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Festival international du film amateur de Kélibia : Aujourd’hui, le coup d’envoi

La trente-huitième édition du Festival international du film amateur de Kelibia (FIFAK) se déroulera du 23 au 30 août et rassemblera de nombreux cinéastes tunisiens et étrangers. Cette session du festival est dédiée à la Palestine et sera ouverte avec le film The Mandate de Stéphane Ziegler.

Soutenu par le ministère des Affaires culturelles, le Centre national du cinéma et de l’image, et la ville de Kelibia, le FIFAK porte bien son âge tout en gardant la verve de ses premières années. Organisé par la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs ce festival a su garder le cap de ses débuts et maintient intact son projet d’action culturelle.

À suivre jusqu’au 30 août !

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El Gouna 2025 – 12 premiers films sélectionnés pour la 8ᵉ édition

Du 16 au 24 octobre 2025, la station balnéaire d’El Gouna, en Égypte, accueillera la 8ᵉ édition de son festival de cinéma, un rendez-vous désormais incontournable sur la carte des grands événements culturels de la région MENA. Depuis sa création, le Festival du film d’El Gouna (GFF) s’est imposé comme un espace de rencontre entre cinématographies arabes et internationales, un lieu de découverte et de dialogue où se croisent cinéastes confirmés et nouveaux talents. L’annonce de la première partie de sa programmation confirme cette ambition : treize films, dont plusieurs déjà auréolés de prix dans les plus grands festivals, viennent donner le ton d’une édition qui s’annonce particulièrement prestigieuse.

« Nous sommes incroyablement fiers du programme soigneusement élaboré qui sera présenté, chaque film contribuant à une riche tapisserie d’histoires venues du monde entier. Le festival est une plateforme de dialogue et de découverte, et nous sommes convaincus que cette première sélection résonnera profondément auprès de notre public », a déclaré Marianne Khoury, directrice artistique du GFF.

Des films déjà primés sur la scène internationale

Le cinéma iranien ouvrira cette première sélection avec It Was Just an Accident/Un simple accident de Jafar Panahi, Palme d’or au dernier Festival de Cannes. Fidèle à son art de faire surgir de petites situations un portrait plus vaste de la société, Panahi suit les conséquences en cascade d’un simple accident de la route. Derrière l’apparente banalité du point de départ, le film met à nu des mécanismes sociaux et politiques complexes, une écriture qui a valu au cinéaste sa reconnaissance internationale et qui trouve à El Gouna un nouveau public.

Autre grand nom du cinéma d’auteur contemporain, Joachim Trier revient avec Sentimental Value. Lauréat du Grand Prix à Cannes, ce récit intime explore la relation de deux sœurs aux trajectoires opposées : l’une a choisi la carrière d’actrice, l’autre la vie de famille. Le retour de leur père, cinéaste absent et désormais vieilli, ravive des blessures anciennes et interroge le rapport à la mémoire, à l’art et aux liens familiaux. Trier avait déjà marqué El Gouna en 2021 avec The Worst Person in the World ; son retour témoigne de la fidélité de certains cinéastes au festival.

Toujours venu de Norvège, Dag Johan Haugerud a remporté l’Ours d’or à la Berlinale avec Dreams (Sex Love). Le film adopte le point de vue adolescent d’une jeune fille tombant amoureuse de son professeur, qu’elle raconte dans ses écrits. Plus qu’un simple récit d’initiation, l’œuvre met en lumière la découverte du désir, la construction de l’identité et la complexité de la parole intime. La reconnaissance critique obtenue à Berlin – avec en prime le Prix FIPRESCI – confirme la singularité de son approche.

Richard Linklater, quant à lui, propose avec Blue Moon une variation audacieuse sur le temps réel : le récit se concentre sur la soirée du 31 mars 1943, où le parolier Lorenz Hart fait face à l’effondrement de sa vie professionnelle et personnelle. Porté par Andrew Scott, récompensé à Berlin d’un Ours d’argent pour sa prestation, le film est une plongée dans le destin d’un artiste, où la fragilité humaine rencontre l’exigence de la création.

Entre réalisme et imaginaire : la fiction en éclats

La sélection met également à l’honneur des récits où le réel se trouble au contact de l’imaginaire. Avec Resurrection, Bi Gan imagine un monde privé du rêve où un monstre tente de préserver les dernières illusions. Porté par une esthétique sensorielle, le film, couronné à Cannes d’un Prix spécial, interroge la place du rêve et de l’inconscient dans une société mécanisée.

Dans Sound of Falling, Mascha Schilinski raconte l’histoire de quatre jeunes filles, séparées par un siècle mais réunies par un même lieu, une ferme où leurs existences se reflètent les unes dans les autres. Lauréat du Prix du jury à Cannes, le film aborde le passage du temps, la mémoire des lieux et la transmission entre générations.

Le Mexicain Ernesto Martínez Bucio fait une entrée remarquée avec son premier long-métrage, The Devil Smokes (and Saves the Burnt Matches in the Same Box). Le film met en scène cinq enfants abandonnés, livrés à la garde d’une grand-mère schizophrène. Entre réalité et hallucinations, ce récit dérangeant, primé à la Berlinale, propose une plongée dans un imaginaire sombre, révélant un nouveau talent à suivre.

Deux autres films viennent enrichir cette catégorie de récits ancrés dans la vie et la création. Avec A Poet, Simón Mesa Soto suit le parcours d’un vieil écrivain erratique qui retrouve un sens à sa vie en guidant une adolescente vers l’écriture. Primé à Cannes dans la section Un Certain Regard, le film témoigne de l’importance des rencontres et du rôle des mentors. Enfin, Laura Wandel, déjà connue du public d’El Gouna pour Un monde/Playground, revient avec Adam’s Sake. L’histoire, centrée sur une infirmière pédiatrique confrontée au désespoir d’une mère refusant de quitter son enfant hospitalisé, aborde avec délicatesse la douleur, la solidarité et l’engagement des soignants. Présenté en ouverture de la Semaine de la critique à Cannes, le film confirme la place de Wandel comme une cinéaste attentive à l’enfance et aux relations humaines.

Des documentaires puissants et poétiques

À la fin de cette première sélection, le festival propose aussi plusieurs documentaires marquants. Better Go Mad in the Wild de Miro Remo (République tchèque, Slovaquie) explore la relation complexe de jumeaux élevés dans la nature et confrontés à la séparation. Récompensé par le Grand Prix du Festival de Karlovy Vary, le film mêle observation sensible et réflexion sur le lien fraternel et la solitude.

Avec Always, Deming Chen livre une allégorie sur la perte de l’innocence à travers le parcours d’un jeune Chinois, Gong Youbin, qui se découvre au fil de la poésie. Ce premier film, déjà lauréat du DOX:AWARD à CPH:DOX, démontre la vitalité du documentaire contemporain et sa capacité à s’emparer de formes narratives inédites.

Enfin, Raoul Peck, figure majeure du documentaire engagé, revient avec Orwell: 2+2=5. Après le succès international de I Am Not Your Negro, présenté à El Gouna en 2017, Peck s’attache cette fois aux derniers mois de George Orwell et à l’actualité brûlante de son œuvre 1984. Concepts tels que le doublethink ou le newspeak trouvent une résonance troublante dans notre monde contemporain, renforçant la pertinence politique du cinéma documentaire.

Un festival au cœur du dialogue culturel

Depuis sa création, le Festival du film d’El Gouna s’est fixé pour mission de créer un pont entre les cinémas du monde. En présentant des films arabes et internationaux à un public curieux et averti, il contribue à la circulation des œuvres et à l’émergence de nouvelles voix. « Ces films représentent un éventail mondial de récits, allant de la fiction aux documentaires les plus percutants, dont beaucoup ont déjà été distingués dans les grands festivals. Ce n’est qu’un aperçu du voyage cinématographique qui attend notre public », a souligné Andrew Mohsen, responsable de la programmation.

La richesse de cette première sélection témoigne de l’ambition du GFF : mettre en avant des films exigeants, des signatures confirmées comme des révélations, et offrir aux spectateurs une expérience où se rencontrent cultures, esthétiques et visions du monde. Dans les semaines à venir, de nouveaux titres viendront compléter cette programmation, mais déjà, cette première annonce affirme le rôle d’El Gouna comme un carrefour incontournable du cinéma international.

Neïla Driss

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LAFF 2026 – Appel à films et célébration du centenaire de Youssef Chahine

Le Festival de Louxor du Film Africain (LAFF) se prépare pour sa 15ᵉ édition, programmée du 30 mars au 5 avril 2026, et vient d’ouvrir officiellement son appel à candidatures, marquant le début d’un long processus qui mènera, dans quelques mois, à une semaine entièrement consacrée au cinéma africain et à ses voix les plus vibrantes. Créé il y a maintenant une quinzaine d’années, le LAFF s’est imposé au fil des éditions comme l’un des rendez-vous incontournables du cinéma sur le continent, accueillant chaque printemps à Louxor, au cœur de la Haute-Égypte, cinéastes, critiques, producteurs et publics passionnés.

Cette nouvelle édition sera placée sous la présidence d’honneur d’un acteur qui incarne à lui seul une partie de l’histoire récente du cinéma égyptien : Mahmoud Hemida. Figure emblématique, il apportera à ce rendez-vous une aura toute particulière, rappelant que le festival n’est pas seulement une vitrine pour les cinémas africains, mais aussi un lieu de reconnaissance et de dialogue entre les générations d’artistes.

Le fondateur et président du festival, le scénariste Sayed Fouad, a annoncé l’ouverture des candidatures pour les quatre compétitions principales qui structurent l’événement. La première, celle des longs métrages, accueille les œuvres de fiction, documentaires ou d’animation de plus de soixante minutes. La deuxième est consacrée aux courts métrages, tous genres confondus. Ces deux compétitions sont exclusivement réservées aux cinéastes africains. La troisième met en lumière les films de la diaspora, une catégorie qui permet à des cinéastes africains installés hors d’Afrique de proposer des récits tournés vers le continent, enrichis par une perspective internationale. Enfin, la quatrième, singulière et profondément ancrée dans le territoire qui accueille le festival, est celle des films de jeunes, destinée aux jeunes cinéastes des gouvernorats de Qena et de Louxor.

