Tunisie | Kaïs Saïed préfère les mots aux chiffres
Kaïs Saïed estime que la politique du «compter-sur-soi» (ou self-reliance) qu’il préconise depuis deux ans avait permis de contenir le taux d’inflation à 5,2% – qui reste tout de même assez élevé – et d’atteindre une croissance de plus de 3% au cours du dernier trimestre.
Lors d’une rencontre au Palais de Carthage avec le ministre des Finances, Michket Slama Khaldi, et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fathi Zouheïr Nouri, le président de la République a attribué ces bons résultats économiques à une stratégie menée «loin de toute ingérence étrangère», dans une limpide allusion au Fonds monétaire international, dont le programme d’aide financière conditionné par des réformes douloureuses («diktats» selon le terme utilisé par Saïed) est à l’arrêt depuis octobre 2023.
Le chef de l’Etat a également fait état de la stabilité du taux de change et de l’augmentation des réserves stratégiques en devises, qui couvrent désormais 109 jours d’importations.
Selon un communiqué de la Présidence de la République, la réunion a été l’occasion de passer en revue l’exécution du budget de l’État à la fin du premier semestre 2025 et les principales orientations du projet de budget pour 2026, qui aura une très forte portée sociale.
Ce futur budget doit incarner les aspirations du peuple tunisien, notamment dans le domaine social, et ne pas se réduire à de «simples chiffres», a dit Saïed, qui, lui, préfère les mots.
Il faut dire que les chiffres sont rarement comme on souhaiterait qu’ils soient : une inflation de 5,2% reste tout de même élevée, ce qui se traduit par la poursuite de la hausse des prix dont se plaignent les Tunisiens, et une croissance de 3%, pour bienvenue qu’elle soit, ne permet pas de résorber un chômage qui plafonne depuis une quinzaine d’années autour de 15%.
Sur un autre plan, Saïed a souligné le rôle de la BCT dans le soutien de l’économie nationale, ainsi que le rôle du Commission tunisienne d’analyse financière (Ctaf) dans le suivi des transactions financières suspectes, compte tenu des importants flux financiers en dehors des cadres légaux.
On ne sait pas si le président parle ici du marché informel, qui gangrène l’économie nationale, mais on ne voit vraiment pas ce qui empêche l’Etat, aussi omniprésent et omnipotent qu’il l’est chez nous, de mettre fin à ces flux financiers douteux dont ne cesse de parler le président depuis qu’il est au pouvoir en 2019.
I. B.
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