La Tunisie n’est pas le seul pays africain confronté à des retards prolongés dans les consultations économiques obligatoires au titre de l’article IV avec le Fonds monétaire international (FMI). Quatre autres pays du continent sont dans la même situation, le Soudan, l’Érythrée, le Libéria et le Sénégal, parmi les 13 États membres à travers le monde.(Ph. Siège du FMI à New York).
Latif Belhedi
Les consultations au titre de l’article IV sont des évaluations économiques annuelles menées par les services du FMI pour évaluer les politiques macroéconomiques, la stabilité financière et la gouvernance d’un pays. Ces examens sont essentiels pour maintenir l’accès aux financements concessionnels, inspirer la confiance des investisseurs et soutenir les efforts de viabilité de la dette.
39 mois de retard
Le retard de la Tunisie s’élève à 39 mois. Les autorités ont officiellement demandé un report en raison de difficultés politiques et économiques nationales. En fait, le président de la république Kaïs Saïed redoutent les impacts socio-économiques des réformes structurelles convenues par son pays avec l’institution financière internationale, notamment la révision du système de subventions, la réduction de la masse salariale du secteur public et l’assainissement des entreprises publiques déficitaires ou en difficulté. Il a aussi affirmé à plusieurs reprises qu’il rejetait les diktats du FMI, en mettant fin, dès octobre 2022, aux négociations pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, estimant que les Tunisiens doivent compter sur leurs propres ressources qui sont immenses, mal exploitées et mal distribuées.
Pour le Soudan, la dernière consultation a eu lieu en février 2020. Le retard de 34 mois est attribué à la poursuite du conflit civil et à l’instabilité politique.
L’Érythrée, pour sa part, n’a pas contacté le FMI depuis juillet 2019, ce qui a entraîné un retard de 45 mois. Les raisons sont classées comme «diverses», sans aucune explication formelle fournie.
Suite à un changement de gouvernement, le Libéria a subi un retard de 20 mois. Cependant, une mission du FMI a été menée du 4 au 17 juin 2025, et les discussions du Conseil sont prévues pour le 8 septembre.
Ajouté à la liste en 2025, le Sénégal est confronté à un retard de 18 mois. Le FMI a suspendu son programme de soutien après qu’un audit a révélé une dette de 7 milliards de dollars jusque-là non déclarée sous l’administration de l’ancien président Macky Sall.
Entrave à l’accès aux financements
Le FMI souligne que de tels retards peuvent entraver l’accès à ses instruments financiers et à ceux d’autres institutions comme la Banque mondiale. Ils peuvent également compliquer les efforts de restructuration de la dette et révéler des problèmes plus généraux de gouvernance économique. Cependant, la liste n’est pas punitive : elle sert de mesure de transparence et incite à un réengagement.
Trois pays – l’Égypte, l’Éthiopie et le Malawi – ont été retirés de la liste des consultations différées en 2025 après avoir repris avec succès les engagements au titre de l’article IV.
Dans le communiqué ci-dessous, «Tunisie : après la démocratie, les libertés syndicales dans le viseur», les organisations syndicales françaises CFDT, CGT, Unsa, Solidaires et FSU, «condamnent la campagne d’intimidation menée par les autorités tunisiennes et expriment leur solidarité avec leurs homologues de l’UGTT.»
Depuis début août 2025, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est la cible d’attaques frontales par le président tunisien Kaïs Saïed et ses partisans. Le 7 août, des manifestants ont attaqué le siège de la Centrale tunisienne. Cette tentative d’assaut de son siège a été suivie par une déclaration du président tunisien en soutien aux manifestants, avec une menace à peine voilée, visant à criminaliser l’action syndicale et à affaiblir l’UGTT. Ces attaques interviennent dans un contexte où le dialogue social est très dégradé, marqué par une rupture quasi totale et une confrontation ouverte.
Les organisations syndicales françaises CFDT, CGT, Unsa, Solidaires et FSU dénoncent ces attaques, condamnent la campagne d’intimidation menée par les autorités tunisiennes et expriment leur solidarité avec leurs homologues de l’UGTT.
Depuis son «coup de force constitutionnel» le 25 juillet 2021, qui s’apparente de plus en plus à un coup d’État au fur et à mesure que Kaïs Saïed s’arroge les pleins pouvoirs, ce dernier a progressivement mis en place une présidence autoritaire, affaiblissant les piliers de la démocratie tunisienne.
Kaïs Saïed, qui ne cache pas son hostilité aux corps intermédiaires, gouverne par décrets présidentiels, sans contre-pouvoirs institutionnels. Après le démantèlement du pluralisme politique avec l’arrestation d’opposants sous prétexte de «complot contre la sûreté de l’État», l’intimidation et la criminalisation des voix dissidentes et l’attaque contre la liberté d’expression avec le harcèlement et même l’emprisonnement de journalistes pour leurs critiques du régime, Kais Saïed s’attaque désormais au syndicalisme.
Les organisations syndicales françaises CFDT, CGT, Unsa, Solidaires et FSU appellent le gouvernement français, et plus largement les décideurs européens, à condamner les dérives autocratiques du régime de Kaïs Saïed et à dénoncer le mémorandum Union Européenne-Tunisie.
L’UGTT, fondée en 1946, est un acteur historique majeur en Tunisie, ayant joué un rôle central pour l’indépendance de la Tunisie. L’UGTT est co-lauréate, en 2015, du Prix Nobel de la Paix pour son rôle dans le processus de transition démocratique en Tunisie, après la révolution de 2011. La CFDT, la CGT, l’Unsa, Solidaires et FSU réaffirment leur soutien à l’UGTT et au rassemblement organisé par le syndicat ce jeudi 21 août.
Les organisations syndicales françaises joignent leur voix à l’appel du mouvement syndical mondial aux autorités tunisiennes pour garantir la sécurité des membres des syndicats et respecter leurs obligations internationales en vertu des Conventions 87 «Liberté syndicale et protection du droit syndical» et 98 «Droit d’organisation et de négociation collective» de l’OIT.
Fini la traversée du désert pour le sulfureux Erik Prince, le fondateur et ancien patron de la société de mercenaires la plus connue au monde Blackwater. Suite à des exactions commises en Irak, il avait démissionné et vendu sa société. Il avait déclaré à l’époque : «Je me suis mis, moi et mon entreprise, à la disposition de la CIA pour des missions très risquées. Mais lorsqu’il est devenu politiquement opportun de le faire, quelqu’un m’a jeté sous le bus». Aujourd’hui Prince se refait une virginité avec sa nouvelle société Victus Global profitant de son appartenance au Parti républicain et de sa proximité avec les milieux trumpistes notamment le secrétaire d’État à la Défense Pete Hegseth.
Imed Bahri
Selon le Wall Street Journal, Erik Prince opère actuellement avec une nouvelle entreprise dans plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique.
Dans une enquête menée par Benoit Faucon et Vera Bergengruen, le journal américain explique que les services du mercenaire controversé sont désormais convoités après avoir rétabli l’ordre public dans les montagnes de la région de Puno, riche en or au Pérou.
Edwin Ajawana, propriétaire d’une mine d’or dans les Andes, a parcouru 23 heures de route pour rencontrer Erik Prince, espérant protéger ses employés et ses biens. Se joignant à d’autres entrepreneurs, il a déclaré à Prince: «Des morts continuent de joncher les routes, les décharges et les poubelles. Pour nous, l’État est quasiment inexistant. Nous avons été abandonnés».