Cette dernière initiative prend une ampleur particulière grâce au travail de la fondatrice et directrice du festival, Azza El Hosseiny. Elle a annoncé que plusieurs mois avant la tenue du festival, un atelier sera organisé afin de former les jeunes talents de Louxor et de Qena à la réalisation de courts métrages sans budget. L’objectif est double : d’une part, permettre à ces jeunes cinéastes de développer des compétences techniques et artistiques, et d’autre part, leur offrir un accès direct au paysage cinématographique égyptien et africain. Mais le projet ne s’arrête pas là : il se concrétisera également par l’ouverture d’une compétition spéciale pour les films issus de ces deux gouvernorats, évalués par un jury local. Ce dispositif illustre la volonté du festival d’inscrire son action dans une dynamique durable, en formant et en soutenant la relève dans une région qui, historiquement, a toujours été au cœur de la culture égyptienne.

La 15ᵉ édition du LAFF aura également une dimension symbolique forte. Elle sera placée sous le signe d’un hommage à l’un des plus grands cinéastes égyptiens, Youssef Chahine, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Le festival adoptera pour l’occasion le titre « Youssef Chahine… Une histoire égyptienne », en référence à l’un de ses films les plus personnels. Ce choix illustre la volonté de la direction du festival de rendre hommage à une figure qui a marqué le cinéma égyptien et africain, mais aussi de replacer son œuvre dans un contexte de transmission aux nouvelles générations. L’héritage de Chahine, son regard à la fois intime et universel, continue d’inspirer les créateurs, et le fait que le LAFF consacre son édition anniversaire à ce géant du cinéma envoie un signal fort : celui de l’importance de la mémoire et de l’histoire dans la construction de l’avenir.

Les candidatures, ouvertes depuis le 20 août 2025, resteront possibles jusqu’au 25 novembre 2025 via le site officiel du festival. Les films soumis devront avoir été produits en 2025 et ne jamais avoir été projetés en Égypte. Ces conditions strictes garantissent que les sélections du LAFF offriront un regard neuf, tourné vers les créations les plus récentes et inédites, renforçant ainsi l’attractivité du festival auprès des cinéastes comme des spectateurs.

Le festival est porté par la Fondation des Jeunes Artistes Indépendants pour le soutien et le développement, une organisation civile à but non lucratif. Mais au fil des années, il a su fédérer autour de lui un vaste réseau d’institutions et de partenaires, témoignant de son importance culturelle et diplomatique. La 15ᵉ édition est organisée en collaboration avec plusieurs ministères égyptiens – la Culture, le Tourisme et les Antiquités, la Jeunesse et les Sports, ainsi que les Affaires étrangères –, et bénéficie du soutien du gouvernorat de Louxor. Elle se tient également sous le patronage du Syndicat égyptien du cinéma, de la Banque nationale d’Égypte, de Misr International Films et de la Fondation Kemet Boutros Ghali pour la paix et la connaissance.

En se dirigeant vers cette 15ᵉ édition, le Festival de Louxor du Film Africain confirme ainsi son rôle central : celui d’un espace où l’Afrique se raconte à travers ses films, où ses diasporas trouvent une scène pour dialoguer avec le continent, et où les nouvelles générations peuvent s’inscrire dans un héritage tout en forgeant leur propre voix. Le rendez-vous de 2026 ne sera pas seulement une célébration d’un parcours déjà riche, mais aussi une ouverture vers les quinze prochaines années, où le cinéma africain continuera de se réinventer, sous le regard attentif de Louxor, ville millénaire devenue un carrefour moderne des images et des récits.

Neïla Driss

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Festival « Maraya El Founoun » à Kalaa Kebira : La Palestine, au cœur

Dirigé par Abdelhakim Belaid qui est également le président de l’association organisatrice, le festival Maraya El Founoun ( Miroir des Arts), accueille ces prochains jours un cycle de spectacles et un important colloque.

Cette édition qui se déroulera du 15 au 24 août, proposera également une exposition d’art des plasticiens Ali Znaidi, Imen Belhadj et Marouen Allane ( Palestine ). De même, un hommage sera rendu à la mémoire de Fredj Chouchane lors du colloque annuel qui, cette année, portera sur le thème de la relation entre les politiques culturelles et les expressions artistiques dans l’espace public. En outre, le festival organise une importante rencontre poétique qui est inscrite au programme et verra la participation d’une dizaine de voix tunisiennes et palestiniennes.

Offrant un programme pluriel, le festival de Kalaa Kebira accueillera plusieurs artistes. L’ouverture sera musicale avec ce soir, un concert de l’Ensemble du monde arabe du maestro Abderahmane Ayadi. Le lendemain, 16 août, une soirée artistique sera dédiée à la Palestine, invitée d’honneur du festival. Le programme se poursuivra avec la chanteuse Afifa Aouini puis une soirée avec Seif Mayouf. Une représentation théâtrale aura lieu le 19 août avec L’Aveu, une création de Mohamed Ali Said. Al Ghanja, un cycle de chansons et de récits sera sur les planches le 20 août alors que la chanteuse Sonia Ben Abdallah animera la soirée de clôture, le 24 août prochain.

Avec son festival d’été, Kalaa Kebira s’apprête à vivre plusieurs temps forts au grand bonheur des communautés locales.

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Festivals : Quand Stambali et Boussaadia renaissent à Sidi Mansour

La cinquante-neuvième édition du festival de Sidi Mansour a démarré jeudi 7 août et se poursuit une semaine durant, jusqu’au 13 août.

Ce festival qui fête ses soixante ans d’existence l’été prochain, se déroule à Sidi Mansour, une localité du Grand Sfax qui se trouve à proximité de Sakiet Eddaier et Markez Maaloul.

L’origine populaire et la mémoire noire de ce festival font sa singularité. En effet, c’est autour de la zaouia de Sidi Mansour Ghlem, un saint personnage du quinzième siècle, que cette tradition a vu le jour.

Dans le temps, les gens venaient des campagnes jusqu’à la mer pour échapper aux rigueurs de la saison d’Aoussou et sacrifier au culte du saint. Entre zarda familiale et processions rituelles, le festival a vu le jour en 1966 et se consolida au fil des ans.

De nos jours, toute la ville est en fête à cette occasion et se souvient aussi bien de sa mémoire noire liée à Sidi Mansour que de sa mémoire maritime lorsque le rivage arrivait quasiment jusqu’aux cafés du centre-ville.

Depuis quelques jours, le personnage de Boussaadia entouré de musiciens traditionnels sillonne les rues de la cité et continuera à le faire jusqu’à la fin du festival. Ce personnage est indissociable du festival et des traditions de la communauté noire qui à Sfax, donne son ancrage humain et culturel à cette manifestation estivale.

Cette année, dès l’ouverture du festival le 7 août dernier, la Hadhra de Abdesslem Trabelsi a donné le tempo et offert au public toutes les couleurs du stambali, un style musical qui a rassemblé le grand public de Sidi Mansour.

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El Gouna 2025 – Appel à candidatures pour CineGouna Emerge

Pour sa 8ᵉ édition, le El Gouna Film Festival (GFF) annonce l’ouverture des candidatures pour les programmes CineGouna Emerge, une initiative soutenue par son Impact Partner — partenaire stratégique engagé dans des actions à fort impact social et culturel — la Sawiris Foundation for Social Development (SFSD), ainsi que par l’Union européenne en Égypte. Pensé pour accompagner et renforcer les talents émergents du cinéma, ce dispositif confirme l’engagement du festival à soutenir la nouvelle génération de créateurs en Égypte, dans le monde arabe et en Afrique.

Fort du succès rencontré lors des deux précédentes éditions, CineGouna Emerge a permis à des centaines de participants de tisser des liens avec l’industrie cinématographique régionale et internationale, tout en intégrant une communauté dynamique de pairs. De nombreux anciens participants ont franchi des étapes décisives dans leur parcours professionnel, reconnaissant souvent que ce programme a joué un rôle charnière dans leur évolution. Pour 2025, le festival élargit encore le champ des opportunités, veillant à ce que chaque jeune talent puisse trouver un espace pour se développer, se connecter et s’épanouir.

Cette édition se déploie à travers plusieurs parcours distincts. Le programme phare, CineGouna Emerge, s’adresse aux jeunes cinéastes et professionnels du secteur — réalisateurs, scénaristes, producteurs, acteurs, chefs opérateurs, monteurs, ingénieurs du son — en leur offrant une immersion complète dans le festival : projections, masterclasses, tables rondes, ateliers, et rencontres ciblées pour favoriser les échanges et collaborations.

Le SeeMe Track est spécialement conçu pour les acteurs émergents. Il leur permet de vivre l’expérience du tapis rouge, de se préparer à dialoguer avec la presse et les médias, et de se présenter avec assurance à des réalisateurs, producteurs et agents.

Avec le Perspectives Track, ce sont les jeunes photographes, journalistes, critiques de cinéma et créateurs de contenus qui sont mis en lumière. Ils pourront couvrir le festival par le biais d’articles, de reportages photographiques ou de vidéos, en collaboration avec l’équipe Presse et Publications du GFF.

Grande nouveauté cette année : Emerge: Take Two. Ce parcours inédit est réservé aux anciens participants des éditions précédentes, invités à revenir en tant que mentors pour accompagner les nouveaux venus tout au long de leur expérience au festival.

Les candidatures sont ouvertes aux personnes âgées de 18 à 35 ans, ou aux professionnels en début de carrière. Les participants doivent être étudiants ou diplômés de formations en cinéma ou médias, avoir contribué à au moins un film ou une série projeté publiquement, ou développer activement un projet lié au cinéma. Les candidats retenus bénéficieront d’une accréditation leur donnant accès aux projections, au CineGouna Forum et aux activités du marché. Leurs frais de déplacement intérieur, leur hébergement et leurs repas seront également pris en charge.

Pour Amr Mansi, directeur exécutif du El Gouna Film Festival, « CineGouna Emerge est l’initiative la plus proche de notre cœur, et l’une des plus impactantes du festival. En l’élargissant en un programme multi-parcours, nous offrons à chaque jeune talent — qu’il soit cinéaste, acteur, critique ou créateur de contenu — la possibilité d’apprendre, de progresser et de briller à El Gouna. »

Marianne Khoury, directrice artistique du GFF, souligne : « Lors des deux dernières éditions, nous avons constaté l’impact transformateur de CineGouna Emerge. Beaucoup de nos anciens participants travaillent aujourd’hui activement dans l’industrie, et leurs retours sont extrêmement positifs. L’extension du programme cette année vise à rendre ce que nous avons reçu : les anciens accompagneront les nouveaux, et ensemble, nous continuerons à bâtir un réseau créatif fort et solidaire. »

Pour Hayat Aljowaily, responsable de CineGouna Emerge, « notre mission a toujours été de soutenir la nouvelle génération de conteurs d’histoires en Égypte, dans le monde arabe et en Afrique. L’introduction de nouveaux parcours comme Take Two illustre notre foi dans la continuité, le mentorat et la force de la communauté au sein du secteur cinématographique. »

Les inscriptions pour tous les parcours de CineGouna Emerge 2025 sont ouvertes sur le site officiel du El Gouna Film Festival et se clôtureront le 17 août 2025. Une opportunité unique pour les jeunes créateurs de rejoindre un réseau en pleine expansion, et de participer à l’essor du cinéma dans la région.

