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ECLAIRAGE – Entre tensions mondiales et ajustements internes, la Tunisie en équilibre fragile

Sur la scène mondiale, les marchés financiers restent secoués par un climat d’incertitude. La hausse des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Asie impacte directement le prix de l’énergie. Alors que le pétrole se maintient à des niveaux élevés, nourrissant une inflation importée persistante.

Les Banques centrales, en particulier la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, optent pour une politique de prudence : le cycle de resserrement monétaire semble arrivé à maturité; mais la baisse des taux reste retardée par la résilience de l’inflation et la crainte d’un rebond des prix.

Un contexte international marqué par l’incertitude

Dans ce contexte, les marchés financiers évoluent de façon contrastée : les bourses occidentales connaissent des phases d’instabilité, oscillant entre optimisme sur les résultats des entreprises et inquiétudes liées au ralentissement de la demande mondiale. Les flux de capitaux demeurent orientés vers les valeurs refuges. Ce qui renforce le dollar et met sous pression les devises émergentes.

Tunisie : une conjoncture interne marquée par des ajustements monétaires

En Tunisie, la situation monétaire et financière (*) montre des signes de tension maîtrisée. Le solde du compte courant du Trésor affiche une amélioration par rapport à la veille (803,2 MDT contre 756,2 MDT). Mais il reste en retrait par rapport à 2024 (1 072,1 MDT). En parallèle, les banques connaissent une contraction de leur compte courant ordinaire (331 MDT contre 392,1 MDT en 2024), traduisant une liquidité toujours fragile.

La Banque centrale de Tunisie (BCT) poursuit son rôle de stabilisateur à travers des interventions soutenues. Ainsi, le volume global de refinancement s’établit à 12 020 MDT, légèrement en baisse par rapport à la veille. Cependant, il reflète une dépendance persistante du système bancaire au soutien de l’institut d’émission.

La baisse du taux directeur à 7,5 % (contre 8 % en 2024) s’inscrit dans une volonté d’assouplissement graduel afin de soutenir la croissance; mais avec le risque d’alimenter de nouvelles tensions inflationnistes.

 

La Banque centrale de Tunisie (BCT) poursuit son rôle de stabilisateur à travers des interventions soutenues : le volume global de refinancement s’établit à 12 020 MDT…

 

Les bons du Trésor mettent en lumière une recomposition du financement de l’État : recul des encours à court terme (2 950 MDT contre plus de 10 500 MDT en 2024); mais forte hausse des Bons Assimilables à moyen et long terme (27 203 MDT contre 16 753 MDT), signe d’un recours accru à l’endettement structurel.

Indicateurs réels : entre soutien extérieur et pressions internes

Les recettes touristiques cumulées progressent à 5 443 MDT (+431 MDT sur un an), confirmant la vitalité du secteur. Les transferts des Tunisiens à l’étranger renforcent cette dynamique avec 5 787 MDT, en hausse de près de 443 MDT par rapport à 2024. Ces deux moteurs restent essentiels pour contenir le déficit extérieur.

 

La devise nationale résiste mieux face à l’euro (3,39 TND pour 1 EUR, quasi stable). Mais elle continue de s’affaiblir face au dollar (2,91 TND contre 3,05 un an plus tôt). Confirmant de la sorte la domination de la devise américaine dans le commerce international et son rôle de valeur refuge.

 

Cependant, le service de la dette extérieure demeure lourd (9 510 MDT au 31 août), même s’il recule par rapport à 2024. Les avoirs nets en devises de la BCT s’élèvent à 25 096 MDT, soit l’équivalent de 108 jours d’importation, en baisse par rapport aux 116 jours enregistrés un an plus tôt. Cette érosion reflète une vulnérabilité structurelle face aux chocs extérieurs.

Du côté du dinar, la devise nationale résiste mieux face à l’euro (3,39 TND pour 1 EUR, quasi stable). Mais elle continue de s’affaiblir face au dollar (2,91 TND contre 3,05 un an plus tôt). Confirmant de la sorte la domination de la devise américaine dans le commerce international et son rôle de valeur refuge.

 

Perspectives à court et moyen terme

À court terme, la Tunisie bénéficie d’un appui relatif grâce au tourisme, aux transferts des travailleurs à l’étranger et à un léger assouplissement monétaire. Toutefois, la dépendance croissante au refinancement de la BCT et à la dette de moyen et long terme illustre un modèle financier sous pression. L’inflation, bien qu’en ralentissement, pourrait rebondir sous l’effet de la dépréciation du dinar face au dollar et de l’inflation importée liée à l’énergie.

Indicateurs clés au 05/09/2025 (INS)

À moyen terme, la question de la soutenabilité financière reste centrale. La persistance d’un déficit budgétaire élevé, combinée à une dette extérieure encore lourde, impose des choix stratégiques : soit renforcer les réformes structurelles pour élargir la base productive et exporter davantage; soit continuer sur une trajectoire de dépendance financière extérieure risquée.

In fine, la Tunisie évolue dans un équilibre fragile, entre une conjoncture internationale tendue et une situation interne qui exige des ajustements continus. Le véritable défi sera de transformer les soutiens conjoncturels (tourisme, transferts) en leviers structurels capables de réduire la vulnérabilité financière du pays.