Prince, qui a vendu Blackwater en 2010, a lancé sa nouvelle société, Victus Global, en tant que marque mondiale pour un réseau de sociétés qu’il a fondées pour mener des opérations de sécurité en Équateur, en République démocratique du Congo et en Haïti, et est désormais à l’avant-garde d’une industrie émergente bénéficiant des réductions de l’aide étrangère de Trump.
Le journal a indiqué que l’ancien des forces spéciales des Marines était prêt à offrir ses services, exhibant des images de drones montrant ses mercenaires en Haïti aidant à traquer et à éliminer des membres présumés de gangs dans le cadre d’un contrat gouvernemental signé en mars. Ce contrat, d’un minimum de 10 millions de dollars par an, payé par le gouvernement ou une coalition d’intérêts privés, était disponible.
Prince estime que ses mercenaires peuvent combler le vide dans les emplois de sécurité internationale que l’administration Trump préfère ne pas financer. Il affirme vouloir réaliser des profits dans les pays qui ont désespérément besoin de l’aide américaine.
L’ancien candidat à la présidentielle Hernando de Soto, qui a reçu Prince, a déclaré à Lima que le fondateur de Blackwater «est dans l’œil de Trump», offrant au Pérou la meilleure chance d’être dans le radar de la Maison Blanche pour une assistance en matière de sécurité et d’attirer l’attention des investisseurs américains préoccupés par les problèmes de sécurité à l’étranger.
Pour a part, Prince a déclaré : «Je ne suis pas proche de Trump mais je suis proche de son équipe». Il l’est notamment du secrétaire à la Défense Pete Hegseth, avec qui il a nagé dans l’Hudson et qui avait déjà sollicité la clémence pour quatre sous-traitants de Blackwater condamnés pour le meurtre de 14 civils en Irak.
Le journal a rapporté que Blackwater, autrefois la plus grande force mercenaire des États-Unis, avait perdu sa réputation aux États-Unis après les révélations de violences commises pendant la guerre contre le terrorisme de l’ancien président George W. Bush. Cependant, Prince, 56 ans, a amassé une fortune en fournissant une assistance en matière de sécurité dans le monde entier, parfois en marge la loi, a précisé le WSJ.
Bien que la Maison Blanche ait refusé de commenter les liens de Prince avec l’administration, l’homme d’affaires tente de combler le vide laissé par la politique sélective «America First» de Trump en Amérique latine et en Afrique. La nouvelle entreprise de Prince emploie des dizaines de personnes mais ses ambitions sont grandes et la devise de Victus Global est : «Nous ne nous contentons pas de conseiller, nous agissons».
Accompagner les entreprises américaines à l’étranger
Interrogé sur l’identité de l’homologue américain des mercenaires russes du groupe Wagner, Prince a répondu que ce serait lui et son entreprise. Il a ajouté : «Alors que les entreprises américaines commencent à se tourner vers l’étranger pour des projets dans les domaines de l’énergie, des mines et des infrastructures, je serai là avec elles».
Sous pression, Victus a initialement concentré son marketing sur l’Amérique latine, reflétant la position intransigeante de l’administration Trump sur la sécurité des frontières, les gangs et le trafic de drogue. Prince a en effet renforcé ses liens avec le président salvadorien Nayib Bukele ainsi qu’avec le président équatorien Daniel Noboa avec qui il a un contrat.
Le Département d’État américain a déclaré : «Nous comprenons que Prince se soit rendu en Équateur à titre privé. Le gouvernement des États-Unis n’est pas impliqué dans les opérations de lutte contre le trafic de stupéfiants menées par des sociétés de sécurité privées dans le pays».
Parmi les initiatives les plus récentes de Prince, le contrat de sécurité d’un an en Haïti où les gangs sèment la terreur. Selon le WSJ, Prince a engagé des mercenaires salvadoriens pour aider la police locale à cibler les gangs avec des drones standard chargés d’explosifs, en utilisant des techniques développées pendant la guerre en Ukraine.
Le WSJ cite les Nations Unies qui ont déclaré ce mois-ci que des drones avaient tué au moins 233 membres de gangs et trois civils. Il ajoute qu’une femme avait été tuée lorsque deux membres de gangs se sont réfugiés chez elle et qu’un drone qui les poursuivait a explosé.
«Les drones ont stoppé l’hémorragie», a déclaré pour sa part le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé ajoutant que les chefs de gangs se vantaient auparavant de leurs crimes sur les réseaux sociaux mais qu’ils se cachent désormais. Il a expliqué que le montant qu’Haïti versera à Prince dans le cadre du contrat équivaut à environ 1% du milliard de dollars que les Nations Unies et les gouvernements précédents ont consacré à la sécurité ces dernières années. Autrement dit, c’est moins cher et plus efficace.
Cependant, Dan Foote, diplomate américain ayant été envoyé spécial en Haïti en 2021, a déclaré que l’approche de Prince risquait d’exacerber l’instabilité. Il a ajouté que l’intervention de la sécurité privée en Haïti échouerait si elle était menée par des étrangers qui ne sont pas responsables devant les lois et le peuple haïtiens.
Le gouvernement canadien a exprimé son inquiétude face aux «rapports d’exécutions extrajudiciaires» en Haïti et un groupe de sénateurs démocrates a demandé aux départements d’État et de la Sécurité intérieure des précisions sur les opérations de Prince.
Des mercenaires salvadoriens à Kinshasa
Selon le journal, le président congolais Félix Tshisekedi a choisi Prince en décembre pour protéger les collecteurs d’impôts responsables de près de 40 mines, dont des minerais essentiels aux industries automobile et électronique américaines, comme le cobalt.
Le contrat de Prince comprend une deuxième mission visant à mettre fin à la contrebande de minerais et à aider les autorités à sécuriser les frontières de la RDC. Des rumeurs circulent également concernant des discussions avec Prince concernant l’envoi de mercenaires salvadoriens pour sécuriser le palais présidentiel à Kinshasa, la capitale.
Pour maintenir les bonnes relations de Victus avec l’administration Trump, Prince entretient des relations étroites avec les alliés du président, au sein et en dehors de l’administration. Depuis l’élection de Trump, il a visité la résidence de Mar-a-Lago appartenant au président et a déclaré qu’il tenait les membres des équipes de sécurité nationale et diplomatique de Trump informés de ses projets en Afrique et en Amérique latine.
Une balle dans la nuque. Un cadavre sur les quais de la Seine. Des secrets d’État longtemps enfouis surgissent brutalement. C’est la trame de ‘‘L’odeur de la Sardine’’, dernier roman de Serge Raffy, à paraître le 3 septembre 2025 chez Fayard France.
Djamal Guettala
Dans ‘‘L’odeur de la Sardine’’, Serge Raffy met en scène la mort de Charles Bayard, ancien policier et figure discrète de l’État profond, retrouvé assassiné à Paris. Cette disparition tragique n’est pas un simple fait divers : elle ouvre sur un labyrinthe de dossiers confidentiels, de réseaux parallèles et de zones d’ombre liées à la guerre d’Algérie et aux affaires internationales.
Raffy transforme le polar en prisme pour explorer la mémoire enfouie de l’État et les non-dits de l’Histoire, offrant au lecteur une plongée dans les tensions politiques, sociales et morales d’une époque tourmentée.
Le commissaire Julien Sarda, chargé de l’enquête, est confronté à un passé tentaculaire où se mêlent luttes de pouvoir, secrets d’État et alliances opaques. Avec l’aide d’un journaliste, dernier confident du défunt, il navigue entre documents classés, dossiers oubliés et révélations inattendues, découvrant la face cachée du gaullisme et les mécanismes subtils du pouvoir. Chaque avancée dans l’enquête révèle la manière dont les décisions et les silences d’hier continuent de résonner dans le présent.
