La Tunisie, engagée dans sa transition énergétique axée sur le solaire, a importé de Chine 655 mégawatts (MW) de panneaux solaires entre juillet 2024 et juin 2025. Elle se positionne ainsi en 6ème position parmi 25 pays africains importateurs. C’est ce qu’il ressort d’un rapport récent du groupe Ember. Le Maroc (4ème) et l’Égypte (5ème) ont respectivement importé 915 MW et 854 MW. Tandis que l’Afrique du Sud mène le classement avec 3 784 MW, suivie par le Nigeria (1 700 MW) et l’Algérie (1 199 MW).
Ce continent connaît un véritable boom solaire : les importations de panneaux solaires en provenance de Chine ont augmenté de 60 %. Et ce, pour passer de 9 379 MW à 15 032 MW sur une année. Ce dynamisme s’observe avec l’élargissement du nombre de pays africains importateurs importants, passant de 15 à 25 en un an, dont la Tunisie. En outre, plusieurs pays affichent des croissances spectaculaires, notamment l’Algérie (multipliée par 33) et la Zambie (multipliée par 8). Toutefois, les données ne permettent pas de quantifier précisément les installations effectives, certaines importations pouvant être réexportées ou stockées.
Le rapport d’Ember souligne que l’énergie solaire peut réduire significativement les importations de carburants fossiles, notamment en évitant le recours au diesel, avec un amortissement du coût des panneaux solaire en quelques mois dans certains pays comme le Nigeria.
Par ailleurs, les capacités renouvelables installées en Afrique ont quasiment doublé en une décennie, atteignant 62,1 gigawatts en 2023. Bien que cela ne représente encore que 1,6 % des capacités mondiales.
Dans le corridor nord-ouest de la Tunisie, une transition énergétique majeure transforme discrètement les moyens de subsistance des communautés et la trajectoire de l’industrie locale. Autrefois dépendante du fioul lourd, la région se tourne désormais vers le gaz naturel pour alimenter les foyers et les usines, marquant une avancée significative vers une énergie plus propre en Afrique du Nord et potentiellement un modèle pour des transitions similaires sur tout le continent.
Solomon Irungu
Ce changement est mené par la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), avec le soutien de la Banque africaine de développement (Bad). Leur initiative conjointe – le Projet de développement du réseau de transport et de distribution de gaz naturel – a commencé à approvisionner en gaz des municipalités clés telles que Béja Sud et Medjez El-Bab, et prévoit de raccorder plus de 13 000 foyers et installations industrielles dans 19 villes d’ici 2026.
Bien que modeste par rapport aux mégaprojets énergétiques d’autres régions du monde, l’impact en Tunisie a été profond. Le projet remplace le fioul lourd à forte intensité de carbone par une alternative plus propre, le gaz naturel, réduisant ainsi la pollution de l’air, améliorant l’efficacité industrielle et diminuant les coûts énergétiques pour les entreprises et les consommateurs.
Réduction de l’empreinte environnementale
À l’usine de transformation agroalimentaire Sicam de Béja, spécialisée dans les conserves de tomates, la transition a déjà apporté des bénéfices mesurables. «Grâce au gaz, nous avons éliminé la pollution visible, réduit nos factures d’énergie de plusieurs centaines de milliers de dinars et amélioré notre efficacité de production», explique Kamel Trabelsi, directeur général adjoint de l’entreprise. Leurs chaudières, autrefois laborieuses et polluantes au démarrage, atteignent désormais 95 % de leur capacité presque instantanément grâce au gaz naturel canalisé.
Cette transition a non seulement amélioré les conditions de travail et réduit les temps d’arrêt opérationnels, mais a également considérablement réduit l’empreinte environnementale de l’entreprise. Avant ce changement, l’utilisation du fioul lourd dégageait d’épaisses fumées noires dans les quartiers voisins et contribuait à l’émission de gaz à effet de serre en Tunisie.
L’initiative tunisienne est particulièrement pertinente pour les autres pays africains confrontés à l’insécurité énergétique, au sous-développement industriel et à des niveaux de pollution élevés. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), plus de 600 millions de personnes en Afrique n’ont toujours pas accès à l’électricité. Parallèlement, les industries dépendent souvent de générateurs diesel coûteux et polluants, contribuant à la fois à l’inefficacité économique et à la dégradation de l’environnement.
