R&I confirme la note B- de la Tunisie mais améliore sa perspective
L’agence japonaise de notation, Rating and Investment Information (R&I), vient de réviser la perspective de la notation souveraine de la Tunisie (notation de l’émetteur en devises étrangères) de négative à stable, tout en maintenant sa note à B-.
Selon l’agence, « l’économie tunisienne est en voie de redressement ». Elle justifie sa décision par la réduction du déficit courant, l’augmentation des réserves de change et l’apaisement des inquiétudes concernant la liquidité en devises étrangères, et ce, malgré l’absence de perspective claire quant à l’obtention d’un soutien financier du Fonds monétaire international (FMI).
Dans un communiqué, R&I a également motivé cette amélioration par la baisse du déficit budgétaire en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) et par une diminution « modérée » du ratio de la dette publique. L’agence souligne que « le gouvernement s’étant engagé à rétablir sa situation budgétaire », les incertitudes concernant le remboursement de la dette s’atténuent.
« Sur la base de ces facteurs, ainsi que de la stabilité politique maintenue après l’élection présidentielle sans troubles majeurs », R&I a donc confirmé la note B- et révisé la perspective à Stable.
Reprise économique et perspectives
En 2024, la croissance du PIB réel s’est établie à 1,4 %. Cette reprise a été portée par la normalisation des conditions météorologiques, après une année 2023 défavorable, et par une forte demande touristique. R&I estime que cette bonne performance économique devrait se poursuivre en 2025, avec une croissance annuelle projetée entre 1 % et 2 %.
L’agence considère que les répercussions directes des droits de douane appliqués aux échanges entre la Tunisie et les États-Unis seraient limitées, compte tenu de la faible part des exportations tunisiennes à destination du marché américain. Néanmoins, elle recommande de surveiller les effets indirects que la Tunisie pourrait subir en fonction de la conjoncture économique en Europe, principale destination de ses exportations.
Équilibres financiers et défis budgétaires
Au cours des dernières années, l’excédent de la balance des services s’est accru, soutenu par la hausse des recettes touristiques. Couplé à l’excédent de la balance des revenus primaires (grâce aux transferts de fonds des travailleurs tunisiens à l’étranger), cela a permis une réduction du déficit courant, qui s’est établi à 1,7 % du PIB en 2024.
R&I prévoit que le déficit courant se maintiendra à un niveau modéré, entre 2 % et 3 % du PIB à l’avenir, en raison d’une augmentation prévisible des importations d’énergie, de biens intermédiaires et de biens de consommation, portée par une activité économique plus soutenue.
L’agence note que la masse salariale des fonctionnaires et les subventions représentent une part importante des dépenses publiques, ce qui laisse peu de marge de manœuvre pour les dépenses d’investissement, pourtant cruciales pour renforcer les fondamentaux économiques.
En s’efforçant de garantir les recettes fiscales et de réduire les dépenses (notamment la masse salariale), le gouvernement a ramené le déficit budgétaire à 6,0 % du PIB en 2024. Le budget 2025 prévoit de le contenir à 5,5 % du PIB. Compte tenu d’une relative stabilité des prix de l’énergie, une hausse des dépenses de subventions serait évitée. R&I anticipe une poursuite de l’amélioration des finances publiques au cours des deux prochaines années.
Rappel du contexte
Il convient de rappeler que le 29 août 2023, R&I avait dégradé la notation souveraine de la Tunisie de « B » à « B- », avec une perspective « négative ». Cette décision était alors justifiée par la difficulté de la situation budgétaire et extérieure, marquée par un déficit et un endettement public persistants à des niveaux élevés, ainsi que par des perspectives d’assainissement budgétaire incertaines.
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