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Clôture du festival international du Théâtre Expérimental du Caire : Le jardin des amoureux a remporté le prix de la mise en scène.

La pièce tunisienne Le Jardin des Amoureux a remporté le prix de la mise en scène à la 32ᵉ édition du Festival International du Caire de Théâtre Expérimental. L’œuvre, signée Moez Achouri, figurait également parmi les nominées pour le prix du meilleur texte et celui de la meilleure production.

Le rideau est tombé sur la 32ᵉ édition du Festival International du Caire de Théâtre Expérimental, lors d’une cérémonie de clôture qui a eu lieu au Théâtre Al-jomhouria. en présence de nombreuses figures du théâtre arabe et international.

Dans une ambiance festive et chaleureuse, le palmarès a mis à l’honneur la diversité des créations venues d’Irak, de Bahreïn, d’Italie, de Roumanie, mais aussi de Tunisie. La pièce Le Jardin des Amoureux a particulièrement retenu l’attention du jury.

Mise en scène par Moez Achouri, elle s’est distinguée par sa force visuelle et dramaturgique, lui valant le prix du meilleur metteur en scène.

Elle avait également été nominée pour le prix du meilleur texte — attribué finalement à l’Irakien Jawad Al-Assadi pour “ le Cirque” — ainsi que pour le prix du meilleur spectacle, remporté par la création roumaine “Hashtag NotL”.

Aux côtés de cette consécration tunisienne, le palmarès a également distingué l’Irakienne Chatha Salem comme meilleure actrice pour “le Cirque”, la pièce Italienne Coppelia pour la meilleure scénographie ou encore l’acteur bahreïni Mohamed Abdallah et l’Irakien Alaa Qahtan (meilleur acteur ex æquo).

Cette 32ᵉ édition, marquée par une semaine de représentations, de débats et d’ateliers, a confirmé le rôle du Caire comme carrefour des expériences théâtrales contemporaines, où l’expérimentation se veut le langage universel de la rencontre et du dialogue.

 

De notre envoyée spéciale au Caire ASMA DRISSI

Le danseur et chorégraphe Walid Aouni à la Presse : « Le mouvement est l’architecture du corps »

Danseur, chorégraphe et plasticien, fondateur en 1993 de la première compagnie de danse-théâtre moderne de l’Opéra du Caire qu’il dirige jusqu’à ce jour, Walid Aouni a bâti un langage singulier où la danse-théâtre se nourrit des arts plastiques, de l’architecture et de la mémoire collective.

De Maurice Béjart à Robert Wilson, de l’expérimentation au minimalisme, il revendique une liberté totale, sans hiérarchie entre les disciplines. Entretien avec un créateur qui avance «toujours vers le futur».

Rencontré au festival international du Théâtre Expérimental du Caire pour lequel il signe le spectacle d’ouverture, Walid Aouni se livre. 

La PresseVos débuts furent marqués par une expérience fondatrice auprès de Maurice Béjart. Si vous deviez retenir une seule leçon qui dirige encore aujourd’hui votre vision, laquelle serait-ce ?

Il y a beaucoup de repères que l’on retient avec Maurice. Ce sont des flashs qui deviennent une encyclopédie avec le temps. Travailler avec une sommité n’est pas ce qui compte le plus, mais ce que l’on retient et ce que l’on apprend sans s’en rendre compte sur le moment. A 17 ans, quand j’ai intégré sa compagnie, je n’avais pas conscience de l’importance de travailler avec Béjart. On est dans le bouillonnement de l’art et on vit ce mouvement.

Le plus important, c’est que le mouvement est l’architecte du corps. Béjart n’est pas une école figée, ce n’est pas de la  danse, c’est du théâtre. Il était un homme de théâtre par excellence avec un matériau important à disposition en termes de danse. Il travaillait la beauté du geste avant la chorégraphie. J’ai tout appris avec lui : le mouvement, la musique, la philosophie, mais aussi comment passer d’une scène à une autre, comment respirer dans les transitions. Maurice te faisait découvrir des mondes et te donnait le sentiment qu’il apprenait de toi. C’était un maître.

Votre spectacle d’ouverture du Festival international du théâtre expérimental du Caire était-il un défi esthétique ?

Vous savez, je viens des Beaux-Arts, une éducation essentielle pour tout artiste. Et la danse à proprement parler ne me dit plus grand-chose, maintenant je travaille le mouvement et la structure de l’image. Dans ce spectacle, je voulais un esthétisme du rythme lent, répétitif, laissant place au silence. Il est important de ne pas être dans l’accélération ou dans l’absence de respiration.