Les dettes de l’Histoire
Pour le lecteur franco-algérien ou maghrébin en général, ce roman résonne particulièrement. Raffy restitue les cicatrices encore ouvertes de la décolonisation et les tensions persistantes entre Paris et l’Afrique du Nord. Il ne se contente pas de reconstituer un fait historique : il propose une véritable réflexion sur l’influence du passé, sur les dettes de l’Histoire et sur la manière dont les secrets d’État façonnent les sociétés contemporaines.
‘‘L’odeur de la Sardine’’ est à la fois enquête, fresque historique et réflexion politique. Entre intrigue haletante et analyse fine, Serge Raffy confirme son talent pour combiner rigueur documentaire et narration captivante. Son roman rappelle avec force que certaines vérités, même enfouies, finissent toujours par refaire surface, et que comprendre l’Histoire implique de confronter les silences et les zones d’ombre laissés par les hommes au pouvoir.
Les humiliations que Trump ne cesse de faire subir aux Européens en négociant derrière leur dos, et à leurs dépens, avec la Russie, la Chine et l’Inde, c’est-à-dire avec ceux qui comptent, vont-elles réveiller l’Europe et l’inciter à accélérer sa construction politique pour ne plus être un appendice négligeable des politiques américaines ? (Les Etats-Unis et l’Union européenne : Quand le «grand» parle, les «petits» n’ont qu’à bien se tenir.)
Cherif Ferjani *
En adepte du néolibéralisme et de la révolution conservatrice, Trump mène une politique identitaire –America First, voire Only America ! – appliquant la conception politique du conservateur Carl Schmitt fondée sur l’opposition «ami/ennemi», les rapports de force et la loi du plus fort – ou de la jungle –, et nullement sur le droit, la délibération, la concertation rejetés comme entraves à l’exercice de la «souveraineté» de celui qui a le pouvoir.
L’Etat de droit, la démocratie, le respect des institutions sont balayés aussi bien au niveau de la politique intérieure que sur le plan des relations internationales.
Trump, depuis sa réélection, se comporte comme les cowboys qui ne tiennent compte que de ceux qui ont la force de se faire respecter et de rendre coup pour coup. On l’a vu, à titre d’exemple, aussi bien à travers sa politique douanière, concernant les taxes, que dans ses rencontres au sujet la guerre en Ukraine. Volodymyr Zelensky a été humilié ouvertement lors de sa première rencontre avec Trump, retransmise en direct, contrairement à Poutine pour qui le tapis rouge fut déroulé et avec qui l’échange se déroula à huis clos, pour ménager les susceptibilités des protagonistes.
Lors de la dernière réunion à la Maison Blanche avec Volodymyr Zelensky, à laquelle les dirigeants européens se sont invités pour ne pas laisser celui-ci tout seul face au cowboy, les entretiens étaient entrecoupés de coups de fil entre le patron de la Maison Blanche et le Maître du Kremlin, comme pour lui dire que tout se passait conformément à leurs accords en Alaska et que les «petits» ont été bien roulés dans la farine. Il en est de même pour les taxes : avec les puissants, Trump négocie et cherche des compromis; avec les «petits» – dont l’Europe paralysée par ses divisions, son incapacité à parler d’une seule voix, et sa difficulté à rompre les liens de soumission aux Etats-Unis – Trump passe en force et impose ses décisions.
L’Europe n’a pas compris que pour Trump et les isolationnistes américains de l’AFC (America First Comittee) qui l’ont porté au pouvoir, l’Occident ne veut rien dire, sinon un moyen pour imposer l’hégémonie des Etats-Unis à ceux qu’ils ont maintenus, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, dans la peur d’un Orient à géométrie variable, selon l’ennemi du moment.
Pour l’AFC inspirant la politique de Trump, l’Occident est devenu un fardeau pour les Etats-Unis qui ne leur apporte plus rien, ou pas autant qu’ils le souhaitent.
Les Européens n’ont pas encore compris que l’Occident, comme l’a bien montré Georges Corm (‘‘L’Europe et le mythe de l’Occident’’, Paris, La Découverte, 2009), n’est qu’un mythe battu en brèche par l’évolution du monde à l’ombre du triomphe de la mondialisation du néolibéralisme et de la révolution conservatrice. Seules les victimes de cette mondialisation, au Nord, dont l’Europe, et au Sud, croient encore en cette chimère. L’Europe a encore du mal à réaliser que ce mythe ne correspond plus à aucune réalité; c’est cette illusion qui la fait encore courir derrière les Etats-Unis, malgré toutes les humiliations qu’ils lui font subir, en croyant qu’ils peuvent la protéger dans le cadre d’un Otan qui n’a plus aucune raison d’être depuis la disparition du Pacte de Varsovie et l’implosion de l’Union Soviétique.
Les humiliations que Trump ne cesse de faire subir aux Européens en négociant derrière leur dos, et à leurs dépens, avec Poutine, la Chine et l’Inde, c’est-à-dire avec ceux qui comptent, vont-elles réveiller l’Europe et l’inciter à accélérer sa construction politique pour ne plus être un appendice négligeable des politiques américaines ? Pour cela, il faut beaucoup de conditions dont la première est de renoncer au dollar comme monnaie d’échange internationale à l’instar du choix des pays du Brics; car le dollar était le principal moyen de domination des Etats-Unis depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale et, surtout, depuis 1971, suite à la décision unilatérale de la Maison Blanche mettant fin à sa convertibilité en or, condition de son adoption comme monnaie internationale à Bretton Woods, en 1944. Les dirigeants qui continuent à se faire humilier par la Maison Blanche auront-ils le courage de prendre une telle décision ? Espérons-le, pour l’intérêt de leur pays et, surtout, pour renforcer la lutte contre l’hégémonisme et l’arrogance des Etats-Unis.
Les températures sont en hausse remarquable, ce mercredi 20 août 2025, en Tunisie. Les maximales sont comprises entre 32 et 36 degrés au Cap Bon, entre 37 et 43 dans le reste des régions, atteignant les 45 à Kairouan et dans l’extrême sud-ouest avec coups locaux de sirocco.
C’est ce que fait savoir l’Institut national de la météorologie (INM) dans un bulletin, ajoutant que le vent soufflera de secteur sud, relativement fort près des côtes, faible à modéré ailleurs puis se renforçant relativement sur les hauteurs avec une vitesse dépassant temporairement 60 Km/h sous forme de rafales.
Au 18 août 2025, les réserves en devises de la Tunisie se sont élevées à 24,231 milliards de dinars, couvrant ainsi l’équivalent de 105 jours d’importations.
Cette amélioration s’explique principalement par la hausse des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger, qui ont atteint 4,6 milliards de dinars, au premier semestre, en progression de 8,2% sur un an, ainsi que par la croissance des recettes du tourisme, évaluées à 3,899 milliards de dinars au 20 juillet, soit +10,5% en dollars et +9,3% en euros.
La diminution des importations de produits de base a, également, contribué à cette performance.
Les achats d’huiles végétales ont chuté de 30% à 349,4 millions de dinars, ceux de sucre de 36, à 175,3 millions, tandis que les importations de céréales ont reculé de 20,5%, générant une économie globale de 407 millions de dinars.
