Economist indique, par ailleurs, qu’Al-Soudani aborde les projets de reconstruction comme s’il était plus un ingénieur de terrain qu’un politicien, supervisant personnellement les comités d’investissement et effectuant des visites surprises sur les chantiers de construction, ce qui a accéléré le processus d’approbation des grands projets.
Le magazine souligne que les réformes s’étendent au-delà du secteur de la construction et ne concernent pas seulement Bagdad. Des réformes ont lieu pour faciliter la vie des citoyens à l’instar des bureaux des passeports qui délivrent désormais des documents en seulement 45 minutes.
D’autre part, les recettes douanières ont considérablement augmenté, passant de 690 millions de dollars en 2023 à plus de 2,3 milliards de dollars cette année grâce à la transformation numérique.
Un autre changement de taille a été opéré. Les salaires des fonctionnaires ne sont plus versés en espèces et l’accès aux services publics nécessite désormais l’utilisation d’une carte bancaire, une exigence pratiquement inexistante il y a cinq ans.
Cependant, The Economist note qu’Al-Soudani a évité d’affronter les factions armées chiites, préférant les intégrer économiquement par le biais de contrats gouvernementaux. Il estime que les impliquer dans des investissements pourrait limiter leur implication dans la violence.
Impliquer les factions pro-iraniennes dans l’économie
«Les factions irakiennes fidèles à l’Iran», comme les qualifie le magazine britannique, ont évité d’intervenir dans la guerre de 12 jours contre Israël, ce que certains observateurs considèrent comme une preuve du succès de la politique d’Al-Soudani.
Toutefois, certains observateurs estiment que cette politique a permis aux factions armées d’accroître leurs richesses et de renforcer leur influence sur l’État. Les critiques citent un incident survenu en juillet, lorsque des combattants du Kata’ib Hezbollah ont pris d’assaut le ministère de l’Agriculture pour protéger un fonctionnaire accusé de corruption, sans sanction ni obligation de rendre des comptes.
Le bilan d’Al-Soudani présente d’autres lacunes. Il n’a pas réussi à réduire les effectifs du secteur pléthorique de la fonction publique qui compte plus de 10 millions d’employés du gouvernement ni à réformer le secteur de l’énergie en raison de l’influence des factions.
Les prochaines élections législatives de novembre seront décisives car Al-Soudani brigue un second mandat pour mener à bien ses projets mais sa survie dépend de la position du Cadre de coordination chiite à son égard.
The Economist conclut en rappelant que la corruption reste endémique dans les institutions étatiques et que les défis sont nombreux. Néanmoins, le potentiel de l’Irak reste énorme, sa population augmentant de près d’un million d’habitants chaque année, constituant une force considérable pour la reconstruction du pays.
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