La ligne d’or : Le management anti-corruption
La Presse —La corruption est souvent présentée comme un mal endémique, une fatalité enracinée dans les pratiques économiques et politiques et, pourtant, réduire ce fléau à une simple question morale serait passer à côté de sa nature profonde : un déficit de management.
Là où règnent l’opacité, l’absence de contrôle et le culte de l’informel, la corruption prospère et, à l’inverse, là où s’impose une gouvernance claire, la corruption recule. Autrement dit, l’anti-corruption n’est pas seulement une question de lois, mais une question de management, au cœur des organisations.
Un management anti-corruption ne peut se limiter à des déclarations de principe car il s’agit avant tout d’intégrer dans les processus de l’entreprise ou de l’administration des mécanismes concrets. Les lignes directrices sont simples, mais le défi est dans leur mise en œuvre, et parmi elles cartographier les risques pour voir où la corruption se situe ou peut se situer. Pour ce faire, un audit indépendant serait le bienvenu, mais aussi une politique de promotion d’une culture organisationnelle, où l’intégrité n’est pas un mot creux, mais un défi que doivent relever les organisations et les entreprises.
Le management anti-corruption fait en fait référence aux pratiques et systèmes mis en place par une organisation pour prévenir, détecter et traiter la corruption, ainsi, le principal cadre de référence est sans doute la norme ISO 37001.
L’organisme de certification explique que l’ISO 37001 vient appuyer l’organisation dans la mise en œuvre d’un système de management anti-corruption ou le renforcement des moyens de contrôle déjà en place.
Parmi ses exigences, la mise en place d’une série de mesures, à l’instar de l’adoption d’une politique anti-corruption, la désignation d’une personne chargée de superviser la conformité à cette politique, la sélection et la formation des employés, l’évaluation des risques de corruption relatifs à certains projets ou partenaires commerciaux, la mise en œuvre de moyens de contrôle financiers et commerciaux et l’engagement de procédures de signalement et d’enquête.
Par ailleurs, l’ISO 37001 demande à la direction de « démontrer son leadership et son engagement vis-à-vis du système de management anti-corruption et en communiquer la politique et les objectifs à l’ensemble du personnel et aux tierces parties, telles que les sous-traitants, les fournisseurs et les partenaires associés à des activités communes ».
Le système de management contribue ainsi à réduire le risque de corruption et permet de démontrer à la direction, au personnel, aux propriétaires, aux investisseurs, aux clients et aux autres partenaires commerciaux que des moyens de contrôle anti-corruption fondés sur de bonnes pratiques internationalement reconnues sont en place. Il peut également, dans le cadre d’une enquête judiciaire, servir à prouver que des mesures raisonnables ont été prises pour prévenir la corruption
Il serait cependant naïf de croire que la transparence se décrète. Elle s’apprend, se cultive, se récompense, et il devient clair que la lutte contre la corruption est, certes, une bataille juridique et politique, mais pour qu’elle ne soit pas sporadique, il est fondamental d’initier une réforme profonde des pratiques managériales.
« La corruption est l’un des fléaux les plus néfastes et les plus complexes de notre époque, et en dépit des efforts mis en œuvre aux niveaux national et international pour la contrer, elle continue à sévir », rappelle l’Organisation internationale de normalisation.