Le parquet près le tribunal de première instance de Tunis 2 a émis, mardi 19 mai 2025, un mandat de dépôt à l’encontre d’un jeune homme accusé d’avoir brisé la vitre d’un bus appartenant à la Société de Transport de Tunis (Transtu) dans la région de Sidi Hassine Sijoumi, à l’ouest de Tunis. Il a été déféré, en état de détention, devant le tribunal correctionnel pour répondre aux accusations de dégradation de biens d’autrui.
La semaine dernière, la société Transtu avait annoncé qu’un jeune homme avait volontairement jeté des pierres sur l’un de ses bus juste après en être descendu, provoquant la brisure de la vitre latérale du véhicule. Elle avait précisé avoir entamé les démarches judiciaires à l’encontre de l’auteur des faits.
Les actes de vandalisme ciblant des véhicules de transport (bus, trains…) sont fréquents dans certains quartiers populaires de la capitale et sont souvent le fait d’enfants et d’adolescents désœuvrés. En sévissant, les autorités espèrent mettre fin à ce fléau par la dissuasion.
Les ressources énergétiques primaires de la Tunisie ont atteint 1,8 million de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à la fin du mois de juin 2025, soit une baisse de 8% par rapport au niveau enregistré à la même période en 2024, selon les données de l’Observatoire national de l’énergie et des mines.
Cette baisse est principalement imputable au recul de la production nationale de pétrole brut et de gaz naturel. Ces deux hydrocarbures continuent de dominer le mix énergétique, constituant ensemble 70% de l’ensemble des ressources primaires. En revanche, la contribution de l’électricité d’origine renouvelable, incluant la production de la Steg, du privé et l’autoproduction, demeure marginale avec une part qui ne dépasse pas les 3%, alors que l’Etat table sur un taux de 30% à l’horizon 2030, un objectif très difficile à atteindre au vu de la situation actuelle.
Contrairement à l’offre, la demande en énergie primaire a, elle, augmenté de 6% sur la même période. La consommation de gaz naturel a connu une forte progression de 10%, tandis que celle des produits pétroliers a enregistré une légère hausse de 1%.
La part des produits pétroliers est passée de 51% en juin 2024 à 49% un an plus tard, alors que celle du gaz naturel est montée de 48% à 50%.
Ce déséquilibre croissant entre une offre en baisse et une demande en hausse a creusé le déficit du bilan énergétique primaire. Celui-ci s’est établi à 2,8 Mtep à fin juin 2025, affichant une aggravation de 17% sur un an. Conséquence directe, le taux d’indépendance énergétique, qui mesure le ratio des ressources nationales par rapport à la consommation, a chuté à 38% contre 44% un an auparavant. Sans la prise en compte de la redevance gazière, ce taux serait même tombé à seulement 29%, contre 33% en 2024.
Le déficit de la balance commerciale énergétique de la Tunisie a diminué de 7 % à fin juin 2025 par rapport à l’année précédente, atteignant 5,188 milliards de dinars contre 5,577 milliards de dinars en juin 2024, indique le rapport sur la conjoncture énergétique pour juin 2025, publié par l’Observatoire national de l’énergie et des mines.
Le taux de couverture des importations par les exportations n’a pas dépassé 18 % au cours du premier semestre de l’année.
Les exportations énergétiques ont enregistré, à fin juin 2025, une baisse de valeur de 38 %, tandis que les importations ont reculé de 15 % par rapport à fin juin 2024.
La valeur des ressources énergétiques importées jusqu’à fin juin 2025 s’élève à près de 6,3 milliards de dinars, alors que les exportations de produits énergétiques ont atteint environ 1,1 milliard de dinars, ce qui a conduit à l’enregistrement de ce déficit.
La production d’électricité en Tunisie a atteint environ 9 061 GWh à fin juin 2025, en hausse de 3 % sur un an par rapport à fin juin 2024. Les importations directes d’électricité depuis l’Algérie ont couvert près de 10 % des besoins nationaux, indique le rapport sur la conjoncture énergétique pour juin 2025, publié par l’Observatoire national de l’énergie et des mines.
Selon le même rapport, la production destinée à la consommation locale est restée quasiment stable sur la période.
Le parc de production électrique s’est appuyé quasi exclusivement sur le gaz naturel, qui a représenté environ 94 % de la production. La Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg) a généré 8 567 GWh, tandis que les producteurs privés d’énergie solaire ont contribué pour 29 GWh.
Les producteurs autonomes d’énergie solaire ont, de leur côté, fourni environ 341 GWh, enregistrant une croissance de 32 %.
En revanche, les achats directs d’électricité en provenance d’Algérie ont reculé de 19 %, selon les données de l’Observatoire.
La production tunisienne de pétrole brut s’est située à 629 kt à fin juin 2025 enregistrant ainsi une baisse de 9% par rapport à fin juin 2024, indique le rapport sur la conjoncture énergétique pour juin 2025, publié par l’Observatoire national de l’énergie et des mines.(Ph. Champ pétrolier Nawara).
Cette baisse a touché la plupart des champs : Nawara (-54%), Ashtart (-19%), El Hajeb/Guebiba (-19%), Barka (-79), Gherib (-21%), Halk el Menzel (-13%), Sidi Marzoug (-4%), Hasdrubal (-9%) et Adam (-7).
D’autres champs ont enregistré, par contre, une amélioration de production : Ezzaouia (+83%), Gremda/El Ain (+179%), D.S.T (+69%), M.L.D (+12%) et Bir Ben Tartar (+17%).
La moyenne journalière de la production de pétrole est passée de 29 600 barils/j à fin juin 2024 à 27 000 barils/j à fin juin 2025.
Les résultats du programme de surveillance «Adoptez une plage» du WWF Afrique du Nord pour la saison 2023-2024 sont inquiétants, a révélé l’Ong, dont le rapport, fruit d’une initiative impliquant des centaines de bénévoles, met en évidence une situation environnementale critique. Une plus grande sensibilisation environnementale est nécessaire.
Les données collectées sur le terrain, basées sur un protocole scientifique rigoureux, montrent des chiffres alarmants : plus de 30 000 fragments de plastique, 23 000 bouchons de bouteilles et 17 000 pailles ont été retrouvés sur les plages tunisiennes surveillées, ainsi que 12 000 morceaux de polystyrène et, bien qu’ils ne soient pas en plastique, 78 000 mégots de cigarettes.
Selon le WWF, un changement des habitudes individuelles est urgent.
Les zones les plus touchées sont la plage de Kheireddine, avec une concentration de 3 766 objets/déchets aux 100 mètres, et la plage de Mahdia, où 1 775 objets ont été trouvés aux 100 mètres.
Ces statistiques, écrit le WWF, «soulignent l’urgence de changer nos comportements et de promouvoir la sensibilisation et la protection de l’environnement ».
Le programme de surveillance a utilisé un protocole bien établi, en collaboration avec l’Institut national des sciences et technologies marines et l’initiative «Adoptez une plage» du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), démontrant ainsi l’importance de l’éducation et de la surveillance continue pour lutter contre le problème des déchets plastiques et non plastiques en mer et sur les plages.
La fête de l’Assomption de Marie ou le cortège de la Madone de Trapani a été de nouveau été célébrée cette année, dans le quartier de la Petite Sicile, où a longtemps vécu une communauté venue de la célèbre île Italienne, à la Goulette, ville portuaire et balnéaire au nord de Tunis.
Lorsque la statue de la Madone de Trapani a été amenée le 15 août à la tombée de la nuit sur la place devant l’église dédiée aux saints Augustin et Fidèle, des centaines de fidèles et de badauds l’ont accueillie par des applaudissements et des youyous. Pour la seconde année consécutive, de nombreux chrétiens issus de la communauté africaine subsaharienne ont accompagné le cortège.
