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ÉCLAIRAGE – Le mythe du dinar tunisien, « monnaie la plus forte d’Afrique »

Dans les discussions populaires comme dans certains plateaux télévisés, une idée revient avec insistance : « Le dinar tunisien est la monnaie la plus forte d’Afrique ». Une affirmation flatteuse, qui nourrit la fierté nationale dans un contexte économique difficile. Mais la réalité est bien plus nuancée : le dinar est loin d’être une monnaie forte.

En valeur faciale, le dinar figure effectivement parmi les devises africaines les plus chères : environ 0,32 dollar pour un dinar, contre 0,20 pour le dinar libyen, 0,10 pour le dirham marocain et 0,05 pour le rand sud-africain.

Pourtant, réduire la « force » d’une monnaie à son prix facial est une illusion. La véritable solidité d’une devise se mesure à sa stabilité, à son pouvoir d’achat réel et à la confiance qu’elle inspire.

Le paradoxe tunisien

Depuis 2010, le dinar a perdu plus de 40% de sa valeur face à l’euro. L’inflation, autour de 6,7% en 2024, grignote le revenu réel des ménages. Le déficit commercial, supérieur à 20 milliards de dinars, alourdit la pression sur les réserves de change. Et dans certains secteurs (immobilier, importations), les acteurs se réfèrent de plus en plus au dollar ou à l’euro. Bref, une monnaie nominalement « chère » mais structurellement fragile.

Comparaisons utiles

Contrairement au dinar tunisien, le rand sud-africain, bien que faible nominalement, repose sur des marchés financiers solides et une intégration internationale qui renforcent sa crédibilité. Le dirham marocain s’appuie sur une gestion de change prudente et une économie mieux diversifiée. Le franc CFA, arrimé à l’euro, bénéficie d’une stabilité garantie par l’extérieur.

Autrement dit : une monnaie forte n’est pas celle qui coûte le plus, mais celle qui rassure.

Graphiques

 

 

Retrouver une vraie force monétaire

Il s’agit de dépasser l’illusion nominale pour reconstruire une monnaie réellement forte. Cela suppose de réduire le déficit commercial, de stabiliser l’inflation et de restaurer la confiance dans la Banque centrale ainsi que dans l’ensemble des institutions.

In fine, le dinar tunisien n’est pas la monnaie la plus forte d’Afrique. Il est simplement l’une des plus « chères » en apparence, mais certainement pas l’une des plus solides. Sa valeur nominale masque une fragilité structurelle profonde. La véritable force d’une monnaie se mesure à la confiance qu’elle inspire et à la stabilité qu’elle garantit.

Pour la Tunisie, le défi n’est pas de se satisfaire d’un mythe, mais de bâtir une monnaie crédible, capable de soutenir durablement son économie.

 

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Article en relation: Le dinar est-il réellement la monnaie la plus forte de l’Afrique ?

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

d’Economie Financière (IAEF-ONG).

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