Vous avez choisi de rendre hommage à Robert Wilson. Quelle idée en retenez-vous? 

Chez Wilson, c’est le vide qui est extraordinaire. L’an dernier, j’ai monté un spectacle sur Gaza, “Écho du mur du silence”, autour du mur de séparation. J’ai travaillé sur le vide transformé en volume. Wilson explore cela dans sa propre structure. Je me retrouve aujourd’hui dans ce minimalisme, dans le transparent, dans l’instabilité de la matière.

Votre travail croise danse, arts plastiques et arts visuels. Comment parvenez-vous à équilibrer ces disciplines ?

Jamais d’équilibre ! J’aime l’improvisation, l’anarchie, la liberté d’aller vers de nouvelles pistes. Je donne des lignes et des codes. L’image que l’on voit naît  d’un état de liberté. Je cherche la musique qui en donne la direction, et la lumière en est le dosage. C’est la magie, la transparence que je poursuis.

Vous avez défendu la danse contemporaine dans le monde arabe, souvent face à des résistances. Quelle fut votre plus grande bataille ?

La bataille n’est jamais finie. Chaque génération a son propre combats et chaque époque ses propres défis, ses combats. Avant, c’était le refus quasi total, maintenant, c’est : pourquoi est-il toujours là ? Mais moi je ne suis pas carriériste, chaque chose est venue en son temps. J’avance, je me place toujours dans le futur. Le passé est engloutissant tel un trou noir. Vivre dans le passé, c’est souffrir. Le futur est mystère et toujours en devenir.

Après cette carrière, quels territoires rêvez-vous encore d’explorer ?

Il y en a tant. J’aimerais travailler sur l’intime… j’aimerais raconter ma mère. C’était une romancière, morte trois ans après ma naissance. Elle avait choisi de m’avoir malgré les risques pour sa santé. Quant à moi, après son départ, j’ai grandi dans un monastère, bien que je sois musulman. Et ce n’est que plus tard à l’âge de 8 ans, quand mon père s’est remarié, que je suis retourné à la maison. Ma mère, sa vie et la place qu’elle a laissé dans ma vie sont une matrice essentielle pour moi que je n’ai pas pu approcher jusqu’à maintenant. 

Si vous deviez mettre en scène votre vie comme un spectacle, quelle serait l’image d’ouverture et celle de fin ?

Je commencerais par la naissance, et comme dans tous mes spectacles, je finirai par une mort.

Vous avez fait dialoguer le corps avec l’architecture, la musique et le cinéma. Si vous deviez travailler avec un art totalement étranger, lequel choisiriez-vous ?

Ça sera la lumière. Encore et toujours la lumière. Le vide, le visible insaisissable, le minimalisme total jusqu’à l’infiniment abstrait.

Dans vos spectacles, le corps est porteur de mémoire et de blessures. Si le corps du monde arabe pouvait parler, quel serait son geste chorégraphique aujourd’hui ?

La déception et l’impuissance. La vérité est criarde et nous pataugeons dans nos contradictions. Mon geste chorégraphique sera à la mesure de la déception. Ça serait une bombe atomique artistique.

 

L’intelligence artificielle au cœur du Caire expérimental: Débats esthétiques et responsabilité de la scène

 De notre envoyée spéciale au Caire Asma DRISSI

Entre fascination et inquiétude, transformer cette technologie en expérience sensible et critique, interroger ses promesses et ses menaces et rappeler, face aux machines, la valeur irremplaçable du regard humain.

La Presse — La table ronde intitulée «Théâtre et intelligence artificielle » qui a eu lieu au festival international du Théâtre expérimental du Caire a ouvert de nouvelles perspectives sur les liens entre art et technologie. Modérée par le chercheur marocain Dr Khalid Amine, elle a réuni trois spécialistes allemands : Thorsten Jost (Université libre de Berlin), Thomas Irmer (auteur et critique), et Albert Lang (professeur en design et systèmes technologiques).

En ouverture, le modérateur Khalid Amine a rappelé les propos de Geoffrey Hinton, l’un des pères fondateurs de l’IA, lors de son discours de réception du prix Nobel 2024 : «Le danger n’est pas seulement celui des algorithmes biaisés, mais celui, existentiel, d’entités numériques plus intelligentes que nous, guidées non par la sécurité civilisationnelle mais par la logique du profit».

Pour Amine, cette alerte déplace le débat du simple usage scénique des technologies vers la mission fondamentale du théâtre : être le lieu où l’humanité met en scène ses peurs interroge sa propre arrogance et explore ses dilemmes éthiques. «Le théâtre, dit-il, ne doit pas seulement utiliser l’IA, mais assumer le rôle de conscience critique, miroir des dérives et forger le regard collectif sur l’avenir».