Cette tradition a été observée en Tunisie au cours de la première moitié du 20e siècle. Elle a été abandonnée à partir du début des années 1960 avant de reprendre en 2017. Elle a toujours été un modèle de communion et de proximité entre les différentes communautés ethniques et religieuses : musulmans, juifs et chrétiens, Tunisiens, Italiens, Français et Maltais cohabitent depuis longtemps dans cette ville côtière.
La messe, célébrée par l’archevêque de Tunis, Mgr Nicolas Lhernould, précédée d’une récitation collective du chapelet l’après-midi, avait pour thème principal une prière pour la paix dans le monde.
Au-delà de son aspect religieux, la fête de l’Assomption de La Goulette préserve des coutumes traditionnelles qui reflètent l’identité et la mémoire locales. Les chroniques évoquent la forte participation des habitants du quartier, l’utilisation de chants accompagnant la sortie de la statue, et le fort caractère populaire interreligieux de l’événement.
Ce sont les Italiens, et notamment les Siciliens, qui ont introduit et diffusé le culte de la Vierge de Trapani et la messe de l’Assomption en Tunisie, qui comprenait également, jusqu’en 1962, une procession de la Vierge de Trapani jusqu’à la mer, annonçant pour les vacanciers la fin de la saison de la baignade. Elle est restée un événement essentiel pour la petite mais dynamique communauté chrétienne de Tunis, où il n’est pas rare de croiser musulmans et juifs.
Rappelant le lien encore fort entre l’Italie et la Tunisie, dans cette bande de terre où cohabitaient autrefois pêcheurs tunisiens et siciliens, une immense fresque murale dédiée à l’actrice Claudia Cardinale, qui a passé son enfance à La Goulette, est accrochée sur la façade d’un immeuble de la place.
Créée en 1946 à l’époque coloniale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) s’est construite pour optimiser la rémunération des travailleurs, mais aussi pour saboter les entreprises coloniales, afin de chasser les colons. Les ancrages idéologiques de cette approche bicéphale n’ont pas totalement disparu aujourd’hui, 70 ans après l’indépendance.
Moktar Lamari *
Aujourd’hui encore, l’UGTT s’emploie à optimiser les salaires, de façon indifférente à l’état de l’économie, insouciante de la compétitivité des entreprises, et rétive qu’elle est aux impératifs de la productivité du travail.
Son (in)action a fait reculer le sens du travail, a détérioré le capital social et a renforcé les systèmes rentiers. Il faut comprendre le fonctionnement du «business model» de l’UGTT pour mesurer ses réels impacts sur le marché du travail en Tunisie. C’est ce qu’on propose ici, chiffres à l’appui.
Vampiriser les extrants, saccager les intrants
Quelques mois avant son décès cette année, l’économiste Houssine Dimassi a qualifié l’UGTT de vestige anarcho-féodal. Et il n’a pas tort lui qui connaît très bien le fonctionnement de l’UGTT pour avoir longtemps été l’un de ses conseillers économiques. Ce n’est pas rien, il faut en parler franchement, les yeux dans les yeux, et sans détours.
Le modèle d’affaire de l’UGTT est devenu avec le temps contreproductif, anachronique voire suicidaire pour l’économie tunisienne. Ce modèle n’arrivant plus à se ressourcer et à se moderniser pour suivre les évolutions et les changements dans la société et l’économie tunisienne.
Aujourd’hui, les tensions sont à leur summum, la veille d’un coup de force de l’UGTT, pour une marche de protestation, le 21 août, et probablement une grève générale.
Pour schématiser et simplifier nos propos aux lecteurs, on peut dire que les processus de production (dans les entreprises publiques ou privées, dans le gouvernement ou dans les organisations à but non lucratif) fonctionnent en deux volets : celui des intrants (travail, capital, technologie, organisation) et celui des extrants (production, rentabilité, productivité, compétitivité). Le processus productif consiste à transformer les intrants en extrants, dans un contexte sociopolitique et technologique donné.
Les revendications syndicales de l’UGTT ont toujours ciblé et parfois aveuglément les augmentations de salaires des travailleurs, canalisant ses revendications sur les extrants des processus productifs, empêchant parfois les entreprises d’investir ou d’innover.
Rien n’est fait par contre par l’UGTT pour renforcer les entreprises et les intrants de la machine productive d’une économie et d’un tissu d’entreprises principalement tuniso-tunisiens. Les investisseurs étrangers restent prudents face au caractère anarchiste et aléatoire de la gouvernance de cette centrale syndicale.
Ce modèle d’affaires est désuet et ne fonctionne plus dans les pays et sociétés modernes d’aujourd’hui. Ce modèle pénalise l’économie, puisqu’il vampirise les extrants et sabote les intrants de l’économie dans son ensemble. Il détruit ainsi le capital social, affaiblit la compétitivité des entreprises et sabote les infrastructures physiques et humaines.
Les problèmes du recul de la productivité et de la dévalorisation du sens du travail sont au cœur de la faillite de ce modèle de fonctionnement, devenu ipso facto improductif et très dommageable à l’économie et à la croissance en Tunisie.
Depuis Ahmed Ben Salah, les différentes élites, équipes et directions à la tête de l’UGTT ont fermé les yeux sur la déperdition du sens du travail ainsi que sur le recul de la productivité du travail (et multifactorielle), de manière générale.
L’UGTT a tort de penser que la productivité ne relève pas de ses responsabilités globales, elle qui a fait des droits des travailleurs son fonds de commerce. Elle, qui est omniprésente dans la sphère politique, nationale et internationale. Devenant un méga-syndicat, presque un parti politique.
L’UGTT ne s’est pas intéressée non plus au potentiel productif de la population en âge actif (15-65 ans). Elle a occulté les aspirations et la vie misérable des centaines de milliers de jeunes en chômage, des femmes malmenées, abusées dans les champs agricoles de tous les territoires du pays. L’UGTT jette le bébé avec l’eau du bain, prétextant que cela ne relève pas de son mandat, ni de sa responsabilité sociétale.
Les chiffres sont têtus et la responsabilité de l’UGTT est irréfutable.
1- Dit simplement, pour les 3,7 millions d’actifs occupés dans l’ensemble des secteurs formels, les gains de productivité ont été proche de zéro durant les dernières années. La productivité du capital mis à leur disposition a aussi enregistré un léger recul durant la 2015-2024.
2- Selon plusieurs études, le Tunisien moyen occupé et rémunéré travaille en moyenne pas plus 5 heures par jour, au lieu de 7 à 8 heures. Un tiers de temps payé n’est pas travaillé, sérieusement du moins. Dans de nombreuses organisations gouvernementales, cette durée effectivement travaillée ne dépasse pas deux heures par jour.
3- La durée effective du travail ne dépasse pas une la moyenne annuelle de 1 350 heures payées. En France et en moyenne annuelle, les travailleurs font 1 680 heures pour les salariés à temps complet (données 2019), au Canada, 1890 heures par an (2022). La moyenne européenne est à 1846 heures, soit 40% de plus que la moyenne annuelle en Tunisie.
4- Un taux d’emploi insuffisant, puisque la proportion de personnes demandant un emploi parmi celles en âge de travailler (15-64 ans) est de 43% seulement. Le taux d’emploi mesure la capacité d’une économie à utiliser de manière efficace son capital humain. Ce taux est pratiquement la moitié de ce qui est observé dans les pays occidentaux. Dans les pays européens ce taux oscille entre 62 à 80%. Pour l’ensemble de l’Union européenne (UE), la moyenne est de 70%. Les Pays-Bas sont à 81%, le Japon à 79%, l’Allemagne à 77% de même que le Danemark et la Suède, le Royaume-Uni et le Canada à 75%, les Etats-Unis à 71%.
