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Cyrine Mehiri, directrice de programme à l’incubateur « Wiki Startup » et experte en entrepreneuriat à La Presse : «L’expertise et le financement, deux leviers essentiels pour l’évolution des jeunes startupeurs»

Passer d’une simple idée à un véritable projet générateur de chiffres d’affaires et capable de développer un portefeuille clients relève d’un véritable combat pour des startuppeurs souvent novices en matière d’entrepreneuriat.

Dans cet entretien, Cyrine Mehiri, directrice de programme à l’incubateur Wiki Startup, revient sur le rôle déterminant des structures d’appui durant cette phase critique de la vie d’une start-up.

Entre financement et expertise, ces dernières accompagnent les porteurs de projet jusqu’à ce qu’ils franchissent ce cap.

La Presse — Quel type d’accompagnement proposez-vous aux startupeurs et aux entrepreneurs pour les aider à évoluer et à faire grandir leurs entreprises ?

Nous accompagnons les entrepreneurs en fonction de leurs besoins, afin de les aider à franchir un nouveau palier dans leur aventure entrepreneuriale. Notre rôle consiste à renforcer leurs compétences et leurs capacités dans le secteur dans lequel ils évoluent, en leur apportant une expertise approfondie et, surtout, en finançant leurs actions.

Sans financement, il est difficile d’atteindre les objectifs fixés. Ainsi, d’un côté, nous cherchons à les challenger, à les encourager à lancer de nouvelles activités, à développer des partenariats, à explorer d’autres marchés et à prospecter de nouveaux clients. De l’autre, nous finançons ces démarches afin qu’ils puissent atteindre leurs objectifs dans les délais impartis. Ces deux volets constituent les piliers d’un accompagnement efficace. Sans ce type de soutien, leur mission serait particulièrement difficile.

Ce schéma d’accompagnement que vous proposez a-t-il fait ses preuves?

Oui, tout à fait. Il faut rappeler que la vie entrepreneuriale n’est pas simple. Au début, on part d’une idée et on reste optimiste. Mais très vite, on se retrouve confronté à de nombreux obstacles qu’il est possible de surmonter grâce à l’aide et au soutien, d’où l’importance des structures d’accompagnement qui jouent un rôle essentiel.

Un entrepreneur qui travaille seul dans un bureau ne va pas nécessairement évoluer. Il faut rester à l’écoute du marché et être en contact permanent avec les acteurs clés à chaque étape. En tant que structure d’accompagnement, notre mission consiste notamment à ouvrir notre réseau de partenaires, constitué de plus de 350 experts techniques dans plusieurs domaines, ainsi que d’’une cinquantaine d’organisations internationales.

Nous avons déjà accompagné plus de 1.000 startupeurs et entrepreneurs, qui constituent aujourd’hui un réseau précieux pouvant être mis à disposition des nouveaux porteurs de projet. En plus du volet expertise, nous nous appuyons sur nos partenariats avec les sociétés de gestion de fonds, les « business angels » et les organismes publics qui financent ce type de démarches.

En somme, nous jouons le rôle d’intermédiaire entre les entrepreneurs, quel que soit leur niveau de maturité et l’ensemble de l’écosystème. C’est justement ce qui manque en Tunisie : codévelopper pour atteindre des objectifs plus ambitieux.

D’après votre expérience, quels sont les principaux obstacles auxquels les start-up sont confrontées et quelles sont les difficultés qui les empêchent réellement de franchir un cap ?

Malheureusement, le volet administratif freine fortement les choses. Par exemple, la création d’une entité juridique peut prendre jusqu’à trois mois, ce qui est particulièrement handicapant. Il n’existe pas, à proprement parler, de structure dédiée aux start-up. Car malgré le cadre réglementaire qui a été instauré pour les start-up avec des initiations et des réformes, sur le terrain, la création d’une start-up passe par une affiliation classique de PME.

Et donc pour caser notre start-up, il va falloir trouver un secteur où on peut classer notre idée. Il n’y a pas une vraie nomenclature juridique pour les start-up. Cela peut être un frein dès le départ. Mais avec un bon accompagnement et une bonne expertise, on peut trouver la bonne formule pour que cette start-up puisse évoluer correctement, juridiquement, et être en phase avec les réformes et les lois de l’État.

Et puis, il y a le manque de ressources qui se fait ressentir en ce moment en Tunisie. Même s’il existe des financements, ils restent insuffisants. On ne finance plus les idées. Auparavant, il y avait un fonds qui finançait les idées de projets pour une valorisation de 1 million de dinars, pour une entrée en capital de maximum 15 %, ce qui était vraiment révolutionnaire à l’époque.

Aujourd’hui, les financements se concentrent davantage sur les projets ayant déjà démarré et obtenu des résultats concrets. Il faut donc se battre pour atteindre ce niveau de maturité. Cela dit, il est essentiel de profiter de la «Startup-Act». Si l’idée est innovante, scalable et portée par une bonne équipe, les avantages disponibles peuvent réellement faire la différence, même si beaucoup d’entrepreneurs les ignorent encore : défiscalisation douanière, exonération des charges Cnss, possibilité d’ouvrir un compte en devises plafonné à 100 mille dinars par projet…

Ces avantages, qui sont disponibles pendant huit ans, offrent une marge de manœuvre importante pour se positionner correctement et accéder, à terme, à d’autres sources de financement. Il ne faut donc pas hésiter à recourir à ces outils conçus pour les startuppeurs.

Comment évaluez-vous l’état des lieux des start-up à impact social, solidaire et écologique en Tunisie ?

C’est une tendance mondiale et nationale encouragée par de nombreux organismes et structures. Les bailleurs de fonds présents aujourd’hui ne travaillent que sur le green. Il faut donc être performant et démontrer l’impact réel et durable du projet sur les générations futures, même dans le pitch.

De l’autre côté, certains entrepreneurs sont des experts métiers qui maîtrisent parfaitement les secteurs vert, circulaire, etc. mais ne savent pas valoriser ce savoir pour mettre en lumière l’importance de leur projet. C’est pourquoi je leur recommande de se rapprocher des structures d’accompagnement pour qu’ils puissent bénéficier de leur aide. Parce que si on a un beau projet et qu’on est un vrai entrepreneur dans le green et qu’on ne sait pas vendre son idée, on ne va pas atteindre notre objectif.

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