Stimuler la croissance verte et la compétitivité industrielle
Le projet Steg, financé à hauteur de 49,39 millions d’euros par la Bad, illustre comment des investissements stratégiques dans des infrastructures de taille moyenne peuvent stimuler la croissance verte et la compétitivité industrielle, sans recourir à des solutions de grande envergure coûteuses et gourmandes en énergie fossile.
Mehdi Khoali, directeur des opérations à la Bad, explique que le projet a déjà dynamisé l’industrialisation locale. «Dix nouvelles unités industrielles, telles que des briqueteries et des cimenteries, se sont implantées le long du nouveau gazoduc. D’autres se sont développées. Des emplois sont créés et la région devient plus résiliente économiquement», note-t-il.
L’initiative sert également d’étude de cas en matière d’efficacité du financement du développement. Contrairement à de nombreux projets d’infrastructure financés par des donateurs qui souffrent de longs retards, le cycle de décaissement rapide de la Bad – parfois en une semaine – a permis à la Steg de respecter les délais. Le coordinateur du projet, Mohamed Riadh Hellal, affirme que cette efficacité a été «essentielle pour fournir les infrastructures au moment et à l’endroit où elles étaient nécessaires».
La conception du projet reflète un équilibre délicat entre les priorités de développement : connecter les ménages mal desservis, soutenir les entreprises locales et réduire les émissions, le tout sans provoquer de pics de dette publique ni compromettre les normes techniques.
De plus, l’infrastructure est conçue dans une optique d’évolutivité, offrant des possibilités d’intégration future aux corridors gaziers régionaux et même aux initiatives d’hydrogène renouvelable explorées par des pays comme le Maroc et l’Égypte.
Bien que le gaz naturel reste une énergie fossile, les experts affirment qu’il représente une passerelle concrète pour la transition énergétique africaine. «Dans les contextes où les énergies renouvelables ne peuvent pas encore fournir une fiabilité 24h/24 et 7j/7 ou une énergie de qualité industrielle, le gaz naturel constitue une étape intermédiaire plus propre et rentable», explique Leila Maalouf, analyste en politique énergétique basée à Tunis.
Pour la Tunisie et les économies similaires, l’essentiel sera de veiller à ce que cette transition ne devienne pas une fin en soi, mais une voie vers une économie bas carbone intégrant l’énergie solaire, l’éolien et l’hydrogène vert. À cet égard, l’expérience tunisienne pourrait être riche d’enseignements pour d’autres pays africains qui souhaitent décarboner leurs économies sans compromettre leur développement.
Alors que le continent se prépare à accueillir les négociations mondiales sur le climat lors de la COP30 en 2025, des exemples comme celui de la Tunisie sont susceptibles d’occuper le devant de la scène, démontrant comment des solutions énergétiques adaptées et spécifiques à chaque région peuvent bénéficier à la fois aux populations et à la planète.
L’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Tunisie, Giuseppe Perrone, a réitéré l’engagement de l’UE à soutenir la Tunisie dans ses efforts visant à améliorer l’efficacité et la stabilité de son réseau électrique, notamment dans le cadre de projets régionaux tels que celui d’interconnexion électrique Tunisie-Italie, Elmed.
Lors d’une rencontre, le 22 août 2025, avec le secrétaire d’État tunisien à la Transition énergétique, Wael Chouchane, en présence de hauts responsables du ministère, M. Perrone a souligné que ce soutien contribuera à garantir un approvisionnement énergétique durable et sûr dans tout le pays.
Il a également salué les efforts du ministère pour développer son système énergétique et adopter des technologies modernes contribuant à la transition énergétique.
De son côté, selon un communiqué du ministère tunisien, M. Chouchane a souligné l’importance de la coopération avec l’UE, qu’il a décrite comme un partenaire stratégique pour soutenir les projets de développement du réseau électrique et encourager les investissements dans les énergies renouvelables.
Les deux parties ont examiné les progrès réalisés dans la mise en œuvre des mesures décrites dans le protocole d’accord signé en juin 2024 sur le partenariat stratégique visant à exploiter les opportunités d’investissement dans les énergies renouvelables et à garantir l’approvisionnement énergétique stratégique.