Thorsten Jost : « Le théâtre rend les algorithmes visibles »

Prenant la parole, Thorsten Jost a présenté sa recherche sur ce qu’il nomme « l’expérience algorithmique ». Selon lui, les études critiques se sont trop longtemps enfermées dans l’image du « black box », qui réduit les algorithmes à des entités opaques et autonomes. Or, explique-t-il, « une approche contextuelle révèle que les algorithmes ne sont pas de simples outils, mais des phénomènes relationnels qui apparaissent dans l’interaction humaine, technique et sociale ». De là, Jost propose le concept de « vision algorithmique »: une expérience vécue qui engage le corps, l’émotion et la culture, et qui devient observable sur scène. Le théâtre, en mettant en lumière ces mécanismes, transforme l’invisible en palpable et donne au public la possibilité d’éprouver concrètement ce qui, d’ordinaire, reste abstrait.

Thomas Irmer : « L’IA ne se limite pas à la création »

Le critique Thomas Irmer a, lui, mis en perspective la situation allemande : « Après la pandémie, quelques tentatives d’écriture assistée par IA ont vu le jour, mais ce n’est que récemment que le débat s’est intensifié. Et l’évidence s’impose : l’IA ne se cantonne pas au processus créatif, elle investit aussi l’organisation, la gestion et même la promotion du théâtre». S’il rappelle que le théâtre allemand a toujours su intégrer les technologies — à l’instar de l’usage de la vidéo —, il constate que l’IA suscite plus de méfiance, notamment lorsqu’elle touche à la création originale et aux questions de propriété intellectuelle. Il cite en exemple Futur4, production du collectif Rimini Protokoll, comme l’une des premières expériences significatives.

Albert Lang : «Le théâtre, un laboratoire pour penser la technologie»

Enfin, Albert Lang a replacé le théâtre dans sa fonction historique : celle d’un espace où s’élaborent les représentations des évolutions sociales et techniques. « En travaillant avec l’IA, le théâtre montre que ces technologies ne sont pas neutres, mais des pratiques collectives, incarnées et politiques », affirme-t-il.

À travers des études de cas où humains, algorithmes et robots se rencontrent sur scène, Lang observe comment l’expérience théâtrale permet de questionner la transparence, les logiques économiques de la donnée et les rapports de pouvoir. Pour lui, « le théâtre et l’IA partagent une même essence collaborative : leur fonctionnement repose sur l’interaction et le collectif ».

De ces échanges, une conviction émerge : le théâtre n’est pas seulement un utilisateur de l’intelligence artificielle, mais un acteur clé dans sa mise en débat. Entre fascination et inquiétude, il peut transformer cette technologie en expérience sensible et critique, interroger ses promesses et ses menaces, et rappeler, face aux machines, la valeur irremplaçable du regard humain.

Ouverture de la 32e édition du Festival International du Théâtre Expérimental du Caire : Le Caire ou le théâtre en mouvement

Moment fort de la soirée : le spectacle «La victoire d’Horus», signé par le dramaturge Mohamed Samir El-Khatib et mis en scène par Walid Aouni. Dans un ballet de corps en mouvement, de lumière et de symboles, l’œuvre a puisé dans la mythologie pharaonique pour raconter le triomphe de la lumière sur l’obscurité.

Un final grandiose, comme une passerelle entre les racines ancestrales de l’Égypte et les expérimentations contemporaines.

La Presse —Entre hommage à Robert Wilson, fresques pharaoniques et célébration de créateurs venus des quatre coins du monde, la 32e édition du Festival international du théâtre expérimental s’est ouverte à l’Opéra du Caire dans une atmosphère festive et foisonnante, confirmant la ville comme un carrefour des scènes audacieuses.

C’est sous les dorures de l’Opéra du Caire que le rideau s’est levé, lundi soir, sur la 32e édition du Festival international du théâtre expérimental. Un rendez-vous attendu, où se croisent expériences scéniques venues du monde entier et où l’audace théâtrale s’offre au public égyptien.

La soirée d’ouverture a débuté par un hommage vibrant à l’immense metteur en scène américain Robert Wilson, figure du théâtre expérimental. Inspiré de son univers visuel et sonore, le chorégraphe Walid Aouni a conçu une fresque en mouvement, entre lumière et abstraction, qui a transporté la salle vers l’essence même de la création scénique.

