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Tunisie | Pour une université utile et économiquement viable

Le taux de chômage des diplômés en Tunisie a atteint 23,5% au premier trimestre de 2025, selon l’Institut national de la statistique. Ce problème touche particulièrement les femmes, avec un taux de chômage de 30,7% contre 13,6% pour les hommes. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, notamment le déséquilibre entre les formations proposées et les besoins du marché du travail, ainsi que des difficultés d’insertion professionnelle pour les jeunes diplômés. Le diagnostic ainsi fait, et depuis belle lurette, comment se fait-il que l’on n’arrive pas à trouver et à mettre en route les solutions requises pour que notre université produise le moins de «déchet» possible (qu’on nous excuse ce mot) et que le marché du travail trouve les compétences dont il a réellement besoin ?

Raouf Chatty *

L’année universitaire 2025-2026 approche à vive allure. Des dizaines de milliers d’étudiants s’apprêtent à entrer pour la première fois à l’université ou de regagner les bancs des écoles supérieures et des facultés.

Pour eux et pour leurs parents, une période d’angoisse commence, qui concerne les études à entreprendre, leur utilité réelle, la valeur des diplômes les sanctionnant et leurs perspectives sur le marché de l’emploi.

Cette inquiétude est en rapport direct avec les gros investissements en temps, en argent et en efforts que les étudiants (et, derrière eux, leurs parents) vont investir pour s’installer dans cette nouvelle vie universitaire, dont souvent ils ignoraient tout jusque-là.

L’épreuve décisive de l’orientation

A ce niveau, il est fondamental de voir le ministère de l’Enseignement supérieur et ses antennes à travers le pays agir et se faire utilement présent et visible pour rassurer les étudiants et leurs parents et les aider à faire face avec le moins de difficultés possibles à cette épreuve décisive pour leur avenir. La tutelle doit comprendre que son rôle ne s’arrête pas à l’orientation universitaire des bacheliers. Elle sait très bien que des milliers parmi ces derniers vont se retrouver dans des branches à très faible taux d’employabilité et risquent, au terme de leurs études, de renforcer les rangs des diplômés chômeurs.

C’est dans cette optique que le ministère de l’Enseignement supérieur doit percevoir sa mission et définir son rôle. Certes, la question est très douloureuse. Elle le sera beaucoup moins pour lui, pour ces étudiants, leurs parents et pour la communauté nationale, si le ministère affronte aujourd’hui les choses en face. Il est très bien placé pour connaître les possibilités en termes d’emploi de chaque branche. A l’aune de cette donne, il lui incombe de s’atteler à la tâche. Il pourrait désigner des aiguilleurs dans chaque établissement d’enseignement supérieur, en coordination avec l’administration, pour contacter les étudiants et les éclairer sur tous les enjeux, l’objectif étant de les responsabiliser et de ne pas les laisser trimer pendant des années pour se retrouver dans un marché de l’emploi où ils n’ont pas de place. En agissant de la sorte, le ministère ne se met pas en porte-à-faux par rapport à sa mission. Au contraire, il rend un service important à cette communauté de jeunes étudiants désemparés.

Des chômeurs de luxe

Les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle pourront ensemble aider les étudiants à se recycler parallèlement  à leurs études supérieures dans des centres de formation qui pourront leur apprendre les métiers de demain (dans les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, etc.), des métiers à fort taux d’employabilité dont l’économie nationale et le marché de l’emploi à l’étranger ont besoin aujourd’hui et auront besoin demain dans le contexte de la révolution technologique en cours.

C’est certes une tâche difficile, mais utile, nécessaire et faisable. L’intérêt national l’exige, tant il est vrai que les entreprises tunisiennes ne cessent, depuis des années voire des décennies, de se plaindre du fait qu’elles ne trouvent pas sur le marché de l’emploi les profils professionnels dont elles ont concrètement besoin pour mener leurs activités. Ce constat a été fait depuis longtemps, pourquoi rien n’a été fait jusque-là pour combler ce fossé et faire en sorte que l’université cesse de produire des chômeurs de luxe?