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De Houmt Essouk à Guellala : Voir Djerba, les yeux écarquillés

Le festival See Djerba aura lieu du 14 au 17 août et se déroulera en deux séquences. La première se déroulera à Houmt Essouk du 14 au 16 août et la seconde à Guellala le 17 août. Les événements du festival sont programmés en entrée libre de 20h à 23h.

Le thème de See Djerba pour cette année est intitulé L’eau et la terre. En effet, cette édition invite artistes et publics à explorer les paysages naturels et culturels de Djerba à travers le prisme de l’Eau et de la Terre, deux éléments qui façonnent le quotidien de l’île, son imaginaire symbolique et ses futurs écologiques.

Depuis 2017, See Djerba transforme l’île en une galerie d’art médiatique à ciel ouvert, en étroite collaboration avec les communautés locales. Parti d’une initiative à Houmt Souk, le festival est devenu une plateforme insulaire de création, d’expérimentation et de dialogue culturel.

Les points forts de cette édition se déclineront à travers des installations et projections d’art médiatique dans des espaces publics et sites patrimoniaux avec la participation d’artistes locaux et internationaux provenant de plus de dix pays.

Les thématiques abordées auront trait à la biodiversité, la cartographies d’archives, les rituels du corps et de la terre et la géopoétique des cultures matérielles.

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CIFF 2025 : appel à projets immersifs pour la 1ère édition de “CAIRO’S XR”

Le Festival International du Film du Caire lance « CAIRO’S XR », une nouvelle section dédiée aux technologies immersives

Le Festival International du Film du Caire innove pour sa 46e édition, prévue du 12 au 21 novembre 2025, en inaugurant une nouvelle section baptisée « CAIRO’S XR », première du genre dans l’histoire de la manifestation. Cette initiative marque une étape importante pour le festival, qui confirme ainsi son rôle de pionnier en matière d’exploration des nouvelles formes de narration cinématographique.

Avec cette section inédite, le festival entend offrir au public de la région une expérience narrative radicalement différente, plus interactive et plus engageante, en s’appuyant sur les technologies immersives les plus avancées. Pensé comme un pont entre le cinéma et les nouvelles technologies, CAIRO’S XR accueillera des œuvres qui dépassent le cadre traditionnel de l’écran pour proposer des univers élargis, des récits à intelligence artificielle, des installations interactives ou encore des projets en réalité virtuelle et augmentée.

Mohamed Tarek, directeur artistique du festival, explique :
« CAIRO’S XR propose une autre façon de vivre le cinéma, en intégrant les nouveaux médias au cœur du récit. Grâce à la technologie XR, l’histoire ne se regarde plus simplement, elle se vit : le spectateur y entre, l’explore, interagit avec elle et peut même en influencer le déroulement. Cela reflète notre engagement pour l’avenir du cinéma. »

CIFF 2025 Cairo's XR

Cette nouvelle section repose sur une conviction forte : la technologie n’est pas une fin en soi, mais un levier pour enrichir les dimensions émotionnelles, intellectuelles et spatiales d’un récit. Qu’il s’agisse de marcher dans un souvenir en réalité virtuelle, de dialoguer avec un personnage piloté par une intelligence artificielle, ou de s’immerger dans une installation spatiale, les projets retenus pour CAIRO’S XR visent à repousser les limites du langage cinématographique.

Le programme invite ainsi artistes, créateurs et techniciens à conjuguer cinéma, design, moteurs de jeux vidéo, intelligence artificielle, et environnements interactifs, pour imaginer les formes narratives de demain, sans renier l’essence artistique et émotionnelle du cinéma.

Les candidatures sont désormais ouvertes pour les projets utilisant principalement la réalité étendue (XR) et les formats immersifs associés, incluant :

  • des expériences en réalité virtuelle (VR),
  • des projets en réalité augmentée (AR) et réalité mixte (MR),
  • des installations immersives interactives,
  • des récits pilotés par l’intelligence artificielle,
  • des jeux et expériences gamifiées.

Date limite de dépôt : 30 août 2025
Soumission des projets via ce lien : https://ciff.org.eg/cairos-xr

Les œuvres sélectionnées seront présentées en première mondiale pendant le CIFF 2025. Elles bénéficieront d’une visibilité internationale, de rencontres avec des professionnels de haut niveau, et d’une occasion unique de contribuer à façonner l’avenir du récit cinématographique, depuis le cœur du monde arabe.

Neïla Driss

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Saint Levant, ce Sidi Chergui qui affole le marché noir !

Les billets pour le spectacle de Saint Levant s’arrachent à n’importe quel prix. Quand les festivals d’été virent au show-biz.

L’une des coqueluches de l’été à pour nom de scène Saint Levant, ce qui en traduction locale donnerait un très oriental Sidi Chergui.

La nouvelle star du public semble affoler le marché noir qui, lors de la première mise en vente des billets, a été considéré comme un outsider alors qu’il fait aujourd’hui figure de favori.

Les billets s’arrachent dans une surenchère qui se répand sur les réseaux sociaux et atteint des sommets inédits pour un petit bout de gradin.

Saint Levant, star de l’été ? Pourquoi pas s’il le vaut bien et surtout si le public le veut bien !

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JCC 2025 – Entre cinéma et musique, l’univers de Ziad Rahbani

La 36e édition des Journées Cinématographiques de Carthage, qui se tiendra du 13 au 20 décembre 2025, consacrera un hommage appuyé à l’une des figures les plus singulières du monde artistique arabe : Ziad Rahbani.

Décédé à Beyrouth le 1er août 2025 à l’âge de 68 ans, l’auteur, compositeur, acteur, dramaturge et chroniqueur libanais laisse derrière lui une œuvre foisonnante, marquée par la satire politique, une lucidité implacable et une modernité musicale qui ont profondément influencé toute une génération.

Fils de la grande chanteuse Fairuz et du compositeur Assi Rahbani, Ziad Rahbani s’est affirmé très tôt comme un artiste inclassable, héritier du patrimoine musical levantin mais farouchement libre dans son expression. Figure de proue de la contre-culture beyrouthine dans les années 1970 et 1980, il a également marqué de son empreinte le cinéma arabe, notamment à travers ses collaborations avec des cinéastes majeurs tels que Maroun Bagdadi, Farouk Beloufa, Randa Chahhal ou Kassem Hawal.

C’est à ce lien fort entre Ziad Rahbani et le nouveau cinéma arabe que les JCC 2025 ont choisi de rendre hommage. Une sélection de films auxquels il a participé – comme acteur ou compositeur – sera présentée dans le cadre du festival. Parmi eux, plusieurs œuvres rares ou restaurées permettront de redécouvrir son rôle discret mais essentiel dans l’évolution esthétique et sonore du cinéma engagé des années 1970-1980.

Des rencontres, projections spéciales et événements parallèles viendront compléter cette programmation, afin de célébrer la richesse de son parcours artistique. Ziad Rahbani ne sera pas à Carthage pour présenter son ironique Long métrage américain, mais sa présence sera partout dans cette édition, à travers son esprit mordant, son regard désabusé sur le monde arabe, et son sens inimitable de la composition.

Avec cet hommage, les JCC affirment une fois encore leur attachement à une mémoire cinématographique critique, populaire, indisciplinée – à l’image de l’artiste qu’ils saluent cette année.

Neïla Driss

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El Gouna 2025 – Le festival relance le concours “Eish”

Après le succès retentissant de sa première édition en 2024, le concours « Eish » fait son retour au sein du El Gouna Film Festival, dans une édition renouvelée et ambitieuse, portée par une alliance fructueuse entre le festival, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies en Égypte, et la société Zest. Cette initiative régionale unique convie à nouveau les cinéastes d’Égypte et du monde arabe à proposer leurs projets de courts métrages en développement, d’une durée maximale de quinze minutes, autour d’un thème crucial mais souvent marginalisé dans le paysage audiovisuel : la sécurité alimentaire.

Le mot « Eish » en lui-même porte une double signification qui résonne profondément avec la philosophie du concours. En arabe classique, il signifie « Vivre », tandis qu’en dialecte égyptien, il désigne le « Pain ». Deux sens qui, loin de s’opposer, se rejoignent de manière essentielle : car le pain est la base de la vie. Sans pain, il est impossible de vivre. Ce titre simple, direct et polysémique, résume à lui seul le message que ce concours cherche à transmettre — celui d’une urgence vitale, d’un droit humain fondamental, et d’un combat collectif à mener.

La date limite de soumission des projets a été fixée au 30 août 2025, et le projet lauréat sera dévoilé lors d’un événement spécial organisé dans le cadre de la huitième édition du festival, qui se tiendra du 16 au 24 octobre à El Gouna. Ce calendrier n’est pas anodin : l’ouverture du festival coïncide cette année avec la Journée mondiale de l’alimentation, renforçant le message que cinéma et engagement humanitaire peuvent avancer main dans la main.

Un succès immédiat et un écho régional

Lancée en 2024, la première édition du concours avait suscité un engouement immédiat, avec un nombre impressionnant de candidatures reçues en un laps de temps réduit. Ce succès témoigne non seulement de la vitalité de la jeune création arabe, mais aussi de l’urgence ressentie par les nouvelles générations d’artistes à traiter de sujets sociétaux majeurs, à commencer par celui de la faim, de l’inégalité dans l’accès à la nourriture, et de la précarité alimentaire, qui touche encore des millions de personnes dans la région.

Le projet lauréat de l’an passé, Khufu du cinéaste Mohamed Khaled Al Assi, illustrait parfaitement cette volonté : à travers l’histoire simple et bouleversante d’une famille dont la survie économique dépend d’un seul chameau tombé malade, le réalisateur explorait avec pudeur les conséquences d’une instabilité financière aiguë, à l’échelle domestique. Un récit local, intime, mais porteur d’un écho universel.

