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Diaspora : L’énigme des 2% agricoles en Tunisie !

La diaspora tunisienne est une force économique colossale pour la Tunisie. Avec des transferts dépassant les 8,5 milliards de dinars en 2024, et déjà 4,35 milliards de dinars à mi-2025, les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) sont la première source de devises du pays, surpassant même le tourisme !

Pourtant, malgré cette manne financière et des aides gouvernementales massives, une question brûle les lèvres : pourquoi une si faible part de cet argent va-t-elle vers l’investissement productif, et notamment l’agriculture ?

La Majorité des Fonds : Dépenses Courantes, Non l’Investissement

En réalité, une faible proportion des fonds envoyés par les TRE est dirigée vers l’investissement direct. La majorité sert à soutenir les familles et couvrir les dépenses courantes.

Et dans le secteur stratégique de l’agriculture, le constat est encore plus frappant : seulement 2% des investissements agricoles privés en Tunisie proviennent de notre diaspora ! Une proportion jugée « modeste » par l’APIA (Agence de Promotion des Investissements Agricoles).

Des Aides Massives… Souvent Méconnues ?

Ce chiffre étonne d’autant plus que la Tunisie a mis en place un dispositif d’incitations très généreux pour les investisseurs agricoles, notamment ceux de la diaspora. Rim Heddaoui, Ingénieure Générale à l’APIA, a détaillé ces dispositifs lors de la Conférence Régionale des Gouvernorats du Grand Tunis (« Moderniser les visions pour un avenir prometteur »), organisée le lundi 28 juillet 2025. Cette initiative de l’APIA visait justement à rapprocher ses services des TRE et à les encourager à investir dans le secteur agricole.

Parmi les incitations majeures, on retrouve :

  • Jusqu’à 60% de subventions directes : Oui, l’État peut couvrir une grande partie du coût de votre projet agricole !
  • Fiscalité attractive : Exonération d’impôts pendant 10 ans pour les projets agricoles.
  • Importations sans frais : Équipements agricoles (tracteurs, camions récents, moissonneuses-batteuses) exemptés de taxes à l’importation.
  • Soutien à l’emploi : Prise en charge des cotisations sociales et des salaires dans certains cas.
  • Aide à l’innovation : Subventions pour les technologies modernes et l’agriculture durable (bio, adaptation climatique).
  • Accompagnement personnalisé : L’APIA offre conseil, aide au montage de dossier et services en ligne via un e-mail dédié (TRE.APIA@apia.com.tn).

Services vs. Production : Le Choix des TRE

Étonnamment, quand les TRE investissent dans l’agriculture, 80% de leurs projets sont liés aux services (importation de machines, par exemple). Seuls 20% vont vers la production directe (cultures, élevage, pêche).

Le Grand Pourquoi : Un Potentiel Inexploité

Face à tant d’avantages, pourquoi les TRE investissent-ils si peu dans l’agriculture productive ? Le mystère demeure. Est-ce un manque d’information sur ces dispositifs ? Des craintes liées à la bureaucratie, malgré la digitalisation ? Un manque de confiance global dans le climat des affaires, poussant à privilégier l’investissement immobilier, souvent jugé moins risqué et plus tangible que les projets agricoles ?

Le paradoxe est là : des milliards envoyés, des incitations record, mais un investissement productif agricole de la diaspora qui ne décolle pas. Un immense potentiel attend d’être libéré pour la Tunisie.

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Tunisie : Quand l’euro devient la langue du marché immobilier !

Les prix des biens immobiliers affichés en euros, même sur les groupes Facebook tunisiens ? Ce n’est pas une coïncidence. De plus en plus, le secteur immobilier tunisien cible ouvertement la diaspora, devenue un levier crucial pour dynamiser un marché en perte de vitesse et assoiffé de devises.

Sur Facebook et sur des plateformes comme Tayara ou Mubawab, les annonces immobilières affichent de plus en plus les prix en euros. Cette pratique, autrefois marginale, est devenue monnaie courante. Pourquoi ? Parce qu’elle s’adresse directement à une clientèle bien identifiée : les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE), disposant de revenus en devise et à la recherche d’investissements sûrs dans leur pays d’origine.

Selon la Banque Centrale de Tunisie, les transferts d’argent des TRE ont atteint près de 7 milliards de dinars en 2023, soit une part essentielle des ressources en devises du pays. Une manne qui attire naturellement les promoteurs immobiliers, d’autant plus que les acquisitions immobilières par des non-résidents permettent une entrée directe de devises dans le circuit économique formel.

Un marché façonné par l’expatriation

En plus d’injecter des fonds, la diaspora investit massivement dans l’immobilier. Selon les estimations officielles, plus de la moitié des TRE auraient déjà investi dans un bien immobilier en Tunisie. Et les zones les plus prisées sont sans surprise les régions balnéaires : La Marsa, Hammamet, Sousse, mais aussi des zones en périphérie de Tunis comme Ariana et El Menzah.

Le profil type ? Un binational vivant en France, en Allemagne ou au Canada, qui cherche soit une résidence secondaire pour ses vacances, soit un investissement locatif avec rentabilité en dinar… mais payé en euros. L’État tunisien a clairement misé sur cette diaspora pour relancer l’économie. Pour un TRE, acheter un bien en Tunisie, c’est bénéficier d’un taux d’enregistrement symbolique de 1 % (contre jusqu’à 6 ou 7 % pour un résident), à condition de payer en devise et d’avoir résidé à l’étranger depuis plus de deux ans.

Résultat : le marché immobilier tunisien se structure de plus en plus autour de cette clientèle externe. Des banques proposent même des produits ciblés : prêts en devises, comptes en dinars convertibles, offres immobilières packagées. De quoi renforcer encore l’attractivité du secteur pour les Tunisiens de l’étranger.

Si certains vendeurs de biens immobiliers exigent même un paiement en devises, l’option reste hors de portée pour la majorité des Tunisiens, tant qu’ils ne sont pas en possession de comptes en devises, comme nous a expliqué un agent immobilier. « Le vendeur du bien recevra son argent en dinar tunisien après conversion par le système bancaire », a–t-il insisté.

Une double réalité sociale

Mais cette ruée vers la diaspora a aussi un revers. Pour les Tunisiens vivant en Tunisie et payés en dinars, accéder à la propriété devient de plus en plus difficile. Le décalage des prix — boostés artificiellement par la référence à l’euro — contribue à exclure une partie importante de la classe moyenne tunisienne du marché immobilier.

Certains y voient une forme de gentrification « en devise étrangère » de l’immobilier tunisien. D’autres estiment que cette ouverture est salutaire pour une économie en difficulté, à condition que les recettes soient réinjectées dans le développement local.

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