* Ancien ambassadeur.

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A quand un Maghreb apaisé, solidaire et prospère ?

Le Maghreb continue de piétiner, alors qu’il doit logiquement aujourd’hui figurer au top des priorités stratégiques et diplomatiques des pays de la région, lesquels font face à des défis internes et externes majeurs. Et semblent étrangement se complaire dans cet immobilisme qui leur coûte, ainsi qu’à leurs peuples, plusieurs points de croissance annuellement. Jusqu’à quand la Tunisie va-t-elle continuer à subir cette situation de blocage régional qui lui coûte sans doute davantage qu’à ses voisins qui, eux, assument finalement les conséquences de leurs propres choix et décisions ?  

Raouf Chatty *

La sécurité globale des pays membres de l’Union du Maghreb arabe (Uma) est en bonne partie tributaire de leur capacité de s’entendre, de coopérer et d’avancer ensemble main dans la main. La région est à un tournant de son histoire contemporaine. Elle vit sous haute tension. Elle se meut dans un espace très mouvant. Le terrorisme islamiste guette. La pression de l’immigration clandestine des Subsahariens ne décélère pas. Les convoitises étrangères sont vives. Cette situation pourrait perdurer pendant les prochaines années.

La sécurité, la stabilité et le développement des pays de la région sont intimement liées à l’évolution intérieure qu’elle connaitra, à l’assimilation des changements extérieurs, aux choix politiques de ses dirigeants, à leurs dispositions sincères de coopérer au-delà des divisions destructives, pour bâtir un Maghreb pacifié et culturellement apaisé, loin de toutes velléités hégémoniques d’où qu’elles proviennent. Compte doit être également tenu des changements actuels et futurs dans les environnements subsaharien, sud-méditerranéen et sud-européen du Maghreb.

La région dispose d’un potentiel humain, naturel et économique conséquent capable, s’il est bien exploité, de l’aider à relever ses défis et à garantir un développement harmonieux et durable pour ses peuples.  

L’évolution de la région est également liée à la volonté de ses dirigeants et de ses peuples, à leur capacité et disposition à comprendre les enjeux, à surmonter les difficultés et les différends qui les divisent, tout comme à leur capacité de connaître leurs véritables intérêts et de coopérer d’une manière étroite et lucide, afin de construire ensemble et sans arrière-pensées la prospérité économique et la stabilité sociale dans leurs pays respectifs, sans lesquelles il n’y aura ni stabilité durable ni démocratie viable. La réalisation d’un tel objectif permettra à la région d’accéder à un statut supérieur au plan international et de lui garantir sûrement force, crédibilité et respect. 

Une ambiance de rivalité

Cependant, force est de souligner que la construction du Maghreb est aujourd’hui loin des esprits des dirigeants maghrébins. La région est dominée par une ambiance de rivalité et d’animosité. L’ascension de l’Algérie est mal comprise. Elle est perçue par certains analystes politiques comme un pays expansionniste. La coopération étroite entre le Maroc et Israël inquiète vivement. Elle est perçue par Alger comme un affront à sa sécurité nationale. Cela aggrave la méfiance entre les peuples et les dirigeants de la région et les met dans l’incapacité de surmonter leurs divisions, éloignant chaque jour la région un peu plus de la réalisation de ces objectifs, quand bien même ses dirigeants respectifs affirment chacun qu’ils travaillent pour favoriser le développement de la région et pour répondre aux attentes de ses peuples et de leur assurer la place qu’ils méritent au plan international.

Quant à l’Union du Maghreb Arabe (Uma) qui est censée œuvrer pour le rapprochement des peuples maghrébins et favoriser la complémentarité entre leurs pays, elle est depuis quatre décades complètement paralysée. Elle est tout juste une bureaucratie muette, un corps sans âme, complètement absente sur la scène maghrébine et internationale. Une mise en berne acceptée implicitement par ses États membres. 