5- Trois femmes sur quatre en âge actif sont sans emploi. Deux millions de femmes sont sur le carreau, dépendantes de leur conjoint et enfants pour vivre décemment. Elles se font exploiter, maltraiter… L’UGTT ne fait rien, et laisse faire, ses dirigeants ne se prononcent pas sur le sujet. Ils ferment les yeux et occultent l’enjeu, et aucun écrit ne permet de saisir les positions syndicales au sujet du travail des femmes et des enfants.
6- L’UGTT ne se préoccupe pas non plus des travailleurs du secteur informel, qui sont pourtant très nombreux, opérant dans des activités pénibles, mal payées, sans cotisation sociale, sans couverture médicale en cas d’accident ou imprévu.
On sait que l’organisation syndicale est fortement discréditée par la corruption qui la gangrène à feu doux. On sait aussi que plusieurs de ses dirigeants croient encore à la lutte des classes, voire à l’anarchie créative. Mais, ce qu’on ne sait pas c’est que les élites syndicales des quarante dernières années ont été prévenues de l’impasse et de l’essoufflement du modèle en vigueur.
Pour l’histoire, et je sors de ma réserve pour révéler ici qu’un rapport à ce sujet a été soumis à la haute direction de l’UGTT en novembre 1990.
J’ai été associé, à tire de jeune professeur d’économie à l’université de Sousse, à une réflexion évaluative des impacts économiques de l’action de l’UGTT. Sous la direction du professeur à l’Enit, Mohamed Tahar Chebbi (décédé en juillet 2025), coordonnateur du Bureau d’études de l’UGTT, un groupe de travail restreint a été créé, constitué des professeurs Houssine Dimassi (décédé), Raouf Ridane (décédé), Abdjellil Bedoui, Chedly Ayari (décédé), Abdelfatah Ghorbel, Jameledine Ziadi… avec des invités occasionnels, tous des économistes. Une jeune journaliste du journal Echaab assistait aussi aux travaux et faisait la synthèse des contributions.
Nous avons travaillé pour plus de six mois, en se réunissant pendant un séjour bloqué de 2 jours par mois, dans un hôtel de Hammamet. Nous avons proposé, dans notre rapport écrit, un ajustement structurel des approches syndicales de l’UGTT. Cet ajustement se basait sur l’extension des mandats de l’UGTT à la valorisation du sens du travail, de l’extension de la durée du travail, de l’importance de la formation professionnelle, du renforcement de la productivité et de la compétitivité des entreprises publiques et privées.
Ce rapport, produit il y a 35 ans, a documenté les défis, et illustré avec des statistiques les dangers d’une action syndicale qui dénigre la valeur du travail, qui sacrifie la productivité et qui prône une rémunération paramétrique, mur-à-mur, sans indemnisation fondée sur la performance et le rendement. Ce rapport en papier a été tabletté, et probablement oublié avec le temps.
Nous avons démontré dans ce rapport que les augmentations salariales, si elles ne sont pas accompagnées par des gains de productivité finissent par devenir un fardeau destructeur pour des dizaines de milliers d’entreprises (surtout des PME) et des centaines de milliers d’emplois avec.
Peine perdue, rien de ce qui a été proposé n’a eu une suite, l’institution est restée prisonnière de son radicalisme d’antan et s’enfonçait de plus en plus dans le déni de la valeur du travail et de la productivité.
L’UGTT a préféré continuer dans son action dévastatrice sur les intrants des processus productifs (sabotage, blocage, démolition, casse, etc.) élargissant les ambitions de ses dirigeants privilégiés, pour progressivement étendre ses pouvoirs et l’implication dans les domaines politiques et partisans, tant avec Ben Ali qu’avec ses successeurs à l’ère post-2011.
Elle a pris du poids et accentué son pouvoir, de par son statut de monopole et omniprésent dans les régions, tous les secteurs et de mèche avec divers lobbyistes et groupes de pressions (médias notamment).
Un déni qui favorise l’optimisation des hausses salariales et donc de la ponction sur les extrants, négligeant les intrants et leur importance dans la création de la richesse collective incontournable pour le progrès et la prospérité du pays.
Faire le lien entre rémunération et productivité du travail
D’importants secteurs économiques ont ainsi été saccagés. Il suffit de voir le sens du travail dans les sociétés publiques, dont le transport. Les 600 000 ha de terres domaniales ont été mis en friche par ce syndicalisme anarchiste, féodal entre autres. L’UGTT refuse de faire un lien entre rémunération et productivité du travail.
Le plus gros dégât de l’action syndicale de l’UGTT a trait à la dégradation du capital social et du sens du travail de manière générale en Tunisie.
L’UGTT a besoin d’une révolution interne, elle a besoin d’une prise de conscience et d’un encadrement éthique anti-corruption, assortis d’un engagement pour la réhabilitation du sens du travail et de la productivité. C’est incontournable.
Avec plus de croissance, et de richesses créées, les salaires, le pouvoir d’achat des citoyens et l’accès à l’emploi ne peuvent que suivre, et évoluer vers la hausse, pas vers la baisse comme on le constate aujourd’hui.
La question qui se pose est la suivante : une telle révolution interne peut-elle être initiée de façon endogène et démocratique au sein de l’organisation, ou au contraire de façon exogène et top down. L’avenir nous le dira.
La Tunisie traverse une crise silencieuse où la désespérance des élites et l’incivilité quotidienne des citoyens se combinent pour façonner une culture de la laideur. Les architectes, intellectuels et autres acteurs culturels ont un rôle décisif pour transformer ce désordre latent en projet collectif. Ignorer cette dynamique, c’est laisser la société se réinventer par défaut, dans le désordre et la gabegie.(Ph. Cité Ennasr, à Tunis : Quand chacun fait comme il veut, c’est la société tout entière qui apprend à tolérer l’inacceptable.)
Ilyes Bellagha *
Nous ne savons plus où nous allons, mais nous continuons à marcher comme si tout était normal.
La bourgeoisie tunisienne, traditionnellement formée et privilégiée, exprime un désarroi profond. Architectes, cadres et intellectuels continuent de se projeter dans les cercles de pouvoir sans mettre à jour leurs méthodes, leurs pratiques ou leur rapport au travail. Le prestige académique et les titres ne suffisent plus.
Le travail devient précaire, mal reconnu, et souvent déconnecté des réalités sociales. Pendant ce temps, la population, elle-même en quête de repères, ne trouve ni sens ni reconnaissance dans ces élites déphasées.
Incivilité et normalisation des comportements
Quand chacun fait comme il veut, c’est la société tout entière qui apprend à tolérer l’inacceptable.
L’incivilité quotidienne n’est pas un simple problème moral : elle est le symptôme d’une société qui expérimente de nouvelles normes dans l’ombre des institutions défaillantes. Frustration, absence de projet collectif et détachement des élites transforment le quotidien en laboratoire social.
Ce qui était autrefois marginal devient progressivement toléré, visible, et, à terme, normalisé. La Tunisie ne subit plus seulement une politique défaillante : elle fabrique sa propre inculture par défaut, dans laquelle comportements et pratiques s’imposent plus vite que la loi.