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Références :

(*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGE – Tunisie, août 2025 :- pilotage monétaire serré

L’économie tunisienne bénéficie encore d’amortisseurs solides dans une conjoncture internationale éclectique…

Sur les marchés mondiaux, la semaine a été marquée par une légère détente des taux longs américains après les annonces de la FED sur le maintien du rythme de resserrement. Tandis que la BCE a confirmé sa prudence face à l’inflation européenne encore supérieure à 3 %.

De son côté, le pétrole évolue autour de 85 USD le baril, légèrement en recul après des tensions géopolitiques atténuées au Moyen-Orient, et les prix des matières premières agricoles restent volatils, sous l’effet des sécheresses en Amérique du Sud et des répercussions climatiques sur les récoltes. Ces dynamiques influencent directement la facture énergétique et alimentaire de la Tunisie, et par extension le déficit courant et l’inflation importée.

En Tunisie, pilotage serré

La Tunisie se trouve à un moment charnière : les indicateurs monétaires et financiers au 29 août 2025 de la BCT révèlent une économie qui avance sur une ligne de crête, entre maîtrise prudente de la liquidité, allongement de la dette publique et appui des flux extérieurs.

Le pays bénéficie encore d’amortisseurs solides, mais la trajectoire dépendra de la capacité à préserver les réserves, contenir la fuite vers le cash et gérer le coût de la dette dans un environnement incertain.

Liquidité sous tension

Par ailleurs, le système bancaire reste marqué par une tension de liquidité que la Banque centrale gère au jour le jour. Le compte courant du Trésor s’est contracté, tandis que celui des banques est tombé à des niveaux bas.

En parallèle, la masse de billets et monnaies en circulation a atteint un record, dépassant les 26 milliards de dinars. Ce qui traduit une désintermédiation persistante et une préférence pour le cash. Pour maintenir l’équilibre, la BCT recourt de plus en plus aux opérations de refinancement à plus long terme, réduisant son exposition aux open markets. Le taux directeur, abaissé à 7,5 %, est transmis directement au marché monétaire, stabilisant le TMM à ce même niveau.

Le signal est clair : la politique monétaire veut asseoir la désinflation, sans offrir pour autant un assouplissement massif.

Le Trésor allonge sa dette

Le profil de la dette intérieure connaît une transformation profonde. L’encours des bons du Trésor à court terme a été réduit de façon spectaculaire, tandis que celui des bons assimilables a progressé de plus de 11 milliards de dinars en un an.

Le Trésor opte pour l’allongement de la maturité, une stratégie qui réduit le risque de refinancement immédiat mais qui engage l’État sur des charges d’intérêt plus lourdes à moyen terme. Le choix vise la stabilité, mais il suppose une gestion fine du calendrier d’émissions et une maîtrise du coût de financement.

Des amortisseurs extérieurs encore solides

Les flux externes constituent la principale soupape de sécurité. Les recettes touristiques cumulées dépassent les 5 milliards de dinars, en hausse de plus de 400 millions sur un an, et les transferts des Tunisiens à l’étranger avoisinent le même niveau, en progression comparable. Ces deux leviers amortissent les tensions de la balance courante et compensent partiellement le poids du service de la dette extérieure, légèrement allégé par rapport à 2024.

Les avoirs en devises de la Banque centrale s’élèvent à près de 25 milliards de dinars, couvrant 108 jours d’importation. Ce niveau reste confortable, mais inférieur aux 116 jours enregistrés l’an dernier, ce qui traduit une érosion à surveiller avec attention, notamment à l’approche de l’hiver où la facture énergétique pourrait grimper.

Le dinar comme allié anti-inflation

Sur le marché des changes, le dinar a regagné du terrain face au dollar et au yen, ce qui atténue la facture des importations en énergie et en matières premières. Face à l’euro, la stabilité domine.

Cette appréciation relative constitue un appui précieux dans la lutte contre l’inflation importée. Mais elle reste dépendante de la solidité des flux touristiques et des transferts, ainsi que de l’absence de choc externe majeur.

Perspectives à court terme

Les prochaines semaines seront marquées par la normalisation de la liquidité après la haute saison, avec un reflux attendu du cash vers le système bancaire. Le dinar devrait rester stable contre l’euro et ferme face au dollar, tant que les entrées de devises résistent. La Banque centrale devrait conserver un biais prudent, maintenant le TMM proche de 7,5 %, et le Trésor poursuivra sa stratégie d’allongement de la dette.

Enjeux de moyen terme

D’ici le premier semestre 2026, l’enjeu central sera de préserver le coussin de devises tout en consolidant la désinflation. Le maintien des flux touristiques et des transferts sera décisif pour éviter une érosion trop rapide des réserves. La dette intérieure, désormais plus longue, devra être gérée avec discipline afin de contenir le coût moyen. Si l’inflation poursuit sa décrue et que le dinar conserve sa stabilité, la BCT pourrait envisager de nouveaux assouplissements graduels. Mais le moindre choc externe — énergétique, alimentaire ou géopolitique — risquerait de fragiliser ce fragile équilibre.

Verdict

La Tunisie avance dans une zone de stabilité relative, obtenue grâce à un pilotage serré de la liquidité, un allongement de la dette publique et la vigueur des flux extérieurs.

À court terme, le cap semble maîtrisé. Mais à moyen terme, la réussite dépendra d’un triptyque essentiel : préserver les réserves, maintenir la confiance monétaire et gérer activement le coût de la dette. C’est à cette condition que le pays pourra transformer une stabilité fragile en véritable relance.

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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