Cette rencontre a été l’occasion de réitérer l’importance du renforcement du réseau électrique national grâce au projet d’interconnexion tuniso-italien Elmed, qui contribuera à renforcer la sécurité énergétique. MM. Chouchane et Perrone ont également discuté des futurs projets visant à intégrer davantage d’énergies renouvelables au système, notamment les projets de stockage d’énergie, qui représentent une étape stratégique vers l’amélioration de la stabilité du réseau électrique tunisien.
Le projet d’extension de la centrale de production d’électricité à partir de l’énergie éolienne à Sidi Daoud, dans la délégation d’El Haouaria (gouvernorat de Nabeul), devrait franchir une étape décisive avec la signature du contrat de lancement prévue pour le quatrième trimestre de 2025.
Cette initiative constitue une étape majeure dans le processus de transition énergétique en Tunisie, d’autant qu’elle permettra de tripler la capacité installée du site, passant de 10,5 mégawatts à un seuil situé entre 29 et 33 MW.
A cet égard, une réunion consacrée à l’état d’avancement des préparatifs et à la présentation des principales composantes du projet s’est tenue tout récemment au siège du gouvernorat de Nabeul, sous la supervisions de la gouverneure Hana Chouchani.
Elle a souligné l’importance stratégique du projet pour la promotion des énergies renouvelables et la consolidation du développement durable, appelant au respect strict des délais et à un travail de coordination étroite entre les parties prenantes pour surmonter les éventuels obstacles.
Selon les rapports de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG), ce projet, dont le coût global est estimé à 100 millions de dinars, sera financé dans le cadre d’un accord de prêt conclu avec la Banque allemande de développement (KfW).
Il s’inscrit dans une stratégie nationale visant à renforcer l’indépendance énergétique du pays et à diversifier ses sources de production.
Le Centre technique des industries mécaniques et électriques (CETIME) poursuit son engagement dans la transition énergétique en renforçant ses compétences internes.
C’est dans cette optique que deux de ses experts, en l’occurrence Marouane Sbaï et Hosni Bel Hadj, ont obtenu la certification en management de l’énergie selon la norme internationale ISO 50001, délivrée par l’organisme allemand TÜV.
La remise officielle des certifications s’est tenue lors d’une cérémonie en présence de Fatma Thabet Chiboub, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, et des représentants du programme tuniso-allemand « Croissance qualitative pour l’emploi » (CQE), conduit en partenariat avec la coopération allemande GIZ.
Une stratégie de montée en compétences ciblée
A souligner que depuis le lancement de son pôle « Énergie & Performance énergétique », le CETIME s’est positionné comme un acteur-clé de la formation et de l’accompagnement en matière de performance énergétique. À ce jour, 45 professionnels, issus aussi bien du secteur public que privé, ont été formés dans ce cadre.
Cette initiative a permis de certifier 25 experts qualifiés en systèmes de management de l’énergie.
Parallèlement, 22 entreprises industrielles tunisiennes ont été accompagnées dans la mise en œuvre de démarches conformes à la norme ISO 50001, contribuant ainsi à l’adoption de bonnes pratiques énergétiques au sein du tissu productif national.
À travers cet effort de professionnalisation, le CETIME affirme sa volonté de jouer un rôle de catalyseur dans la transition énergétique du pays. L’objectif est double : réduire l’empreinte environnementale des entreprises tunisiennes tout en renforçant leur compétitivité sur les marchés internationaux, où les normes environnementales sont de plus en plus décisives.
Cette démarche s’inscrit pleinement dans les priorités nationales en matière d’efficacité énergétique, et répond aux attentes croissantes des partenaires économiques européens, notamment dans le cadre du Green Deal et des futures obligations liées au Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM).
Les travaux de modernisation de la centrale éolienne de Sidi Daoud, située dans la délégation d’El-Haouaria (gouvernorat de Nabeul), qui permettra de tripler sa capacité de production actuelle, est prévu pour le 4e trimestre 2025, avec une mise en service attendue au deuxième trimestre 2027.
Ce projet d’un coût estimé à 100 millions de dinars, financé via un prêt accordé par la Banque allemande de développement (KfW), s’inscrit dans la stratégie nationale tunisienne de transition énergétique, qui vise à porter la part des énergies renouvelables à 35 % de la production électrique d’ici 2030, contre seulement 4% aujourd’hui.