L’art pour éveiller les consciences

« Eish n’est pas simplement un concours », rappelle Amr Mansi, directeur exécutif et cofondateur du El Gouna Film Festival, « c’est un appel à faire de l’art une force de changement. » Pour lui, cette initiative incarne pleinement la foi du festival dans le pouvoir du cinéma à faire évoluer les mentalités, à sensibiliser, à provoquer des dialogues. « Nous sommes fiers de poursuivre cette collaboration avec le WFP et Zest. Elle permet aux cinéastes arabes de raconter des histoires profondément ancrées dans leur réalité, et qui abordent de front des enjeux vitaux comme la sécurité alimentaire. »

Cette démarche est pleinement partagée par le Programme alimentaire mondial, représenté en Égypte par Jean-Pierre de Margerie, qui souligne la capacité du cinéma à humaniser les défis les plus complexes. « L’accès à la nourriture est à la base de la dignité humaine, de la stabilité et de la résilience des sociétés. Le cinéma a ce pouvoir unique : il ne se contente pas d’émouvoir, il incite à l’action. »

Quand la nourriture devient récit

Si l’engagement du WFP apparaît évident, la présence de Zest dans ce partenariat pourrait surprendre. Mais pour Abdallah Dnewar, directeur des programmes spéciaux chez Zest et responsable du concours, cette collaboration coule de source. « Zest est une entreprise qui place l’interaction avec la nourriture au cœur de son activité. Le lien entre alimentation et narration est, selon nous, fondamental : il permet d’explorer la complexité de l’expérience humaine. En nous associant au GFF et au WFP, nous offrons aux créateurs une tribune inédite pour raconter l’histoire de notre humanité à travers ce que nous mangeons, partageons ou perdons. »

Cette perspective ouvre un champ immense aux cinéastes : des questions de pénurie aux problématiques d’agriculture durable, des tensions liées aux chaînes d’approvisionnement aux récits de résilience face à la faim, le concours « Eish » incite à traiter la sécurité alimentaire sous toutes ses facettes, avec inventivité et engagement.

Un engagement ancré dans la mission du festival

Le El Gouna Film Festival, depuis sa création, s’est imposé comme un espace de découverte et de dialogue, où les voix arabes trouvent un écho international. En mettant en avant le cinéma comme vecteur de conscience sociale, le festival ne se contente pas de célébrer la création : il en fait un levier de transformation. Son objectif reste inchangé : promouvoir le cinéma arabe dans toute sa diversité, favoriser les échanges culturels, et soutenir l’émergence de nouveaux talents.

Le concours « Eish » s’inscrit dans cette lignée, en combinant engagement social, accompagnement artistique et rayonnement régional. En plaçant la thématique de la sécurité alimentaire au cœur du processus créatif, il permet aux cinéastes de raconter autrement leur monde, leurs inquiétudes, mais aussi leur espérance.

Le cinéma peut-il contribuer à la justice alimentaire ? Le GFF, le WFP et Zest parient que oui. Et ce sont les jeunes cinéastes arabes qui, une fois encore, auront la parole.

Neïla Driss

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Tunisie : Un premier festival international dédié au rap verra le jour

La Tunisie s’apprête à accueillir son premier festival international de rap, une initiative inédite qui débutera à Monastir du 17 au 27 août 2025, avant de s’ouvrir, dans les prochaines éditions, à d’autres régions du pays.

Baptisé « International Tunisia Rap Tour Festival », cet événement s’inscrit dans une volonté de décentralisation culturelle et de valorisation des jeunes talents.

La ministre des Affaires culturelles, Amel Srarfi, a présidé hier une réunion de travail consacrée à l’organisation de cette première édition, en présence des membres du comité artistique et de cadres du ministère. Les discussions ont porté sur les aspects logistiques, financiers, techniques et artistiques du festival.

S’exprimant à cette occasion, la ministre a affirmé que son département est ouvert à toutes les formes musicales, y compris le rap, qu’elle considère comme une composante à part entière du paysage artistique tunisien. « Chaque genre musical a sa place et son rôle », a-t-elle souligné, insistant sur l’importance de refléter la diversité culturelle du pays à travers les politiques publiques.

De leur côté, les membres du comité artistique ont exprimé leur volonté de faire de ce nouveau rendez-vous musical une plateforme d’expression libre pour les jeunes artistes tunisiens et internationaux. Le festival ambitionne de favoriser les échanges entre les créateurs et un public large et diversifié.

La programmation détaillée, incluant la liste des artistes tunisiens et étrangers invités, sera dévoilée lors d’une conférence de presse prévue dans les jours à venir.

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Festival international de Bizerte 2025 : Une programmation riche de 19 soirées

Du 15 juillet au 19 août, le Festival international de Bizerte revient avec une 42e édition riche et éclectique : 19 soirées mêlant musique, théâtre et coopérations artistiques internationales. De Balti à Wael Jassar, en passant par Lotfi Bouchnak et Wajiha Jendoubi, la scène de l’amphithéâtre de Bizerte promet de vibrer tout l’été.

Le Festival international de Bizerte revient cet été pour sa 42e édition, du 15 juillet au 19 août 2025, avec une programmation de 19 spectacles sur 19 soirées. Musique, théâtre, comédies musicales, coopérations internationales… Le festival entend une nouvelle fois faire vibrer l’amphithéâtre de la ville portuaire avec une offre culturelle éclectique et populaire.

15 soirées seront consacrées à des artistes tunisiens, tandis que 4 spectacles internationaux mettront à l’honneur des talents venus du Liban, du Sénégal, de la Syrie et du Canada.

La programmation, dévoilée le 4 juillet lors d’une conférence de presse au théâtre Abdelhafidh Ben Aissa, alterne créations inédites, grands noms de la scène tunisienne et découvertes artistiques.

Cette édition se veut résolument ancrée dans sa ville et tournée vers l’ouverture artistique, en réunissant les voix emblématiques de la scène tunisienne – d’Amina Fakhet à Balti, en passant par Lotfi Bouchnak – et des créations scéniques fortes, à l’image de Ziara ou de Ragouj.

Les spectacles internationaux apportent, eux, une touche de diversité culturelle : de la voix romantique de Wael Jassar aux rythmes africains du Sénégal, en passant par les chants orientaux du Canada et la scène syrienne.

Un été riche s’annonce à Bizerte, où culture populaire et création artistique se rencontrent sous les étoiles de l’amphithéâtre.

 Programme

  • 15 juillet : « Rehlet Ajyel », production festival de Bizerte (Tunisie)
  • 17 juillet : spectacle Paparouni Circus « Jungle Book » (Tunisie)
  • 19 juillet : pièce « Lellahom »  (Tunisie)
  • 22 juillet : pièce « Chikha » Tunisie)
  • 25 juillet : Zied Gharsa (Tunisie)
  • 27 juillet : Wael Jassar (Liban)
  • 28 juillet : « Good Vibes ans Connexion » (Sénégal)
  • 29 juillet : comédie musicale « Lila Ajab » de Abdelkader Dridi (Tunisie)
  • 31 juillet : Al Shami (Syrie)
  • 2 août : « Yalla Benzart Tghani » (Tunisie)
  • 4 août : Amina Fakhet  (Tunisie)
  • 6 août :  La Chorale du patrimoine oriental du Canada
  • 8 août:  « Ziara »  (Tunisie)
  • 10 août : Raouf Maher (Tunisie)
  • 12 août : Mortadha Ftiti  (Tunisie)
  • 13 août : pièce « Big Bossa » de Wajiha Jendoubi  (Tunisie)
  • 15 août : Lotfi Bouchnak (Tunisie)
  • 17 août : Balti (Tunisie)
  • 19 août : « Ragouj » (Tunisie)

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Tunisie – Festival international de Dougga : « Ragouj » en apothéose

La 49e édition du Festival international de Dougga se tiendra du 28 juin au 8 juillet 2025 dans le cadre majestueux du théâtre antique. Au programme : huit soirées mêlant voix tunisiennes, artistes arabes et talents venus du Royaume-Uni, d’Autriche et d’Espagne, pour une célébration éclectique des musiques du monde.

Le Festival international de Dougga revient du 28 juin au 8 juillet 2025 pour une 49e édition qui s’annonce riche et éclectique. Huit soirées animeront le théâtre antique de Dougga, avec une programmation mêlant voix tunisiennes, talents arabes et sonorités internationales.

La scène tunisienne sera particulièrement mise en valeur cette année, avec quatre soirées sur les huit programmées. Le festival s’ouvrira le samedi 28 juin avec un hommage au tarab tunisien porté par la voix profonde d’Eya Daghnouj dans le spectacle « Fi hadhrat ettarab ettounsi ».

Autre moment fort : la soirée de clôture, prévue le mardi 8 juillet, réunira Hamza et Abdelhamid Bouchnak autour du concert « Ragouj », inspiré de la série éponyme réalisée par ce dernier. Entre nostalgie télévisuelle et modernité musicale, les frères promettent un final tout en énergie.

Le rappeur JenJoon, alias Omar Twihri, montera sur scène le 1er juillet avec « Cadences Orchestre », un spectacle qui fusionne hip-hop et arrangements orchestraux. La chanteuse engagée Emel Mathlouthi, figure incontournable de la scène alternative, se produira le lendemain, mercredi 2 juillet.

Le chanteur égyptien Tul8te, véritable phénomène musical du monde arabe, se produira le 29 juin. Toujours masqué, il entretient le mystère autour de son identité tout en fédérant un large public avec ses titres à succès.

Le lundi 30 juin, la chanteuse libanaise Cindy Latty rendra hommage à Oum Kalthoum avec « Kalthoumiyet », accompagnée de l’orchestre dirigé par le violoniste tunisien Mohamed Lassoued.

Le festival s’ouvrira également à d’autres horizons musicaux. Le 4 juillet, la chanteuse britannique Lily Lyons partagera la scène avec l’Afro Arabik Walzer Orchestra, formation autrichienne qui marie jazz, classique et musique orientale.

Le 5 juillet, place à la world music avec le spectacle « Dreams Come True », interprété par l’artiste Norbe et l’Orchestre philharmonique de Barcelone, pour une soirée entre émotions et métissages culturels.