L’architecte comme révélateur et acteur
Ce que je fais à une maison, je le fais à un corps. Ce que je fais à la société, je le fais à son avenir, dirait l’architecte qui, en tant qu’acteur culturel, occupe une place cruciale. Une formation élitiste et théorique ne suffit plus à légitimer un travail souvent précaire et mal valorisé. Ceux qui se limitent à la posture du prestige risquent d’alimenter le désordre latent.
À l’inverse, ceux qui réinventent leur rôle, adaptent leurs savoir-faire aux réalités locales et ouvrent le dialogue avec la population peuvent devenir des leviers de renaissance culturelle et civique. L’architecte peut alors transformer l’incivilité et la frustration en création et en projet collectif.
Vers un projet collectif
Ignorer cette dynamique, c’est laisser la société se réinventer par défaut. Et si rien n’est fait, la frustration, l’incivilité et la désespérance peuvent devenir la norme.
Le véritable défi pour les élites et pour l’architecte est de transformer cette énergie négative en un projet collectif tangible et intelligible. Avant que la culture émergente par défaut ne s’impose, il est urgent de reconstruire des repères communs et de réinventer le rôle de chacun dans la société tunisienne.
* Ancien président de l’Ordre des Architectes de Tunisie.
Tout le monde sait que le Mossad a infiltré jusqu’à la moelle la République islamique d’Iran cependant, et même si c’est à un degré moindre, les Iraniens ont intensifié leurs efforts pour faire la même chose en Israël. Des agents iraniens ont incité des Israéliens à commettre des actes de sabotage voire à fomenter des assassinats. Ces affaires ont soulevé des questions sur la cupidité, la crédulité et la loyauté au sein de la société israélienne. (Ph. Deux Israéliens, Vladislav Victorson et Anya Bernstein, accusés d’espionnage au profit de l’Iran, lors d’une audience à Tel-Aviv le mois dernier).
Imed Bahri
Le New York Times a publié une enquête d’Isabel Kershner consacrée à l’espionnage iranien en Israël affirmant que l’Iran a recruté des dizaines d’Israéliens comme espions.
Le journal américain précise que tout a commencé l’été dernier par un message sur la plateforme Telegram proposant de l’argent facile. Vladislav Viktorson, 31 ans, habitant une banlieue est de Tel Aviv, est tombé dans le piège. Selon des documents judiciaires israéliens, les premières missions qui lui ont été assignées consistaient à taguer des slogans antigouvernementaux dans son quartier dont un comparant le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Hitler.
Les documents révèlent que Viktorson et sa compagne Anya Bernstein également accusée d’avoir mené ces missions, ont rapidement gagné 600 dollars.
Israéliens recrutés en ligne pour travailler pour l’Iran
Selon les enquêtes menées par la police et le service de sécurité intérieure le Shin Bet, l’auteur de la mission était un agent iranien.
Viktorson et Bernstein, arrêtés en octobre 2024, faisaient partie d’un groupe d’Israéliens recrutés en ligne pour travailler pour l’Iran.
Ces exigences ont ensuite évolué vers le sabotage de boîtiers électriques à l’acide sulfurique, l’incendie de voitures, l’utilisation de laque et de feux d’artifice pour fabriquer une bombe, et enfin, le complot visant à assassiner un professeur israélien pour 100 000 dollars.
Victorson et Bernstein sont tous deux jugés pour contacts avec un agent étranger, sabotage et, dans le cas de Victorson, complot en vue de commettre un meurtre.
L’initiative iranienne ajoute une nouvelle dimension à la guerre de l’ombre qui oppose Israël et l’Iran depuis des décennies. Israël cherche à freiner les ambitions nucléaires de Téhéran, tandis que l’Iran soutient des forces mandatées à la frontière israélienne.
Les efforts de recrutement iraniens restent modestes comparés à l’infiltration significative des cercles internes iraniens par les services de renseignement israéliens, comme en témoignent les frappes aériennes visant des sites nucléaires et de sécurité iraniens, de hauts responsables militaires et des scientifiques nucléaires en juin dernier. Les experts en sécurité affirment que l’Iran tente également de pénétrer les cercles internes d’Israël.
Recrutement de faible envergure d’Israéliens ordinaires
Cependant, des responsables et des experts israéliens affirment que le recrutement de faible envergure d’Israéliens ordinaires, qui s’est intensifié depuis le 7 octobre 2023, constitue une tentative iranienne d’inciter au conflit interne et de saper la société israélienne.
En construisant un vaste réseau, les agents iraniens espèrent trouver un petit nombre de personnes prêtes à tuer, à un moment où la réaction au recrutement soulève des questions sur la loyauté au sein de la société israélienne.
Les responsables iraniens n’ont pas répondu aux demandes de commentaires du NYT, tandis que certains responsables à Téhéran ont récemment accusé Israël d’être derrière une série d’incendies et d’explosions mystérieux survenus récemment en Iran.
Au cours de l’année écoulée, le gouvernement israélien affirme que le Shin Bet et la police ont découvert plus de 25 cas de recrutement rémunéré en ligne et déjoué des dizaines d’autres, détectés précocement. «Les Iraniens investissent des sommes et des ressources considérables dans une vaste campagne de recrutement d’Israéliens en ligne pour mener à bien des missions», a déclaré le Shin Bet dans un communiqué. Une campagne de sensibilisation lancée par le gouvernement israélien via des spots radio et les réseaux sociaux avertit que l’argent facile peut entraîner des années de prison.
Shalom Ben Hanan, ancien responsable du contre-espionnage au Shin Bet, a déclaré que les exigences croissantes envers Victorson sont des tactiques d’espionnage typiques. Ces tactiques commencent par de petites sommes d’argent pour de petites tâches, mais plus les tentations de l’argent et du risque augmentent, plus la tentation et l’auto-illusion augmentent, a ajouté Ben Hanan. Les personnes recrutées pour ce type de travail disent souvent: «Je l’ai fait, ce n’était pas si grave, je n’ai tué personne», ce qui les pousse à prendre ce risque potentiel.
Les responsables israéliens affirment que plus de 40 Israéliens ont été arrêtés au cours de l’année écoulée et ont été inculpés d’espionnage pour le compte de l’Iran ou devraient l’être, certains d’entre eux accusés de collaboration avec un ennemi en temps de guerre.
Introduit clandestinement en Iran à l’arrière d’un camion
L’un d’eux, Moti Maman, un homme d’affaires riche mais sans succès d’une soixantaine d’années, a été reconnu coupable et arrêté en septembre 2024. Il a été condamné à dix ans de prison en avril après avoir été introduit clandestinement en Iran à deux reprises à l’arrière d’un camion et avoir discuté de l’assassinat d’un homme politique israélien avec des agents des services de renseignement iraniens.
Les suspects représentent un échantillon représentatif de la société israélienne : juifs religieux et laïcs, migrants, citoyens arabes, un Israélien d’origine iranienne, un soldat et un habitant d’une colonie juive de Cisjordanie. Le plus âgé parmi eux est Moti Maman, le plus jeune a 13 ans.
Un examen de plus d’une douzaine d’actes d’accusation a révélé que les sommes d’argent perçues par les espions présumés, payées en cryptomonnaies, ne dépassaient généralement pas quelques milliers de dollars. La plupart des suspects ont été arrêtés quelques semaines après leur premier contact avec les intermédiaires.