Un film documentaire est ensuite venu rappeler l’esprit collectif qui anime le festival : des images de préparation et de coulisses ont retracé l’effervescence d’une équipe entièrement mobilisée pour donner à cette édition sa dimension internationale.

Hommages et reconnaissances

La cérémonie a également mis à l’honneur des figures marquantes du théâtre. L’acteur Sabry Fawaz, l’artiste Hanane Youssef, le professeur Hassan Khalil ou encore le dramaturge Bahi Ismaïl ont reçu des distinctions, rejoints par des créateurs venus de Tunisie, du Cameroun, de France, d’Angleterre, du Liban, du Koweït, d’Irak et du Qatar… Autant de trajectoires diverses, réunies dans un même salut au théâtre.

Un voyage dans la mythologie égyptienne

Moment fort de la soirée: le spectacle « La Victoire d’Horus », signé par le dramaturge Mohamed Samir El-Khatib et mis en scène par Walid Aouni. Dans un ballet de corps en mouvement, de lumière et de symboles, l’œuvre a puisé dans la mythologie pharaonique pour raconter le triomphe de la lumière sur l’obscurité. Un final grandiose, comme une passerelle entre les racines ancestrales de l’Egypte et les expérimentations contemporaines.

Un carrefour des expériences théâtrales

Créé pour offrir une tribune aux écritures innovantes et aux formes hybrides, le Festival international du théâtre expérimental du Caire s’impose comme l’un des rares espaces où les scènes du monde arabe dialoguent directement avec les courants internationaux. 

Du 1er au 8 septembre, la capitale égyptienne devient ainsi un laboratoire vivant de la création scénique, accueillant troupes, metteurs en scène et spectateurs avides de découvertes.

Plus qu’un simple festival, cette 32e édition s’affirme comme une célébration du théâtre dans toutes ses métamorphoses, un lieu où la fête, l’expérimentation et la rencontre se confondent dans une même énergie.

Le cinéma muet sous les étoiles : Deux chefs-d’œuvre revisités en ciné-concert

Les soirées du 9 et 12 septembre verront les classiques « Metropolis » de Fritz Lang et « Nosferatu » de F.W. Murnau réinterprétés par le groupe allemand Küspert & Kollegen.

La Presse — À l’occasion de la rentrée culturelle, le Goethe-Institut Tunis propose une expérience artistique unique : deux projections en plein air de films muets légendaires, accompagnées de musique live.

Les soirées des 9 et 12 septembre verront les classiques « Metropolis » de Fritz Lang et « Nosferatu » de F.W. Murnau réinterprétés par le groupe allemand Küspert & Kollegen, dans le jardin même de l’institut.

Le principe du ciné-concert est simple mais puissant : redonner vie à des œuvres du cinéma muet grâce à une interprétation musicale jouée en direct. Cette année, le Goethe-Institut mise sur deux piliers du cinéma expressionniste allemand pour transporter le public dans des univers aussi fascinants qu’inquiétants.

Le mardi 9 septembre à 20h00, place à « Metropolis » (1927), film visionnaire de science-fiction signé Fritz Lang. Avec ses décors grandioses et sa critique sociale percutante, cette fresque futuriste prend une dimension nouvelle sous les notes vibrantes de Küspert/ Kollegen.

Le vendredi 12 septembre à 20h00, c’est « Nosferatu » (1922) qui s’invite sous les étoiles. Ce film culte, premier vampire du 7e art, est ici transcendé par une bande sonore inédite, mêlant intensité dramatique et ambiances envoûtantes.

Le trio présent à Tunis est composé de Werner Küspert (guitare / composition), Julian Fau (batterie) et Eberhard Budziat (trombone/ tuba). Ensemble, ils forment une formation singulière à la croisée du jazz, de l’improvisation contemporaine et de la musique de film.

Le groupe, également connu sous le nom UFA Syncopators, s’est produit à l’international avec des programmes soutenus par des institutions, telles que le Goethe-Institut, l’Union européenne et le ministère allemand des Affaires étrangères.

Leur force ? Une capacité rare à faire dialoguer la musique et l’image, à capter l’âme d’un film et à en faire jaillir l’émotion brute, qu’il s’agisse d’un thriller surnaturel ou d’un drame dystopique.

Les deux projections auront lieu en plein air, dans l’écrin verdoyant du jardin du Goethe-Institut Tunis.

Une atmosphère idéale pour redécouvrir ces chefs-d’œuvre du muet dans une version résolument moderne, où le passé et le présent se rencontrent au rythme des instruments.

Entrée libre, dans la limite des places disponibles. Pensez à arriver en avance pour profiter pleinement de cette immersion sensorielle rare et inspirante.

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