Programme

Samedi 28 juin : Fi hadhrat ettarab ettounsi – Eya Daghnouj
Dimanche 29 juin : Tul8te
Lundi 30 juin : Kalthoumiyet – Cindy Latty & Orchestre Mohamed Lassoued
Mardi 1er juillet : Cadences Orchestre – JenJoon
Mercredi 2 juillet : Emel Mathlouthi
Vendredi 4 juillet : Lily Lyons & Afro Arabik Walzer Orchestra
Samedi 5 juillet : Dreams Come True – Norbe & Orchestre philharmonique de Barcelone
Mardi 8 juillet : Ragouj – Abdelhamid & Hamza Bouchnak

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Cannes 2025 – « Woman and Child », le grand absent du palmarès

Pour la deuxième fois, Saeed Roustaee quitte le Festival de Cannes sans figurer au palmarès officiel, et cela demeure difficilement compréhensible. En 2022, son remarquable Leila et ses frères avait certes remporté le Prix FIPRESCI, mais n’avait reçu aucune récompense du jury officiel. Cette année, avec Woman and Child, le cinéaste iranien livre pourtant un nouveau film puissant, parfaitement maîtrisé, qui aurait largement mérité une reconnaissance à la hauteur de son audace et de sa profondeur.

Présenté en sélection officielle au 78ème Festival de Cannes, Woman and Child (Zan o Bacheh, en version originale) a immédiatement marqué les esprits lors de sa première au Grand Théâtre Lumière. Accueilli par une longue standing ovation, ce film bouleversant illustre avec force les tensions sociales et intimes qui agitent l’Iran d’aujourd’hui.

Saeed Roustaee, réalisateur iranien né en 1989 à Téhéran, s’est imposé comme l’un des cinéastes les plus pertinents de sa génération. Diplômé de l’Université Soore de Téhéran, il est connu pour ses œuvres incisives telles que Life and a Day (2016) et La Loi de Téhéran (2019), qui explorent les fractures sociales et les violences au sein de la société iranienne. Saeed Roustaee est aussi un artiste dont la liberté d’expression a été mise à rude épreuve. Son film Leila et ses frères (2022), présenté à Cannes sans l’aval des autorités iraniennes, lui a valu des démêlés judiciaires importants, avec une condamnation à six mois de prison avec sursis pour « propagande contre le régime ».

Woman and Child se concentre sur le parcours de Mahnaz, interprétée avec une intensité remarquable par Parinaz Izadyar, une infirmière veuve qui élève seule ses enfants dans le Téhéran contemporain, avec l’aide de sa mère chez laquelle elle vit. Alors qu’elle s’apprête à refaire sa vie avec Hamid, son fiancé joué par Payman Maadi, un drame familial survient : le fils de Mahnaz est renvoyé de l’école, et bientôt, un accident tragique vient bouleverser le fragile équilibre familial. Ce choc intime devient le révélateur de tensions plus larges, sociales et politiques, qui traversent la société iranienne.

Le synopsis pourrait sembler classique à première vue, mais c’est dans la manière dont Saeed Roustaee construit cette histoire qu’émerge toute la force du film. La narration est subtile, entre suspense et émotion brute, et jamais le réalisateur ne cède à la facilité. Le film déroute par ses nombreux retournements narratifs, ces twists qui bousculent notre compréhension des personnages et de leur réalité, tout en maintenant une tension dramatique jusqu’à la dernière minute. Cette construction complexe, digne d’un thriller psychologique, épouse brillamment la montée d’une tension sociale palpable dans l’Iran d’aujourd’hui.

L’une des grandes forces du film réside dans son portrait d’une femme iranienne contemporaine, confrontée à une société patriarcale et répressive. Mahnaz est une figure d’indépendance et de résistance, qui lutte pour sa liberté et celle de ses enfants. Mais son combat est aussi celui de toutes les femmes iraniennes, enfermées dans un système rigide où le poids des traditions misogynes, des lois et des normes religieuses, pèse lourdement. À travers elle, Saeed Roustaee donne une voix à une population qui souffre en silence, un cri étouffé mais vibrant. Ce portrait social est d’autant plus fort qu’il est porté par l’interprétation intense et juste de Parinaz Izadyar, saluée à l’unanimité par la critique. Beaucoup ont estimé qu’elle méritait haut la main le Prix de la meilleure interprétation féminine à Cannes, tant son jeu mêle vulnérabilité et force, douleur et rage contenue.

 

Cannes 2025 – Montée des marches pour l’équipe du film « Woman and child »

 

Mais cette œuvre sociale majeure n’a pas échappé à la polémique. Woman and Child a suscité une controverse avant même sa présentation à Cannes. L’Association des cinéastes iraniens indépendants (IIFMA) a accusé Saeed Roustaee de faire de la « propagande » pro-régime, en raison notamment de l’obtention d’un permis de tournage — perçu comme une marque de compromission — et de la représentation de femmes voilées, y compris dans des scènes se déroulant dans la sphère domestique. Selon l’IIFMA, cela constituerait une trahison du mouvement « Femme, Vie, Liberté », né après la mort de Mahsa Amini et qui a profondément bouleversé la société iranienne.

Roustaee a répliqué publiquement en expliquant que l’autorisation officielle n’était qu’une formalité administrative indispensable pour mener à bien le film féministe qu’il avait en tête. Il a revendiqué son œuvre comme relevant d’un « cinéma de résistance », affirmant que le film devait justement parler de l’émancipation féminine depuis l’intérieur du système, afin de pouvoir atteindre le public iranien.

Lors de la conférence de presse qui a suivi la projection, Roustaee a été interrogé sur la question de l’autocensure, notamment à la lumière de l’interdiction en Iran de son troisième film, Leila et ses frères. Il a répondu qu’il ne savait pas exactement si, dans son inconscient, il s’autocensurait. Âgé de 35 ans et vivant en Iran, il connaît bien son cinéma, qui s’inscrit dans la continuité du cinéma social iranien des 45 dernières années. Il ne sait pas jusqu’où il s’autocensure, si c’est le cas, mais il fait des films pour être vus par le public iranien dans les salles du pays. Il admet donc qu’il fait sûrement attention à certains aspects pour que cela soit possible.

D’autres critiques ont rejoint ce débat, cette fois au sein même de la diaspora iranienne. Certains reprochent à Roustaee de ne pas montrer des femmes assez libres ou assez émancipées à l’écran, estimant qu’il reste trop prudent dans sa manière de les représenter. Alors que, dans la réalité iranienne, un nombre croissant de femmes choisissent de ne pas porter le voile dans la sphère publique, certains lui reprochent de montrer des personnages féminins voilés à la maison, ce qui pourrait être interprété comme une forme d’acceptation ou de normalisation d’une norme imposée. D’autres réalisateurs iraniens ont, ces dernières années, cherché à ne pas respecter cette règle : par exemple Mohammad Rasoulof a choisi, dans son film Le Diable n’existe pas (2020), de montrer des femmes non voilées dans la sphère privée ; ou plus récemment encore Jafar Panahi, dont on voit une femme non voilée y compris dans la rue dans son film Un simple accident. Roustaee, par son travail, navigue avec subtilité dans ces eaux troubles, ce qui ne peut que susciter débats et questionnements.

 

Cannes 2025 – Le réalisateur Saeed Roustaee, les acteurs Payman Maadi, Parinaz Izadyar et l’enfant Arshida Dorostkar

 

Sur le plan de la direction d’acteurs, le film brille aussi par la complicité entre Saeed Roustaee et Payman Maadi, acteur qu’il considère comme son « acteur fétiche ». Leur collaboration remonte à Life and a Day, et depuis, Maadi incarne souvent des personnages complexes, révélateurs des contradictions de la société iranienne. Dans Woman and Child, son interprétation de Hamid ajoute une couche supplémentaire à la tension dramatique, entre soutien et conflit familial.

L’écriture du film mérite également une mention spéciale. Le scénario, solidement construit, explore de manière subtile mais incisive les thèmes du deuil, de la justice, et de la condition des femmes. Ce qui fait la force du récit, c’est sa capacité à mêler un drame intime et une critique sociale profonde. La tension narrative est savamment orchestrée, chaque scène apportant son lot de révélations et de retournements, ce qui rend la progression du film captivante et parfois déconcertante. Selon moi, Woman and Child aurait mérité un prix du meilleur scénario à Cannes, tant ce travail d’écriture épouse parfaitement la complexité psychologique des personnages tout en reflétant la réalité sociale iranienne.

Le film est donc une œuvre qui témoigne d’un esprit rebelle profond, d’une volonté farouche de faire entendre une voix féminine dans un contexte où celle-ci est souvent réduite au silence. Woman and Child n’est pas seulement le portrait d’une femme isolée : c’est aussi un miroir de la société iranienne contemporaine, où traditions, religion, pouvoir patriarcal et aspirations individuelles s’entrechoquent douloureusement.

Mais au-delà de son sujet immédiat, Woman and Child interroge aussi, en filigrane, la notion même de responsabilité dans une société où les lignes d’autorité sont brouillées. Où commence l’autorité d’un parent ? Jusqu’où s’étend celle de l’État, de la tradition, ou même de la famille élargie ? En abordant la question de la justice et de la garde des enfants, Saeed Roustaee ouvre la voie à une réflexion plus large sur la manière dont les sociétés patriarcales organisent — ou désorganisent — les liens familiaux et sociaux. Dans un pays où la tutelle légale des enfants est encore majoritairement confiée aux hommes, qu’advient-il des femmes lorsqu’elles réclament, non pas un statut, mais un droit à la voix, à la colère, et à l’auto-détermination ?

Par ailleurs, Woman and Child pose en creux une question plus vaste : que peut encore le cinéma face à la censure, à l’oppression, ou à l’indifférence des institutions ? Jusqu’où un cinéaste peut-il résister tout en restant audible ? Jusqu’où peut-il aller pour défendre sa liberté d’expression et de création ? Faut-il aller jusqu’à quitter son pays, comme l’a fait Mohammad Rasoulof ? Faut-il braver la justice, comme l’a fait Jafar Panahi ? Ces interrogations, laissées en suspens, prolongent la portée du film bien au-delà de l’écran — et convoquent, pour les spectateurs comme pour les programmateurs, une réflexion urgente sur le rôle politique et symbolique de l’art.

Neïla Driss

 

 
 
 

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Cannes 2025 – La voix de Fatma Hassouna, plus forte que jamais

Présenté dans la section ACID au Festival de Cannes 2025, le film « Put Your Soul on Your Hand and Walk » a été suivi d’une conférence de presse marquée par les interventions de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU, et de représentants d’ONG actives sur le terrain. Tous ont souligné l’importance de faire entendre la voix de Fatma et des Palestiniens, et dénoncé les mécanismes qui cherchent à réduire au silence les témoins de crimes.