Selon les actes d’accusation, les tâches des espions consistaient notamment à allumer des incendies et à trouver de l’argent, des armes ou des explosifs enterrés puis à les transporter vers divers lieux. Les cibles ont également été invitées à acheter des téléphones portables, des appareils photo et d’autres équipements ainsi qu’à télécharger un logiciel de cryptage pour sécuriser leurs communications. L’un des accusés, un migrant azerbaïdjanais vivant dans le sud d’Israël, aurait été invité à documenter son itinéraire à travers des sites militaires sensibles et à louer un appartement avec vue sur le port de Haïfa. Les actes d’accusation précisent que deux autres personnes ont été invitées à installer des caméras près du domicile du ministre israélien de la Défense mais ont renoncé à leur demande lorsqu’elles ont repéré une voiture de patrouille.
Deux jeunes hommes sont accusés d’avoir planifié un voyage en Iran pour s’entraîner à un assassinat en Israël.
Le week-end dernier, dans une petite salle d’audience de Tel-Aviv, Victorson et Bernstein étaient assis derrière une vitre, vêtus d’uniformes de prison marron, séparés par des gardes, tandis qu’un enquêteur de police, l’un des dizaines de témoins à charge dans cette affaire, témoignait. L’acte d’accusation précise que les deux hommes ont effectué des missions «en sachant que l’agent agissait pour le compte d’un État hostile ou d’une organisation terroriste» et qu’ils étaient conscients que leurs actions pouvaient porter atteinte à la sécurité nationale.
Pour la défense de son client, l’avocat Yigal Dotan, qui représente Victorson, a déclaré n’avoir connaissance d’aucun élément prouvant que la personne qui a appelé son client était originaire d’Iran ou d’un autre État hostile. Dans cette affaire, comme dans d’autres, l’Iran, l’espionnage ou le transfert d’informations à un ennemi ne sont pas explicitement mentionnés dans l’acte d’accusation, et les informations du Shin Bet sont classifiées. Dotan a déclaré que le Shin Bet avait interrogé Victorson sans lui permettre au préalable de contacter un avocat puis qu’il avait été interrogé par la police. Ces interrogatoires n’avaient été ni filmés ni documentés, ce qui rendait sa défense difficile.
«C’est une jeune fille malheureuse qui a été influencée»
L’enquêteur de police qui a comparu devant le tribunal n’a pas nié les allégations. Il a toutefois insisté sur le fait que l’agent recruté était iranien et ce, sur la base d’éléments reçus du Shin Bet. L’agence a affirmé que ses interrogatoires étaient menés conformément au protocole et sous contrôle judiciaire.
L’avocat de Bernstein, Yaroslav Matz, a déclaré qu’elle pensait travailler pour des activistes impliqués dans les guerres politiques et culturelles israéliennes. Elle a rencontré Victorson à l’âge de 17 ans. Matz a ajouté: «C’est une jeune fille malheureuse qui a été influencée par Victorson».
Selon l’acte d’accusation, Victorson a refusé plusieurs missions, notamment le sabotage de boîtiers électriques, par crainte d’être exposé à l’acide sulfurique. Le parquet a déclaré qu’il avait été envoyé filmer des manifestants antigouvernementaux à Tel-Aviv mais qu’un poste de contrôle de police l’en avait empêché. Il a tenté de tromper son recruteur en lui envoyant des photos trouvées en ligne. Selon l’acte d’accusation, Bernstein aurait encouragé Victorson à incendier des voitures. Matz a nié toute implication dans le complot visant à assassiner le professeur. Le recruteur a déclaré à Victorson que ce dernier l’avait trahi et qu’il ne travaillait pas pour le gouvernement, selon l’acte d’accusation.
Le recruteur a proposé de rembourser les dettes de Victorson s’il commettait l’assassinat du professeur, ou d’une autre cible, pour au moins 40 000 dollars. Il a promis de rencontrer le couple en Russie et de les emmener dans un pays tiers. Dans la nuit du 22 septembre, Victorson a annoncé à son recruteur qu’il pouvait acheter un fusil de précision pour 21000 dollars. Le recruteur a répondu qu’il le rappellerait dans deux jours. Victorson et Bernstein ont été arrêtés quelques heures après le contact avec le recruteur.
Le journaliste et dessinateur maltais-américain Joe Sacco vient de remporter l’Eisner Award 2025 dans la catégorie Best Single Issue/One-Shot pour son œuvre ‘‘The War on Gaza’’. La cérémonie s’est tenue lors de la San Diego Comic-Con, l’un des rendez-vous les plus prestigieux du monde de la bande dessinée.
Depuis ‘‘Palestine’’ jusqu’à ‘‘Footnotes in Gaza’’, Sacco s’est imposé comme un pionnier du journalisme en bande dessinée. Avec rigueur et puissance graphique, il raconte les conflits et donne voix aux populations oubliées, mêlant enquête journalistique et narration visuelle percutante.
Dans ‘‘The War on Gaza’’, il explore les conséquences de la guerre à Gaza avec sensibilité et précision. Publié par Fantagraphics Books et traduit en plusieurs langues, l’ouvrage confirme son rôle de passeur de mémoires, transformant l’horreur des conflits en récit visuel accessible et marquant.
Cette distinction illustre l’influence durable de Joe Sacco, dont les œuvres continuent de sensibiliser le public international aux injustices et aux réalités des conflits contemporains.
Etant donné les difficultés qu’ils ont à accéder aux prêts bancaires, notamment aux prêts à la consommation, un plus grand nombre de Tunisiens recourent désormais aux établissements de la microfinance, dont l’activité connaît un regain de dynamisme depuis quelque temps.
Les indicateurs et les données disponibles confirment que le secteur de la microfinance en Tunisie a considérablement progressé. Preuve en est que plus de 804 000 Tunisiens ont obtenu un prêt auprès de ces institutions.
Au cours des trois premiers mois de l’année, celles-ci ont accordé 113 583 prêts. Le recours à ce type de financement est devenu un mécanisme compensatoire pour accéder au crédit, ce qui a permis aux institutions de microfinance du pays de se positionner plus largement dans le paysage financier national.
L’analyste financier Bassam Ennaifer a déclaré à l’agence Tap que, compte tenu de la baisse notable des prêts bancaires non professionnels en Tunisie, «il convient de prêter attention à la demande croissante de microfinance, qui finance désormais une part importante des Tunisiens».
Au cours du premier trimestre 2025, l’encours des prêts de la microfinance a augmenté de 33,7 millions de dinars (MDT), a-t-il précisé, soulignant qu’une partie de la baisse des prêts bancaires a été absorbée par le secteur de la microfinance, malgré des taux d’intérêt élevés. L’obtention de ces prêts est plus facile et s’effectue sans les complications administratives du financement bancaire.
L’analyste a révélé que plus de 804 800 Tunisiens ont obtenu des prêts auprès des institutions de microfinance, pour un portefeuille total de prêts du secteur évalué à 2 596 MDT. Il a souligné que le montant des prêts accordés par les institutions de microfinance au cours du premier trimestre de cette année a atteint 564,9 MDT, contre 511,7 MDT au premier trimestre 2024.
Cela reflète la demande croissante de financement des Tunisiens, les banques étant réticentes à accorder des prêts, notamment des prêts à la consommation, a-t-il souligné.
Le montant moyen des prêts obtenus auprès des institutions de microfinance a atteint 4 974 dinars à fin mars 2025, contre 4 646 dinars à la même période de l’année précédente, ce qui, selon lui, témoigne des besoins financiers croissants des Tunisiens.
Ennaifer a indiqué qu’environ 13,3 % des personnes ayant obtenu un prêt au cours du 1er trimestre 2025 ont bénéficié d’un microfinancement pour la première fois, ce qui témoigne de l’importance du recours des Tunisiens aux institutions de microfinance.
La croissance de la consommation en Tunisie est principalement tirée par les institutions de microfinance plutôt que par les banques.