Les jeunes générations n’ont peut-être pas idée de ce que représentent une place, une statue qui trône au beau milieu d’un square, une piscine emblématique qui a eu son temps de gloire et qui est tombée en décrépitude, l’oubli.
Les places Barcelone et Mongi Bali ont été complètement rénovées et dernièrement inaugurées par le Chef de l’État qui avait veillé à la remise en état de la piscine du Belvédère et de la place Pasteur quelques mois plus tôt.
Ces deux lieux cultes, pour bien des Tunisiens ont réussi à redonner espoir à ceux qui ont toujours souhaité voir notre capitale se relancer et prendre la place qu’elle mérite. On vient de la désigner comme une des plus propres du continent.
Mais le problème n’est pas là. Il est dans l’après-inauguration. Comment agira-t-on pour que tout ce qui a été fait soit préservé et gardé en bon état de fonctionnement?
A l’origine, c’étaient des lieux pleins d’animation et qui jouaient pleinement leur rôle.
La piscine du Belvédère était une infrastructure de base qui a permis à la natation nord-africaine de concurrencer sérieusement la natation française.
Les places Barcelone et Bali étaient un passage obligé pour tous ceux qui rejoignaient la capitale soit à partir de la banlieue sud, soit des villes de l’intérieur. Elles grouillaient de monde. Les commerces tournaient à plein régime. Et le laisser-aller à commencé à prendre le dessus. Un bout pavé ou de trottoir qui saute et qu’on néglige. Les piétons qui prennent des raccourcis, jettent un mégot, des cartons, délaissent les restes d’un sandwich, des douches qui ne fonctionnent plus, des coupures d’eau, une panne de filtre, etc. etc. Et cela a débouché sur une fermeture ou un état de délabrement insoutenable.
Maintenant que tout est remis à neuf. Comment va-t-on gérer ces biens régénérés et assurer l’incontournable entretien sans lequel, dans un mois ou dix ans, tout sera perdu ?
En fait, c’est le lot de nombre de nos installations ou infrastructures, dont nous étions si fiers lors de leur inauguration. Et qui ont fini par devenir infréquentables. Voyez la station terminus du métro dans quel état elle est. Remontez station par station, et constatez ce que l’on a fait de ce patrimoine qui appartient à tous les Tunisiens. Les bus ont été saccagés au lendemain de leur mise en service. Les saccages dont sont parfois, ou souvent, victimes des installations médicales à la suite d’une crise de folie dévastatrice, etc, etc. Des réactions incompréhensibles de fous furieux qu’il faudrait mettre hors d’état de nuire.
Mais il n’en demeure pas moins qu’il est inconcevable qu’une tranchée ouverte pour passer une canalisation reste béante durant des mois. Que tout un quartier soit plongé dans l’obscurité et que personne ne réagisse. Que de l’eau surgisse de terre ou suinte d’un compteur, pour un bon bout de temps avant qu’on ne vienne réparer, alors que l’on n’arrête pas de rappeler le slogan que l’eau est précieuse et qu’il faut la préserver.
La mise en place d’un bureau des urgences dans chaque municipalité, comme c’est le cas dans des pays plus avancés que nous, est importante. En plus des alertes lancées par les citoyens, des patrouilles mobiles devraient tout vérifier, voir, estimer pour que le retour à la normale se fasse au bout de quelques heures et non après des mois et des mois. C’est à ce bureau de demander à l’intervenant de se mobiliser immédiatement, pour tout remettre en état sous peine de sanctions sévères.
Dans ces pays qui possèdent le sens de l’urgence, qui sont sensibles à l’image, au prestige et au bon accueil en fait, au lendemain d’un accident, à la suite d’un éboulement, d’un affaissement de terrain dans un chef-lieu ou ailleurs, tout rentre dans l’ordre. Des équipes spécialisées interviennent et font le travail sans se faire prier. Elles ne viennent pas pour siroter du thé.
Il y a une mentalité à changer
C’est le lot à payer lorsque le manque de civilité et de discipline, l’absence de conscience et de professionnalisme, la peur de développements futurs au niveau du personnel, règnent. Dans ce cas, il faut éduquer et convaincre et non baisser les bras.
Malheureusement, les gérants des lieux n’ont pas encore compris que le fait de négliger la remise en état de manière automatique, débouche sur l’effondrement total. C’est ainsi.
Cela est dû à une léthargie congénitale qui s’est emparée de bien des responsables, dont la réactivité n’est point le point fort.
Nous avons apprécié la réaction immédiate du ministère de l’Equipement qui a réagi au quart de tour, à la suite de la dénonciation que nous avions faite à propos des «dos d’âne» et du danger qu’ils représentent.
Ces ralentisseurs ne seront plus posés sans l’autorisation des services du ministère et le contrevenant sera lourdement sanctionné. Espérons que l’on mettra à niveau ceux qui ont été mal posés.
C’est dire que la responsabilité qui incombe à ceux qui sont chargés de la maintenance et de l’entretien est immense. Indépendamment de l’absence de civisme de la part du citoyen, il y a le manque d’initiative et de professionnalisme de ceux qui sont chargés des réparations et du suivi.
Remettre en état, boucher un trou, ne signifie nullement le combler de manière expéditive, mais bien de faire en sorte que l’on ne soit pas obligé de revenir refaire le travail quelques semaines ( ?!) après.
Ces responsables, en fin de compte, ne devraient pas être dans des bureaux, mais bien en patrouille de contrôle. Ils se doivent de ramener du travail à faire de manière quotidienne. Lumière en panne, eau qui surgit à la suite d’une rupture de canalisation, fils électriques ou de téléphone qui pendouillent, feux de croisement en panne, bacs d’ordures qui débordent et dont on doit augmenter le nombre, chaussées ou trottoirs occupés ou en mauvais état, tout doit être signalé à ce service qui s’attachera à s’adresser là où il le faut, pour que cela soit fait le jour même ( le mieux est bien de travailler la nuit pour ne pas gêner la circulation dans des rues étroites).
Parallèlement à la mise en place des unités de la Garde municipale, dont le rôle sera extrêmement important, « La vue du gendarme c’est le commencement de la sagesse » dit-on, le fait d’instituer ces patrouilles nanties de moyens d’intervention assez conséquents, sera une action dissuasive pour les potentiels contrevenants. Il y aura moins d’occupation illicite de la chaussée et des trottoirs, en posant des briques, de vulgaires madriers ou des obstacles indignes d’un pays civilisé. On ne déposera plus des bouteilles d’eau ou de boissons gazeuses en plein air. Les taxis individuels ou collectifs ne s’arrêteront plus n’importe où pour embarquer un client. Ce sera la fin des stationnements en double ou triple file pour boire un café, etc.
Pour les municipalités, ce sera de l’argent à gagner et de l’ordre et de la discipline à instaurer.
C’est le minimum que nous puissions faire en tant que pays réputé touristique.