Sous un soleil éclatant, ils étaient nombreux à s’être rassemblés au Pavillon Palestinien du Village International du Festival de Cannes pour assister à la conférence de presse bouleversante organisée par la cinéaste iranienne Sepideh Farsi, réalisatrice du documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk, présenté dans la sélection ACID au Festival de Cannes 2025. L’assistance, en très grande majorité occidentale, comprenait des journalistes et des cinéastes, dont l’acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart, membre du Jury Un Certain Regard, venu témoigner de son soutien. Un événement à la fois politique et intime, marqué par une émotion vive, une indignation collective et un besoin urgent de témoignage.

 

L’acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart, membre du Jury Un Certain Regard

 

Le point de départ de cette conférence était tragique : la photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna, qui a travaillé avec Sepideh Farsi sur le film, a été assassinée par l’armée israélienne vingt-quatre heures seulement après l’annonce de la sélection du film à Cannes. « Elle a été tuée parce que le film a été sélectionné, et personne n’a rien fait », a déclaré Sepideh Farsi, ajoutant que c’était la première fois dans le monde qu’une personne était tuée en représailles directes à la sélection d’un film dans un festival de cinéma.

Sepideh Farsi a lu publiquement un extrait du rapport d’enquête sur l’assassinat de Fatma Hassouna. Le texte, bouleversant, démontre clairement qu’elle a été « visée exprès ». 

 

 

À ses côtés, des voix engagées. Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés, était présente, ainsi que des représentants de Reporters Sans Frontières, de Médecins Sans Frontières, d’Amnesty International, et d’autres ONG. Tous ont pris la parole. Tous ont dénoncé ce qu’ils qualifient clairement de génocide.

Francesca Albanese a ouvert son intervention par une déclaration lourde : « Au moment même où nous parlons, des Palestiniens sont en train d’être tués par centaines. Cela fait vingt mois de massacre non-stop. » Elle a exprimé son malaise à Cannes, en découvrant les festivités dans une ville qui semble vivre « dans une bulle », pendant que « des enfants palestiniens meurent de faim ». Venue pour soutenir la presse indépendante qui essaye de donner une voix aux palestiniens parce que les mainstream sont silencieux, elle a insisté sur le rôle crucial des journalistes dans la documentation des crimes commis, et sur le fait qu’ils sont aujourd’hui « délibérément ciblés ». Selon elle, Israël serait dans une « phase finale de l’extermination des Palestiniens, y compris en Cisjordanie ».

Elle a rappelé que « 200 journalistes ont été tués, plus que lors de la Seconde Guerre mondiale, plus que dans toute autre guerre au monde ». C’est, selon elle, un génocide manifeste : « Dès le début, l’intention a été l’extermination, et ils le disaient ouvertement. » Et de souligner que Gaza a mis à nu les failles des démocraties occidentales et le caractère « élastique » des droits humains. « Les droits de l’homme sont en train d’être tués, et ils nous manqueront quand ils ne seront plus là », a-t-elle conclu.

Un message de Ken Loach a été lu à cette occasion. Le réalisateur britannique, absent physiquement, a tenu à exprimer sa solidarité. Dans sa lettre, il rappelle que « le monde regarde, mais personne ne réagit ». Il insiste : « Tous les États ont l’obligation d’arrêter un génocide. Ils doivent agir. Ils disent respecter la loi, mais ils ne font rien. »

La représentante d’Amnesty International a ensuite pris la parole. Elle a rappelé que son organisation, qui documente la situation depuis vingt mois, a publié en décembre dernier un rapport concluant que « Israël commet un génocide », tel que défini par le droit international. Elle a décrit la situation à Gaza comme celle d’un peuple affamé, privé d’eau, d’électricité, de nourriture. « Israël est en train de détruire les mosquées, les églises, tout ce qui constitue la mémoire palestinienne. Il détruit aussi le futur, en attaquant écoles, universités, tout ce qui pourrait permettre une vie. »

Elle a affirmé que « tout est documenté », que « personne ne pourra dire qu’il ne savait pas ». Le monde, selon elle, est « à un carrefour », et les États échouent à agir, et cela restera dans les consciences. Elle a appelé à la fin de l’impunité et à un embargo sur les armes et à la responsabilité des États qui continuent à fournir Israël. « Netanyahou doit être traduit devant la justice. Aucune immunité. »

 

 

Un témoignage particulièrement fort est venu d’une membre de Médecins sans frontières, qui revenait tout juste de Gaza. Elle y a passé plusieurs mois, depuis décembre. Elle a décrit des conditions de vie inhumaines : « Les gens n’ont plus rien. Pas de travail, pas de nourriture, pas d’eau, pas de soins. Tout a été détruit. Les enfant seuls, sans familles, se comptent par milliers». Elle a expliqué que la population est déplacée en permanence, que les gens vivent avec des inconnus, qu’ils doivent brûler n’importe quoi pour faire du feu, faute de gaz, ce qui entraîne de nombreux brûlés. Et que la moitié des patients qui arrivaient dans les hôpitaux mourraient, faute de soins adaptés.

Elle a rappelé que depuis onze semaines, aucune aide n’est entrée dans Gaza. L’aide humanitaire est retenue à l’extérieur. Elle a précisé que lorsqu’il y avait de l’aide qui entrait à Gaza, plusieurs produits étaient interdits, y compris le matériel médical.
« Contrairement aux allégations d’Israël, l’aide n’allait pas au marché noir, elle était réellement distribuée par les ONG. » Aujourd’hui, Israël veut imposer la distribution de l’aide uniquement dans le Sud, dans le but de forcer les déplacés à s’y concentrer. « 80 % du territoire est sous ordre d’évacuation, il ne reste que 20 % pour tout le monde, sans eau, sans sanitaires, sans hygiène, et toujours sous les bombes. »

Elle a décrit la situation dans les hôpitaux : médecins exténués, médecins étrangers bloqués à l’entrée, ONG empêchées d’agir, plus de matériel, plus de médicaments, plus rien. « Nos collègues palestiniens travaillent jour et nuit alors qu’ils vivent dans les mêmes conditions que tous, qu’ils ont faim et que leurs familles sont sous les bombes. »

Le drame de Fatma Hassouna a été abordé à nouveau : six membres de sa famille sont morts sur le coup, sa mère a survécu mais, en ouvrant les yeux, a refusé de se nourrir. « Elle ne voulait plus vivre », a-t-elle dit.

 

 

Le représentant de Reporters Sans Frontières a poursuivi : « Chaque fois qu’un journaliste est tué, il faut faire du bruit. Or, cela fait vingt mois que les journalistes sont tués en permanence. » RSF a porté plainte, mais l’impunité persiste. « C’est grâce aux journalistes que le monde voit ce génocide. » Il s’est indigné qu’on pose aujourd’hui la question à chaque fois qu’un journaliste est tué : « Êtes-vous sûr que ce journaliste n’était pas un terroriste ? » Une question dangereuse, selon lui, qui alimente la violence.

« Fatma était une photojournaliste. Grâce à elle, nous voyons Gaza. Elle a payé de sa vie. Elle n’a pas été la dernière. Il faut que cela cesse. Chaque personne dans le monde doit dire NON. »

Sepideh Farsi a tenu à rappeler que le combat pour la Palestine ne devait pas être assimilé à une hostilité envers d’autres peuples. « Se battre pour une cause n’empêche pas de se battre pour une autre. Parler pour la Palestine ne fait pas de nous des antisémites. Il s’agit simplement de défendre des vies humaines. »

Elle a évoqué les mandats d’arrêt contre Netanyahou et d’autres responsables israéliens. Elle espérait qu’ils changeraient les choses. Fatma lui avait dit que non. Et en effet, « cela n’a rien changé ».

C’est le réalisateur Rashid Masharawi, né et grandi à Gaza, qui a conclu l’événement. En contact permanent avec sa famille, il a partagé un échange récent avec son frère. Ce dernier vit avec trente personnes dans un appartement. On leur a ordonné d’évacuer. Il doit décider pour tous: « Rester et risquer d’être tués ou partir et risquer d’être tués. » Une responsabilité qu’il a peur d’assumer.

Il a évoqué un programme d’aide mené avec la productrice Laura Nikolov pour faire sortir une trentaine d’artistes de Gaza, mais la majorité reste livrée à elle-même. « Nous aimons la vie. Cela finira un jour. Mais il restera une honte pour certains pays qui ont permis, et même aidé, à cela. »

Rashid a aussi dénoncé la régression démocratique. Il a évoqué les États-Unis, mais aussi la France : « Cette conférence devait avoir lieu au Majestic. Sans raison, elle a été annulée. Heureusement, le Pavillon palestinien nous a ouvert ses portes. »

 

Le réalisateur palestinien Rashid Masharawi et des photos de Fatma Hassouna

 

Francesca Albanese est intervenue une dernière fois pour rappeler que les humanitaires et les acteurs privés ne pouvaient pas être les seuls à agir : « Il faut un engagement politique ». Elle a insisté sur l’anormalité d’une situation où ceux qui dénoncent sont systématiquement combattus – que ce soit à titre personnel ou à travers la suppression des financements de leurs ONG. « Ce n’est pas normal », a-t-elle répété. Elle a également évoqué les entraves documentées à la liberté d’expression : les interdictions de manifester en faveur des Palestiniens, y compris en France, et la répression violente subie par les étudiants aux États-Unis. « Beaucoup ont été poussés au silence pour avoir dénoncé un génocide. Or c’est bien un génocide. »

La conférence s’est conclue par un remerciement appuyé à l’ACID, aux journalistes qui ont relayé la voix de Fatma, et à tous ceux qui ont fait le choix de ne pas se taire.

Le film Put Your Soul on Your Hand and Walk a été projeté à Cannes à guichets fermés, dans des salles combles. Le public y était très nombreux, attentif et profondément touché. La presse internationale s’est emparée du film et de son histoire, lui offrant une large couverture. Fatma Hassouna avait dit qu’elle voulait que sa mort fasse du bruit. Israël l’a assassinée pour que sa voix ne porte pas. Or, c’est l’inverse qui s’est produit : sa voix est devenue plus forte. Selon le vendeur international du film, celui-ci a déjà été demandé par plusieurs festivals et distributeurs, et il sortira prochainement dans de nombreux pays.

Neïla Driss

 
 

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Cannes 2025 – L’iranien Jafar Panahi sacré, l’irakien Hasan Hadi distingué

La 78e édition du Festival de Cannes s’est achevée dans une atmosphère d’apaisement et de satisfaction partagée, portée par une sélection dense, exigeante, et un palmarès d’une rare justesse. Sur le tapis rouge du Palais des Festivals, les membres du jury sont apparus aux côtés des équipes de films venues saluer une dernière fois la Croisette, avant de découvrir le verdict tant attendu.

