Tunisie : le chômage et l’emploi ont accaparé 60 % des protestations en août
L’Observatoire social tunisien du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a recensé 323 mouvements de protestation durant le mois d’août 2025. Ce chiffre dépasse largement les 234 mobilisations enregistrées à la même période de 2024. Mais il reste inférieur aux 357 du mois de juillet 2025.
Les revendications liées au droit au travail et aux conditions d’emploi ont dominé la scène. Plus de 60 % des protestations concernaient l’embauche des diplômés au chômage et des docteurs sans emploi. Mais aussi la titularisation des contractuels, l’amélioration des conditions de travail, le paiement des salaires en retard et la dénonciation des licenciements jugés abusifs.
L’accès à l’eau potable, aux soins de santé, à des routes praticables et à un environnement sain a également alimenté les mobilisations. Les coupures répétées d’eau ont particulièrement touché les régions du centre et du sud, déclenchant sit-in et barrages routiers.
À un mois de la rentrée scolaire, enseignants, professeurs, parents et élèves ont exprimé leurs inquiétudes. Ils ont exigé la régularisation des situations professionnelles, la rénovation des bâtiments scolaires menacés d’effondrement et la mise en place d’un transport scolaire sûr et équitable.
Des manifestations politiques et civiques ont dénoncé les restrictions à la liberté d’expression et réclamé la libération de personnes arrêtées pour leurs activités.
Dans le même temps, des actions en soutien à la cause palestinienne se sont multipliées dans plusieurs régions, avec des rassemblements, des campagnes de boycott et une forte implication dans la préparation de la Flottille de la solidarité mondiale, prévue pour septembre.
Répartition régionale des protestations
Tunis a concentré 91 mouvements de protestation, contre 71 pour la région de Gabès, 27 pour Nabeul, 26 pour Gafsa 26, et 18 pour Kairouan et Ben Arous. Monastir et Ariana n’ont connu qu’une seule action au cours du mois.
Les protestataires ont eu recours dans 78 % des cas à des actions sur le terrain, comprenant sit-in, grèves et barrages routiers. Les autres mobilisations se sont déroulées en ligne à travers communiqués et campagnes sur les réseaux sociaux. Environ 70 % des actions ont visé directement le gouvernement et la présidence de la République.
Suicides et violences en hausse
Le mois d’août a été marqué par six suicides, dont trois dans le gouvernorat de Gafsa. Parallèlement, les actes de violence ont augmenté avec une recrudescence des vols, cambriolages et agressions dans plusieurs régions. Des incidents graves ont été signalés à Tunis, Tabarka, Bizerte, Kairouan et Sfax, touchant aussi bien des familles que des établissements publics et contribuant à un climat d’insécurité.
Face à ces tensions, l’Observatoire social tunisien et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux insistent sur la nécessité d’approches scientifiques et préventives. Ils recommandent de renforcer l’éducation à la citoyenneté, de mettre en place des mécanismes d’intervention psychologique et de réformer le système sécuritaire et judiciaire. Le soutien à la société civile est présenté comme un levier central pour prévenir la propagation de la violence et accompagner les populations.
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