La centrale de Sidi Daoud, en activité depuis 2000, est l’un des premiers projets éoliens de Tunisie. Elle fonctionne actuellement avec 32 turbines anciennes, d’une puissance cumulée de 10,5 mégawatts (MW). Le projet prévoit leur démantèlement et leur remplacement par une nouvelle installation composée de 7 turbines de haute capacité, capables de produire entre 29 et 33 MW.
En plus de ces nouvelles turbines, des équipements modernes seront installés, notamment un transformateur électrique neuf et des infrastructures d’évacuation de l’énergie, afin d’améliorer le réseau de transport électrique local et la stabilité de l’alimentation. La réalisation de ces travaux devrait durer environ 20 mois après la signature du contrat prévue fin 2025.
La centrale de Sidi Daoud est également un site d’innovation : en 2022, un accord de coopération scientifique et technologique tuniso-allemand a été signé pour développer un projet d’hydrogène vert sur place. Ce projet utilise l’électricité propre générée par les turbines éoliennes pour dessaler l’eau de mer, étape préalable à la production d’hydrogène vert, une source d’énergie propre et renouvelable.
Ce lundi 11 août, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, a remis des certificats aux experts formés à la gestion de l’énergie. Cette formation suit la norme internationale ISO 50001.
La cérémonie s’est tenue au ministère, en présence du secrétaire d’État Wael Chouchane, de la cheffe de cabinet Afaf Chachi Tayari et des représentants de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ).
Ce programme fait partie du projet « Croissance Qualitative pour l’Emploi » (CQE). Lancé en février 2022, il vise à moderniser l’industrie tunisienne. Le projet aide les entreprises à devenir plus compétitives et à mieux gérer leur consommation d’énergie.
Au total, 45 personnes du secteur public et privé ont suivi cette formation. Parmi elles, 25 ont obtenu une certification officielle. De plus, 22 entreprises industrielles ont reçu un soutien pour mettre en place un système de gestion de l’énergie conforme à la norme ISO 50001.
La ministre a souligné l’importance de former des experts nationaux. Ces experts aideront les entreprises à améliorer leur efficacité énergétique. Elle a aussi salué l’effort de tous pour construire un avenir industriel durable et respectueux de l’environnement.
La norme internationale ISO 50001 est un cadre volontaire de management de l’énergie qui aide les organisations à améliorer leur performance énergétique, réduire leurs coûts et leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
Le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie a annoncé, dans un communiqué publié ce mardi, la nomination de Nafaa Baccari au poste de directeur général de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), en remplacement de Fethi Hanchi.
Cette décision intervient dans le cadre d’une série de changements à la tête de certaines institutions relevant du ministère, visant à insuffler une nouvelle dynamique dans le secteur de l’énergie, notamment en matière de transition énergétique et d’efficacité énergétique.
La nomination de Nafaa Bakkari, qui possède une solide expérience dans le domaine énergétique, s’inscrit dans une volonté de renforcer le rôle stratégique de l’ANME dans la mise en œuvre des politiques nationales en matière d’énergies renouvelables, de rationalisation de la consommation énergétique et de développement durable.
Nafaa Baccari, ingénieur diplômé de l’École nationale d’ingénieurs de Monastir (ENIM), possède plus de 27 ans d’expérience au sein de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), qu’il a intégrée en 1997.
Spécialiste reconnu dans le domaine des énergies renouvelables, il a occupé plusieurs postes de responsabilité, dont ceux de directeur de l’énergie solaire puis de directeur des énergies renouvelables entre 2018 et 2021.
Il a notamment piloté le programme stratégique Tunisian Wind Energy Development (TWED), financé par le Global Environment Facility (GEF), visant à structurer le secteur éolien privé en Tunisie. Cofondateur et président de l’Association tunisienne de l’énergie éolienne (TWEA) depuis 2012, Nafaa Baccari s’est imposé comme l’un des acteurs clés de la transition énergétique en Tunisie.
Sa nomination à la tête de l’ANME traduit la volonté des autorités de renforcer la stratégie nationale en matière d’efficacité énergétique et de développement durable.