Les dissensions entre les pays du Maghreb entravent tout changement et leur laissent peu de chances pour aller de l’avant. L’Algérie et le Maroc continuent de se jeter réciproquement la responsabilité de cette impasse sur fond de positions diamétralement opposées sur le sort du Sahara occidental. Le Maroc en réclame la souveraineté tandis que l’Algérie est favorable à l’autodétermination de ce qu’elle appelle le Peuple Sahraoui. Depuis l’effondrement du régime de Kadhafi, la situation en Libye continue de baigner dans le désordre et l’anarchie, deux gouvernements se disputent la légitimité dans le pays, qui continue de sombrer, victime des groupes et milices armées aux intérêts divergents. La Mauritanie regarde vers les puissances occidentales, lorgne Israël et les États-Unis d’Amérique et réclame son africanité.

Pour ne rien arranger, l’Algérie et le Maroc mènent une course à l’armement. Ces deux pays connaissent par ailleurs une explosion démographique sans précédent. Ensemble, leurs populations avoisinent aujourd’hui soixante-dix millions. Ils font face à des difficultés politiques et sociales majeures. Les ressentiments entre les deux peuples frères sont de plus en plus exacerbés. Les relations entre Alger et Rabat sont tendues. Le Maroc est plus que jamais en phase avec les puissances occidentales, notamment avec les États-Unis et la France et renforce ses relations avec Israël, qui est aujourd’hui bien présent au Royaume chérifien. 

La Tunisie doit rééquilibrer sa position

La Tunisie piétine. Elle connaît des difficultés multiples sur tous les plans. Impactée par les turbulences et l’instabilité dans la région, elle en est la première victime. Elle est également touchée par les difficultés qui frappent l’Union Européenne, son principal partenaire.

Par ailleurs, le pays est embourbé dans une lutte sans merci contre la corruption. Il fait face à l’immigration clandestine des Subsahariens. Et a encore beaucoup de chemin à faire pour venir à bout de ses problèmes internes, politiques, économiques et sociaux.

Dans cet environnement difficile, complexe et mouvant, la politique étrangère de la Tunisie devient de plus en plus tributaire des circonstances. Le pays a depuis quelques années amorcé un rapprochement étroit avec l’Algérie. Ses relations avec le Maroc s’en sont bien ressenties.

Des observateurs soutiennent que cette politique est déséquilibrée et prive le pays d’une neutralité active qui lui avait par le passé permis de jouer la médiation et préserver sa souveraineté contre les ingérences extérieures d’où qu’elles émanent.  

Dans ce contexte, il devient aujourd’hui urgent pour l’Etat tunisien de revisiter sa politique en direction des pays maghrébins sur la base d’une analyse objective et lucide des réalités globales des pays de la région et des défis internes et externes auxquels ils font face, loin des discours triomphalistes de certains de leurs dirigeants. 

Pour la Tunisie, il s’agit en l’occurrence de faire le bilan de la situation maghrébine telle qu’elle se présente et non telle que certains veulent la présenter, de mettre en place une politique extérieure forte en direction de ses voisins, qui soit coordonnée, cohérente et équilibrée, une politique qui tient compte des traditions diplomatiques de bon voisinage, tout comme du passé commun des pays maghrébins, et bien entendu des intérêts nationaux et de l’avenir du pays.

La souveraineté ne signifie nullement l’isolement ou la neutralité. Cet intérêt pour tous les pays maghrébins sans exception sera de nature à assurer à notre pays l’équilibre dont il a besoin, à conforter les assises de sa souveraineté et à lui permettre de jouer son rôle d’avant-garde dans la région, rôle qui avait toujours caractérisé sa politique extérieure et lui avait apporté des dividendes appréciables. 