Douze jours durant, les cinéphiles, journalistes et festivaliers ont vibré au rythme des vingt-deux films en compétition. Dans les files d’attente, les halls d’hôtels ou les abords des salles, les discussions allaient bon train. Les favoris changeaient au gré des projections, les arguments s’échangeaient avec fougue, les certitudes chancelaient. Chacun défendait sa vision, ses émotions, ses élans : entre la force émotionnelle de Valeur sentimentale de Joachim Trier, la radicalité sensorielle de Sirât du cinéaste hispano-français Oliver Laxe ou encore la complexité politique d’Un simple accident du réalisateur iranien Jafar Panahi, les propositions remarquables ne manquaient pas. À ces œuvres déjà mémorables s’ajoutait l’énigmatique Kuang Ye Shi Dai (Resurrection) de Bi Gan, une proposition inclassable, mais inoubliable.

Laurent Lafitte, maître de cérémonie, a lancé la soirée de clôture sans préambule, dévoilant un palmarès très attendu dans une ambiance à la fois recueillie et joyeuse. Un instant inattendu est toutefois venu rompre le protocole : l’acteur américain John C. Reilly, chargé de remettre le prix du scénario à Jean-Pierre et Luc Dardenne pour leur film Jeunes mères, a choisi l’humour pour alléger l’atmosphère. Évoquant la panne d’électricité survenue dans la journée, il a plaisanté : « Chaque fois que je viens à Cannes, il se passe quelque chose. Cette fois, c’est mon anniversaire ! » Puis, à la surprise générale, il s’est mis à chanter La Vie en rose en anglais — la seule version, a-t-il avoué, qu’il connaissait — avant de s’excuser avec un sourire désarmant.

Le Prix du Jury, attribué ex-aequo, a été l’un des moments les plus émouvants de la soirée. Il est revenu à Sirât d’Oliver Laxe et à Sound of Falling de la réalisatrice allemande Mascha Schilinski. Sur scène, le discours d’Oliver Laxe a pris des allures de prière humaniste. S’exprimant en arabe, il a cité un verset coranique : « Nous vous avons créés en peuples et tribus afin que vous vous connaissiez. » Une parole qu’il a confié avoir entendue de la bouche d’un chauffeur de taxi palestinien lors d’un festival à Jérusalem, et qui a profondément marqué sa vision du monde.

 

Cannes 2025 – Le Prix du Jury, attribué ex-aequo à Sirât d’Oliver Laxe

 

Le prix de la mise en scène est allé au Brésilien Kleber Mendonça Filho pour O Agente Secreto, une adaptation contemporaine, nerveuse et explosive d’un récit d’espionnage. Wagner Moura, bouleversant dans le rôle principal, a reçu le prix d’interprétation masculine pour ce même film. Le prix d’interprétation féminine a quant à lui couronné Nadia Melliti, pour son rôle dans La petite dernière de Hafsia Herzi.

 

Cannes 2025 – Le prix d’interprétation féminine à Nadia Melliti

 

Un prix spécial du Jury a été attribué à Résurrection. Il était difficile d’imaginer une autre distinction pour ce film étrange et singulier, tant il semble résister à toute classification. Une œuvre hors normes, donc, pour un prix hors catégories.

En revanche, l’absence remarquée de Woman and Child de Saeed Roustaee a laissé un goût d’inachevé. Le film, d’une grande justesse, n’a reçu aucune récompense, et son actrice principale, Parinaz Izadyar, aurait mérité de repartir avec le prix d’interprétation. Son jeu, d’une richesse remarquable, embrassait une large palette d’émotions, de la mère endeuillée à la femme abandonnée, de la sœur trahie à l’amante blessée. Un rôle intense, pour un très beau film, qui n’a visiblement pas su émouvoir les membres du jury.

Comme je l’avais pressenti dès les premières projections, et anticipé dans mon article Cannes 2025 – Pronostics croisés à quelques heures du palmarès, les deux plus hautes distinctions ont été décernées aux œuvres qui avaient su le plus toucher à la fois le public et la critique. La Palme d’or a été attribuée à Un simple accident de Jafar Panahi, un film d’une sobriété radicale, tendu comme un fil de rasoir ; tandis que le Grand Prix est allé à Affeksjonsverdi (Valeur sentimentale) de Joachim Trier, une œuvre d’une subtilité bouleversante. Ces deux récompenses majeures ont été accueillies avec un rare consensus. Pour la première fois depuis longtemps, le palmarès semblait faire l’unanimité : nul n’a parlé d’injustice, d’absurde ou d’oubli criant.

Cannes 2025 – Grand Prix à Affeksjonsverdi (Valeur sentimentale) de Joachim TRIER

 

Juliette Binoche, présidente du jury, a pris la parole dans un discours sensible, évoquant les artistes et les peuples qui souffrent à cause de leurs opinions, et rappelant la force de l’art lorsqu’il puise dans la compassion, la tendresse, et une humanité partagée. L’art, a-t-elle affirmé, provoque, questionne, bouleverse, et révèle en nous des dimensions insoupçonnées ; il mobilise notre part la plus précieuse, la plus vivante, et transforme les ténèbres en espérance. C’est à cette lumière qu’elle a expliqué le choix du jury pour la Palme d’or.

Récompensé pour Un simple accident, Jafar Panahi, déjà lauréat du Lion d’or à Venise en 2000 pour Le Cercle et de l’Ours d’or à Berlin en 2015 pour Taxi Téhéran, a prononcé un discours d’une intensité bouleversante, qui a profondément ému la salle :

« Avant de dire quelque chose, permettez-moi de remercier ma famille, pour tout le temps où je n’étais pas présent avec eux, et toute mon équipe. Ils m’ont accompagné sur ce chemin pour qu’on fasse ce film ensemble. Je vous remercie aussi toute l’équipe qui m’a accompagné ici en France pour la post-production. Je crois que c’est le moment de demander à tous les gens, tous les Iraniens, avec toutes les opinions différentes, partout dans le monde, en Iran ou ailleurs… je me permets de demander une chose : mettons tous les problèmes, toutes les différences de côté. Le plus important en ce moment, c’est notre pays et sa liberté. Ensemble. Que personne n’ose nous dire ce qu’il faut faire correctement, ce qu’il faut dire ou ne pas dire, ce qu’il faut manger… Le cinéma, c’est une société. Personne n’a le droit de nous dicter notre conduite. J’espère ce jour. Je vous remercie tous, je remercie le Festival de Cannes et tout le monde présent. »

 

Cannes 2025 – Palme d’or : Un simple accident de Jafar PANAHI

 

Un autre moment fort de cette soirée a été la remise de la Caméra d’or, récompensant le meilleur premier film toutes sections confondues. Pour la première fois de son histoire, le Festival a couronné une œuvre venue d’Irak. La présidente du jury, la cinéaste italienne Alice Rohrwacher, a remis la distinction à The President’s Cake de Hasan Hadi, présenté à la Quinzaine des cinéastes. « Une œuvre qui nous a hantés, moi et mon jury, comme un fantôme », a-t-elle confié. Le film se déroule sous le régime autoritaire irakien : la jeune Lamia, neuf ans, tente de rassembler les ingrédients nécessaires à la préparation d’un gâteau, pour commémorer l’anniversaire de la mort de Saddam Hussein. Une fable grinçante et poignante sur l’enfance, la mémoire, et l’absurdité du pouvoir.

 

Le Palmarès du 78e Festival de Cannes :

Le Jury, présidé par Juliette Binoche et composé de Halle Berry, Payal Kapadia, Alba Rohrwacher, Leïla Slimani, Dieudo Hamadi, Hong Sangsoo, Carlos Reygadas et Jeremy Strong, a distingué les films suivants parmi les 22 en Compétition :

Longs Métrages :

  • Palme d’or : Un simple accident – Jafar PANAHI
  • Grand Prix : Affeksjonsverdi (Valeur sentimentale) – Joachim TRIER
  • Prix du Jury (ex-aequo) : Sirât d’Oliver LAXE et Sound of Falling  de Mascha SCHILINSKI
  • Prix de la Mise en Scène : Kleber MENDONÇA FILHO pour O Agente Secreto (L’Agent secret)
  • Prix du scénario : Jean-Pierre et Luc DARDENNE pour Jeunes mères
  • Prix d’interprétation féminine : Nadia MELLITI dans La petite dernière de Hafsia HERZI
  • Prix d’interprétation masculine : Wagner MOURA dans O Agente Secreto de Kleber MENDONÇA FILHO
  • Prix spécial du Jury : Kuang Ye Shi Dai (Resurrection) – Bi GAN

Courts Métrages :

  • Palme d’or : I’m Glad You’re Dead Now – Tawfeek BARHOM
  • Mention spéciale : Ali – Adnan AL RAJEEV

 

Cannes 2025 – Palme d’or : I’m Glad You’re Dead Now – Tawfeek BARHOM

 

Caméra d’or

  • The President’s cake de Hassan HADI – Quinzaine des Cinéastes
  • Mention Spéciale : My Father’s shadow d’Akinola DAVIES Jr – Un Certain Regard

 

Cannes 2025 – Caméra d’Or pour The President’s cake de Hassan HADI

 

À l’issue de cette cérémonie de clôture, il reste le souvenir d’un festival riche et profondément cohérent, où la diversité des récits, la profondeur des regards et la sincérité des propositions artistiques ont guidé les choix. Un millésime 2025 qui, sans chercher l’éclat à tout prix, s’est imposé par son équilibre, sa justesse, et cette forme rare d’évidence qui fait les grands palmarès.

Neïla Driss

 
 
 
 
 
 
 

 

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Cannes 2025 – Pronostics croisés à quelques heures du palmarès

Le rideau s’apprête à tomber sur la 78e édition du Festival de Cannes. Dans quelques heures, le jury présidé par Juliette Binoche dévoilera son palmarès. Une édition riche, où les propositions esthétiques se sont multipliées, avec un équilibre délicat entre cinéma politique, récits intimes, expérimentations formelles et grandes performances d’acteurs. À mesure que la fin approche, les spéculations se multiplient, les critiques échangent, comparent, défendent leurs coups de cœur. Et comme souvent, les pronostics divergent.