Le Président de la République, principal responsable de la diplomatie, pourrait le cas échéant actionner dans ce sens l’Institut tunisien d’études stratégiques (Ites), le ministère des Affaires étrangères et certains de nos anciens ministres des Affaires étrangères pour lui soumettre des propositions très utiles en la matière. Dans tous les cas, il ya vraiment urgence.

* Ancien ambassadeur.

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Le 13-Août | Une révolution sociale au profit des Tunisiennes

Dans quelques jours, la Tunisie fêtera l’anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel, le 13 août 1956. Ce texte de loi voulu et promulgué par Habib Bourguiba, fondateur de la Tunisie moderne, a inauguré une révolution qui a transformé radicalement le statut de la femme dans notre pays. Peu de monde pariait alors sur sa réussite, la femme ayant été depuis des siècles réduite à l’infériorité, la soumission, la tutelle de l’homme. (Ph. Bourguiba soulevant le voile d’une femme venue l’applaudir au centre-ville de Tunis).

Raouf Chatty *

Écrasée sous le poids de l’analphabétisme et des traditions rétrogrades, vivant dans une situation de quasi-esclavage, écrasée par des traditions archaïques inspirées par une lecture erronée de l’islam, la Tunisienne, à l’instar des autres musulmanes à travers le monde, vivait cloîtrée dans une prison physique et psychique. 

Dans les villages reculés, les femmes ne sortaient jamais le jour. Elles étaient cloitrées dans les maisons. Leur mission consistait à s’occuper du mari, à faire des enfants et à veiller à leur éducation. Elles étaient corvéables à merci,  travaillaient douze heures par jour et allaient au bain maure la nuit. Dans la région du Sahel, foncièrement conservatrice, elles portaient des wazra, habit en laine pesant au moins quinze kilos qui les couvrait entièrement, à telle enseigne que personne ne pouvait les reconnaître ou les approcher. Elles vivaient tout simplement dans des prisons. Elles étaient des prisonnières et leurs époux, des geôliers. Il ne venait jamais à leur esprit de mettre en cause ce statut, encore moins de se révolter de peur de perdre le gîte et le couvert, d’être répudiées illico presto par leur mari et de se voir condamnée à davantage de misère matérielle, morale et psychique dans les foyers de leurs parents.

Bourguiba, un visionnaire lucide

C’est à l’aune de cette situation indigne et inhumaine héritée de la nuit des temps où la femme n’avait aucune existence propre, que la société doit mesurer aujourd’hui cette révolution extraordinaire engagée de manière visionnaire et lucide par le leader Habib Bourguiba au lendemain de l’indépendance et les mesures importantes qu’il a décidées au profit de la femme. 

En quelques décennies, le statut de la femme a beaucoup évolué en Tunisie. Celle-ci est aujourd’hui mieux éduquée, plus libre, relativement autonome financièrement et responsable socialement. 

Maîtresse de sa vie, elle participe au même pied d’égalité que l’homme à l’essor de la société. Et c’est grâce à la présence effective de la femme dans la société et à son combat appuyé par l’État et la société civile que la Tunisie a réussi à triompher du fanatisme, incarné un moment par l’islam politique, qui a cherché par tous les moyens à la soumettre. En vain…

Des acquis qui commencent à dater

En ce 13-Août, un vif hommage doit être rendu à la femme dans notre pays. Son statut légal et sa place dans la société n’a pas égal dans le monde arabe et islamique. Et ce n’est pas une raison pour l’enfermer dans ces acquis qui commencent à dater. Aussi doit-elle être encouragée à aller de l’avant pour renforcer ses droits et, partant, les assises d’un État laïque et civil, un État respectueux des droits humains et des libertés fondamentales. 

C’est la seule façon de mettre la religion à l’abri des divisions et dissensions politiques et de permettre à la société de vivre et de travailler dans un État régie par le droit et dédié au développement global, durable et équilibré. Sans une femme libre, la société sera condamnée à l’obscurantisme, à la déliquescence et à la disparition. 

* Ancien ambassadeur. 

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