Du côté de la presse internationale, deux titres émergent très nettement parmi les favoris pour la Palme d’or. Le plus souvent cité est Sentimental Value du Norvégien Joachim Trier, un drame familial tout en délicatesse, porté par Renate Reinsve et Stellan Skarsgård. Le film a ému jusqu’aux larmes une partie de la critique, et sa projection a été suivie d’une ovation de 19 minutes. Sensible, fin, d’une rare justesse émotionnelle, Sentimental Value s’inscrit dans la lignée des œuvres intimistes célébrées à Cannes ces dernières années. Distribué par Neon, déjà derrière plusieurs Palmes récentes, il coche toutes les cases du favori « raisonnable ».

Mais un autre titre revient aussi régulièrement dans les papiers des journalistes : Un simple accident/It Was Just an Accident de Jafar Panahi, film iranien audacieux, politique, drôle et tragique à la fois. Jafar Panahi, toujours empêché de tourner dans son pays, livre ici un récit d’une grande liberté formelle, où la satire sociale s’infiltre par les ressorts d’une comédie presque burlesque. Beaucoup de critiques saluent ce film comme l’un des plus percutants de la sélection. Y compris moi-même.

Un simple accident vient d’ores et déjà de remporter le Prix de la Citoyenneté 2025 décerné par l’association Clap Citizen Cannes.

Ce sont justement les deux films que je place, personnellement, tout en haut de ma propre liste. Il me reste encore trois films en compétition à découvrir, mais ceux-là s’imposent déjà par leur puissance. Jafar Panahi d’un côté, pour sa capacité à dire l’Iran d’aujourd’hui, et d’ailleurs l’humanité entière, avec un humour noir salutaire, et Joachim Trier de l’autre, pour cette manière bouleversante de raconter le deuil, l’amour filial et le temps qui passe. Deux propositions radicalement différentes, mais également maîtrisées.

Pour les prix d’interprétation, la critique internationale penche volontiers du côté de Josh O’Connor (The Mastermind) et Yui Suzuki (Renoir), souvent cités comme favoris. Des performances sans doute solides, mais pour ma part, mes regards se portent ailleurs.

Du côté féminin, Parinaz Izadyar m’a bouleversée dans Woman and Child de Saeed Roustaee. Elle incarne une mère prise dans une situation sociale et judiciaire infernale avec une pudeur et une intensité remarquables. Son visage hanté, sa dignité blessée, sa détermination muette : elle compose un personnage inoubliable.

Renate Reinsve a aussi été grande dans son rôle dans Sentimental value, la scène de panique avant sa première est juste extraordinaire. Tout le long du film, elle a su jouer son rôle avec une grande palette d’émotions justes.

Une autre possibilité réside peut-être dans Léa Drucker, formidable dans Dossier 137. Elle joue avec une grande précision, rendant palpable l’ambiguïté morale de son personnage. Un rôle difficile, tenu avec une rigueur. Elle est un peu la préférée de la presse française.

Chez les hommes, pourquoi ne pas imaginer Tahar Rahim couronné pour Alpha de Julia Ducournau? Sa performance est toute en tension, traversée d’une rage contenue, d’un désespoir brut. Il impressionne par son engagement total dans ce rôle physique et intérieur à la fois. Peu de journalistes l’ont cité dans leurs pronostics, mais cela ne veut rien dire à Cannes.

En ce qui concerne les autres prix, la presse semble assez unanime sur la qualité de The Secret Agent de Kleber Mendonça Filho, souvent évoqué pour un Grand Prix. Film ambitieux, dense, politique, il s’impose par la maîtrise de sa narration, sa puissance visuelle et sa portée contemporaine. Il figure aussi dans mes choix personnels.

Quant à Woman and Child, il mériterait selon moi au moins un prix du meilleur scénario, tant sa construction narrative épouse brillamment la tension sociale et l’effondrement intime. Le travail de Saeed Roustaee, sur le plan de l’écriture, est remarquable. Le film déroute par ses différents « twists », à chaque fois qu’on a l’impression que le film va dans une direction, il en prend une autre, à notre grande surprise. Sans oublier que le suspense demeure jusqu’à la dernière minute.

Un autre film a fait couler beaucoup d’encre : Sirat, régulièrement cité par les critiques pendant le festival. Il a marqué, dérouté, provoqué. Sa place dans le palmarès est possible, bien que son extrême singularité puisse aussi le desservir. Il fascine autant qu’il interroge : c’est souvent bon signe à Cannes, mais le jury en décidera.

Dans tous les cas, les lignes ne sont pas encore figées. La variété des films cités, les divergences d’opinion, les surprises possibles – tout cela rappelle que le palmarès cannois échappe souvent aux logiques linéaires. Et c’est ce qui le rend si passionnant.

Rendez-vous ce soir pour la réponse du jury. Les dés sont lancés, les jeux sont faits !

Neïla Driss

 
 

 

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Cannes 2025 – « Sentimental Value », l’intime en héritage

Avec Sentimental Value, présenté cette année en compétition officielle au 78e Festival de Cannes, Joachim Trier revient là où il s’est imposé, film après film, comme l’un des cinéastes européens les plus sensibles et subtils de sa génération. Fidèle à la Croisette, le réalisateur norvégien avait bouleversé le public en 2021 avec Julie (en 12 chapitres) (The Worst Person in the World), qui avait valu à son actrice principale, Renate Reinsve, le prix d’interprétation féminine. Ce fut une révélation : l’éclosion d’un tandem artistique qui se prolonge et s’affirme aujourd’hui avec force dans ce nouveau film, troisième collaboration après Oslo, 31 août, Julie, et désormais Sentimental Value.

Joachim Trier signe ici une œuvre tout en finesse, une chronique familiale qui explore les strates invisibles du ressentiment, de l’héritage et de la transmission. Fidèle à sa manière, il mêle l’intime et l’universel avec une délicatesse rare. Il filme les familles comme d’autres filment les guerres : avec pudeur, mais sans jamais édulcorer la violence sourde des blessures.

L’histoire s’ouvre à Oslo, dans une maison au charme un peu désuet, très belle, mais marquée dès sa construction par un défaut minime et pourtant fondateur : une fissure dans les fondations, qui traverse les murs de tout un côté de l’édifice. Ce détail architectural, à peine signalé, devient immédiatement métaphorique. Il annonce le cœur du film : cette maison est le théâtre de l’histoire des Berg, une famille unie, mais rongée par les non-dits, les rancunes anciennes et les absences douloureuses. D’ailleurs, le film débute par quelques scènes retraçant l’histoire de cette famille dans cette maison, comme si l’espace lui-même conservait la mémoire des drames passés.

À la mort de la mère, deux sœurs se retrouvent : Nora, l’aînée, actrice hypersensible en proie au doute, et Agnes, plus posée, mère d’un jeune garçon. Leur père, Gustav, cinéaste célèbre mais longtemps absent, fait son retour à Oslo à cette occasion. Mais il ne revient pas seulement pour les funérailles. Il vient aussi pour proposer à sa fille Nora un rôle dans le film qu’il s’apprête à tourner, son premier depuis quinze ans. Ce geste, en apparence généreux, se teinte immédiatement d’ambiguïté : Gustav ne peut s’empêcher d’exprimer un mépris à peine voilé pour les choix artistiques de sa fille — notamment sa participation à une série télévisée — et trahit, dans chacune de ses attitudes, une incapacité chronique à manifester un amour paternel véritable. Le film s’installe alors dans cette tension : un père qui revient trop tard, une fille qui a cessé d’attendre, et une maison devenue le réceptacle d’une mémoire encombrée, saturée de ce qui n’a pas été dit.

Renate Reinsve, ici, est tout simplement magistrale. Dès la première séquence, où sa troupe de théâtre s’agite dans les coulisses pour la convaincre de monter sur scène, elle impose un personnage à la fois fragile, ancré, excessif, et d’une bouleversante vérité. Elle incarne une femme en déséquilibre, jamais tout à fait à sa place, que ce soit dans sa famille, dans sa carrière ou dans le monde. Elle ne cherche pas à séduire : elle explore. Elle se livre, entière, sans détour. Joachim Trier, comme toujours, sait filmer ses acteurs dans la nuance, mais avec elle, il y a quelque chose de plus : une complicité presque chorégraphique entre la mise en scène et l’interprétation. Renate Reinsve module chaque émotion dans une infinité de demi-teintes, elle porte le film avec une précision et une profondeur rares, sans jamais appuyer ses effets. Il devient difficile d’imaginer une autre actrice dans ce rôle tant elle semble l’habiter de l’intérieur, avec une sincérité organique.

Face à elle, Stellan Skarsgård est parfait dans le rôle du patriarche ambigu, à la fois distant et dominateur, parfois touchant dans sa maladresse, souvent insupportable dans sa suffisance. Son personnage est celui d’un homme qui n’a jamais su être père, mais qui continue à vouloir être metteur en scène, comme si ce statut pouvait tout excuser. Il parvient d’ailleurs à convaincre une actrice hollywoodienne, incarnée par Elle Fanning, de jouer dans son film. Une rencontre à Deauville, une admiration réciproque, et la magie semble opérer. Mais lorsque les répétitions commencent, dans la maison familiale, et que l’actrice s’attaque au rôle de la mère disparue, quelque chose résiste. La douleur réelle s’infiltre dans la fiction. Le passé refuse de se laisser dompter par la mise en scène.

Et peu à peu, la vérité se dévoile : pour que ce film-là puisse exister, il faudra que Nora l’incarne. Elle seule peut affronter cette mémoire, ce rôle, ce père. Elle seule peut rendre justice à ce que cette maison, ce deuil, cette histoire recèlent de blessures non guéries.

Avec Sentimental Value, Joachim Trier livre un film profondément mélancolique, mais traversé d’éclats d’humour discret. On y retrouve ses thèmes de prédilection — la famille, le deuil, la création, le lien père-fille — abordés avec un raffinement narratif encore plus épuré que dans ses œuvres précédentes. Il s’autorise même quelques touches de comédie absurde, dans certaines scènes, sans jamais rompre l’équilibre émotionnel du récit.

Le film prend toute sa dimension dans sa dernière partie, lorsque Gustav, enfin, filme. Un tournage, une caméra qui s’allume, une scène qui se rejoue dans la lumière du présent. C’est là que Trier, sans recours à aucun pathos, parvient à émouvoir profondément. Le cinéma devient réparation, ou du moins tentative de réparation. Il ne s’agit pas de réécrire le passé, mais d’en faire quelque chose. D’en extraire, peut-être, une valeur sentimentale.

Future Palme d’or ? Ou Prix de meilleure interprétation féminine ?

Neïla Driss

 

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